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Bâtiment actualité LE JOURNAL DES ARTISANS ET DES ENTREPRENEURS 15 SEPTEMBRE 2015 — N° 14 SUPPLÉMENT Chefs d’entreprise Comment motiver vos salariés ? Dossier réalisé avec le concours de Latifa Gallo Coach, consultante et dirigeante du cabinet Cap Ressources depuis 20 ans, elle accompagne des dirigeants dans le développement de leur équilibre personnel et de leur performance professionnelle. Elle a créé des programmes de formation novateurs en management, gestion du stress et des conflits. FÉDÉRATION FRANÇAISE DU BÂTIMENT Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 supplément 2 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? Les enjeux dictés par l’environnement économique que nous connaissons nécessitent des équipes de plus en plus impliquées pour fournir le plus de valeur possible au client. Il devient alors stratégique de savoir retenir ses meilleurs éléments et de pouvoir compter sur l’adaptabilité de l’ensemble de ses collaborateurs. Deux axes cruciaux émergent : d’une part, savoir conserver ses talents au-delà même des considérations salariales en proposant un climat et des conditions de travail propices à l’investissement et à l’épanouissement personnels, et, d’autre part, impliquer ses collaborateurs dans leurs missions et leurs tâches pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, quelles que soient les circonstances. Un pari gagnant-gagnant : une productivité accrue pour l’entreprise, plus de plaisir et de bien-être au travail pour les salariés. La perte de motivation conduira un salarié à une forme de sclérose, à un manque de confiance, à une perte de repères, qui eux-mêmes engendreront un manque d’initiative et de créativité, de l’indécision et de l’immobilisme. En temps normal, ces phénomènes n’atteindront qu’un seul individu. Mais en temps de crise, le danger est que l’ensemble de l’équipe soit atteint par ces symptômes nocifs pour la survie de l’entreprise. La richesse et la réussite d’une entreprise reposent sur les ressources La motivation dans l’entreprise humaines et sur la capacité du responsable à bien diriger les hommes. Le est une stratégie de management rôle du manager a évolué ces dernières décennies. Il ne donne plus seulequ’un dirigeant doit appliquer au ment des ordres que ses employés se contentent d’appliquer. Il se doit de quotidien, car il ne peut y avoir de les convaincre du bien-fondé de ses décisions et de les rallier à ses objectifs, performances durables sans elle. en gagnant la confiance et l’adhésion de la majorité. Par son aptitude à communiquer et à manager, le chef d’entreprise va permettre de développer la motivation, l’initiative, l’engagement et la cohésion d’équipe nécessaires au succès de l’entreprise. Vos salariés sont-ils motivés ? Suffisamment ? Si ce n’est pas le cas, comment repenser votre méthode de management afin de générer davantage de bien-être et de performance dans l’entreprise ? Petit tour d’horizon. Les facteurs de satisfaction et d’insatisfaction Les travaux de Frederick Herzberg (1923-2000), psychologue et professeur de management à l’université de l’Utah, ont porté essentiellement sur la motivation de l’homme au travail. Selon lui, chaque être humain recherche simultanément deux aspirations très différentes dans son travail : –– échapper aux désagréments de son environnement de travail ; –– trouver dans le contenu de son travail la possibilité de réaliser au mieux toutes ses potentialités. relations avec le supérieur hiérarchique ou le chef d’entreprise ; –– rémunération ; –– relations entre les personnes ; –– conditions de travail. –– Les facteurs porteurs de satisfaction Ils concernent essentiellement le contenu du travail ou les satisfactions qu’il procure, indépendamment des gratifications matérielles : –– la reconnaissance accordée par le supérieur ou par l’entreprise ; –– l’intérêt du travail proprement dit ; Les facteurs porteurs –– la possibilité d’avoir des resde mécontentement ponsabilités ; et d’insatisfaction –– la possibilité d’obtenir de Ils concernent essentiellement l’avancement dans sa carrière l’environnement au travail : au travers du travail accompli. –– politique et administration de l’entreprise (organisation du La satisfaction au travail et l’insatravail, modes de communi- tisfaction au travail agissent de manière indépendante. cation, de contrôle...) ; Ainsi, le contraire de la satisfaction n’est pas l’insatisfaction, mais l’absence de satisfaction. La formule de la motivation selon Herzberg Absence d’insatisfaction + satisfaction = motivation. La satisfaction et l’insatisfaction au travail font partie d’un cercle vicieux. Si le salarié n’est pas satisfait et/ou est insatisfait, il fera mal son travail, ce qui augmentera d’autant plus sa non-satisfaction et son insatisfaction, etc. La motivation est donc un élément clé pour la satisfaction au travail. Toutes les études le démontrent, un chef d’entreprise qui fixe des objectifs, qui délègue, qui favorise l’autocontrôle, qui encourage, qui donne confiance et des signes forts de reconnaissance à ses salariés obtiendra des résultats largement supérieurs. Il existe en chaque individu un ou plusieurs facteurs de motivation, sous l’empire desquels il sera prêt à se dépasser. Au-delà de la motivation financière, le salarié est animé par des motivations beaucoup plus puissantes : utilité, importance, reconnaissance, appartenance, valorisation, autonomie, responsabilité, évolution… Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? 3 supplément Qu’est-ce que la motivation ? Les mécanismes de la motivation Les travaux de nombreux chercheurs ont montré que le processus motivationnel est complexe et que ses déterminants sont nombreux : Frederick Taylor établissait que seule une organisation verticale du travail, très hiérarchisée et autoritaire, pouvait engendrer des gains de productivité ; Abraham Maslow démontre, à l’inverse, au travers de sa fameuse pyramide, que l’accomplissement de soi est au cœur de la motivation. Bien d’autres théories ont vu le jour, comme celle d’Elton Mayo, qui considère que la motivation est fondée sur des facteurs psychologiques. Il a ainsi montré que les conditions de travail et la dynamique de groupe contribuent à motiver ou démotiver les salariés. En résumé, nous pouvons retenir que : –– l’activité professionnelle permet de satisfaire des besoins très variés et que la possibilité de satisfaire ces besoins est une source de motivation au travail. Ces satisfactions dépendent du rôle de la personne et du contenu de son travail. Elles dépendent également de la valeur qu’accorde le salarié à ces satisfactions ; –– la motivation d’un salarié va dépendre de ses caractéristiques individuelles (personnalité, expérience, objectifs) ; –– elle va aussi dépendre de l’environnement dans lequel il évolue et de ses relations sociales ; –– la motivation pousse à l’action dans le but de combler des besoins. Elle nécessite, pour se maintenir, que le travail ait un sens. Pour que le travail ait un sens, il doit procurer de la satisfaction à la personne qui l’effectue, correspondre à ses intérêts, faire appel à ses compétences, stimuler le développement de son potentiel et lui permettre d’atteindre ses objectifs. L’implication pour l’entreprise Il apparaît dès lors indispensable de faire correspondre la culture organisationnelle, les conditions de travail et la politique du personnel ; ces paramètres rassemblés permettent de tenir compte, à la fois, de ce que La motivation d’un individu ne dépend pas seulement de lui, mais dépend aussi de son environnement. recherchent et valorisent les membres du personnel, et des moyens choisis pour stimuler la motivation. La motivation est le résultat d’une combinaison d’intérêts individuels et organisationnels. La connaissance des priorités de ses salariés devient plus que nécessaire. Elle permet d’adapter sa politique de motivation. Si l’entreprise ne sait pas mobiliser l’énergie positive qu’est la motivation, le salarié l’investira dans des activités extérieures. Qu’est-ce qui motive ? Quels sont les facteurs de la motivation ? Abraham Maslow, anthropologue et psychologue américain, s’est posé, dans les années 1960, la question de savoir ce qui rend l’homme névrosé ou souffrant. C’est la privation de certains besoins, nécessaires à son plein épanouissement. Aussi a-t-il classé les besoins de l’être humain, en mettant à la base les plus élémentaires, à satisfaire en priorité. La notion de besoin est capitale, car c’est la raison de vivre de l’être humain. C’est le moteur qui le motive et le pousse à agir. Abraham Maslow a ainsi distingué cinq types de besoins que l’on retrouve dans la fameuse « pyramide de Maslow ». UN BESOIN SATISFAIT EST SYNONYME DE BIEN-ÊTRE. UN BESOIN NON SATISFAIT ENGENDRE DES FRUSTRATIONS, SOURCE DE SOUFFRANCE. BESOINS D’ACCOMPLISSEMENT Pouvoir exercer sa liberté ; exprimer les valeurs auxquelles on croit : religieuses, esthétiques, intellectuelles, musicales ; avoir un projet, un espoir 5 BESOINS DE RECONNAISSANCE Aimer et être aimé ; être estimé, être apprécié ; être utile à quelqu’un ; avoir un rôle 4 BESOINS DE COMMUNIQUER Être membre d’un groupe, ne pas être un étranger ; avoir des relations humaines ; avoir une famille, des amis, des relations ; pouvoir exprimer ses émotions, ses sentiments 3 BESOINS DE SÉCURITÉ Matérielle (avoir un toit, se déplacer sans risque. . .) ; psychologique (avoir un cadre connu et organisé, connaître les personnes et les fonctionnements) ; économique (ressources stables, maîtrisables) ; ne pas être abandonné à la violence d’autrui 2 1 BESOINS PHYSIOLOGIQUES Manger, boire, dormir ; voir, entendre, respirer Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 supplément 4 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? Les principaux besoins par rapport au travail BESOINS D’ACCOMPLISSEMENT Progresser ; se former ; avoir de l’autonomie ; être consulté et écouté 5 BESOINS DE RECONNAISSANCE Faire un travail utile ; pouvoir exprimer ses compétences ; être apprécié et se l’entendre dire 4 3 BESOINS DE COMMUNIQUER Possibilités de contact ; esprit d’équipe ; dialogue 2 BESOINS DE SÉCURITÉ Stabilité de l’emploi ; lignes directrices, cadrages ; méthodes ; habitudes de travail BESOINS PHYSIOLOGIQUES Salaire ; avantages sociaux ; conditions matérielles de travail 1 La posture du chef d’entreprise La bonne distance en management Entre le paternalisme ou le copinage teinté d’affectivité et la froideur de l’autoritarisme, où se trouve la bonne distance pour manager une équipe ? Il ne s’agit pas d’être au-dessus, d’être proche ou distant, d’être devant ou derrière, il s’agit d’être « avec ». Être présent et à l’écoute ne signifie pas être dans l’affectif, mais c’est faire preuve d’humanité dans la relation professionnelle. Cela n’empêche pas l’exigence si elle est juste et équitable, ni la prise de recul nécessaire pour analyser les faits ou recadrer. Être figure d’autorité et non pas autoritaire Être figure d’autorité ne se décrète pas, cela se mérite et n’est pas à confondre avec autoritarisme. L’autorité s’acquiert en assumant sa fonction, en prenant des décisions justes et expliquées, en apportant à son équipe les moyens de son autonomie. L’autorité se respecte naturellement et l’équipe se sent respectée avec elle. Elle inspire confiance, car elle dépend de la personne, au contraire du pouvoir, qui dépend de la fonction et inspire plus de défiance. La légitimité d’un manager relève ainsi davantage d’un état d’esprit et d’un comportement que de son pouvoir. Le rôle du manager Pour qu’une équipe soit performante, elle doit successivement franchir trois étapes. Le rôle du chef d’entreprise est de permettre l’évolution de l’équipe au travers de ces trois étapes. La motivation des salariés va être déterminante pour cette évolution. Une fois que les conditions matérielles sont satisfaisantes (conditions de travail et de sécurité, moyens adaptés aux objectifs, rémunérations justes), le seul moteur de la motivation est la reconnaissance. Reconnaître l’autre, c’est le considérer au-delà de sa fonc- tion et lui montrer qu’il compte dans la réussite de l’équipe et de l’entreprise. C’est lui permettre de faire quelque chose qui a du sens, qui est utile pour lui-même et indispensable pour tous. En fait, c’est une déclinaison de la pyramide de Maslow. Dans l’équipe performante, les personnes ont suffisamment conscience de leur identité (et de leur complémentarité) pour pouvoir la dépasser et se centrer sur le sens et la vision commune. Chacun se sent porteur du tout. Le groupe est solidaire, il s’y installe une écoute réciproque et le désir de dépasser des points de vue souvent opposés ou contradictoires. Les individus sont centrés sur une technique, une fonction relativement individualisée et une performance personnelle. N’oubliez pas que vos salariés sont vos meilleurs ambassadeurs ! Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? 5 supplément LE TRAVAIL DOIT AVOIR UN SENS André Comte-Sponville, philosophe Le rapport de l’homme au travail a changé, indique André Comte-Sponville : le travail est nécessaire, mais n’est pas une fin en soi. Le travail n’est pas une valeur morale, c’est pourquoi il doit avoir un sens. Le sens du travail a lui-même plusieurs sens : la sensation (goût), la signification ou encore la direction. Il faut alors se demander quelle est la sensation que l’on a à travailler. On se pose rarement cette question, mais c’est une erreur. En effet, en tant que manager, il faut se demander quelle sensation ressent le salarié à travailler chez nous : est-ce qu’il y prend du plaisir ? Il faut se demander aussi : est-ce que mon travail a une signification, et si oui, laquelle ? Ou encore quelle est la direction de mon travail, vers où s’oriente-t-il et quel est son but ? Si le travail n’est pas une valeur morale, l’amour du travail bien fait en est une. André Comte-Sponville avance plusieurs exemples permettant aux salariés de prendre plaisir à travailler, d’aimer leur travail : • améliorer les conditions de travail ; • créer une meilleure ambiance avec plus de convivialité en évitant les querelles pour que les salariés soient heureux de venir travailler, qu’ils aient le sentiment de retrouver une « bande d’amis » plutôt que d’y aller le cœur lourd en pensant aux discordes ; • le salarié doit avoir un sentiment grandissant de son utilité sociale ; • il doit obtenir davantage de respect et de reconnaissance de la part de son manager ; • avoir le sentiment de participer à une aventure collective exaltante, de progresser lui-même, en apprendre plus : de s’épanouir grâce au progrès accompli. En conclusion : « Le management n’est réussi que lorsque des salariés qui ne travaillent pas pour le plaisir prennent plaisir au travail qu’ils font ! » Pour éviter le manque de motivation... Le manque de motivation est très souvent un problème de management... Voici quelques leviers à actionner pour y remédier. pas, un exercice pas toujours facile pour ne pas démotiver, mais important. Valorisez le savoir et le savoir-faire Faites ce que je dis et ce que je fais Vous devez être un exemple aux yeux de vos salariés. L’équipe pourra ainsi prendre modèle sur son manager. Et prenez garde à rester cohérent. Les décisions arbitraires sont très déstabilisantes. En effet, un chef « girouette » crée du stress chez ses salariés, car ces derniers ne savent jamais sur quel pied danser avec lui. Le manager se doit également d’être exemplaire dans son comportement et de faire preuve d’équité et de transparence dans son action. novatrices... Il doit tout autant savoir leur faire part de ses décisions, mais aussi des éventuels problèmes ou difficultés. Il est important de dire aux collaborateurs pourquoi ils sont là et ce qu’on attend d’eux très précisément. Remettre Écoutez activement et leur action dans le contexte de communiquez clairement l’entreprise pour leur donner Il s’agit d’écoute active et de du sens. transparence. Écouter ne veut pas dire « céder ». C’est simplement accorder à son interlocuteur un Ayez confiance en moment privilégié de dialogue. vos troupes, déléguez Un manager doit savoir entendre Sans confiance, aucune équipe, ce que ses collaborateurs ont si performante soit-elle, ne à dire – ressentiments, idées peut réussir. Cette étape a pour Cela permet à chacun de prendre conscience de son rôle, de la place qu’il occupe dans le fonctionnement de l’équipe. Inciter à la formation, donner des perspectives d’évolution professionnelle feront du manager une personne impliquée et au cœur des préoccupations de ses salariés. objectif de faciliter l’autonomie et la responsabilité des salariés. Un individu qui se voit chargé de missions non seulement intéressantes, mais aussi importantes et gratifiantes aura envie de donner le meilleur de lui-même. Donnez un feed-back sur le travail accompli Valoriser, féliciter ses collaborateurs, savoir reconnaître leurs talents, les efforts fournis... ces signes d’encouragement montrent l’intérêt porté au travail de chacun. Mais il faut aussi savoir recadrer quand ça ne va Créez un sentiment d’appartenance L’entreprise a toujours une histoire ; elle véhicule ses propres valeurs et ses propres rituels. Une équipe se reconnaîtra à son esprit… d’équipe. Plus vous parviendrez à faire prendre conscience à vos salariés des enjeux, des raisons de bien faire ce qu’ils ont à faire, de l’impact de leurs réalisations, pour l’entreprise et à l’extérieur de celle-ci, plus vous parviendrez à asseoir leur motivation de façon durable. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 supplément 6 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? Le manager doit être capable de négocier, d’écouter, de dialoguer, de gérer les relations de travail, d’utiliser au mieux les talents au sein de l’équipe et de marquer de la reconnaissance. Et vous, quelles sont vos compétences managériales ? Point fort Point à améliorer Communiquer avec son équipe Faire passer des messages clairs et constructifs Gérer les échanges en face-à-face Écouter Motiver son équipe Créer et entretenir un bon climat dans l’entreprise Développer la motivation des personnes et des équipes Conduire un entretien de motivation Féliciter Faire circuler l’information Organiser et animer des réunions d’équipe Organiser pour manager Transmettre des directives Gérer ses priorités Adapter sa communication au temps disponible Définir des objectifs pour l’entreprise, les équipes et les faire partager Fixer les règles du jeu Accompagner les ressources Accueillir et intégrer un nouveau collaborateur Assurer le suivi d’un travail Apporter son soutien Donner un feed-back sur un comportement Conduire l’entretien annuel d’évaluation Gérer les situations critiques Traiter diplomatiquement les contradictions Résoudre les situations critiques Faire une réprimande S’affirmer Analyser une mésentente Sortir des situations bloquées Les principales raisons évoquées concernant la démotivation professionnelle : • pas de respect : 30 % ; • pas de valorisation, de reconnaissance : 27,8 % ; • mauvaise ambiance de travail : 20,5 %. Démotivation et attitudes Il y a ceux qui ne savent pas faire et n’ont pas envie, ceux qui ne savent pas faire, mais ont très envie, ceux qui savent faire, mais n’ont pas envie et, enfin, ceux qui savent faire et ont envie. Au manager de s’adapter à ces cas de figure. Face à un collaborateur qui ne sait pas faire, mieux vaut se montrer directif. Si le salarié manque de talent, mais pas de motivation, le manager doit adopter le ton de la concertation, ne pas hésiter à solliciter son avis. Face à une personne compétente qui sait bien faire, mais n’en a pas envie, il doit faire preuve de persuasion. Enfin, dans le dernier cas, lorsque le salarié est à la fois performant et motivé, le dirigeant devra miser sur la délégation. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? 7 supplément Dans la pratique... Besoin de reconnaissance, il n’y a pas que le salaire ! La reconnaissance est un besoin fondamental pour l’équilibre de l’être humain, c’est elle qui nous confirme notre valeur, notre appartenance et notre intégration à un groupe. Dès la naissance, ce besoin va jouer un rôle primordial dans notre construction psychique. Ainsi, l’enfant a besoin de signes de reconnaissance positifs de la part de ses parents afin d’acquérir la confiance en soi et l’estime de soi indispensables pour grandir de manière harmonieuse. Ce besoin continue d’exister tout au long de notre vie personnelle et professionnelle. Le manque de reconnaissance est une des principales causes de stress exprimées par les salariés. Le besoin non satisfait de reconnaissance est à l’origine de beaucoup d’émotions négatives (colère, frustration, inquiétude, impatience, agressivité, irritabilité), dont le trop-plein mène directement à la démotivation et au désinvestissement. Le besoin de reconnaissance est devenu une composante essentielle de la vie au travail. Il prend certes la forme de revendication de salaire, de statut, mais surtout d’une attente plus générale qui porte sur la personne elle-même. La reconnaissance des collaborateurs concourt à donner du sens à leur travail, ce qui va contribuer à leur bien-être. Elle touche ainsi fortement le climat de l’entreprise, donc l’engagement des personnes. Reconnaître la personne Dans cet aspect, la reconnaissance porte sur l’individu et non sur le salarié. Cette reconnaissance s’adresse à Alain, Isabelle ou Mme X. et non au « responsable commercial » ou à « la comptable ». Elle s’exprimera en termes de relations : dire bonjour lors de l’arrivée le matin, prendre en compte, lorsque c’est possible, les idées et propositions des collaborateurs, les tenir au courant des décisions prises, les impliquer dans l’évolution de l’entreprise. Il s’agit de valoriser le salarié en tant que personne importante dans l’entreprise. Reconnaître les résultats C’est constater les résultats produits lorsqu’ils correspondent aux objectifs fixés. La félicitation et l’encouragement sont l’expression de cette reconnaissance. L’intéressement aux bénéfices ou la prime peuvent en être des applications directes. Reconnaître l’effort Dans un marché difficile, les salariés peuvent redoubler d’efforts sans que les résultats soient là. La reconnaissance de l’investissement doit se traduire par des remerciements pour l’implication et les efforts accomplis. Reconnaître les compétences C’est reconnaître les capacités professionnelles et les connaissances du collaborateur. C’est noter les efforts fournis, les acquisitions de nouvelles connaissances et compétences. Reconnaître les comportements C’est remarquer et féliciter les comportements professionnels constructifs et positifs pour l’équipe et l’entreprise : participation, solidarité, soutien, respect, motivation, etc. La reconnaissance amène l’entraide, la coopération, la confiance. Elle engendre un meilleur climat de travail, une meilleure mobilisation, de plus grandes productivité et performance ainsi qu’une meilleure qualité de service au client. Des effets positifs pour l’entreprise et ses clients Le bonheur au travail, c’est… la reconnaissance, pour une majorité de salariés français. C’est ce qu’ont répondu 76 % des personnes ayant participé à l’enquête menée par le cabinet d’audit et de conseil Deloitte et Cadremploi publiée le 2 avril 2015. Pour 47 %, c’est aussi le contenu du travail (la variété des tâches, l’autonomie, les responsabilités, etc.). 46 % considèrent que le mode de management joue aussi pour beaucoup ainsi que l’équilibre que leur permet leur travail avec leur vie personnelle. Effets sur l’entreprise Une amélioration de la qualité de vie au travail L’ambiance de travail est plus cordiale et un climat de collaboration émerge. Une implication décuplée La reconnaissance procure au salarié un accroissement de son sentiment d’efficacité et de son désir de s’impliquer au sein de l’organisation, puisque sa contribution et ses efforts sont valorisés et reconnus. Le salarié perçoit qu’il possède une place au sein de l’organisation et il considère que sa contribution est unique et précieuse pour l’entreprise. Productivité et performance accrues Les salariés s’investissent davantage et se sentent engagés dans le processus de travail. Il y a dès lors une augmentation de la production et, par le fait même, la performance de l’entreprise est accrue. Effets sur la clientèle Une image positive La reconnaissance au travail donne une image positive de l’organisation et amène la clientèle à accorder sa confiance à celle-ci. En effet, la satisfaction au travail et le bien-être des salariés transparaissent et donnent l’impression à la clientèle que l’organisation est dynamique et soucieuse de ses employés. Un service courtois Les salariés reconnus au sein de leur milieu de travail vont offrir un service à la clientèle à l’image des valeurs et de la philosophie que l’organisation véhicule. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 supplément 8 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? Encourager Chaque personne a besoin d’être reconnue dans ses efforts et succès. L’encouragement est un fort signe de reconnaissance. Les félicitations sont une stimulation ; elles donnent envie de progresser. L’encouragement est ce qui désaltère le sportif entre deux épreuves. C’est un acte gratuit et indispensable qui permet à la personne de reprendre contact avec la réalité, de capitaliser l’expérience pour franchir la prochaine marche. Sans encouragement, la personne à l’épreuve se dessèche jusqu’à l’épuisement. Elle va jusqu’au bout de ses forces, mais avec plus d’effort et moins d’effet. Sa performance est le fruit d’un travail laborieux et difficile dont elle profite peu. L’encouragement facilite et permet la performance en la mettant plus en adéquation avec les capacités réelles de la personne. Il augmente la performance, alors que son absence décourage. Conditions absolues : • être sincère (le manque de sincérité est immédiatement perceptible) ; • éviter à tout prix la flatterie. Recadrer Travail insuffisant, comportement inadéquat, non-respect des consignes... un jour ou l’autre, tout manager se retrouve confronté à la nécessité de recadrer un collaborateur. Un exercice délicat qui va souvent à l’encontre du réflexe naturel d’éviter le conflit. Par ailleurs, cadrer n’est pas « casser ». Il s’agit de corriger tout en maintenant la motivation du collaborateur. Conditions prérequises : • rencontrer rapidement le collaborateur ; • s’exprimer en privé, sans témoin ; • exposer une seule critique à la fois ; • exposer objectivement sa critique : par des faits et non par des opinions, des interprétations ou des jugements ; • suggérer des objectifs réalistes ; • accepter soi-même la discussion, voire la critique ; • ne jamais remettre en question la personne elle-même, mais son comportement. Enchaîner immédiatement sur la félicitation « Je tiens à vous féliciter parce que… » Exprimer sa satisfaction « J’en suis heureux » Suggérer les bénéfices pour le collaborateur et pour l’entreprise Conclure en encourageant la personne à continuer dans cette voie Opinion : c’est un avis, un jugement sans objectivité, une appréciation que l’on porte sur des personnes ou des situations. Cela permet de savoir ce que pense l’interlocuteur. Fait : c’est une action, un acte, un événement vérifiable, mesurable. Il s’agit d’un discours objectif qui permet d’approcher « la réalité ». Sentiment : c’est un état affectif, une sensation, une impression qui permet de connaître le ressenti de l’interlocuteur. COMMENT VOUS Y PRENDRE ? Annoncer l’objectif de l’entretien, sans atermoiements ni agressivité TESTEZ-VOUS Le chef d’entreprise doit prendre garde à ne pas aller contre sa propre nature. En effet, si les félicitations et les encouragements ne paraissent pas réels et sincères, leur effet ira, très certainement, à l’inverse de Exprimer son ressenti de manager : l’effet recherché. « Je suis inquiet », « Je suis Annoncer de manière neutre l’objet de l’entretien « Je voudrais vous parler de votre travail, de vos résultats... » Lorsqu’on émet une remarque, il est essentiel de parler des faits et de ne pas être dans le jugement ou l’interprétation, ce qui aurait pour effet de démotiver le collaborateur. Sachez ainsi faire la différence entre les faits, opinions et sentiments, afin que la critique soit efficace. Cela vous sera également très utile en cas de conflit. En vous entraînant aussi souvent que possible, par exemple lors de réunions, au cours de dîners avec des amis, lors d’entretiens avec des collaborateurs, vous allez découvrir quantité de choses sur les autres et vous serez rodé pour tous vos entretiens. Ne jamais oublier que les faits sont des données palpables, objectives, sur lesquelles on peut toujours trouver un accord. En revanche, les opinions et les sentiments sont parfaitement individuels. Chacun a le droit d’avoir des opinions qui ne sont pas forcément les vôtres ou de ressentir une émotion d’une autre nature. Décrire les faits reprochés : • description objective, chiffrée et datée si possible ; • ne reporter que des faits que vous avez constatés vous-même ou soigneusement vérifiés COMMENT VOUS Y PRENDRE ? Distinguer opinions, faits et sentiments Opinion 1 Je suis énervé par ce que tu me dis 2 Pierre est toujours en retard 3 Le café est prêt 4 La plupart des clients sont sympa 5 Léa est arrivée trois fois en retard cette semaine mécontent », etc. 6 Je suis contente de travailler avec vous Laisser l’interlocuteur répondre, en écoutant attentivement son point de vue. 7 Je serai trois jours en stage la semaine prochaine 8 Ma mission consiste à piloter le projet X 9 Je suis très déçu de ne pas voir ce projet aboutir 10 J’ai envoyé quinze invitations Expliquer votre point de vue et les conséquences négatives des faits reprochés : pour les clients, l’image de marque, au regard de la politique et des règles du jeu de l’entreprise Trouver une solution • si possible, élaborée en commun ; • à défaut, proposée et discutée avec l’interlocuteur, en insistant sur les conséquences positives pour lui. Fixer un plan d’action, assorti d’un calendrier 11 Je suis très bon en négociation 12 Je travaille beaucoup 13 Je suis énervé ce matin 14 15 16 Fait Sentiment J’ai fait un bon chiffre le mois dernier J’ai signé trois contrats et réalisé 1 500 € de chiffre d’affaires la semaine dernière Je suis vraiment heureux de mes performances de la semaine dernière Réponses : Opinion : 2, 4, 11, 12, 14 - Fait : 3, 5, 7, 8, 10, 15 - Sentiment : 1, 6, 9, 13, 16. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? 9 supplément L’écoute du manager, un puissant outil de communication et de motivation Que vous dirigiez une seule personne, une petite société, une PME... votre positionnement implique que vous soyez à l’écoute. Écouter impose d’entendre les attentes, les craintes et les désirs des personnes avec qui l’on travaille. Soyez à l’écoute de ce qui se vit au cœur de l’équipe, soyez à l’écoute de ce que chacun a comme aspiration professionnelle, soyez à l’écoute des failles et craintes que chacun exprime parfois sans le savoir. Car être à l’écoute, c’est aussi entendre les non-dits. Savoir écouter n’est pas Que gagne-t-on à écouter ? une chose facile. Anticiper : le manager qui sait Pour cela, il faut écouter peut facilement anticiper admettre le silence, les problèmes qui risquent de laisser l’autre s’exprimer, freiner la réussite d’un projet. En écoutant ses collaborateurs lui donner du temps, et en tenant compte de leurs ne pas l’interrompre, observations, il pourra éviter les lui permettre d’aller difficultés et ajuster le projet si jusqu’au bout de son nécessaire. raisonnement, même Gérer les conflits : les conflits s’il nous semble que sont inhérents à la vie d’un groupe nous savons d’avance et peuvent apparaître dès lors ce qu’il va nous dire. que deux personnes ne sont Délais trop courts, mal adaptés, documents à rendre toujours plus rapidement, projets en nombre croissant et pas assez de personnel pour les réaliser... mais aussi une tendance à croire (à tort) qu’écouter signifie adhérer aux idées du collaborateur amènent le dirigeant à éviter l’écoute, imaginant que de nouveaux problèmes vont s’ajouter aux autres. Pourtant, l’enjeu principal de l’écoute est plus important qu’il n’y paraît. Écouter permet bien souvent de comprendre ce qui se passe au sein de l’équipe, d’obtenir des informations nécessaires à la résolution des conflits et bien souvent de régler des problèmes qui peuvent dégénérer, faute d’intervention humaine. Enfin, il n’est pas rare de déceler des tensions professionnelles au détour d’une conversation anodine. À l’inverse d’une perte de temps, une écoute active peut même constituer un gain notable et, de plus, induire une bonne ambiance dans l’équipe, où chacun se sent estimé et respecté. 36 % des salariés citent « le sens de l’écoute et la communication » comme une qualité faisant défaut à leur supérieur hiérarchique, selon un récent sondage 1. L’écoute est le plus puissant signe de reconnaissance. La capacité à motiver ses équipes (22 %) et l’aisance à prendre des décisions (19 %) complètent le podium, juste devant le sens de la délégation (12 %). L’étude note que c’est avant tout dans les plus petites entreprises (moins de 10 salariés) que les salariés décrient le manque d’écoute dont fait preuve leur chef (43 %, contre 30 % pour les grands groupes). Elle indique aussi que les 18-29 ans se montrent les plus critiques vis-à-vis du sens de l’écoute de leur manager (51 %, contre 30 % pour les 30-39 ans). Un quart des trentenaires souhaitent que leur supérieur développe de l’aisance dans ses prises de décision, alors que seulement 17 % des plus de 50 ans attendent que cette qualité soit plus affirmée. 1. Sondage réalisé par OpinionWay pour Monster en mai 2015. pas d’accord. C’est par l’écoute active de son interlocuteur que l’on peut anticiper, désamorcer et gérer un conflit. Mais le gain essentiel se trouve, sans aucun doute, dans la satisfaction transmise par la personne que vous avez pris le temps d’écouter, qui a pu s’exprimer à son rythme, avec ses mots, sa personnalité, sa manière de penser. Même si elle ne l’exprime pas oralement, elle vous est naturellement reconnaissante de l’attention que vous lui avez portée, ne serait-ce que par un sourire... Un manager peut être assimilé à un chef d’orchestre. Son rôle est d’organiser le travail, de coordonner les ressources d’un point de vue matériel et humain. Le chef d’orchestre, comme le manager par rapport à son équipe, est à l’écoute de ses musiciens pour détecter la moindre fausse note et essayer d’y remédier au plus vite, tout en veillant à l’harmonie de l’ensemble. Si le chef d’orchestre ne joue pas correctement son rôle, c’est l’ensemble de l’équipe qui est déstabilisé. Les malentendus apparaissent parce que l’on n’écoute pas de manière efficace... Il existe quatre façons d’écouter : L’écoute passive Elle est couramment employée. La personne qui écoute est présente, mais fait un retour verbal minimaliste. Ce type d’écoute mène à la conversation unilatérale. L’écoute sélective Elle est presque aussi courante que l’écoute passive. Il s’agit d’entendre ce que l’on veut. Les gens adoptent une écoute sélective, non seulement en fonction du contenu du message, mais également selon l’identité de leur interlocuteur ou la façon dont est transmis le message. L’écoute attentive Elle est plus centrée sur le contenu attendu que sur le message. Les émotions ont tendance à ressortir plus distinctement à travers le comportement non verbal et à travers les mots prononcés : « Je vois » , « Entendu », « Oui ». L’écoute active Le point fort de l’écoute active, qui la rend plus efficace que l’écoute attentive, est qu’elle ne laisse pas la part au doute dans vos conversations. Dans le cas de l’écoute active, les parties n’en sont pas seulement à penser qu’il y a eu compréhension, mais le savent et le vérifient. Le retour verbal d’information qui confirme la compréhension du message émis, livré sans jugement, classe l’écoute active au premier rang des méthodes d’écoute. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 supplément 10 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? Utilisez l’écoute active Laisser parler autrui ne suffit pas toujours à lui permettre de s’exprimer en toute liberté, transparence et spontanéité. L’écoute active dépasse le fait d’entendre ce que dit l’autre. Pratiquer l’écoute active, c’est écouter vraiment, sans distraction, sans penser à autre chose, en restant concentré sur ce que nous dit notre interlocuteur. Cela demande de faire un effort sur soi et de mettre ses pensées en suspens, afin d’être complètement disponible à l’autre. C’est ainsi que l’écoute active permet à son interlocuteur de s’exprimer, de se sentir entendu, pris en considération et reconnu, ce qui favorisera la communication et la motivation. Pratiquer l’écoute active, c’est mettre en œuvre des outils qui permettent d’entendre au plus près ce que l’autre a à vous dire de ce qu’il vit. Et en même temps, elle implique une attitude qui traduise chaleur, bienveillance, confiance, tout en garantissant une juste distance à l’autre, que Carl Rogers a appelée l’empathie. Subtil équilibre, l’écoute active ne se réduit donc pas à une technique, mais est un savoir-être. Un point capital, la reformulation « Quand j’ai été écouté et entendu, je deviens capable de percevoir d’un œil nouveau mon monde intérieur et d’aller de l’avant. Il est étonnant de constater que des sentiments qui étaient parfaitement effrayants deviennent supportables dès que quelqu’un nous écoute. Il est stupéfiant de voir que des problèmes qui paraissent impossibles à résoudre deviennent solubles lorsque quelqu’un nous entend. » Lorsque vous écoutez activement, vous saisissez l’intégralité du message, à savoir les faits et les sentiments. Carl Rogers, psychologue humaniste, créateur de l’écoute active COMMENT PRATIQUER L’ÉCOUTE ACTIVE ? Rendez-vous disponible • Mettez de côté vos préoccupations du moment ; • organisez-vous pour ne pas être dérangé ; • soyez prêt à modifier votre jugement. Développez une attitude d’ouverture • Adoptez une posture physique d’ouverture, décroisez les bras, maintenez le contact visuel ; • décidez d’accueillir ce que l’autre va vous dire. N’interprétez pas, ne jugez pas Cela aurait pour effet de bloquer la communication. Ne coupez pas votre interlocuteur Retenez-vous de donner votre avis tant que vous sentez que la personne n’a pas exprimé tout ce qu’elle avait à dire. Recentrez-vous sur la personne (et non sur votre montre ou votre smartphone…) • Regardez la personne ; • reformulez pour accuser réception, en reprenant ses mots, sans les interpréter. Oubliez votre vision Vous pouvez écouter avec bienveillance et ne pas être en accord. Cependant, dans un premier temps, il ne sert à rien de l’exprimer. Dans le cas d’une demande, c’est indispensable pour déceler le vrai besoin. Questionner Aidez votre interlocuteur à approfondir sa réflexion par des questions de clarification ou d’approfondissement. « Qu’entendez-vous par… ? » En réunion, faites confiance au groupe Suscitez la parole en réunion, allez chercher les bonnes idées dans vos équipes, dont le silence ne doit jamais valoir assentiment. personne ressent ou essaie de nous exprimer avec vos propres mots, en paraphrase. La reformulation assurera l’émetAmorces types : « En d’autres teur d’avoir été écouté et il aura termes... », « Si j’ai bien comle sentiment d’avoir été compris. pris… », « Tu veux dire que… », Pour l’émetteur, la reformulation etc. ; est la seule preuve de l’écoute. –– la reformulation résumé (ou synthèse) porte sur le Il existe quatre techniques princontenu : elle résume l’essencipales de reformulation : tiel de ce qui vient d’être dit. –– la reformulation écho porte Amorces : « En résumé, tu me sur le contenu (les mots). dis que… », « Au final… », « En Exemple : « En ce moment, deux mots… », etc. ; c’est difficile, je me sens fatigué. » Reformulation écho : –– la reformulation clarification (ou élucidation) : cette option « Je comprends, tu te sens va plus loin, au-delà de ce qui fatigué » ; a été dit. Il s’agit de reformuler –– la reformulation reflet (ou de façon à faire préciser le miroir) porte sur les émotions propos : lever une ambiguïté, et les sentiments. Elle consiste à chercher le concret et le précis, reformuler les émotions qu’une ce qui amène l’interlocuteur à clarifier sa pensée (pour vous et peut-être pour lui !). Exemple : « Le chef d’équipe va nous claquer entre les doigts. » « En clair, tu veux dire qu’il va poser sa démission ? » Ce qui permet parfois de proposer un nouvel angle de vue à l’interlocuteur, pour le faire réfléchir. Amorces : « Autrement dit… », « Cela revient à dire que… », « En clair… », « Tu penses donc que… », « Si je comprends bien ce que tu me dis… », etc. L’un des plus grands cadeaux que l’on puisse faire à une personne, c’est de l’écouter ! Une qualité managériale C’est après que nous aurons pratiqué l’écoute active de manière efficace que notre interlocuteur pourra, à son tour, nous écouter et adhérer plus facilement à nos propos. L’écoute active permet de mieux comprendre les enjeux d’une situation et d’avoir les bonnes informations pour ensuite agir de manière constructive. Le manager qui écoute saura clarifier un malentendu, gérer un conflit, entendre des peurs ou lever un blocage. De plus, l’équipe appréciera cette qualité managériale et légitimera d’autant plus le manager qui sait écouter. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? 11 supplément Les styles d’écoute RAISON Soyez factuel en utilisant des exemples concrets et en restant objectif. Retracez et validez la logique en reformulant les propos de votre interlocuteur pour rectifier avec lui les erreurs d’interprétation. Centrée sur le QUOI • Objectifs : définir, clarifier le problème. • Se polarise sur le concepts, les faits et les chiffres. • Privilégie le fond et non la forme. • Comportement rigoureux et formel, plus axé sur le problème que sur la personne. Conduisez une analyse de la situation en détaillant les différents aspects de la problématique. L’écoute stratégique L’écoute stratégique est centrée sur les finalités. À l’inverse de l’écoute analytique, elle s’efforce de dégager l’essentiel. C’est une écoute globale dont l’objet est d’explorer toutes les possibilités et perspectives en répondant à des questions telles que : « Quel est l’enjeu ? », « Pourquoi ne pas… ? » Son avantage est de stimuler la créativité et l’imagination face à des enjeux incertains. Le revers de cette écoute est naturellement le risque de prendre trop de « hauteur » par rapport aux préoccupations concrètes de son interlocuteur. En étant trop déconnecté de la réalité, en négligeant les détails, elle peut donner à votre interlocuteur le sentiment de ne pas vraiment être écouté, voire le stresser. Orientez votre échange sur le sens général des idées mises en avant, tout en replaçant le problème dans son contexte et en reformulant les idées essentielles, afin de valider votre compréhension de la problématique. L’écoute pragmatique Centrée sur le COMMENT • Objectifs : évaluer la faisabilité et trouver le mode opératoire. • Détecte les risques négligés. • Privilégie les preuves et les expériences, plutôt que la théorie. • Comportement énergique, concret, axé sur les considérations pratiques de la personne. L’écoute stratégique Savoir combiner les types d’écoute pour motiver votre collaborateur Écoute stratégique pour l’inviter à se projeter dans le futur. Écoute empathique pour mieux comprendre ses envies, ses frustrations, ses non-dits. Écoute pragmatique pour l’inciter à l’action en étant l’acteur de son destin. Centrée sur le POURQUOI • Objectifs : explorer toutes les possibilités. • Dégage l’essentiel de l’accessoire. • Cherche à conceptualiser. • Privilégie la recherche de solutions plutôt que l’explication. • Comportement spontané et créatif. L’écoute empathique INTUITION L’écoute analytique LOGIQUE L‘écoute analytique Centrée sur le QUI • Objectifs : identifier les valeurs et les critères de l’autre. • Préfère partager, rassurer, conforter que résoudre. • Privilégie les enjeux humains. • Comportement chaleureux, sensible et entraînant. Sensible au langage non verbal. ÉMOTIONS Stimulez l’imagination de votre interlocuteur en transposant ses idées dans un autre contexte. Interrogez-le sur d’autres scénarios possibles, il est toujours plus crédible d’avoir plusieurs solutions à un problème. L’écoute pragmatique L’écoute pragmatique est centrée sur la réalité et la faisabilité en s’intéressant au comment : « Commentpensez-vous effectuer… ? », « Quelle est votre expérience dans cette situation… ? » Elle privilégie le mode opératoire. Son avantage, c’est de maîtriser les risques en rassurant un interlocuteur prudent sur la faisabilité d’un projet ou en ramenant sur terre l’enthousiaste. Intéressez-vous à la façon dont les idées vont être appliquées en soulignant que le but de l’échange est de préparer le passage à l’action. Interrogez votre interlocuteur sur les risques encourus et les moyens pour les résoudre. Questionnez votre interlocuteur sur son expérience passée et aussi sur des cas d’autres personnes ou entreprises ayant géré la même situation. L’écoute empathique L’écoute empathique est centrée sur les relations, avec pour objectif le ressenti de votre interlocuteur. Ici, nous sommes dans la sphère de l’émotion : « Quel effet cela vous fait-il ? », « Comment vivez-vous cette situation ? » Ce type d’écoute prend en compte les frustrations ou les inquiétudes. Interrogez votre interlocuteur sur les enjeux humains de la situation. N’hésitez pas à exprimer vos propres ressentis afin de le rassurer et soyez naturel. ET VOUS... DANS QUEL STYLE D’ÉCOUTE VOUS SITUEZ-VOUS ? Pour le savoir, FAITES LE TEST disponible sur le site Internet de votre fédération, dans votre espace adhérent. Bâtiment Actualité n° 14 – 15 SePTEMBRE 2015 supplément 12 chefs d’entreprise, COMMENT MOTIVER VOS SALARIés ? La déperdition du message Des chercheurs ont montré que le taux de déperdition d’une communication verbale peut atteindre 90 %, le récepteur ne percevant alors plus que 10 % du message. Quand nous communiquons, chaque élément des messages que nous émettons à un interlocuteur subit, entre nous et ce dernier, une distorsion croissante (cf. schéma ci-contre). Cette distorsion peut être engendrée par des « obstacles » à l’écoute active comme : –– obstacle physique : surdité partielle ou totale ; –– esprit rêveur : l’esprit voyage, se déconnecte de l’environnement immédiat ; –– passivité : écoute sélective, déconnexion volontaire ; –– fatigue : l’écoute active est épuisante ; –– environnement peu favorable : bruit, chaleur, froid, reflet gênant, distractions extérieures ; –– préjugés : opinions toutes faites , cause « jugée d’avance », etc. Si je le dis, l’autre personne comprendra... La compréhension du message dépend de la façon dont le reçoit l’autre personne, aussi il ne suffit pas de parler pour être compris. Il nous faut vérifier si la signification de notre message a été bien comprise. Et si vous n’êtes pas convaincu de la nécessité de communiquer clairement et d’écouter activement, l’échelle de déperdition d’un message présentée ci-dessous vous fera peut-être changer d’avis ! 100 % Ce que j’ai à dire Ce que je pense à dire 90 % Ce que je sais dire 80 % 70 % Ce que je dis 60 % Ce qu’il entend 50 % 40 % Ce qu’il écoute Ce qu’il comprend Ce qu’il admet 10 % de perte à chaque étape Nous ne sommes jamais certains de la façon dont est perçu le message que nous souhaitons transmettre. Pour simplifier, il existe souvent une différence entre : –– ce que je pense ; –– ce que je veux dire ; –– ce que je dis. Puis, au bout de la chaîne, entre : –– ce qui est entendu ; –– ce qui est compris ; –– ce qui est retenu. Faites une liste de cinq événements qui se sont mal déroulés à cause d'une mauvaise communication et indiquez quelles ont été les conséquences. Ce qu’il retient Ce qu'il dira 30 % 20 % 10 % Cette échelle fonctionne évidemment dans les deux sens : lorsqu’un interlocuteur nous transmet un message, si nous ne sommes pas concentrés et en écoute active, il ne nous restera plus, au final, que 10 % du message. BIEN COMMUNIQUER AVEC L’AUTRE... C’est Ce n’est pas S’assurer que l’interlocuteur a bien compris le message Supposer que si une personne a quelque chose à dire, elle le dira Ne pas porter de jugement immédiat sur les propos de son interlocuteur, mais insister pour en savoir davantage Trouver une solution rapide au problème de quelqu’un d’autre Reconnaître les situations où le comportement non verbal d’une personne ne concorde pas avec ses propos Accepter le contenu de ce qui est dit au pied de la lettre sans prêter attention aux indices non verbaux Ne pas hésiter à prendre la parole pour partager son point de vue Répondre seulement à ce qu’une personne dit sans tenir compte des sentiments qui se cachent derrière les paroles Préparer sa communication, son intervention Organiser ou venir à l’entretien sans aucune préparation Comprendre suffisamment bien une personne pour prévoir ses réactions et se préparer en conséquence Faire face aux réactions possibles sans être préparé et, en conséquence, ne pas pouvoir répondre à la situation de manière efficace FFB Septembre 2015 • © Aaron Amat, Picture-Factory, bruno, Dave Pot, FotolEdhar, Jisign, Rido, Viorel Sima/Fotolia - nzphotonz, Photodisc ThinkstockPhotos • Imprimé sur papier certifié PEFC avec des encres végétales Les causes possibles de cette déperdition ou distorsion