Japan Press Club - La France au Japon

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Japan Press Club - La France au Japon
INTERVENTION
DE l’AMBASSADEUR DE FRANCE AU JAPON,
M. PHILIPPE FAURE,
LORS DE LA CONFERENCE DE PRESSE
ORGANISEE AU JAPAN PRESS CLUB
(Tokyo, 21 janvier 2009)
Monsieur le Président,
Mesdames,
Messieurs,
Je suis très heureux de m’exprimer aujourd’hui, moins d’un an après mon arrivée au Japon, devant le très
réputé Nihon kisha club.
Mon intervention comportera trois volets. Je vous présenterai d’abord très brièvement la France, avant de
centrer mon propos sur la crise financière et économique mondiale qui nous frappe tous aujourd’hui. Sur ce
sujet, je vous dirai ce que nous avons mis en œuvre pour y faire face, au travers d’actions nationales,
européennes et internationales. Enfin, j’insisterai sur l’importance de la relation bilatérale franco-japonaise
dans cette crise et je vous expliquerai nos attentes envers le Japon dans ce contexte.
Vous connaissez tous ici la France, mais je voudrais insister quelques minutes sur les atouts de la France
en matière économique, qui sont en général moins évoquées que le reste dans les média. Je souhaite
notamment mettre l’accent sur :
1
•
La position stratégique de la France, au cœur de l’UE, la plus grande zone de libre échange du
monde (490 millions de consommateurs et un PIB de 16 600 milliards de dollars, contre 445
millions et 14 000 milliards pour l’ALENA).
•
L’excellence de nos infrastructures, avec un réseau autoroutier et de trains à grande vitesse qui
rend très facile le déplacement d’une ville à l’autre, en France comme à l’internationale (Thalys,
Eurostar, TGV Est, TGV Méditerranée en chantier)
•
La très bonne qualité de la main d’œuvre, qui compte parmi la plus productive au monde (selon
une étude de l’Organisation internationale du travail – OIT – la France occupe le troisième rang
mondial en termes de productivité horaire du travail, après les Etats-Unis et la Norvège). Je sais
également que l’on nous fait le procès de ne pas travailler suffisamment, mais là aussi, une étude
récente montre que les cadres français travaillent 48 heures par semaine, soit près de quatre heures
de plus par exemple que leurs collègues britanniques. Enfin, les jours de grève dans le secteur
privé, toujours selon l’OIT, sont extrêmement peu nombreux (le nombre moyen de jours de
travails perdus par an pour cause de grève entre 2000 et 2004 est de 6 jours seulement pour 1000
habitants, soit trois fois moins qu’aux Etats-Unis par exemple).
•
Un coût du travail raisonnable, puisque, selon une étude menée par un cabinet de conseil
indépendant1, un cadre supérieur coûte en France en moyenne moins de 170 000 euros par an,
contre plus de 190 000 euros en Grande-Bretagne.
Il s’agit de Mercer human ressources consulting (avril 2007)
AMBASSADE DE FRANCE AU JAPON 4-11-44, Minami-Azabu, Minato-ku, Tokyo 106-8514 Tél : (81) (3) 5798 - 6000
•
Des réformes récentes sont intervenues pour améliorer encore la situation, comme l’allègement des
charges sociales sur les heures supplémentaires ou la mise en œuvre progressive d’un contrat de
travail unique. En matière de fiscalité, il faut citer le bouclier fiscal (le montant total des impôts
payés en France, y compris cotisations sociales, ne peut dépasser 50% des revenus annuels d’un
particulier résident fiscal en France) ou encore le système du crédit impôt recherche, qui permet de
déduire de son imposition jusqu’à 50% des dépenses de R&D engagées au cours de la première
année.
•
Enfin, et c’est un indicateur important, la France est cette année encore la championne européenne
de la fécondité, avec un taux de 2 enfants par femme en âge de procréer.
La France face à la crise : économie largement ouverte sur le monde, la France subit comme tous la
crise financière et économique mondiale, mais ne reste pas inactive.
Au plan national : le plan de relance français est ambitieux (428 milliards d’euros, soit 26% du PIB).
Comme le plan japonais, il comporte un axe financier et un axe budgétaire. L’idée est de faire un plan qui
soit à terme sans conséquence pour les finances publiques : les soutiens aux banques (94% du montant total
du plan) sont des prêts remboursables et les mesures budgétaires (les 6% restant, 26 milliards d’euros
environ) sont des dépenses d’investissement (travaux d’infrastructures et de logements essentiellement),
qui auront un effet bénéfique sur l’activité et aucun effet récurent sur les comptes. Enfin, ce plan comporte
un volet spécifique de soutien à l’industrie automobile d’un montant de 1,5 milliards d’euros, dont un
milliard consacré à la garantie de prêt à la consommation pour l’achat de véhicules neufs. Des « états
généraux de l’automobile » se tiennent enfin en ce moment en France pour réfléchir aux mutations
stratégiques à entreprendre pour sortir ce secteur de la crise.
Le plan français a été voté dès octobre 2008 s’agissant des soutiens aux banques et devrait être totalement
adopté ces jours-ci en ce qui concerne la partie budgétaire. Un Ministre spécifiquement chargé de la mise
en œuvre de ce plan a été nommé par le Président de la République qui souhaite une mise en œuvre rapide.
L’effet attendu pour 2009 est d’environ 0,8 point de PIB.
Au plan européen, la France, qui occupait la présidence du Conseil de l’UE au dernier semestre 2008, a été
le fer de lance de la constitution d’un plan de relance européen. Les mesures de soutien aux institutions
financières ont été prises dès octobre 2008 par la Banque centrale européenne pour un montant total de plus
de 2000 milliards d’euros. Des mesures budgétaires devraient être mises en œuvre en 2009, le président
Baroso ayant proposé un plan de relance de 200 milliards, soit 1,5% du PIB des 27.
Enfin, le Président Sarkozy, qui a vu très vite la gravité de la crise, est à l’origine de la tenue du G20 à
Washington en novembre dernier. Ce sommet a permis de tomber d’accord sur la nécessité de ne laisser
aucun marché, aucune institution ou aucun territoire en dehors de la supervision ou de la surveillance. Nous
attendons du sommet de Londres qui se tiendra le 2 avril prochain, des réponses concrètes en matière de
régulation des hedge funds et des agences de notation, d’encadrement de la titrisation ou de réforme des
normes comptables. L’ambition de la France est qu’à l’avenir, aucune entreprise, aucune institution, aucun
agent économique, aucun acteur du marché ne puisse se soustraire à la régulation ou à la supervision et
faire ainsi peser des risques non maitrisés sur l’ensemble de la collectivité.
Active sur la scène internationale, la France attend beaucoup du Japon, avec lequel elle entretien une
relation bilatérale forte, dans la gestion de cette crise :
De manière générale, le Japon doit apporter sa voie au débat actuel sur ce que doit être le rôle de l’Etat dans
la régulation de l’économie. Le Japon, comme la France, a toujours été un partisan de l’économie de
marché, mais un marché régulé afin d’en éviter les excès. La crise actuelle montre que cette voie est la plus
sage, afin d’éviter des excès néfastes pour tous. Sur le plan international, le Japon doit dire clairement ce
qu’il souhaite en matière de régulation des acteurs mondiaux et nous souhaitons avoir avec nous un
partenaire à la hauteur de son rang de deuxième économie du monde.
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Notre relation bilatérale, qui est particulièrement forte dans le domaine des investissements directs (la
France est le deuxième investisseur au Japon, et la première destination des IDE japonais en zone euro) doit
également être mise à profit pour stabiliser la situation de nos entreprises. Une des choses qui m’a marquée
depuis mon arrivée ici, c’est notre ressemblance dans la pratique du capitalisme. Nous avons une vision
industrielle et de long terme, très différente de celle qui caractérise par exemple le capitalisme anglo-saxon
ou celui des pays émergents.
Dans le contexte actuel très troublé, durant lequel nos grands champions nationaux connaissent des
dépréciations boursières sans précédents, il est important de disposer de noyaux d’actionnaires stables et
patients. C’est cette réflexion qui a conduit le Président Sarkozy à créer en France un fonds stratégique
d’investissement doté de 20 milliards d’euros. C’est aussi cette réflexion qui doit pousser nos entreprises à
renforcer leurs liens capitalistiques. Je pense qu’il serait vraiment utile aujourd’hui que les français et les
Japonais, qui savent pouvoir compter l’un sur l’autre, créent de nouveaux partenariats capitalistiques.
Voilà, j’en ai fini de ma brève intervention./.
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