audition Nicolas Bouzou, économiste

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audition Nicolas Bouzou, économiste
 Mission avenir des Parcs 24 mai 2011 Audition de Nicolas BOUZOU, économiste Directeur-­‐Fondateur d’ASTERES Membre du Conseil d’Analyse de la Société (CAS) auprès du Premier Ministre Auteur du rapport « Politiques d’innovation : Quel rôle pour les régions ? » Dernier ouvrage : « Le chagrin des classes moyennes » Alors qu’il n’y a pas d’économiste à l’Elysée, Matignon s’appuie sur 3 conseils : Conseil d’analyse économique 30 personnes Conseil d’analyse la société 30 personnes (Pt Luc Ferry) Conseil d’analyse stratégique (ex PLAN) L’étude pour l’ARF est venue à la suite d’une note de N. Bouzou « Renforcer le rôle économique des Régions ». Bien que formé à la macroéconomie, il s’est convaincu de l’intérêt pour la question des territoires en voyageant pour les activités d’ASTERES. La performance économique ne dépend pas directement de la taille des Pays. Elle peut être atteinte par de petits pays centralisés (ex Luxembourg) et de grands pays décentralisés (ex Allemagne avec un poids important des collectivités locales. Alors que la dépense publique consolidée de l’Allemagne est de 45% du PIB (contre 55% en France) le budget des Länder atteint 3000 € /hab., contre 270 € /hab. pour les Régions françaises. Sur les problèmes de compétitivité, il y a peu d’innovation depuis le rapport Pinay-­‐Rueff. Les experts sont globalement d’accord sur les réformes à faire (articulation de la recherche publique et privée, transfert de charges sociales des entreprises, accompagnement du développement des PME…). N. Bouzou identifie pour sa part 2 faiblesses: l’organisation des territoires et la faiblesse de la représentation syndicale (partisan de l’obligation de syndicalisation). La France est confrontée à un problème macroéconomique de compétitivité, d’innovation et d’expérimentation. Son taux de croissance est de 1,5% dont 2% de demande intérieure forte– 0,5% de déficit de la balance commerciale en raison d’un problème de compétitivité extérieure. Les économistes se répartissent en 2 écoles : l’une prétend que c’est un problème de coûts salariaux trop élevés, l’autre, dont se réclame N. Bouzou, que c’est un problème d’innovation (capacité à transformer la recherche publique en produits innovants). En réalité, c’est bien sur les deux à la fois. Les performances de l’Allemagne sont meilleures car son effort en recherche et développement est très supérieur (2,5% en moyenne et jusqu’à 5,5% à Stuttgart). En France 2% et maxi de 3% en Aquitaine). France : Régime actuel de compétences générales où tout le monde fait un peu tout. Régression légère de la recherche dans le public et dans le privé, avec une part majoritaire du privé (ne pas opposer les 2). Pourtant, les dépenses publiques des collectivités consacrées à la recherche progressent, principalement des Régions. L’affectation va principalement aux infrastructures (bâtiments). Mais les Régions sont très présentes dans les transferts de technologie. Allemagne : performance dans l’articulation entre recherche publique fondamentale et recherche privée. Il est devenu impossible aujourd’hui d’avoir une prévisibilité sur les secteurs de recherche (Ex. de l’énergie). La France reste performante dans certains domaines de la recherche (ex médical) et le transfert de technologie (ex système de la vision). Pharmaceutique : recherche publique active et recherche privée orientée sur les génériques. Il manque des dispositifs de médiation pour stimuler la recherche en valorisant par exemple le crédit impôt recherche dont le dispositif méconnu (Doublement du crédit d’impôt en cas de partenariat public-­‐privé). Les collectivités locales ont un rôle central à jouer à cet égard. AVENIR DES PARCS 24 mai 2011 : Audition de Nicolas BOUZOU, économiste Marc Forestier CED Conseil 1 Conclusions internationales de Bak Basel : • La décentralisation est bonne pour le PIB par habitant et la croissance • La décentralisation accroît la qualité de la recherche appliquée • Les régions qui investissent dans la recherche obtiennent une croissance économique plus élevée • L’application du principe de subsidiarité est un élément-­‐clé de la performance économique d’un pays Evolutions constatées : Mutations très rapides des technologies Entrée des pays émergents dans le marché international depuis 10 ans avec destruction des maillons de chaine de valeur à faible valeur ajoutée. Un effort de formation important des régions est nécessaire pour faire passer les personnels à des secteurs à forte valeur ajoutée. Résultat du modèle économique de croissance étudié par Région : Creusement des inégalités entre régions : Le PIB/hab. décroît en Franche Comte (patrimoine industriel à remettre à niveau) et progresse en Midi Pyrénées +25% (secteurs haut de gamme) Les dépenses R&D des Régions ont un impact positif sur l’économie des Régions (Indicateurs économiques : dépenses en R&D des entreprises pour vérifier la complémentarité et l’absence d’effet de concurrence ; Corrélation avec la croissance économique des Régions : plus une Région investit, plus ses performances progressent, sauf sur une région à dominante de services type Languedoc-­‐Roussillon). La variable l’exportation. Il faut sortir de la concurrence avec les pays émergents en se démarquant sur les produits à forte valeur ajoutée. L’emploi créé ou sauvé est à la fois de l’emploi qualifié et peu qualifié (maintenance des usines), alors que le progrès technique est biaisé avec baisse de la main d’œuvre peu qualifiée. La qualité de la politique et du dialogue entre les acteurs est déterminante quelle que soit la taille du territoire Il faut aller vers un nouveau souffle de la décentralisation (Acte 3 appelé par l’ARF). Les élus restent réticents (Droite politique traditionnellement jacobine et centralisatrice, Gauche très réservée car elle craint que la décentralisation ne creuse les inégalités et elle mise encore sur le rôle régulateur et redistribuer de l’Etat (Cf. Laurent David « la sécurité sociale a eu un effet d’aménagement du territoire beaucoup plus important que la DATAR »). Effet de concurrence fiscale à l’intérieur du Pays. Il faut raisonner à budget constant, ce qui impose de réduire les doublons de l’Etat (ex suppression des sous-­‐
préfectures). Il faut transférer des budgets de l’Etat vers les Régions. La fusion des régions est une fausse bonne idée, car la fusion de régions faibles n’apporte pas d’économie. Pas de réponse personnelle définitive sur la suppression des Départements (peu d’autonomie de prise de décisions sociales) Le vrai débat porte sur les compétences générales ou spécifiques. La clause de compétences spécifiques est le seul moyen de demander aux français de se discipliner. Les entreprises qui étaient inquiètes du passage des régions à gauche, s’en réjouissent. Car la « dictature de la réalité » impose aux régions de s’intéresser à l’économie. Le succès du grand emprunt lancé par la région Pays de Loire (placement d’épargne à 4ans à 3,5% pour prêt aux entreprises à 4% illustre les possibilités de mobilisation d’épargne par les régions au bénéfice du développement économique territorialisé. (Placement double du montant attendu). La France est un pays fatigué, sans ambition nationale, mais qui a des énergies locales investies au service des territoires. L’Etat fonctionne par grands programmes (Ex. nucléaire, Bioéthanol) qui créent une dépendance forte. L’Allemagne fonctionne davantage par bouquets de solutions (ex. pour l’énergie) avec un ensemble de solutions qui permet de s’engager et de se désengager plus rapidement. Il vaut mieux rechercher l’adéquation entre les métiers, les savoir et les savoir-­‐faire que l’on développe (ex Tradition grosse mécanique favorable pour implantation d’éolien en mer). Le développement économique se fait par de petites activités qui, par percolation, vont développer de l’économie et de l’emploi (Erreur du «Scientipôle» de la Meuse ou d’un projet de grand hôpital à Gap). Penser de petits projets qui peuvent devenir grands. La valeur ajoutée peut provenir du service apporté sur un produit traditionnel (Ex les émaux de Longwy présentent un potentiel de résurrection à l’export). L’apport de services tient à supplanter la partie industrielle de l’activité. AVENIR DES PARCS 24 mai 2011 : Audition de Nicolas BOUZOU, économiste Marc Forestier CED Conseil 2 La France ne répond pas aux critères de la métropolisation (critères 10 à 15% de croissance par an et plus de 20 millions d’habitants), sauf à considérer le grand Paris d’Attali jusqu’au Havre qui justifierait une structure de pilotage propre. Ailleurs, ce ne sera qu’une strate administrative supplémentaire, qui peut effectivement affaiblir les régions en prenant des compétences. Les PNR très implantés localement peuvent jouer un rôle de facilitateur et de médiation. La Marque France des artisans, très connue dans le monde, offre des potentialités d’export sur les pays émergeants (Bulgarie…). Imaginez des voyages de prospection entre PNR et entreprises. L’artisanat et la ruralité sont proches du développement durable et donnent des axes de développement Les territoires touristiques qui ne font pas du développement durable sont morts à terme. Le métissage entre savoir-­‐faire artisanaux et culture industrielle peut être bénéfique. Travail sur la formation à faire sur un mode non académique. Observation des mains d’œuvre sur le territoire. Développeurs économiques. Rôle d’accompagnement de la Fédération. Certifications de compétences… AVENIR DES PARCS 24 mai 2011 : Audition de Nicolas BOUZOU, économiste Marc Forestier CED Conseil 3