Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire, Lille, Saint Pierre

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Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire, Lille, Saint Pierre
Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire, Lille, Saint Pierre‐Saint Paul Voici une parole qui vient à point en cette fin d’été. Elle nous invite en effet à choisir, à nous déterminer. Le « Voulez‐vous partir vous aussi ? » de Jésus fait écho au « Choisissez qui vous voulez servir » de Josué aux fils d’Israël. Et l’affirmation déterminée de Josué « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur » trouve dans la profession de foi de Pierre une postérité bien émouvante : « Seigneur, vers qui pourrions‐nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Plus que jamais, nous mesurons combien la foi est un choix personnel, de moins en moins conditionné par l’environnement familial et social ; un choix à renouveler sans cesse, plus encore un choix à nourrir par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et la vie en Eglise… car la foi est aussi et avant tout don de Dieu : « Voilà pourquoi, je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est donné par le Père. » La foi relève d’un choix libre, d’une décision et en même temps, elle est don de Dieu. Le paradoxe n’est qu’apparent, car la foi est libre réponse au don de Dieu, action de grâce de qui reconnaît l’immense amour de Dieu et l’accueille au point d’en être transformé, renouvelé. Car si elle est option, la foi n’en est pas moins une question vitale, existentielle : « les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. » ! Frères et sœurs, alors que nous nous apprêtons à vivre la « rentrée », la reprise des activités, prenons le temps d’inscrire profondément notre démarche de foi dans cette alliance avec Dieu, un Dieu qui nous cherche et sollicite notre réponse, un Dieu qui s’est fait l’un de nous en Jésus Christ, un Dieu qui nous donne de vivre de son Esprit pour que nous soyons vivants de sa vie, pour que nous puissions répondre à son amour en aimant comme lui. Car la foi est bien aventure d’alliance comme nous le dit l’épître aux Ephésiens dans ce parallèle entre vie conjugale et union du Christ et de l’Eglise. Ne soyons pas sur la réserve en négociant habilement une foi au rabais, une adhésion qui ne nous compromette pas trop, un accommodement raisonnable qui ne remette pas en cause nos priorités et notre mode de vie. Suivre le Christ engage. Suivre le Christ, c’est prendre des risques jusqu’à donner sa vie par amour. Nous renouvelons notre foi dimanche après dimanche, jour après jour, dans la célébration de l’eucharistie, dans la communion au corps et au sang du Christ, car « celui qui mange ma chair et bois mon sang a la vie éternelle. » Il ne vit plus pour lui‐même mais reçoit sa vie de Dieu à l’image du Christ, vainqueur de la mort après qu’il eût livré sa vie sur la Croix. Frères et sœurs, c’est parce qu’ils refusaient la perspective de la Croix que « beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. » Avec Pierre, « nous savons quant à nous que Jésus est le Saint, le Saint de Dieu. » Nous savons que le chemin de la Croix n’est pas une impasse, mais bien le chemin de l’amour reçu et donné, le chemin de la vie éternelle, le chemin de l’amour vainqueur. Certes, nous mesurons combien nous avons encore à progresser personnellement et en Eglise pour mieux correspondre au don qui nous est fait dans le Christ. Nous savons bien que l’Eglise purifiée par le bain du baptême n’est pas tout à fait resplendissante, sans tache, ni ride ni aucun défaut. Nous connaissons trop bien ce qui lui manque, ce qui la mine et la défigure, comme nous connaissons bien notre propre péché, nos multiples défaillances, mais nous savons avec l’épître aux Ephésiens que le Christ aime son Eglise, qu’il s’est livré pour elle, pour la rendre sainte, la purifier et se la présenter sainte et irréprochable comme une fiancée au jour des noces. La foi est une démarche personnelle et pourtant, elle ne peut se vivre en dehors de l’Eglise, car c’est l’Eglise, le Corps du Christ en ce monde qui bénéficie du don de Dieu, qui est sauvée par le Christ, lui la tête du corps. Tout ce que nous disons de l’Eglise, nous pouvons le dire de chacun d’entre nous ‐ à la fois dans les limites et les imperfections de ce monde et dans la sublime vocation à partager la vie et la sainteté de Dieu. Ainsi, notre choix en ce temps de rentrée doit concerner, et notre foi en Dieu dans le Christ, et notre attachement à l’Eglise. Nous le ferons d’autant plus aisément que nous nous laisserons porter par « l’année de la foi » souhaitée par le pape Benoît XVI pour les 50 ans du Concile Vatican II et par la troisième année de préparation du centenaire de notre diocèse, centrée sur la sacramentalité de l’Eglise et les sacrements qui alimentent notre foi. Prenons le temps au cours de cette eucharistie et dans la prière personnelle de renouveler notre oui, la profession de foi de notre baptême. Comme le peuple d’Israël rassemblé autour de Josué, nous savons en effet combien c’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, non pas du pays d’Egypte, mais d’une autre maison d’esclavage, celle de notre péché, pour nous ouvrir le chemin de la vie éternelle, le chemin de l’amour vainqueur dans le Christ. Même si nous mesurons ce qu’il nous reste à parcourir et la complexité pour traduire notre foi en actes au quotidien, que notre adhésion soit totale et notre foi joyeuse ! Amen ! Père Bruno CAZIN, vicaire épiscopal, président‐recteur délégué de l’Université Catholique de Lille.