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Collège Hans-Arp - Sous le parrainage de Tomi Ungerer Des images qui engagent Des maux, des musées, des mots : le collège Hans-Arp, à l’Elsau, embarque à nouveau toutes ses classes de 4e pour un an de réflexion et de création sur la violence et le respect. Un projet franco-américain La quatrième F est la sixième et dernière classe du collège Hans-Arp, à l’Elsau, à passer au musée Tomi-Ungerer ce jour-là. L’animatrice Martine distribue une carte à chaque élève. « Vous avez des petits détails que j’ai extraits des dessins », commente-t-elle. Il leur faut retrouver les six œuvres originales dans le musée, et les relier aux idées exprimées : solidarité, amitié, famille, humour, héroïsme, guerre. « Vous prenez le temps de bien regarder parce que c’est un peu moins simple que ça n’y paraît », précise l’éducatrice. « L’art peut-il changer le monde ? » « Madame, c’est trop joli, ça ! » s’extasie quelqu’un déjà parti dans la deuxième salle. Nora et Hayat ont fini – elles ont tout juste. « Moi j’ai aimé le numéro 1, parce que c’est la solidarité », confie Nora. Hayat préfère le collage qui incarne l’humour : « Ça m’a plu parce qu’il a utilisé des objets pour représenter des parties du corps humain ». Depuis trois ans, le collège Hans-Arp s’est engagé dans un projet franco-américain intitulé en français « Des maux, des musées, des mots », sur la thématique de la violence et du respect, destiné à tout son niveau de 4e. Une opération avec 13 musées français et 13 musées américains que parraine Tomi Ungerer, l’artiste strasbourgeois qui a vécu et travaillé une partie de son existence aux États-Unis. Pour lancer le travail en début d’année, les profs avaient choisi d’organiser un « happening ». Ils étaient une quarantaine d’adultes, lors d’une journée de septembre, à porter un t-shirt avec l’inscription L’art peut-il changer le monde ? , la question que les jeunes exploreront jusqu’en juin avec leurs correspondants du Massachusetts. « Mais nous avons choisi de ne jamais la poser directement aux élèves, tout en essayant de les amener à se la poser euxmêmes », explique Anne Mathurin, enseignante d’anglais. « C’était pour l’anniversaire de Tomi Ungerer », croit deviner Osman, quand on lui demande s’il se souvient de cette journée spéciale. Melike pense que ça voulait dire que « l’art, c’est important ». Débusquer les stéréotypes Voilà la classe assise devant l’œuvre Black power, white power , où deux hommes se dévorent l’un l’autre comme les deux parties d’un personnage de carte à jouer. « C’est une affiche très connue de Tomi Ungerer, qui est même présente dans les livres d’histoire », leur explique Martine. Elle les emmène en 1967, au temps de la ségrégation raciale, avec le Ku Klux Klan et les Blacks Panthers, et la violence destructrice. Chacun scrute les petits détails que l’artiste a glissés dans l’image, pour débusquer les stéréotypes. « C’est quelqu’un qui s’engage dans ses images. Celle-là a pratiquement cinquante ans… » « On dirait qu’elle a été créée maintenant », s’extasie un des ados. En début de séance, ils ont regardé le film tourné par leurs aînés de 3e : une interview de Tomi qui leur parle notamment de sa colère face à l’absurdité du monde, et de ce qu’il fait pour la transformer en énergie créatrice. La vidéo a été projetée à des centaines de visiteurs lors des Journées du patrimoine. Aux élèves suivants maintenant de créer. Chaque classe choisira bientôt le musée de Strasbourg dans lequel elle veut s’investir.