falsifications semblables - communisme

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falsifications semblables - communisme
Falsifications historiques : famines et antisémitisme
Une contribution offerte à www.marxisme.fr par un visiteur désirant rester anonyme. (Article I daté de
janvier 2003 ; article II daté d'avril 2003 ; article III daté d'avril 2004). Ces textes, bien qu’influencés
par le maoïsme, apportent certains éléments documentaires historiques pertinents, notamment sur les
falsifications bourgeoises en URSS sous Staline.
SOMMAIRE :
I — Les falsifications anti-communistes sur l'histoire des famines en
URSS et en Chine (p. 1)
II — Les accusations d'antisémitisme contre l'URSS et Staline (p. 6)
III — La famine du Grand Bond, la révolution culturelle et la réforme
rurale après Mao : Les leçons du développement rural dans la Chine
contemporaine (p. 8)
I - Les falsifications anti-communistes sur l'histoire des famines en URSS et en Chine
Fabrications médiatiques, travestissements historiques et utilisation de calculs statistiques douteux. Le récit, à
lui seul, de la manipulation et de la falsification de l'histoire « des famines du communisme » par les
idéologues de l'anticommunisme mérite un champ d'étude particulier de l'historiographie, mais il pourrait
aussi bien relever de la pathologie médicale tant leur obsession quasi-unique est de se livrer à un décompte
méticuleux des « morts du communisme ».
C'est une chose de rendre compte de l'existence de crises alimentaires, et parfois de famines, dans les pays
devenues récemment socialistes au XXème siècle. C'est autre chose de l'imputer à une volonté délibérée du
gouvernement révolutionnaire, ou à la planification sociale qui visait précisément à résoudre l'état de famine
chronique que connaissaient depuis des siècles ces pays agricoles. En délaissant le progrès social, l'élévation du
niveau de vie et le bien-être global que connurent par ailleurs ces sociétés socialistes, à peine sorties de
l'arriération féodale et de la ruine causé par les guerres, l'intention idéologique des anti-communistes est de
maintenir à tous prix la croyance qu'un monde gouverné par les lois du marché est le meilleur des mondes
possible.
L'histoire commence au milieu des années 30 lorsque le projet nazi de conquête de l'Ukraine, considéré comme
une partie essentielle de l'espace vitale aryen, le « lebensbraum », a besoin de convaincre l'opinion publique
allemande et internationale de la nécessité de faire la guerre à l'Union Soviétique.
Une campagne de presse orchestrée par Goebbels et son ministère de l'information autour d'un supposé génocide
commis par les Bolcheviks en Ukraine par le moyen de la famine, pour forcer les paysans à accepter le
socialisme, commence à être largement diffuser en Allemagne mais aussi dans les pays anglo-saxons. La
campagne diffamatoire contre l'URSS se développe aux Etats-Unis après le voyage en Allemagne, en 1934, du
baron de la presse américain William Hearst, reçu comme un invité de marque et un ami personnel d'Hitler.
L'empire médiatique de Hearst comprenait des dizaines de quotidiens, d'hebdomadaires à scandales, de stations
de radios, des agences de presse et d'autres filiales qui fournissaient des sujets pour les films de la Cosmopolitan.
Le 18 février 1935, la nouvelle complètement invérifiable de 5 millions de personnes mortes de faim en Union
Soviétique faisait les gros titres du Chicago American appartenant au groupe Hearst, bientôt suivi par un intense
battage médiatique sur le même thème, touchant tous les jours un lectorat représentant potentiellement un tiers
de la population américaine. Les journaux de Hearst s'employèrent longtemps à empêcher également l'entrée en
guerre des Etats-Unis du coté de l'Union Soviétique.
Il faudra attendre 52 ans pour qu'en 1987, le journaliste canadien Douglas Tottle et le correspondant à Moscou
du journal américain The Nation, Louis Fischer, démontrent, entre autre, que les photographies utilisées qui
montraient des scènes d'enfants mourrant de faim pour illustrer la famine ukrainienne, avaient en réalité été
prises dans des publications de 1922, à l'époque de la Guerre Civile de 1918-1921 lorsque des millions de gens
étaient morts par la famine et la guerre provoquées par l'intervention militaire de huit puissances étrangères.
Douglas Tottle révéla aussi les reportages bidon sur la famine de 1934, publiés dans la presse de Hearst. Thomas
Walter, le journaliste qui envoya pendant très longtemps des reportages et des photographies de cette famine
était en réalité un individu qui n'avait jamais mis les pieds en Ukraine, séjournant à Moscou 5 jours en tout. Celui
qui se cachait derrière le patronyme de « Thomas Walter» était en réalité Robert Green, évadé d'une prison d'Etat
dans le Colorado qui, à son retour aux Etats-Unis, fut arrêté et avoua à la justice qu'il n'avait jamais été en
Ukraine.
1
Mais les liaisons troubles de Hearst avec le gouvernement nazi n'empêchèrent pas des collaborateurs, des
services de renseignement et de désinformation occidentaux comme le Foreign Office britannique ou la CIA,
parfois journalistes et universitaires, de ré-exploiter ces rumeurs, au service cette fois de la guerre froide. En
pleine époque du Maccarthysme, des livres comme Black Deeds 0f the Kremlin parurent sur le thème de la
famine soviétique, largement financé par des réfugiés ukrainiens qui avaient émigré aux Etats-Unis après la
guerre, des membres de l'OUN. Cette organisation nationaliste ukrainienne d'inspiration fasciste avait servi,
pendant l'occupation de l'Ukraine par les troupes allemandes, dans les rangs de la Waffen SS. Lorsque le
troisième Reich s'écroula, les nationalistes s'exilèrent à Munich, Toronto ou à New York, Chicago et Cleveland,
avec l'aide secrète du Département d'Etat nord-américain.
Ce fut le cas par exemple de Mykola Lebed, ancien chef de la sécurité à Lvov sous l'occupation nazie de
l'Ukraine qui participa directement au génocide des juifs de la région, en 1942, puis fut récupéré en 1949 par la
CIA et envoyé aux Etats-Unis. Cette immigration de fascistes ukrainiens mais aussi d'ex-Nazis allemands, de
membres croates de l'Oustachi, de la Légion lithuanienne, etc, avec le soutien en sous main d'Allen Dulles,
ancien avocat de la famille Bush et fondateur de la CIA, furent présentés aux Etats-Unis comme des combattants
de la liberté et des patriotes antifascistes, et influent encore aujourd'hui sur les milieux politiques et médiatiques
américains, notamment en soutenant les campagnes électorales des Bush comme en 1988.
Au début des années 80, lorsque Reagan fut élu à la présidence américaine et commença sa croisade anticommuniste pour financer les Contras au Nicaragua et dans le reste du monde, la propagande sur les millions de
morts en Ukraine fut une nouvelle fois activée. En 1984, James Mace, professeur à Harvard publia un livre
intitulé Human Life in Russia qui répétait les fausses informations produit par la presse de Hearst en 1934. En
1986, Robert Conquest qui deviendra plus tard professeur à l'Université Stamford en Californie et qui était un
ancien membre de l'IRD (Information Research Department), un département de propagande du Foreign Office,
publia un livre avec le même but Harvest of Sorrow (Sanglantes Moissons). Pour ce type de «travail », Conquest
reçu 80.000 dollars de l'Organisation des nationalistes ukrainiens qui finança aussi un film réalisé en 1986, et
intitulé Harvest of Despair (Moissons du désespoir) dans lequel, entres autres, on puisait des informations dans
le livre de Conquest. A cette époque, l'estimation du nombre de victimes de la famine en Ukraine enfla
artificiellement pour atteindre le chiffre de 15 millions de personnes.
L'IRD qui se nommait à l'origine le Bureau d'Information Communiste avait ouvert ses portes en 1947. Sa tâche
principale consistait à combattre l'influence communiste, en propageant des histoires fabriquées auprès des
politiciens, des journalistes et d'autres personnes susceptibles d'influencer l'opinion publique. En 1977, l'IRD fut
officiellement dissoute après la découverte de liens avec l'extrême droite. On découvrit en même temps que, pour
la seule Grande Bretagne, plus de 100 journalistes renommés étaient en contact avec l'IRD et réclamaient
régulièrement des sujets pour leurs articles. C'était la règle pour de nombreux journaux britanniques comme le
Financial Times, The Times, Economist, Dai/y Mail, Daily Mirror, The Express, The Guardian lui-même et
d'autres journaux. Parmi les universitaires parfois recommandés en matière d'histoire des génocides et des crimes
contre l'humanité du XXème siècle, dont les liens avec les services d'information gouvernementaux sont avérés,
citons également Rudy Rummel qui place la famine en Ukraine comme un des évènements le plus lourd en vies
humaines, au siècle dernier (1). Ancien professeur de l'Université d'Hawaii, Rummel a reçu le soutien financier
de 105.000 dollars de l'Administration américaine, via l'US Institute of Peace dont le conseil de surveillance est
directement nommé par le président des Etats-Unis lui-même et le Congrès américain. Dans les années 60,
Rummel a travaillé pour le département de l'armée américaine, l'Operations Research et il ne cache pas ses liens
avec des agences pro-gouvernementales telles que l'Office National Endowment for Democracy et la Fondation
Reagan.
Les révélations des archives soviétiques
L'ouverture, à partir de 1989, d'archives soviétiques jusque-là restées secrètes, et des travaux d'historiens, ont
permis de réfuter les affirmations des idéologues de l'anticommunisme d'une famine délibérément créé par
Staline, pour détruire l'identité nationale ukrainienne et briser la résistance des paysans. Les études les plus
récentes et les plus complètes à ce jour sont l’œuvre d’un universitaire nord-américain Mark B. Tauger, du
département d'histoire en Virginie Occidentale, Morgantown. (2)
Celui-ci montre que l'opinion courante qui, jusqu'ici, attribuait à Staline l'organisation délibérée de la famine
pour des raisons politiques, est intenable et à l'évidence basée sur des sources partielles et une approche noncritique des déclarations soviétiques de l'époque. On sait avec certitude aujourd'hui que la récolte en Union
Soviétique de 1931-1932 fut extraordinairement pauvre, entraînant ainsi une famine difficilement contrôlable, et
non le fait d'une mesure politique intentionnelle imposée par des réquisitions excessives. Plusieurs documents
amènent à la conclusion que la famine ne s'est pas arrêté à I'Ukraine mais a affecté des zones rurales et urbaines
à travers l'union Soviétique. Les mauvaises récoltes doivent être considéré comme la cause principale de la
famine. De graves maladies (nielle, charbon de blé), causées par des parasites et des champignons touchant les
plantations céréalières, sont à l'origine de ces mauvaises récoltes. Les paysans russes ont souvent été les premiers
2
à ne pas comprendre et à ne pas détecter les épidémies touchant les cultures céréalières, affirmant que les
cultures étaient dans de bonnes conditions alors qu'elles étaient infectées. Une réévaluation des statistiques
soviétiques publiées à l'époque, sur lesquelles on s'appuyait jusqu'à maintenant, a montré que les récoltes de
grains de 1931 et 1932 furent plus réduites que ce qui fut officiellement proclamés. La récolte de 1932 a été de
50 à 55 millions de tonnes, c'est-à-dire de 20 à 30 % inférieure aux chiffres officiels qui parlent de quelques 70
millions de tonnes, déjà surestimées.
Mark Tauger a également démenti l'idée que la politique agricole du gouvernement soviétique fut de plus en plus
expéditive pour contraindre les paysans à livrer leur récolte à l'Etat alors que sévissait la famine. Au contraire, le
régime était constamment préoccupé par le problème de la sécurité alimentaire aussi bien dans les villes que dans
les campagnes. Les approvisionnements en céréales constituaient un élément clé de l'alimentation des citadins.
Le développement d'un système de rationnement fut implanté pour contrecarrer les baisses de provisions
alimentaires dès les années 1928-1929, puis élargit ensuite en 1932-33 pour être enfin éliminé après les récoltes
de 1933 et 1934 lorsqu'il ne fut plus jugé nécessaire. Pendant la famine, le gouvernement soviétique a ainsi
nourrit plus de 50 millions de personnes, y compris beaucoup de paysans. Le régime a également réduit le quota
d'approvisionnement fixé aux paysans pour 1932, par rapport à l'année précédente où souvent faute
d'information, le quota avait fixé trop haut, et continua à le réduire même au plus fort de la crise
d'approvisionnement. Pendant le point culminant de la famine, dans la première moitié de 1933, on estime à
approximativement 220.000 tonnes, - moins de 1% des récoltes selon les estimations des récoltes les plus basses
-, la quantité de céréales prélevée par le régime, le reste servant à nourrir la population. Il est aussi important de
se souvenir que les fermes d'Etat soviétiques (kolkhozes) produisirent plus de nourritures en 1933-34 qu'en
1931-32 même si les efforts persistants de Staline et du Politburo pour établir des réserves de grains
«inviolables» fixées à 2 ou 3 millions de tonnes ou plus (en plus des « stocks traditionnels») échouèrent
complètement. En janvier-juin 1932 et en janvier-juin 1933, le Politburo dû utilisé ces stocks céréaliers au début
de chaque année pour tenter de résoudre la crise alimentaire. Au 1er juillet 1933, le montant total de céréales
disponibles dans les 2 stocks de réserves spéciales (« Fondy ») atteignait non pas 4,530 millions de tonnes
comme l'affirme Conquest mais seulement 1,141 millions. Par ailleurs, le régime augmenta, sur une large
période, l'équipement paysan, en particulier les tracteurs et dirigea un plan d'augmentation des zones de cultures
en 1930-31.
Il devient impossible d'affirmer que la collectivisation des terres et la dékoulakisation (koulak veut dire
«poigne», ce qui en dit long sur ce qu'était réellement les paysans riches), ait déplacé tous les paysans
compétents, entraînant un manque de main d’œuvre pour assurer les récoltes, bien que de nombreux paysans
aient quitté leurs villages. Une étude russe récente basée sur des sources d'archives montre que le régime exila
381.026 koulaks et leurs familles soit un total de 1.8 millions de personnes de leurs villages. L'exil continua
pendant les années 1932-33 sur une plus petite échelle mais elle n'a rien de commun avec ce que prétendait
Conquest et ses émules. Les historiens nord-américains Robert Davies et Stephen Wheatcroft estiment au total
que 4 à 4.5 millions de paysans furent ainsi exilés entre 1930-1933. (3)
Par ailleurs, le sentiment de Mark Tauger sur la question de la résistance paysanne comme déclencheur de la
famine est sans équivoque
« Mes recherches sur les politiques agricoles soviétiques et sur les pratiques agricoles actuelles (...) m’ont rendu
sceptique au sujet de largement de la résistance comme cause exclusive ou même dominante des baisses de
récoltes et de la famine au début des années 30. (…) Il est difficile de l’accepter en termes de comportements
humains et particulièrement lorsqu'il s’agit des paysans en Russie et en Ukraine. La grande majorité des ces
paysans ont vécu des centaines d’années dans des villages communautaires qui fonctionnaient selon des valeurs
coopératives primaires et les kolkhozes perpétuèrent ces caractéristiques dans les villages. Malgré les termes
communément employés décrivant la collectivisation comme ayant été imposé de force aux paysans pour les
faite entrer « dans » les kolkhozes, les paysans collectivisés étaient des paysans travaillant la même terre
qu’auparavant mais sur des parcelles plus étendues ou des groupes plus importants et parfois le changement
n’était pas Si grand. Le travail dans les kolkhozes en 1930-32 n’était pas organisé comme le régime le voulait
mais il fut en partie le résultat du fait que les paysans appliquèrent souvent leurs propres méthodes
d'organisation. » (4)
Parfois les émules du patron de presse William Hearst, des intellectuels réactionnaires tels que Conquest ou
Rummel, peuvent compter avec la neutralité bienveillante des autorités du pays concerné par leurs opérations
idéologiques. Ancien correspondant de The Guardian de 1985 à 1990 à Pékin et se revendiquant de la méthode
et de l'esprit de Robert Conquest et de ses «travaux» sur l'Ukraine, le journaliste anglais Jasper Becker a dressé
un bilan macabre du Grand Bond en Avant maoïste lancé en Chine de 1958 à 1961 estimé à 30 millions « au bas
mot» de victimes de la famine de cette période. (5) Il a repris en partie les déclarations faites à partir du début
des années 80 par de hauts dirigeants chinois, qui avaient bâti toute leur carrière sur l'anti-maoïsme au sein même
des structures du Parti Communiste Chinois. Pourtant, jusqu'à cette époque, ces mêmes responsables semblaient
3
tout ignorés de la famine censée avoir causée la mort de 30 millions de concitoyens de leur propre pays, et en
dépit de leur participation active dans la vie politique depuis ces années comme critique de la collectivisation. A
l'époque, personne, y compris les membres du corps diplomatique et les observateurs occidentaux présents sur
place (parmi eux, René Dumont, Jan Myrdal, Edgar Snow, K.S Karol, Tibor Mende, etc.) n'avait parlé d'une «
grande famine».
Le Grand Bond en Avant était une politique de collectivisation qui visait à rassembler les coopératives agricoles
dans des unités plus grandes les communes populaires, pour faciliter les dépenses publiques (reboisement,
industrie légère, écoles, cliniques et routes) ainsi que l'organisation des récoltes. La mobilisation populaire
permit à 1,1 million d'hectares d'être irrigué entre 1958 et 1960 et près de 46.000 réservoirs d'eau furent
construits pendant cette période.5 Les grands travaux de constructions de barrages et de réservoirs hydrauliques
construit pendant cette période empêcheront en grande partie que les mauvaises récoltes ne se transforment en
catastrophes humanitaires. Si on considère une plus longue période, en 1949, seule 26.000 hectares étaient
irrigués mais en 1979, plus de 40 millions d'hectares possédaient un système d'irrigation. La réussite la plus
remarquable fut d'être parvenue à absorber le boom démographique dans l'agriculture, 100 millions d'actifs en 18
ans (de 1957 à 1975), soit une augmentation de 40%. L'espérance de vie augmenta de moins de 30 ans avant
1949, à 65 ans en 1975.
Il ne s'agit pas d'avoir une vision complaisante car le gouvernement chinois fit des erreurs par exemple au début
du Grand Bond en Avant en surestimant les prévisions de production pour 1958 mais de replacer les années
noires de 1959-1961 dans une perspective plus large d'amélioration qu'on peut légitimement considérer comme
spectaculaire.
Une surmortalité triplée arbitrairement
Il est intéressant de voir la façon dont les « morts provoqués par la famine» ont été comptabilisés par des gens
comme Jasper Becker. Il est communément admis que pour « mourir» de faim, il faut d'abord être né. Mais, en
ce qui concerne les chiffres de surmortalité avancés, sur 27 millions de « décès» comptabilisés comme « victime
de la famine», 17 millions de personnes n'étaient même pas nés.
Cette situation absurde a été rendue possible en totalisant la baisse du taux de natalité avec la brusque montée du
taux de mortalité, le résultat devenant une estimation arbitrairement triplée, présentée comme les morts de la
famine».
La chute du taux de natalité en Chine qui tomba en 1961 à 18 pour 1000 (par rapport au chiffre de 29.2 de 1958)
est le résultat, déjà observé avant 1959-61, de l'intense lutte pour créer des communes populaires, en particulier
l'intense mobilisation pour les travaux publics de 1959 qui perturba la vie familiale traditionnelle. A cette
époque, les paysans et leurs familles expérimentèrent un tout nouveau mode de vie. Les hommes et les femmes
s'organisèrent en brigade et en unité « d'aide mutuelle » pour construire des systèmes hydrauliques, aménager
l'environnement, éradiquer les foyers naturels de maladies et d'épidémies, reboiser les collines, participer à des
chantiers de terrassements, etc.
Ces nouvelles organisations du travail durèrent des semaines, les paysans vivant parfois sur place, équipées de
cuisines collectives et de crèches communales pour s'occuper des enfants. Il y a rien d'étonnant, dans ces efforts
de construction, à ce que le style de vie familiale ait largement contribué à la chute du taux de natalité, les
paysans reportant la décision d'avoir des enfants. Après 1961, la natalité remonta plus rapidement encore qu'elle
était tombée pour atteindre un record de plus de 43 pour 1000 en 1963.
Cette intense lutte des classes ne pouvait que conduire à un certain niveau de désorganisation, mais c'est surtout
une grave période de sécheresse dans de nombreuses régions, des inondations et des invasions d'insectes
nuisibles, ravageant près d'1/3 des cultures en 1959, qui fit chuter la baisse du rendement agricole, passant, en
1960, à 15% au-dessous du niveau normal par rapport à 1959 (et -25% les deux années suivantes) et finalement
entraîna une surmortalité. L'estimation sérieuse de la montée du taux de mortalité pour 1960 peut être estimée à
10.8 pour 1000 supplémentaire par rapport à 1959. Pourtant, en moins de 10 ans de construction du socialisme
en Chine, le taux de mortalité avait été encore plus rapidement réduit, passant de 29 à 12 pour 1000 (1949 par
rapport à 1958). En fait, en augmentant de 25.4 pour 1000 en 1960, le taux de mortalité en Chine « provoqué par
la famine» correspond quasiment au taux « normal» de l'Inde en 1960 avec 24.6, seulement 0.8 pour mille en
moins. (6)
Après 1961, le taux de mortalité rechuta et atteignit finalement 9.5 en 1966, un niveau que l'Inde n'atteindra que
30 ans plus tard, au milieu des années 90.
Taux démographique, production en céréales et approvisionnement de l’Etat
(Source : Utsa Patnaik : Alternative Strategies of Agrarian change in relation the Resources for development in India and
China, in Economics as ideology and experience Essays in Honour of Ashok Mitra, (éd), Deepak Nayyar, London, Frank
Cass. 1998.)
4
Année Taux de natalité Taux de mortalité
1955
1956
1957
1958
1959
1960
1961
1962
1963
1964
1965
32,60
31,90
34,30
29,22
24,78
20,86
18,02
37,01
43,37
39,14
37,88
12,28
11,40
10,80
11,98
14,59
25,43
14,24
10,02
10,04
11,50
9,50
Croissance naturelle
20,32
20,50
23,23
17,24
01,19
-4,57
3,78
26,99
33,33
27,64
28,38
Production en céréales
(millions de tonnes)
183,9
192,7
195,0
200,0
170,0
143,5
147,5
160,0
170,0
187,5
194,5
Part des réserves de l’Etat
(%)
19,7
14,9
17,4
20,9
28,0
21,5
17,5
16,1
17,0
17,0
17,3
De nombreux auteurs ont attribué la chute de la production agricole au détournement du travail des paysans
pendant le Grand Bond en Avant pour les travaux publics et pour l’industrialisation. Mais E. L.Wheelwright et
B. Mc Farlane (7) indiquent que la mobilisation de la main d’œuvre pour l'industrialisation des communes fut
réduite. L'économiste indienne Utsa Patnaik de l'université Jawaharlal Nerhu a, de son coté, expliqué que la
plupart des programmes publiques étaient entrepris dans la morte-saison, avançant une hypothèse en ce qui
concerne le «silence» des principaux acteurs et des observateurs de l'époque, qui rompt avec la thèse
difficilement concevable d'une conspiration du silence organisée pour dissimuler l'existence de la famine :
«Les dirigeants chinois de l’époque n’ont pas caché délibérément la surmortalité car sa connaissance est
apparu bien après les événements. (..) Nous avons assisté à la baisse constante du taux de mortalité infantile en
Chine mais c’est seulement après qu’on nous ait présenté les chiffres et les statistiques qu'il y a eu une prise de
conscience des faits et non pas par le fait de notre expérience directe. (..)Au début des années 80, à une époque
où les chiffres truques des « morts de la famine » faisaient l'objet de vives discussions en Occident, j’ai parlé
lors d’une visite en Chine de ces estimations et interroger quelques vieux économistes chinois sur leur propre
expérience de ces années (1959-1961). En entendant ces chiffres, ils ont été extrêmement surpris et ont répondu
que bien qu il y ait eu plus de carences alimentaires que d’habitue, ils n’ont pas entendu parier de morts
provoques par l’apparition d’une famine.» (8)
Patnaik touche là le problème de l'appréciation de l'ampleur d'une surmortalité dû à une restriction alimentaire,
dans une société qui fonctionne selon des principes égalitaristes. Il y a bien eu une mortalité excessive d'un total
d'environ 10.5 millions de personnes au cours des 3 années (période de 1959 à 1961). C'est l'estimation correcte
de la surmortalité, mais croire que les effets de la surmortalité furent à cette période, forcément visibles à l’œil
nu est une erreur car, paradoxalement, le succès de la distribution égalitaire pour tous a contribué à l'invisibilité
du phénomène. Le rationnement alimentaire mis en place n'a pas produit une surbaisse de la consommation des
classes dépourvues comme les paysans pauvres qui, dans les sociétés traditionnelles comme dans la Chine
d'avant la révolution de 1949, mourraient traditionnellement sur le bord des routes.
Le rationnement alimentaire, même sévère, a été maintenu au-dessus des besoins alimentaires élémentaires des
paysans et de façon équitable. On peut donc présumer que la surmortalité s'est produite indirectement et de façon
différée dans le temps, de façon non visible, touchant surtout les populations les plus vulnérables, même dans
une société au revenu égalitariste, comme les femmes enceintes, les enfants en bas âges et les personnes âgées.
Des mesures énergiques prises par le gouvernement chinois empêchèrent la Chine de connaître « une grande
famine» comme par le passé, lorsque les gens mourraient de faim, errant sur les routes et vendant leurs enfants.
Le taux de mortalité aurait été encore plus élevé si le gouvernement chinois avait gâché les réserves et continué à
recevoir des céréales des campagnes. Devant l'ampleur des catastrophes climatiques, l'approvisionnement
alimentaire de toutes les provinces devint la priorité pour le gouvernement. Celui-ci décida d'importer des
céréales pour maintenir une réserve alimentaire. De décembre 1960, lorsque s'effectuent les premières livraisons
de céréales jusqu'à la fin 1963, environ 16 millions de tonnes de céréales (blé, farine de blé, orge et maïs) furent
livrées. Le Canada, l'Australie étaient les principaux fournisseurs mais aussi l'Allemagne fédérale et la France.
Auparavant, le 14 juillet 1959, un arrêté d'urgence pris conjointement par le Comité Central et le Conseil d'Etat
fut pris à propos des calamités naturelles. Les régions sinistrées ne furent soumises à aucun prélèvement de grain
ou d'autres aliments de bases. Les paysans consommèrent sur place tout ce qu'ils produisirent et les villes
subirent un rationnement strict.
Bien souvent, il semble que les critères et les calculs souvent fallacieux avec lesquelles les idéologues de l'anticommunisme s'emploient à aborder ces famines sont réservée uniquement aux ex-pays socialistes. Pourtant, au
cours du XXème siècle, il y aurait ainsi plus d'une période historique qui auraient connu des « morts de la
famine», selon leur propre norme. Ce serait le cas de l'Europe qui a, non seulement vu une augmentation de la
mortalité, mais aussi une baisse de la natalité pendant les pénuries de temps de guerres, particulièrement
difficiles. Le niveau le plus élevé du taux de mortalité en Chine en 1960 (de 25.43 pour 1000) était alors
inférieur au taux de mortalité moyen « normal » de 18 pays en voie de développement en 1959-60. Le taux de
5
mortalité moyen en Inde était près de 24.6 pour 1000 pendant la même période (1955-60). Inutile de dire que
personne ne parle de «famine» dans ces pays en voie de développement comme l'Inde.
Ils n'appliquent pas non plus leur méthode pour calculer les augmentations du taux de mortalité des pays
anciennement socialistes. Ainsi, en Russie, Si on compare, selon les chiffres fournis par la Banque Mondiale,
1994 à 1990, on peut constater que le taux de mortalité a augmenter dramatiquement, passant de 48.8 en 1990 à
84.1 pour 1000 en 1994 en ce qui concerne seulement les adultes (c'est-à-dire en dehors des enfants et les
personnes âgées). La mortalité infantile a ainsi augmenté et le taux de natalité a chuté à un niveau tel que la
population a diminué. Le « baptême de choc» de l'entrée dans le monde de la libre entreprise, le « paradis
capitaliste», s'est soldé par une chute dramatique de l'espérance de vie masculine, le revenu national se
retrouvant divisé par deux.
Quant à évoquer la situation agricole que connaissait au début des années 30 les pays du monde capitaliste, on
préfère généralement tendre un voile pudique. Pourtant d'autres pays agricoles importants subirent, à la même
époque que l'URSS, des désastres naturels et des crises alimentaires. En 1930-31, les Etats-Unis ont subi ce
qu'on a appelé «la grande sécheresse du sud» qui a touché 23 états, du Texas à la Virginie occidentale, provocant
d'immenses souffrances, une surmortalité et un scandale politique lorsque Herbert Hoover refusa d'attribuer des
fonds alimentaires supplémentaires aux gouvernements fédéraux. L'Etat français n'est pas épargné. En 1931-32,
le Nigeria, à l'époque possession coloniale française d'Afrique de l'Ouest, subit une sécheresse (et une invasion
de sauterelles) qui généra la pire famine jamais connue dans la région. L'administration française n'intervint pas
mais poursuivi sa politique de travail forcé envers les populations adultes et de taxations agricoles. (9)
Notes :
(1) Les estimations de Rudy Rummel tirées en particulier de Death by Government, New-Brunswick, Transaction Publisher, sont par
exemple utilisées dans un livre publié par L’Esprit Frappeur, une maison d’édition qui se consacre pourtant à publier, à d’autres occasions,
des œuvres militantes dénonçant les politiques sécuritaires. Ainsi, dans Les sales coups de la CIA (L’Esprit Frappeur, 2002) de Mark
Zepezauer, une note (page 67), dont on ne sait pas s’il est l’œuvre de l’auteur ou du traducteur français, utilise l’estimation de Rummel de
2.400.000 morts causés par le régime cambodgien des Khmers Rouges dans les années 70, incluant ici pour des raisons de propagande, les
centaines de milliers de victimes provoqués par les bombardements américains de 1969 à 1975, l’exode rural et la famine qui suivirent. Il est
assez ironique de voir utiliser une source proche des agences du gouvernement américain pour dénoncer le rôle de la CIA d’autant plus qu’un
chapitre du livre est précisément intitulé « CIA et médias quand les barbouzes ont des cartes de presse ».
(2) A ce jour, l’étude la plus importante de Mark Tauger est « Natural Disaster and Human Actions in the Soviet Famine of 1931-1933 »
publié dans The Carl Beck Papers in Russian and East European Studies, no 1506, juin 2001. Mark Tauger a publié plusieurs articles dans
Slavic Review en 1991 et 1995 en collaboration avec R. Davies et S. Wheatcroft. Il est aussi l’auteur d’un essai sur le traitement de la famine
en Ukraine par le « Livre Noir du Communisme » de Stéphane Courtois qu’on peut trouver sur la page web
http://www.chss.montclair.edu/english/furr/politics.html
(3) Cf. Stephen G. Wheatcroft et Robert W. Davies « Population » dans Davies, Wheatcroft et Mark Harisson, éditeurs : The Economic
transformation of the Soviet Union, 1913 – 1945 (Cambridge University Press, 1994) et les travaux de N.A. Ivnitskil Kollektivizatsiia i
raskulachivanie (Moscou 1996).
(4) Mark Tauger « Natural Disaster and Human Actions in the Soviet Famine of 1931-1933 », page 26.
(5) Cf. La Grande Famine de Mao (Dagorno, 1998) et Les forçats de la faim dans la Chine de Mao (L’Esprit Frappeur, 1999).
(6) Les chiffres proviennent du livre de Carl Riskin : China’s Political Economy : the quest for development since 1949, Oxford University
Press.
(7) Cf. E.L. Wheelwright et Bruce Mc Farlane : The Chinese Road to Socialism - Economics of the cultural Revolution. Monthly Review
Press, New York (1970).
(8) Cf. Patnaik, Utsa, 1999 Experimenting with Market socialism in Frontline (revue) 9 - 22 Octobre 1999.
(9) Finn Fulestad : « La grande famine de 1931 dans l’Ouest nigérien » dans la Revue Française d’Outre Mer, no 777, 1974. Le texte est
disponible à l’adresse : http://www.chss.montclair.edu/english/furr/politics.html
II - Les accusations d'antisémitisme contre l'Union Soviétique et Staline
Alors que les communistes et les mouvements de gauche manifestent partout dans le monde leur soutien
au peuple palestinien contre l'occupation israélienne, de nouveaux livres paraissent dans l'édition
française, taxant l'URSS de Staline d' « antisémitisme ». Face à ces accusations particulièrement déplacées
et malvenues, un bref rappel historique est nécessaire.
Les accusations mensongères comme quoi Staline se serait « entendu » un temps avec Hitler, repris encore
récemment par le journal Le Monde (1), ont la vie dure.
Depuis longtemps, les historiens sérieux qui ont travaillé sur les archives ouvertes depuis 1989 ont démasqué ces
mensonges en montrant, en particulier, que l'URSS avait en vain cherché à construire dans les années 30 une
alliance anti-nazie avec la France et l'Angleterre.
Mais calomnier, il en restera toujours quelque chose...
De ces diffamations à « l'antisémitisme » supposé de Staline et de l'Union Soviétique, il n'y a qu'un pas que
certains ont franchi allégrement. En ce moment, les présentoirs de nombreuses chaînes de librairies françaises
6
comme la FNAC, étalent largement un livre intitulé Staline et les Juifs» (2002) de Arkadi Vaksberg (2), et soustitré : « L'antisémitisme russe : une continuité du tsarisme au communisme ». Seul ceux qui confondent
antisémitisme et antisionisme peuvent s'y laisser prendre.
Voyons quelques faits historiques. Avant la révolution d'octobre 1917, la majorité des Juifs russes vivait dans
une zone de résidence forcée à l'ouest de la Russie, instituée par les Tsars. A bien des égards, les Juifs étaient
soumis à une ségrégation qui rappelle le traitement des Palestiniens en Israël aujourd'hui.
Après des siècles de persécution et d'apartheid, la révolution bolchevique émancipa les Juifs. Le 15 novembre
1917, le conseil des commissaires du peuple, sur les instances de Lénine, affirma l'abolition de toutes les
inégalités fondées sur la religion ou la nationalité. L'accès des Juifs à l'enseignement supérieur, aux carrières
libérales, à l'industrie et à l'administration fut librement ouvert. Nombreux sont les Juifs qui prirent des emplois
dans les usines et se joignirent aux coopératives agricoles. A la fin des années 20, près de 8 % des employés du
gouvernement soviétique était juifs, sans proportion avec la place qu'ils occupaient dans la société. (3)
En même temps, l'antisémitisme fut interdit et réprimé à tous les niveaux de la société. Lénine signa un décret
qui appelait «tous les soviets à prendre des mesures fermes afin d’extirper les racines du mouvement
antisémite.» Dans les années 30, pas moins de 40 % des Juifs vivaient avec les autres nationalités, non pas dans
des quartiers Juifs séparés. (4)
Loin de vouloir intégrer de force les Juifs à la société russe, le gouvernement soviétique permis à une culture
juive autonome de s'épanouir, pour la première fois dans le monde. Ainsi, le Yiddish (langue commune des juifs
d'Europe de l'Est) fut promu langue officielle en Biélorussie et en Ukraine. Dans ces régions, environ 45% des
étudiants en médecine étaient juifs, dans la République de Russie ils étaient 11 %. En 1926, 51,1% des jeunes
juifs en âge d'être scolarisés apprenaient le Yiddish, augmentant à 64% en 1932. A cette époque, il y avait 42
journaux et10 théâtres d'Etats donnant des représentations dans cette langue. (5)
Des juifs bolcheviques créèrent la Yetsektsia chargée de créer et de diriger à l'intérieur des principaux organes du
Parti et de l'Etat des sections spéciales pour les affaires juives. Les politiques de laïcisation menée par la
Yetsektsia et la lutte des classes en URSS dans les années 30 (comme les « purges ») ne modifièrent pas la
représentation des Juifs dans l'armée ni ne marquèrent l'arrêt de leur promotion sociale. (6)
Cette situation exceptionnelle dans les années 30 contrastait fortement avec celle des Juifs d'Europe orientale,
centre-orientale et centrale, dont la condition empirait.
Unir la communauté juive contre le fascisme
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, près d'un demi-millions de juifs soviétiques se joignirent à l'armée rouge
pour combattre l'invasion nazie. (7) La participation des Juifs aux formations de partisans fut particulièrement
importante en Biélorussie, Lituanie et en Ukraine.
Un Comité Juif Antifasciste fut crée par Staline pour stimuler l'effort de guerre et créer des liens avec les Juifs
d'autres pays (Etats-Unis, Europe, etc). En ce qui concerne l'attitude personnelle de Staline, même A.Vaksberg
est obligé de citer des souvenirs montrant que Staline n'était pas judéophobe. Ainsi, à plusieurs occasions,
Staline demanda publiquement que Nikolai Golovanov, responsable du Théâtre Bolchoï qui avait refusé des
oeuvres du compositeur juif Dimitri Rogal-Levitsky, soit renvoyé, expliquant que « Golovanov est un vrai
antisémite un dangereux antisémite. Vous ne pouvez pas le laisser au Théâtre Bolchoï ». (8)
Quelques semaines avant la mort de Staline, éclata l'affaire dit du « complot des blouses blanches» -des
médecins soviétiques accusés d'avoir voulu assassiner le premier dirigeant soviétique, mais qui visait en réalité
des intellectuels et des dirigeants juifs. D'après de nombreuses sources, Staline et de nombreux hauts dirigeants
comme Béria s'opposèrent au procès des blouses blanches. (9)
Notes :
(1) Cf. l'édition du 26 février 2003, l'article d'André Fontaine où il écrit : « Une seule fois dans sa vie, Staline a relâché son obsessionnelle
méfiance pour s'entendre avec Hitler. », tandis qu'un autre article dans la même édition s'intitule Staline, complice puis vainqueur d'Hitler ».
(2) Staline et les Juifs, d'Arkadi Vaksberg (traduction de Dimitri Seseman, Robert Laffont, 2002. Dans un registre moins grossier s Staline
Israël et les Juifs, de Laurent Rucker (PUF, 2001).
(3) Arno S. Mayer, La « solution finale » dans l’histoire, La Découverte/poche, 2002, p.60 et 78.
(4) Ibidem, p.82-83.
(5)
Nathan
Weinstock,
Zionism
False
Messiah,
London
1979.
Disponible
sur
Internet
à
l'adresse
http://marxists.de/middleast/weinstock/index.htm
(6) Arno S. Mayer, La « solution finale » dans l’histoire, La Découverte/poche, 2002, p.84
(7) Beyond the Pale, Jews in the Soviet Union. http://www.friends-partners.org/partners/beyond-the-pale/english/60.html
(8) Stalin Against the]ews, Vaksberg Arkady, New York; 1994. Voir Marx, Lenin and Stalin on Zionism, d'Alliance Marxist-Leninist,
Number 30, Oct 1998 , disponible sur Internet : http://www22.brinkster.com/harikumar/All30table.htm
(9) Marx, Lenin and Stalin on Zionism, d'Alliance Marxist-Leninist, Number 30, October 1998. Consulter aussi le livre de Ludo Martens,
Un autre regard sur Staline, EPO, 1994, p.309-310.
7
III - La famine du Grand Bond, la révolution culturelle et la réforme rurale après Mao : Les leçons du
développement rural dans la Chine contemporaine
Note d’introduction.
Ce texte a été traduit de l’anglais et on peut le trouver sur Internet sur le site web de China Study Group à
l’adresse : http://www.chinastudygroup.org [article du 1er avril 2003]
L’auteur de l’article parle de « famine du grand bond en avant » et ne semble pas au courant de la falsification
statistique de certains spécialistes chinois et occidentaux qu’à révélé en particulier l’économiste indienne Utsa
Patnaik :
« Sur 27 millions de « décès » comptabilisés comme « victime de la famine » (période de 1959-1961), 17
millions n’étaient même pas nés ! (…) et sont comptabilisés pour grossir délibérément les chiffres. Comment
cette situation absurde est-elle possible ? Parce que l’augmentation du taux de natalité et la brusque baisse du
taux de mortalité sont totalisés ensemble comme « morts de la famine ». (…) la Chine était une société égalitaire
et non une société capitaliste de classes. Le rationnement alimentaire mis en place n’a pas produit (..) des
classes dépourvues comme les paysans pauvres qui meurent alors traditionnellement sur le bord des routes
tandis que d’autres mangent en abondance dans les sociétés de classes. » (Utsa Patnaik : “On Measuring
"Famine" Deaths : Different Criteria for Socialism and Capitalism?” In “People's Democracy”, September 26,
1999.)
Néanmoins, ce texte documenté de Han Dongping qui utilise des documents inédits de premières mains rejoint
l’essentiel de l’analyse de Patnaik en les reliant aux suites de la Révolution Culturelle et des réformes
révisionnistes après la mort de Mao. Il est d’une grande utilité pour répondre aux mensonges médiatiques
occidentaux sur la soi disant « famine du communisme » pendant le Grand Bond en Avant en Chine.
Avril 2004
La famine du Grand Bond, la révolution culturelle et la réforme rurale après Mao : Les leçons du
développement rural dans la Chine contemporaine
1 avril 2003,
Par Han Dongping
Introduction
Les spécialistes occidentaux de la Chine sont fascinés par « la famine du Grand Bond en Avant » mais la plupart
du temps pas en raison de la famine elle-même. Comme beaucoup d'autres pays pauvres dans le monde, il n'y a
rien d’étonnant en ce qui concerne les famines en Chine. En lisant un recueil des journaux locaux chinois, on
peut être choqué de voir la fréquence et la sévérité des famines cycliques. Un coup d’œil sur n'importe quel
registre régional indique des famines dans l'histoire moderne. Un registre incomplet a montré l’existence de plus
d’une douzaine de famines selon le journal régional de Jimo [Shandong]. [1] Ailleurs dans la province du
Shandong, le journal régional de Zichun a enregistré 34 famines dont plusieurs ont eu comme conséquence le
cannibalisme au début.[2]
En règle générale, les famines sont habituellement déclenchées par des catastrophes naturelles. Les activités
humaines, telles que la thésaurisation des céréales pour le profit et le manque d’organisation et de soutien de la
part du gouvernement aggravent habituellement la déjà mauvaise situation. Cependant, dans des circonstances
normales, les gens pourraient difficilement accuser qui que soit pour la fréquence des famines. Ce qui a fait la
différence de la famine du Grand Bond en Avant par rapport aux autres, c’est les mesures politiques
gouvernementales, l’attitude du gouvernement lors du déclenchement de la famine et la manière dont il a atténué
la famine. En d'autres termes, les gens peuvent reprocher pour une fois quelque chose au gouvernement dans la
façon dont ça s’est passé. La discussion principale en Chine concernant la famine du grand bond porte sur le fait
de savoir jusqu’à quelle mesure le gouvernement communiste chinois, en particulier Mao, devrait être rendu
responsable de la catastrophe. Il y a eu au moins trois verdicts différents au sujet des causes de la famine. Le
premier verdict, donné par le gouvernement maoïste après le Grand Bond en Avant, minimise l'impact des
erreurs humaines et attribue en grande partie la famine aux trois années de catastrophes naturelles et à la trahison
des russes.[3] En même temps, les autorités ont traduit la responsabilité en termes mathématiques comme qifen
tianzai, sanfen le renhuo (60% de catastrophe naturelles, 30% d'erreurs humaines). Fondamentalement, ce
verdict exonère le gouvernement de la plus grande responsabilité de la famine du grand bond en avant. Il n’y a
eu aucun débat sur les responsabilités de la famine dans aucun document officiel jusqu'à l'ère Deng Xiaoping. Ce
8
verdict est également la réponse la plus courante donné par les paysans au sujet des causes directes de la famine
du Grand bond en Avant dans les provinces rurales de Shandong et Henan, là où les conditions de la famine ont
été les plus mauvaises. [4]
Le verdict des révisionnistes commandités par le gouvernement de Deng Xiaoping depuis 1978, vingt ans après
les faits, a reconnu l'impact des catastrophes naturelles mais a aussi minimisé l’impact des catastrophes
naturelles. Le gouvernement de Deng a renversé le verdict mathématique de la responsabilité par sanfen le
tianzai, qifen le renhuo, (30% catastrophes naturelles, 70% d'erreurs humaines). Il a également commencé à
publier, pour la première fois, l’estimation des personnes qui sont mortes pendant cette famine (qui s'est étendu
de 20 millions à 40 millions). Il a ainsi désigné comme responsable principal le gouvernement maoïste pour le
déclenchement aussi bien que pour la gestion de la famine. En évaluant ce deuxième verdict, on doit peser le
facteur de l’opportunisme politique qui révise le verdict précédent. La lutte importante pour le pouvoir au
sommet de la hiérarchie politique chinoise et les enjeux énormes ont influencé le verdict, et le rend désormais
nullement objectif aussi bien que le premier verdict.
Le troisième verdict émis par certains universitaires chinois et occidentaux est que les catastrophes naturelles
n'ont joué aucun rôle important et la famine a été provoquée par des erreurs humaines. Il prétend que les
catastrophes naturelles étaient communes et fréquentes dans le Nord de la Chine, mais qu’ils se sont rarement
traduit automatiquement en famines, encore moins en famine de l’ampleur du Grand Bond en Avant. Beaucoup
d’universitaires chinois ont « souffert » de la politique communiste en Chine et leur ressentiment contre la
politique communiste est compréhensible. Cependant, des intellectuels chinois sont également connus pour que
leur tendance à mépriser les paysans, en dépit de l'effort délibéré de Mao de les « instruire et transformer »
pendant la révolution culturelle. En tant que groupe, les intellectuels chinois, contrairement aux paysans, ont dû
moins souffrir pendant la grande famine du grand bond en avant. Le gouvernement, en dépit du manque de
céréales, devait en prélever des campagnes (en fait beaucoup de régions rurales ont souffert parce que le
gouvernement en a prélevé trop au début) pour s'assurer que la population urbaine était approvisionnée en
proportion. Les habitants des campagnes comme producteurs de céréales n'ont, d'autre part, pas apprécié la
priorité accordée à la planification centralisée des céréales par le gouvernement. En conséquence, les paysans
dans des régions touchées ont souffert du manque de céréales de façon beaucoup plus importantes pendant la soidisant famine du Grand Bond en Avant. Mais il peut sembler ironique que Li Zhisui, le médecin de Mao,
explique au début de son livre de mémoires qu’il veut instruire les Chinois des souffrances qu’ils ont subi sous le
régime de maoïste. [5] Si le peuple chinois, en particulier les paysans et les ouvriers chinois qui composent 95
pour cent de la population chinoise, ont souffert sous le gouvernement maoïste, ils devraient être les premiers à
le savoir. Pourquoi le peuple aurait-il besoin d'être instruit au sujet de sa propre expérience ? Si les paysans et les
ouvriers ont souffert sous le régime maoïste comme l’affirme le gouvernement chinois et les universitaires
chinois et occidentaux, pourquoi Mao est de plus en plus populaire parmi les paysans et les ouvriers chinois ?
[6] Il était possible d’attribuer la popularité de Mao lorsqu’il était vivant à la propagande et à la manipulation
gouvernementale. Mais les efforts des gouvernants chinois aussi bien que des gens qui n’étaient pas au
gouvernement n’ont jamais cessé pour ternir l’image de Mao après sa mort.[7] Nous ne pouvons pas simplement
condamner les paysans chinois et les ouvriers de ne pas savoir ce qui est bon pour eux ou de les accuser d’être
les victimes de l’amnésie, comme le fait l’élite chinoise.[8]
Cet article tente d’aborder non seulement les accusations que l’Etat maoïste modernisé et développé a porté sur
le Grand Bond en Avant à la lumière des 3 différents verdicts mais aussi les relations entre le Grand Bond en
Avant et la Révolution Culturelle aussi bien que la réforme rurale après Mao. Mais plus important encore, je
tente de tirer des leçons du développement rural dans la Chine contemporaine du point de vue des paysans.
Le Grand bond en Avant et la Famine qui a suivi
Les critiques de Mao accusent l’Etat maoïste d’être responsable de la famine qui a suivi le Grand Bond en Avant
en grande partie parce que Mao a soutenu la création des gigantesques communes populaires et des grandes
cantines communes. Ces facteurs, sans être questionné, semblent avoir contribués à la sévérité de la famine
lorsque la crise à éclaté. Pourtant, de nombreux paysans ont aussi dit que ces facteurs seuls ne pouvaient pas
expliquer la famine, et toutes les communes n’ont pas souffert de la famine de la même manière. [9] La
commune était une grande unité, plus grande que ce qu’avaient prévu d’organiser les communistes. Et le
processus d’élargissement des unités d’aides mutuelles en coopératives agricoles plus grandes, plus finalement
en communes populaires fut si important qu’il n’a pas laissé souffler les paysans. Quoi qu’il en soit, la majorité
des unités d’aides mutuelles et des coopératives agricoles ont bien fonctionné, et la production et les récoltes ont
augmenté au début et au milieu des années 50. En 1958, l’année où les communes populaires ont été crées, on a
connu des récoltes magnifiques dans la plupart du pays. [10]. Bien sur, dans de nombreux endroits, les récoltes
exceptionnelles n’ont pas été bien faites et pour de nombreuses raisons certaines récoltes furent faites dans des
champs abîmés. Dans certains endroits, trop de paysans ont été déplacés pour participer à des travaux
sidérurgiques et des travaux d’irrigation. Dans d’autres endroits, des représentants locaux irresponsables ont
9
ordonné aux paysans de mettre en terre les céréales d’hiver pour atteindre des quotas supérieurs. [11] Mais il n’y
a aucune preuve qui montre que les communes étaient de trop grandes unités pour bien cultiver ou récolter les
champs. La responsabilité doit être attribuée aux mauvaises décisions faites par les cadres locaux.
Avant la famine du Grand Bond en Avant, les années 1950 avaient été une décennie de succès sans précédent
pour le peuple chinois et l’Etat communiste. Les succès de la réforme agraire, le conflit militaire avec les EtatsUnis dirigé par les Nations Unies en Corée, la transformation socialiste de l’industrie et du commerce,
l’organisation des unités d’aides mutuelles, l’agrandissement en grandes coopératives agricoles provoquant une
augmentation des récoltes de céréales, avaient créé un climat de triomphalisme. L’opinion publique a considéré
que ce qui était de l’ordre du possible ou de l’impossible était complètement bouleversé dans les nouvelles
conditions. Les paysans pouvaient se rendre compte de l’importance de l’organisation sociale. Jamais auparavant
les paysans chinois avaient vu d’aussi importants changements dans leurs vies, avec une nouvelle organisation,
de nouveaux instruments agricoles, de nouveaux fertilisants, et un nouveau style de vie. Les gens ont tous
relâchés leur attention contre les possibles dangers nés du succès. De nombreux paysans, en particulier les
paysans pauvres, commencèrent à considérer que le Parti Communiste représentait leurs vrais intérêts et que sa
politique ne pouvait être fausse. Comme les choses se passaient bien, ils ont suivi de bon gré la politique
communiste, même les yeux fermés. [12]
La plupart des chefs de villages qui étaient membres du Parti Communiste, et qui tiraient leur pouvoir de
l’autorité du Parti, ont voulu pousser la politique du parti parce que cela ne les touchait pas directement. Ils ont
aussi appris par expérience qu’ils ne pouvaient pas résister efficacement aux initiatives de leurs supérieurs. Plus
important encore, beaucoup de cadres des communes et de l’administration locale ont acquis un énorme
pourvoir sur les ressources locales pendant le vent de communisation agricole. La commune de Jimo et la région
ont par exemple prélevé aux brigades de production du blé évalué à 5,71 millions de yuans pendant l’année 1958
et 1959 sans compensation, ce qui altéra sérieusement la motivation des paysans.[13]
Certaines communes et responsables régionaux ne connaissaient pas bien les conditions de la vie rurale, mais ils
voulaient que leurs décisions soient respectées par les gens sous leur responsabilité. [14] Cela n’a pas eu
beaucoup de conséquences par elles-mêmes quand il y avait assez de nourriture à manger dans les cantines
populaires.
Certains universitaires ont accusé les cantines populaires d’avoir été le principal responsable de la famine. Les
cantines populaires comme institution à la campagne ont été beaucoup critiqué à cause de leurs nombreux
défauts et problèmes. Parfois, les plats cuisinés n’étaient pas du goût de tout le monde, et il y avait du gaspillage
par rapport à la cuisine préparés chez soi. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas des problèmes insurmontables.
Aujourd’hui, quel critique peut refuser d'admettre que les cantines populaires ont facilité grandement la vie des
paysans au début ? Elles ont libéré beaucoup de gens, en particulier les femmes, du poids traditionnel de la
cuisine, sa préparation et la vaisselle. Vu l’importance aujourd’hui de l’alimentation, elles ressouderaient
beaucoup des problèmes de ravitaillement aujourd’hui.[15] A l’époque, toutes les usines, les écoles et les
bureaux du gouvernement étaient équipés de cantines populaires où les employés pouvaient bien manger pour un
prix modique. Beaucoup de paysans voulaient en bénéficier aussi comme les ouvriers et les employés d’Etat.[16]
Du Shixun, député-secrétaire du parti de la commune de Liu Jiazhuang, région de Jimo, fut un des rares cadres
opposés aux cantines populaires à cause du gaspillage. Dans une lettre candide à Mao Zedong, il explique ainsi
qu’avec la création de cantines populaires, plus personnes ne voudraient cuisiner chez lui, et que l’économie ne
se remettrait pas d’un style de vie fait de gaspillage. [17] Mais il n’y a aucune preuve qui montre que les cantines
populaires ont été la cause de la famine, ou que les cantines populaires étaient impopulaires chez les paysans. En
fait, beaucoup de paysans ont de bons souvenirs des débuts des cantines populaires. Beaucoup de paysans
racontent qu’ils n’ont jamais aussi bien manger de leur vie et que jamais avant ils n’ont mangé autant. La
nourriture était bien meilleure que chez eux, avec les plats de viande et poissons et des gâteaux frits. [18 ]Il en a
résulté qu’ils ont consommé plus de céréales qu’ils ne le faisaient habituellement. Comme l’a expliqué un paysan
du village sud dont on parle[Jimo], ils n’ont jamais consommé autant de céréales sur une aussi courte période de
leur vie. [19]
Avec les récoltes exceptionnelles de 1958 et la création des communes populaires beaucoup de cadres locaux et
de gens ordinaires ont pensé que le manque de riz était une chose à jamais fini. Ils ont relâché leur attention, et
ont commencé à prendre soin des récoltes avec négligence. Ils ont pensé de façon insensée que s’ils épuisent leur
récolte, ils pourraient toujours obtenir plus de la commune ou du gouvernement. [20] La triste réalité était que la
société chinoise à cette époque n’avait pas les moyens de cette sorte de gâchis.
Quand il y avait à manger abondamment, la plupart des problèmes et des défauts des communes populaires et
des cantines populaires étaient cachés. Mais lorsque le manque de riz est apparu, tous les autres problèmes et
défauts ont commencé à s’amplifier. Lorsque des rationnements ont été imposés dans les cantines populaires,
certains responsables des villages ont commencé à manger plus que leur part [21] Cela a heurté la morale
publique, et les villageois ont commencé à faire pareil par leurs propres moyens. Comme l’expliqua Du Shixun,
10
le député-secrétaire du parti de la commune Liu Jiazhuang, les paysans, pour obtenir plus de céréales, se sont
opposés aux décisions des chefs de villages et à la demande du gouvernement de prélever plus de récolte des
campagnes. Si le gouvernement voulait prélever une part des récoltes, les paysans récoltaient dans les champs
avant que les cultures fussent mûres. [22] C’est pourquoi on a vu se répandre tellement l’habitude de manger tout
de suite les récoltes pendant le Grand Bond en Avant dans les campagnes.
En mangeant le riz récolté prématurément, les paysans endommageaient les perspectives d’une bonne récolte à
venir et se faisaient eux-mêmes du mal au final. La pratique de manger des céréales pas mûres devint monnaie
courante surtout parce que les gens avaient faim. Comme l’expliqua Shixun, le député-secrétaire du parti de la
commune Liu Jiazhuang, aux chefs de villages, ils doivent comprendre l’attitude de ces paysans et se souvenir
qu’un paysan qui n’a pas faim ne le ferrai pas [23] Quand cette pratique se généralisa, plusieurs récoltes furent
perdues définitivement, ce qui veut dire que les paysans honnêtes qui n’y avaient pas participé ou peu, perdaient
aussi et que tout le monde manquait encore plus. Cette pratique répandu de manger des récoltes pas encore
mures aggravèrent beaucoup la pénurie. [24]
La perte des récoltes à causse des catastrophes naturelles et du chiqing (manger du riz pas assez mure) ruina les
espoirs des paysans d’avoir une bonne récolte la saison suivante, ce qui entraîna un exode important dans la
région de Jimo. Cela provoqua un cycle infernal. La pénurie de nourriture augmentait tandis que beaucoup de
jeunes paysans quittaient la campagne en allant chercher de meilleures conditions de vie ailleurs que chez eux.
Plus de 80 000 paysans quittèrent ainsi la région de Jimo seulement pour 1960. Certains village perdirent ainsi
plus des 2/3 de leurs mains d’œuvre [25] A cause du manque de main d’œuvre et d’un moral au plus bas, 1,355
millions de mu (un mu = 1/15 hectares) à Jimo furent laissés à l’abandon, causant une perte de récolte estimée à
50 millions de kilos et de graves pénurie de céréales pour 673 3000 personnes de la région de Jimo en 1960. [26]
De sévères conditions climatiques en 1959, 1960 et 1961 ont fait empirer les choses. Dans la région de Jimo, un
des endroits le plus touché de tous le pays, des tempêtes de printemps et des pluies d’été se sont abattu trois
années consécutives. Le 30 juin 1958, des pluies torrentielles sont tombées pendant 10 heures causant une
précipitation de 249 mm et faisant déborder 22 rivières et dévastant 69 barrages et réservoirs. Le 15 juin 1959,
une pluie intense endommagea 75 900 mu de champs, détruisant 4 629 maisons et tuant 8 personnes. A l’été
1959, il y eut une invasion de sauterelles qui ravagea 5 communes qui dévasta18 584 mu. [27] Le 27 mai 1959
une tempête détruisit 31 000 mu de récolte à l’Ouest de la région de Jimo, causant une perte estimée à 1,35
millions de kilos de blé. Le 27 juillet 1960, un ouragan attaqua le pays entier, dévastant 777 000 mu de cultures.
Le 17 août 1961, une tempête avec une précipitation de 230 mm durant 3 heures inonda 280 000 mu de culture.
[28] En plus, il y eut aussi d’autres catastrophes naturelles mineures [29] Ces catastrophes naturelles, ajoutées
aux autres problèmes, provoquèrent une grave pénurie de nourriture dans la région de Jimo. La plupart des
paysannes arrêtèrent d’avoir des enfants et les personnes âgés souffraient de jambes gonflées. Finalement, la
population de Jimo connue une croissance négative pour la première fois, avec moins de 14 300 personnes en
1960 et moins de 18 843 en 1961 [30] Il n’y aucun doute que la population de Jimo comme dans d’autres
endroits, souffrit beaucoup du manque de nourriture. Beaucoup de gens, la plupart âgés, moururent de maladies
causées par la malnutrition et la faim. Parmi eux se trouvaient mes grands-parents qui avaient tous les deux 60
ans en 1960. Les jeunes pouvaient, eux, voler du blé pas encore mûre et ils avaient plus de rations parce qu’ils
travaillaient. Les personnes âgées comme mes grands-parents ne travaillaient plus dans les champs et ne
pouvaient pas manger les récoltes pas encore mures comme les jeunes. Lorsque le manque de nourriture
s’installa, les gens mangèrent des racines d’arbres et de légumes et d’autres plantes sauvages. Le gouvernement
central [à Beijing] livra beaucoup de variétés de légumes sauvages provenant des provinces de Yunnan et du
Guangxi : l’un était de la forme d’un petit chien avec des racines dorées que les gens de Jimo appelaient jinmao
gou (chiens aux cheveux dorés) ; d’autres avaient la forme d’un foie porc avec une couleur rouge sombre que les
gens appelaient yezhu gan (foie de porc sauvage). Chaque famille en recevait une provision gratuitement mais ils
étaient très difficiles à avaler et à digérer. Les personnes âgées les mangeaient difficilement. Une nourriture
appauvrie les fragilisa et ils devinrent très peu résistant aux maladies, et furent les premiers à mourir.
Il n’y a aucun doute que le Grand Bond en Avant fit faillite malgré le fait que le pays faisaient de grand bond
dans d’autres domaines. L’industrie nationale s’accru énormément et d’importantes infrastructures rurales furent
créées pendant le Grand Bond en Avant. La plus importante fut la création de 4 réservoirs toujours en activité
aujourd’hui qui furent construit pendant le Grand Bond en Avant. [31] Mais le gouvernement et les communes
populaires ont subi d’énormes revers. Sous la pression, Mao accepta certaines responsabilités pour la faillite, et
fit son auto-critique devant 7000 personnes réunis en meeting à Beijing du 11 janvier au 7 février 1962. [32] Le
Grand Bond en Avant s’arrêta sans décision officielle. Mais parce qu’il y avait eu les catastrophes naturelles, il
n’est pas du tout aisé de trouver le vrai coupable pour la famine. D’après tout ce que nous savons, Mao n’a
jamais été convaincu que le Grand Bond en Avant était mauvais dans le fond. Il semble avoir pensé que si le
temps avait été favorable et si les responsables locaux avaient pris des décisions moins arbitraires, cela aurait
marché.
11
Le Grand Bond en Avant s’acheva sur une pénurie sans précédent de céréales sous le gouvernement communiste
chinois. Mais ce n’était pas la seule chose sans précédent. Il n’y eu pas de révoltes, pas de rébellions paysannes,
pas de récoltes détournées pour le profit, pas de ventes d’enfants et de femmes comme cela se serait passé
normalement avec une famine comme à Jimo et en Chine en général. C’est tellement vrai qu’aujourd’hui
beaucoup de jeunes demandent à leurs parents pourquoi ils n’ont pas pris d’assaut les réserves gouvernementales
qui n’étaient gardés par aucunes forces militaires [33] Ce n’est pas le plus étonnant ? Mao ne parlait pas de faire
respecter anding tuanjie (la sécurité et l’ordre) à cette époque, comme le font les dirigeants chinois aujourd’hui,
mais ce gouvernement serait-il capable de maintenir l’ordre et la sécurité face à des telles catastrophes naturelles
sans précédant aujourd’hui ?
La question n’est pas de savoir la part énorme de responsabilité de Mao dans le Grand Bond en Avant. S’il
n’avait pas poussé en avant le Grand Bond en Avant et la création des communes populaires si rapidement, le
peuple chinois aurait dans une meilleure position pour affronter les catastrophes naturelles. Sans les nombreux
défauts des cantines populaires, l’impact des catastrophes naturelles aurait été bien moindre. D’un autre coté,
sans les efforts organisés par l’Etat maoïste, l’impact des catastrophes naturelles de 1959, 1960 et 1961 aurait
bien plus grande à Jimo, d’après tout ce que nous savons. C’est pourquoi de nombreux paysans disent que « sans
le soutien et l’organisation du Gouvernement, encore plus de gens seraient mort » [34] En 1960, 6 provinces du
sud donnèrent 215.000 kilos de blé, 650.000 kilos de légumes secs et une grande quantité de vêtements de pluies
pour la région de Jimo [35] Dans la même année, la municipalité de Qingdao fourni à la région de Jimo 110.000
tenues complètes, 12.790 couvertures, 10.052 mètres de toiles, 8.010 kilos de coton, 54.677 paires de chaussures
et chapeaux, 125.000 kilos de blé et plus de la moitié alla directement aux habitants de Jimo. [36] En novembre
1960, un délégué municipal de Shanghai a apporté à Jimo 60.000 kilos de blé, 650.000 kilos de pommes de terre
et du matériel. [37] En 1961, le gouvernement de la province de Shandong donna 15.000 tonnes de céréales à
Jimo et fourni 200 grammes de blé par villageois chaque jour jusqu’à la prochaine récolte [38] Les erreurs de
Mao et les mérites de Mao sont si mêlés paraxodalement qu’il est impossible de séparer les deux. Pour cette
raison, peu de paysans et d’ouvriers chinois accusent Mao pour ce qui s’est passé pendant le Grand Bond en
Avant. Et ce n’est pas parce que les ouvriers et les paysans chinois sont bêtes comme le suggère les élites
chinoises d’aujourd’hui. C’est leur volonté de prendre à la fois les erreurs et les mérites de Mao en même temps.
[39]
La Révolution Culturelle
Mao accepta une part des responsabilités de la famine du Grand Bond en Avant, et donna les reines du pouvoir à
ses collègues Liu Shaoqi et Deng Xiaoping pour diriger l’économie nationale. Mais il n’était pas convaincu que
le Grand Bond en Avant soit une faillite à cause de sa mauvaise direction. Il ressentit le besoin de faire son autocritique. Liu et Deng commencèrent à démanteler les fondements des communes populaires en encourageant le
libre commerce, les lopins de terre privés et des normes de rendement sur base familiale, qui furent appelé
collectivement sanzi yibao par les paysans. Cette politique fut rapidement mise en place par la hiérarchie du
gouvernement communiste. A la fin 1961, 520 brigades de production à Jimo, plus de la moitié au total,
adoptèrent le système des parcelles privées et 310.000 mu de terres furent divisés entre les paysans. [40] En
septembre 1962, 362.760 mu de terres, atteignant 19.8% du total des terres fut divisé entre les paysans. Cette
nouvelle politique stimula plus les paysans et bénéficia en apparence aux familles qui avait le plus de bras. Mais
il y eut aussi une résistance de la part des autres, particulièrement ceux qui n’avaient pas assez des bras
d’instrument pour cultiver leur parcelle. Yang Shushan, le secrétaire du parti de la brigade de production de Xi
Shanpo, dans la commune de Lingshan, s’en pris à la nouvelle politique. Il demanda quels intérêts cette nouvelle
politique défendait ? Le gouvernement de la province de Shandong pris cette résistance comme exemple et
changea ces pratiques de cultures privées en octobre 1962. [41]
A cause des origines incertaines de la famine du Grand Bond en Avant et de la rapide usure du système de
collectivisation après cette famine, Mao attendit et chercha une opportunité pour renforcer et améliorer la
collectivisation agricole. Une de ses premières tentatives fut le mouvement d’éducation socialiste en 1964. Mais
le projet fut rejeté par Liu Shaoqi et sa femme Wang Guangmei, qui envoyèrent un grand nombre d’équipes de
travail composé de responsables hors du gouvernement vers les villages en accusant un grand nombre de chefs
villageois pour des fautes mineurs, Mao caractérisa cela de « xingzuo shiyou » (le mouvement droitier avec une
apparence de gauche) dans son affiche mural « Feu sur le quartier-général » écrit le 5 août 1966. [42] A cette
époque, Mao compris le tort et les limites dans le fait d’envoyer à l’extérieur des équipes de travail vers les
villages. Il s’aperçut de la nécessité de rendre maîtres de leurs propres vies les gens ordinaires comme un contrepouvoir et une défense contre les mauvais responsables, ce qui était la leçon par la négative de l’expérience du
Grand Bond en Avant. Selon ce point de vue, il n’est pas difficile de voir pourquoi Mao encouragea le
mouvement de masse à agir en dehors de la direction du Parti Communiste Chinois pour la première fois dans
l’histoire d’un parti communiste, au début de la Révolution Culturelle. Le gouvernement chinois, après la mort
de Mao, condamnera cela comme tikai dangwei nao geming (frapper les Comités du Parti de l’extérieur et faire
la révolution sans eux).
12
La Révolution Culturelle balaya les campagnes chinoises après que les organisations du Parti Communiste soient
paralysées par les organisations et associations de masses en décembre 1966. Les méthodes de la Révolution
Culturelle, dans les propres termes de Mao, furent « rang qunzhong ziji jiaoyu ziji, ziji jiefang ziji » (encourager
les masses à s’éduquer et prendre le pouvoir elles-mêmes) en faisant la révolution. Cette nouvelle politique
permit la création d’organisations et d’associations de masses dans toute la Chine, y compris les campagnes.
Différentes organisations de masse apparurent dans les villages, communes et régions et commencèrent à agir
par elles-mêmes en un instant. Les masses paysannes organisées défièrent les responsables des villages,
communes et régions avec des affiches murales, des débats publics et des meetings de masse. Jamais auparavant
dans l’histoire officielle, il n’y avait eu comme cela des paysans se soulevant contre des responsables du
gouvernement en les critiquant. Chez les masses paysannes organisées, beaucoup de chefs villageois et de cadres
de communes et de régions furent complètement battus. Ils furent forcés de confesser leur mauvaise action et de
s’excuser pour ce qu’ils avaient fait durant et après les années du Grand Bond en Avant. La plupart des chefs de
villages perdirent leurs pouvoirs au début de la Révolution Culturelle [43] Les dirigeants des communes qui ne
perdirent pas leurs pouvoirs immédiatement furent forcés de se réformer par eux-mêmes en travaillant, mangeant
et vivant avec les paysans des villages. Ils n’étaient plus autorisés à dirigés avant d’abord d’avoir travailler dans
les conditions locales, comme cela existait beaucoup pendant le Grand Bond en Avant. [44] Les pratiques
démocratiques sans précédents pendant la Révolution Culturelle créèrent une vraie culture démocratique à la
campagne. [45] Le mauvais coté de la Révolution Culturelle qui prit la forme de violence sans nécessité contre
certains intellectuels et la destruction de certains monuments culturels était regrettable et n’aurait pas dû se
produire mais cela ne doit pas pour autant être utilisé pour condamner les acquis démocratiques majeurs. Il est
compréhensible que les élites chinoises, à la fois intellectuelles et politiques, qui ont souffert sérieusement durant
la Révolution Culturelle condamnent la Révolution Culturelle. Mais il est inconcevable que les universitaires
occidentaux qui proclament des mœurs et des valeurs démocratiques rejoignent unanimement les élites chinoises
en condamnant la Révolution Culturelle et en ignorant ses tendances démocratiques. Dans les années 1930, un
universitaire américain écrivit que tout américain, qu’il soit congressiste, sénateur ou président, devrait soutenir
les communistes chinois s’il savait ce qui se passe dans les campagnes chinoises. Si les universitaires américains
savaient comment les responsables chinois mènent les paysans, ils comprendraient la soudaine éruption de la
Révolution Culturelle. Dans ce sens, la connaissance et la compréhension de la Révolution Culturelle chinoise
par les universitaires occidentaux ont été partielles et injustes.
Alors que la Révolution Culturelle menait au pouvoir des paysans ordinaires, les villageois commencèrent a
avoir plus de contrôle sur le travail des équipes de production et des brigades de production. Durant la période de
la Révolution Culturelle, les responsables des équipes de production, souvent un comité composé de 5 membres,
à la différence des années du Grand Bond en Avant, étaient élus démocratiquement par les villageois. La
planification des taches et du budget de la production ainsi que la distribution étaient discutés et approuvés par
les membres [46] Les activités économiques des équipes de production devinrent plus transparentes. En
conséquence, le travail collectif marcha bien mieux durant l’époque de la Révolution Culturelle que pendant les
années du Grand Bond en Avant. Les récoltes plus que doublèrent à Jimo. [47] Dans la région de Fushan, les
récoltes de pommes de terre augmentèrent de 230 jin par mu en 1965 à 490 jin par mu en 1976. [48] Dans la
région de Haiyang, les récoltes de blé augmentèrent de 138 jin par mu en 1965 à 284 jin par mu en 1976. [49]
Dans la région de Pingdu, les récoltes de pommes de terres augmentèrent de 205 jin par mu en 1965 à 506 jin par
mu en 1976. [50] Dans la région de Laoshan, les unités de récoltes augmentèrent de 383 jin par mu en 1965 à
868 jin par mu en 1917. [51] Dans la région de Qixia, les récoltes de pommes de terre augmentèrent de 422 jin
par mu à 810 jin par mu en 1976. [52] Grâce au développement des industries rurales pendant l’époque de la
Révolution Culturelle, le revenu par tête des paysans augmenta aussi de manière significative. Dans la région de
Fushan, par exemple, le revenu par tête d’un paysan augmenta de 85 yuans en 1965 à 235 yuans en 1976. [53]
Dans la région de Jimo, le revenu par tête d’un paysan augmenta de 36 yuans en 1965 à 79 yuans en 1975. [54]
De plus, les paysans durant les années de la Révolution Culturelle bénéficièrent de l’éducation gratuite pour tous
et de soins médicaux gratuits, ce qu’ils n’avaient jamais eu avant ni n’auront après. [55]
Le développement le plus important de la Révolution Culturelle fut bien sur les pratiques démocratiques à la
campagne. Les responsables des équipes de production étaient élus tandis que les responsables régionaux du
gouvernement et des communes populaires étaient sous le contrôle des gens du peuple. Les responsables des
équipes de production devaient travailler avec les villageois chaque jour. Les responsables des villages devaient
travailler avec les paysans au moins 300 jours par an. Les responsables des communes, eux, devaient travailler
au moins 250 jours par an avec les paysans. Dans certains endroits, même les responsables de la région devaient
travailler autour de 200 jours avec les paysans chaque année. [56] Pendant la Révolution Culturelle, comme pour
tout le monde en Chine, les paysans bénéficiaient aussi de droits démocratiques d’écrire des affiches murales
pour critiquer les leaders des villages et des communes. Le plus important c’est que les responsables
gouvernementaux des Communes, régions et provinces n’étaient pas uniquement composés de l’élite du Parti
Communiste. Des paysans et des ouvriers respectés qui étaient reconnus par le peuple comme des modèles
accédèrent à de hautes fonctions à différents échelons du gouvernement. Dans la région de Jimo, Li Aichang, un
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paysan expert de la brigade de production de Aoshan qui aida ses collègues villageois à devenir prospères, devint
député et directeur du Comité Révolutionnaire de Jimo. Zhang Ziyu, un paysan de la brigade de production de
Moshi, et Lan Shengyu, un paysan de la brigade de production de Yaotou, tous deux ayant démontré qu’il
pouvait emmener leur village à devenir prospères, devinrent des députés et directeurs du Comité révolutionnaire
de Chengguan. Lorsque ces paysans, qui gardaient toujours un contact étroit avec la vie rurale, conduisaient les
affaires du gouvernement, c’était bien de la démocratie au plus haut point. Ces pratiques démocratiques qui
distinguèrent la Révolution Culturelle du Grand Bond en Avant firent toute la différence au niveau des succès et
des défaites entre ces deux périodes. Grâce à ces pratiques démocratiques, il y eu vraiment peu de corruption,
très peu de crimes, pas de chômage, pas de sans abri, pas de drogues, pas de prostitution, pas de trafic de femmes
et d’enfants, pas de polarisation entre pauvres et riches et peu de responsables abusant de leur pouvoir dans
l’immensité de la campagne chinoise. [57] En sachant cela, est-il si étonnant que Mao soit toujours plus
populaire parmi les paysans et les ouvriers dans la Chine actuelle qui avance aujourd’hui au milieu de la
corruption d’Etat rampante, du trafic si répandu de femmes et d’enfants, du crime, de la drogue et de la
prostitution ? Comme disent les paysans du Shandong et du Henan, Mao serait plus qu’en colère s’il voyait ce
qu’il s’est passé en Chine après sa mort. [58]
La révision après Mao de la famine du Grand Bond en Avant et la Réforme agraire.
Comme je l’ai souligné auparavant [voir note], la plus grosse erreur de Mao au cours de sa vie fut son échec
d’institutionnaliser les pratiques démocratiques développées pendant la Révolution Culturelle. [59] Il a eu dix
ans pour le faire, mais il ne l’a pas fait. Bien sur, ce n’est pas une critique très juste quand on connaît la longue
culture bureaucratique en Chine. Mais s’il avait réussi, Deng Xiaoping n’aurait pas pu si facilement détruit le
travail qu’a fait Mao lorsqu’il était vivant. Une chose de sur, c’est que les paysans n’auraient jamais approuvé la
division de la terre s’il y avait eu un référendum national à cette époque. Deng Xiaoping vint au pouvoir en 1978
selon des critères considérés unanimement comme malhonnête et immoraux par les ouvriers et les paysans
chinois. Bien sur, la politique n’est pas un jeu de morale et d’honnêteté, même lorsque nous professons
l’honnêteté comme la meilleure politique. Deng Xiaoping perdit le pouvoir deux fois pendant la Révolution
Culturelle, et son image était fatalement ternie par les critiques de Mao sur sa politique et son caractère. Pour
consolider son pouvoir après son deuxième retour, il était indispensable qu’il se disculpe. La méthode qu’il
utilisa fut simple et directe : la révision du verdict du Grand Bond en Avant. En mettant tout sur le dos de Mao et
ses partisans pour la famine du Grand Bond en Avant, il voulait attendre plusieurs buts politiques. Premièrement,
il rendit intenable la position de ses adversaires Hua Guofeng et les autres dans le Parti Communiste qui
essayèrent de l’exclure du pouvoir politique en « soutenant tous les mots et toute la politique fait pas Mao », et
cela affaiblit de façon significative leur position. Deuxièmement, après avoir mis la responsabilité de la famine
du Grand Bond en Avant sur Mao et ses partisans, il s’est présenté comme celui qui avait été le sauveur du
peuple chinois de la famine du Grand Bond en Avant, causé par les tendances utopiques de Mao. C’était après
tout lui et Liu Shaoqi qui avaient introduit les solutions pragmatiques des lopins de terre individuels à la
campagne après l’échec du Grand Bond en Avant. Cette manœuvre politique à produit son effet sur les
intellectuels parmi l’élite chinoise qui avait souffert pendant la Révolution Culturelle en obtenant leur soutien et
sans doute en l’aidant alors à prendre le pouvoir politique en Chine. Une fois au pouvoir, Deng Xiaoping,
comme Mao, senti aussi le besoin de se justifier ce qui était le retour des lopins de terre individuels à la
campagne.
Pour être honnête, les lopins de terre privés comme mesure d’urgence dans le contexte du manque de récolte
pendant le Grand Bond en Avant était nécessaire et eurent l’appui de la plupart des paysans et responsables
locaux même si cela n’allait pas dans la direction de la modernisation agricole comme la connaissait la Chine.
Mais le contexte social au début des années 80 était complètement différent de celui du début des années 60.
Avec les pratiques démocratiques de l’époque de la Révolution Culturelle, les paysans chinois et les
responsables locaux avaient progressivement développé un système économique et politique qui marchait bien
pour eux et la plupart des gens en étaient content. [60] La direction et la propriété de tout le peuple des machines
agricoles et du système d’irrigation avaient permis d’augmenter la production agricole et en même temps avait
réduit la pénibilité du travail pour les paysans. La direction et la propriété de tout le peuple des entreprises
industrielles qui canalisaient le surplus de main d’œuvre rurale vers des emplois productifs avait augmenté de
façon significative le revenu des paysans dans tous le pays et dans la province du Shandong en particulier,
comme nous l’avons vu. Le système des écoles primaires dans les villages, les écoles moyennes et les écoles
supérieures des communes permettaient aux enfants des campagnes de profiter d’une bonne éducation gratuite.
Le système de cliniques de villages et des hôpitaux des communes et des régions fournissait une couverture
médicale gratuite élémentaire. Les régions, les commues et les brigades de production avaient aussi créé un
système d’information et de technologie à travers les campagnes. La vie des paysans s’améliorait nettement.
Avec une organisation, une éducation et une technologie modernes, le potentiel de nouvelles avancées était
énorme. Par conséquent, peu de paysans voulaient que ça change [61]
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Mais Deng Xiaoping voulaient le changement malgré la volonté des paysans. Quand Mao avait initié le
mouvement des coopératives agricoles, au moins lui avait obtenu le soutien du pouvoir des chefs de villages, de
districts et de régions [62] Mais Deng Xiaoping démantela les terres collectives sans soutien populaire. L’appui,
il alla le chercher dans l’affaire suspecte de 18 familles du village de Xiaogang, dans la région de Fengyang,
province du Anhnui, qui en secret s’était soi-disant partagé la terre entre eux. [63]
En même temps que le démantèlement des terres collectivisées, le gouvernement doubla aussi le prix des
céréales pour l’approvisionnement de l’Etat afin d’inciter les paysans à produire plus au début des années 80. En
deux ans, le gouvernement pouvait se vanter d’avoir augmenter la production agricole qu’il attribuait à sa
politique de lopins de terre individuels. Néanmoins, depuis 1985, les récoltes en Chine ont stagné et le coût de
rendement de la production de céréales a constamment augmenté à cause de l’augmentation de l’utilisation
d’engrais modernes, de fertilisants chimiques, de pesticides, d’irrigation et d’une nouvelle variété de graine. En
conséquence, le revenu net des paysans a décliné. Même le gouvernement central l’admet. [64] Les paysans ne
peuvent plus continuer longtemps à travailler. Ils partent de chez à la recherche d’emplois précaires dans les
villes. Depuis 20 ans, 100 millions de paysans chinois ont été obligés de partir travailler dans les villes dans des
travaux mal-payés et dans des conditions de discrimination. Ils travaillent quotidiennement 12 à 14 heures ou
plus dans des sites de construction avec un salaire très bas et dans des conditions de travail hasardeux. A la
différence de l’époque de la collectivisation, leur travail ne sert pas à augmenter les infrastructures dans leur
communauté et leurs maigres salaires ne sont pas suffisant pour payer le coût croissant des fertilisants chimiques,
pesticides, électricité, graines, des taxes et des impôts du gouvernement. Le prix du blé stagne depuis 20 ans : blé
et le maïs étaient seulement d’environ quarante sous par jin à l’été 2000. Mais les prix des produits chimiques,
des pesticides et de l’électricité n’ont fait qu’augmenter de 5 à 10 fois. Les taxes et les impôts du gouvernement
ont augmenté de 20 jin par mu durant l’époque de la collectivisation à 200 jin par mu ou même plus dans
beaucoup de régions de la Chine d’aujourd’hui.[65]
Le gouvernement central a commencé à accuser l’administration locale de l’augmentation du poids des paysans
depuis les vingt dernières années et pour diriger le ressentiment des paysans sur l’administration des villages et
des villes. Mais cela est vraiment irresponsable et même dangereux de la part du gouvernement central comme la
souligné un responsable de l’administration locale lors d’une interview avec l’auteur, parce que c’est faux. [66]
C’est vrai que le gouvernement central prend seulement autour de 5% du revenu des paysans mais le
gouvernement central ne prend pas en compte les différents coûts de l’administration locale. Pour mener la
politique et les initiatives du gouvernement central, l’administration locale des villages doit imposer des
prélèvements supplémentaires aux paysans, parfois jusqu’à 10 fois plus que la taxe gouvernementale. [67]
Le gouvernement central demande ainsi aux localités de respecter strictement le planning familial qu’il fixe. La
plupart des cadres de l’administration locale qui échouent à l’imposer strictement sont renvoyés. Mais le
gouvernement central ne donne pas les fonds et les moyens nécessaires pour y arriver. Pour atteindre l’objectif
de cette politique stricte, les localités sont obligées d’embaucher beaucoup de gens. Pendant l’ère de la
collectivisation, le prélèvement des taxes sur les récoltes n’était jamais un problème. Aujourd’hui, le
gouvernement est obligé d’embaucher des gens de l’extérieur pour faire le prélèvement sur les récoltes des
paysans qui résistent de plusieurs façons. A cause ce cela, le budget du gouvernement a considérablement
augmenté les 20 dernières années. Pendant l’ère de la collectivisation, une commune typique fonctionnait avec
pas plus de 30 personnes. Aujourd’hui, l’administration locale compte plus de 150 personnes.
Aujourd’hui, l’administration locale doit payer tous les enseignants des écoles de campagne. Pendant l’époque
de la collectivisation, les professeurs des écoles de villages étaient tous payés par les points-travail de la brigade
de production. Depuis que les communes ont été dissoutes, l’administration locale doit payer les enseignants en
salaires comme tous les autres employées. Pour aider à couvrir le coût de l’enseignement, les parents d’élèves
doivent payer eux-mêmes une part relativement importante de l’éducation. Les parents qui envoyaient
gratuitement leurs enfants à l’école pendant l’époque de la collectivisation peuvent de moins en moins offrir une
éducation à leurs enfants. Beaucoup de parents ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école ce qui a pour
conséquence d’augmenter l’analphabétisme infantile.
Avec la dissolution des terres collectives, le système des soins médicaux gratuits a disparu aussi parce que les
médecins aux pieds nus étaient payés en points-travail par la collectivité. Aujourd’hui, les dépenses médicales
ont largement dépassé ce que peuvent payer la plupart des paysans. Beaucoup de paysans ne peuvent plus
s’offrir de soins médicaux pour des maladies bénignes. The World Journal, un journal chinois édité à New York,
a rapporté sur un ton humoristique comment un paysan de la province du Henan qui souffrait horriblement à
cause des ses testicules infectés se les coupa lui-même chez lui et failli se tuer. Ce type de tragédie n’était rien
d’autre que comique pour ce journal. Ce paysan ne pouvait tout simplement pas se payer les soins médicaux
nécessaires. Un autre paysan, explique ce journal, plaça un explosif sur lui et prit en otage un docteur d’un
hôpital d’Etat en expliquant qu’il allait faire sauter l’hôpital si on ne le soignait pas. A la fin, il fut finalement
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arrêté par une brigade de policiers armés dépêchés sur les lieux. Quand des paysans en arrivent à de telles
extrémités pour se soigner, le système a une immense part de responsabilité.
Le gouvernement chinois a publié d’impressionnantes statistiques de croissance économique pour les 20
dernières années. Mais quelle que soit la croissance économique, une économie qui licencie plus de 30 millions
d’ouvriers des entreprises d’Etat a un sérieux problème. Quand beaucoup de ces ouvriers au chômage qui se sont
battus jusqu’au bout, dénoncent le gouvernement et proclament qu’ils n’hésiteraient pas à rejoindre une lutte
pour renverser le gouvernement, celui-ci a un sérieux problème. [68] Quand la plupart des administrations
communales rurales sont en sérieux déficit, quand beaucoup de paysans sont en faillite financière et ne peuvent
plus payer l’école à leurs enfants et des soins médicaux élémentaires, quand de nombreux paysans manifestent et
protestent contre l’administration locale, et quand les plus radicaux des paysans s’organisent en groupes
clandestins pour renverser le gouvernement, le gouvernement a un sérieux problème. Quand un gouvernement
comme le gouvernement chinois renforce depuis quelques années sa police et l’équipe avec d’importants
équipements anti-émeute importés de l’étranger nous savons qui est devenu l’ennemi de l’Etat. Quand il
considère les millions d’ouvriers et de paysans comme ses plus dangereux ennemis, il n’y a aucun doute de la
nature du gouvernement chinois.
Conclusion : leçons de développement rural en Chine
Que représente le Grand Bond en Avant dans la politique chinoise ? Est-ce que le gouvernement chinois et le
peuple chinois ont retiré des leçons importantes du Grand Bond en Avant ? Le Grand Bond en Avant et le
système des communes populaires ont été sans nul doute une expérience importante de l’histoire contemporaine
chinoise pour résoudre les problèmes de l’agriculture en plein développement, malgré le fait que le Grand Bond
en Avant finalement échoua. Nous ne pouvons attendre de chaque volonté humaine qu’elle réussisse, et nous ne
pouvons utiliser l’échec du Grand Bond en Avant pour condamner le mouvement de collectivisation agricole
chinois. Mao et son gouvernement retirèrent des leçons du Grand Bond en Avant et firent les changements et les
améliorations nécessaires dans le système des communes populaires. Le plus important, Mao réalisa que pour
faire marcher les terres collectivisées, basé sur son idée d’une égalité économique, les paysans devaient arriver à
se gouverner eux-mêmes pour être maîtres de leur destin. Dans cette perspective, il n’est pas difficile de
comprendre pourquoi Mao encouragea les jeunes étudiants, ouvriers et paysans à s’éduquer et à prendre le
pouvoir eux-mêmes durant l’époque de la Révolution Culturelle à la place des responsables locaux du parti avec
qui il avait pourtant combattu pendant les années révolutionnaires [avant la Libération].
Ceux qui critiquent le système de collectivisation des terres en Chine utilisent souvent l’échec tragique du Grand
Bond en Avant pour condamner l’idée de la collectivisation. Ils oublient le fait que le Grand Bond en Avant
représente seulement un moment particulier de l’époque cette collectivisation des terres et que beaucoup des
choses qui ont échoué pendant le Grand Bond en Avant ont ensuite réussi pendant l’époque de la Révolution
Culturelle. Comme je l’ai démontré sur une petite échelle, ici et ailleurs, les paysans s’étaient rendu maîtres de
leurs propres vies pendant l’époque de la Révolution Culturelle et firent des grandes avancées.
Ce qui est tragique dans la vie politique chinoise, c’est que Deng Xiaoping qui avait dirigé le parti pendant les
années du Grand Bond en Avant, était complètement discrédité au début de la Révolution Culturelle et il n’a pas
eu la chance de voir ce que les paysans au pouvoir faisaient des terres collectivisées en Chine. Il apprit aussi des
leçons du Grand Bond en Avant. Mais il n’était qu’un simple apprenti décidé à traverser la rivière sans s’arrêter.
A la différence de Mao qui avait vu les erreurs du Grand Bond en Avant et qui analysait mieux les choses, Deng
Xiaoping qui ne comprenaient rien à la dialectique, voulu battre en retraite unilatéralement après l’échec du
Grand Bond en Avant. Le coté tragique des choses au niveau de la politique chinoise, c’est que Mao
n’institutionnalisa pas les innovations démocratiques pendant la Révolution Culturelle, ce qui permit à Deng de
démanteler plus facilement ce qu’il avait fait. Si Mao avait créé certaines protections institutionnelles pour sa
démocratie, Deng ne serait pas arriver à démanteler si complètement les communes populaires en Chine et les
campagnes ne serait pas dans un tel état aujourd’hui.
Notes :
[1] Jimo Xianzhi Compiling Committee, Jimo Xianzhi, (Journal de Jimo) (Beijing: Xinhua Publishing House, 1991) 15 -29.
[2] Zichuan District Records Compiling Committee, Zichuan Qu Zhi (Journal du district de Zichuan District) ( Jinan: Qilu Publishing House,
1990) 145-147.
[3] Le 16 juillet 1960, le gouvernement soviétique rompit unilatéralement ses 600 contrats avec la Chine, et fit savoir au gouvernement
chinois que les 1390 experts soviétiques qui travaillaient pour la Chine étaient rappelés et que les 900 nouveaux experts promis ne
viendraient pas. Les experts russes quittèrent la Chine en emportant tous leurs dessins, plans et matériels. Le gouvernement soviétique stoppa
aussi l’envoi des équipements d’urgence à la Chine. En conséquence, la construction et l’opération de plus de 250 grands chantiers
industriels cessèrent ce qui aggrava les difficultés économiques de la Chine. Voir New China News Agency, Zhonghua remin gongheguo
dashi ji, (Chronologie des évènements importants de la République Populaire de Chine) (Beijing: Xinhua Publishing House, 1982) 522.
[4] Interview avec des paysans de la province du Shandong.
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[5] Li Zhisui, The Private Life of Chairman Mao, (New York: Random House, 1995). Version chinoise.
[6] Jacob Heibrunn 'Mao More Than Ever,' New Republic, 21 April 1997 P20 and Orville Schell, 'Once Again, Long Live Chairman Mao,"
Atlantic, December, 1992. P32. J’ai interviewé beaucoup d’ouvriers et de paysans dans le Shandong et le Henan et je n’ai jamais rencontré
un seul paysan et ouvrier qui disent du mal de Mao. J’ai aussi parlé à un universitaire dans le Anhui qui avait grandi en zone rurale et faisait
des recherches à la campagne depuis 20 ans. Il m‘a raconté que lors de ses enquêtes en Anhui, il n’a jamais rencontré un seul paysan qui dise
du mal de Mao et à l’inverse un seul qui dise du bien de Deng.
[7] On peut avoir une idée des efforts officiels pour ternir l’image de Mao en lisant la résolution sur les évènements historiques du Comité
Central du PCCh, adopté à la troisième session du 11eme Comité Central en 1978, ainsi que les nombreux souvenirs publiés par les
anciennes victimes de la Révolution Culturelle.
[8] Beaucoup de membres de l’élite chinoise appellent les paysans chinoises des chiens parce que les communistes leur donnèrent la terre
pendant la réforme agraire et pour cela les paysans les remercient encore aujourd’hui.
[9] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[10] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[11] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[12] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[13] journal régional de Jimo County, 43.
[14] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[15] Interview avec des paysans de Jimo et du Shandong.
[16] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[17] Jimo xianzhi compiling committee, Jimo Xianzhi (journal de Jimo)
[18] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[19] Interview avec des paysans du Henan.
[20] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[21] journal regional de Jimo County, manuscripts.
[22] Du Shuxun,'Lettre au président Mao,' manuscrit du journal régional de Jimo.
[23] Jimo Xianzhi Compiling Committee, Jimo Xianzhi (Journal de Jimo) 862.
[24] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[25] Interview avec des paysans, et journal régional de Jimo, (manuscrits)
[26] journal régional de Jimo County , 43.
[27] Ibid. 41
[28] Ibid, 42-43.
[29] Ibid, 132-141.
[30] Ibid, 148-149.
[31] Interview avec des paysans de Jimo.
[32] New China News Agency, Zhonghua remin gongheguo dashi ji, (Chronologie des évènements importants de la République Populaire de
Chine) (Beijing: Xinhua Publishing House, 1982)16.
[33] Interview avec des paysans de Jimo.
[34] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[35] journal régional de Jimo, 43.
[36] Ibid.
[37] Ibid.
[38] journal régional de Jimo, 43.
[39] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[40] Ibid, 44.
[41] journal régional de Jimo, 45.
[42] L’affiche murale de Mao fut d’abord apposé à l’entrée de son bureau et plus tard fut publié par tous les journaux officiels et nonofficiels. Il est considéré par beaucoup de gens comme le point de départ de la Révolution Culturelle. Voir New China News Agency,
Zhonghua remin gongheguo dashi ji, (Chronologie des évènements importants de la République Populaire de Chine) (Beijing: Xinhua
Publishing House, 1982)18.
[43] Interview avec des paysans du Jimo.
[44] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[45] Interview avec des paysans de Jimo.
[46] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[47] journal regional de Jimo, 240-49, voir aussi Dongping Han, 'The Hukou System and China's Rural Development,' The Journal of
Developing Areas, Vol. 33 No.3 , Spring 1999, 355-378.
[48] journal régional de Fushan, 109-110.
[49] journal régional de Haiyang, 167.
[50] journal régional de Pingdu, 217-218.
[51] journal régional de Laoshan, 163-164.
[52] journal régional de Qinxia County, 166.
[53] journal régional de Fushan,132.
[54] journal régional de Jimo
[55] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[56] journal régional de Huanghua, 353.
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[57] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[58] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[59] Dongping Han, The Unknown Cultural Revolution, (New York: Garland Publishing, 2000)
[60] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[61] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[62] Le Parti Communiste tenait plusieurs congrès nationaux des organisations du parti : des meetings à Beijing et ailleurs. Voir New China
News Agency, Zhonghua remin gongheguo dashi ji, (Chronologie des évènements importants de la République Populaire de Chine) (Beijing:
Xinhua Publishing House, 1982)12, 201, 206.
[63] Certains universitaires de la province du Anhui insinuent que cet incident était un coup monté.
[64] World Journal, 'Dang zhu tancheng nongmin fudan guozhong: zaocheng shouru huanman, chengxiang jinyibu lada'(Le gouvernement
admet que les paysans ont un revenu agricole qui stagne et le fossé entre revenu rural et urbain s’agrandit considérablement), 6 janvier 2001.
[65] Interview avec des paysans du Shandong, Henan, du Anhui et du Hebei.
[66] Interview avec des responsables ruraux du Shandong et du Henan.
[67] Interview avec des paysans du Shandong et du Henan.
[68] Yan Dongyuan, exposé d’un ouvrier sans emploi du nord-est.
Traduit de l’anglais.
Source : http://www.chinastudygroup.org/index.php?type=article&id=26
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