WR Report Mar 2010 FRE
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La Revue Whitehall-Robins Mars 2010 - Volume 19, Numéro 1 Le rôle des phytostérols et les maladies cardiovasculaires Dylan S. MacKay M.Sc., Richardson Center for Functional Foods and Nutraceuticals, Université du Manitoba, Canada Peter J. Jones Ph.D., Richardson Center for Functional Foods and Nutraceuticals, Département des Sciences de l'alimentation, Université du Manitoba, Canada Les phytostérols, aussi appelés stérols végétaux ou stanols, sont des stéroïdes d'origine naturelle de structure semblable à celle du cholestérol, à l'exception des chaînes latérales variées et(ou) des liaisons doubles. Comme c'est le cas avec le cholestérol chez les animaux, les phytostérols sont essentiels à la perméabilité et à la fluidité de la membrane chez les plantes, entre autres processus biologiques. Bien que l'on ait identifié plus de plus de 250 différents phytostérols et autres composants du genre1, les phytostérols alimentaires les plus courants sont β-sitostérol, campestérol et stigmastérol, lesquels comptent pour environ 65 %, 30 % et 3 % de la teneur tirée de l'alimentation, respectivement 2. Les esters de phytostérol existent sous forme de phytostérols emmagasinés dans les plantes. Les huiles végétales sont des sources riches de phytostérols, comme le démontre le Tableau 1. Alors que le cholestérol alimentaire est absorbé à un taux de 50 à 60 % chez les humains, le taux d'absorption des phytostérols est de l'ordre de 1 à 15 %. Les entérocytes, les cellules qui forment la paroi intestinale où se produit l'absorption des stérols, font la distinction entre le cholestérol et les phytostérols; elles renvoient des phytostérols dans l'intestin et des phytostérols non absorbés sont alors excrétés dans les selles. Le foie fait également la différence entre le captage et la mise à disposition du cholestérol par rapport aux phytostérols et marque une préférence pour l'excrétion de phytostérols dans la bile. La capacité des phytostérols de réduire les taux de cholestérol en circulation a été démontrée chez les animaux en 1951 3, puis chez les humains en 1953 4. Les phytostérols sont reconnus pour concurrencer le cholestérol alimentaire et biliaire lors de l'absorption dans les entérocytes 5. Par ces mécanismes, les phytostérols réduisent l'absorption totale de cholestérol, entraînant des réductions cliniquement significatives des taux de cholestérol total et de lipoprotéines de basse densité (C-LDL) lorsqu'ils sont présents dans l'alimentation 6-8. Les phytostérols ont été incorporés à de nombreux aliments fonctionnels, dont les tartinades à base d'huile végétale, les aliments de boulangerie, les produits laitiers, les jus de fruits et les boissons de soja, sans oublier les suppléments 9. Les phytostérols sont donc des inhibiteurs de l'absorption du cholestérol d'origine naturelle et la supplémentation offre une excellente solution thérapeutique alternative aux médicaments utilisés pour la gestion des taux élevés de cholestérol et la prévention de maladies cardiovasculaires. Bienfaits d'ordre cardiovasculaire Les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de décès dans les sociétés développées du monde occidental, où elles ont compté pour 29,2 % (16,7 millions) du nombre total de décès en 200210. Beaucoup d'essais épidémiologiques, cliniques et animaliers ont identifiés l'élévation des taux de C-LDL comme un facteur de risque d'importance majeure de maladie cardiovasculaire 11. Par conséquent, la réduction des taux de C-LDL se profile comme un objectif primaire de prévention de maladie cardiovasculaire. Law et al. 12, Katan et al. 6, Abumweis et al. 7 et Demonty et al. 8 ont effectué des méta-analyses en se penchant sur les effets réducteurs des lipides observés lors d'essais cliniques d'intervention qui mettaient en présence des phytostérols. Les quatre revues leur ont conféré une activité hypocholestérolémique significative. Law et al. (2000) ont passé en revue 14 essais cliniques sur la supplémentation en phytostérols pour conclure que ceux-ci causaient une réduction du C-LDL plus ou moins marquée selon la dose, de 0,8 g par jour jusqu'à un plateau observé à 2 g/jour. Aucune différence d'efficacité n'a été notée entre les diverses formes de stérols ou de stanols contenues dans les suppléments de phytostérols. Ces auteurs ont conclu que l'ajout de 2 g/jour de phytostérols à la margarine fait diminuer le C-LDL par un taux moyen de 0,54 mmol/L chez des personnes âgées de 50 à 59 ans. Une réduction de cette ampleur permet d'entrevoir une diminution de 25 % du risque de maladie cardiovasculaire12; soit une réduction du risque plus importante que celle prévue par la diminution de l'apport en gras saturés. Lors de l'examen de 41 essais mettant en cause la supplémentation en phytostérols, Katan et al. (2003) ont pu démontrer que 2 g/jour de phytostérols permettent de réduire le C-LDL de 10 %, un effet qui venait s'ajouter à toute autre intervention médicamenteuse ou alimentaire. Cet examen a conclu qu'un apport supérieur à 2 g/jour ne conférait aucun bénéfice supplémentaire et que l'utilisation d'une forme de stérol ou de stanol ne causait aucune différence. De plus, Katan et al. ont démontré que les taux de vitamines liposolubles A et D n'étaient pas réduits de façon significative par la supplémentation en phytostérols. Abumweis et al. (2008) ont analysé 59 essais portant sur les phytostérols pour déterminer les facteurs qui causent une si vaste plage (5-15 %) de réduction du C-LDL. Une réponse positive conséquente à la dose entre la diminution de C-LDL et le taux de consommation de phytostérols a pu être observée jusqu'à une dose atteignant 2,5 g/jour. Les variations ont été attribuées aux bilans de C-LDL des participants au début de l'étude et à la formulation des suppléments de phytostérols. Les personnes qui présentaient les taux les plus élevés au départ ont semblé connaître les réductions les plus marquées de C-LDL. Les esters de phytostérol et les phytostérols libres dissous dans les aliments gras ou les tartinades grasses étaient plus efficaces que ceux qui provenaient d'aliments faibles en gras 7. Lors de l'examen de 84 essais cliniques portant sur les phytostérols, Demonty et al. (2009) ont démontré une réduction d'ensemble de 8,8 % (95 % CI: 29.4, 28.3) du C-LDL pour un apport médian de 2,15 g/jour. Aucune différence significative n'a été notée entre les stanols ou les stérols, les aliments à forte ou à faible teneur en gras ou les produits laitiers ou les autres produits. Les statines, lesquelles réduisent la synthèse du cholestérol, constituent souvent la première approche utilisée pour maîtriser le C-LDL; elles en abaissent les taux de 20 à 60 % selon la dose 13. Toutefois, le traitement par les statines ne permet pas à toutes les personnes d'atteindre les taux de C-LDL souhaités, particulièrement les personnes qui présentent un taux d'absorption plus élevé du cholestérol. Les personnes traitées à l'aide de statines peuvent bénéficier d'une réduction accrue de 10 % des taux de C-LDL en recourant aux phytostérols, ce qui peut se montrer plus efficace que d'augmenter la dose de statine qu'ils prennent actuellement 6,14. On croit que les lipides oxydés qui contiennent des particules LDL sont athérogènes 15. Des antioxydants qui préviennent l'oxydation des lipides seraient donc aptes à conférer un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires. Les propriétés antioxydantes des stérols végétaux ont aussi été investiguées et ont démontré un effet inhibiteur sur l'oxydation lipidique induite par le cuivre in vitro de cellules LDL prélevées chez des personnes normolipidiques 16. Cette inhibition de l'oxydation lipidique a été observée lors d'essais cliniques chez les humains 17,18 et peut constituer un autre mécanisme par lequel les phytostérols confèrent un effet préventif de maladie cardiovasculaire. L'efficacité et l'innocuité des phytostérols a fait l'objet d'une revue par le National Cholesterol Education Program (NCCEP) et l'American Dietetic Association (ADA). Dans les deux cas, ces associations ont recommandé la supplémentation en phytostérols aux personnes qui présentaient un risque élevé 11,19. L'American Heart Association (AHA) considère également les phytostérols comme une option thérapeutique chez les personnes dont le taux de cholestérol est élevé 20. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a approuvé une allégation santé pour les produits qui contiennent des phytostérols; elle a en outre permis l'utilisation d'une allégation qui stipule que les phytostérols ont démontré un effet réducteur du cholestérol sanguin et qu'une réduction du cholestérol sanguin peut faire diminuer le risque de maladie coronarienne 21. Innocuité La consommation de phytostérols est considérée sécuritaire pour l'humain, sauf en cas de phytostérolémie, une maladie génétique rare qui cause l'accumulation de stérols d'origine animale et végétale dans le sang. Les personnes qui en souffrent doivent modifier leur alimentation pour éviter la consommation d'aliments qui constituent une source naturelle de phytostérols. L'alimentation occidentale fournit un apport normal en phytostérols qui se situe entre 170 et 360 mg/jour, selon les habitudes alimentaires et la région géographique 22. L'apport des personnes végétariennes est même plus élevé encore. L'apport supplémentaire en phytostérols jouit d'une longue période d'utilisation sécuritaire qui remonte à Cytellin, un médicament constitué d'un mélange de phytostérols disponible aux États-Unis de 1954 à 1982 pour traiter l'hyperlipidémie 23. La posologie de Cytellin était de 6-12 g/jour, avec une dose plus élevée et bien tolérée, pouvant atteindre jusqu'à 45 g/jour, prescrite aux patients qui ne répondaient pas bien à la dose normale. L'innocuité de certaines formes de stérols a récemment été remise en question 24. La consommation de stérols végétaux fait augmenter les taux sériques de stérols végétaux 6 et il a été avancé qu'une augmentation des taux plasmatiques de stérols végétaux pouvait être athérogène 25. Cette hypothèse est fondée sur des sujets souffrant de phytostérolémie. Chez ces personnes, les taux sériques de stérols végétaux peuvent atteindre jusqu'à 50 fois les taux normaux et elles présentent souvent une maladie cardiovasculaire à un très jeune âge. Glueck et al. 26 ont été les premiers à parler d'une relation entre les concentrations sériques de stérols végétaux et l'élévation du risque de maladie cardiovasculaire. Toutefois, il a été établi que les taux sériques de stérols végétaux et les ratios stérols végétaux à cholestérol présentent une corrélation positive avec l'absorption de cholestérol et les taux de cholestérol absolus 27 d'une part, et qu'une forte absorption de cholestérol fait croître le risque de maladie cardiovasculaire 28 d'autre part. Weingartner et al. 29 ont démontré que les concentrations plasmatiques de stérols végétaux (ApoE -/-) chez des souris qui recevaient un supplément d'esters de stérol végétal offraient une corrélation marquée avec la formation de lésions d'athérosclérose. À l'inverse, Plat et al. 30 ont démontré que l'ajout de stanols ou de stérols (LDL-R +/-) au traitement d'atorvastatine chez des souris inhibait ou induisait une régression des lésions d'athérosclérose, en dépit de taux sériques de stérols végétaux plus élevés pendant la période de supplémentation. Fassbender et al. 31 et Pinedo et al. 32 ont tout deux rapporté une association entre des taux élevés de stérols végétaux et une réduction du risque de maladie cardiovasculaire. Après avoir investigué la relation entre l'homéostasie du cholestérol, les taux de stérols végétaux et les maladies coronariennes de 2 440 participants à l'étude LURIC, Silbernagel et al. 33 ont conclu qu'une hausse de l'absorption du cholestérol et une diminution de la synthèse du cholestérol étaient liés au degré de gravité de la maladie cardiovasculaire. Toutefois, Silbernagel et al. ont aussi conclu que des taux accrus de stérols végétaux en circulation n'étaient pas athérogènes chez des personnes qui ne présentaient pas de phytostérolémie. Les questions concernant l'innocuité de la consommation de stérols végétaux ont déjà été traitées de manière spécifique 23. L'innocuité du traitement par les phytostérols pour réduire les taux de C-LDL est appuyée par un historique de longue date. En Finlande, la margarine contient des esters de stanols depuis 1955 et les esters de phytostérols ont fait leur entrée dans l'Union européenne en 2000. Une exigence requise pour l'obtention de l'approbation d'utilisation des Mars 2010 - Volume 19, Numéro 1 Le rôle des phytostérols et les maladies cardiovasculaires phytostérols dans l'UE consistait à effectuer une surveillance postproduction et aucun effet secondaire inattendu n'y a été rapporté 34. Des doses de phytostérols atteignant jusqu'à 9 g/jour ont été administrées sans effets secondaires dans le cadre d'essais cliniques 35 et des doses aussi élevée que 45 g/jour ont même déjà été administrées 23 pour traiter l'hyperlipidémie. Phytostérols et cancer Bien que le principal effet biologique de la consommation de phytostérols ait été identifié comme l'inhibition de l'absorption du cholestérol, d'autres effets biologiques sont actuellement sous investigation. Des preuves naissantes leur confèreraient des effets inhibiteurs sur le développement de certaines formes de cancer 36. Il serait possible que les phytostérols agissent selon des mécanismes qui comprennent l'inhibition de la production d'agent carcinogène, de la croissance de cellules cancéreuses et de métastases, de même que la promotion de l'apoptose. La plupart de ces preuves ressortent d'études de cas-témoins ou d'études épidémiologiques menées chez l'humain qui associent les niveaux d'apport en phytostérols au développement du cancer, ainsi que d'études sur les animaux et d'études sur la culture cellulaire. De plus amples investigations sont nécessaires pour élucider les mécanismes exacts par lesquels les phytostérols joueraient un rôle actif lié au cancer. Dose, formulation et fréquence Les phytostérols ont démontré une capacité de réduction significative du C-LDL à des doses aussi faibles que 0,8 g/jour 37 et cette réduction s'est accentuée en fonction de la dose jusqu'à concurrence de 2,0 12 ou 2,5 7 g/jour. La formulation a démontré une capacité d'influencer l'efficacité de la réduction de C-LDL perçue. Intégrés à des aliments à teneur élevée en gras, comme les tartinades de margarine, les phytostérols sont généralement plus efficaces que s'ils se trouvent dans des aliments à faible teneur en gras 7. Il est possible de se procurer des suppléments de phytostérols encapsulés et ceux-ci ont démontré une baisse de C-LDL chez des personnes qui souffraient d'hypercholestérolémie 38,39. Toutefois, tous les essais qui ont utilisé des phytostérols encapsulés n'ont pas nécessairement été efficaces 40,41. L'absence d'efficacité perçu lors de ces essais a été attribuée à une alimentation faible en cholestérol 41 et à la vitesse de dispersion de la capsule 40. La fréquence de l'administration des phytostérols a aussi fait l'objet d'investigations et a fourni des résultats mitigés6. En théorie, les phytostérols sont des inhibiteurs compétitifs du cholestérol et ils devraient être pris avec des repas qui contiennent du cholestérol pour en maximiser l'effet. En comparaison directe, les phytostérols administrés trois fois par jour ont démontré une réduction de cholestérol significativement plus marquée que ceux qui étaient administrés en dose unique le matin 42. Toutefois, une investigation systématique plus approfondie est nécessaire sur cette question, car la vaste majorité des essais qui ont démontré une réduction du C-LDL par les phytostérols préconisaient l'administration 2 à 3 fois par jour avec un repas. Conclusion Les phytostérols démontrent un pouvoir inhibiteur de l'absorption du cholestérol. La supplémentation à raison d'environ 2 g/jour s'est montrée efficace pour réduire le C-LDL de 5 à 10 %. Les phytostérols sont aussi efficaces en conjonction avec un traitement thérapeutique à l'aide de statines ou avec une intervention d'ordre alimentaire pour accentuer la réduction du C-LDL de 10 % en moyenne. La magnitude de la réduction du C-LDL perçue lors de l'utilisation de phytostérols peut permettre d'espérer une réduction significative du risque de maladie cardiovasculaire. Tableau 1. Teneur en phytostérols de divers aliments (adapté de 43,44 ) Aliment Huile de maïs Huile de canola Huile de tournesol Huile de soja Huile d'olive (extra vierge) Blé Avoine Maïs Pomme de terre Pomme Orange Teneur en phytostérols g/kg 7,15 – 9,52 6,46 – 8,08 3,10 3,00 1,44 – 1,50 0,60 – 0,69 0,33 – 0,52 0,178 0,04 0,13 0,24 La Revue Whitehall-Robins est une publication de Wyeth soins de santé inc. qui aborde les questions d’actualité reliées à la place des vitamines et des minéraux dans la prévention de la maladie et la promotion de la santé. Des exemplaires gratuits du document sont distribués aux professionnels de la santé qui s’intéressent à la nutrition. Rédaction : Wyeth soins de santé inc. Pour nous faire parvenir des commentaires ou faire ajouter son nom à la liste d’envoi de La Revue Whitehall-Robins, prière d’écrire à l’adresse suivante: La rédaction, La Revue Whitehall-Robins, 5975 Whittle Road, Mississauga, ON L4Z 3M6 Pour les numéros précédents ou pour de plus amples renseignements, veuillez consulter la section professionnelle Centrum, sur notre site Internet à www.centrum.ca. © 2010 – Mars. On peut reproduire des extraits de ce document, à condition d’en mentionner la source. Références 1. Akihisa T., Kokke W. and Tamura T., Naturally occuring sterols and related compounds from plants, In: Patterson G.W. and Nes W.D. (eds), Physiology and Biochemistry of Sterols., Champaign, IL, American Oil Chemists' Society, 1991: 172-228. 2. Weihrauch, J. L. and Gardner, J. 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