Lecture du livre d`Isaïe (25,6-9) Évangile de Jésus Christ selon saint

Transcription

Lecture du livre d`Isaïe (25,6-9) Évangile de Jésus Christ selon saint
Introduction à la 1° Lecture
Le passage du prophète Isaïe que nous allons entendre est une promesse, une
promesse de vie, une promesse de bonheur:
un repas, un repas de fête, offert par Dieu lui-même à tous les peuples.
Un festin, une fête, parce que la mort sera vaincue.
Ce repas, il s'est réalisé en Jésus Christ la veille de sa passion, en promesse de
résurrection.
Jésus a vaincu la mort. Nous sommes promis à la vie.
Ce repas, il se réalise déjà en chaque eucharistie: le corps livré, le sang versé, le pain
et le vin donnés et partagés, signes de notre vie en Dieu.
Ce repas, il se réalisera en plénitude dans le Royaume de Dieu.
Repas des noces: la pleine réalisation de l'Alliance, du mariage de Dieu et de son
Peuple.
"Exultons, réjouissons-nous: il nous a sauvés!".
Lecture du livre d'Isaïe (25,6-9)
Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l'univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un
festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins
décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui
couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes
sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l'humiliation de son peuple ; c'est lui qui l'a
promis.
Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c'est lui
le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (22,1-14)
Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les
noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne
voulaient pas venir. Il envoya encore d'autres serviteurs dire aux invités : 'Voilà : mon repas
est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.'
Mais ils n'en tinrent aucun compte et s'en allèrent, l'un à son champ, l'autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère,
il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs :
'Le repas de noce est prêt, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des
chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.' Les serviteurs
allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent, les mauvais comme les
bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un
homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : 'Mon ami, comment es-tu entré ici,
sans avoir le vêtement de noce ?' L'autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : 'Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y
aura des pleurs et des grincements de dents.'
Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »
HOMELIE
C'est d'une curieuse fête dont nous parle l'évangile aujourd'hui !
Curieuse fête où aucun des invités n'accepte de venir.
Curieux mariage où sont reçus finalement tous ceux dont personne ne veut, tous
ceux qui traînent dans la rue.
Curieux mariage où celui qui n'a pas revêtu l'habit de noces est chassé par le maître
des lieux.
Pour bien entrer dans cette parabole, il nous faut, je crois, la regarder à plusieurs
niveaux.
Premier niveau: Jésus. Qu'a-t-il voulu dire à ses contemporains? Quel message leur
a-t-il donné?
Deuxième niveau: l'évangéliste St Matthieu. Près de 50 ans après la Pâque de Jésus,
qu'a-t-il voulu faire comprendre à ses lecteurs?
Troisième niveau: nous. Comment cette parabole nous rejoint-elle dans ce que nous
vivons aujourd'hui?
Premier niveau: Jésus.
Pour lui, Jésus, c'est sans doute la déception… immense, amère…
Il est, Lui, celui qui vient célébrer les noces de Dieu, il est l'accomplissement des
promesses faites à Abraham et de la Loi donnée à Moïse.
Il est venu chez les siens non pour mourir, mais pour vivre, et pour donner la vie. Il
vient chez les siens pour célébrer la joie du mariage.
Le début de son ministère en témoigne:
"A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer: 'Convertissez-vous, car le
royaume des Cieux est tout proche'." 1
"Jésus parcourait toute la Galilée. Il enseignait dans leurs synagogues, guérissait
toute maladie et toute infirmité dans le peuple." 2
Mais les exigences de son amour – "Aimez vos ennemis"3- ont fait que beaucoup se
sont détournés de lui.
Les siens ne l'ont pas reçu, dans sa grande majorité, le peuple de Dieu a refusé le
mariage qui lui était offert, préférant revenir à son train-train quotidien, s'en allant
"l'un à son champ, l'autre à son commerce" , pour reprendre les mots de la parabole.
En fin de compte, il y aura la croix.
1Mt,2,17
2Mt2,23
3Mt5,43
Et c'est sur la croix que Dieu va épouser non pas un peuple, mais l'humanité tout
entière.
Curieux mariage… étrange fête…
Deuxième niveau: l'évangéliste St Matthieu
50 ans plus tard, les premiers lecteurs de St Matthieu sont essentiellement des
chrétiens issus de la religion juive, des chrétiens attachés à leur tradition.
Mais ils vivent un drame et un problème de conscience.
Un drame: ceux qui proclament le nom de Jésus sont désormais exclus de
synagogue. Ils sont rejetés, en quelque sorte excommuniés.
Un problème de conscience: ne se sont-ils pas trompés? Ils ont adhéré au Christ,
mais si ce n'était pas lui, le Messie?
Beaucoup parmi eux ont la tentation d'en revenir purement et simplement à leur
ancienne religion.
Pour l'évangéliste, Jésus de Nazareth est bien le Christ, le Messie, le Fils de Dieu. En
son corps, il a accompli la Loi et les Prophètes.
Mais désormais ce ne sont plus seulement les Juifs, mais tous les peuples "les
mauvais comme les bons" qui sont invités à la joie du Royaume.
A condition d'accepter d'en vivre, c'est-à-dire dans la parabole de revêtir "l'habit de
noces".
Troisième niveau: nous.
Aujourd'hui, dans la foi vécue au quotidien, dans l'écoute sa Parole, dans la prière et
la célébration de l'Eucharistie, Dieu ne cesse de nous inviter au repas de mariage, à
la joie de vivre avec Lui, de Lui, en Lui.
Nous avons accepté l'invitation, puisque nous sommes ici autour de la table, mais
notre cœur a-t-il pleinement dit OUI ?
Avons-nous revêtu l'habit de noces?
Il y a si longtemps que nous sommes chrétiens… cela peut devenir une habitude,
une routine… au point de ne plus être ouverts à l'éternelle nouveauté de Dieu, et
aux terribles exigences de l'amour.
Nous sommes venus au repas de noces, mais sommes-nous prêts à en vivre
pleinement.
Aujourd'hui encore, habillons notre cœur en vêtement de fête !