Cours d`introduction aux Travaux Pratiques de Physique Nucléaire 3
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Cours d`introduction aux Travaux Pratiques de Physique Nucléaire 3
Cours d’introduction aux Travaux Pratiques de Physique Nucléaire 3ème année 1. Structure de la matière 2. Radioactivité 3. Interactions Rayonnement-Matière 4. Application : détecteur à scintillations 5. Statistique Responsable : Silvia Ansermet Assistants : Rey Martin Bettler Marc-Olivier Zwahlen Nicolas Potterat Cedric Structure de la matière Echelle Terre-Soleil ≡ Echelle atomique Atome = Noyau + Electrons =⇒ VIDE ! Noyau = Protons + Neutrons (nucléons) On caractérise un noyau par : Z: le nombre de protons N: le nombre de neutrons A = Z + N : le nombre de nucléons −→ Notation : Rayon : Rnoyau ' r0A1/3 A ZX où r0 = 1.4 × 10−15m = 1.4 Fermi = 1.4 f m Volume : Vnoyau ' 34 πr03A =⇒ Volume/nucléons constant Densité volumique : ρnoyau ∼ 1018 kg/m3 soit 1015 supérieure à ρmatière On classe les éléments chimiques dans le tableau de Mendeleı̈v : Si 2 noyaux ont : le même nombre de protons ( Z ) : ISOTOPES 210 (208 82 Pb et 82 Pb ou le même nombre de neutrons ( N ) : ISOTONES 16 (14 6 C et 8 O) le même nombre de nucléons ( A ) : ISOBARES 60 (60 27 Co et 28 Ni) 12 6 C et 14 6 C) Masses de quelques particules : Depuis 1960, unité de masse : 1 u.m. = 1/12 M12C = 1.66×10−27 kg 6 Principe d’équivalence énergie-masse E=mc2 d’une particule au repos : 1 eV = 1.6×10−19 J ⇒ 1 eV/c2 = 1.78×10−36 kg L’électron-volt (eV) et ses multiples de 1000 (keV, MeV, GeV) sont également utilisés en physique nucléaire. Par abus de langage : eV/c2 → eV kg u.m. MeV électron e− 9.109×10−31 5.48597×10−4 0.511007 proton p 1.672×10−27 1.007277 938.258 neutron n 1.674×10−27 1.008665 939.551 2p + 2n 6.642×10−27 4.001506 3727.323 α Parallèle ATOME–NOYAU : Les électrons de l’atome peuvent être placés sur des couches ayant des niveaux énergétiques différents ⇒ Energie de liaison. Même image pour le noyau : on peut définir des niveaux d’énergie dans le noyau et placer les nucléons sur les niveaux d’énergie. MAIS Les ordres de grandeur des énergies sont différents : Atome eV – keV Eionisation (H)=13.6 eV Noyau 10 keV – MeV Eliaison (nucleon) ∼ 8 MeV Dans le cas des ATOMES comme dans celui des NOYAUX, l’état le plus stable, cad de plus faible énergie, est appelé état fondamental ATOME EXCITE ⇐⇒ NOYAU EXCITE/INSTABLE Un atome excité va vers un état plus stable en émettant un photon Un noyau excité ou instable va vers un état plus stable en émettant une ou plusieurs particules : radioactivité (α, β, γ) Radioactivité 3 types de radioactivité : α, β et γ Le noyau (instable) se désintègre (ou se désexcite) → noyau plus stable + émission de particule(s) • Radioactivé γ : A ∗ ZX −→A Z X+γ Schéma de désexcitation (57Fe) : Les photons émis sont monoénergétiques −→ spectre discret • Radioativité β : C’est la désintégration la plus répandue Due à l’interaction faible Elle intervient entre isobares β − : n −→ p + e− + ν̄ A ZX − Y + e + ν̄ −→A Z+1 β + : p −→ n + e+ + ν A ZX ! Uniquement dans un noyau ! + −→A Y + e +ν Z−1 EC : p + e− −→ n + ν A ZX + e− −→A Z−1 Y + ν EC (capture électronique) : absorption d’un e− par le noyau Le spectre en énergie des β est continu, car c’est une désintégration à 3 corps. Une désintégration β est souvent accompagnée d’une émission de γ, car le noyau produit peut se trouver dans un état excité Schéma de désintégration (60Co) : 60 27 E Co 5.2 a β − 99% Z 0.12% 2.505 MeV γ 1.33 MeV 0.7 ps γ 60 28 Le 60 Ni Co se désintègre dans 99% des cas en émettant un e− de 314 keV Le noyau fils est un 60Ni excité qui va retourner dans son état fondamental en émettant 2 photons (de 1.173 MeV et 1.332 MeV) • Radioativité α : Elle concerne les noyaux lourds (A>150) A ZX 4 −→A−4 Z−2 Y +2 He Schéma de désintégration : α 241 95 Am 458 a 12.8% 80 ps 103 keV E γ 22% 85.2% 78% 68.3 ns 59.5 keV γ 6% 33.2 keV γ 94% 237 93 Np Z Activité d’une source radioactive Pour 1 noyau, la probabilité de se désintégrer dans un intervalle de temps dt est λdt λ est le taux de désintégration Dans un ensemble de N noyaux, le nombre de noyaux qui se sont désintégrés durant dt est : −dN = λN dt ⇒ dN/N = −dt/λ Le nombre de noyaux radioactifs (qui ne se sont pas encore désintégrés) au temps t est N (t) = N0e−λt où N0 est le nombre initial de noyaux radioactifs. On definie l’activité d’une source comme étant le nombre moyen de désintégration par unité de temps : A = −dN/dt = λN (t) = A0e−λt Unité de mesure : 1 Becquerel (Bq) = 1 désintégration/s 1 Curie (Ci) = 3.7×1010 désintégration/s Ex : sources utilisées en TP : 1 µCi – 1 mCi Durée de vie C’est la moyenne des temps de vie d’un grand ensemble de noyaux : τ = 1/λ La période t1/2 est le temps au cours duquel la quantité d’un ensemble N0 de noyaux radioactifs diminue de moitié N (t1/2) = N0/2 = N0e−λt1/2 t1/2 = ln 2/λ = 0.693/λ t1/2 est aussi appelée période de demi-vie. Ex : Noyau t1/2 238 4.5×109 ans 1600 ans 27 ans 5.26 ans 270 jours 5.1 jours 3×10−7 s U 226 Ra 137 Cs 60 Co 57 Co 210 Bi 212 Po Interactions Rayonnement-Matière Les mesures de physique nucléaire nécessitent de détecter les particules : – soit pour compter les particules (compteur Geiger) – soit pour mesurer des quantites physiques (énergie, impulsion (direction), charge) Détecter une particule = Utiliser ses propriétés d’interaction avec la matière Toute particule qui traverse un bloc de matière va subir des interactions avec les atomes du milieu → conduit à une perte d’énergie (∆E) de la particule incidente Le type de l’interaction va dépendre du type de la particule incidente La perte d’énergie va dépendre de la particule incidente et des caractéristiques de la matière traversée Interaction ⇒ Perte d’énergie ⇒ Signal Signal = courant, tension, lumière, chaleur Si l’on veut mesurer l’énergie d’une particule, alors il faut que Signal ∝ ∆E La majorité des détecteurs donnent un signal proportionnel à l’énergie perdue (ex. de cas contraire : le compteur Geiger) Perte d’énergie par unité de longeur dans une collision (⇒ ionisation ou excitation de l’atome)entre une particule incidente quelconque (de charge zin e et de masse Min ) avec les électrons du milieu (de charge e et de masse me ) : − dE dx ! coll " 2m γv 2W 2ζ e max 2 2 Z zin 2 = 2πNare mec ρ ln − 2β − δ − Aβ I2 Z exprimée MeV/cm et où : Na : nombre d’Avogadro re : rayon classique de l’électron (2.817 · 10−15 m) ρ : densité du matériau A : poids atomique du matériau Z : nombre atomique du matériau β : v/c de la particule incidente γ : (1 − β 2)−1/2 Wmax : transfert maximal d’énergie lors d’une collision 2me c2 η 2 p Wmax = 1 + 2s 1 + η 2 + s2 avec s = me /Min et η = βγ I : potentiel d’excitation moyen I 7 Z = 12 + Z eV pour Z < 13 I = 9.76 + 58.8Z −1.19 eV pour Z ≥ 13 Z δ : correction de densité ζ : correction de couches (électroniques) # Perte d’énergie des e− et e+ • Par collision avec les électrons du milieu • Par radiation due à la décélération des e− /e+ incidents dans le champ électrique des noyaux dE dx ! = tot dE dx ! + collision dE dx ! radiation Perte par collision : ) ( dE varie avec l’énergie de la particule et est proportionnelle dx collision à Z −→ décroissance en 1/β 2 → minimum (minimum d’ionisation) −→ croissance logarithmique pour atteindre un plateau =⇒ Perte d’énergie est max pour les particules de faible énergie Perte par radiation (bremsstrahlung) : Emission d’un photon via une interaction électromagnétique avec les noyaux du milieu → la particule est ralentie Si k est l’énergie du photon émis, alors la section efficace différentielle de radiation (∼ probabilité pour qu’une particule émette un photon d’énergie k) pour une particule quelconque est : dσ dk ! 2 rad 5e 4 2 mc ' z Z ~c in Minv !2 re2 Minv 2γ 2 ln k k 2 La section efficace dépend de 1/Min ⇒ Mµ2/Me2 ∼ 40000 =⇒ Le bremsstrahlung affecte les particules légères comme les électrons ou les positrons ! i h ρ dE −1/3 + 1/18 − = 4Na Eiσ0 ln 183Z dx A rad où σ0 = Z 2re 2e2/~c et Ei est l’énergie de l’e−/e+ incident =⇒ Perte d’énergie est proportionnelle à Z 2 du matériau et à l’énergie de la particule incidente =⇒ Plus la matère traversée a un Z élevé, plus la perte d’énergie sera élevée =⇒ Plus la particule incidente a une énergie élevée, plus la perte d’énergie sera élevée Rapport radiation/collision : ! , ! dE dE dx dx rad = coll ZEi 1600mec2 =⇒ La perte d’énergie par collision/radiation est dominante pour les e− /e+ de faible/haute énergie Energie critique : Energie pour laquelle dE dx rad = → Ecrit dE dx coll 1600mec2 ' Z Longueur de radiation Lrad : Distance pour laquelle un e− /e+ voit son énergie diminuée par radiation d’un facteur e Matériau Energie critique(MeV) Longueur de radiation(cm) Air 102 30050 H2 O 92 36.1 Al 51 8.89 Fe 27.4 1.76 Cu 24.8 1.43 Pb 9.51 0.56 Annihilation des positrons : e+ + e− −→ γ + γ Probabilité max : pour un e+ au repos → 2 γ de 0.511 MeV Interaction des photons avec la matière • Effet photoélectrique • Diffusion Compton • Création de paires • Autres interactions Effet photoélectrique : Le photon (Eγ = hν) est absorbé par un électron atomique. L’atome est ionisé si Eγ > Eliaison → électron libre d’énergie Ee = Eγ − Eliaison Effet proportionnel à Z 4/Eγ3.5 → décroit quand Eγ croit → effet d’autant plus grand que la matière a un Z élevé Diffusion Compton : Diffusion d’un photon sur les électrons du milieu A chaque diffusion le photon perd une partie de son énergie (transmise à l’e−) T = hν − hν 0 hν 0 = hν 1+ε(1−cosθ) où ε = hν/me c2 → la perte d’énergie est maximale quand θ = π La section efficace est proportionnelle à Z et inversement proportionnelle à Eγ Création de paires : Si Eγ > 2me ⇒ le photon se “désintègre” en e− et e+ La section efficace de création de paires e− e+ est indépendante de l’énergie du photon si Eγ > 2me et est proportionnelle Z 2 Autres interactions : Diffusion de Rayleigh : diffusion des γ sur des e− atomiques sans exciter ou ioniser l’atome Absorption photonucléaire γ absorbé par le noyau. Fréquemment accompagné par l’émission d’un neutron Coefficient d’absorption Si on a un faisceau de N photons, le nombre de γ absorbées dans une épaisseur dx de matière est : dN = −µN dx où µ est le coefficient d’absorption Le nombre de γ à la sortie d’un matériau d’épaisseur x sera : N = N0 e −µx où N0 est le nombre initial de γ Le coefficient d’absorption µ est la somme des sections efficaces de toutes les interactions × la densité d’atomes de la matière De ce fait, µ est aussi appelé probabilité par unité de longueur pour une interaction On définie le libre parcours moyen d’une particule comme 1/µ Application : détecteur à scintillations TP : crystal scintillant NaI + Photomultiplicateur + Chaı̂ne d’électronique → SIGNAL (tension) ∝ ∆E Détecteur à scintillations C G NaI PM A S AM source dt NaI PM A S G dt AM Cristal scintillant Photomultiplicateur Amplificateur Selecteur d’amplitude Générateur d’une fenêtre temporel Unité de retard Analyseur multi−canal Crystal scintillant : absorbe l’énergie en la réemettant sous forme lumineuse Caractéristiques d’un scintillateur : Le rendement de scintillation : η La longeur d’onde des photons : λ (entre 350 et 500 nm) Temps de réponse rapide Constante de décroissance lumineuse : τd (N = N0/τde−t/τd avec τd < 5 ns) Photomultiplicateur : convertir la lumière en signal électrique Caractéristiques : Rendement quantique de la cathode : ε (∼ 15%) = Proba qu’un γ produise un e− Facteur de collection (espace de focalisation) : f (∼ 90%) Multiplicateur (dynodes) : n (de 10 à 15) Facteur d’émission secondaire : d dépend de la nature des dynodes et du potentiel Gain du multiplicateur : G = dn (∼ 105 − 108) Résolution du détecteur : Fluctuations de dE/dx ⊕ Fluctuations de la collection des γ sur la photocathode ⊕ Fluctuations de l’émission des photoélectrons ⊕ Fluctuations de l’émission des électrons secondaires des dynodes = Fluctuations de la mesure de l’énergie des particules incidentes Pour un faisceau de particules monoénergétiques (dans un détecteur ∞) → pic centré autour de Vm et de largeur à mi-hauteur FWHM La résolution du détecteur est R = FWHM/Vm = 2.35 σV /Vm où σV /Vm = r d E × f ηε d − 1 hv Détecteur de taille ∞ Détecteur de petite taille Dans les conditions du TP Règles élémentaires à suivre dans le labo Radioactivité = Danger pour les être vivants PRUDENCE Mais pas de panique ! Les sources utilisées sont – scellées – de faible activité (=< 1 mCi) – placées dans des enceintes de plomb Dose de rayonnement admise : 25 mSievert/an =⇒ 0.025 mSievert/h de travail Avec une source de 60 Co de 1 mCi à une distance de 1 m, la dose est de 0.013 mSievert/h Recommandations : • Limiter le temps d’exposition • Réduire les doses (en tenant la source éloignée du corps et en utilisant les protections de plomb) • Toujours ranger la source dans son container de plomb après utilisation • Ne pas fumer, boire ou manger dans la salle de TP Statistique La distribution d’une quantité physique mesurée plusieurs fois suit en général une des lois suivantes : • Loi binomiale • Loi de Poisson • Loi de Gauss Appelons cette quantité X et donnons lui le nom de variable aléatoire Cette variable peut être de type ou discret continu de valeur xi, i = 1, 2, ...N x Densité de probabilité de la variable X : P (X = xi) = pi f (x) (f (x) definie et dérivable sur [−∞, +∞]) Fonction de distribution F (x) : F (x) = X xi <x pi F (x) = Z x f (x0)dx0 −∞ ∞ X Z pi = 1 i=1 +∞ f (x)dx = 1 −∞ Probabilité pour que X ait une valeur entre a et b (a < b) : P (a ≤ X ≤ b) = xi ≤b X pi P (a ≤ X ≤ b) = xi ≥a Z b f (x)dx a Moments : Le nème moment de X par rapport à l’origine est définie comme : n E(X ) = ∞ X xnipi n E(X ) = i=1 Z +∞ xnf (x)dx −∞ Valeur moyenne : estimation de la valeur vraie < x >= ∞ X xi p i < x >= i=1 −→ < x >= E(X) Z +∞ xf (x)dx −∞ Variance ou écart quadratique moyen : Déviation par rapport à la moyenne σ 2 = E (X− < x >)2 = E(X 2)− < x >2 = < x2 > − < x >2 σ (σ ≥ 0) est appelée déviation standard de X Loi binomiale Processus de type “pile ou face”. Chaque épreuve a une probabilité q et est indépendante des autres épreuves. PN (X = x) = q x(1 − q)N −xN ! x!(N − x)! où N est le nombre d’événements, x le nombre de succès (donc N − x le nombre d’échec) Moyenne : < x >= qN Variance : σ 2 = N q(1 − q) Ex : si on lance 7× un dé à 6 faces, quelles est la probabilié d’obtenir un six : 0×, 1×, 2×, 3× et 5× ? N =7 x = 0, 1, 2, 3, 5 q = 1/6 P7(0) = 0.279 P7(1) = 0.391 P7(2) = 0.234 P7(3) = 0.078 P7(5) = 0.002 On obtient en moyenne 1.167 six et la variance est de 0.972 → écarts importants par rapport à la valeur moyenne Pour N grand et q petit −→ distribution de Poisson Loi de Poisson P (X = x) = e−µµx x! Moyenne : < x >= µ Variance : σ 2 = µ Les processus de désintégration nucléaire suivent une loi de Poisson. 70 µ=12 60 50 40 30 20 10 0 5 10 15 20 Distibution du nombre de desintegrations par seconde Distribution (théorique) du nombre d’événements mesurés toutes les secondes pendant 10 mn d’une source ayant en moyenne 12 désintégrations α par seconde. Pour µ grand −→ distribution de Gauss (ou normale) Loi de Gauss P (X = x) = 1 2 2 √ e−(x−µ) /2σ σ 2π Moyenne : < x >= µ Variance : σ 2 Largeur à mi-hauteur : FWHM = 2.35σ 0.8 µ=0 0.7 σ=0.5 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 -3 -2 -1 0 1 2 Intervalle de confiance : x ± σ : 68% de prob. qu’il contient la valeur vraie x ± 2σ : 95.5% x ± 3σ : 99.7% 3 Théorème central limite Soit N variables aléatoires indépendantes Xi caractérisées par la même loi de distribution de moyenne m et de variance σ 2. On peut former la variable aléatoire suivante : A= N X Xi i=1 N Si N est grand alors la loi de distribution de A tend vers une loi de Gauss de moyenne m et de variance σ̂ 2 = σ 2/N Propagation des erreurs Il arrive que l’on soit amener à mesurer une quantité (par ex. u) en mesurants d’autres quantités (u = f (x, y)). Sur chaque quantité, il y a une erreur de mesure (x ± σx, y ± σy ). La question est : quelle est la valeur de σu ? 2 2 σu = E (u− < u >) , < u >= f (< x >, < y >) Au 1er ordre : u− < u >' (x− < x >)∂f /∂x + (y− < y >)∂f /∂y 2 ' E (x− < x >)2(∂f /∂x)2 E (u− < u >) +(y− < y >)2(∂f /∂y)2 +2(x− < x >)(y− < y >)(∂f /∂x)(∂f /∂y) 2 = (∂f /∂x) E (x− < x >) 2 +(∂f /∂y)2 E (y− < y >)2 +2(∂f /∂x)(∂f /∂y)E (x− < x >)(y− < y >) On définie la covariance cov(x, y) comme E (x− < x >)(y− < y >) cov(x, y) = E (x− < x >)(y− < y >) = E xy − < x >< y > σu2 = (∂f /∂x)2σx2 + (∂f /∂y)2 σy2 + 2(∂f /∂x)(∂f /∂y)cov(x, y) Si x et y sont deux variables indépendantes alors E xy = E(x)E(y) ⇒ cov(x, y) = 0 De façon générale, si u = f (x1, x2, ..., xn) alors σu2 = n X (∂f /∂xi )2σi2 i=1 X ∂f ∂f +2 cov(xi, xj ) ∂x ∂x i j i<j Quelques exemples : u = x + y ⇒ σu2 = σx2 + σy2 + 2cov(x, y) u = x − y ⇒ σu2 = σx2 + σy2 − 2cov(x, y) u = x × y ⇒ σu2 /u2 = σx2 /x2 + σy2/y 2 + 2cov(x, y)/xy u = x/y ⇒ σu2 /u2 = σx2 /x2 + σy2/y 2 − 2cov(x, y)/xy Ajustement de paramètres Rechercher les paramètres d’une courbe théorique qui suit les points mesurés Méthodes des moindres carrés Supposons que l’on ait mesuré n points xi On détermine yi à partir des xi. Les erreurs sur yi sont σi On veut déterminer les paramètres a1, a2, ...an de la fonction théorique f (x; a1, ..., an) −→ on cherche les paramètres qui minimisent la quantité S : S= n X (yi − f (xi; ak ))2 σi2 i=1 y Courbe théorique σi Points mesurés Yi f(Xi ,ak ) Xi Il faut résoudre : ∂S/∂ak = 0 x L’erreur sur les ak est donnée par la matrice covariante (ou matrice d’erreur) V : 1 (V −1)ik = ∂ 2S/∂ai∂ak = 2 σ12 cov(1, 2) cov(1, 3) ... cov(2, 1) σ 2 cov(2, 3) ... 2 cov(3, 1) cov(3, 2) σ32 ... ... ... ... ... Si les xi,i(i=1,...,n) sont des variables aléatoires gaussiennes indépendantes et si les ak sont k paramètres indépendants alors S suit une loi de distribution de χ2 à ν = n − k degrés de liberté χ2 ≡ S Si les xi ne sont pas indépendantes (reliées par c relations algébriques) alors ν = n − c − k La densité de probabilité de χ2 est : z nu/2−1 e−z/2 f (z, ν) = ν/2 2 Γ(ν/2) La probabilité pour que χ2 > z est donnée par : Z ∞ SL(χ2) = f (z, ν)dz = 1 − F (z, ν) = α χ2 Moyenne : < χ2 >= ν Variance : σ 2 = 2ν Souvent utilisé : χ2/ν −→ ∼ 1 On calcule rarement α. On utilise une tabulation Si ν = 10 alors une valeur de χ2 > 18 est attendu dans 5% des cas Exemple d’ajustemenent : droite de régression y = f (x) = ax + b n mesures (x1, y1), ..., (xn, yn ) avec les erreurs σi sur les yi Minimisation de S : S= n X (yi − axi − b)2 i=1 ⇒ σi2 P ∂S/∂a = −2 (yi − axi − b)xi/σi2 = 0 P ∂S/∂b = −2 (yi − axi − b)/σi2 = 0 En posant : P A = (xi/σi2) P 2 2 D = (xi /σi ) P B = (1/σi2) P E = (xiyi /σi2) ⇒ P C = (yi /σi2) P 2 2 F = (yi /σi ) −E + aD + bA = 0 −C + aA + bB = 0 Soit a = (EB − CA)/(DB − A2) b = (DC − EA)/(DB − A2) Calcul des erreurs sur a et b : Construite la matrice covariante V : V −1 = A11 A12 A21 A22 A11 = 12 ∂ 2S/∂ 2a A22 = 12 ∂ 2S/∂ 2b A12 = 12 ∂ 2S/∂a∂b = A21 Donc : σ 2 (a) = A22/(A11A22 − A221) = B/(BD − A2) σ 2 (b) = A11/(A11A22 − A221) = D/(BD − A2) cov(a, b) = −A12/(A11A22 − A221) = −A/(BD − A2) Pondération des résultats Supposons 2 lots de mesures d’une même quantité z : z1 = z2 = n X i=1 m X xi/n xi/m j=i La quantité z est : <z> = n+m X i=1 xi n+m = nz1 + mz2 n+m 6= z1 + z 2 2 En généralisant, si on a N mesures de z, chaque zi ayant un poids wi , on a : < z >= N X wi z i i=1 N X wi i=1 Ajoutons maintenant une erreur sur chaque zi : ∆zi Que doit valoir wi pour avoir la meilleure estimation de z ? On suppose que chaque zi est la valeur moyenne de ni mesures décrivant une loi de distribution d’ erreur standard σ : √ ∆zi = σ/ ni Les poids valent alors : wi = ni = σ 2/∆zi2 L’erreur sur < z > est σ pP Ainsi : ni 1 (1/∆zi)2zi pP ± < z > ±∆z = P (1/∆zi)2 (1/∆zi)2 P Exemple de mesure Comptage de rayons cosmiques toutes les 10 secondes On effectue 400 mesures (= N ). On répartit les mesures dans un histogramme (ou tableau) → donne le nombre de fois (k) où on a mesuré 0, 1, 2, ..., n rayons cosmiques durant la durée de 10 s. On s’attend à ce que l’histogramme suive une loi de Poisson. Vérification : La distribution attendue est : e−µµk P (k) = N k! Paramètres : N et µ N est le nombre total de mesures : 400 µ est le nombre moyen de rayons cosmiques/10s : 6.38 80 Données Théorie σ théorique 70 N=400 µ=6.38 60 50 40 30 20 10 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 Nb de Rayons Cosmiques / 10s k 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 Total Expérience (Nexp ) 0 2 16 30 44 62 71 61 42 28 24 13 2 3 2 0 0 400 Théorie (Nth ) 0.7 4.3 13.8 29.3 46.8 59.7 63.5 57.9 46.2 32.7 20.9 12.1 6.4 3.2 1.4 0.6 0.2 399.9 2 (Nmes − Nth )2/σth 0.7 1.2 0.35 0.02 0.17 0.09 0.89 0.17 0.38 0.68 0.46 0.07 3.03 0.01 0.26 0.6 0.2 9.28 Nombre de degrés de liberté : ν = Nk − 2 = 15 Pour χ2 = 9.28 et ν = 15, P ∼ 0.86 → si on rejette l’hypothèse, on sait qu’on rejette une hypothese juste dans 86% des cas. Ou, si on prend la limite des 5% : Pour ν = 15, P ≤ 5% si χ2 ≥ 25. En d’autre terme, on peut considérer le test comme satisfaisant