Alessandro Scarlatti - Il Primo Omicidio

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Alessandro Scarlatti - Il Primo Omicidio
Alessandro Scarlatti - Il Primo Omicidio
Écrit par Ophanin
Lundi, 27 Février 2006 20:59
Bienvenue, mes seigneurs. Que la place m’est heureuse à vous y rencontrer. Installez-vous
donc dans ce bosquet en attendant la venue du maître. Quelle griffante beauté que ce théâtre
romain. Et toutes ces bougies, quel ravissement divin, n’est-ce pas ? Mais je vois déjà le noble
Scarlatti et son fils. Ne soyez pas outrecuidants. Le maître de chapelle s’apprête à cogner du
bâton. Sa chemise à jabot virevolte dans l’air chaleureux d’une journée estivale mourante.
L’orchestre commence, les castrats et autres chanteurs entrent en scène. Sur le livret est
inscrit en lettres capitales : Il Primo Omicidio. Cain overo Il Primo Omicidio. Trattenimento
Sacro Per Musica à sei voci, Musica del signor Alessandro Scarlatti L'Anno 1706 MV Cela
signifie : Caïn ou le premier meurtre, divertissem ent sacré [...] 1706 à la Manière vénitienne.
(1706 MV) Donc en 1707 car l'année vénitienne s'arrête au 1er mars 1707 de Rome... Cette
œuvre, mes seigneurs, est pourtant bien un Oratorio. A l’époque le terme existait déjà or le
librettiste l’a remplacé par ‘divertissement sacré’ sous-entendant certainement qu’elle ne fut
réalisée à l’origine uniquement pour un théâtre comme le nôtre. Un thème sacré hors de
l’Eglise, en somme. Why ? Because Alessandro a composé cet oratorio à Venise suite à
l'invitation de la grande famille mécène, Grimani. A Rome (ville où Scarlatti a vécu longtemps)
on n'aime pas Venise car la ville déjà est une pseudo-république mais en plus elle n'applique
pas les règles du Pape quant au dépouillement vocal. En plein Baroque ! Du dépouillement
vocal ? Oui, seigneurs, l'Eglise a toujours un train de retard. Elle voulait que les fidèles puissent
chanter les prières avec le chœur, ce qui artistiquement n'a absolument aucun intérêt… Isn’t it ?
On ne trouve ni danses, ni ballets, ni chorégraphie, rien de tout cet aspect kitsh. Un oratorio
est une forme d’opéra sans mise en scène. Seules les voix créées l’histoire et sa symbolique.
Elles envahissent l’espace sonore, le nourrissent et le détruisent. On pourrait presque les
toucher tant elles paraissent proches et sensibles, douces et fragiles, ironiques et puissantes.
C’est tout à fait fascinant. Scarlatti bien qu’ayant composé pas mal d’œuvres ‘moyennes’ pour
manger sa croûte fut particulièrement inspiré pour créer celle-ci. Le baroque était une époque
où tout se cachait, tout se représentait. Le théâtre de Calderon, « la Vie est un Songe », par
exemple incarne à ravir cette idée de théâtralité permanente. Voilà le résultat : un oratorio aux
voix hyper-expressives et à la musique d’accompagnement classieuse. La vie n’est qu’une
gigantesque mascarade, disait Shakespeare, la voici en musique mes seigneurs.
Tracklist :
1. Spiritoso
2. Adagio
3. Allegro
4. Recitativo: Adamo "Figli miseri figlii"
5. Aria: Adamo "Mi balena ancor sul ciglio"
[...]
64. Duetto: Eva, Adamo "Contenti"
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