Bernadette Lopez, dit Berna * : « Je suis une mordue de Jésus »

Transcription

Bernadette Lopez, dit Berna * : « Je suis une mordue de Jésus »
connaissez-vous…
Bernadette Lopez, dit Berna * :
« Je suis une mordue de Jésus »
Directrice-adjointe de l’Institut romand de formation aux ministères (IFM), Bernadette
Lopez a une passion : la peinture. Un art lui permettant de transmettre la Parole et sa foi.
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Quel est votre parcours ?
Mes origines sont espagnoles, catalanes, car je suis née à
Barcelone. J’ai été élevée dans une famille très croyante, de cinq
enfants. Après mes études, je suis venue en Suisse dans les années 1990. Je suis restée deux ans à Genève, puis je suis arrivée à
Fribourg. Là, j’ai commencé des études de journalisme et la peinture m’a saisie. Rien n’était programmé, mais j’ai coutume de
dire que, déjà dans le ventre de ma mère, je dessinais ! J’ai reçu ce
don de la peinture. En peignant des thèmes de l’Evangile, je me
suis dirigée vers des études de théologie. Peut-être pour mieux
comprendre ce que je peignais. Et, après quatre ans de pastorale auprès des jeunes, on m’a demandé si je pouvais assurer la
codirection de l’IFM.
D’où vient cette envie de vous mettre au service des autres ?
J’ai toujours été interpellée par la Parole du Christ. L’important, pour moi, est de présenter un Christ à la portée de tous.
Il est venu pour tout le monde et son message est libérateur :
mettre l’amour par-dessus tout, aimer les autres jus­qu’au bout
(comme lui-même l’a fait), donner à soi-même (et aux autres)
une liberté intérieure qui permet d’exister dans un esprit positif, sans pour autant écarter les parties sombres de la vie et la
complexité de notre humanité. J’aime beaucoup ce réalisme
de la foi chrétienne. Alors, par amour, se mettre au service des
autres, ce n’est pas simple mais cela en vaut la peine
Que veut dire être croyant ?
Pour moi, il s’agit, d’abord, de prendre conscience de nos
limites. Je ne peux pas tout connaître, tout prévoir, tout contrôler. Il faut parfois lâcher prise et savoir demander de l’aide. Il
faut s’appuyer sur quelque chose qui va au-delà de ma réalité
humaine. Avec cette conviction que ce Tout-Autre, quel que soit
le nom qu’on lui donne, est là pour m’aider, pour aller de l’avant,
pour voir les choses sous l’angle de l’espérance.
Est-il facile d’être croyant ?
Non. Je pense qu’il est trop confortable de faire un monde à
sa mesure. On se donne l’illusion que l’on peut tout gérer. Mais on
peut toujours donner plus que ce que l’on imagine. On peut toujours rebondir, l’amour porte plus loin. Croire à un être supérieur
qui nous fait confiance parce qu’il nous aime sans relâche est libérateur. Cela nous aide à grandir, à mieux prendre connaissance de
nous-mêmes, à mieux nous donner. Il faut être heureux d’être
chrétien. Mais vivre sa foi d’une
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manière isolée n’a pas de sens.
1962 : naissance à Barcelone
Dieu est relation, l’amour est
1989 : arrivée en Suisse
relation, nous ne pouvons pas
1994-2001 : études de théologie
vivre la foi tout seuls. Je vis donc
2002-2006 : pastorale auprès
en petite fraternité : il s’agit
des jeunes
d’une vie communautaire à
Dès 2006 : codirectrice de l’IFM
deux (nous sommes toutes les
Liens : www.ifm.ch ;
deux engagées dans l’Eglise du
www.evangile-et-peinture.org
canton de Fribourg), fondée sur
Biographie express
DR
Cahier romand de
V I VA N T E S
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le partage de la prière, la fraternité, la mise en œuvre d’apostolats communs (en plus de nos engagements respectifs). Nous essayons de vivre une vie pour les autres imprégnée de l’Evangile,
dans l’esprit de liberté qui a habité le Christ.
Quel est le rôle de l’Eglise ?
Elle doit, de manière très humble, se réjouir d’être porteuse
de la Bonne Nouvelle que le Christ nous a confiée. Sa mission
principale est d’inviter les gens à découvrir la bonté du message d’amour. Il s’agit d’aider l’autre à vivre heureux avec ses
limites. Mais l’Eglise est composée d’êtres humains (donc, avec
ses failles aussi), et ce n’est pas toujours facile ! La tentation du
pouvoir, particulièrement, fragilise l’Eglise, comme d’ailleurs
toutes les institutions.
Comment peignez-vous ?
Avant toute peinture, il y a la Parole. Je ne peins jamais sans
avoir lu l’Evangile. Lorsque j’arrive dans mon atelier, je me suis
nourrie des textes dont je m’inspire. Je n’ai pas dans ma tête
des images définitives, mais j’ai une vue de l’ensemble (des couleurs, des personnages) très intuitive, que je développe ensuite
sur la toile. Je ne fais jamais d’esquisse. Pour illustrer l’évangile
de Luc, par exemple, j’ai commencé par faire tous les fonds –
101 toiles –, ensuite j’ai esquissé tous les personnages, puis je
les ai colorés. La dernière touche est d’ajouter la « présence »
de Dieu. Dans toutes mes peintures, Dieu est présent par de
minuscules points blancs éparpillés sur le tableau, dont il faut
s’approcher pour les voir. Cela correspond à ma vision de Dieu :
il est là parmi nous, tout le temps, mais il ne se manifeste pas
de manière trop visible. Et puis, il y a aussi la bande dessinée. Je
suis une « mordue » de Jésus et le dessin me permet de le présenter autrement, avec beaucoup d’humour.
Propos recueillis par Marie-Claude Cudry
* son nom d’artiste
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Cahier romand de Paroisses Vivantes, Saint-Augustin SA, octobre 2013
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