L`orientation, moi et MOA - Albi 2016 - Acop-F

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L`orientation, moi et MOA - Albi 2016 - Acop-F
Journées Nationales d’Etudes de l’ACOP-­‐F -­‐ Albi, septembre 2016 L’orientation, moi et MOA* (Dominique HOCQUARD) "Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-­‐obscur surgissent les monstres" (Gramsci) Dans les parcs, dans la rue, aux abords des monuments, vous les avez sans doute croisés cet été, leur Smartphone à la main : les chasseurs de Pokémon. Géo localisé, chaque joueur apparaît sous la forme d'un avatar sur une carte représentant le lieu où il se trouve. S'il passe à côté d'un Pokémon qui apparait virtuellement dans son environnement réel, il doit le viser avec son appareil photo, et lui lancer une Poké Ball d'un habile mouvement du doigt sur son écran, pour le capturer. Réparties dans différents endroits de l’espace, ces étranges créatures sont ainsi traquées pour terminer dans des arènes où les joueurs se donnent rendez-­‐vous pour livrer d’âpres batailles de Pokémons. Bien sûr, des enseignes comme Mac Do ont compris tout l’intérêt à se retrouver dans l’environnement des joueurs ! Des contrats entre l’éditeur du jeu et différentes entreprises sont d’ailleurs à l’étude ! Jouer à Pokémon-­‐Go c’est évidemment amusant et divertissant. Mais plus encore, rapportent les utilisateurs et les spécialistes du jeu, cela aurait des effets inattendus sur la santé mentale et physique des joueurs grâce notamment aux bienfaits de la marche à pied… On dit même que le jeu permettrait aux enfants autistes de se socialiser plus facilement. Bref à en croire les spécialistes, on aurait là un jeu capable d’aider au développement harmonieux de l’individu ! Rien que cela … Des mises en garde ont néanmoins été exprimées ici et là. Face à l’ampleur du phénomène la fédération bordelaise du bâtiment, par exemple, a placardé à l’entrée de ses chantiers des affiches pour prévenir les joueurs qu’un chantier n’est pas un terrain de jeu. Fin août, quelques jours avant la rentrée, le MEN, craignant que les collèges et lycées puissent à leur tour se transformer en pokestops ou en arènes, a sollicité un rendez-­‐vous avec l’éditeur du jeu, la société Niantic. Qu’importe les avertissements, plus qu’une mode, Pokémon-­‐Go est du point de vue du nombre de * Mon Orientation Augmentée est la nouvelle application numérique d'aide à l'orientation de l’Onisep, dont le 1er module est destiné aux collégiens et aux collégiennes dès la rentrée 2016. joueurs un succès planétaire ! Le jeu attire, redonne de la couleur au monde et « accessoirement » rapporte à ses inventeurs beaucoup, beaucoup d’argent. Amuse-­‐toi ! Fort du principe selon lequel l’univers festif et le divertissement aident à supporter la crise, l’idée de concevoir des jeux numériques, drôles et divertissants, pour aider les jeunes à s’orienter, a fini par s’imposer dans le paysage éducatif. Le parallèle avec Pokémon-­‐Go n’est ici pas fortuit. Comme avec Pokémon-­‐Go, il s’agit de la même manière d’accaparer l’attention de milliers de jeunes et de faire du marché prometteur qu’est en train de devenir l’orientation, une sorte de Ludo parc virtuel articulé à des forums et autres grandes « nuits de l’orientation » conçues par les chambres de commerce et d’industrie et le monde de l’entreprise. (On notera que ces espaces où l’on peut « pour de rire », s’essayer à des métiers, découvrir en se divertissant les univers professionnels et les formations, existent déjà réellement dans différents pays dont l’Angleterre et s’adressent à des enfants dès leur plus jeune âge (http://www.kidzania.com). Dans ces univers fantastiques tout est pensé pour ressembler aux jeux et aux divertissements qu’affectionne la jeunesse. Mais dissipons tout de suite cette illusion : aussi attractives et ludiques soient-­‐elles, aussi pertinent que le jeu puisse être dans le domaine des apprentissages, les applications numériques en orientation n’atteindront sans doute pas le même engouement que des jeux comme Pokémon-­‐Go, pour la simple raison que l’orientation, de fait, n’est pas un jeu pour tout le monde et qu’elle est loin d’être perçue ainsi par de nombreux jeunes en dépit des efforts consentis pour la rendre plus attrayante. Il n’empêche, un peu plus d’un an après l’annonce du plan numérique, on assiste aujourd’hui en France à un pari sacrément osé dans le contexte particulièrement morose que nous traversons : faire du numérique en orientation l’instrument du fameux « parcours avenir », et l’emblème d’une recomposition fondamentalement technique des pratiques d’orientation. Persuadés que l’orientation fonctionne mal parce que l’innovation a trop tardé, nombre de technophiles inconditionnels ou feignant de l’être se sont ainsi résolument engagés dans cette marche enthousiaste et réjouissante vers le Progrès. Le numérique en orientation, nouvel étalon du pouvoir de s’orienter ? On retrouve dans ce projet « la geste » des pionniers de l’orientation du début du 20ème siècle qui, avec le mouvement des tests prenait appui sur la psychologie expérimentale et l’appareil statistique. Aujourd’hui avec le numérique, l’intelligence artificielle, les neuro sciences, et peut être aussi une certaine psychologie positive…force est de constater qu’un siècle plus tard, c’est le même type de campagne qui est mené. Hier comme aujourd’hui, il s’agit toujours de mettre au point la formule la plus aboutie possible du point de vue de l’état d’avancement des sciences et des techniques, pour assurer, hier comme aujourd’hui, la pérennité et la promotion d’un modèle de développement économique pourtant très critiqué ces dernières années du point de vue de ses conséquences : aggravation des inégalités, augmentation de la pauvreté, désastres écologiques…. Les mêmes arguments, la même rhétorique structurée par un utilitarisme conquérant sont diffusés. Comme hier, on nous promet aujourd’hui un avenir de prospérité, un monde merveilleux débarrassé du fléau du chômage, des inégalités… Certes, le vocabulaire a évolué, d’autres mots sont inventés, et dans le champ de l’orientation, le numérique se présente désormais comme l’outil de référence indispensable à l’élaboration de son parcours de réussite et de son entrée dans la vie professionnelle. Les expressions utilisées sont à la hauteur de l’ambition affichée ; il est question d’outils collaboratifs, de communautés d’intérêts, de collectif, de commun, de mise en lien, d’interaction, de mutualisation… Le monde merveilleux et harmonieux du bon sens, débarrassé des contraintes hiérarchiques, serait désormais à portée de clic. Plus besoin de réfléchir, de se casser la tête ; aux désirs de chacun correspondrait une solution sur-­‐mesure et le high-­‐tech devrait parvenir à ré-­‐
enchanter le monde. Chômage des jeunes, difficulté à s’insérer, démotivation, décrochage scolaire : pour chaque question, le numérique détiendrait la réponse. Alors l’e-­‐orientation des adolescents ? Un jeu d’enfants évidemment ! Juste un clic… C’est en tout cas à partir de cette ambition qu’une administration de « missions » composée d’ingénieurs, d’industriels, d’économistes, de technologues, d’experts, de chercheurs, de designer… s’est mobilisée pour accomplir des tâches jugées nécessaires à l’optimisation de l’orientation et de ses méthodes. On reste, soit dit en passant, quelque peu songeur par rapport à l’engagement sans réserve de quelques laboratoires de psychologie de l’orientation dans ce domaine et de la complaisance avec laquelle le monde politique et les décideurs publics se rangent aussi promptement à l’argument « solutionniste » du numérique inventé et diffusé sur toute la planète par les gourous de la Silicon Valley. C’est vrai que nos brillants cerveaux ne doutent de rien ! L’ONISEP, l’INETOP se sont donc résolument lancés dans la bataille des jeux numériques et viennent de sortir des applications très « fun ». Des officines privées, comme Bloomr -­‐ https://www.bloomr.org/#perdu -­‐ qui explique sur son site avoir le projet de travailler avec l’INETOP, s’y sont mises elles aussi. « Tu rêves d’un métier épanouissant mais tu ne sais pas par où commencer, le parcours Bloomr t’ouvre la voie », est-­‐il indiqué. Suit une série d’exercices en ligne, d’explorations d’univers professionnels avec des pro qui kiffent ! Inutile de dire que c’est payant. Pour sa part, MOA de l’ONISEP, dont le café pédagogique prédit un succès fabuleux, n’est pas en reste. Sur un mode ludique, l’application interagit avec ses utilisateurs grâce à un double numérique choisi parmi 8 personnages de Bande Dessinée (Gaillard, Rascal, Shadow, Robot, Fahiia, Koral, Aby, Fusion) Accompagné de son double, le jeune est invité à cheminer dans le monde virtuel des métiers et de la formation. Son profil identifié, ses questionnements et ses centres d’intérêt pris en compte, il va régulièrement recevoir des recommandations, et des alertes sur les grands événements de l’orientation comme des journées portes ouvertes, des salons de l’orientation… L’ONISEP de l’académie d’Aix Marseille a développé une version dynamique et musicalement très enlevée de MOA. Voici quelques extraits de ce dialogue virtuel : « Salut ! Tu es collégien.ne. Bienvenue dans l’application MOA. Je me présente, je suis ton double, et c’est toi qui m’a choisi….. Ici c’est chez toi, c’est ton espace personnel. Moi, je suis là pour t’aider à te projeter dans l’avenir à travers un métier, une formation. Je vais également t’aider à explorer des univers professionnels … Par exemple tu es intéressé.e par l’hôtellerie/restauration. Je vais te faire découvrir tout ce qui concerne ce secteur. Si un métier ou une formation t’intéressent, je t’apporterai tous les renseignements nécessaires. N’hésite pas à me poser des questions, je trouverai les bonnes réponses. Je t’enverrai des messages… Voilà. Tout ça, c’est MOA ». Ce qui frappe d’emblée dans cet extrait c’est l’idée d’offrir aux jeunes un environnement graphique et discursif qui leur soit familier et qui leur parle. Mis en confiance, ils sont alors invités à « confier » à la machine et donc à la régulation algorithmique, leurs questions. Le double a réponse à tout, il détient la vérité, et surtout il part des désirs exprimés. Naturellement cette totalisation numérique semble se suffire à elle-­‐même et par conséquent, elle « oublie » la présence du Conseiller d’Orientation-­‐Psychologue ou plus exactement, elle l’évacue. Hors champ la médiation et la mise en perspective critique des informations « objectives » récupérées sur la toile ? Pas complètement. La publicité faite sur le site de MOA prévoit « aussi », est-­‐il précisé, une médiation avec les équipes éducatives en charge de l’orientation. Dont acte ! Mais qu’en est-­‐il de la possibilité de comprendre les lignes de code et les intentions de celles et ceux qui les ont écrites ? Qu‘en est-­‐il de la possibilité éducative d’aider un.e élève à construire son autonomie, à garder son quant à soi, dans un monde où les algorithmes « imposent » les bonnes décisions à prendre ? Le problème c’est que le numérique en orientation ne carbure pas à la médiation, il n’a pas d’inconscient, ça c’est l’affaire des psy et encore, ce n’est pas sûr avec les comportementalistes qui expliquent comment bien s’adapter face aux nouvelles contraintes. Le principe du jeu Avec MOA le principe est simple : une fois que le jeune s’est lancé dans l’aventure, il reçoit dans son espace personnel diverses sollicitations l’invitant à poursuivre son exploration. Régulièrement, des alertes, des avertissements, des recommandations lui sont transmises sur son Smartphone et ceci à n’importe quelle heure du jour et de la nuit (c’est un système automatisé). Quand il le souhaite, le sujet a ainsi la possibilité d’apporter des « corrections » à ses choix initiaux. L’interface lui rappelle alors, dans une équivalence quasi-­‐parfaite entre l’identité (ce que je veux être) et l’identique (ce qui par déduction me correspond), le bienfondé de ses choix. Narcissiquement, c’est très efficace. Du point de vue de la sensation de liberté éprouvée au moment des choix, c’est également très efficace et la performativité joue à plein ! Cet arraisonnement automatisé se traduit ensuite par un suivi de l’élève dans un environnement cognitif et éducatif adapté aux résultats du travail effectué en « toute liberté » par l’élève ; le travail éducatif n’a plus qu’à se poursuivre sans que rien, en principe, ne soit vraiment imposé mais puissamment suggéré à partir de l’ultra-­‐réactivité des recommandations adossées à la demande de chaque jeune et articulé au suivi éducatif engagé. C’est la personnalisation numérique ! Sur MOA ( !), l’élève est partout chez lui. Il peut se reconnaître en tout, à la condition toutefois de s’inscrire dans la logique surmoïque des recommandations, bref de jouer le jeu ! Que le parcours ainsi accompli ne lui dise rien sur ce qu’il est, sur ses hésitations, ses angoisses, sur son besoin d’être mis en confiance, n’est pas le problème. Dans cette aventure, le sujet est entièrement conçu comme le moyen le plus sûr d’aller d’un point A à un point B : une sorte de véhicule technique ! On notera au passage que ce dirigisme algorithmique réactualise en fait un des grands mythes de l’orientation : trouver à chacun.e, avec son consentement, le chemin le plus approprié à sa situation. L’important, c’est que les apparences soient sauves, que la perfection technique permette de préserver l’illusion d’une liberté radicale tout en étant suffisamment crédible et séduisante pour convaincre. Posons quand même que dans cet univers, l’élève n’est finalement rien d’autre qu’un élément indiffèrent d’un système d’échanges globalisé, pensé par une élite acquise (ou feignant de l’être) aux vertus de l’innovation. Plus largement, il est la matière première d’un système de gestion des places qui considère le jeune comme une donnée et ne le reconnait donc pas dans sa subjectivité. Alors que l’enjeu de type éducatif serait d’aider l’élève, non pas à rejeter le numérique, cela n’aurait aucun sens, mais à élaborer des outils de compréhension de ces dispositifs, à comprendre ce qui est puissamment à l’œuvre dans la machine, à exercer un point de vue critique, on lui donne à voir un monde virtuel, homogène qui identifie tout à l’ordre du calcul et de la régulation des flux. On lui demande de faire aveuglément confiance en la technique et d’y croire ! Nous pouvons comprendre dans ces conditions, le scepticisme qu’en tant que psychologues, nous pouvons ressentir. Certains objecteront qu’après tout la technique n’est rien qu’un moyen et que cela ne sert à rien d’en faire une affaire d’Etat ! Et bien justement si. Rappelons-­‐le, l’orientation c’est d’abord une rencontre, de la parole, du langage, des mots. Elle a affaire à de l’expérience, de l’histoire individuelle et familiale. Elle génère de l’angoisse et des aspirations qu’il faut entendre. La médiation/confrontation des autres permet d’en exprimer la signification profonde. Que parmi ces autres, il y en ait dont c’est le métier, on ne peut que s’en réjouir ! Ce qui est pourtant désarmant avec l’utilisation des applications numériques en orientation c’est qu’elles sont moins des outils dont pourrait se servir un jeune collégien pour parler, réintroduire de la complexité, de la divergence, du doute, qu’autant de dispositifs conçus pour générer un choix déjà fait via le système de recommandations notamment. Les enjeux institutionnels d’une telle innovation sont d’emblée perceptibles : la suppression de toute médiation qui ferait de la parole, de la réflexion, de la langue, de l’écoute, la condition d’une possible construction respectueuse de l’autonomie du sujet. D’où l’inquiétude de plus en plus palpable de la plupart des collègues qui s’interrogent aussi avec un brin d’anxiété sur leur devenir professionnel. Et si ces applications finissaient par dénaturer complètement leur métier ? Pire, et si les progrès à venir du numérique finissaient par engloutir dans des lignes de code invisibles les fonctions délibératives et dialogiques sur lesquelles se sont construites les pratiques d’orientation ? La disparition programmée des CO-­‐P ? En fait, ce qui a changé depuis le début des années 2000, c’est la nature de ces applications, leur démultiplication et leur généralisation progressive sur toute la trame d’une vie scolaire et bien au-­‐
delà encore. Ce qui est nouveau et inédit avec le numérique et donc avec les applications numériques en orientation, c’est leur prétention totalisante et humanoïde à s’ériger comme l’alpha et l’oméga d’une orientation efficace et résolument moderne. Seulement voilà : la révolution numérique, telle qu’elle s’institue dans nos milieux, va bien au-­‐delà d’une simple mutation technologique. Une sorte d’hybridation entre l’humain et la machine se forme et avec elle la perspective peu rassurante que la machine finisse par remplacer l’Homme. On a beau s’habituer à tout dans notre petit monde, l’incroyable est potentiellement là : notre propre obsolescence programmée ! A-­‐t-­‐on déjà fait le lien avec les CIO qui ferment, le glissement de nos missions vers les marges de l’école, la création d’un nouveau corps de psychologues créé pour s’occuper de tous ceux que le numérique ne réussirait pas à convaincre ou à embarquer dans ses réseaux ? A-­‐t-­‐on fait le lien avec la disparition progressive des CO-­‐P, si les lignes de code produisent des réponses plus efficientes et surtout plus appropriées à la commande économique que ne le feraient les spécialistes eux-­‐mêmes ? S’est-­‐on déjà demandé ce qui pourrait bien se passer si se réalisait la prophétie numérique consistant à mettre en place, dans chaque Smartphone, dans chaque tablette, de véritables mini-­‐centres embarqués de gestion des conduites d’orientation ? Quid des CIO quand on assène à qui veut l’entendre que les nouvelles organisations pilotées grâce aux nouvelles applications numériques sont dix mille fois meilleures, plus rapides, moins coûteuses que nos vieilles structures poussiéreuses ? On ne sait pas encore précisément comment va évoluer la situation déjà très dégradée des services d’orientation. On peut simplement constater que le projet politique massif d’impulser sur tout le territoire une multitude d’actions publiques et privées en faveur du numérique appliqué à l’orientation n’est pas forcément bon signe. Cette présentation que certains trouveront sans doute un peu trop schématique nous plonge cependant dans la lumière crue d’une mutation en cours dont le numérique est l’accélérateur incontestable. D’aucuns diront que c’est de la science-­‐fiction, de la caricature et que l’explication par la gouvernance numérique et l’obsolescence sociale n’est pas possible. Ou alors qu’il faut se réjouir d’avoir enfin des moyens modernes et efficaces d’aider les jeunes à trouver leur voie. Peut être, mais ne devons-­‐nous pas nous inquiéter des conséquences de ce qu’on pourrait bien appeler plus globalement une algorithmisation de la vie, c’est à dire une façon « technique » d’être orienté par des «systèmes intelligents» vers des choix suggérés sous couvert d’autonomie et de liberté personnelle ? C’est ce modèle-­‐là qui, au nom du productivisme ambiant et de la croissance, est soutenu par les fonds publics européens. C’est ce modèle qu’on nous présente comme l’innovation sublime qui va tout régler ! C’est ce modèle, cette part sombre de l’innovation, qui drainant dans son sillage des budgets colossaux, risque de nous embarquer dans une folle aventure si nous ne réagissons pas. Il est urgent de prendre le temps d’interroger dans toute son ampleur ce phénomène qui, de manière troublante, célèbre dans une sorte de fête de l’insignifiance la positivité joyeuse et aseptisée du monde du travail et de la formation. Prenons le temps de chercher avec les jeunes, dans la « vraie vie », ces choses qui nous font signe par-­‐delà les grands mythes des temps modernes. Il se pourrait que nous y trouvions ensemble de quoi nous libérer des constructions virtuelles dans lesquelles on voudrait nous impliquer; les contours et les rêves d’un autre modèle social s’y trouvent peut-­‐être déjà… ! Relisons le fameux discours à la jeunesse prononcé à Albi par Jean Jaurès en 1903. Je suis sûr qu’il peut nous inspirer…En tout cas ne désespérons pas la jeunesse ! Au fait, il est où le bouton « arrêt » ? Dominique HOCQUARD Ancien président de l’ACOP-­‐F Vice-­‐Président de l’ARIMEP (Association pour la Recherche et l’Intervention Muséale en Psychologie) http://arimep.org