PLANIFICATION FINANCIÈRE : NOUVELLE PROFESSION
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PLANIFICATION FINANCIÈRE : NOUVELLE PROFESSION
PLANIFICATION FINANCIÈRE : NOUVELLE PROFESSION RÉGLEMENTÉE Le 25 avril dernier, le législateur a adopté une loi en vue de réglementer l’activité de planification financière (financial planning). Cette nouvelle loi, qui fait suite à une recommandation du Fonds Monétaire International, s’inscrit dans le cadre du plan d’ensemble du Gouvernement pour renforcer la protection du public en matière d’offre de services à caractère financier. L’intention du législateur était de réglementer cette activité ne faisant, en Belgique, l’objet d’aucun encadrement mais pouvant avoir des conséquences importantes sur le patrimoine des personnes ayant sollicité les conseils d’un professionnel en la matière. Champ d’application de la nouvelle réglementation La planification financière est définie comme l’activité de service qui se réalise par la voie de consultations fournies à des clients de détail (non-professionnels). Ces consultations ont pour but de conseiller le client sur l’optimalisation, notamment de la structuration, de la planification dans le temps, de la protection, de l’organisation juridique ou de la transmission, de l’ensemble de son patrimoine (aussi bien mobilier qu’immobilier), en fonction des besoins et des objectifs exprimés par ce client. Est exclue de cette définition la fourniture de services d’investissement ou de tout conseil portant sur des transactions sur des produits financiers individuels. Il ne s’agit par conséquent pas de n’importe quel conseil juridique, fiscal ou successoral qu’une entreprise peut donner à ses clients. Ainsi, ne constituent pas, par exemple, des consultations en planification financière, les conseils fiscaux ou successoraux qui accompagnent la proposition au client d’un produit déterminé. Les consultations en planification financière visées par le nouveau texte sont des consultations personnalisées, structurées et formalisées portant sur l’optimalisation globale de l’ensemble du patrimoine : comment structurer celui-ci, comme le protéger, comment assurer sa transmission, comment planifier son évolution, quel est l’impact fiscal des différentes options de structuration ? … Les « family office » sont visés par la loi dans la mesure où ils fournissent des conseils en planification financière à leurs clients, sauf s’ils prestent leurs services au bénéfice d’une seule et même famille. Accès à la profession et règles de conduite La loi veut parvenir à son objectif de protection des clients de deux manières. D’une part, par le biais d’un contrôle à l’accès à la profession des personnes actuellement non soumises à un statut. D’autre part, en établissant des règles de conduite applicables aux planificateurs financiers indépendants, et aux entreprises réglementées qui fournissent des consultations en planification financière. En ce qui concerne l’accès à la profession, le législateur a souhaité que toutes les personnes qui entendent exercer à titre professionnel habituel l’activité de consultation en planification financière soient soumises à une obligation d’agrément, soit comme entreprise réglementée (établissements de crédit, entreprises d’assurance, entreprises d’investissement, …), soit sous le couvert du nouvel agrément. Ainsi, les personnes qui, à l’heure actuelle, ne disposent pas d’un agrément, devront en obtenir un dans le cadre du nouveau statut de « planificateur financier » que la loi crée. Afin d’assurer l’indépendance de ces professionnels, le nouveau statut n’est pas cumulable avec celui d’entreprise réglementée ou d’agent immobilier. Les planificateurs financiers peuvent exercer d’autres fonctions à condition qu'elles ne soient pas susceptibles de les placer dans une situation de conflit d'intérêts, qu'elles ne compromettent pas leur réputation et qu'elles soient totalement séparées des activités de planification financière sur le plan organisationnel et comptable. Enfin, ils ne peuvent être rémunérés que par leurs clients. En contrepartie, ils seront seuls autorisés à accoler le mot « indépendant » aux mots « planificateur financier » ou à des dénominations dérivées. Quant aux entreprises réglementées, elles pourront exercer, de plein droit, et si leur statut ne l’exclut pas, l’activité de consultation en planification financière. S’agissant des règles de conduite, le législateur a estimé nécessaire d’établir des normes particulières pour la fourniture de consultations en planification financière. En effet, la consultation en planification financière est une activité qui se différencie du conseil en investissement et, plus généralement, des services en investissement. A la différence du conseil en investissement, la consultation en planification financière ne portera jamais sur des instruments de placement ou des produits financiers individuels. Les règles de conduite applicables aux services d’investissement (MiFID) ne sont donc pas parfaitement adaptées. La FSMA sera chargée de statuer sur les demandes d’agrément des planificateurs financiers indépendants, de contrôler le respect continu des conditions d’agrément et de veiller au respect des règles de conduite. Entrée en vigueur La loi entrera en vigueur le 1er novembre 2014. Les personnes physiques ou morales qui, à la date d’entrée en vigueur, fournissent des conseils en planification financière sont autorisées à poursuivre provisoirement cette activité jusqu’à ce que la FSMA se soit prononcée sur la demande d’agrément qui doit être introduite dans les 6 mois de l’entrée en vigueur de la loi. Jean-Pierre BUYLE Pierre PROESMANS Buyle legal