Si c`est un homme - Collège Arthur Chaussy

Transcription

Si c`est un homme - Collège Arthur Chaussy
MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE
DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
EPREUVE HISTOIRE DES ARTS
2014-2015
Collège Arthur CHAUSSY
5 RUE DU GYMNASE
77170 BRIE COMTE ROBERT
 : 01 64 05 08 90
 : 01.64.05.72.27
ETUDIER UNE ŒUVRE D’ART
PRESENTATION DE L’OEUVRE
« La portière s’ouvrit avec fracas ; l’obscurité retentit d’ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares
naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai,
éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis, tout se tut à nouveau. Quelqu’un traduisit les ordres : il
fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d’ombres ; mais nous avions
peur de rompre le silence, et tous s’affairaient autour des bagages, se cherchaient, s’interpellaient, mais timidement, à mi-voix.
Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l’air indifférent. À un moment donné, ils
s’approchèrent, et sans élever la voix, ils se mirent à interroger certains d’entre nous en les prenant à part, rapidement.
« Quel âge ? En bonne santé ou malade ? » et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes. (…) En moins de
dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu’il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il
nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd’hui pourtant, nous savons que ce tri
rapide et sommaire servait à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich ; nous savons que les
camps de BunaMonowitz et de Birkenau n’accueillirent respectivement que quatre-vingt seize hommes et vingt-neuf femmes de
notre convoi et que, deux jours plus tard, il ne restait de toutes les autres – plus de cinq cents – aucun survivant. (…) Ainsi
disparurent en un instant, par traîtrise, nos femmes, nos parents, nos enfants. (…) A leur place surgirent alors, dans la lumière des
lanternes, deux groupes d’étranges individus. Ils avançaient en rang par trois, d’un pas curieusement empêtré, la tête basse et les
bras raides. Ils étaient coiffés d’un drôle de calot et vêtus d’une espèce de chemise rayée qu’on devinait crasseuse et déchirée en
dépit de l’obscurité et de la distance. Ils décrivirent un large cercle de manière à ne pas trop s’approcher, et se mirent en silence à
s’activer autour de nos bagages, faisant le va-et-vient entre le quai et les wagons vides. Nous nous regardions sans souffler mot.
Tout nous semblait incompréhensible et fou, mais une chose était claire : c’était la métamorphose qui nous attendait. Demain,
nous aussi nous serions comme eux. »
Primo Levi, Si c’est un homme, extrait, Éditions Julliard, 1987
TITRE DE L’ŒUVRE : Si c'est un homme de Primo Levi
AUTEUR (nom et éléments biographiques) : Primo Levi est né en 1919 et mort en 1987.
DOMAINE ARTISTIQUE (arts de l’espace, arts du langage, etc.) : Arts du langage
NATURE (peinture, sculpture, œuvre littéraire, œuvre musicale, etc.) : extrait de ce témoignage, l'arrivée au camp
DATE : 1987 publication en Italie et en France
LIEU DE CREATION : Turin
LOCALISATION ACTUELLE (œuvre picturale ou plastique) :
THEMATIQUE : Arts, Etats et pouvoir
PROBLEMATIQUE : Comment l'oeuvre de Primo Levi décrit-elle l'univers concentrationnaire durant la Seconde Guerre
Mondiale ?
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mail : [email protected]
INTRODUCTION : Si c'est un homme est un récit autobiographique, datant de 1947. P.Levi le précise dans
sa préface, tous les faits qu'il relate sont véridiques. Il a 24 ans quand il est fait prisonnier par la milice
fasciste et déporté dans le camp de Monowitz ( Auschwitz III) . Il y resté de décembre 1943 jusqu'en
janvier 1945.
Il veut exposer les caractéristiques du Lager à l'époque de sa déportation et témoigner et rendre compte
de l'état d'esprit qui y régnait et ainsi proposer « une étude dépassionnée de l'âme humaine ».
ANNONCE DE LA PROBLEMATIQUE
Comment l'oeuvre de Primo Levi décrit-elle l'univers concentrationnaire durant la Seconde Guerre
Mondiale ?
PLAN DE L’EXPOSE
1° PARTIE DESCRIPTION DE CET EXTRAIT
a) Primo Levi est un jeune juif de 24 ans, il s'était engagé avec quelques amis dans la résistance contre le
fascisme et le nazisme. Il est arrêté le 13,12 1943 avec ses camarades de la Giustizia e Libertà, par la milice
fasciste. Il est déporté en février 1944 à Auschwitz en Pologne avec 650 autres juifs italiens.
b) Cet extrait se trouve au début de l'oeuvre. Il raconte ce long voyage qui dure 15 jours, la promiscuité
dans les wagons de marchandise, la faim et la soif, c 'est le choc à l'arrivée dans le camp.
c) Les « voyageurs » sont triés par sexe, âge et état de santé générale. Les femmes, les enfants partent
pour les chambres à gaz. P.Levi fait partie des « bons pour le travail », il est destiné au camp. Ses
connaissances scientifiques lui permettent d'échapper au travail très éreintant de l'extérieur.
2° PARTIE INTERPRETATION DE L’ŒUVRE
DOIT FIGURER DES ELEMENTS PERMETTANT DE REPONDRE A LA PROBLEMATIQUE POSEE
a) P.Levi témoigne des horreurs des camps de concentration et d'extermination pendant la Seconde
Guerre Mondiale commises par les Nazis. « Une dizaine de SS » questionne les nouveaux arrivés et
les « trie » en deux groupes : les valides et les autres « femmes, enfants, vieillards » ; le ton paraît neutre
et l'auteur ne cherche pas à exprimer ses sentiments, il les passe sous silence au profit de la réalité brute
et horrible.
b) L'auteur se souvient avec une netteté incroyable des chiffres : 96 hommes et 29 femmes de son
convoi, et deux jours plus tard, plus de 500 il ne reste « aucun survivant ». Le choc des chiffres et
l'absence de survivants est très fort dans cet extrait.
La précision des chiffres montre la netteté des souvenirs et la force du traumatisme vécu par P.Levi.
Conclusion – Avis personnel
Cet extrait évoque la folie, le silence, la nuit, l'absurde liés à cette expérience très traumatisante.
Ce souvenir très précis, avec des détails très factuels, sans épanchement de sentiment, dénonce l'univers
concentrationnaire et le projet génocidaire des Nazis pendant la seconde guerre mondiale.
Primo Levi a raconté dans cette œuvre son expérience pour témoigner de ces horreurs et pour que les
générations ultérieures ne les oublient jamais.
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mail : [email protected]
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