Ceci n`est pas un texte
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Ceci n`est pas un texte
© Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr Ceci n’est pas un texte ! René Magritte est né en Belgique en 1898. Influencé dans un premier temps par le cubisme il se tourne rapidement vers le surréalisme. Habitant la banlieue parisienne de 1927 à 1930 il rencontre à cette époque les surréalistes, notamment Paul Eluard et André Breton. Il devient le chef de file du surréalisme belge. Magritte s’éteint en 1967. Sa peinture se tourna vers les mystères de la communication bien avant les modélisations actuelles qui nous permettre de comprendre les contradictions et les antagonismes apparents. Ainsi nombre de ses œuvres illustrent les difficultés de la communication, sa diversité et sa richesse notamment dans la période qui précède la seconde guerre mondiale. Magritte illustre une des premières contradictions de la communication dans la toile « this is not a pipe » contradiction apparente de l’image et du texte qui l’accompagne « Ceci n’est pas une pipe » inscrit sous le dessin d’une pipe. Magritte souligne ici la différence existant entre le fait, l’acte ou le dessin et le discours sur le fait, sur le dessin. Le dessin n’est pas un langage, il ne passe pas par un code universalisé il fait parti du domaine de la communication non verbale* alors que le texte fait parti du domaine de la communication verbale*. La non congruence* des deux messages crée la stupeur, l’observateur ne peux pas faire un choix pour un des deux messages. A quel message se fier ? La réponse ne peut apparaître qu’en prenant l’ensemble des messages dans le monde des faits : « je vois une peinture sur laquelle est peint une pipe et un message manuscrit qui indique que ce n’est pas une © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr pipe » pourrait dire un observateur qui se refuserait à faire un choix entre les deux messages et donc à ne considérer que la toile dans son ensemble. Magritte aurait pu obtenir un effet similaire s’il s’était bornée à placer une pipe sur une feuille de papier sur laquelle était notée : « ceci n’est pas une pipe ». Le spectateur de l’époque aurait alors dit « il est fou » alors qu’il s’est borné à dire « il est bizarre » Le support était un garant de la disciple et cela n’aurait pas été reconnu comme un œuvre. Magritte ajoute un nouveau niveau de regard ou d’analyse. Il souligne le problème du niveau de compréhension, de regard choisi dans la toile « Les deux mystères ». Il pose alors clairement le problème du niveau de perception que nous avons d’un phénomène et de notre capacité à conscient de notre niveau de regard. Dans la vie quotidienne être nous n’avons que rarement conscience du niveau de regard que nous portons sur ce que nous vivons. Cela réclame une conscience affinée et souvent d’être capable d’avoir un discours sur notre discourt. Paul Wlatzlawick de l’école Palo Alto expose la difficulté d’avoir un discours sur la communication car l’outils du discours est le même que celui du discours. Les mathématiques par exemple dispose d’un langage particulier qui nous permet de dissocier les mathématiques du discours sur les mathématiques. Magritte ajoute du langage à la peinture, il contribue alors à un effet de confusion, on ne sait plus ni à quel niveau on regarde ni avec quel outil. Il aurait peut-être voulu que la peinture soit un langage et ainsi se faire comprendre sans utiliser de mots. Il est vraisemblable que beaucoup de peintres aient ce désir d’être compris sans avoir à utiliser les mots. Une des interprétations est le désir d’un lien fusionnel sans distanciation avec l’autre. Ce désir génère sûrement une frustration importante pour le peintre qui demande à l’observateur de le comprendre sans les mots. Mais que peut donc lui renvoyer l’observateur qui n’est pas un artiste ? Des mots, incapable © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr de traduire ce qui n’a pas été verbalisé. Tout ce que peut dire le spectateur est loin de ce que peut ressentir l’artiste, il y mettra des sensations, des pensées en fonction de sa propre histoire. Le commentaire du spectateur ne sera que le reflet de son propre vécu. Il pourrait aussi se limiter au non verbal mais ce poserait alors le même phénomène qui se complexifierait jusqu’au moment ou chacun utiliserait des formes récurrentes qui deviendrait une amorce de langage entre les deux locuteurs leur permettant d’avoir un discours partagé sur le réel ! Sur la toile "Le miroir vivant" il n’est plus question de montrer une image, si l’on regarde la peinture comme feuille de papier on peut se dire que l’auteur (et non plus le peintre) s’est amusé à crayonné autours d’idées qu’il a noté. Si l’on voit une peinture, il en est tout autrement et nous pouvons être gêné. Magritte laisse le spectateur créer sa toile, en ajoutant par contre un élément difficilement exprimable en peinture : le cri d’oiseau toujours dans son interrogation sur ce qu’il désire exprimer, monter ou dire. Dans la série des « clefs des songes » il peint des éléments, des objets qu’il associe à une autre idée nommée en écriture manuscrite : La chaussure -est la lune, la bougie le plafond, le chapeau la neige. Apparemment irrationnel ces associations nous permettent de faire des associations d’idées qui nous sont propre, sans lien logique apparent. Cela permet de trouver une syntaxe mentale, des liens émotionnels qu’on pourrait nommer en PNL* équivalence complexe*. Magritte ne donne pas une clef qui explique les songes, il crée les conditions du songe en vous proposant de créer des liens. Souvent lorsque nous communiquons avec autrui, nous créons des liens internes très éloignés des messages qui nous sont adressé mais qui ont à voir avec notre histoire. © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr Dans « perspicacité » de 1936 : peinture d’un homme qui regarde l’œuf et dessine une oiseau, Magritte nous montre le trajet mental de la personne, sa capacité à associer des idées. Dubout dessinateur humoristique de la première moitié du XXème siècle réalisa une série de dessin montra le même phénomène. Si vous voyez un stylo noir et une pomme verte, serez vous capable d’imaginer un stylo vert ou une pomme noir ? Sûrement, un chien ne le pourra pas. Magritte veux encore nous expliquer des choses sans utiliser les mots ! Le titre de l’œuvre ajoute souvent à la confusion chez Magritte car un titre nomme, explique ; c’est un discours sur le tableau. Magritte aime à jouer avec le sens comme tout surréaliste qui se respecte Magritte aime à mélanger des ou des messages qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre comme s’il y avait une syntaxe donnant un logique à ces images. Il n’en est rien, il peut y avoir une logique que l’observateur va se construire en fonction de son histoire, non une syntaxe proposée (et donc une logique propre au message). La juxtaposition d’image est telle qu’une juxtaposition de mots qui peut faire une poésie non un texte logique : « soleil, amour, perle de pluie ou sourire d’un enfant… » La dimension poétique de ses peintures n’est pas étrangère à ce phénomène. Magritte porta au plus haut le surréalisme lorsqu’il fit de la peinturepoésie, lorsqu’il ne cherchait plus à démontrer mais seulement à nous montrer et à nous émerveiller. © Fabrice LACOMBE 2005 – Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur [email protected] - wwww.flc.fr