Le livre de Daniel - TJ

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Le livre de Daniel - TJ
Le livre de Daniel
Extrait du Via Veritas
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Le livre de Daniel
-- Du jéhovisme - Le fondamentalisme - La Bible - Formation du canon biblique --
Publié le samedi 29 décembre 2007
Modifié le vendredi 22 février 2008
Fichier PDF créé le mercredi 27 février 2008
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Le livre de Daniel
Le livre de Daniel consiste en douze chapitres, quoique qu'il comporte d'autres chapitres supplémentaires, dont nous
aborderons uniquement la première partie qui est narrative.
Comme pour le livre de Jonas, l'auteur prétend être le personnage central toutefois les nombreuses erreurs
historiques qu'il commet révèlent un écrit de pseudépigraphie. Son ignorance des évènements du VIe siècle av JC
se révèlent dans les erreurs suivantes :
•
•
•
Erreurs pour les détails concernant la chute de Jérusalem.
Erreurs pour le personnage Balthazar/Belchatzar
Erreurs pour la succession des royaumes babyloniens.
L'ensemble des experts s'accordent à dire que ce livre fut rédigé entre 167 et 164 avant notre ère et suivant
d'excellentes raisons, n'en déplaisent aux fondamentalistes !!! Etudions -les. (Pour cet article, j'ai utilisé la traduction
de la Bible de Jérusalem)
<h3 class=\"spip\">Les erreurs et anachronismes de Daniel.</h3>
• Erreurs pour la chute de Jérusalem :
Daniel 1 :1-2 En l'an trois du règne de Joiaqim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, s'en vint à Jérusalem
et l'investit. Le Seigneur livra entre ses mains Joiaqim, roi de Juda, ainsi qu'une partie des objets du Temple de Dieu.
Il les emmena au pays de Shinéar et déposa les objets dans le trésor de ses dieux
Ce passage est rempli d'erreurs historiques et d'anachronismes.
•
D'abord le nom du roi de Juda concerné par le siège est faux. 2 Rois 24 :10 nous apprend que ce fut Joiakîn, le
fils de Joiaqim, contre qui Nabuchodonosor (Nebuchadressar) tint le siège. De plus, la troisième année de
Joiaqim aurait été 606 avant notre ère. Mais Nabuchodonosor n'était pas encore roi à ce moment là ! Il devint roi
en 605-604 av notre ère, la quatrième année du règne de Joiaqim.
•
Ensuite l'utilisation du mot Shinéar est un anachronisme. Ce nom était utilisé pour désigner Sumer au temps
d'Abraham. Durant la période exilique, c'est-à-dire à l'époque ou le livre de Daniel est supposé avoir été écrit, la
désignation correcte était la Chaldée et non Shinéar.
•
Erreurs pour Balthazar (ou Belshazzar)
Daniel 5:1-2 Le roi Balthazar donna un grand festin pour ses seigneurs, qui étaient au nombre de mille, et devant
ces mille il but du vin. Ayant goûté le vin, Balthazar ordonna d'apporter les vases d'or et d'argent que son père
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Nabuchodonosor avait pris au sanctuaire de Jérusalem, pour y faire boire le roi, ses seigneurs, ses concubines et
ses chanteuses.
Ce passage innocent est tout simplement rempli d'erreurs historiques.
Balthazar/Belshazzar, ou plus correctement Bel-shar-utsur (\"Bel, protège le Roi\"), ne fut jamais roi. Il fut un
prince héritier mais ne devint jamais roi de Chaldée, royaume qui s'effondra durant le règne de son père.
Nabuchodonosor n'était pas le père de Balthazar. En fait, il n'y a même pas de relation familiale entre les deux
personnages. Nabuchodonosor mourut en - 562 laissant son royaume à Amêl-Marduk qui ne régna que deux ans
avant d'être assassiné par son beau-frère Nergal-shar-usur (Nériglissar). Nériglassar occupa le règne pendant
seulement quatre ans. Après sa mort en -560, son fils, le petit-fils de Nabuchodonosor, Labashi-Marduk devint roi. Il
y eut une révolte, et Labâshi-Marduk fut détrôné au profit de Nabonide.(Nabu-naido signifiant « Nabu est
glorieux »).Nabonide n'avait aucune relation familiale quelconque avec Nabuchodonosor. Il fut le dernier roi de
l'Empire Chaldéen et Balthazar était son fils. [1]
•
Erreurs concernant la succession des rois babyloniens.
Daniel 5:30-Daniel 6 :1 Cette nuit-là, le roi chaldéen Balthazar fut assassiné et Darius le Mède reçut le royaume,
étant âgé déjà de 62 ans.
Encore une autre déclaration historiquement fausse. Tout d'abord, le royaume chaldéen tomba aux mains des
Perses et non des Mèdes (en -538). Le roi qui conquit la Chaldée était Cyrus le Perse. Il n'y a aucun quelconque
Darius le Mède historique ! Il y a toutefois un Darius, roi de Perse qui devint roi en -521, soixante-dix ans après la
chute de Babylone. Darius le Perse fut un roi très connu à l'antiquité et il est évident que l'auteur du livre de Daniel a
pensé de manière erronée qu'il fut le conquérant de l'empire chaldéen. [2]
L'auteur de Daniel révèle d'autant plus son ignorance de l'histoire quand il écrit :
Daniel 9:1 En l'an un de Darius, de la race des Mèdes, fils d'Artaxerxés, qui régna sur le royaume de Chaldée,
Maintenant, l'auteur se réfère à Darius Ier le Perse mais c'est dans une déclaration erronée. Le père de Darius était
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Hystaspes Ahasuerus, en se basant sur Esdras 4 : 5-6 peut-être correctement identifié avec Xerxès I Mais Xerxès I
était le fils de Darius, pas son père !
Comme un coup de grâce contre l'authenticité de ce livre, le rédacteur écrit le passage suivant :
Daniel 6:28 Ce même Daniel fleurit sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse.
Un hommage de sa propre personne à la troisième personne du singulier est déjà pour le moins absurde et
révélateur de la pseudépigraphie mais révèle aussi son ignorance historique. Le passage au-dessus montre que le
rédacteur croit que l'empire chaldéen tomba d'abord sous le joug des Mèdes puis sous le joug des Perses. C'est
complètement uchronique. L'histoire nous apprend que les Medes et les Chaldéens coexistèrent, s'allièrent contre
les Assyriens pour s'en libérer (bataille de Ninive en -612) puis après quelques années que les Medes furent
assujetis aux Achéménides par Cyrus II (cf. Chronique de Nabonide) à la bataille d'Alyatte en -549 après plusieurs
années de guerres. Cyrus II fut déclaré roi des Perses en -546. [3]
<h3 class=\"spip\">La datation du livre de Daniel.</h3>
Le livre de Daniel est tellement rempli d'erreurs historiques, d'inexactitudes que la plus grande majorité des experts
(en excluant les fondamentalistes évidemment) considèrent que Daniel fut écrit beaucoup plus tard (entre -167 et
-164) que la prétendue période de l'écrivain. Comment les savants concluent-ils cela ? Laissez-nous vous l'expliquer
car c'est très important.
1/ Nous savons que le livre n'a pas pu être écrit au VIe siècle av.n.ère car il énumère des erreurs que quiconque de
l'époque aurait pu contredire ou qu'un témoin oculaire de ces évènements n'auraient jamais écrits.
2/ La déclaration de Daniel 9 :2 : « en l'an un de son règne, moi, Daniel, je scrutai les Ecritures, computant le nombre
des années tel qu'il fut révélé par Yahvé au prophète Jérémie qui doivent s'accomplir pour les ruines de Jérusalem, à
savoir 70 ans. »
Ceci est révélateur. Le prophète Jérémie vécut au moment de la chute de Jérusalem par Nabuchodonosor en -587. Il
était donc un proche contemporain de Daniel. Le temps du Daniel imaginaire est tout simplement trop court pour que
le livre de Jérémie soit considéré comme « Ecriture » (signifiant « écriture sainte »). En fait, nous savons que le livre
de Jérémie fut (plus ou moins) considéré comme étant sacré par les Juifs vers -200 et cela de manière non
unanime. [4] Donc, Daniel ne pouvait pas écrire avant cette époque...
Daniel est par contre très précis dans les prédictions des évènements précédents la prise de Jérusalem et la
profanation du temple de Jérusalem par Antiochos en Décembre -167 ! [5]
Après cela Daniel commence à se fourvoyer. Daniel 11 :45 prédit qu'Antiochos IV mourra « entre la mer et les monts
de la Sainte Splendeur », ceci désignant Jérusalem et la mer Méditerranéenne. Cependant Antiochos IV mourut en
Perse en -164.
Pour résumé, le rédacteur fit des erreurs pour les évènements du lointain passé (6e siècle av JC), fut
remarquablement précis pour le détail des évènements précédents la profanation du temple en -167 et il fit des
erreurs pour les évènements suivant -164. Il est donc évident que notre « Daniel » a écrit son livre après les
évènements de -167 et avant la mort d'Antiochos IV en -164. [6]
<h3 class=\"spip\">Autres preuves d'une rédaction tardive</h3>
Voici d'autres indications montrant l'impossibilité d'une rédaction à l'époque néo-babylonienne suivant le livre An
Introduction to the Literature of the Old Testament [7]
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Le livre de Daniel
1. Sa position dans le canon Juif, non parmi les prophètes, mais dans la collection des écrits tardifs appelés les
Hagiographes, dans lesquels figure le livre d'Esther.
2. Jesus ben Sirach, écrivant vers 190 avant notre ère, dans son livre énumére des Israelites-Juifs de renoms
(chapitre 44-50) en mentionnant Isaïe, Jérémie, Ezechiel et les douze petits prophètes mais absolument rien pour
Daniel.
3. Les \"Chaldéens\" en Daniel 1:4 ; 2:2, etc sont synonymes de la classe des hommes sages. Ce sens est inconnu à
l'époque Assyro-Babylonienne mais elle est caractéristique de la fin de l'époque Perse et Héllenistique.
4. Le nombre de mots perses dans le livre, spécialement la partie araméenne est étonnant (cf. prtmym signifiant
\"nobles\" en Daniel 1:3 venant de l'Avestique \"fratema\" et du Sanskrit \"prathema\", and bien d'autres). De tels mots
ne se retrouvent que dans les écrits rédigés après que l'empire Perse se soit suffisamment organisé pour que son
influence soit établie. Ceci est complètement innatendu de la part d'un Daniel écrivant sous la suprématie
babylonienne.
5. Daniel ne contient pas seulement des mots perses, mais aussi trois mots grecques : qytrs < kitharos (3:5, 7, 10,
15), psntryn < psalterion (3:5, 7, 10, 15), et swmpnyh = symphonia (3:5, 15). L'utilisation de ces trois mots
anachroniques donnent une preuve évident d'une rédaction après Alexandre le Grand. De plus, le mot symphonia
définissant \"un instrument de musique\" n'est apparu qu'après la période babylonienne.
6. L'araméen de Daniel est un dialecte Araméen de l'Ouest qui se retrouve en Palestine, connu par des inscriptions
le datant du IIIe siècle av. JC au IIe siècle av.JC ainsi que les Targums d'Onkelos et Jonathan.
7. L'hébreu de Daniel ressemble à l'hébreux postérieur à l'époque de Néhémie, contenant plusieurs mots ou de
l'hébreu rabbinique ou seulement connu dans la Mishnah, Esdras, Chroniques, Néhémie et Esther.
8. La théologie du livre de Daniel pointe vers une époque plus tardive que l'époque de l'exil. La doctrine du Messie
(\"le Fils de l'Homme\"), des anges, la résurrection, le jugement du monde, sont décris d'une manière très précise et
sont plus développés plus que nulle part ailleurs dans l'Ancien Testament. On retrouve uniquement ces concepts
dans 1 Enoch (-100 av notre ère) et les Manuscrits de la mer Morte (200 av JC - 68 ap JC).
<h3 class=\"spip\">Les raisons de la pseudépigraphie de Daniel.</h3>
La question se présente : Pourquoi l'auteur du livre de Daniel adopte la prétention d'écrire au sixième siècle avant
notre ère ?
Pour une simple (mais malhonnête) raison ; au temps où il viendrait à être lu, bon nombre des prétendues prophéties
se seraient accomplis. Cela donnerait du crédit au livre et accorderait encore plus de valeur aux prophéties futures
annoncées. Par sa duperie, l'auteur de Daniel essaya d'emporter l'adhésion de ses lecteurs pour l'authenticité de ce
livre afin qu'ils puissent croire aux prophéties futures. Et comme le résume très bien l'historien Robin Fox dans son
livre « The Unauthorized Version » - p331,337 :
« Le livre de Daniel a tous les ingrédients familiers pour une « success-story » biblique : son héros n'a probablement
jamais existé, il lui fut accordé des visions qu'il n'a jamais eu et les place de manière fictionnelle comme si c'était de
l'histoire »
En conclusion, ce livre est une fraude littéraire.
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Le livre de Daniel
Post-scriptum :
Si vous désirez aller plus loin dans la lecture sur l'opinion des savants par rapport au livre de Danil, je vous encourage à lire les ouvrages
suivants :
•
Introduction aux Prophètes - Bible de Jérusalem Article Daniel - page 1277
•
Introduction à l'Ancien Testament Textes édités par Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan - 720 pages - Labor et
Fides (15 janvier 2004)
•
A Commentary on the Book of Daniel (Hermeneia : a Critical and Historical Commentary on the Bible) (Hardcover) par John Joseph
Collins, Frank Moore Cross et Adela Yarbro Collins. 500 pages de preuves que Daniel n'a jamais écrit ce livre.(en anglais)
[1] Asimov, Asimov's Guide to the Bible : p605-606 - Andersen, A Critical Introduction to the Old Testament : p210 - Roberts, The Pelican History
of the World : p129
[2] . Asimov, Guide to the Bible : p608 - Andersen, A Critical Introduction to the Old Testament:210 Roberts, History of the World : p129- Voir les
textes à ce sujet de Gaston Maspéro - Professeur de langue et d'archéologie égyptiennes au Collège de France - HISTOIRE ANCIENNE DES
PEUPLES DE L'ORIENT
[3] Un article du journal Le Monde très interessant sur les nouvelles découvertes pour Cyrus II
[4] Nous avons différentes versions du livre de Jérémie à Qumran. Celle que nous possédons dans nos bible et une plus courte avec des
prophéties ordonnées differemment - Source : L'aventure des Manuscrits de la Mer Morte - Hershel Shanks - p206-215
[5] Quelques exemples : Daniel 11:1-5 « prédit » »que le roi guerrier de Grèce conquerra la Perse, dirigera un vaste royaume, qui ne passera pas
à ses descendants et qui sera divisé aux “quatre vents du ciel”. Nous savons qu'Alexandre le Grand, « un guerrier grec » conquit l'empire perse et
qu'après sa mort en -323 son empire fut divisé parmi quatre de ses généraux : Cassandre, Lysimaque, Ptolémée et Séleucos.
Daniel 11 :5-6 « prédit » qu'après « quelques années », la fille du « Roi du Midi » devra se marier au « Roi du Nord » pour faire la paix. Nous
savons que vers -253, Antiochos II, le petit-fils de Séleucos I, le roi de Syrie et de Palestine (« le Nord ») a épousé Bérénice, la fille de Ptolémée II
, le roi d'Egypte (« le Midi »)
Daniel 11:6-7 “prédit” qu'elle (Bérénice, son époux et ses enfants) sera tuée par un « rejeton de ses racines ». Nous savons que Bérénice et
Antiochos furent tués vers -246 par le frère de Bérénice, Ptolémée III ;
Ces remarquables et exactes prédictions continuent jusqu'au verset 20 du chapitre 11 dans lequel il annonce qu'un roi « qui fera passer un
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exacteur portant atteinte à la splendeur royale » sera « en quelques jours il sera brisé, mais non au vu de tous ou à la guerre. ». Nous savons que
Séleucos IV, le petit-fils de Séleucide II, essaya d'extraire de l'argent des fonds du temple (« l'exacteur de la splendeur royale ») de Jérusalem
pour payer une énorme dette à Rome et qu'il fut assassiné par Héliodore (« non au vu de tous ou à la guerre »).
Finalement Daniel prédit l'ascension d' un « misérable » qui causera « l'abomination de la désolation. ». C'est Antiochos IV, qui succéda à son
frère Séleucos IV, qui profana le Temple de Jérusalem en plaçant un autel à Zeus (sur lequel étaient sacrifié des porcs). Ces évènements eurent
lieu en décembre -167.
[6] Vers la fin du IIIe siècle ap.JC, un critique païen nommé Porphyre attira l'attention sur le fait que les prophéties de Daniel cessèrent d'être
exactes après -167. Il conclut que le rédacteur du livre devait avoir écrit à cette époque. Bien entendu, quand la chrétienté devint le pouvoir
dominant dans l'empire Romain, les livres de Porphyre furent brûlés. C'est seulement vers le XIXe siècle que les spécialistes et exégètes
commencèrent à considérés que l'avis de Porphyre était le bon
[7] S.R Driver - 636 p. édition 2005
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