L`heure espagnole, opéra de Maurice Ravel Gianni Schicchi, opéra

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L`heure espagnole, opéra de Maurice Ravel Gianni Schicchi, opéra
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L’heure espagnole, opéra de Maurice Ravel
Gianni Schicchi, opéra de Giacomo Puccini
par laurent bergnach
Opéra national de Lorraine, Nancy - 2 octobre 2016
opéra (/chroniques/1/2016)
Créés dans le premier quart du XXe
siècle, à moins de dix ans d’intervalle,
L’heure espagnole (Paris, 1911) et Gianni
Schicchi (New York, 1918) sont réunis
aujourd’hui pour cinq représentations
destinées à promouvoir de jeunes
chanteurs, auditionnés avant de participer
à une master class avec Ludovic Tézier.
L’œuvre de Maurice Ravel, plus discrète
sur nos scènes que L’enfant et les
sortilèges
(1925),
est
celle
d’un
trentenaire qui écrit son premier opéra
entre les pianistiques Gaspard de la nuit
(1908) et Le tombeau de Couperin (1917).
L’intention avouée est de renouer avec la
tradition de l’opéra-bouffe. Au Figaro, il
confie : « c’est essentiellement par la
musique,
l’harmonie,
le
rythme,
l’orchestration, que je voulais que
s’exprime l’ironie, et non, comme dans
l’opérette, par une comique mais arbitraire
accumulation de mots ».
Pour Giacomo Puccini, il s’agit aussi de faire rire le public – il en rêve depuis longtemps –, sans s’oublier lui-même. Le musicien écrit
d’ailleurs à Giovacchino Forzano, librettiste des deux derniers éléments d’Il trittico : « après Il tabarro, tout de noir teinté, je ressens le
désir de m’amuser ». L’opera buffa du XVIIIe siècle ainsi que la commedia dell’arte vont servir de modèle à celui qui veut « en finir avec les
vieilles carcasses coutumières » – comme le rappelle Marcel Marnat dans sa biographie de l’Italien [lire notre critique
(http://www.anaclase.com/content/marcel-marnat ) de l’ouvrage] –, et mettre à jour la farce du monde, à l’instar de Verdi dans son Falstaff
testamentaire.
Si ce divertissement campé au Moyen Âge fait l’objet d’accouplages parfois étonnants – Eine florentinische Tragödie [lire notre
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chronique (http://www.anaclase.com/chroniques/eine-florentinishe-trag%C3%B6die-une-trag%C3%A9die-florentine ) du 6 février 2012], La notte di un
nevrastenico (en juin prochain, à Montpellier), etc. –, son mariage avec la pochade de Franc-Nohain va de soi. Outre l’humour, on y trouve
nombre de points communs tels l’amour (déçu et frivole chez Ravel, naissant et tenace chez Puccini) et le triomphe de l’homme modeste,
voire méprisé (à Tolède, « le muletier a son tour », tandis que le campagnard Schicchi rafle la mise à Florence).
Le temps importe aussi, celui d’une étreinte ou du trépas. Une horloge géante sert de décor à la boutique de Torquemada, marquant
de son thermomètre la fièvre adultérine. Clair mais confidentiel, David Margulis (Horloger) est trahi par la coquine Éléonore Pancrazi
(Concepción), mezzo au chant agile mais encore assez cru. Si Thibault de Damas (Gomez) est sonore autant qu’inégal, Gilen Goicoechea
(Ramiro), baryton ample, rond et souple, s’avère irréprochable, mais plus encore Jean-Michel Richer (Gonzalvo), ténor puissant et nuancé
qui monopolise l’écoute. À la fin du quintette donné rideau baissé, le tissu s’ouvre : l’horloge est désormais dans un coin de l’appartement
de Buoso Donati (Yves Breton), vieillard attablé qui tombe le nez dans un plat de spaghetti. Entracte !
La seconde partie a notre préférence, tant pour la lecture moins fade de Michael Balke, en fosse avec l’Orchestre symphonique et
lyrique de Nancy, que par la direction d’acteurs plus fouillée de Bruno Ravella – sans parler du texte, indémodable. Quatre des artistes cités
plus haut y incarnent des rôles secondaires, laissant place à un excellent trio de tête : Adrien Barbieri (Schicchi) à la belle pâte vocale,
Laura Holm (Lauretta) au soprano fluide et prometteur, ainsi que Jérémie Schütz (Rinuccio), d’une santé lumineuse [lire notre chronique
(http://www.anaclase.com/chroniques/ariodante-3) du 15 avril 2016]. Quant au reste de la famille, il offre à prendre et à laisser ; aussi termineronsnous par Alejandro Gábor, Notaire tranquille à l’articulation soignée.
LB
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