Sans-papiers : Sarkozy ne veut pas parler chiffres
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Sans-papiers : Sarkozy ne veut pas parler chiffres
Article du vendredi 7 juillet 2006 Article du vendredi 7 juillet 2006 Sans-papiers : Sarkozy ne veut pas parler chiffres Les dossiers seront étudiés « au cas par cas » Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a désavoué hier soir un haut responsable de la police parisienne, qui avait évalué plus tôt dans la journée « à plusieurs milliers » le nombre de familles de sans-papiers avec enfants scolarisés qui pourraient être régularisées cet été. L'examen des dossiers des sans-papiers « sera ferme et humain et tous ceux qui parlent de chiffres aujourd'hui parlent de sujets qu'ils ne connaissent pas », a lancé M. Sarkozy lors d'une « réunion champêtre » à Ballan-Mire, en Indre-et-Loire. « Je rendrai des comptes aux Français une fois qu'on aura étudié tous les cas » et les dossiers seront étudiés « au cas par cas », a-t-il ajouté, réaffirmant qu'il rendrait « publics les chiffres : je l'ai dit et je le confirme ». M. Sarkozy a aussi clairement écarté l'idée d'une régularisation massive. « Il n'y a pas un pays qui considère qu'on doive donner des papiers définitivement parce qu'un enfant est inscrit à l'école [ ] La régularisation massive et totale a conduit aux catastrophes que nous connaissons aujourd'hui. Les socialistes l'ont pratiquée à quatre reprises dans les 20 dernières années, ça n'a rien résolu, ça a aggravé le problème », a-t-il dit. Plus tôt dans la journée, dans un entretien au quotidien Le Monde, Yannick Blanc, directeur de la police générale de la préfecture de police de Paris, avait déclaré « nous savons que nous allons régulariser plusieurs milliers » de familles de sans-papiers dans le cadre de la circulaire du 13 juin. Cette circulaire énonce plusieurs critères de régularisation, parmi lesquels la « scolarisation effective » depuis septembre 2005, la naissance en France ou l'arrivée des enfants avant l'âge de 13 ans, ou la « réelle volonté d'intégration » des familles. Alors que les parents concernés, 4 000 familles selon les associations, ont jusqu'au week-end du 15 août pour déposer leur demande, des milliers de personnes ont afflué depuis le début de la semaine dans les préfectures et les centres de réception des étrangers. Ses propos ont suscité une réaction prudente du Réseau éducation sans frontières, le collectif d'associations à l'origine de la mobilisation pour les sans-papiers, qui a été reçu mercredi par M. Blanc. « On reste vigilant et on veillera à ce que les actes soient en accord avec les paroles », a réagi Richard Moyon, porte-parole de RESF. « Il semble qu'à la différence d'autres préfets, (M. Blanc) donne une interprétation relativement libérale de la circulaire, ce dont on se réjouit évidemment mais cela reste insuffisant », a-t-il ajouté. Jean-Marie Le Pen accuse, quant à lui, le ministre de l'Intérieur « d'ouvrir une nouvelle filière d'immigration familiale ». « On savait que son karcher n'était qu'un brumisateur. On sait aujourd'hui que les charters de clandestins, c'est vers la France qu'il veut les affréter », a ainsi déclaré le patron du FN.