L`influence des médias sur les attitudes politiques

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L`influence des médias sur les attitudes politiques
C – Quelle est l’influence des médias sur les attitudes politiques ?
a) – Les médias de masse conditionnent l’opinion publique
1 – Quelques heures seulement après la tuerie antisémite de Toulouse, le 19 mars 2012, le président de la République,
François Hollande et François Bayrou, tous candidats à l'élection présidentielle, étaient sur place, entourés de caméras.
Pourquoi ? C'est tout simple, expliquait Daniel Schneidermann dès le lendemain matin, sur le site d'Arrêt sur images. Parce
qu'un gros, très gros paquet d'électeurs sont encore informés par le 20 heures. Et en langage 20 heures, la seule manière
d'exprimer une compassion particulière, une mobilisation, ou même simplement une réaction par rapport à un événement, est
d'inscrire pour quelques secondes son image dans le décor de cet événement. » Le lendemain matin également, sur France
Inter, le sondeur Brice Teinturier et le politologue Dominique Reynié discutaient déjà des conséquences de ce drame, à la une
de tous les médias, sur les résultats de l'élection présidentielle en cours. Et chacun de se souvenir de l'impact de l'agression
d'un retraité, Paul Voise, reprise en boucle sur TF1 trois jours avant le premier tour de l'élection de 2002, qui vit Jean-Marie Le
Pen devancer Lionel Jospin.
Les médias méritent-ils autant d'honneur (ou d'indignité) ? Leur pouvoir est-il si grand qu'ils feraient l'élection, comme on
l'entend souvent ? Et la campagne électorale ne serait-elle qu'une « construction médiatique », comme l'affirme le politologue
anglais Colin Seymour-Ure ?
(Michel Abescat - Télérama n° 3246 du 05 avril 2012)
2 – L’inquiétude quant à l'impact des médias] développe parallèlement à la montée des régimes totalitaires. Les techniques
modernes de propagande, [...] permettent Le viol des foules (Tchakhotine, 1939) ou, selon le modèle de « la seringue
hypodermique » (Lasswell, 1927), l'injection de modèles de pensée et de comportement dans le cerveau des individus
atomisés, passifs et sans défense de la société de masse ». Le choix électoral serait dicté par les médias.
(Source : Nonna Mayer, Sociologie des comportements politiques, Armand Colin, coll. U, 2010)
3 – Le premier risque d’abus concerne la tyrannie de l’image liée au fait que dans nos sociétés démocratiques « on ne croit
que ce que l’on voit ». La conséquence est de sous-évaluer les évènements que l’on ne peut montrer ou sur lesquels il n’y a
pas d’images. Cette tyrannie de l’image est renforcée par la concurrence à laquelle se livrent les chaînes. Il faut donc « attirer le
client » par une recherche constante du sensationnel et de l’émotion. La force de l’image étant l’émotion, elle est aussi facteurs
de faiblesse. La conséquence est une prime accordée à la télévision, alors même qu’une bonne partie des informations
nationales et internationales existent indépendamment de leur traitement audiovisuel.
Le deuxième risque, lié au poids de l’image, est le renforcement de la simplification, inhérente au jeu de la télévision. Si la
simplification est une nécessité liée aux contraintes de l’image et de la démocratie de masse, elle a en revanche l’inconvénient
de ne traiter que l’aspect superficiel des choses, et de ne pas aider le spectateur à comprendre que la réalité est
nécessairement plus complexe que ce qui en est dit. La simplification peut conduire à des caricatures dans la représentation de
la réalité historique.
Un troisième risque concerne les abus de la personnalisation. Si la force de la télévision et de la démocratie de masse est
de personnaliser la politique, elle a pour contrepartie d’être inadéquate à nombre de problèmes qui ne se réduisent ni à une
question de personne ni à une identification possible. C’est évidemment le cas pour les problèmes de société.
(Source : Dominique Wolton, « Faire la politique », Autrement n° 122, mai 1991)
4 – Pourquoi les hommes politiques veulent-ils maîtriser à ce point leur communication ?
Ce type de mise en scène reste exceptionnel. Il s'agit d'un montage qui va beaucoup plus loin que la tendance naturelle
des hommes politiques à enjoliver la réalité. Au-delà du cas particulier, il y a là un signe de l'obsession des hommes politiques
pour le journal télévisé de 20 heures, celui qui assure la plus grande audience mais qui ne laisse qu'une place réduite à la
politique, plutôt en fin de journal, sur des formats très courts, après les sujets de société, les faits divers et parfois le sport. Pour
y accéder, les ministres savent qu'ils doivent se plier aux contraintes de la télévision. Soit trouver une petite phrase, incisive,
efficace, soit apparaître sur des images avec le commentaire d'un journaliste qui a suivi un déplacement. Dans ce dernier cas,
qui correspond à la visite de Luc Chatel dans un supermarché, assez peu crédible quand on regarde les images, le ministre
ressemble presque à un acteur du cinéma muet. Ce qui n'est pas gênant aux yeux des politiques et de leurs conseillers en
communication puisqu'ils sont convaincus que l'image est plus importante que le message.
François Mitterrand disait déjà que, "à la télévision, ce qui se voit compte plus que ce qui se dit". Depuis les années 1980,
les "spin doctors" - Roger Ailes, ancien conseiller de Reagan, Alastair Campbell pour Blair, David Axelrod pour Obama - ont
théorisé le fait que le message, c'est le candidat lui-même, son style, sa personnalité. Nicolas Sarkozy a suivi la même logique
en demandant à ses ministres de l'appliquer. Il leur demande de "faire la météo", c'est-à-dire de créer l'actualité et de l'imposer
aux médias. La forme l'emporte sur le fond. C'est aussi ce qui arrive à certains éléphanteaux du Parti socialiste, qui
réfléchissent moins au projet qu'à la question du leadership. A leurs yeux, le critère du "savoir plaire" devient plus important que
celui du "savoir-faire".
(Source : Luc Bronner, Le Monde du 22 août 2009)
Q1 – A partir des textes et du vocabulaire suivant, complétez le texte à trous : manipulation, quatrième, emportent, émotionnel,
socialisation, emparer, totalité, ordre social, attitudes, personnifier, images, atomisés, sélectionnent, endoctriner, sensorielle,
hypnose, répétition, sondages, homogène, simplifiée, communication.
Les médias acquièrent une importance dans la vie des systèmes politiques dès le XIXe siècle (notamment via
la presse écrite), mais c’est surtout avec l’arrivée de la radio et de la télévision, au cours du XXe siècle, qu’ils
connaissent leur plus grand développement. Les médias constituent une véritable instance de ………………………
politique pour les électeurs même s’il convient de distinguer, à la suite de Marshall Mc Luhan (La Galaxie
Gutenberg - 1962) les médias « chauds » (télévision, radio), qui font plus appel à la communication…………………
qu’à la réflexion intellectuelle, des médias « froids » (presse) qui mobilise davantage le cerveau. En effet, les
premiers semblent disposer d’une véritable capacité d’………………... des électeurs, capacité attestée par l’intense
mobilisation qui en est faite par la propagande des régimes totalitaires. Considérés comme un……………...………..
pouvoir (entre autres, par Alexis de Tocqueville), les médias sont donc à la fois convoités et redoutés.
A partir des années 1920, un certain nombre d’auteurs vont considérer que les « mass media » conditionnent
les…………………………. politiques et l’opinion publique. Dans Propaganda Technique in World War I (1927),
Harold Lasswell propose un modèle d’analyse fonctionnaliste appelé le modèle de la seringue hypodermique qui
voit le récepteur absorber la……………………. du message émis par les médias. Un propagandiste peut ainsi se
contenter de diffuser son message pour pouvoir agir sur les comportements des individus. Il est rejoint par Serge
Tchakhotine qui, dans Le Viol des foules par la propagande politique (1939), affirme également que le pouvoir
politique peut……………………… les masses au moyen de la propagande. Son étude se nourrit de la théorie du
psychologue Ivan Pavlov qui a travaillé sur les réflexes conditionnés chez les animaux (le chien de Pavlov). Il est
possible d'influencer les masses au moyen de la………………….. de messages diffusés dans les médias. Ainsi,
lorsque l’écrivain H.G.Wells, le 30 octobre 1938, diffuse une pièce radiophonique narrant l'invasion des martiens,
dont il est l'auteur, un moment de panique s'empare des auditeurs qui croient en la véracité de l’invasion.
Plusieurs arguments sont invoqués pour soutenir la thèse du conditionnement des citoyens par les médias :
 Les médias « chauds » l’……………………. sur le « média froid ». La télévision et la radio sont les médias




les plus utilisés de nos jours au détriment de la presse écrite. Comme le montrent, Theodor Adorno et
l’Ecole de Francfort, dans « L’industrie culturelle » (1964), les journalistes…………………………….…les
informations en fonction de leur pouvoir………………………. au détriment du raisonnement (la prime aux
« faits divers », par exemple). En imposant certaines thématiques au détriment d’autres, les médias sont
susceptibles d’infléchir les opinions et les attitudes politiques.
D’autre part, la télévision élimine les informations qui ne contiennent pas d’…………………... Ainsi, les
massacres au Burundi à la fin des années 1990 ou la guerre en Syrie ne sont justes qu’évoqués car les
journalistes ne disposent pas d’images contrairement à l’effondrement des tours à New-York le 11
septembre 2001, qui a saturé l’information par le trop plein d’images. « A la télévision, l’important c’est ce
qui se voit et non ce qui se dit » selon François Mitterrand.
De plus, l’information donnée par les medias de masse est……………………. à l’extrême. Par manque de
temps, les journaux radiophoniques ou télévisuels privilégient les faits bruts à l’analyse. La dictature de
l’audimat et la concurrence exacerbée entre les différents médias peut les amener à délivrer de fausses
informations qui n’ont pas été vérifiées (la jeune femme faussement agressée par des personnes de
couleur dans le RER en 2004, par exemple).
De même, les médias ont un pouvoir de…………………….. certains selon Vance Packard (La persuasion
clandestine – 1958). Les sujets traités peuvent être présentés de telle façon qu’ils confortent l’opinion du
récepteur. L’objectif de l’émetteur serait d’empêcher le récepteur de penser et de remettre en cause la
société dans laquelle il vit. Les médias de masse seraient les garants de l’……………………... établi. Selon
Serge Halimi les représentants du quatrième pouvoir serait en fait « Les nouveaux chiens de garde »
(1997) du pouvoir politique et économique. Son pamphlet dénonce un « journalisme de révérence » et de
connivence envers les hommes politiques.
Enfin, la télévision a tendance à………………………les problèmes politiques. Ce n’est plus le programme
politique qui est important mais la personnalité de celui qui l’incarne. D’où une « pipolisation du politique »
avec la multiplication dans la presse écrite et les médias d'information de sujets mettant en avant la
personnalité et la vie privée des hommes politiques. On va privilégier son image plutôt que ses idées, ses
petites phrases plutôt que ses grands discours, l’anecdote plutôt que l’action. Ainsi, les émissions
politiques deviendraient-elles des shows où chaque invité fait son numéro, et la campagne électorale une
série télévisée qui laisserait le téléspectateur dans l’angoisse du dénouement.
On comprend ainsi les raisons qui poussent les hommes politiques et des chefs d’entreprise (Berlusconi en
Italie, Murdoch en Australie, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, Bouygues en France…) à s’…………………. des
médias. La……………………………….. politique a généralement pour vocation d'aider à l'élection de la personne
qu'elle sert avant ou pendant une campagne électorale et à favoriser le soutien de l'opinion publique lors de
l'exercice d'un mandat. Elle constitue un ensemble de stratégies à destination notamment des médias, s’appuyant
sur un ensemble de techniques (sondages, études d’opinion, séances de « média-training » pour les candidats,
organisation d’images émotionnelles pour le 20 heures…).
Le modèle de la seringue hypodermique repose sur une certaine vision de la société, qui correspond en partie
à celle de l’entre-deux guerres :
 La société est une agrégation d’individus………………………..et passifs qui se laissent influencer par la
propagande ;
 Les médias de masse véhiculent un discours……………………….ce qui peut être le cas dans des sociétés
totalitaires ou dans des périodes de guerre pendant lesquelles la propagande utilise tous les moyens de
communication pour faire passer une « pensée unique ».
Les……………………., en livrant un état des forces politiques en présence, en anticipant les résultats des
élections, sont eux aussi de nature à orienter les votes. Par exemple, un scrutin perçu comme « joué d’avance »
dans les sondages peut pousser à l’abstention.
b) – Les récepteurs du message médiatique ne sont pas passifs
5 – Les recherches menées dès 1940 [...] soulignent [au contraire] le caractère limité et sélectif de l'exposition et de
l'attention aux médias, et la manière dont les convictions politiques des individus et de leur entourage filtrent les messages. Les
électeurs que décrivent [Paul Lazarsfeld et son équipe de Columbia] ont fait leur choix bien avant l'ouverture de la campagne.
Les plus susceptibles de changer sont les électeurs sans prédisposition politique forte. Mais ce sont justement les moins
intéressés par la politique, les moins susceptibles de suivre la campagne. A contrario, les plus attentifs sont les plus politisés,
donc les moins susceptibles de changer d'orientation. Enfin, les relations interpersonnelles sont déterminantes, les électeurs se
montrent plus sensibles aux discussions avec leurs amis, leurs collègues, qu'à la propagande des candidats. [...]
La campagne permet essentiellement d'activer et de renforcer les prédispositions politiques existantes. [...] L’exposition
accrue aux médias [est toutefois] sélective, filtrée par les prédispositions politiques des enquêtés, [ce qui] accroît leurs chances
de se décider pour le candidat correspondant à leurs prédispositions initiales. La campagne opère donc une cristallisation des
opinions, elle rend manifestes les tendances politiques latentes chez les indifférents et les indécis ; et à ceux qui sont déjà
décidés, elle fournit des arguments qui les renforcent dans leurs convictions.
(Source : Nonna Mayer, Sociologie des comportements politiques, Armand Colin, coll. U, 2010)
6 – Professeur de science politique à Paris-Dauphine, Brigitte Le Grignou sourit à l'évocation de cette « inusable » question
et rappelle les travaux des sociologues de l'université de Columbia durant la campagne présidentielle américaine de 1940, qui
font aujourd'hui encore référence. Après avoir interrogé le même panel, à sept reprises, entre avril et novembre, ces
sociologues ont mis en évidence que la majorité des électeurs sont prédéterminés dans leurs choix. Quand commence
l'enquête, 60 % savent déjà pour qui ils vont voter. En juillet-août, au moment des conventions des partis chargées de désigner
les candidats (Roosevelt et Willkie), 20 % supplémentaires ont fait leur choix. Quand s'ouvre la campagne électorale, il ne reste
ainsi que 20 % des électeurs dont le vote reste ouvert, ceux qui précisément sont les moins intéressés par la politique et suivent
le moins assidûment la campagne. Les électeurs, concluent les auteurs de l'étude, sont d'abord déterminés par leur statut
social, leur religion et leur lieu de résidence.
Des travaux plus récents, souligne Brigitte Le Grignou, ont mis en évidence d'autres mécanismes d'influence, plus
puissants que les médias. En particulier le poids de l'entourage, les parents, les amis, les collègues de travail, toutes ces
discussions, ces micro-pressions, ces remarques ironiques, voire ces menaces diffuses de rupture ou d'exclusion.
(Michel Abescat - Télérama n° 3246 du 05 avril 2012)
Q2 – A partir des textes et du vocabulaire suivant, complétez le texte à trous : dissonance, culturel, échantillon, exposition,
centrale, opinions, interpersonnelles, primaire, interactif, influencées, intentions, indirecte, interaction, appartenance, perception,
renforcement, exclusion, passifs, socialement, filtrent, assimilé, réception, attendu, mémorisation, leaders, simplifiant.
Dès les années 1940, Paul Lazarfeld, associé à Bernard Berelson et Hazel Gaudet, auteurs de The People’s
Choice (1944), va remettre en cause le modèle de Lasswell. Dès 1938, Paul Lazarsfeld, enseignant à l’Université
de Columbia, prend la direction du Princeton Radio Project qui mesure les audiences radiophoniques. Il met en
place une analyse en termes de panels, c'est-à-dire une technique d’enquête visant à suivre un même……………..
à différents moments de manière à mesurer les variations de comportement.
En questionnant les électeurs à la fois sur leurs……………………… de vote et sur leurs moyens de s’informer,
lors du vote à l’élection présidentielle américaine de 1940, il révèle que les récepteurs…………………. le message
des médias pour ne pas être en désaccord trop profond avec eux-mêmes (………………… cognitive). Ce filtre
intervient à trois niveaux :



L’…………………. sélective au message : les individus peuvent plus ou moins s’exposer à l’influence des
médias, ils choisissent quelles émissions écouter ou voir, ils ont tendance à suivre davantage le candidat
dont ils se sentent le plus proche et ils peuvent aussi prêter une attention plus ou moins distraite au
message émis ;
La………………….. sélective : le récepteur ne sélectionne dans un message que les opinions qui cadrent
avec les siennes et va rejeter ou ne pas entendre les autres ;
La…………………………….. sélective : le récepteur ne va retenir de l’information que ce qui conforte ses
idées en ayant évacué ce qui peut les remettre en cause.
Cette capacité de filtrage dépend du capital……………………et du capital social que possède l’individu. Il lui a
été transmis au moment de sa socialisation. Paul Lazarfeld souligne l’importance du groupe…………………….. :
l’appartenance à un groupe primaire (famille, groupe professionnel, communauté de voisinage) aboutit à retraduire
les messages émis par les médias et les candidats. La société n’est donc pas composée d’individus atomisés et
……………... Elle produit des individus plus ou moins outillés pour filtrer activement les massages.
En définitive, les medias tendent à renforcer les………………… préexistantes, ils produisent peu d’influence
directe sur les choix individuels. Ils ne font que conforter les choix initiaux des individus.
Paul Lazarsfeld et Elihu Katz, dans Personal Influence (1955), vont prolonger le modèle du filtre culturel par la
théorie de la communication à deux étages (two step flow of communication) :

Le premier niveau concerne les personnes qui sont les plus intéressées par le message des médias
qu’elles filtrent selon leur niveau social et culturel. Ce sont les « ………………….. d’opinion » qui peuvent
être les hommes politiques, les éditorialistes, les syndicalistes mais aussi les pères de famille, les chefs
d'entreprise, etc. Ils possèdent des caractéristiques sociales particulières (niveau de diplôme élevé, statut
social favorisé), mais ils occupent surtout une position……………….. dans un groupe et ont une capacité à
nouer des contacts à l’extérieur de celui-ci. Ils s’exposent davantage aux médias et en retraduisent les
discours, de manière plus simple, aux moins intéressés. Ils jouent donc un rôle de « garde-barrière » (gate
keeper) en filtrant et en…………………… les messages à destination d’un public plus large.

Le second niveau concerne les personnes qui sont moins directement intéressées par le message
médiatique. Elles ne peuvent être……………………...par les médias que si leur massage a d’abord transité
par les leaders d’opinion. Un certain nombre d’électeurs choisissent donc de voter pour un candidat en
fonction de leur entourage.
Ce modèle s’oppose à celui de la seringue hypodermique et dépasse celui du filtre culturel car l’influence des
médias se fait dans ce cas de manière……………………, en deux étapes :
 Tour d’abord, ce sont les relations……………………….., celles du groupe d’………………………… (famille,
amis…), qui sont déterminantes dans la construction de l’opinion et des comportements politiques des
individus et non les médias de masse ;
 Ensuite, les relations personnelles sont influencées par le leader d’opinion. Le message délivré par les
médias est reçu et plus ou moins…………………. par le leader d’opinion qui fait partager son choix de vote
aux personnes qu’il connaît.
Cette théorie remet en cause l’idée selon laquelle les médias auraient un fort pouvoir d’influence et défend
plutôt une vision des médias ayant une influence faible sur les individus. Dans Sociologie du journalisme (2001),
Erik Neveu souligne que les leaders d’opinion médiatiques (acteurs politiques ou éditorialistes) sont finalement les
plus attentifs aux messages des médias, et donc les plus exposés à en subir l’emprise. Certains messages sont
d’ailleurs directement émis en direction non pas du grand public, mais de catégories de dirigeants. Les médias
eux-mêmes constituent un système………………………. où les journalistes politiques spécialisés s’écoutent et
s’influencent mutuellement.
En définitive, le modèle de Columbia démontre que le comportement électoral est…………………….déterminé
par le statut socio-économique, la religion et le lieu de résidence autrement dit par les groupes d’appartenance et
que ce sont les………………………..(conversations informelles) au sein des groupes primaires (famille, amis,
voisins, etc.) qui, plus que les médias, influencent la formation des préférences politiques.
A partir de ce constat, une sociologie de la…………………….. s’est développée ces dernières années. Brigitte
Le Grignou dans Du Côté du public. Usages et réceptions de la télévision (2003) montre qu’il n’existe pas de
téléspectateur type, mais plusieurs publics, différenciés selon les clivages de classe sociale, de niveau de
formation, d’appartenance générationnelle, sexuelle, voire ethnoculturelle. Les destinataires de messages ne sont
ni des masses, formant un public captif et manipulable, ni des individus souverainement libres, d’accepter ou de
critiquer ce qu’ils regardent et écoutent. Même si les messages sont constitués en fonction de données sociales,
les publics cibles ne les absorbent pas passivement, mais réalisent un travail d’……………….. ou d’euphémisation,
car les messages qui les sollicitent sont jugés pertinents ou non selon une grille d’analyse subjective.
En revanche, Brigitte Le Grignou remarque que des corrélations élevées entre le message émis et les opinions
formulées sont obtenues lorsque le média tient le langage……………… par les récepteurs. Cela ne signifie pas
que les journalistes ont une influence unilatérale, mais que les messages persuasifs sont ceux qui canalisent des
passions ou des désirs préexistants. Ils provoquent essentiellement des effets de…………………………. ou
d’activation sur des segments limités du public.
c) – Mais les médias ne sont pas sans influence sur l’opinion publique
7 – Est-ce à dire que les campagnes dans les médias n'exercent aucune influence ? Certainement pas. Après tout, les
sociologues de Columbia avaient pu montrer que 8 % des électeurs avaient finalement changé d'opinion à l'issue de la
campagne électorale. Un pourcentage souvent suffisant pour faire basculer un scrutin d'un côté ou d'un autre.
D'autant plus que, depuis 1940, la société a évolué dans le sens de la médiatisation et de l'individualisation. Observateur
subtil des mutations de nos démocraties, Bernard Manin, directeur d'études à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences
sociales) et professeur à la New York University, décrit ainsi un glissement de la démocratie des partis de la fin du XIXe siècle
et du début du XXe, à la « démocratie du public » d'aujourd'hui. Selon lui, celle-ci se caractérise par la personnalisation des
élections, un affaiblissement de l'emprise des partis, une liberté de choix plus importante des électeurs et une emprise
croissante des médias et des sondages. « Les partis demeurent des acteurs fondamentaux des campagnes électorales, mais
ce qui a changé, c'est que les électeurs ne sont plus partagés par des affiliations partisanes stables », explique-t-il.
Même si elle demeure limitée, cette volatilité nouvelle des électeurs peut ainsi donner plus de place aux effets des
campagnes dans les médias. Ceux-ci s'exercent à travers un certain nombre de mécanismes clairement identifiés par les
spécialistes de science politique. Le mécanisme de « l'agenda », par exemple, expression traduite de l'américain « agendasetting » et qui signifie plutôt « mise à l'ordre du jour ». En s'emparant d'une thématique à un moment donné, les médias la
placent au cœur des conversations et des préoccupations. Comme l'exprimaient les sociologues américains McCombs et
Shaw, dans les années 70, « les médias ne nous disent pas ce qu'il faut penser, mais ce à quoi il faut penser ». Pour Brigitte Le
Grignou, « ce mécanisme est extrêmement puissant, parce que tout le monde va reprendre cet ordre du jour. Pendant la
campagne présidentielle de 2002, un thème unique, très flou, celui de l'insécurité, a été sélectionné par les médias. L'effet sur
certains électeurs a-t-il été tel qu'il les a inclinés à choisir le candidat considéré comme propriétaire de cet enjeu, le Front
national ? Peut-être, mais cela reste difficile à établir. »
Le mécanisme dit de « cadrage » est également souvent cité par les spécialistes. Il ne suffit plus pour les médias de mettre
une question à l'ordre du jour, mais aussi d'en imposer la lecture, la façon de l'envisager. Dans un livre passionnant, récemment
paru, Comment se jouent les élections, Christophe Piar, maître de conférences à Sciences-Po Paris, montre ainsi comment,
durant la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy fut « cadré » par les médias, en particulier la télévision. « En
termes de cadrage, le candidat de l'UMP pouvait être présenté soit comme le candidat du pouvoir sortant, en héritier de
Jacques Chirac, soit comme un candidat de rupture avec le pouvoir en place. » Au cours des mois qui précèdent l'élection,
Nicolas Sarkozy va mettre en scène ses différences avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors Premier ministre. « Or,
ce cadrage qu'il voulait donner de lui-même, poursuit Christophe Piar, se prêtait particulièrement bien au biais de la
dramatisation et du conflit qui caractérise la fabrication des journaux télévisés. » Nicolas Sarkozy réussit ainsi à imposer son
« cadrage stratégique » aux journalistes, avec le résultat électoral que l'on sait. (…)
(Michel Abescat - Télérama n° 3246 du 05 avril 2012)
Q3 – A partir du texte et du vocabulaire suivant, complétez le texte à trous : écarts, amorçage, dangereuses, penser, angle,
agenda, cadrage, jugement, ordre du jour, majoritaire, insécurité, opinion, trier, focaliser, stigmatiser, façon, percevoir.
A partir des années 1970, les politistes vont mettre en valeur un certain nombre d’effets indirects des médias
sur l’orientation du vote et sur les attitudes politique.
Tout d’abord, un effet d’……………….. : dans "The Agenda-Setting Function of Mass Media" (1972), Maxwell
McCombs et Donald Shaw mènent une étude empirique qui a pour but de mesurer la relation entre la couverture
de l’élection présidentielle américaine de 1968 dans les actualités et les thèmes clés perçus comme importants par
le public. Les médias doivent, en effet,……….. parmi l’actualité afin de construire une liste, souvent par ordre
d’importance, des différents événements. La sélection opérée (choix des titres en Une, choix des sujets, durée
accordée au cours du journal, etc.) aboutit à…………………… les enjeux sur certains éléments et à en mettre
d’autres de côté.
Dans leur étude, les auteurs observent ainsi une corrélation entre les thèmes ressortant d’une analyse de
contenu de différents médias de masse et ceux considérés comme importants par un panel d’électeurs indécis. Par
conséquent, la focalisation des médias sur certains thèmes a amené leur public à les considérer comme plus
importants que d’autres. Cette approche peut se résumer de la façon suivante : si les médias n’imposent pas ce
qu’il faut penser, ils disent cependant à quoi il faut……………. En classant l’information, ils définissent un ………
………………..Cela peut influencer les élections : en 2002, le thème de l'…………………………. a été sélectionné
par les médias. Ce qui a pu bénéficier aux partis jugés plus « crédibles » par les électeurs sur cette thématique
(droite ou extrême droite).
Il reste que des………………… peuvent apparaître entre les attentes des électeurs et les priorités affichées
par les médias. Dans « La campagne : la sélection des controverses politiques » (1986), Jean-Louis Missika et
Dorine Bregman soulignent que le classement des priorités de l’…………………. publique, relativement stables,
portent sur des préoccupations économiques et sociales (l’emploi, la crise, etc.), alors que les thèmes prioritaires
des médias, en relation avec la campagne, ont été la cohabitation, la communication et la place de la France dans
le monde, thèmes qui traditionnellement, mobilisent peu l’opinion publique.
Ensuite, un effet de………………….. : l’influence des médias ne tient pas seulement au choix des sujets
traités, mais aussi à la ……………….. dont ils le traitent. L’effet de cadrage des médias correspond à la façon dont
ceux-ci vont généralement présenter un sujet, à l’«…………… » qu’ils vont choisir selon la terminologie
journalistique (exemple : le chômage est-il présenté comme un phénomène individuel ou comme résultant de
logiques économiques plus globales ou un traitement épisodique de la pauvreté faciliterait une imputation de la
responsabilité aux pauvres, alors qu'un traitement thématique et approfondi favoriserait la reconnaissance d'une
responsabilité collective et d'une défaillance des politiques publiques). L’effet de cadrage joue un rôle important sur
la façon dont le public va………………………… le sujet en question.
Enfin un effet d’………………………….. : Plus un sujet est visible dans les médias, plus il y a de chance pour
qu'il soit présent à l'esprit des récepteur, et pour que ceux-ci choisissent donc de l'utiliser comme un critère de
……………………… Ainsi, la tendance à…………………………… les quartiers sensibles à partir de la montée de
l’islamisme, des voitures brûlées ou de la pauvreté font apparaître ses habitants comme des classes………………
au même titre que les ouvriers au XIXe siècle. Or, dans The Spiral of Silence (1974), Elisabeth Noëlle-Neumann
fait apparaître que les médias de masse diffusent une opinion…………………….. qui conduit à marginaliser les
personnes qui tentent de penser différemment. Pour éviter cela, nombreux sont les individus qui, se trouvant en
désaccord avec l’opinion dominante, finissent par changer d’avis ou bien par se taire (le « Voice ou Exit » de
Albert.O.Hirschman). Ce phénomène conduit ensuite à une spirale où les opinions minoritaires le deviennent de
plus en plus jusqu’à ce qu’elles s’éteignent ne disposant plus de soutien.

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