Raphaël - Bien Boire en Beaujolais
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Raphaël - Bien Boire en Beaujolais
P Raphaël Chopin Petit mais costaud ! 4,8 ha en Régnié, Morgon et Beaujolais-Villages Viticulture en lutte raisonnée Travail des sols et tri de la vendange Signe particulier : joue avec le chaud et le froid lors des thermovinifications ugnace. Voilà un trait de caractère rare chez les jeunes de son âge. Du haut de ses 27 ans, ce « gone », comme on dit dans le coin, ne « lâche rien ». Et de citer tout de go l’écrivain Bernard Weber dont il est fidèle lecteur : « Ce n’est pas parce que c’est impossible que l’on ne le fait pas, c’est parce qu’on ne le fait pas que c’est impossible ». Le gars est né le 21 novembre, un jour de Beaujolais Nouveau. Autant dire que le vin était, déjà, dans le berceau. Bien que venant d’une famille originaire du village établie depuis le début du XXe siècle, ses parents n’étaient pas vignerons mais son grand-père si. Sa mère l’a « poussé », elle qui n’a pas pu être vigneronne et qui s’est dirigée dans le secteur bancaire. C’est sa grand-mère qui était heureuse de voir revivre le métier et surtout la cave de son défunt mari. Même s’il exploite un vignoble de poche, il s’exprime au travers de trois appellations : Régnié, Morgon et Beaujolais Villages réparties en parts égales sur 4,8 hectares. Il produit 11 000 bouteilles ce qui représente à peine 15 % en bouteilles, le reste partant en vrac à de bons négociants locaux. L’histoire retiendra que son départ en stage et un raté dans le suivi de son dossier d’installation lui auront permis de commencer en 2009 alors que le pluvieux et difficile 2008 l’attendait… Comme beaucoup de jeunes de sa génération, un stage à l’étranger lui a ouvert les yeux sur un monde de vins et sur les vins du monde. Comme Julien Clerc, il rêvait de « La Californie » mais les vendanges avaient lieu au même moment en Beaujolais. Ce sera donc l’Australie dans un « petit » domaine de 60 hectares... Il en retient « une sacrée expérience ». Il y a appris une façon de vinifier bien différente de celle de sa région d’origine avec une maîtrise poussée des températures dans le froid comme dans le chaud. Mais alors qu’il aurait pu vivre confortablement de son métier de « winemaker » aux antipodes, ses vignes et l’attachement à son pays Beaujolais l’on fait revenir en France. S’il travaille ses vignes en lutte raisonnée, il avoue ne pas être encore prêt à passer en viticulture biologique, car les contraintes lui semblent trop fortes. Par contre, le travail des sols et le tri de la vendange sont selon lui des actes nécessaires à la qualité de base. En travaillant après pressurage sur trois semaines à froid, il extrait un fruité tendre sur ses rosés. Et il l’applique modérément sur les Beaujolais. « Je joue avec le froid comme avec le chaud dans mes thermovinifications. Mais j’adapte ma méthode en fonction de chaque cuvée. Une cuvée, c’est une toile vierge sur laquelle je peins mon tableau ou ma musique. Quand je vinifie, je suis hors du temps ». Rien de surprenant quand on se prénomme Raphaël… et Chopin ! Raphaël aime ce métier qu’il a choisi mais avoue qu’il ne se tuerait pas à la tâche s’il ne pouvait plus le pratiquer avec plaisir, comme il le vit aujourd’hui. S’il vend désormais ses cuvées auprès de quelques restaurants locaux, ce sont surtout lors des « foires-salons » qu’il rencontre ses clients. Nombreux sont ceux qui prennent trois ou six bouteilles et le rappellent ensuite pour en prendre 24. « Le commerce a changé et il faut être disponible ». Alors sa cave reste ouverte en dehors de ses traditionnelles portes ouvertes de juin et décembre. Selon Raphaël, « la confiance se gagne plus qu’elle ne se mérite par l’appellation ou le nom ». Vous avez dit pugnace ? B ea u j o l a i s-V i ll a g e s • M o r g o n • rég n ié « La confiance se gagne plus qu’elle ne se mérite par l’appellation ou le nom. » 13