V e ndredi 3 0 mars Vendredi 30 mars Il Concerto Capitolino
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V e ndredi 3 0 mars Vendredi 30 mars Il Concerto Capitolino
7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 1 Jean-Philippe Billarant, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Dans le cadre du cycle Rome 1700 Du jeudi 29 mars au samedi 7 avril 2007 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr La librairie-boutique reste ouverte jusqu’à la fin de l’entracte. Un stand de vente est disponible dans le hall à l’issue du concert. Il Concerto Capitolino | Vendredi 30 mars Vendredi 30 mars Il Concerto Capitolino 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 2 Cycle Rome 1700 DU JEUDI 29 MARS AU SAMEDI 7 AVRIL Depuis le milieu du XVIe siècle, Rome, reconstruite, enrichie, attirait les artistes de toute la péninsule, auxquels les structures politiques et sociales de la ville sainte offraient l’assurance de commandes multiples et de mécénats de premier ordre. Dans ce système essentiellement népotiste, les commandes émanaient à la fois de la cour pontificale et des familles fortunées de cardinaux, les Barberini dans les années 1620, relayés, autour de 1700, par les Ottoboni, Pamphili, ou encore Ruspoli qui, en 1708, donna dans son palais privé la Santissima Annunziata d’Alessandro Scarlatti. L’engouement pour le théâtre avait suscité de nombreuses constructions : à côté du teatro Barberini, resté l’un des plus célèbres, ouvrirent le teatro Tordinona, inauguré en 1671 grâce à l’intercession de Christine de Suède auprès du pape Clément IX, le teatro Capranica (1679), le teatro Orsini, etc. Néanmoins, l’activité dramatique fut régulièrement l’objet d’importantes restrictions, qui limitaient du même coup théâtre déclamé et théâtre en musique. Ainsi, en 1703, voulant rendre grâce après de terribles tremblements de terre qui avaient ébranlé l’Urbs et l’avaient finalement épargnée, le pape Clément XI promulgua un édit interdisant pour cinq ans toute activité liée au Carnaval. Le développement de l’oratorio s’explique dans une certaine mesure par ces raisons politiques, puisqu’il ne donnait pas lieu à représentation scénique. En outre, ses sujets chrétiens le soustrayaient pour une large part aux condamnations morales : vers 1700, les livrets étaient inspirés majoritairement des épisodes du Martyrologe, de l’Ancien Testament ou des Évangiles (la Passion – illustrée par La Vergine dei dolori de Scarlatti –, la Nativité, alors très en vogue dans toute l’Europe du sud, l’Annonciation, etc.). Ils pouvaient également prendre la forme de libres compositions poétiques sur un sujet spirituel, comme c’est le cas du livret du cardinal Ottoboni pour Colpa, Pentimento e Grazia de Scarlatti, qui élabore une intrigue allégorique en s’inspirant des Lamentations de Jérémie. Éloigné des contraintes de la représentation, et généralement plus bref que le melodramma, l’oratorio se caractérisait par sa structure bipartite – héritée du temps où la musique était convoquée pour introduire et prolonger l’efficace du sermon –, à l’intérieur de laquelle se développent librement, au gré du librettiste et du compositeur, airs solistes, petits ensembles et chœurs, éventuellement reliés entre eux par une narration confiée au chœur ou à un soliste (« Testo » – texte). Le succès du genre reposait cependant sur les mêmes ressources musicales que l’opéra, avec lequel il partageait le style récitatif, la structure des airs et leurs passaggi, les ensembles vocaux et les chœurs, et un goût marqué, qui n’était pas nouveau, pour la virtuosité. À ce titre, le succès d’un Corelli, qui mena l’essentiel de sa carrière à Rome, peut être compris comme la manifestation d’un goût et d’une sociabilité musicale qui valorisent la prouesse des interprètes, qu’elle s’exerce dans le cadre d’un oratorio ou d’un concert de musique instrumentale. Déjà dans les années 1620, le sopraniste Rosini arrachait des larmes aux fidèles qui se pressaient à l’Oratoire, par son interprétation de la Madeleine repentante. On peut d’ailleurs s’interroger sur la nature propre de ces affetti spirituali tolérés par l’Église, qui ne se distinguent guère de ceux de l’opéra, au point que bien des airs circulent librement d’un genre à l’autre, comme le célèbre « Lascia la spina » que Haendel introduisit dans son Trionfo del Tempo e del Disinganno : ce magnifique Carpe Diem – dans lequel, suivant la pure tradition de l’opéra allégorique, le Plaisir invite la Beauté à jouir de la vie – était repris d’une sarabande d’Almira, opéra qu’il avait composé quelque temps plus tôt pour Hambourg… et fut par la suite transformé en lamento d’Almirena dans Rinaldo. Anne Piéjus 2 JEU Ale Colp Al A Edu Sha Núr Jor (Pe VEN Il C Mus Œu Col San Ber Str Arc La Jea 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 3 JEUDI 29 MARS, 20H SAMEDI 31 MARS, 15H JEUDI 5 AVRIL, 20H Alessandro Scarlatti Colpa, Pentimento e Grazia Forum Rome 1700 Œuvres de Arcangelo Corelli, Antonio Vivaldi et Georg Friedrich Haendel Al Ayre Español Eduardo López Banzo, direction Sharon Rostorf-Zamir, soprano (Colpa) Núria Rial, soprano (Grazia) Jordi Domènech, contre-ténor (Pentimento) VENDREDI 30 MARS, 20H Il Concerto Capitolino Musique des palais et des rues Œuvres de Francesco Magini, Lelio Colista, Alessandro Scarlatti, Pietro Sanmartini, Girolamo Kapsberger, Bernardo Pasquini, Alessandro Stradella, Pietro Baldassare et Arcangelo Corelli La Fenice Jean Tubéry, direction 15H : Rencontre Musique, politique et religion dans la ville Il Giardino armonico éternelle Giovanni Antonini, direction Anne Piéjus, musicologue Viktoria Mullova, violon Ivan A. Alexandre, musicographe 16H : Table ronde Animée par Ivan A. Alexandre Avec Anne Piéjus et Denis Morrier, musicologues VENDREDI 6 AVRIL, 20H SALLE PLEYEL Georg Friedrich Haendel Il Trionfo del tempo e del disinganno 17h15 : Concert Arcangelo Corelli Sonates pour violon et basse continue op. 5 Georg Friedrich Haendel Salve Regina L’Assemblée des honnestes curieux Maria Ercolano, soprano Les Musiciens du Louvre-Grenoble Marc Minkowski, direction Olga Pasichnyk, soprano (Bellezza) Anna Bonitatibus, mezzo-soprano (Piacere) Nathalie Stutzmann, alto (Disinganno) Stefano Ferrari, ténor (Tempo) SAMEDI 7 AVRIL, 20H SAMEDI 31 MARS, 20H Œuvres de Arcangelo Corelli, Silvius Leopold Weiss et Domenico Scarlatti Guido Balestracci, basse de viole Bruno Cocset, violoncelle piccolo Eduardo Egüez, archiluth Sergio Ciomei, clavecin, orgue DIMANCHE 1er AVRIL, 16H30 Alessandro Scarlatti La Santissima Annunziata Europa Galante Fabio Biondi, direction, violon, viola d’amore Roberta Invernizzi, soprano (Maria) Emmanuella Galli, soprano (Angelo) Marta Almajano, soprano (Verginità) Marina De Liso, mezzo-soprano (Humiltà) Magnus Staveland, ténor (Sospetto) Alessandro Scarlatti La Vergine dei dolori Les Agrémens Rinaldo Alessandrini, direction Anna Simboli, soprano Romina Basso, mezzo-soprano Sara Mingardo, contralto Daniele Zanfardino, ténor 3 Forfait pour les trois concerts des jeudi 29 mars à 20h, dimanche 1er avril à 16h30 et samedi 7 avril à 20h : 51€. 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 4 VENDREDI 30 MARS – 20H Amphithéâtre Il Concerto Capitolino – Musique des palais et des rues Francesco Magini Sonata per li sonatori di fiato, e concerto de tromboni & cornetti, di Castel D’Angelo Lelio Colista Sonata a tre, per due violini & basso Alessandro Scarlatti Sonata a tre flauti & basso Adagio Allegro Minuetto Pietro Sanmartini Canzon, capriccio sopra un basso, saltarello Girolamo Kapsberger Colascione Bernardo Pasquini Bergamasca Alessandro Stradella Sinfonia per violino solo, sopra un basso Sonata in due cori, cornetti & violini entracte Alessandro Stradella Sinfonia avanti « Il Barcheggio », per tromba o cornetto, due violini & basso Bernardo Pasquini Passacagli, per il clavicembalo 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 5 Pietro Baldassare Sonata per cornetto (cornettino), 2 violini & basso Allegro Grave Allegro Bernardo Pasquini Pastorale d’organo Arcangelo Corelli Concerto grosso decimo, per flauti & archi Preludio Allemanda Adagio Corrente Allegro Bernardo Pasquini Toccata con lo scherzo del Cucco Francesco Magini Sonata « La Riviera », per il campidoglio di Roma La Fenice, direction Jean Tubéry : Jean Tubéry, cornets et flûte à bec Katharina Heutjer, violon et flûte à bec Hélène Houzel, violon et alto Emmanuel Mure, cornets ténor et trompette Jérémie Papasergio, basson et flûte à bec Stefan Legée, trombones ténor et alto Simen Van Mechelen, trombones et flûte à bec Nicolas Achten, archiluth et colascione Sébastien d’Hérin, orgue et clavecin Ce concert est enregistré par France Musique, partenaire de la Cité de la musique. L’ensemble La Fenice bénéficie du soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne (Ministère de la Culture), de la Ville de Sens, du Conseil Régional de Bourgogne, du Conseil Général de l’Yonne et de la Caisse des Dépôts et Consignations. Fin du concert vers 21h40. 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 6 Le concert à Rome autour de 1700 La société européenne de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle était dans l’ensemble rurale. La majorité de la population vivait à la campagne, dans des maisons isolées et dans de petits bourgs, ou dans des villes de taille moyenne qui attiraient des artisans et des commerçants issus d’un milieu régional. En revanche, les grandes villes se destinaient à des besoins spécifiques : centres commerciaux, forteresses militaires et de frontière, ports, foires et surtout lieux où siégeait la cour. Face à la complexité grandissante des affaires d’État, princes et souverains durent abandonner leur vie errante. La cour fixait ses racines dans les grandes villes ; les artistes s’y rendaient nombreux. Rome était un cas particulier. Peu de villes pouvaient se vanter d’un passé si ancien et d’une telle renommée de centre de pouvoir. La papauté ne détenait pas que le pouvoir spirituel. Rome était la capitale d’un véritable royaume terrestre, car elle était le siège de l’État pontifical et exerçait parallèlement une influence importante sur les nombreuses propriétés de l’Église catholique. L’administration d’un tel empire aux frontières floues rendit nécessaire la réunion d’un nombre conséquent d’hommes de lettres et d’autres artistes. Contrairement à Paris ou à Madrid, Rome ne présentait pas une structure pyramidale autour du souverain. La figure du pape occupait le centre du décor, mais à ses côtés, se multipliaient les rôles importants : cardinaux, ambassadeurs, corporations et confréries, étudiants et nobles de passage dans la ville. Tous concouraient pour se faire remarquer et obtenir un poste prestigieux. Dans cette ville se décidait le futur de l’Europe. Chaque salon était une académie. On comptait également d’autres académies : salles, couloirs, cloîtres, oratoires témoignent, avec la musique en arrière-fond, des éternels débats autour de l’humain et du divin. D’autres événements firent de Rome une ville ouverte. D’une part, la religion organisait des célébrations annuelles, véritables festivités, dont beaucoup se déroulaient à l’extérieur des églises. Les processions, tantôt simples, tantôt extraordinaires, occupaient plus de quatre-vingts jours dans l’année. D’autre part, le climat serein de la ville facilitait de telles manifestations publiques. Toutes les professions musicales se réunissaient. Chanteurs, instrumentistes et compositeurs constituaient un marché très porteur. Peu nombreux sont les exemples d’une carrière stable, comme celle de Pasquini – qui occupa la charge d’organiste de Santa Maria de Aracoeli de 1664 jusqu’à sa mort en 1710 –, car souvent les musiciens changeaient de ville et d’institution, pour évoluer dans leur carrière ou pour répondre aux différentes propositions de leurs admirateurs et mécènes. 6 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 7 VENDREDI 30 MARS L’opéra, considéré avec une certaine méfiance, fut accueilli tièdement par le Saint-Siège. D’autre part, le vide qu’il laissa profita à d’autres genres : l’oratorio, le chant sacré, le répertoire liturgique et, en particulier, la musique instrumentale. C’est véritablement à cette époque qu’a lieu en Italie l’émancipation définitive du répertoire instrumental de chambre. Jusqu’à présent, les compositeurs célèbres avaient peu de raisons d’écrire pour un ensemble instrumental. Ce travail était confié aux interprètes qui produisaient ponctuellement des danses codifiées, ouvertures, refrains pour compositions vocales, fanfares… Cependant, la nécessité de briller à Rome et dans d’autres villes italiennes poussa les grands auteurs à écrire eux-mêmes ces formes musicales, souvent en mélangeant avec succès des parties vocales. Le duetto trouve un écho dans la sonate en trio. Les grandes fresques polychorales ont leur équivalent dans le concerto grosso. Le motet à voix seule, la lamentation et d’autres créations inspirent les nouvelles sonates pour instrument soliste. La comparaison s’étend au domaine sonore. Les voix d’élite des castrats et autres virtuoses du chant, se déployant aussi bien dans de petites salles que dans de vastes basiliques, deviennent une référence que seuls le cornet et le violon peuvent égaliser. Le paysage sonore d’une ville comme Rome était certainement féerique. À l’intérieur des églises, les orgues et les chœurs jouaient des textes polis par des siècles d’écoute, de plus en plus souvent accompagnés par un groupe d’instrumentistes. Dans la rue, les mêmes musiciens de la chapelle suivaient les processions, rogations, transferts de reliques de saints… Tout cela sous le carillon et la vie palpitante de la ville. La musique instrumentale se rendit indépendante à tel point que quelques compositeurs renoncèrent au répertoire vocal, ce qui était jusque-là inimaginable. Les célèbres Stradella, Colista, Sammartini ou Scarlatti œuvrèrent sur les deux fronts, tandis qu’une figure comme Corelli, exemple romain inégalable pour la postérité, ne transposa en musique aucun texte. Les places et les salons de Rome, ville aux mille décors, brillaient tout comme ceux de Venise et Naples. Parallèlement, les artistes et les intellectuels européens planifiaient leur Grand Tour pour tester in situ le bien-fondé des légendes. Barbara Nestola 7 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 8 Il Concerto Capitolino, musique des palais et des rues Dans la Rome de la fin du XVIIe siècle, la musique instrumentale est fêtée tout autant qu’à Venise et à Naples. Les chefs de file nous en sont bien connus, qui s’appellent Alessandro Scarlatti (1660-1725), venu tout jeune de sa Sicile natale, Alessandro Stradella (1644-1682), dont la fin tragique (il mourut victime de la vengeance d’un mari jaloux) en a fait l’un des premiers musiciens maudits de l’histoire, et encore Arcangelo Corelli (1653-1713) qui, dans ses compositions violonistiques, servira de modèle à toute l’Europe (Sonates à trois et Concerti grossi). Protégé, entre autres, par l’ex-reine Christine de Suède qui entretenait une véritable cour en son palais, Corelli sut rallier à son art à la fois novateur et équilibré tous les suffrages, ceux des académies aristocratiques (l’Académie de l’Arcadie), comme des milieux plus populaires. En témoigne le Concerto grosso decimo, per flauti & archi proposé par ces orfèvres du son baroque que sont Jean Tubéry et La Fenice. De même, la Sonata a tre flauti & basso de Scarlatti et les deux Sinfonie de Stradella (dont celle pour l’opéra Il Barcheggio, « per tromba o cornetto, due violini & basso ») ont ici valeur de figures d’école, qui ouvrent sur une riche période de transition, bientôt acquise aux séduisantes symétries du Siècle des Lumières. Tout au long de ces décennies, les formes instrumentales prospèrent en se transformant et une abondance de noms émerge, certes en retrait sur la trinité qu’on vient d’évoquer, mais qui n’en sont pas pour autant des petits maîtres. Parmi eux, Pietro Sanmartini qui, né à Florence, publia un important recueil instrumental en 1688 (Sinfonie a due violini, liuto et basso di viola), et aussi Francesco Magini, qui joue en expert des timbres des bois et cuivres dans la Sonata per li sonatori di fiato, e concerto de tromboni & cornetti, très gratifiante à l’écoute. Quant à Girolamo Kapsberger, on peut dire qu’il a la dimension d’un chef d’école, s’agissant d’un Allemand plébiscité par son pays d’adoption. Avant tout, il fut un virtuose du luth et du théorbe, d’où ces qualificatifs flatteurs de « Tedesco della Tiorba » (Allemand du théorbe) et de « Nobile Alemanno » (noble Alémanique), écho d’une admiration unanime. Né vers 1580, il séjourna d’abord à Venise, puis s’installa à Rome où il mourut célèbre en 1651 (Kircher fera son éloge dans sa Musurgia Universalis). Outre deux livres d’arie passeggiate, il laisse deux recueils de tablatures de luth qui mettent en lumière le rôle décisif qu’il a joué dans l’évolution du répertoire et de la technique de l’instrument et de ses dérivés (le colascione, dont il est question ce soir, est un petit luth à long manche, très prisé dans l’Italie méridionale de l’époque). 8 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 9 VENDREDI 30 MARS De même, le Toscan Bernardo Pasquini (1637-1710) est, en dehors de ses activités à la scène et comme auteur d’oratorios, un repère important dans l’histoire de l’orgue et du clavecin transalpins, qu’il mène des schémas frescobaldiens à un art coloré et mobile, déjà proche du bonheur métrique de Domenico Scarlatti (Toccata con lo scherzo del Cucco). Au-delà, une impression d’harmonieuse effervescence monte de ce trop bref itinéraire dans le concert romain. Et la leçon acoustique s’y fait acte de convivialité, à l’enseigne de cette Académie d’Arcadie déjà citée dont Pasquini, avec son ami Corelli, étaient membres, et qui tourne alors à l’atelier européen pour plus d’un talent de premier plan. Tel, mais ceci est une autre histoire, le jeune Haendel, fraîchement arrivé d’Allemagne et enflammant de son génie les joutes virtuoses organisées par l’illustre assemblée au tout début du Settecento. Roger Tellart 9 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Jean Tubéry Passionné par la musique italienne du XVIIe siècle, Jean Tubéry, après des études de flûte à bec aux conservatoires de Toulouse et d’Amsterdam, décide de se consacrer à l’un des instruments les plus appropriés pour la faire revivre : le cornet à bouquin. Il suit alors l’enseignement de Bruce Dickey à la Schola Cantorum de Bâle, dont il obtient le diplôme de concertiste. Il a joué avec les ensembles Clemencic Consort, Clément Janequin, Les Arts Florissants, Collegium Vocale de Gand, Concerto Vocale, Hespèrion XXI, Huelgas, Cantus Cölln, Elyma, La Petite Bande, Il Giardino Armonico, etc. En 1990, il fonde l’ensemble La Fenice, avec lequel il obtient dans la foulée le premier prix des concours internationaux de musique ancienne de Bruges et de Malmö. Il a enregistré pour les firmes Ricercar, Accent, Erato, Harmonia Mundi, Sony Classical, Virgin, Opus 111, Naïve… ainsi que pour de nombreuses radios et télévisions nationales en Europe, aux États-Unis et au Japon. La série discographique « L’Héritage de Monteverdi » réalisée avec le label Ricercar a été saluée par la presse spécialisée. Par ailleurs, Jean Tubéry enseigne le cornet à bouquin et donne des cours d’interprétation au CNR de Paris et au Conservatoire Royal de Bruxelles. Il est invité à donner des master-classes au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, au Conservatoire du Luxembourg, au Centre Vocal Européen, au Mannes College de New York, à l’Université d’été du Connecticut, à la Case University de Cleveland, à la Schola Cantorum de Bâle, à l’Université d’Oxford et à la Musikhochschule de Trossingen (Allemagne). Son intérêt pour le répertoire Page 10 vocal l’amène également à la direction de chœur, qu’il a étudiée auprès de Hans Martin Linde et Pierre Cao. Il a ainsi été sollicité par des ensembles tels que Jacques Moderne (Tours), Arsys (Vézelay), Dunedin Consort (Édimbourg), Norway Solistenkor (Oslo) et le Chœur de Chambre de Namur, dont il est le chef titulaire, dans un répertoire allant de la Renaissance au Baroque français du Grand Siècle. Dans le domaine de la musique scénique, il a été invité à diriger la Rappresentatione di Anima e Corpo de Cavalieri au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles en 2001. La même année, Jean Tubéry est nommé Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la culture Catherine Tasca. En 2003, il reçoit avec l’ensemble La Fenice le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros pour les enregistrements Messe pour la Toison d’Or de Mateo Romero et Trionfi Sacri de Giovanni Gabrieli. À l’occasion du quinzième anniversaire de son ensemble La Fenice en 2005, Jean Tubéry a dirigé et mis en espace l’Orfeo de Monteverdi en France, en Belgique et en Espagne. La même année, il se voit confiée la direction artistique du Chœur de Chambre de Namur. À la tête de cette formation et de l’orchestre baroque Les Agrémens, il aborde un répertoire plus tardif allant jusqu’aux cantates de Johann Sebastian Bach, créant l’événement aux festivals d’art sacré de Lourdes, Paris et Lyon. Enfin, ses tout derniers enregistrements consacrés à Marc-Antoine Charpentier et Giacomo Carissimi ont été unanimement salués par la presse musicale internationale, reconnaissant en son travail une rigueur musicologique au service d’une inventivité artistique 10 toujours renouvelée. En 2006, il reçoit le prix Liliane-Bettencourt à l’Académie des Beaux-Arts de Paris pour son travail avec le Chœur de Chambre de Namur. La Fenice Le phénix – en italien la fenice – est, à l’origine, cet oiseau fabuleux de la mythologie qui, après avoir vécu plusieurs siècles, se consume avant de renaître de ses cendres. Symbole du rayonnement de la musique italienne dans l’Europe baroque, la Fenice fut également le titre d’une œuvre due à Giovanni Martino Cesare, cornettiste et compositeur qui s’expatria au-delà des Alpes au début du XVIIe siècle. C’est aujourd’hui le nom emprunté par un groupe de musiciens réunis par le cornettiste Jean Tubéry et animés du désir de faire partager leur passion pour la fastueuse musique vénitienne de l’époque baroque, en la révélant dans son extraordinaire vitalité. Le répertoire de l’ensemble s’étend néanmoins à toute l’Europe et couvre plus de deux siècles de musique. Le cornet à bouquin fut en effet couramment adopté dès le début du XVIe siècle par Josquin-Des-Prez et ses contemporains, et ce jusqu’à Johann Sebastian Bach, qui l’utilise dans plusieurs de ses cantates. On retrouve le cornet auprès des voix dans la musique sacrée durant toute la période baroque, comme par exemple à la chapelle royale de Versailles, qui le mentionne dans ses registres jusqu’en 1733. « Quant à la propriété du son qu’il rend, nous dit le père Mersenne dans son Harmonie universelle (Paris, 1636), il est semblable à l’éclat d’un rayon de soleil qui paraît dans l’ombre ou dans les ténèbres, lors qu’on l’ent cath Sou inst part voca leur qui enti reco avec anc prog ame dès inte par Amb Lim des d’Île Cité Sac en-T Bâle Lisb Vien Équ Rice K617 réco disti Diap Gold le G en 2 La Fe Régi Bour de S du C et de t ie vail r. nne e més n e e x ple elle t 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 11 VENDREDI 30 MARS l’entend parmy les voix dans les églises, cathédrales ou les chapelles… ». Soucieux de respecter les instrumentations originales, particulièrement dans la musique vocale, où elles éclairent le texte de leur portée symbolique, l’ensemble – qui réunit des musiciens issus de l’Europe entière, solistes internationalement reconnus qui collaborent également avec les meilleurs ensembles de musique ancienne – varie selon les différents programmes des concerts qu’il est amené à donner. La Fenice a remporté dès ses débuts deux premiers prix internationaux. Elle est invitée depuis par les plus grands festivals en France – Ambronay, La Chaise-Dieu, Haut-Jura, Limoges, Lourdes, Nantes (Printemps des arts, Folles Journées), Paris (Festival d’Île-de-France, Festival d’Art Sacré, Cité de la musique, les Grands Concerts Sacrés), Sablé-sur-Sarthe, Saint-Michelen-Thiérache, Versailles – en Europe – Bâle, Brême, Bruges, Glasgow, Innsbruck, Lisbonne, Milan, Oslo, Palerme, Utrecht, Vienne –, et au-delà – États-Unis, Équateur, Japon… Ses enregistrements – Ricercar, Opus 111, Naïve, Virgin Classics, K617… – se voient régulièrement récompensés par les plus hautes distinctions (Choc du Monde de la Musique, Diapason d’Or, 10 de Répertoire, 5 Étoiles Goldberg…). Deux d’entre eux ont reçu le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros en 2003. La Fenice bénéficie du soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne (Ministère de la Culture), de la Ville de Sens, du Conseil Régional de Bourgogne, du Conseil Général de l’Yonne et de la Caisse des Dépôts et Consignations. Concert enregistré par France musique on 11 7/03/30 IL CAPITOLINO:N 23/03/07 16:36 Page 12 Et aussi… > CONCERTS > COLLOQUE > MÉDIATHÈQUE SAMEDI 19 MAI, 20H DIMANCHE 20 MAI, 16h30 Existe-t-il une école française de piano (1780-1815) : Facture, écriture et pratique instrumentale • Venez réécouter ou revoir les concerts que vous avez aimés. • Enrichissez votre écoute en suivant la partition et en consultant les ouvrages en lien avec l’œuvre. • Découvrez les langages et les styles musicaux à travers les repères musicologiques, les guides d’écoute et les entretiens filmés, en ligne sur le portail. http://mediatheque.cite-musique.fr Œuvres de Robert Schumann, Franz Liszt, Arnold Schönberg, Alban Berg, Ludwig van Beethoven et Paul Hindemith Elena Bashkirova, piano Solistes du Festival de Jérusalem Samedi 28 et dimanche 29 avril, de 10h à 18h à La Borie-en-Limousin (87110 Solignac) Organisé par le Musée de la musique et l’Ensemble Baroque de Limoges Renseignements : 05 55 00 51 90 SAMEDI 9 JUIN, 20H LA SÉLECTION DE LA MÉDIATHÈQUE Jean-Féry Rebel Ulysse Nous vous proposons… JEUDI 14 JUIN, 20H Sonates de Domenico Scarlatti Pierre Hantaï, clavecin DIMANCHE 17 JUIN, 16H30 > MUSÉE DIMANCHE 1ER AVRIL À 15H Visite en musique pour adultes et adolescents « Autour du chant » SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 AVRIL DE 14H30 À 17H30 Concert promenade « Itinéraires d’Orient et d’Occident » Pendant les vacances, des visites ateliers et des visites contes sont proposées du mardi au dimanche pour le jeune public à partir de 4 ans. José Antonio Carlos de Seixas Messe en sol majeur Georg Friedrich Telemann Psaume 71 Ode au tonnerre Akademie für Alte Musik Berlin RIAS Kammerchor Hans-Christoph Rademann, direction Simone Nold, soprano Tove Dahlberg, alto Thomas Walker, ténor Henryk Böhm, basse Konrad Jarnot, basse > COLLÈGE L’opéra baroque 20 séances du mardi 7 novembre au mardi 15 mai, de 15h30 à 17h30 … de consulter en ligne dans les « Dossiers pédagogiques » : Le baroque dans « Repères musicologiques » … d’écouter : Italian baroque concertos. Arcangelo Corelli, Pietro Castrucci, Alessandro Scarlatti, Antonio Vivaldi, Francesco Stradella par l’Orchestra of the Age of Enlightenment … de lire : Arcangelo Corelli de Philippe Venturini • Alessandro et Domenico Scarlatti d’Adélaïde de Place … d’écouter en suivant la partition : Sonates pour violon op. 5 de Corelli par The Locatelli Trio • La Folia de Corelli par Jordi Savall … de consulter les partitions : Sonate en fa n° 2 pour cornetto et cordes de Pietro Baldassare • Sonata à 4, deux violons et deux cornetti d’Alessandro Stradella • Sonata en fa majeur, pour flûte à bec alto et basse continue d’Alessandro Scarlatti > ÉDITIONS Figures de la passion Collectif. Catalogue d’exposition, 287 pages. Éditeur: Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef: Pascal Huynh | Rédactrice: Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus Photo couverture © Isabel Munoz/Agence Vu | Imprimeur SIC | Imprimeur Gerfau | Licences no 757541, 757542, 757543 La Simphonie du Marais Hugo Reyne, direction Bertrand Chuberre, baryton Guillemette Laurens, mezzo-soprano Stéphanie Révidat, soprano