fp strada - La maison de l`image

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fp strada - La maison de l`image
La strada di levi
La Strada di Levi
Davide Ferrario
Italie – 2007- 92mn- couleur- VOST
Le réalisateur
Synopsis :
Né en 1956, Davide Ferrario vit à Turin.
Critique cinématographique et journaliste pour de nombreuses revues, il est
l’auteur du premier texte italien sur
Fassbinder (1982). Il a aussi traduit
About John Ford de Lindsay Anderson. Il continue d’écrire pour le cinéma, et
pour des magazines et quotidiens. Dans la seconde moitié des années 70, via
sa société, il distribue L’Homme de Marbre de Andrzej Wajda et Au Fil du
Temps de Wim Wenders. Il travaille ensuite en tant qu’agent pour le compte
de réalisateurs indépendants comme John Sayles, Susan Seidelman, Jim Jarmusch. Il a un petit rôle dans Maitevan de Sayles, film candidat aux Oscars. Il
réalise son premier long métrage La Fin de la nuit en 1989. Sa filmographie
de scénariste-réalisateur comprend à ce jour six long-métrages de fiction.
Tutti Giu per Terra a reçu le Prix du Meilleur Acteur au Festival de Locarno
en 1997 et Doppo Mezzanotte (2003) a reçu le Prix de la critique au Festival
de Berlin. C’est également un documentariste reconnu. Sa trilogie sur la
guerre partisane à Correggio est très populaire, autant que l’est sa participation artistique au groupe rock CSI. En 1991, il coproduit, réalise et fait le
montage de American Supermaket, une série en six épisodes sur l’âge d’or du
consumérisme américain. En 1994, son roman la Dissolvenza al Nero (Fade
to Black), sur le séjour d’Orson Welles à Rome en 1948 qui mêle habilement
des faits réels à des éléments noirs, remporte l’Hemingway Award et est traduit dans plusieurs langues. Les droits sont achetés par Dakota Films à Londres, pour une production avec un scénario signé John Sayles.
Niveau
à partir de la 2nde.
Disciplines:
Français,
philosophie,
italien,
russe,
histoire,
géographie
Le film reprend le chemin parcouru autrefois par Primo Levi, depuis sa
libération du camp de concentration jusqu’à son retour en Italie.
Le point de départ du voyage ne peut être qu’Auschwitz. La cérémonie
du 60ème anniversaire de la libération du camp est pour le cinéaste Davide Ferrario et l’écrivain Marco Belpoliti l’occasion de se demander ce
que signifie aujourd’hui la mémoire. Ensuite, guidés par le cinéaste
Andrzej Wajda, il visite les chantiers déserts de Nowa Huta, près de
Crakovie en Pologne, fleuron du régime communiste des années 50 et
où ne subsistent plus que des ruines et quelques églises dernier cri. Lors
de l’escale à L’viv en Ukraine, le film enquête sur la mort mystérieuse
de l’artiste nationaliste Igor Bilozir, assassiné par les jeunes Russophones parce qu’il chantait des chansons patriotiques en Ukrainien. Poussant plus vers l’est, ils arrivent à Zmerenka où Levi avait longuement
séjourné, attendant un moyen pour rentrer. Ensuite, direction la Biélorussie: le goulag de Novograd-Voljinsky. A la frontière, ils pénètrent
dans un monde à part, avec des paysages magnifiques sous le soleil
d’été. Rien n’a changé depuis l’époque soviétique. En filmant une
ferme, l’équipe du film est arrêtée par le KGB local,ce qui aurait pu mal
se terminer sans l’intervention personnelle du ministre ;à la suite de
quoi, le même flic devient un guide drolatique, qu’on dirait sorti tout
droit d’une comédie de Billy Wilder. A côté de la zone interdite de
Tchernobyl, un survivant de la ville fantôme de Prypiat narre la triste
histoire de sa famille. L’ambiance à Kazatin est propice à une idylle
entre Primo Levi et une jeune Russe. Le chameau d’un cirque ambulant
emmène Ferrario et Belpoliti jusqu’à Mogylev-Podilskji ; ils prennent
ensuite un car bondé d’immigrants qui leur racontent pourquoi ils partent vers l’Italie, parcours qui les obligent à traverser la Moldavie, le
pays le plus pauvre d’Europe. L’embarcation dans un bateau à aube sur
le Danube leur fait rencontrer des pêcheurs qui les bercent d’histoires
mêlant passé et présent. En Roumanie, ils croisent tour à tour une pauvre
famille d’origine italienne qui avait émigré au début du siècle dernier, et
un entrepreneur de Milan délocalisé, attiré par les coûts plus attrayants.
L’arrêt à Curtici (Hongrie) signe le retour dans l’union européenne et le
retour vers l’opulence occidentale. Qu’est-ce qui a changé depuis le
voyage de Levi dans la nouvelle Slovaquie, l’Autriche et l’Allemagne
d’aujourd’hui ? Un rallye néonazi laisse nos voyageurs sans voix. Le
voyage arrive à sa fin, où Levi se suicidera. Une dernière rencontre,
celle de Mario Rigoni, survivant de camp et ami de Levi, donne une
note d’espoir et de dignité.
Fiche pédagogique éditée par la maison de l’image
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Fiche pédagogique éditée par la maison de l’image
STRADA DI LEVI
Primo Levi :
Primo Levi est né à Turin le 31 juillet 1919, dans une famille de la petite bourgeoisie ayant des
origines juives . En 1942, il obtient un diplôme de chimie à Turin. Il entre dans la résistance,
mais son groupe n'est guère organisé, et sa brève expérience se solde par son arrestation le 13
décembre 1943 à Brusson, dans le Val d’Aoste, dans une rafle de la milice fasciste. De là il est
dirigé vers le camp de concentration italien de Fossoli. En février 1944, il est livré aux Allemands parce qu'il est juif et résistant. Il est déporté à Auschwitz III ou Monowitz, situé à six
kilomètres du camp principal, où il reste jusqu'à la libération du camp par les Russes en janvier
1945. Son retour à la maison dura dix mois, après maints détours et plusieurs arrêts, un voyage
de plusieurs milliers de kilomètres traversant la Pologne, l’Ukraine, la Belarusse, la Moldavie,
la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, l’Autriche et l’Allemagne. Voyage qu’il relatera plus
tard dans son livre La Tregua (La Trève). Après la fin de la guerre, il épouse Lucia Morpurgo,
dont il aura deux enfants. Il travaille dans une entreprise de chimie (peinture et vernis), dont il
devient le directeur, et où il reste jusqu'à la retraite. Il commence à écrire dès 1947. Rédigé
deux mois à peine après son retour et publié très peu de temps après la fin de la guerre, Si c'est
un homme, a frappé les esprits. Il consiste principalement en un récit de la survie de son auteur
dans les camps de concentration, analysant la terrible situation à laquelle les prisonniers y
étaient soumis, qui l'amène à affirmer que: « Le seul fait qu'un Auschwitz ait pu exister devrait
interdire à quiconque, de nos jours, de prononcer le mot de Providence ». Le livre fut longtemps méconnu avant d'être considéré aujourd'hui comme son chef-d'œuvre. Par la suite, il
écrit de nombreux textes qui le placent parmi les auteurs importants du 20ème siècle. Son œuvre, largement composée de nouvelles mi-réalistes, mi-fantastiques, est souvent imprégnée de
souvenirs de sa vie concentrationnaire, de son expérience de juif italien ou de chimiste. Primo
Lévi, en s'apercevant de la montée du négationnisme, crut que tout son travail pour perpétuer la
mémoire de ce que six millions des siens avaient subi, était anéanti. N'être pas parvenu au but
qu'il s'était fixé après l'enfer vécu au camp, puisque d'autres tentaient de nier une vérité pour
laquelle il avait combattu pendant des années, fut sans doute ce qui le poussa à se suicider le 11
avril 1987.
Un road-movie
Road movie, « films sur la route » est un genre cinématographique. Le lieu de l'intrigue est la
route elle-même, plutôt que les lieux qu'elle traverse. Le premier road movie célèbre fut sans
doute les Raisins de la Colère (Grapes of Wrath, 1940) de John Ford, d'après le roman de John
Steinbeck, bilan économique et social des USA après la crise de 29. Etats du monde donc, mais
on peut aussi voir la route comme une métaphore du temps qui défile, de la vie avec ses rencontres et ses séparations ; en accélérant, on s'approche de la rencontre suivante, comme si on
accélérait le temps. Les road movies représentent souvent une quête initiatique des personnages, qui vont mûrir au fil de leurs rencontres et de leurs expériences et devenir « adulte »; le
voyage est alors un rite de passage. On peut le voir encore comme une métaphore du cinéma
lui-même, la ligne pointillée du milieu ayant une étrange ressemblance avec les perforations de
la pellicule. Enfin, la route symbolise soit la liberté de mouvement et donc les libertés individuelles, soit l'exil, la souffrance, l'errance.
L’étudier en prenant des exemples littéraires, d’Ulysse ou le Satyricon à Jack Kerouac en passant par Les Rêveries du Promeneur solitaire de Rousseau (1776-1778) et Wilhlem Meister de
Goethe (1843).
Réalisation: Davide Ferrario. Scénario: Davide Ferrario, Marco Belpoliti. Image: Gherardo Gossi, Massimiliano Trevis (Technicolor). Son : Gianni Sardo.
Musique : Daniele Sepe. Montage : Claudio Cormio.
Production : Federico Mazzola, Emanuela Minoli.
Narrateur: Umberto Orsini.
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