Elections, piège à cons... ou foire aux chimères !

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Elections, piège à cons... ou foire aux chimères !
Question de point de vue
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Elections, piège à cons...
ou foire aux chimères !
Avec le soutien de
Par Raphaël d'Amore,
Militant au groupe Philo et Société des EP Mons La Louvière
Une élection c’est comme un mariage : il y a des promes0ses et des attentes.
Les candidats vont nous promettre des lendemains qui chantent, des changements
d’ordre spectaculaire.
Les citoyens vont faire entendre leurs avis, désirs, souhaits, lubies, obsessions.
C’est la grande farce démocratique.
Mais cette élection, comme les prochaines
échéances électorales sont placées sous un signe
particulier.
La déréglementation des marchés financiers a
permis à des banquiers d’affaires de faire fortune
grâce à des montages financiers dignes de
l’alchimie médiévale… transformer des actifs
pourris en or.
En 2008 s’est produit un événement qui
transforma la face du monde, événement prédit
par une minorité des gens censés, intelligents,
dont les arguments furent balayés d’un revers de
la main méprisant par les oligarques et les
tenants de la pensée unique. A la même période,
un grand économiste américain, adepte de
Milton Friedman, conseiller de G.W. Bush, de la
réserve fédérale américaine, du FMI, de la
banque mondiale, membre du Comité de
Lehmann Brothers, de Goldman Sachs, déclarait
“Je suis certain que les retombées négatives seront
minimes en cas de chute des subprimes, le marché
trouvera le moyen de minimiser ses effets…”.
Est-ce ce mécanisme qui explique que les
banques trouvent totalement légitime la cupidité
et la dérégulation ?
Les gouvernements, l’Europe (1.000 milliards
d’euros) ont opéré un renflouement massif des
banques, ce qui a permis aux établissements
bancaires de nettoyer leur bilan… Et qui va
payer…? Le contribuable, le pauvre, le démuni, le
sans-grade?
La seule surprise de la crise de 2008, c’est qu’elle
a surpris tout le monde et la crise financière s’est
transformée en crise de la dette des Etats.
Un mois plus tard, en une seule journée, …
patatras !! 1.000 milliards de dollars disparurent
en fumée… La crise financière, digne d’une star,
faisait une entrée fracassante dans nos vies.
Les tenants de la pensée unique qui défendaient
l’économie, l’ouverture, le non-contrôle du
marché, le retrait de l’Etat au profit de la libre
entreprise, la non-régulation, ont pratiqué un
véritable hold-up sur les Etats “Pitié aidez-nous,
par ici la monnaie”, mais in petto ils se répétaient
“TOMBOLA !!!!”, expression favorite d’un des plus
La crise, je dirais plutôt l’arnaque… On a fait
disparaitre de l’argent virtuel, qui n’existait pas et
on se l’est fait rembourser par de l’argent réel…
qui dit mieux…
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grands philosophes de notre époque : Salvo
Montalbano.
de cette Europe gangrénée, vampirisée par les
thèses néolibérales.
Dans le même temps, ils déclaraient aux Etats :
“On va vous aider, vous conseiller, mais vous devez
faire des sacrifices, des économies, dépenser
moins, revoir vos programmes sociaux, le système
a failli parce qu’il n’était pas assez libéral donc il
faut ajouter plus de libéralisme, dormez
tranquille…”.
Ici, je ne peux ne pas penser à ce merveilleux
“super Mario Draghi”, directeur de la Banque
Centrale Européenne et ancien de Goldman
Sachs… rassurez-vous, y en a d’autres…
Les Etats, dans un élan pathétique tout empreint
de gravité, ont déclaré lors d’un G20 :
“Nous allons réguler le système financier”… Pfffft
!… La belle affaire. Cela ne veut rien dire. C’est
mettre un visage humain sur le capitalisme
comme on voulait mettre un visage humain sur le
socialisme soviétique durant les années 60…
Couillonnade !!!… Autre expression de mon
grand ami Montalbano…
Le capitalisme, ça y est, le gros mot est lâché…
Certains penseront : Oufti !!! Encore un
gauchiste… ben non ! Une minorité de gens
influent, décident de la vie d’une majorité des
gens, c’est la seule et unique réalité, qu’on disait
à bout de souffle, au bout du rouleau, à l’article
de la mort, son cadavre puait, schlinguait, sa
puanteur nauséabonde s’étendait à travers le
monde… Putain !! Pour un moribond, je trouve
qu’il se porte plutôt bien : les bénéfices des
banques, des grandes entreprises n’ont jamais
été si florissants.
A côté de cela, un nombre croissant d’humains
sont privés d’eau potable, d’hygiène, d’énergie,
de maison, de médicaments, en un mot… de
dignité.
L’ineffable Mario Monti, président du conseil des
ministres italiens, le pantagruélique Papademos,
premier ministre grec, le toujours souriant
Lakshmi Mittal….
Des milliers de personnes sont exclues du corps
social, éjectées de la logique dite démocratique,
jamais représentées, nulle part évoquées, sans
cesse écartées, invisibles dans le monde de la
culture, de la politique, de la télévision, des
médias… interdites de visibilité…
Vous trouvez cela excessif… bienvenue dans
cette charmante fosse d’aisance qu’est votre
monde !
Les remèdes sont connus : Réduction du
fonctionnement de l’Etat, réduction des frais de
soins de santé, des allocations de chômage, des
programmes sociaux, mise aux enchères du coût
du travail, réforme des pensions, remise en
question de l’indexation des salaires (vieille
névrose néolibérale), diminution des aides au
développement durable… et on en oublie la mise
en place d’une réforme fiscale juste (en 2010, la
filiale financière du groupe Arcelor Mittal réalise
un bénéfice de 1,3 milliard d’euros et a été taxée
de 0,000038% soit un impôt de 496 euros… no
comment… game over…)
Devant ce noir tableau, des périls futurs qui
s’annoncent, au prochain éclatement de la bulle
financière, tous les spécialistes s’accordent, ce
sera le tour de Dexia Holding, principal
pourvoyeur de fonds des communes qui risque
de sombrer et là on va payer la facture… je me
fais une réflexion.
Comment la bande des quatre va-t-elle tenir sa
promesse, par quel coup de baguette magique,
sortilège, illusion, va-t-elle mener, engager son
action politique avec des moyens limités ?
Toutes ces mesures se font sous l’œil vigilant des
agences de notations, putains du libéralisme, et
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Pourquoi les bourgmestres n’appliquent-ils pas la
loi : réquisitionner, taxer les bâtiments vides afin
de pouvoir les transformer en logements… Ah
oui! J’oubliais les propriétaires de ceux-ci sont
peut-être des électeurs potentiels… quelle
question…
Deux exemples :
“La Belgique va mieux!”, déclaration de notre
premier ministre… putain pourquoi il a dit ça…
un reste du doudou peut-être…
CARSID : Allez zou !!! 1.000 emplois à la trappe,
ARCELOR : Allez zou !! 800 emplois à la trappe.
Alors vais-je ou pas participer à cette foire aux
chimères ? Pour un militant comme moi c’est une
question existentielle, j’en sais foutre rien…
d’autant plus que si la règle d’or (3% de déficit du
PIB) est inscrite dans la Constitution, c’est râpé…
Quel que soit le gouvernement, de gauche
comme de droite, il devra appliquer des mesures
d’austérité sous peine de sanctions de la
Commission européenne et des diktats des
agences de notations… Alors à quoi cela sert
d’aller voter? La voilà la farce démocratique… et
là, il y a un danger pour la démocratie.
Augmentation exponentielle des travailleurs
pauvres et ce n’est pas fini.
Je m’attendais à une levée de boucliers de la part
des organisations de travailleurs, de nos
mouvements, des partis politiques. Le lendemain,
j’ai épluché avec frénésie la presse, j’ai regardé
avec avidité les informations, pianoté avec
nervosité sur les sites d’infos d’Internet…
Rien… Biiiiip ! Electro-encéphalogramme plat.
Petit à petit, nous voyons émerger un monde
libéral-fasciste. Libéral dans le sens où on
accordera plus de liberté aux entreprises (base
du libéralisme économique), fasciste où on
réduira de plus en plus les libertés des citoyens
(base du fascisme). L’histoire a prouvé que les
gouvernements détestent que les peuples
prennent leurs libertés.
Lors des jeux olympiques, vous avez vu le
délicieux Lakshmi Mittal !, ce patron bardé de
stock options, homme riche et puissant,
humiliant, méprisant envers les faibles, n’hésitant
pas à faire de la vie humaine les carburants des
profits et des bénéfices, sacrifiant d’un
claquement de doigts 800 travailleurs sur l’autel
des impératifs économiques, porter la flamme
olympique.
Installé dans mon canapé à cogitations je me suis
étouffé de rage et d’indignation. Là aussi je
m’attendais à une volée de bois vert… Rien…
Si… Les travailleurs de Liège… Une phrase dans
le journal… En 3ème page… Les autres… Tûûûût !
Electro-encéphalogramme plat.
C’est dur à entendre hein !... Je vais illustrer ce
propos par un exemple concret :
Selon le directeur régional des CPAS de la
fédération Wallonie-Bruxelles, l’impact ne sera
pas immédiat mais d’une brutalité sans
précédent.
Un ami syndicaliste me racontait que lors d’une
négociation visant l’obtention d’indemnités pour
un licenciement, le directeur des ressources
humaines de l’entreprise déclara : “Voyons
Monsieur, nous n’allons pas accorder une telle
somme pour que les gens puissent s’acheter des
écrans plats…” (Ph. Herman - DRH de l’entreprise
SAPA dans le zoning de Ghlin-Baudour). Voilà la
vision méprisante des puissants, des privilégiés
envers les travailleurs, les faibles, de ceux qui
sont en souffrance… Ils ne lâcheront rien, rien
d’important, ils se contenteront de distribuer les
miettes comme le prince aux portes du palais, le
prélat au pied des parvis des églises ou des
temples.
D’abord les femmes cohabitantes, puis les jeunes
et ainsi de suite en cascade, des milliers de
personnes vont venir demander des aides pour le
loyer, le chauffage, les soins de santé à des CPAS
à bout de souffle. Selon les syndicats, 170.000 à
190.000 personnes seront concernées… Un
véritable Tchernobyl social…
Tous les signes de libération du siècle dernier
s’éteignent un par un plus vite qu’ils n’ont surgi :
Droits de l’homme, antiracisme, droit, raison
critique, émancipation de la femme, désir, sexe,
libre expression publique, n’auront été que des
utopies comme les autres : Progrès, lumières,
révolution, bonheur, bien-être, égalité.
L’automne sera tendu comme un arc, la
dégressivité renforcée des allocations de
chômage est annoncée pour le mois de
novembre… Le fédéral dit : “Zéro impact sur les
CPAS”… J’ai un doute.
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Notre pensée critique s’aseptise petit à petit,
c’est l’une des victoires du néolibéralisme dont
on peut résumer en une seule phrase son
essence, sa quintessence : à quoi ça sert de violer
les gens quand on peut tranquillement les
baiser… et je vais illustrer ce propos par deux
anecdotes.
Allez, à votre santé,
Bon divertissement,
Salut.
PS : “Quand le passé tarde à mourir et que le
futur peine à naître, nous nous trouvons
dans le clair obscur... et c’est là que les
monstres apparaissent”.
(Antonio Gramsci, historien, philosophe,
fondateur du parti communiste italien)
En tant que Mouvement d’éducation
permanente, votre devoir, le sacré, est de
dénoncer. Mais qui dit dénoncer dit annoncer à
côté, s’indigner mais l’indignation n’a de sens que
si elle est suivie par une réflexion et une action
concrètes. Il faut dénoncer, condamner, fustiger
toutes les dérives du système… Vous devez
exciter les mamelons du royaume…
Interpellez les politiques pour qu’ils fassent
preuve de cohérence, de volonté, de courage,
d’intelligence, mais attention, l’intelligence chez
les hommes politiques c’est comme la Sainte
Vierge, de tant en tant il faut qu’elle apparaisse
sinon le doute s’installe.
Je souhaite de tout cœur l’arrivée au pouvoir
d’hommes et de femmes politiques prônant,
défendant, la multiplication des droits, le bien
commun, les vertus de l’Etat, la protection des
minorités, la défense des miséreux, des sansgrade… et moins soucieux de leur image.
Je souhaite l’arrivée au pouvoir d’hommes et de
femmes politiques s’attelant avec courage,
cohérence, à la résolution des problèmes de leurs
concitoyens et moins soucieux de préparer des
événements mondains, festifs postmodernes où
il faut y être pour paraître.
Ecrit en écoutant : PINK FLOYD : MONEY.
Pour le groupe EP Philo et Société,
Raphaël D’Amore
Certains trouveront mes propos outranciers,
insolents, choquants. Mon intention n’est pas de
choquer, mais d’informer, de transmettre ce que
je sais.
Soyez indulgents envers un vieux nietzschéen
profondément désespéré… Pas d’inquiétude,
mon désespoir je le vis avec jubilation, plaisir et
jouissance. Il me protège des illusions et me fait
garder toute ma lucidité, et puis de vous à moi,
entre nous, d’égal à égal, je laisse la critique
comme la fumée aux sots qui s’en nourrissent.
Je ne suis payé par aucune organisation, aucun
mouvement, ce qui fait de moi un homme libre et
un homme révolté.
Si vous le désirez, vous pouvez adresser vous
plaintes à Monsieur Luc Lallemand, mon patron à
INFRABEL.
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