Economie [Interview] : L`agriculture a besoin d`un choc libéral

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Economie [Interview] : L`agriculture a besoin d`un choc libéral
Economie [Interview] : L'agriculture a besoin d'un choc libéral
10/04/2016 I Mise à jour : 08:00
Interview de Nicolas Bouzou, économiste et essayiste libérale.Intervenant à l?occasion de la table-ronde sur le rôle du
syndicalisme lors du dernier congrès de la FNSEA.
Nicolas Bouzou, économiste et essayiste libéral assumé, n?a pas sa langue dans sa poche. Il regrette, de son propre aveu, ne pas voir plus de
personnalités, intellectuels compris, prendre part au débat sur l?agriculture.
Quelles sont les transitions auxquelles fait face le monde d?aujourd?hui ?
Nicolas Bouzou : Aujourd?hui, on vit une mutation d?ordre technique et économique de la société. Il y a quatre précédents dans l?histoire de
l?humanité : l?invention de l?agriculture dans le néolithique, l?invention de la mondialisation au moment de l?antiquité, la révolution copernicienne
à la renaissance et la révolution industrielle en cette fin du 19ème siècle. Cette mutation, que les anglo-saxons appellent N B I C pour
nanotechnologie-biotechnologie-information-cognitif (intelligence artificielle par exemple) est accélérée car justement mondialisée. Elle est un
immense phénomène de destruction-créatrice amenant le passage à de nouvelles formes d?organisations.
Qu?en est-il de l?agriculture ? Que révèle cette crise qu?elle traverse ?
NB : Elle est au c?ur de cette destruction-créatrice. Les Français ne le voient pas car ils ont une vision romantique de l?agriculture en l?associant
à la naturalité mais ce n?est pas du tout ça en réalité. L?agriculture ce sont les drones, le numérique etc. Le terme OGM n?a plus du tout de sens
de nos jours.
En quoi est-elle créatrice ?
NB : Le principe de précaution et les normes empêchent l?expression des innovations dans ce secteur. L?agriculture a besoin d?un choc libéral.
On a un besoin d?une débureaucratisation du secteur. Les agriculteurs sont des entrepreneurs, ce ne sont pas des exécutants. Ils ne doivent pas
chercher des aides.
Pourriez-vous développer ?
NB : Les agriculteurs sont antilibéraux alors qu?ils ont besoin d?un choc libéral. Ils se disent pro-européens dans les discours mais votent contre,
dans les urnes. De mon point de vue, il faut leur redonner leur nature d?entrepreneur en leur apportant moins de subventions mais aussi moins de
règles. Le malaise premier des agriculteurs réside dans cette contradiction intrinsèque de leur nature, ce qui s?apparente à une véritable crise
identitaire.
Si vous aviez un message à faire passer à cette jeunesse majoritairement contre la loi El Khomri, lequel serait-il ?
NB : D?abord, distinguons deux types de jeunesse. Celle des grandes écoles chez qui il n?y a aucune inquiétude à avoir. Pour elle, la possibilité
de voyager et d?entreprendre n?a jamais été aussi forte. Et puis de l?autre côté, une jeunesse peu ou pas formée. La question de la flexibilité du
travail est un débat has-been. Cette loi (El Khomry, ndlr) est déjà appliquée depuis les années 80 en Autriche, en Suisse ou aux Pays-Bas, et
depuis les années 90 dans les pays scandinaves. On est en retard de 20 ans.
Sur quelle(s) thématique(s) travaillez-vous actuellement ?
NB : Je publie un livre par an. En septembre prochain, mon prochain ouvrage, à la frontière entre l?économie et la philosophie, portera sur cette
immense vague de destruction-créatrice. La montée des fondamentalistes et des nationalistes en parallèle, qui ont pour moi les mêmes racines,
reflète cette propension à la violence. Il faut donc trouver des piliers et les consolider. J?en ai défini trois : la famille d?amour au sens large qui
donne du sens, la question des valeurs qui donnerait des cadres comme pour le domaine de la génétique. Et enfin celui de l?art. Nous avons
aujourd?hui un retour de l?art nécessaire autour de l?esthétique. L?art donne le sentiment de la durée.

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