Télécharger le document

Transcription

Télécharger le document
CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG
Messe chrismale
Homélie de Mgr Kratz
Evêque auxiliaire de Strasbourg
mardi 15 avril 2014
Chers frères évêques, prêtres et diacres,
chers amis venus des quatre coins du diocèse, frères et sœurs,
La vie chrétienne est comparable à une route sur laquelle nous apprenons à devenir
enfants de Dieu. Cette route est rythmée par des étapes structurantes : l’enfance, l’adolescence, la
vie adulte marquée par des choix professionnels, la décision de fonder ou non une famille, la
volonté de s’engager dans une association, un parti politique ou au service de la mission de l’Eglise
… Puis vient le troisième et le quatrième âge avec toutes les ruptures à consentir, les faiblesses à
supporter, la mort à envisager.
Sur cette route, nous ne sommes pas seuls, parce que le baptême nous a insérés dans la
famille des chrétiens et nous marchons en compagnie de frères et sœurs qui nous sont donnés,
qu’il nous faut apprivoiser, apprendre à aimer et à servir.
Sur cette route, la Parole de Dieu nous sert de boussole pour garder le cap ! Ce n’est pas une
parole ancienne enfermée dans un livre, ce n’est pas une parole de musée qu’il s’agirait
simplement d’admirer, ce n’est pas une parole morte à conserver au fond d’un tiroir, mais une
parole performative (c’est-à-dire qui accomplit ce qu’elle dit), une parole vivante qui nous
engendre à notre humanité, une parole qui nous fait rencontrer quelqu’un, le Christ ressuscité, et
qui s’accomplit comme nous l’a rappelé l’Evangile, génération après génération, dans l’aujourd’hui
de la vie des hommes.
Sur cette route nous sont également offerts les sacrements qui sont des signes efficaces de
l’action de Dieu qui accompagne notre marche vers l’avenir ; ils nourrissent notre foi, fortifient
notre espérance et stimulent notre soif d’aimer à la suite de Jésus serviteur. Pour les célébrer, il
faut toujours une parole, mais aussi de la matière concrète et visible comme l’eau, le pain, le vin,
l’huile et des gestes comme la bénédiction, l’imposition des mains, le baiser de paix. En outre, il
faut des ministres habilités, c’est-à-dire appelés, formés et envoyés pour poser les actes
sacramentels selon la liturgie et le droit de l’Eglise.
Les évêques, prêtres et diacres qui prêtent leurs oreilles, leurs yeux, leur bouche, leurs
mains, leur cœur et leur vie à l’action de l’Esprit Saint nous transmettent le don de Dieu et celui-ci
peut se déployer par leur ministère. Nous ne nous donnons pas le salut à nous-mêmes, nous n’en
sommes pas les auteurs ou les propriétaires, nous le recevons dans la mesure où nous ouvrons
notre existence à Celui qui veut nous rejoindre, nous visiter, nous habiter et nous transformer
dans son Amour.
A ce stade de ma réflexion, je voudrais affirmer et réaffirmer que notre Eglise catholique
est structurée par le ministère apostolique et que normalement il ne peut y avoir de
communautés chrétiennes sans prêtre. Chez nous, en Alsace, on peut encore avoir l’impression
que nous sommes dans une situation privilégiée, surtout si nous nous comparons à ce qui se passe
dans d’autres diocèses. Hélas, depuis trois ans maintenant, les effectifs de notre séminaire
diocésain ont considérablement chuté et le nombre d’ordinations suscite chez les responsables
que nous sommes de graves inquiétudes. Je confie ce souci à votre prière, mais aussi à votre
document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr
page -1-
discernement et à votre courage pour oser interpeler des jeunes et des moins jeunes à donner
leur vie au service de l’Evangile. Suivre le Christ comme prêtre peut remplir une vie : il faut le dire,
mais surtout le montrer ! Cette responsabilité incombe d’abord à nous les évêques et les prêtres,
mais je m’adresse aussi aux nombreux parents que la foi remplit de joie.
Aujourd’hui, unis à notre archevêque, nous voulons retourner à la source de notre appel et
consentir à nouveau à nous laisser appeler et envoyer par le Christ. Comme au premier jour où
nous avons dit « Me voici », nous voulons re-choisir le Christ comme le Seigneur et le maître de
nos vies, re-choisir l’Eglise qui, en dépit de ses faiblesses et de ses pauvretés, ne cesse de nous
engendrer à la vie divine, re-choisir de grandir dans l’amour et de travailler de toutes nos forces à
la communion et à l’unité. Dans un monde de violence et de haine et pourtant passionnément
aimé de Dieu, nous avons à être signe et à faire signe pour dire que, dans le mystère pascal de
Jésus, le mal et la mort sont déjà vaincus et qu’il nous faut ratifier dans nos vies la victoire du
matin de Pâques. Aujourd’hui nous est redemandée l’offrande de nos vies, aujourd’hui il nous est
redemandé d’entendre le « suis-moi » de l’Evangile et de devenir pleinement ce que nous
sommes : évêques, prêtres et diacres à la manière des apôtres et selon le cœur de Dieu !
Aujourd’hui, frères et sœurs, oui aujourd’hui, la Parole est féconde, les sacrements portent
leurs fruits de vie, les ministres de l’Eglise appellent les baptisés à faire de leur vie une belle
histoire d’amour. L’Esprit est à l’œuvre, il n’a pas déserté le champ de nos combats ! Toutefois,
pour réussir pleinement, le projet de Dieu a besoin de notre collaboration active et généreuse. Il
est vrai que la barque-Eglise affronte la tempête et que les vents contraires nous obligent à
préciser notre attachement au Christ et à mesurer la qualité de notre fidélité. N’oublions jamais
que c’est aujourd’hui et maintenant que Dieu nous aime et nous sauve et qu’il attend notre
réponse à son initiative d’amour.
Si la messe chrismale met particulièrement à l’honneur les ministres ordonnés, elle invite
chaque baptisé à grandir en sainteté et à devenir un chrétien, une chrétienne qui tient la route et
qui est capable de témoigner de l’espérance qui fait vivre. Pour cela, il est essentiel d’entretenir
une relation forte au Christ et de lui donner une place fondatrice dans notre existence. Il est
essentiel également d’approfondir le contenu de notre foi car, disait Monseigneur Doré, « plus on
connaît sa foi plus on l’estime » ; dans un monde en perte de repères, nous ne pouvons plus nous
contenter d’approximations théologiques, il nous faut rendre compte avec simplicité, sérieux et
dans la joie de l’espérance pascale et offrir au monde le trésor de la connaissance de Dieu. Il est
essentiel enfin de nous convertir sans cesse à la charité du Christ et de répandre sa bonne odeur
autour de nous pour rejoindre l’homme dans toutes ses périphéries et lui dire, en paroles et en
actes, que la vie vaut la peine d’être vécue, que l’amour n’est pas un rêve impossible ni
l’espérance une cruelle illusion. C’est en exprimant l’amour de Dieu dans nos paroles, nos gestes,
nos choix, nos engagements que nous allumerons et actualiserons le feu pascal pour que le monde
ait un peu moins peur et un peu moins froid. Comme le dit la prière d’ordination des évêques,
prêtres et diacres, je souhaite que pour nous tous, dans la diversité de nos vocations, le Seigneur
« achève ce qu’il a commencé et le mène à son accomplissement ».
Amen !
document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr
page -2-

Documents pareils