Pantagruel (1532), Rabelais, extrait du chapitre VIII Support : Extrait

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Pantagruel (1532), Rabelais, extrait du chapitre VIII Support : Extrait
Pantagruel (1532), Rabelais, extrait du chapitre VIII
Support : Extrait du chapitre VIII, Pantagruel, Rabelais, 1532
Fils du géant Gargantua, Pantagruel part faire ses études à Paris. Dans une lettre, son père évoque la
chance qu’il a d’accéder au savoir, grâce aux nouvelles connaissances et à l’imprimerie. L’évocation du
contenu de l’enseignement donne au lecteur l’idée des ambitions humanistes et des exigences d’un
idéal qui vie à former un homme savant et sage.
I-
Indices de la lettre
Ce texte est de genre épistolaire : lettre de Gargantua à son fils. On reconnaît que c’est une lettre car :
 Date et lieu d’écriture (l. 59). « Utopie » : si Gargantua est le roi idéal d’un royaume idéal,
l’éducation de Pantagruel est idéale
 Signature (l. 60)
 Apostrophe « mon fils » (l. 1)
 Formule finale (l. 57) : empreinte de bonté.
Gargantua se désigne par la première personne du singulier (émetteur) et Pantagruel est désigné par
la deuxième personne du singulier (récepteur).
Verbes au présent de l’indicatif : « je t’engage » (l. 1), « je veux » (l. 7), « j’entends » (l. 7) mais aussi à
l’impératif présent : « relis » (l. 30), « va voir » (l. 33) ainsi qu’au subjonctif : « que je voie » (l. 36), « que
la paix et la grâce […] soient avec toi ».
Les verbes au présent de l’indicatif donnent des injonctions. Celles-ci poussent Pantagruel accomplir
ce que veut son père. Il y a aussi des futurs : « tu t’aideras » (l. 15-16). Tous ces temps et modes
montrent que Gargantua pousse Pantagruel à l’action.
Registre didactique : correspondance privée, ce qui explique la chaleur du texte
II-
Enthousiasme et foi dans l’homme (humanisme)
L’homme est vertueux mais l’éducation lui permet de progresser.
Programme idéal et ambitieux.
Rabelais garde cependant des disciplines : le trivium et le quadrivium.
Trivium : trois matières classiques (grammaire, rhétorique, dialectique)
Quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie et musique.
Il garde ces matières car il a suivi ce cursus. Il apporte cependant des connaissances nouvelles. Il insiste
sur les connaissances religieuses ainsi que sur l’apprentissage chevaleresque (l. 38). Cette éducation
permet une évolution positive (« progrès »). Passage de la théorie à la pratique.
Savoir utiliser le savoir à bon escient : vertu morale.
Ce programme idéal vise la perfection : tout savoir sur tout (« tu apprennes parfaitement les langues »
(l. 7-8), « acquis […] tout le savoir humain » (l. 55/32-33/20), paragraphe 4, « abîme de sciences »
(l. 36).
III-
Programme éducatif de Rabelais
Exemple de l’idéal pédagogique humaniste sur le principe d’Erasme.
1) Matières
 « arts libéraux » (l. 18) mais rejet de l’astrologie et alchimie (futilités et supercheries) ne se
basent pas sur la raison.
 « langues »
 « droit » (le père de Rabelais est avocat)
 « histoire naturelle », qui recouvrent tous les éléments naturels
 « médecine » (Rabelais était médecin ; référence aux savants arabes et juifs : nouveauté)
 « les Saintes lettres » : théologie, lecture dans la langue originale
 Chevalerie et maniement des armes : idéal chevaleresque du Moyen-Âge
2) Comment ?
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IV-
Enseignement individuel
Lectures
Travail individuel : lire les grands auteurs en version originale / mémoire : apprendre par cœur
Observations directes (« dissections » (l. 32))
Débats publics (« discussions publiques » (l. 42-43)
Les buts de cette éducation
Toute cette éducation est au service d’une sagesse et de la foi chrétienne.
But religieux (lire les savantes Lettres)
Pas d’astrologie ni d’alchimie : sciences porteuses d’erreurs
La chevalerie et le maniement des armes : défendre sa maison et ses amis (argument affectif)
« Tu dois servir, aimer et craindre Dieu » : Rabelais fait référence à Salomon pour se justifier (argument
d’autorité)
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » : maxime (présent de vérité générale, pas d’article,
rapprochement science/conscience »).
Le but de la science est la sagesse chrétienne. Il faut que le savoir soit utilisé à des fins religieuses,
sages et humanistes. Ici, la science doit être utilisée avec morale, au service de la religion.
Buts de l’éducation de Pantagruel :
 Savoir universel parfait et dans tous les domaines
 Réfléchir sur le savoir pour l’utiliser au mieux
 Il faut se former moralement (injonctions chrétiennes : foi, charité…)
 Faire de Pantagruel un bon roi
Les caractéristiques de l’humanisme :
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Appétit de savoir, curiosité de connaître le monde et l’univers
Ouverture à d’autres cultures (arabes, juifs…)
Références à l’Antiquité
Retour aux textes sans passer par la traduction
Continuité avec la scholastique médiévale mais rejet de l’astrologie et de l’alchimie
Evangélisme : respect des Ecritures, les lire en version originale
Mettre en pratique l’enseignement moral et chrétien
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (l. 46), « Que je voie en toi un abîme de
science »
Conscience :
1. Réfléchir sur ce que l’on apprend
2. Morale : l’instruction doit aboutir à la sagesse
Conclusion : L’humanisme s’attèle à former totalement l’individu (corps, esprit et âme) et donc
connaissance totale de l’individu (dissections…)
L’homme vit en société : l’homme s’enrichit par la fréquentation des autres hommes.
Rabelais propose une croyance en l’homme et en ses capacités de progrès (éducation).