Entretien avec un chercheur : Virginie De Luca Barrusse

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Entretien avec un chercheur : Virginie De Luca Barrusse
Entretien avec un chercheur : Virginie De Luca Barrusse
Virginie De Luca Barrusse est professeure de démographie et directrice de l'Institut de
démographie (IDUP) de l'université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, partenaire du Labex iPOPs. Elle
s’intéresse aux politiques de populations et aux populations vulnérables qu’elle analyse sous l’angle
socio-historique et démographique.
Le thème du « retour des inégalités » est abordé par le colloque du point de vue de multiples
domaines : inégalités de revenus, santé, territoire, immigration… Cette lecture plurielle de la
thématique des inégalités est-elle une particularité des sciences de la population ?
Par définition, les sciences de la population sont plurielles. Elles ont vocation à interroger un même
objet à partir de postures scientifiques diverses. Un colloque centré sur la question du retour des
inégalités interroge à double titre. Le titre d'abord, le retour des inégalités, invite à réfléchir à
l'existence d'un "moment historique" au cours duquel les inégalités auraient disparu ou se seraient
fortement atténuées. Evidemment l'idée interpelle. Mais le titre convie aussi à prendre acte de
l'essor de travaux récents qui se penchent sur ces inégalités, saisies au prisme de disciplines diverses
et ce dans des domaines variés. On assisterait donc à un retour des travaux sur les inégalités plutôt
qu'à un retour des inégalités… Je vous invite à assister à ce colloque pour entrevoir ce qu'il est
pertinent de considérer ici.
Vous êtes vous-même historienne, spécialisée dans les questions démographiques à l’université
Paris 1. Qu’attendez-vous – en tant que chercheuse et en tant que partenaire du Labex IPOPs - de
ce colloque international ?
C'est précisément, et cela pourrait paraître paradoxal pour une historienne démographe, la situation
contemporaine qui m'interpelle ici. Les travaux d'histoire démographique ou de démographie
historique se nourrissent de travaux de sociologie, d'anthropologie voire d'économie pour
reconsidérer leurs approches. Et ceci est vrai pour l'ensemble des sciences sociales. Dans certains
champs, des disciplines peuvent être le moteur de changements de paradigme, dans d'autres, elles
"suivent la tendance" oserions-nous dire. La connaissance de la manière dont les sciences de la
population se saisissent de la question des inégalités offre l'occasion de "faire le point" sur les
apports des diverses analyses mais aussi de considérer les questions restées dans l'ombre et les
approches négligées… dans son propre champ disciplinaire.
Est-ce aussi le moment de faire le point sur des questions plutôt abordées par les chercheurs des
pays du Sud ?
Oui certainement. De ce point de vue, comme du point de vue des disciplines, les frontières méritent
d’être déplacées. Il ne peut qu’être fécond de faire se rencontrer des travaux portant sur des
diverses zones géographiques ; zones dont les singularités ont entretenu des champs de recherches
spécifiques. On a tout à gagner au dialogue des disciplines et de leurs traditions. Le colloque sur le
retour des inégalités est précisément une invitation au dialogue.