V e ndredi 3 0 mars Vendredi 30 mars Il Concerto Capitolino

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V e ndredi 3 0 mars Vendredi 30 mars Il Concerto Capitolino
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Jean-Philippe Billarant,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Dans le cadre du cycle Rome 1700
Du jeudi 29 mars au samedi 7 avril 2007
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr
La librairie-boutique reste ouverte jusqu’à la fin de l’entracte.
Un stand de vente est disponible dans le hall à l’issue du concert.
Il Concerto Capitolino | Vendredi 30 mars
Vendredi 30 mars
Il Concerto Capitolino
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Cycle Rome 1700 DU JEUDI 29 MARS AU SAMEDI 7 AVRIL
Depuis le milieu du XVIe siècle, Rome, reconstruite, enrichie, attirait les artistes de toute la
péninsule, auxquels les structures politiques et sociales de la ville sainte offraient l’assurance de
commandes multiples et de mécénats de premier ordre. Dans ce système essentiellement népotiste,
les commandes émanaient à la fois de la cour pontificale et des familles fortunées de cardinaux,
les Barberini dans les années 1620, relayés, autour de 1700, par les Ottoboni, Pamphili, ou encore
Ruspoli qui, en 1708, donna dans son palais privé la Santissima Annunziata d’Alessandro Scarlatti.
L’engouement pour le théâtre avait suscité de nombreuses constructions : à côté du teatro
Barberini, resté l’un des plus célèbres, ouvrirent le teatro Tordinona, inauguré en 1671 grâce à
l’intercession de Christine de Suède auprès du pape Clément IX, le teatro Capranica (1679),
le teatro Orsini, etc.
Néanmoins, l’activité dramatique fut régulièrement l’objet d’importantes restrictions, qui limitaient
du même coup théâtre déclamé et théâtre en musique. Ainsi, en 1703, voulant rendre grâce après
de terribles tremblements de terre qui avaient ébranlé l’Urbs et l’avaient finalement épargnée,
le pape Clément XI promulgua un édit interdisant pour cinq ans toute activité liée au Carnaval.
Le développement de l’oratorio s’explique dans une certaine mesure par ces raisons politiques,
puisqu’il ne donnait pas lieu à représentation scénique. En outre, ses sujets chrétiens le
soustrayaient pour une large part aux condamnations morales : vers 1700, les livrets étaient inspirés
majoritairement des épisodes du Martyrologe, de l’Ancien Testament ou des Évangiles (la Passion
– illustrée par La Vergine dei dolori de Scarlatti –, la Nativité, alors très en vogue dans toute l’Europe
du sud, l’Annonciation, etc.). Ils pouvaient également prendre la forme de libres compositions
poétiques sur un sujet spirituel, comme c’est le cas du livret du cardinal Ottoboni pour Colpa,
Pentimento e Grazia de Scarlatti, qui élabore une intrigue allégorique en s’inspirant des
Lamentations de Jérémie. Éloigné des contraintes de la représentation, et généralement plus bref
que le melodramma, l’oratorio se caractérisait par sa structure bipartite – héritée du temps où la
musique était convoquée pour introduire et prolonger l’efficace du sermon –, à l’intérieur de laquelle
se développent librement, au gré du librettiste et du compositeur, airs solistes, petits ensembles et
chœurs, éventuellement reliés entre eux par une narration confiée au chœur ou à un soliste
(« Testo » – texte).
Le succès du genre reposait cependant sur les mêmes ressources musicales que l’opéra, avec
lequel il partageait le style récitatif, la structure des airs et leurs passaggi, les ensembles vocaux
et les chœurs, et un goût marqué, qui n’était pas nouveau, pour la virtuosité. À ce titre, le succès
d’un Corelli, qui mena l’essentiel de sa carrière à Rome, peut être compris comme la manifestation
d’un goût et d’une sociabilité musicale qui valorisent la prouesse des interprètes, qu’elle s’exerce
dans le cadre d’un oratorio ou d’un concert de musique instrumentale. Déjà dans les années 1620,
le sopraniste Rosini arrachait des larmes aux fidèles qui se pressaient à l’Oratoire, par son
interprétation de la Madeleine repentante. On peut d’ailleurs s’interroger sur la nature propre de
ces affetti spirituali tolérés par l’Église, qui ne se distinguent guère de ceux de l’opéra, au point
que bien des airs circulent librement d’un genre à l’autre, comme le célèbre « Lascia la spina »
que Haendel introduisit dans son Trionfo del Tempo e del Disinganno : ce magnifique Carpe Diem
– dans lequel, suivant la pure tradition de l’opéra allégorique, le Plaisir invite la Beauté à jouir de
la vie – était repris d’une sarabande d’Almira, opéra qu’il avait composé quelque temps plus tôt
pour Hambourg… et fut par la suite transformé en lamento d’Almirena dans Rinaldo.
Anne Piéjus
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JEUDI 29 MARS, 20H
SAMEDI 31 MARS, 15H
JEUDI 5 AVRIL, 20H
Alessandro Scarlatti
Colpa, Pentimento e Grazia
Forum Rome 1700
Œuvres de Arcangelo Corelli, Antonio
Vivaldi et Georg Friedrich Haendel
Al Ayre Español
Eduardo López Banzo, direction
Sharon Rostorf-Zamir, soprano (Colpa)
Núria Rial, soprano (Grazia)
Jordi Domènech, contre-ténor
(Pentimento)
VENDREDI 30 MARS, 20H
Il Concerto Capitolino
Musique des palais et des rues
Œuvres de Francesco Magini, Lelio
Colista, Alessandro Scarlatti, Pietro
Sanmartini, Girolamo Kapsberger,
Bernardo Pasquini, Alessandro
Stradella, Pietro Baldassare et
Arcangelo Corelli
La Fenice
Jean Tubéry, direction
15H : Rencontre
Musique, politique et religion dans la ville Il Giardino armonico
éternelle
Giovanni Antonini, direction
Anne Piéjus, musicologue
Viktoria Mullova, violon
Ivan A. Alexandre, musicographe
16H : Table ronde
Animée par Ivan A. Alexandre
Avec Anne Piéjus et Denis Morrier,
musicologues
VENDREDI 6 AVRIL, 20H
SALLE PLEYEL
Georg Friedrich Haendel
Il Trionfo del tempo e del disinganno
17h15 : Concert
Arcangelo Corelli
Sonates pour violon et basse continue op. 5
Georg Friedrich Haendel
Salve Regina
L’Assemblée des honnestes curieux
Maria Ercolano, soprano
Les Musiciens du Louvre-Grenoble
Marc Minkowski, direction
Olga Pasichnyk, soprano (Bellezza)
Anna Bonitatibus, mezzo-soprano
(Piacere)
Nathalie Stutzmann, alto (Disinganno)
Stefano Ferrari, ténor (Tempo)
SAMEDI 7 AVRIL, 20H
SAMEDI 31 MARS, 20H
Œuvres de Arcangelo Corelli, Silvius
Leopold Weiss et Domenico Scarlatti
Guido Balestracci, basse de viole
Bruno Cocset, violoncelle piccolo
Eduardo Egüez, archiluth
Sergio Ciomei, clavecin, orgue
DIMANCHE 1er AVRIL, 16H30
Alessandro Scarlatti
La Santissima Annunziata
Europa Galante
Fabio Biondi, direction, violon, viola
d’amore
Roberta Invernizzi, soprano (Maria)
Emmanuella Galli, soprano (Angelo)
Marta Almajano, soprano (Verginità)
Marina De Liso, mezzo-soprano
(Humiltà)
Magnus Staveland, ténor (Sospetto)
Alessandro Scarlatti
La Vergine dei dolori
Les Agrémens
Rinaldo Alessandrini, direction
Anna Simboli, soprano
Romina Basso, mezzo-soprano
Sara Mingardo, contralto
Daniele Zanfardino, ténor
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Forfait pour les trois concerts des
jeudi 29 mars à 20h, dimanche 1er avril
à 16h30 et samedi 7 avril à 20h : 51€.
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VENDREDI 30 MARS – 20H
Amphithéâtre
Il Concerto Capitolino – Musique des palais et des rues
Francesco Magini
Sonata per li sonatori di fiato, e concerto de tromboni & cornetti, di Castel D’Angelo
Lelio Colista
Sonata a tre, per due violini & basso
Alessandro Scarlatti
Sonata a tre flauti & basso
Adagio
Allegro
Minuetto
Pietro Sanmartini
Canzon, capriccio sopra un basso, saltarello
Girolamo Kapsberger
Colascione
Bernardo Pasquini
Bergamasca
Alessandro Stradella
Sinfonia per violino solo, sopra un basso
Sonata in due cori, cornetti & violini
entracte
Alessandro Stradella
Sinfonia avanti « Il Barcheggio », per tromba o cornetto, due violini & basso
Bernardo Pasquini
Passacagli, per il clavicembalo
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Pietro Baldassare
Sonata per cornetto (cornettino), 2 violini & basso
Allegro
Grave
Allegro
Bernardo Pasquini
Pastorale d’organo
Arcangelo Corelli
Concerto grosso decimo, per flauti & archi
Preludio
Allemanda
Adagio
Corrente
Allegro
Bernardo Pasquini
Toccata con lo scherzo del Cucco
Francesco Magini
Sonata « La Riviera », per il campidoglio di Roma
La Fenice, direction Jean Tubéry :
Jean Tubéry, cornets et flûte à bec
Katharina Heutjer, violon et flûte à bec
Hélène Houzel, violon et alto
Emmanuel Mure, cornets ténor et trompette
Jérémie Papasergio, basson et flûte à bec
Stefan Legée, trombones ténor et alto
Simen Van Mechelen, trombones et flûte à bec
Nicolas Achten, archiluth et colascione
Sébastien d’Hérin, orgue et clavecin
Ce concert est enregistré par France Musique, partenaire de la Cité de la musique.
L’ensemble La Fenice bénéficie du soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne (Ministère de la Culture), de la Ville de Sens,
du Conseil Régional de Bourgogne, du Conseil Général de l’Yonne et de la Caisse des Dépôts et Consignations.
Fin du concert vers 21h40.
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Le concert à Rome autour de 1700
La société européenne de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle était dans l’ensemble
rurale. La majorité de la population vivait à la campagne, dans des maisons isolées
et dans de petits bourgs, ou dans des villes de taille moyenne qui attiraient des artisans
et des commerçants issus d’un milieu régional.
En revanche, les grandes villes se destinaient à des besoins spécifiques : centres
commerciaux, forteresses militaires et de frontière, ports, foires et surtout lieux
où siégeait la cour. Face à la complexité grandissante des affaires d’État, princes
et souverains durent abandonner leur vie errante. La cour fixait ses racines dans
les grandes villes ; les artistes s’y rendaient nombreux.
Rome était un cas particulier. Peu de villes pouvaient se vanter d’un passé si ancien et
d’une telle renommée de centre de pouvoir. La papauté ne détenait pas que le pouvoir
spirituel. Rome était la capitale d’un véritable royaume terrestre, car elle était le siège
de l’État pontifical et exerçait parallèlement une influence importante sur les nombreuses
propriétés de l’Église catholique. L’administration d’un tel empire aux frontières floues
rendit nécessaire la réunion d’un nombre conséquent d’hommes de lettres et d’autres
artistes.
Contrairement à Paris ou à Madrid, Rome ne présentait pas une structure pyramidale
autour du souverain. La figure du pape occupait le centre du décor, mais à ses côtés,
se multipliaient les rôles importants : cardinaux, ambassadeurs, corporations et confréries,
étudiants et nobles de passage dans la ville. Tous concouraient pour se faire remarquer
et obtenir un poste prestigieux. Dans cette ville se décidait le futur de l’Europe. Chaque
salon était une académie. On comptait également d’autres académies : salles, couloirs,
cloîtres, oratoires témoignent, avec la musique en arrière-fond, des éternels débats
autour de l’humain et du divin.
D’autres événements firent de Rome une ville ouverte. D’une part, la religion organisait
des célébrations annuelles, véritables festivités, dont beaucoup se déroulaient à l’extérieur
des églises. Les processions, tantôt simples, tantôt extraordinaires, occupaient plus
de quatre-vingts jours dans l’année. D’autre part, le climat serein de la ville facilitait
de telles manifestations publiques.
Toutes les professions musicales se réunissaient. Chanteurs, instrumentistes et compositeurs
constituaient un marché très porteur. Peu nombreux sont les exemples d’une carrière
stable, comme celle de Pasquini – qui occupa la charge d’organiste de Santa Maria de
Aracoeli de 1664 jusqu’à sa mort en 1710 –, car souvent les musiciens changeaient de ville
et d’institution, pour évoluer dans leur carrière ou pour répondre aux différentes
propositions de leurs admirateurs et mécènes.
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L’opéra, considéré avec une certaine méfiance, fut accueilli tièdement par le Saint-Siège.
D’autre part, le vide qu’il laissa profita à d’autres genres : l’oratorio, le chant sacré,
le répertoire liturgique et, en particulier, la musique instrumentale.
C’est véritablement à cette époque qu’a lieu en Italie l’émancipation définitive du répertoire
instrumental de chambre. Jusqu’à présent, les compositeurs célèbres avaient peu de
raisons d’écrire pour un ensemble instrumental. Ce travail était confié aux interprètes
qui produisaient ponctuellement des danses codifiées, ouvertures, refrains pour
compositions vocales, fanfares…
Cependant, la nécessité de briller à Rome et dans d’autres villes italiennes poussa
les grands auteurs à écrire eux-mêmes ces formes musicales, souvent en mélangeant
avec succès des parties vocales. Le duetto trouve un écho dans la sonate en trio.
Les grandes fresques polychorales ont leur équivalent dans le concerto grosso.
Le motet à voix seule, la lamentation et d’autres créations inspirent les nouvelles sonates
pour instrument soliste. La comparaison s’étend au domaine sonore. Les voix d’élite des
castrats et autres virtuoses du chant, se déployant aussi bien dans de petites salles que
dans de vastes basiliques, deviennent une référence que seuls le cornet et le violon
peuvent égaliser.
Le paysage sonore d’une ville comme Rome était certainement féerique. À l’intérieur des
églises, les orgues et les chœurs jouaient des textes polis par des siècles d’écoute, de plus
en plus souvent accompagnés par un groupe d’instrumentistes. Dans la rue, les mêmes
musiciens de la chapelle suivaient les processions, rogations, transferts de reliques de
saints… Tout cela sous le carillon et la vie palpitante de la ville.
La musique instrumentale se rendit indépendante à tel point que quelques compositeurs
renoncèrent au répertoire vocal, ce qui était jusque-là inimaginable. Les célèbres Stradella,
Colista, Sammartini ou Scarlatti œuvrèrent sur les deux fronts, tandis qu’une figure
comme Corelli, exemple romain inégalable pour la postérité, ne transposa en musique
aucun texte.
Les places et les salons de Rome, ville aux mille décors, brillaient tout comme ceux
de Venise et Naples. Parallèlement, les artistes et les intellectuels européens planifiaient
leur Grand Tour pour tester in situ le bien-fondé des légendes.
Barbara Nestola
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Dans la Rome de la fin du XVIIe siècle, la musique instrumentale est fêtée tout autant qu’à
Venise et à Naples. Les chefs de file nous en sont bien connus, qui s’appellent Alessandro
Scarlatti (1660-1725), venu tout jeune de sa Sicile natale, Alessandro Stradella (1644-1682),
dont la fin tragique (il mourut victime de la vengeance d’un mari jaloux) en a fait l’un
des premiers musiciens maudits de l’histoire, et encore Arcangelo Corelli (1653-1713) qui,
dans ses compositions violonistiques, servira de modèle à toute l’Europe (Sonates à trois
et Concerti grossi).
Protégé, entre autres, par l’ex-reine Christine de Suède qui entretenait une véritable cour
en son palais, Corelli sut rallier à son art à la fois novateur et équilibré tous les suffrages,
ceux des académies aristocratiques (l’Académie de l’Arcadie), comme des milieux plus
populaires. En témoigne le Concerto grosso decimo, per flauti & archi proposé par ces
orfèvres du son baroque que sont Jean Tubéry et La Fenice.
De même, la Sonata a tre flauti & basso de Scarlatti et les deux Sinfonie de Stradella
(dont celle pour l’opéra Il Barcheggio, « per tromba o cornetto, due violini & basso »)
ont ici valeur de figures d’école, qui ouvrent sur une riche période de transition,
bientôt acquise aux séduisantes symétries du Siècle des Lumières.
Tout au long de ces décennies, les formes instrumentales prospèrent en se transformant
et une abondance de noms émerge, certes en retrait sur la trinité qu’on vient d’évoquer,
mais qui n’en sont pas pour autant des petits maîtres.
Parmi eux, Pietro Sanmartini qui, né à Florence, publia un important recueil instrumental
en 1688 (Sinfonie a due violini, liuto et basso di viola), et aussi Francesco Magini, qui joue
en expert des timbres des bois et cuivres dans la Sonata per li sonatori di fiato, e concerto
de tromboni & cornetti, très gratifiante à l’écoute.
Quant à Girolamo Kapsberger, on peut dire qu’il a la dimension d’un chef d’école, s’agissant
d’un Allemand plébiscité par son pays d’adoption. Avant tout, il fut un virtuose du luth
et du théorbe, d’où ces qualificatifs flatteurs de « Tedesco della Tiorba » (Allemand du
théorbe) et de « Nobile Alemanno » (noble Alémanique), écho d’une admiration unanime.
Né vers 1580, il séjourna d’abord à Venise, puis s’installa à Rome où il mourut célèbre
en 1651 (Kircher fera son éloge dans sa Musurgia Universalis).
Outre deux livres d’arie passeggiate, il laisse deux recueils de tablatures de luth qui mettent
en lumière le rôle décisif qu’il a joué dans l’évolution du répertoire et de la technique
de l’instrument et de ses dérivés (le colascione, dont il est question ce soir, est un petit luth
à long manche, très prisé dans l’Italie méridionale de l’époque).
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De même, le Toscan Bernardo Pasquini (1637-1710) est, en dehors de ses activités à la scène
et comme auteur d’oratorios, un repère important dans l’histoire de l’orgue et du clavecin
transalpins, qu’il mène des schémas frescobaldiens à un art coloré et mobile, déjà proche
du bonheur métrique de Domenico Scarlatti (Toccata con lo scherzo del Cucco).
Au-delà, une impression d’harmonieuse effervescence monte de ce trop bref itinéraire
dans le concert romain. Et la leçon acoustique s’y fait acte de convivialité, à l’enseigne de
cette Académie d’Arcadie déjà citée dont Pasquini, avec son ami Corelli, étaient membres,
et qui tourne alors à l’atelier européen pour plus d’un talent de premier plan. Tel, mais ceci
est une autre histoire, le jeune Haendel, fraîchement arrivé d’Allemagne et enflammant
de son génie les joutes virtuoses organisées par l’illustre assemblée au tout début
du Settecento.
Roger Tellart
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Jean Tubéry
Passionné par la musique italienne
du XVIIe siècle, Jean Tubéry, après des
études de flûte à bec aux conservatoires
de Toulouse et d’Amsterdam, décide
de se consacrer à l’un des instruments
les plus appropriés pour la faire revivre :
le cornet à bouquin. Il suit alors
l’enseignement de Bruce Dickey à la
Schola Cantorum de Bâle, dont il obtient
le diplôme de concertiste. Il a joué
avec les ensembles Clemencic Consort,
Clément Janequin, Les Arts Florissants,
Collegium Vocale de Gand, Concerto
Vocale, Hespèrion XXI, Huelgas, Cantus
Cölln, Elyma, La Petite Bande, Il Giardino
Armonico, etc. En 1990, il fonde l’ensemble
La Fenice, avec lequel il obtient dans
la foulée le premier prix des concours
internationaux de musique ancienne
de Bruges et de Malmö. Il a enregistré
pour les firmes Ricercar, Accent, Erato,
Harmonia Mundi, Sony Classical, Virgin,
Opus 111, Naïve… ainsi que pour de
nombreuses radios et télévisions
nationales en Europe, aux États-Unis
et au Japon. La série discographique
« L’Héritage de Monteverdi » réalisée
avec le label Ricercar a été saluée
par la presse spécialisée. Par ailleurs,
Jean Tubéry enseigne le cornet à bouquin
et donne des cours d’interprétation au
CNR de Paris et au Conservatoire Royal
de Bruxelles. Il est invité à donner
des master-classes au Conservatoire
National Supérieur de Musique de Lyon,
au Conservatoire du Luxembourg,
au Centre Vocal Européen, au Mannes
College de New York, à l’Université d’été
du Connecticut, à la Case University
de Cleveland, à la Schola Cantorum
de Bâle, à l’Université d’Oxford et
à la Musikhochschule de Trossingen
(Allemagne). Son intérêt pour le répertoire
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vocal l’amène également à la direction
de chœur, qu’il a étudiée auprès
de Hans Martin Linde et Pierre Cao.
Il a ainsi été sollicité par des ensembles
tels que Jacques Moderne (Tours),
Arsys (Vézelay), Dunedin Consort
(Édimbourg), Norway Solistenkor (Oslo)
et le Chœur de Chambre de Namur, dont
il est le chef titulaire, dans un répertoire
allant de la Renaissance au Baroque
français du Grand Siècle. Dans le
domaine de la musique scénique, il a été
invité à diriger la Rappresentatione di
Anima e Corpo de Cavalieri au Théâtre
Royal de la Monnaie à Bruxelles en 2001.
La même année, Jean Tubéry est nommé
Chevalier dans l’ordre des Arts et
des Lettres par le ministre de la culture
Catherine Tasca. En 2003, il reçoit
avec l’ensemble La Fenice le Grand Prix
de l’Académie Charles-Cros pour
les enregistrements Messe pour la
Toison d’Or de Mateo Romero et Trionfi
Sacri de Giovanni Gabrieli. À l’occasion
du quinzième anniversaire de son
ensemble La Fenice en 2005, Jean
Tubéry a dirigé et mis en espace l’Orfeo
de Monteverdi en France, en Belgique et
en Espagne. La même année, il se voit
confiée la direction artistique du Chœur
de Chambre de Namur. À la tête
de cette formation et de l’orchestre
baroque Les Agrémens, il aborde
un répertoire plus tardif allant jusqu’aux
cantates de Johann Sebastian Bach,
créant l’événement aux festivals d’art
sacré de Lourdes, Paris et Lyon.
Enfin, ses tout derniers enregistrements
consacrés à Marc-Antoine Charpentier
et Giacomo Carissimi ont été
unanimement salués par la presse
musicale internationale, reconnaissant
en son travail une rigueur musicologique
au service d’une inventivité artistique
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toujours renouvelée. En 2006, il reçoit
le prix Liliane-Bettencourt à l’Académie
des Beaux-Arts de Paris pour son travail
avec le Chœur de Chambre de Namur.
La Fenice
Le phénix – en italien la fenice – est,
à l’origine, cet oiseau fabuleux de
la mythologie qui, après avoir vécu
plusieurs siècles, se consume avant
de renaître de ses cendres. Symbole
du rayonnement de la musique italienne
dans l’Europe baroque, la Fenice fut
également le titre d’une œuvre due
à Giovanni Martino Cesare, cornettiste
et compositeur qui s’expatria au-delà
des Alpes au début du XVIIe siècle.
C’est aujourd’hui le nom emprunté
par un groupe de musiciens réunis
par le cornettiste Jean Tubéry et animés
du désir de faire partager leur passion
pour la fastueuse musique vénitienne
de l’époque baroque, en la révélant
dans son extraordinaire vitalité.
Le répertoire de l’ensemble s’étend
néanmoins à toute l’Europe et couvre
plus de deux siècles de musique.
Le cornet à bouquin fut en effet
couramment adopté dès le début
du XVIe siècle par Josquin-Des-Prez
et ses contemporains, et ce jusqu’à
Johann Sebastian Bach, qui l’utilise
dans plusieurs de ses cantates.
On retrouve le cornet auprès des voix
dans la musique sacrée durant toute
la période baroque, comme par exemple
à la chapelle royale de Versailles,
qui le mentionne dans ses registres
jusqu’en 1733. « Quant à la propriété
du son qu’il rend, nous dit le père
Mersenne dans son Harmonie universelle
(Paris, 1636), il est semblable à l’éclat
d’un rayon de soleil qui paraît dans
l’ombre ou dans les ténèbres, lors qu’on
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l’entend parmy les voix dans les églises,
cathédrales ou les chapelles… ».
Soucieux de respecter les
instrumentations originales,
particulièrement dans la musique
vocale, où elles éclairent le texte de
leur portée symbolique, l’ensemble –
qui réunit des musiciens issus de l’Europe
entière, solistes internationalement
reconnus qui collaborent également
avec les meilleurs ensembles de musique
ancienne – varie selon les différents
programmes des concerts qu’il est
amené à donner. La Fenice a remporté
dès ses débuts deux premiers prix
internationaux. Elle est invitée depuis
par les plus grands festivals en France –
Ambronay, La Chaise-Dieu, Haut-Jura,
Limoges, Lourdes, Nantes (Printemps
des arts, Folles Journées), Paris (Festival
d’Île-de-France, Festival d’Art Sacré,
Cité de la musique, les Grands Concerts
Sacrés), Sablé-sur-Sarthe, Saint-Michelen-Thiérache, Versailles – en Europe –
Bâle, Brême, Bruges, Glasgow, Innsbruck,
Lisbonne, Milan, Oslo, Palerme, Utrecht,
Vienne –, et au-delà – États-Unis,
Équateur, Japon… Ses enregistrements –
Ricercar, Opus 111, Naïve, Virgin Classics,
K617… – se voient régulièrement
récompensés par les plus hautes
distinctions (Choc du Monde de la Musique,
Diapason d’Or, 10 de Répertoire, 5 Étoiles
Goldberg…). Deux d’entre eux ont reçu
le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros
en 2003.
La Fenice bénéficie du soutien de la Direction
Régionale des Affaires Culturelles de
Bourgogne (Ministère de la Culture), de la Ville
de Sens, du Conseil Régional de Bourgogne,
du Conseil Général de l’Yonne
et de la Caisse des Dépôts et Consignations.
Concert enregistré par France musique
on
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Et aussi…
> CONCERTS
> COLLOQUE
> MÉDIATHÈQUE
SAMEDI 19 MAI, 20H
DIMANCHE 20 MAI, 16h30
Existe-t-il une école française de piano
(1780-1815) : Facture, écriture et
pratique instrumentale
• Venez réécouter ou revoir
les concerts que vous avez aimés.
• Enrichissez votre écoute en suivant
la partition et en consultant
les ouvrages en lien avec l’œuvre.
• Découvrez les langages et les styles
musicaux à travers les repères
musicologiques, les guides d’écoute
et les entretiens filmés, en ligne
sur le portail.
http://mediatheque.cite-musique.fr
Œuvres de Robert Schumann, Franz Liszt,
Arnold Schönberg, Alban Berg, Ludwig
van Beethoven et Paul Hindemith
Elena Bashkirova, piano
Solistes du Festival de Jérusalem
Samedi 28 et dimanche 29 avril,
de 10h à 18h à La Borie-en-Limousin
(87110 Solignac)
Organisé par le Musée de la musique et
l’Ensemble Baroque de Limoges
Renseignements : 05 55 00 51 90
SAMEDI 9 JUIN, 20H
LA SÉLECTION DE LA MÉDIATHÈQUE
Jean-Féry Rebel
Ulysse
Nous vous proposons…
JEUDI 14 JUIN, 20H
Sonates de Domenico Scarlatti
Pierre Hantaï, clavecin
DIMANCHE 17 JUIN, 16H30
> MUSÉE
DIMANCHE 1ER AVRIL À 15H
Visite en musique pour adultes et
adolescents « Autour du chant »
SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 AVRIL
DE 14H30 À 17H30
Concert promenade « Itinéraires d’Orient
et d’Occident »
Pendant les vacances, des visites
ateliers et des visites contes
sont proposées du mardi au dimanche
pour le jeune public à partir de 4 ans.
José Antonio Carlos de Seixas
Messe en sol majeur
Georg Friedrich Telemann
Psaume 71
Ode au tonnerre
Akademie für Alte Musik Berlin
RIAS Kammerchor
Hans-Christoph Rademann, direction
Simone Nold, soprano
Tove Dahlberg, alto
Thomas Walker, ténor
Henryk Böhm, basse
Konrad Jarnot, basse
> COLLÈGE
L’opéra baroque
20 séances du mardi 7 novembre
au mardi 15 mai, de 15h30 à 17h30
… de consulter en ligne dans les « Dossiers
pédagogiques » :
Le baroque dans « Repères musicologiques »
… d’écouter :
Italian baroque concertos. Arcangelo Corelli,
Pietro Castrucci, Alessandro Scarlatti,
Antonio Vivaldi, Francesco Stradella par
l’Orchestra of the Age of Enlightenment
… de lire :
Arcangelo Corelli de Philippe Venturini •
Alessandro et Domenico Scarlatti d’Adélaïde
de Place
… d’écouter en suivant la partition :
Sonates pour violon op. 5 de Corelli par
The Locatelli Trio • La Folia de Corelli
par Jordi Savall
… de consulter les partitions :
Sonate en fa n° 2 pour cornetto et cordes
de Pietro Baldassare • Sonata à 4, deux
violons et deux cornetti d’Alessandro
Stradella • Sonata en fa majeur, pour flûte
à bec alto et basse continue d’Alessandro
Scarlatti
> ÉDITIONS
Figures de la passion
Collectif. Catalogue d’exposition, 287 pages.
Éditeur: Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef: Pascal Huynh | Rédactrice: Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus
Photo couverture © Isabel Munoz/Agence Vu | Imprimeur SIC | Imprimeur Gerfau | Licences no 757541, 757542, 757543
La Simphonie du Marais
Hugo Reyne, direction
Bertrand Chuberre, baryton
Guillemette Laurens, mezzo-soprano
Stéphanie Révidat, soprano

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