Cours d`interprétation de la Bible

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Cours d`interprétation de la Bible
INTERPRETER LA BIBLE
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Avant propos : le présent cours est livré en version complète (ce sont les notes de l’animateur). Pour
véritablement profiter d’une étude personnel et comprendre la méthode préconisée, il ne suffit pas de lire les
textes du cours : il faut impérativement lire et étudier chaque passage cité en référence. Aussi, l’utilisateur
est prié de ne pas modifier le contenu sans l’accord préalable de l’auteur ( [email protected] ).
Ce cours est formatté en RTF et toute police est une variante d’Arial.
LEÇON I : DIFFICULTÉS ET OBSTACLES A L’INTERPRETATION DES ÉCRITURES
Si notre naissance ou la providence nous avait favorisées au point de partager la culture et la
langue d’un prophète ou un apôtre quelconque au moment où il parlait, nous pourrions nous
dispenser de tout arrière-plan et étude linguistique. Nous comprendrions ces données aussi
instantanément que nous appréhendons des orateurs et écrivains contemporains de nos jours,
la plupart du temps sans l’aide d’encyclopédies, de grammaires, de dictionnaires, de
géographies. Ce n’est que le temps écoulé qui a rendu nécessaire ces étapes supplémentaires
à ceux qui ne se doivent pas seulement de présenter ce qui est parfaitement clair à la surface
de l’Écriture, concernant notre salut… mais également l’ensemble du plan de Dieu. Citation de
Walter Kaiser, dans « L’Herméneutique légitime » chap. 5 de Innerancy, édité par Norman L.
Geisler, 1979.
I.
Deux difficultés à la compréhension de la Bible
Or, deux difficultés se dressent devant nous face à la compréhension de toute littérature de l’antiquité. Ces
difficultés rendent nécessaire l’exercice non seulement de lire les textes mais de les interpréter c.-à-d. leur
« donner une explication ». Les difficultés : (1) la discordance linguistique ; (2) le décalage historique et
culturel.
La discordance linguistique peut être surmontée par une bonne et récente traduction : le travail des
spécialistes dans les langues Hébreux, Araméenne, et Grecque (voir Un Nouveau Regard sur la Bible de
Gordon Fee et Douglas Stuart, chapitre deux : « L’Outil de Base : une bonne traduction »).
Le décalage historique peut être surmonté par l’interprétation : le travail de se replacer dans le contexte où
cette littérature à été écrite, à l’aide des outils (dictionnaires bibliques, concordances grecques et hébreux,
encyclopédies bibliques, cartes géographiques, etc.) pour comprendre ce que l’auteur avait l’intention de dire
à ces premiers auditeurs et ensuite appliquer ce message à la situation actuelle.
Le devoir de l’étudiant de l’Écriture, c’est d’apprendre à « voyager dans le temps » pour « entendre » la Bible
comme les premiers destinataires l’ont entendu avant de l’appliquer à la situation actuelle. Ce cours veut
poser les bases d’une philosophie logique de l’interprétation puis faire des exercices d’interprétation.
Regarder Genèse 2.15-17. Ici, nous avons le premier récit d’un échange de paroles entre Dieu et l’homme
qu’il venait de créer : « L’Éternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le
garder. L’Éternel Dieu donna cet ordre à l’homme: Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu
ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu
mourras ». À votre avis, qu’est-ce que Dieu a voulu dire par ces paroles ?
La question ne se pose même pas ; Dieu a voulu dire ce qu’il a dit. Si Moïse a fidèlement transcrit le
message qu’il a reçu de l’Éternel et si la traduction en langue française est bonne, ce récit historique relate
quelques détails d’un événement que nous pouvons bien comprendre. « Homme », « arbre », « manger »,
« bien », « mal », « mourir », etc., sont tous des mots dont nous comprenons aisément le sens.
Les principes généraux de l’interprétation ne sont pas appris, inventés, ou découverts par les
gens. Ils sont parties intégrantes de la nature humaine telle qu’elle fut conçue à l’image de
Dieu. Une fois que l’homme eut le don de la communication et de la parole elle-même,
l’homme commençait déjà à appliquer les principes de l’herméneutique. Kaiser,
« L’Herméneutique Légitime »
II.
Trois obstacles à la compréhension de la Bible
Mais à travers les siècles, les hommes (inspiré par « le dieu de ce siècle ») ont crée des obstacles à la
compréhension de la Bible. Un premier obstacle à cette compréhension est la notion que le message de la
Bible est caché ou codé (symbolique, mystérieux) et qu’il faut la dévoiler. Cette notion s’est manifestée dès
avant l’ère chrétienne dans la pensée gnostique. Selon le Nouveau Dictionnaire Biblique Révisé, la pensée
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gnostique (« connaissance des vérités spirituelles ») se retrouve dans la philosophie hellénistique
(hermétisme), le judaïsme (Philon d’Alexandrie, la tradition ésotérique Cabale), le gnosticisme (de l’ère
chrétienne), l’islam (ismaélisme). Cette pensée consiste à croire avoir une révélation intérieure, permettant
d’accéder à une connaissance des choses divines, réservée aux seuls initiés et permettant d’en saisir les
mystères amenant au salut (voir : Colossiens 2.8-9).
On voit une suite dans les écrits de certains des Pères de l’Élise dont Origen (le père de l’interprétation
allégorique) ; Augustin et les Réformateurs (qui ont « spiritualisé » le texte) ; toute la tradition catholique (où il
faut un prêtre pour interpréter parce que le commun des mortels ne peut pas comprendre) ; et dans certains
milieux évangéliques de nos jours.
Aujourd’hui, il existe encore un deuxième obstacle (depuis la « révolution littéraire » en 1946 d’après E.D.
Hirch dans Validity in Interpretation, 1967) : la notion individualiste de l’interprétation. Dans l’étude de la
littérature on est parfois encouragé à s’exprimer sur ce que tel écrit ou poésie veut dire pour soi-même. Cette
approche découlant du relativisme identifie le « sens » d’un écrit comme une « signification personnelle » et
peut effectivement isoler le lecteur complètement de l’intention de l’écrivain. Ceci est déjà grave pour la
communication entre les êtres humains et peut être fatal quand il s’agit de la révélation divine où l’intention
de l’auteur est indispensable.
Enfin, une variation de ce relativisme et qui représente un troisième obstacle à la compréhension de la
Bible aujourd’hui (d’ailleurs, très présent parmi les chrétiens) est la notion que l’on doit interpréter ou
réinterpréter la Bible de manière empirique - à la loupe de l’expérience si les deux semblent se contredire.
Pendant cette première leçon, on veut faire sauter les trois obstacles (que l’on vient d’évoquer) par trois
principes de l'Écriture. Pendant notre deuxième leçon, on veut présenter une philosophie d’interprétation qui
nous aidera à surmonter les deux difficultés (que l’on a évoquées au début). Si vous sentez parfois que le
message de la Bible vous est caché, j’espère que cette approche (logique) vous donnera une nouvelle
appréciation du désir de votre Dieu de communiquer avec vous.
III.
Principes pour faire sauter les obstacles
A.
La Bible est une littérature normale (réponse à la notion que la Bible est un message codé).
La Bible est a été écrite dans les langues des hommes. Le Nouveau Testament a été rédigé en langue
Grecque Koiné (l’argot de l’empire romain). Ainsi, Jésus parlait de la possibilité d’un enfant de comprendre
son message (Marc 10.14). La Bible est remplie de prophéties qui ont été accomplies littéralement (ex.
Gn 6.17 ; 12.3 ; 17.16, etc.).
On évoque parfois Matthieu 13.13 et 1 Corinthiens 2.14 comme preuves que l'Écriture est écrite dans un
langage codé. Or, ce qui semble être en cause n’est pas la compréhension mais la réceptivité. Les hommes
seront jugés pour avoir compris et refusé le message (Jean 3.18-19 ; 9.41 ; Romains 1.18-19).
Comme toute littérature, les écrivains des textes bibliques emploient des formes littéraires : métaphore
(« Vous êtes le sel de la terre ») ; allégorie (une histoire dont chaque élément symbolise quelque chose de
très éloigné de l’histoire elle-même - Le Voyage du Pèlerin) ; comparaison (« Je vous envoie comme des
brebis au milieu des loups ») ; symboles et types (« Adam est la figure de celui qui devait venir ») ; poésie
hébraïque (un rythme d’idées plutôt que de sons).
À partir du moment où nous avons une bonne traduction, la difficulté de compréhension n’est pas due à une
tentative de Dieu de cacher son message mais à notre décalage historique et culturel par rapport à l’époque
où l’écrit a été rédigé. Et puisque nous sommes du 21e siècle après Jésus Christ, nous devons faire un effort
pour entendre le même message que les premiers destinataires ont dû entendre.
B.
Tout écrit biblique a un sens propre (réponse à la notion d’interprétation individualiste)
En parlant des prophéties messianiques, Pierre affirme, qu’« aucune prophétie de l'Écriture ne peut être un
objet d’interprétation particulière… mais c’est poussés par le Saint-Esprit que les hommes ont parlé de la part
de Dieu (2 Pierre 1.20, 21) ». Il va de soi que si toute la Bible est la Parole de Dieu et que tout écrivain d’un
texte biblique et Son porte parole, il n’est pas à l’homme à formuler une interprétation personnelle mais à
chercher ce que l’auteur, sous l’inspiration du Saint Esprit, voulait communiquer.
Voici quelques règles qui découlent de ce principe :
1. Considérer toujours un texte à la lumière de son contexte (immédiat, le livre entier, la Bible entière).
Puisque Dieu ne se contredit pas, l’explication qui semble le mieux rallier tous les textes qui traitent d’un
même sujet en est la meilleure.
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2. La Bible est à elle-même sa première interprète. Aucun commentaire n’est comparable à l’éclairage d’un
texte biblique sur un autre texte biblique. Considérer les passages plutôt obscurs à la lumière de ceux qui
sont plus clairs, pas le contraire (exemple : Jacques 2.14-19 cf. Éphésiens 2.8-9 ; Romains 11.6).
C.
La Bible explique l’expérience (réponse à la notion d’une interprétation empirique)
L’enseignement de la Bible est présenté comme le seul critère objectif concernant les questions morales et
spirituelles que nous pose la vie. Depuis la chute, l’expérience est souvent trompeuse (les expériences
diverses se contredisent, le temps renverse les « connaissances » précédentes). La Bible, la Parole de Dieu,
se présente comme la boussole par excellence qui nous permet de naviguer dans les vagues d’expériences.
Elle est la loupe à travers laquelle nous contrôlons la validité de l’expérience, pas le contraire.
-
Psaume 119.105 (cf. v. 9) : « Ta Parole est une… lumière sur mon sentier ».
-
2 Pierre 1.20, 21 : « (toute) Écriture… (vient) de la part de Dieu »
-
2 Tm 3.14-17 : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner pour convaincre, pour
corriger, pour instruire dans la justice ».
-
Jean 8.12 : « Jésus dit, Je suis la lumière du monde ; celui que me suit ne marchera pas dans les
ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ».
-
Exemples : Mt 5.44 « Aimez vos ennemis » / 1 Co 10.13 «… Dieu ne permettra que vous soyez tentés
au-delà de vos forces » / 1 Co 14.22 « les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les
non-croyants ».
LEÇON II : UNE METHODE LOGIQUE D’INTERPRETATION (POUR SURMONTER LES DIFFICULTES)
I.
Reconnaître les particularités du type de littérature étudié
La Bible est un composite de plusieurs types de littérature différente :
A.
Les récits historiques - la plupart de l’AT, les évangiles, les Actes, l’Apocalypse (?)
Les récits de l’AT ont été sélectionnés pour nous aider à connaître Dieu et comprendre son plan ; ils
permettent un apprentissage virtuel par l’expérience des autres (voir 1 Co 10.1-11, surtout v. 6 et 11).
Comme toute histoire, le sens est à chercher dans le choix des détails importants et dans le récit complet (ex.
Moïse n’a pas inclus Actes 7.22-23 dans son autobiographie). Si les récits sont allégoriques ou
symboliques les écrivains l’indiquent clairement (ex. Galates 4.24 ; Jean 2.19-22 ; 6.63). Les récits des
évangiles dits synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) ont été sélectionnés pour faire connaître Jésus Christ sous
des angles différents et à des personnes de sensibilités différentes. L’Évangile de Jean déclare ouvertement
son objectif - Jean 20.30-31. Le récit des Actes des Apôtres ne raconte pas tout ce qui s’est passé pour tous
les apôtres. Les détails inclus ont été sélectionnés pour un but. À votre avis, lequel ?
B.
Les épîtres du Nouveau Testament
Ce sont des réponses aux questions que posaient les chrétiens et les Églises locales du premier siècle. C’est
une littérature de circonstance, suscitée par des circonstances particulières. Les épîtres appliquent la
théologie à telle ou telle situation mais ne sont pas proprement dites des livres de théologie. Pour les
comprendre, il faut souvent chercher à reconstituer les questions qui ont été posées. Exemple : 1 Co 14.34
n’est pas un principe général (voir 11.5) mais la réponse à une question. Le contexte donne des indices à la
nature de la question posée.
C.
Les paraboles - AT (exemple Nathan à David) et les évangiles
Ce sont des histoires avec un début et une fin. Elles cherchent à « accrocher les auditoires pour le prendre en
défaut dans leurs propres actions » (Marshall McLuhn). Pour les comprendre, il faut surtout remarquer qui est
présent dans l’auditoire lorsque l’histoire est racontée (ex. Marc 12.12).
D.
La loi - le Pentateuch mais surtout Exode 20 à Deutéronome
C’est une alliance entre Dieu et le peuple d’Israël. Pour la comprendre, il faut surtout se rappeler que ce n’est
pas proprement dit notre alliance (à nous qui sommes chrétiens - voir : Josué 1.8 ; 2 Ch 7.14 ; Je 29.11-14).
Il y a toutefois certaines dispositions qui ont étaient renouvelées dans la nouvelle alliance (« la loi de Christ »
- 1 Co 9.21 ; Ga 6.2). L’étude de la loi est surtout importante parce qu’elle révèle beaucoup sur la
personnalité du Dieu qui ne change pas.
E.
Les prophètes
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Ce sont des avertissements adressés au peuple de l’ancienne alliance par rapport aux promesses de
bénédiction ou de malédiction attachées à l’obéissance ou à la désobéissance. Ils prédisent surtout le
malheur des destinataires dans l’avenir proche, l’arrivée d’un messie libérateur et une grande espérance
future (prophéties non encore réalisées) pour leurs enfants lointains (voir les trois idées ensemble dans
Michée 4.14-5.3). On a un grand besoin d’outils pour les comprendre.
F.
Les psaumes
Ce sont les prières et cantiques adressés à Dieu en poésie hébraïque. Pleines d’émotivité, ils ne cherchent
pas à enseigner la théologie même si (comme les épîtres du NT), ils évoquent beaucoup de notions
théologiques, surtout les attentes de la fidélité de Dieu sous l’ancienne alliance. Ils emploient beaucoup un
langage de métaphore (ex Psaume 59.8 ; 114.4). Pour comprendre leur contenu, il faut les considérer à la
lumière des promesses de Dieu afférentes à l’ancienne alliance (Deutéronome 27 à 30). Aussi, faut-il une
appréciation de la poésie hébraïque qui ne cherche pas en premier lieu un rythme de sons mais de pensées.
Elle met en juxtaposition deux ou quelques déclarations : analogues (dont la deuxième est une répétition de
la première en d’autres mots - ex Ps 19.2) ; analogues mais inversées (ex Ps 5.6) ; antithétiques (dont la
deuxième contraste la première - ex Ps 1.6) ; constructives (dont la deuxième rajoute quelque chose à la
première - ex Ps 95.3) ; symbolique (dont la deuxième amplifie la première par une métaphore ou une
comparaison (ex Ps 1.4) ; etc. (Explication inspirée du livre, The Psalms : Studies in the Hebrew Text, John
J. Davis).
G.
La littérature de la sagesse - Job, Proverbes, Cantique des Cantiques, Ecclésiaste
Ce sont des recueils de sagesse (Proverbes) ou des biographies ayant un moral (Job et Ecclésiaste). Pour
les comprendre, il faut regarder chaque entité à la lumière du contexte de l’ensemble de l’écrit (la sagesse se
trouve dans la collection des Proverbes ; Job et Ecclésiaste mettent la sagesse en relief en évoquant parfois
des erreurs qu’il ne faut pas confondre avec la sagesse). Les Proverbes sont des courtes affirmations qui se
mémorisent facilement mais qui ne peuvent (ne serait-ce que par leur taille) être complètes (et à prendre à la
lettre telle quel). Selon Fee et Stuart, dans Un Nouveau Regard sur la Bible, p.215, les Proverbes
« n’affirment pas tout sur une vérité mais ils la mettent en lumière ».
II.
Chercher l’intention globale de l’auteur à l’égard de son premier auditoire.
A.
Lire le texte du livre en entier pour se faire une idée globale de son contenu et pour trouver le fil conducteur
qui tient compte de toutes les parties de l’écrit.
B.
Formuler une première proposition de l’intention de l’auteur lorsqu’il a écrit ce texte.
C.
Tester l’exactitude de la proposition en relisant chaque passage du texte tout en posant la question : de quoi
est-il question ici ? Modifier la proposition au fur et à mesure que la lecture se poursuit.
D.
Reformuler une synthèse de l’intention de l’auteur (qui englobe le mieux possible toutes les parties de l’écrit).
E.
Chercher à comprendre le sens des passages les plus obscurs du texte à la lumière de la formulation de
l’intention globale de l’auteur.
NB : plusieurs versions de la Bible proposent une introduction de chaque livre comprenant des éléments clés
pour identifier l’intention de l’auteur (Bible du Semeur ; Thompson ; Scofield).
Pour une explication plus détaillée de la recherche de l’intention de l’auteur, voir Tracy L. Howard,
« L’intention de l’auteur comme facteur déterminant dans l’interprétation des Écritures » dans le cours ITEA –
Apprendre à Étudier la Parole de Dieu quatrième tome de la série S’affermir dans la foi.
III.
Vérifier la définition (nuance) des mots importants à l’aide d’une concordance (basée sur les langues
originales - exemple La Bible Online) ou des versions différentes.
IV. Identifier les personnes adressées, la géographie et les circonstances de l’écrit.
A.
Analyser les faits d’un texte à la lumière de l’époque, de la culture et des circonstances particulières qui les
ont modelés.
Faire attention à ne pas reporter une application qui dépend de circonstances qui ne sont plus en vigueur. Par
exemple, le livre des Actes des Apôtres relate l’histoire de l’Église pendant la période des « apôtres »
(2 Co 12.12 « les preuves de mon apostolat… des signes, des prodiges et des miracles » cf. Éphésiens 2.20
parle du « fondement des apôtres »).
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B.
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Reconnaître les destinataires de l’écrit ou les auditeurs d’un discours pour comprendre ce qu’était l’intention
de l’écrivain ou de l’orateur pour ces gens-là.
Aucun texte de l'Écriture ne s’adresse à nous directement. Il faut savoir ce que ces premiers auditeurs ou
destinataires ont entendu et ce qu’eux devaient faire avant de chercher une application à la situation actuelle.
Suggestion : étudier la différence entre les instructions de Jésus à l’égard de la marche par la foi lorsqu’il
parle à ses disciples en privé (Matthieu 17.19-20 ; 21.17-22 [cf. Marc 11.23] ; Luc 17.5, 6 ; Jean 14.1314 ; 15.16) et lorsqu’il parle aux multitudes (Matthieu 7.7-11 ; Luc 11.5-13 ; 18.1-8). Quelle est la différence ?
Pourquoi ?
Avant de se quitter : lire 1 Pierre 3.18-22. Quelle est votre interprétation de ces versets ?
Devoir pour la prochaine rencontre : lire la Première Épître de Pierre et suivre les 5 étapes pour chercher
l’intention globale de l’auteur à l’égard de son premier auditoire. Pour la cinquième étape, essayer de
comprendre la portée du 3.18-22.
LEÇON III : L’INTENTION DE L’AUTEUR ET LA PREMIERE EPITRE DE PIERRE
Lire ensemble la Première Épître de Pierre
I.
Questions sur le contexte :
Qui est Pierre ? Qu’est-ce que nous savons sur son ministère ? (si nécessaire faire une recherche dans la
Bible Online pour « Pierre | Simon | Céphas » dans les épîtres - Galates 2.7-9).
A qui cette épître est-il adressée ? D’après le texte, qui sont les destinataires ? Voir : 1.1,2 (voir la carte ; cf.
diaspora Jean 7.35 ; Actes 8.1 ; Jacques 1.1 - Juifs dispersés et grecs convertis à la foi) ; 2.9-10, 12 ; 4.3.
Ces gens vivaient à l’est et au nord de l’Asie Mineur où Paul avait été empêché d’évangéliser (Ac 16.6-7). Il
s’agit probablement d’Églises mixtes (chrétiens de souche juive et grecque) mais ayant une culture
chrétienne assez influencée par la pensée juive).
Quelles attentes le Juifs avaient-ils de la relation avec Yaweh ? Quelles promesses Dieu avait-il fait ?
Quelles étaient les conditions de cette alliance ? (si nécessaire faire une recherche dans la Bible Online de
« Éternel & Israël & alliance » dans l’AT. - Deutéronome 27 - 30. Lire surtout 28.1-14).
II.
Questions sur le contenu :
Quels sont les fils conducteurs de l’épître qui peuvent nous aider à discerner l’intention de Pierre ?
1.6-9
1.11
1.17
1.18-23
2.1-10
2.11-12
2.133.17
4.1-4
SOUFFRANCE
il faut que vous soyez attristés
l’épreuve de votre foi
les souffrances de Christ
le temps de votre pélerinage
la mort de Christ
la pierre rejetée… un
achoppement et un rocher de
scandale
les convoitises charnelles… les
malfaiteurs
la soumission aux autorités
parfois injustes
souffrir dans la chair…
incompréhension des anciens
amis
GLOIRE
aura pour résultat la louange et la
gloire… le salut de vos âmes
seront suivies par la gloire
OBÉISSANCE / SOUMISSION
pour prix de votre foi
vous serez saints et craindre Dieu
suivi par la résurrection et la
gloire
est devenue la principale de
l’angle… l’honneur pour les
croyants
purifier vos âmes
désirez le lait spirituel…
approchez-vous de Dieu
c’est (ce sera) une grâce devant
Dieu
abstenir… faire de bonnes
oeuvres
soyez soumis… supportez…
croire… bénissez… sanctifiez…
rendre compte au Juge
supportez la souffrance
un jour, Dieu les visitera
4.12-19
fournaise de la persécution
l’allégresse et la gloire après
5.8-10
la tentation du diable
sera suivi par la gloire éternelle
se réjouir… souffir comme un
chrétien… faire la volonté de Dieu
résister au diable
Si vous aviez à choisir un verset clé, lequel choisirez-vous ? (mon choix : 1.6-7)
Alors, quelle a été l’intention de Pierre en écrivant cette lettre ?
-
Aider les chrétiens Juifs (et leurs frères grecs) à comprendre le passage entre l’ancienne et la nouvelle
alliance (de la bénédiction terrestre à la bénédiction céleste) et garder l’espoir ;
-
Aider les chrétiens à accepter la souffrance comme une suite de l’obéissance sous la nouvelle alliance ;
Interpréter la Bible
III.
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Encourager les chrétiens à tenir bon en dépit des multiples sources de persécution.
Questions sur un aspect plus obscur du texte : 1 Pierre 3.18-21
Alors, quel est le sens de la prédication aux « esprits en prison » dans 3.18-21 ?
Qu’est-ce que cela ne veut pas dire ? (Hé 9.27)
Éclairages du contexte de l'Écriture (à l’aide du moteur de recherche et des parallèles de la Bible Online) :
-
sur Noé - Gn 7.13 ; Hé 11.2 ; 2 Pi 2.4-5
-
sur le prolongement de la patience de Dieu aux temps de Noé - Romains 3.25-26. Explication : jusqu’à la
croix, Dieu avait laissé impunis les péchés commis par ceux qui se rebellaient contre Lui avant d’avoir
établi son alliance avec Noé (et peut-être toute personne incrédule sous l’ancienne alliance - tout dépend
du sens de Luc 16.19-31). Ces gens étaient toutefois coupables (Rm 2.4-16). Mais avant la croix, les
incrédules et les croyants étaient dans une situation semblable : ils étaient tous pécheurs séparés de
Dieu (le prix du rachat n’avait pas encore été payé). Comment alors, Dieu pouvait-il être juste en
condamnant les uns et en sauvant les autres ? Or, une fois que Jésus est mort sur la croix, le sort des
deux camps était scellé.
-
sur la prédication (proclamation) aux esprits en prison : Éphésiens 4.8-10 ; 1 Pi 4.5-6. Explication : Après
sa mort et sa victoire sur le péché, Jésus est allé au shéol (le séjour des morts) annoncé l’Évangile (la
Bonne Nouvelle de sa victoire sur la croix en paiement de leurs péchés) aux morts croyants (1 Pi 4.6) et
les prendre « captifs » avec lui au ciel (Ép 4.8). En même temps, il a proclamé (kerusso) la
condamnation aux gens incrédules qui jusqu’alors restaient « impunis ».
Comment, alors, comprendre ces versets à la lumière de l’intention de Pierre en écrivant cette épître ?
Suivant la même intention qui a motivé le reste de l’épître, Pierre offre un exemple de plus de la victoire
totale et éternelle du Seigneur Jésus. Il a eu le dernier mot contre ceux qui se rebellaient aux temps de Noé.
Dieu aura le dernier mot contre les rebels (qui vous persécutent maintenant) et Il ne perdra personne qui se
confie en Lui. Sa justice est parfaite.
Les chrétiens ont déjà l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu : la preuve de leur salut et de leur
future résurrection. Dieu aura le dernier mot lorsque toute autorité lui sera soumise.
Devoir pour la prochaine rencontre : (1) Lire Luc 10.25-37. (2) En consultant une carte de la Palestine et
ou un dictionnaire biblique, pourquoi l’homme dont il est question dans la parabole devait-il descendre de
Jérusalem à Jéricho ? (2) En utilisant un dictionnaire biblique ou une concordance, que peut-on dire sur
l’identité des Samartians et leurs relations avec les Juifs ?
LEÇON IV : L’ANALYSE DE LUC 10.25-37
Lire Luc 10.25-37. Question : à votre avis, quelles sont les pistes de recherche à suivre pour bien
comprendre ce passage ? (les rôles et responsabilités des personnages, les considérations géographiques,
historiques et politiques de la Palestine, le coût du geste du Samaritain). Question : Avec quels outils ?
Celui qui pose la question à Jésus est un docteur de la loi - un spécialiste dans le Pentateuch, enseignant des
jeunes hommes en Israël, un participant dans des décisions relatives à l’application de la loi. « Il se leva », ce
qui suppose qu’il était assis devant Jésus qui enseignait. La question n’a pas été posée pour apprendre mais
pour éprouver (tenter). Jésus le renvoie à la loi même. La réponse du docteur est très judicieuse (c’est la
même que Jésus donnait quand on lui posait la même question).
V. 28 : La réponse de Jésus « fais cela et tu vivras » n’est pas une approbation du salut par les œuvres
comme certains le pensent. D’une part, obéir à ces commandements relève d’une impossibilité, d’autre part,
l’accent n’est pas mis sur les œuvres mais sur l’attitude envers Dieu.
V. 29: Le docteur, « voulant se justifier » demande une clarification par rapport à l’identité du prochain (un
sujet débattu en Israël mais dont les limites se bornaient à ceux de la nation d’Israël). Voici l’occasion de la
parabole. Par celle-ci Jésus va mettre cet homme de la loi en face des exigences de la loi qu’il pense suivre.
V. 30 : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho ». Questions : (1) qui est l’homme ? (2) pourquoi
descende-t-il ? (3) pourquoi va t il à Jéricho ? SORTIR LES CARTES.
Souvent Jésus racontait des paraboles de façon à ce que l’auditeur s’identifie avec et se voit à travers l’un ou
plusieurs des caractères. Question : à votre avis, avec qui Jésus veut-il que l’on s’identifie ici ? (avec
tous les hommes qui voyagent sur cette route venant de Jérusalem, normalement Juifs). L’homme qui avait
la malchance de tomber parmi les brigands descendait depuis Jérusalem en direction de Jéricho (un trajet qui
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représente quelque 25 km et 1 000 mètres de dénivelé). Pourquoi à Jéricho ? On ne sait pas mais on peut
supposer.
Il y avait deux grands centres Juifs au temps de Jésus (la Judée et la Galilée) séparés d’une centaine de
kilomètres. Pour voyager entre ces deux centres on empruntait l’une des trois routes qui traverser la
Palestine dans la direction nord sud : (1) la route de la côte (Égypte à Phénicie à travers la plaine), (2) la
route du partage des eaux (Beer-Schèba, Jérusalem, Sichem, Nazareth, Damas), et (3) la route qui descende
de Jérusalem à Jéricho et qui suit le cours du Jourdain jusqu’à la Galilée.
La troisième de ces routes fut le plus souvent utilisée par les Juifs pour des raisons politiques et religieuses :
ils ne voulaient pas traverser le pays des Samaritains. Question : qui sont les Samaritains ?
Selon le dictionnaire biblique : Après la déportation en Assyrie (début 8e), Sargon, roi d’Assyrie, fit installer
des non-juifs dans les villes de la région au nord de Jérusalem (la Samarie). Après la captivité, les Juifs, de
retour « chez eux », se mariaient avec les gens du pays et mélangeaient leurs religions. Ces demi-Juifs
étaient méprisés par ceux qui étaient « purs » qui les évitaient de peur de se souiller par le contact avec eux.
À ce propos, vous souvenez-vous de ce que la femme samaritaine demanda à Jésus ? (Jean 4.9),
« comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? Les Juifs, en
effet, n’ont pas de relations avec les Samaritains ».
Voici notre voyageur Juif, est fort probablement raciste. En tout cas, il se trouve sur la route habituelle des
Juifs qui se payaient un détour très important pour éviter de traverser la Samarie.
V. 30, 31 : Les deux premiers qui descendaient par le même chemin sont des chefs religieux du judaïsme, un
sacrificateur et un lévite. Avant de les critiquer, il faut au moins prendre conscience de l’embarras que leur
représentait l’homme à demi-mort :
Nombres 19.11 : « celui qui touchera un mort… quelconque sera impur pendant sept jours ».
Deutéronome 21.1-5 : « si tu trouves… un homme tué… le lévite prononcera »
Lévitique 21.1-4, 11 : « un sacrificateur ne se rendra point impur parmi son peuple pour un mort » «… il n’ira
vers aucun mort » mais…
Lévitique 19.18 : « tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Deutéronome 15.7-11 : commandement d’aider celui dans le besoin
De peur de se rendre rituellement impurs (et peut-être pour d’autres raisons matérielles ou temporelles), les
deux chefs religieux se sont passés de l’autre côté du chemin malgré le besoin vital de leur compatriote. Ils
ont gardé scrupuleusement la loi cérémonielle par rapport à leur fonction religieuse mais aux dépens de leur
prochain.
Puis voici l’arrivée d’une troisième personne. Ceux qui écoutaient Jésus attendaient très probablement que
cette personne soit Juif mais laïque. Peut-être le docteur de la loi s’imaginait-il comme le prochain idéal
(après tout, v. 29, « il voulait se justifier »). Quelle surprise, le héros de l’histoire est un Samaritain (v. 33)…
un voyageur qui vint à passer par le même chemin. Il fut ému de compassion pour quelqu’un qui en bonne
santé l’aurait méprisé. Il s’approcha de lui. Il le soigna. Il le mit sur sa propre monture. Il resta avec lui. Il
déboursa deux deniers (l’équivalent à l’époque de 3 semaines et demi à l’hôtel) et encore.
Puis Jésus posa la question au docteur de la loi, à savoir, lequel de ces trois semble avoir respecté la loi ?
On peut poser la question autrement : les deux chefs qui avaient scrupuleusement observé la pureté rituelle
exigée par la loi avaient-ils vraiment respecté la loi qui exigeait aussi l’amour du prochain ? Non !
Il y a une religion qui a l’apparence extérieure de la piété mais qui renie l’essentiel. Elle consiste en une
obéissance sélective à la Parole de Dieu. Elle feint la piété par certaines pratiques religieuses mais manque
le fonds d’une véritable soumission à Dieu.
Aimons le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force, et de toute notre
pensée, et notre prochain comme nous-mêmes. Comment Jésus t’aurait-il répondu si tu lui avais posé la
question : Qui est mon prochain ?
Devoir pour la prochaine rencontre : étudier Luc 14.25 à 15.32. À l’aide d’un dictionnaire biblique ou d’une
concordance, (1) faire un petit résumé du contexte religieux : qui sont les pharisiens ? scribes ? publicans ?
(2) Qu’est-ce qu’une parabole ? À qui la parabole de deux fils est-elle principalement adressée ?
LEÇON V : L’ANALYSE DE LUC 14.25-15.32
Lire Luc 14.25-15.32. Prier. Question : Pour qui Jésus a-t-il raconté la parabole du fils prodigue ?
Interpréter la Bible
page 8
CONTEXTE RELIGIEUX (résumé préparé à l’aide d’un dictionnaire biblique et d’une concordance) : (1) les
Juifs voyaient le salut (le ciel) comme devant être mérité en respectant la loi et les quelque 1 000 règles que
les Pharisiens y avaient ajoutées (lire : Rm 2.17-24) ; (2) entre autres, les Pharisiens interdisaient toute
relation avec les non-Juifs (lire : Actes 10.28, ceci est une interprétation large de la défense par rapport aux
alliances avec les Cannanites lors de la conquête de la terre promise - Exode 23.32-33 cf. 34.15). Israël
devait aussi être « la lumière des nations » (lire : Deutéronome 4.6 ; 1 Rois 8.41-43, 60 ; Ésaïe 49.6 [cf. 55.15 ; 56.6-7]). Les Pharisiens interdisaient également des relations avec tous Juifs qui ne respectaient pas leurs
traditions (publicains et pécheurs) ; (3) Les Juifs qui suivaient l’enseignement des Pharisiens étaient propres
justes (lire : Luc 18.9-14). Ils se croyaient dignes de l’approbation de Dieu. Si quelqu’un était digne du ciel
c’étaient eux. Ils se croyaient « meilleurs que le reste des hommes ». Et en plus, ils ne voyaient aucune
nécessité de partager la foi qu’ils avaient avec ceux qui les entouraient (ni étranger, ni Juif non-pratiquant).
CONTEXTE TEXTUEL (préparé par la lecture et à l’aide d’un commentaire) : (1) Question : Avez-vous
remarqué le lien entre 14.25-35 et 15.1 ? (la division des chapitres est malvenue - les publicains et gens de
mauvaise vie sont ceux qui avaient « des oreilles pour entendre » - 14.35). C’est eux qui avaient entendu des
instructions de Jésus par rapport au coût du discipula ; c’est eux qui avaient commencé à calculer la dépense
et qui voulaient en savoir plus. Les pharisiens et les scribes, n’écoutaient pas ; ils n’acceptaient pas la remise
en question que demandait Jésus. (2) l’auditoire de la parabole du fils prodigue est donc mixte. Une partie va
s’identifier avec le plus jeune fils qui a dissipé son bien en vivant dans la débauche (les publicains et
pécheurs connaissaient trop bien cette vie-là). L’autre parti de l’auditoire va s’identifier avec le fils aîné, le fils
qui fait toujours la volonté du père, le fils propre juste.
Les Pharisiens n’avaient compris ni l’esprit de la loi ni l’amour du Dieu qui avait donné la loi. Il y avait un
dicton Juif qui disait : « Il y a de la joie devant Dieu lorsque ceux qui le provoquent périssent ». Ici, Jésus
veut rectifier une mauvaise théologie (Luc 15.7 et 10).
Les trois paraboles ont en commun l’expression de la valeur évidente de ce ou de celui qui est perdu (une
brebis, une pièce de monnaie, un fils). Même une seule brebis, une seule pièce, un seul fils vaut la peine des
recherches (ou des prières) persévérantes. Mais la troisième parabole ajoute un élément nouveau : la
contrepartie de celui qui est perdu.
On aurait pu appeler cette parabole ou « la parabole du fils prodigue » ou « la parabole du fils propre juste » ;
les deux sont possibles. Jésus s’adressait à ceux qui s’identifiaient avec l’un comme l’autre. : Or, quelles
étaient les applications pour l’auditoire qui entourait Jésus ? En voici quelques pistes :
(1) l’amour du père (Dieu), l’arrogance du fils (tout pécheur) qui voulait se débrouiller sans Dieu. NB : la
règle de l’héritage voulait que le fils aîné ait une double portion (Dt 21.17) par rapport aux autres frères
(en l’occurrence 2/3 par rapport au jeune frère qui aurait reçu 1/3).
(2) « garder les pourceaux » est synonyme de toucher le fonds. NB : aucun travail n’était plus écœurant
pour un Juif (Lv 11.7) ; en plus, ce jeune garçon avait moins de valeur aux yeux de son patron que les
pourceaux (v. 16). Il était certainement nourri, mais moins bien que les pourceaux.
(3) ce n’était qu’aux circonstances extrêmes que son orgueil fut enfin brisé (v. 17) ; l’attitude du brisement
se manifeste par un sentiment d’indignité. Le père (Dieu) reçoit à bras ouverts les fils indignes.
(4) et quelle réception ! Le Père (Dieu) attendait, guettait le chemin de retour, languissait. Je suppose que la
réception était prévue, réfléchi à l’avance : la plus belle robe = standing (Gn 37.3 « Joseph ») ; un
anneau = autorité ? (Gn 41.42) ; des souliers = liberté (souvent les esclaves n’en portaient pas) ; le veau
gras = la fête est réservée pour le fils indigne (cf. v. 7 et 10).
(5) le fils aîné (les hommes religieux) refusait d’entrer (tout comme les Pharisiens au verset 2). Il était
propre juste, digne à ces propres yeux. Par sa « dignité » il s’est éliminé de la célébration.
(6) le fils aîné (l’homme religieux) s’apitoyait sur son sort par rapport au sort des autres qu’il estimait « bien
moins dignes » que lui. V. 29 « voici tant d’années que je te sers (littéralement : comme un esclave) ». Il
n’avait pas compris sa position de fils… il se croyait pas aussi bien traité qu’il le méritait. C’est très
humain.
(7) le péché coûte quelque chose. Selon les règles de la société, normalement, on aurait donné qu’une
partie de l’héritage du père de son vivant, réservant le reste après sa mort. Peut-être, l’aîné craignait-il le
retour de son frère pour l’effet que cela aurait sur son héritage. Or, dans le verset 31, le père rassure son
fils aîné en disant « tout ce que j’ai est à toi ». Son plus jeune frère avait effectivement tout gaspillé et
n’avait droit à plus rien en tant qu’héritier ; ce qu’il avait perdu était définitivement perdu. Tout ce qu’il
recevait désormais était une grâce imméritée.
(8) l’amour pour ceux qui n’en sont pas dignes. NB : v. 30 « ton fils » / v. 32 « ton frère ».
Interpréter la Bible
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Conclusion : (1) croire que l’on peut se faire accepter par Dieu par ses propres œuvres (le credo de toute religion)
n’est pas ce qu’enseigne la Bible. Dieu le Père accepte les fils indignes et, en fait, Il n’accepte que les fils indignes
qui se rendent compte de leur indignité et qui viennent à Lui. (2) Si nous sommes à Lui, le Père veut que nous
gardions la même attitude qu’Il a vis-à-vis de ceux qui sont encore ses enfants prodigues. « Il y a plus de joie dans
le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de
repentance ».