SOUFFRANCES AU TRAVAIL-1
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SOUFFRANCES AU TRAVAIL-1
SOUFFRANCES AU TRAVAIL, SOUFFRANCES A L’ECOLE Compte-rendu de la demi-journée d’information syndicale organisée par la section Sud de Champigny, le 9 décembre 2006 Intervenante : Anne Flottes, membre du laboratoire de psychodynamique du travail de Christophe Dejours. Psychodynamique du travail Cette discipline, initialement dénommée psychopathologie du travail, a pour objet, spécifiquement, l’analyse critique et théorique de la pathologie mentale due au travail. [….] Le travail a des effets puissants sur la souffrance psychique. Ou bien il contribue à l’aggraver et à pousser progressivement le sujet vers la folie ; ou bien il contribue au contraire à la transformer, à la subvertir même, en plaisir, au point que dans certaines situations, le sujet qui travaille défende mieux sa santé mentale que lorsqu’il ne travaille pas. Pourquoi le travail est-il tantôt pathogène, tantôt structurant ? (définition de C. Dejours) Qu’est-ce que le travail ? C’est une activité coordonnée dans un but d’utilité sociale dont la contrepartie est la rémunération. Cette activité répond à une prescription qui fixe les objectifs, les moyens et la méthode. Cette prescription est toujours contradictoire et le « travaillé » doit s’en accommoder, c’est alors que toute son intelligence pratique se met en marche pour faire face aux nombreux imprévus. « L’essentiel de leur travail c’est leur pensée. » dit Wiesner, mais il y a là deux inconvénients : le travaillé croit faire ce qui est prescrit et est incapable de décrire ce qu’il fait réellement. Il ignore tout de sa démarche et les autres également ; MAIS si « ça rate » alors là, on va lui reprocher de ne pas avoir suivi la prescription ! Prescription qu’il n’avait pourtant jamais suivie auparavant ! L’ergonomie Science dont est issue la psychodynamique du travail, analyse comment font les gens pour améliorer leurs conditions de travail. Wiesner est parti du postulat suivant : si on améliore réellement les conditions de travail (en partant du travail réel et non pas du prescrit), alors on devrait trouver les conditions idéales ! Mais ça ne fonctionne pas, les travailleurs continuent à faire des choses nocives pour leur santé. Pourquoi ces aberrations ? A son tour, la psychodynamique du travail pose l’hypothèse suivante : le travail produit des maladies mentales comme il produit des maladies physiologiques. Oui mais alors comment se fait-il que tous ne soient pas fous ou morts ? Et Dejours reprend alors les mots de Jean De La Fontaine : «Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » Les réactions face au travail sont paradoxales : c’est toujours de la souffrance, car c’est une contrainte sociale, parce qu’on manque toujours de moyens et pourtant on est moins malade quand on travaille que lorsque l’on ne travaille pas (sauf si c’est un choix…) ?! Qu’est-ce que le travail du point de vue psychique ? Chacun individu arrive à l’âge adulte avec son histoire personnelle : ses manques, ses doutes, ses conflits…Au travail il peut rejouer toute son histoire enfantine et retrouver l’estime de soi. Il tient à faire du « bon travail » mais ça ne marche pas à chaque fois ! Et alors il doute…. Il est embarrassé, mais peut en parler à ses pairs, un collègue en qui il a confiance et qui vivant les mêmes choses que lui, le réconfortera. Même si le doute ne cesse jamais puisqu’il est inhérent au travail luimême. Mais si le doute devient prépondérant au point de ne plus pouvoir en parler alors il y a souffrance ! C’est alors que l’individu met en place des systèmes de défense complexes afin de pouvoir contourner cette souffrance. Les systèmes de défense : Ce sont des processus psychiques en parti inconscients, et en parti intentionnels, mais pas volontaires. Et qui bien sûr qui sont difficiles à mettre en mots ! Le déni est un processus de défense, on peut prendre pour exemple les ouvriers du bâtiment qui doivent travailler à de grandes hauteurs, naturellement ils ont peur car ils savent quels dangers ils encourent mais refoulent cette peur pour pouvoir assurer leur travail ! La reconnaissance du travail par ses pairs, sa hiérarchie, les usagers peut-elle faire contre-poids à la souffrance au travail ? Il faudrait parler d’évaluation, de jugement plutôt que de reconnaissance. La reconnaissance par les pairs est la plus importante ! Si vos pairs reconnaissent votre travail alors ils vous intègrent sinon ils vous rejettent et votre position devient insupportable ! Celle des usagers est basique : ils ne voient que le bénéfice qu’ils tirent de votre travail. Celle de la hiérarchie est comptable et utilitaire, elle ne juge que du résultat. Si le jugement se porte sur le travailleur plutôt que sur son travail alors il y a dérapage et grande souffrance pour le travailleur ! Bibiographie : Souffrance en France de Christophe Dejours L’évaluation de Christophe Dejours Entre les murs de François Begaudeau Les enseignants entre plaisir et souffrance de Claudine Blanchard-Laville Filmographie : Violence des échanges en milieu tempéré Ils ne mourraient mais tous étaient frappés Nous avons ouvert lors de cette ½ journée syndicale, une porte sur la compréhension des souffrances au travail, nous poursuivrons ce travail et cette recherche en s’attachant plus spécifiquement à l’enseignant et à l’élève, lors d’un prochain stage. Princesse Leïa, le 23 décembre 2006