17 octobre 1961 - Thomas Belhalfaoui

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17 octobre 1961 - Thomas Belhalfaoui
Paris-Match - 28 octobre 1961
17 octobre 1961
La violence oubliée
D’une
répression sanglante
Le poids des
manifestations algériennes
dans les accords d’Évian
Archives L’Humanité
HISTOIRE
17 OCTOBRE 1961
La répression sanglante des
manifestations algériennes à Paris
Retour sur une page méconnue
de l’histoire française
Thomas Belhalfaoui
20 octobre 1961.
Français musulmans
d’Algérie détenus au « centre
d’identification » du Palais
des sports.
Dalmas - Sipa-press
Le 17 octobre 1961 au soir, entre vingt et trente mille Algériens et Français
d’origine algérienne se préparent à converger vers les artères parisiennes.
Cinquante ans après, retour sur la violence de la répression par laquelle
se solda cette manifestation, ainsi que sur le poids qu’elle eut dans les accords
d’Évian, signés cinq mois plus tard, qui conclurent la guerre d’Algérie.
Décret du préfet de police Maurice Papon
« Dans le but de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des
terroristes, des mesures nouvelles viennent d’être décidées par la préfecture de
police. En vue d’en faciliter l’exécution, il est conseillé de la façon la plus
pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues
de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement de 20h30 à 5h30 du
matin. […]
D’autre part, il a été constaté que les attentats sont la plupart du temps
le fait de groupes de trois ou quatre hommes. En conséquence, il est très vivement
recommandé aux Français musulmans de circuler isolément, les petits groupes risquant
de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police. Enfin, le préfet de police
a décidé que les débits de boissons tenus et fréquentés par les Français musulmans
d’Algérie doivent fermer chaque jour à 19h. »1 5 octobre 1961
V
éritable massacre ou
simple répression d’une
manifestation interdite ?
Les points de vue ne manquent pas
de diverger quant à la qualification
de l’événement, certainement l’un
des plus controversés de l’histoire de
France récente. Alors que, et c’est toujours le cas aujourd’hui, les autorités
ont nié toute exaction, le FLN (Front
de Libération National algérien), lui,
affirme que des dizaines, voire des
centaines de morts algériens sont imputables à la police.
Cinquante ans après, comment
faire la part de la vérité et celle de
la propagande dans chacun des discours ? Difficile tâche, d’autant que les
avis neutres ne sont pas légion dans le
domaine, et que la vérité se situe certainement entre les deux – entre diabolisation et idéalisation.
Peut-on toutefois imaginer que
le FLN n’eût pas prévu l’ampleur de la
3
répression policière ? Pourquoi alors
avoir livré les Algériens désarmés à la
violence policière ? Pourquoi, en outre,
la police française, devait-elle – fût-ce
au prix d’une violence aveugle – empêcher les manifestants d’entrer dans
Paris ?
Toutes ces questions peinent à
admettre une réponse rationnelle si
on oublie le poids des accords d’Évian,
dont chacune des parties savait à ce
moment-là qu’ils étaient inévitables.
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Archives L’Humanité
Thomas Belhalfaoui
» La « bataille de paris »
L
e plan d’action, décidé par grands axes de la capitale [...] afin de
le comité fédéral du FLN manifester pacifiquement contre les
réuni à Cologne, s’articule récentes mesures préfectorales. » Ce
en trois phases : manifestations de télégramme, reçu par tous les services
masse dans la soirée du 17 octobre, de la préfecture de Police, précise égagrève des cafés, commerces et
hôtels le 18, et manifestation
de femmes et d’enfants le 20. Il
n’est divulgué qu’à la dernière
minute, le FLN comptant sur l’effet de surprise, et voulant absolument éviter toute fuite. En ce
qui concerne le 17 octobre, les
Algériens et Français d’origine
algérienne habitant majoritairement en banlieue – dans des
bidonvilles notamment, les cortèges doivent affluer vers Paris
et sont pour cela répartis en trois
grands secteurs : l’Étoile pour les
habitants de la banlieue ouest,
Saint-Michel et Saint-Germain
En gris : les lieux de manifestation
pour ceux de la banlieue sud, et
En blanc : les lieux de détention
les Grands boulevards pour ceux
2
des banlieues nord et nord-est.
lement que les hommes manifestant
« Le FLN ordonne à tous les doivent être arrêtés et conduits au
FMA [NDLR : Français Musulmans « centre d’identification » installé au
d’Algérie] de sortir ce soir 17 octobre Palais des sports (porte de Versailles).
en fin d’après-midi et en soirée sur les
Pour cela, 1 658 membres des forces
de l’ordre sont déployés – à peine plus
que pour certaines manifestations
étudiantes, comme le note Jean-Paul
Brunet.4
La mobilisation est au rendez-vous, et dépasse largement
les estimations de la préfecture
de police, laquelle se retrouve
prise de court : 20 000 manifestants selon cette dernière,
80 000 selon les documents de
communication du FLN – mais
28 000 selon une note interne du
même FLN. Bien qu’il faille garder à l’esprit que les Algériens
et Français d’origine algérienne
étaient contraints par le FLN
d’aller manifester – sous peine
de lourdes sanctions –, il n’en
demeure pas moins que les manifestations du 17 octobre sont
une réussite politique pour le
FLN, qui affirme non seulement
son emprise sur la population,
mais également sa crédibilité politique, en vue notamment de futures
négociations.
Eugène Claudius-Petit, député
« Palais des sports. […]
Je ne raconterai que ce qu’a vu la troisième équipe [médicale], celle qui a pris
son service entre mercredi [dix-sept octobre] dix-huit heures et jeudi neuf heures.
Elle a examiné 210 blessés à elle seule et établi nombre de diagnostics, ce qui montre
ce qu’ont pu faire les autres. […]
Le mercredi, dans la nuit, ceux qui ont été arrêtés le mardi n’ont ni bu ni
mangé.
Ils ont été abandonnés. […]
La plupart des blessés avaient le cuir chevelu fendu, les mains brisées. Ils
s’étaient protégé la tête.
Il y eut quelques fractures de jambes. Bousculés dans escaliers, les hommes sont
tombés, en masse.
Certains sont passés deux fois devant le médecin car ils furent frappés après
avoir été soignés, et leurs plaies refermées par des points de suture.
Pour prodiguer leurs soins, les médecins du Palais des sports ne disposaient que
de deux douches situées dans la salle où les boxeurs se rendent après leur combat.
Aucun lavabo. C’est avec l’eau de la douche qu’ils tentaient, tant bien que mal, de
laver les plaies et même leurs instruments avant de recoudre les chairs. »3
30 octobre 1961
« Intervenir avec
fermeté et sans
brutalité »5
Maurice Papon,
préfet de police
P
eu relayée, peu appliquée et rapidement oubliée, la consigne donnée
par le préfet de police de Paris à ses
hommes, en cette fin d’après-midi du
17 octobre 1961, contraste avec le
déroulement effectif des opérations
policières.
4
Et cela est d’autant plus vrai
que l’on connaît les conditions dans
lesquelles, durant la journée et la nuit
du 17 octobre, près de 11 500 Français
musulmans d’Algérie (chiffre de la
préfecture de police6) ont été arrêtés
et placés dans les « centres d’identification ». Au nombre de trois – celui
de Vincennes (94), celui du Palais des
Sports (XVe arr.), et celui du stade de
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
Coubertin (XVIe arr.) – ils accueillent
toute la nuit durant les manifestants
qui affluent, entassés dans des cars de
police et dans des autobus de la RATP,
réquisitionnés par la préfecture.7
chiffre est une sous-estimation de la
réalité, puisqu’il ne prend en compte
ni les autres hôpitaux de la région
parisienne, ni les personnes non hospitalisées – dont les témoignages des
médecins officiant notamment dans
les bidonville de Nanterre permettent d’affirmer qu’ils ne sont pas en
nombre négligeable.
Archives de l’Humanité
« centres d’identification », plusieurs
jours durant, sans autres soins que
ceux dispensés par des médecins militaires débordés, sans matériel adéquat et dans des conditions d’hygiène
déplorables. Soit ces personnes ont
Les manifestants arrêtés, dont
été blessées lors de leur détention,
certains arrivent couverts de sang – ce
plusieurs jours après les manifestaqu’attestent les nombreuses tâches de
tions – alors que l’on peut difficilesang retrouvées a posteriori
ment imaginer qu’elles aient
dans les autobus de la RATP
alors pu être en mesure de
Plus de 30 morts et
par les employés8 –, sont parreprésenter un quelconque
qués dans des conditions d’hy230 blessés hospitalisés danger pour la sécurité et
giène indécentes, sans couverl’ordre au sein des centres. Il
parmi les manifestants
ture, sans eau ni nourriture,
apparaît en fait que ces deux
vingt-quatre heures durant, et
hypothèses sont absolument
sont au surplus victimes de nombreux
Les hypothèses invoquant la compatibles, et tout porte à croire que
sévices.9 Le journaliste du Figaro Denis nécessité du maintien de l’ordre public les deux situations ont coexisté.
Périer-Daville déclare en outre que les ne sont, elles non plus, pas réalistes,
personnes détenues dans les « centres ou du moins largement insuffisantes.
Comment alors justifier ces séd’identification » « n’ont pu prendre de Nombre de blessures, indiquent les vices manifestement gratuits et cette
repos depuis plusieurs jours et, privées registres, ont en effet une double ori- absence de soins autrement que par
de sommeil, sont épuisées ».10
gine, c’est-à-dire qu’elles sont dues à une haine et une « volonté de vendeux séries de coups successifs, dont geance envers une communauté [alPour preuve de ces sévices, le la seconde ne peut à l’évidence en rien gérienne] assimilée au FLN, et rendue
travail d’enquête de Jean-Paul Brunet, être justifiée par un éventuel compor- collectivement responsable des attenqui a dépouillé les
tats » – selon la
registres
d’admisformule de Jeansion de cinq hôpitaux
Paul Brunet ?
de l’Assistance publique – Vaugirard et
Ce
lourd
Boucicaut (XVe arr.),
bilan humain côté
Corentin Celton (Issyalgérien contraste
les-Moulineaux),
par ailleurs avec
l’Hôtel-Dieu
(IVe
celui
concerarr.) et Cochin (XIVe
nant les forces de
arr.) – du 17 au 21 ocl’ordre. Seuls 14
tobre (inclus).11
de leurs membres
souffrent de blesCes derniers
sures
légères,
recensent 234 hospicomme l’atteste
talisations de Nordcette note interne
Africains – telle était
de la préfecture de
la dénomination ofpolice :
ficielle, abrégée N.A.
sur les registres.
« Un O.P.
Concernant la gra[officier de police,
vité des blessures, les
NDLR], 2 brigaregistres indiquent
diers, 10 gardiens
17 octobre, 21h40. Carrefour Richelieu-Drouot.
17
traumatismes
ont été plus ou
crâniens avec perte
moins blessés ou
de connaissance, mais également des
contusionnés par jets de projectiles dicontusions abdominales, des trauma- tement violent du blessé.
vers, coups de pied ou de poing. Un gar12
tismes thoraciques, des fractures de
En outre, 88 blessés sont en- dien cesse son service. »
côtes, des fractures du cubitus, etc.
trés entre le 19 et le 21 octobre – et
De plus, le FLN avait donné la
Parmi ces 234 hospitalisations, d’autres plus tard encore. Or les ma- consigne d’une manifestation entièreon peut raisonnablement, avec Jean- nifestations postérieures au 18 n’ont ment pacifique, allant même jusqu’à
Paul Brunet, considérer – en regar- rassemblé que peu de personnes, fouiller les manifestants pour s’asdant les mêmes registres à des dates parmi lesquelles en majorité des surer qu’ils ne possédaient ni arme à
femmes – que la police n’a pas viofeu ni arme blanche. Ce bilan
très postérieures ou très antédisproportionné montre que
rieures – que celles n’ayant pas
de rapport avec les manifesta- Un bilan disproportionné cette consigne a été très suivie, et rend la violence de la
tions sont en nombre marginal.
lentées –, et n’ont occasionné que très répression policière d’autant moins
En outre, les hypothèses évo- peu d’arrestations, en attestent aussi justifiable.
quant des maltraitances de la part du bien les sources de la police que celles
FLN ne sont pas plausibles. Le mode du FLN.
opératoire du FLN était en effet très
On peut donc formuler deux hyclair et invariable : tout Nord-Africain
considéré comme « traître » était exé- pothèses. Soit ces personnes, blessées
cuté par balle. La quasi-totalité de ces dans la soirée du 17 ou dans la nuit,
blessures est donc directement impu- dans un état grave pour certaines,
table à la police, d’autant plus que ce ont été laissées par la police dans les
5
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
» Un contexte de tensions
croissantes
D
Il apparaît en effet clairement
contraire à la Constitution de 1958,
dans la mesure où il revient en fin
de compte à une interdiction pure et
simple, formulée à l’encontre d’une
partie de la population, explicitement
identifiée par son origine. Perçu par
la population parisienne d’origine algérienne comme une mesure discriminatoire – une véritable entrave à la
liberté de circulation – il ne manque
pas d’attiser sa colère.
Ayant pour but d’affaiblir le FLN
en empêchant ses membres de se déplacer – leurs réunions étant en effet
la plupart du temps nocturnes –, il atteint partiellement son but.13 Mais – et
ceci indépendamment de toute considération légale ou morale – il est permis de s’interroger sur l’efficacité de
ce couvre-feu.14 N’a-t-il pas été contreproductif, en rendant plus obscurs
encore, et donc plus difficiles à saisir
pour la police, les agissements d’un
FLN qui se cachait déjà ? N’a-t-il pas
également joué en défaveur du maintien de l’ordre, en exacerbant des
tensions déjà très fortes, et donc en
encourageant les Algériens à se rallier
au FLN ? La pertinence de cette mesure dans la gestion à court terme du
conflit n’est donc pas évidente.
En revanche, elle revêt une
forte dimension stratégique à moyen
Cité des Pâquerettes,
Nanterre.
Louis Molinier - Rapho
ans le contexte de tensions croissantes entre
la police parisienne et
le FLN qui est celui d’octobre 1961,
marqué par de nombreux assassinats de policiers par le FLN, ce
couvre-feu – car c’est bien ainsi que le
« conseil » de Maurice Papon fut interprété, aussi bien par la police que par
la population – a été l’un des éléments
déclencheurs des manifestations du
17 octobre.
terme. En effet, en 1961, il est clair
pour les deux parties que des accords
d’indépendance sont inévitables. Un
couvre-feu est donc une réelle offensive, qui a pour but de donner l’image
d’un gouvernement puissant et actif,
garant de l’ordre public, et ainsi de
faire basculer le rapport de force en sa
faveur, en vue des négociations à venir.
policière qui fait suite aux attentats ?
Probablement aucune de ces deux
relations de causalité ne décrit fidèlement la réalité. C’est vraisemblablement l’interaction entre les deux
parties, qui se répondent et surenchérissent par la violence, qui mène à
l’affrontement sanglant du 17 octobre
1961. Ainsi, sans justifier ces réponses
à la violence
Mais il
par la violence,
convient avant Une forte dimension nous pouvons
tout de raptenter de les
stratégique
peler que le
expliquer et
couvre-feu n’est qu’un symbole – l’élé- de comprendre les motivations de
ment déclencheur d’une violence déjà chacun.
omniprésente. D’une part le FLN perpètre des attentats de plus en plus
Depuis janvier 1961, on assiste
nombreux, visant des policiers fran- à une recrudescence des attentats du
çais, et plus encore des membres de FLN contre les forces de police – 29
la FPA – Force de Police Auxiliaire, morts et 76 blessés entre janvier et
créée en 1959 en France et formée octobre – qui n’est pas sans provoquer
d’Algériens. D’autre part, on assiste à un malaise profond au sein de la proune augmentation et à une banalisa- fession. Au début, les attentats sont
tion de la violence policière envers les le plus souvent décidés par comité
Algériens.
fédéral de la Fédération de France du
FLN – réfugié en Allemagne – et préLes attentats du FLN sont-ils sentés par celui-ci comme des exécuune réponse à la violence policière, tions faisant suite à une « décision de
ou est-ce à l’inverse cette violence
Note de la Fédération de France du FLN
« Nous donner des précisions sur les policiers abattus, les circonstances, les
mobiles, les noms et les lieux où ils ont été abattus.
Dans une directive datée du 27/8/61, nous vous avons posé la question, à savoir
sur quel principe ou directive se base-t-on pour abattre de simples gardiens de la
paix ?
Nous vous demandons :
A) De cesser toute attaque contre les policiers et s’il y a légitime défense et
qu’un policier est abattu, nous fournir un rapport circonstancié. […] »15
7 octobre 1961
6
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
justice ». Il s’agit alors clairement pour
le FLN de punir les policiers les plus
violents envers les Algériens et, pour
cela, il n’hésite pas à se documenter et
à dresser un véritable réquisitoire envers ses cibles.
En revanche, dès le début de
l’année 1961, il semble que les exécutions, échappant à l’appareil central
du FLN, soient décidées de plus en
plus à l’échelon de la région, puis de
la ville, voire du district, et deviennent
de plus en plus arbitraires.
La note précédente, émanant
de la Fédération de France du FLN,
illustre non seulement la difficulté
pour cette dernière à contrôler ces
exécutions, mais aussi sa forte volonté
à le faire. On ne peut s’empêcher de
penser que cette dernière est due à la
forte connotation politique que revêtent de tels attentats. Des exécutions
ciblées permettent en effet au FLN de
gagner en puissance et en crédibilité
politique, en vue des négociations, que
chacun sait inévitables.
avocates Mes Nicole Rein et MarieClaude Radziewsky. Ce sentiment de
laxisme est au surplus alimenté par la
certitude d’un abandon des poursuites
judiciaires à l’égard des membres du
FLN dès la signature des accords d’indépendance – ce qui renforce le ressentiment de la profession.
Ce profond malaise au sein de
la police est amplifié par une justice
qu’elle estime laxiste à l’égard des
Français musulmans d’Algérie – dont
un grand nombre est défendu par les
« Des violences gratuites chez les policiers qu’animait
une volonté de vengeance envers une communauté
qu’ils assimilaient au FLN et qu’ils rendaient collectivement responsable des attentats. »16
Jean-Paul Brunet,
Historien
I
l va sans dire que cette vague
d’attentats provoque chez
les forces de police un sentiment de peur et alimente une volonté
de vengeance. Cela est-il néanmoins
suffisant pour expliquer les sévices infligés par les policiers aux Algériens ?
Certainement pas, mais il s’agit néanmoins là d’un élément d’explication.
Car ce qui frappe, c’est à la fois
la violence de ces sévices et leur généralisation. Bien souvent, chaque
Algérien de région parisienne était
considéré comme activiste du FLN, et
à ce titre pouvait se voir infliger divers
sévices, que ce soit lors de contrôles
effectués dans la rue, ou dans les
commissariats – vols d’argent et de
papiers d’identité, insultes racistes, humiliations, passage à tabac, etc. – qui ne sont
pas sans rappeler les
tortures pratiquées
alors en Algérie. De
ces exactions témoignent les registres
des hôpitaux parisiens, qui font état de
nombreux patients
algériens souffrant
de contusions multiples, de fractures,
voire ayant perdu connaissance.
Paul Rousseau, Syndicat
Général de la Police
Français musulmans
d’Algérie arrêtés à la
sortie du métro Opéra.
15 octobre 1961
Cette déclaration, qui sonne
comme un aveu, montre que certains membres de la police – des
syndicalistes de gauche pour la plupart – étaient conscients des exactions
pratiquées, mais aussi qu’ils s’y opposaient fermement.
On peut dans ce contexte parler
de « délit de faciès », dans la mesure
où toute personne maghrébine était
susceptible de se faire arrêter et de
faire les frais de cette violence. En atteste le cas d’un sénateur gaulliste de
Sétif-Batna (Algérie), officier de police
en congé, qui fut interpellé pistolet
7
sur la tempe et fouillé par un brigadier
boulevard Saint-Michel le 16 octobre,
avant de pouvoir enfin sortir sa carte
de parlementaire.18 La lettre d’un directeur d’usine indigné, présentée cicontre, illustre également la banalisation et l’ampleur de cette violence.
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
L’Aurore
« Camarades du SGP [NDLR :
Syndicat Général de la Police], ne vous
laissez pas aller à des actes qui ne
sont pas en accord avec votre manière
de penser ; groupez-vous autour de vos
cadres syndicaux, agissez comme des
hommes représentant la justice, et non
comme des justiciers. […] »17
Témoignage de S.A., gar dé à vue du 19 au 23 octobre
« Le jeudi 19 octobre à 22 heures, j’étais assis dans un café, en face du cinéma Rex
avec ma femme, rue Poissonnière. La police a fait irruption dans le bar. Quand ils ont vu
que j’étais algérien, ils m’ont emmené dans le car. J’ai été frappé et obligé de m’asseoir
par terre.
Arrivé au métro Réaumur-Sébastopol, le car s’est arrêté. Les policiers sont descendus
pour rafler deux Algériens qui allaient prendre le métro. En montant, les deux nouveaux
venus ont été injuriés et frappés à leur tour, ils ont été eux aussi obligés de s’asseoir
par terre. Les policiers ont voulu les obliger à passer sous les banquettes mais c’était
impossible, la place n’était que de quinze à vingt centimètres. A notre arrivée au poste
de police du IIe arrondissement, mes deux camarades étaient méconnaissables. Ils étaient
ensanglantés, le cuir chevelu fendu, les arcades sourcilières ouvertes.
Au poste, nous avons été alignés contre le mur, les mains sur la tête pendant un
quart d’heure. Chacun son tour, quelques policiers enragés venaient nous distribuer coups
de pied et coups de poings. Nous avons été conduits un à un dans une cellule par quatre
gardiens qui nous matraquaient autant qu’ils pouvaient.
L’Humanité,
30 octobre 1961
Algériens
arrêtés à
Puteaux.
Archives L’Humanité
L’un d’entre nous est tombé à terre, un agent déchaîné l’a encore frappé en lui
disant : « T’as pas fini
de me regarder comme
ça ? ». Finalement ils
ont dû s’y mettre à deux
pour le jeter dans la
cellule où la plupart
de ceux qui y étaient
déjà étaient couverts
de
sang.
Puis
un
autre est venu en nous
disant : « On va vous
refroidir les idées »
et il a dirigé un jet
d’eau vers nous et nous
a trempés. »19
17 octobre à minuit.
File des cars de police
et des bus de la RATP
réquisitionnés.
Lefebvre - Paris-Match
8
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
» Un lourd bilan
L
quels il ajoute vingt autres morts
possiblement dus à la police.21 Si ce
nombre est bien en-deçà des quelques
centaines parfois évoquées, il est bien
entendu inséparable du nombre d’Algériens blessés par les policiers – dont
nombre de blessés graves – qui est lui
de plus de 230.
S’il est impossible
de déterminer le nombre
exact de victimes, on peut
néanmoins en donner une
fourchette basse. Jean-Paul
Brunet s’est ainsi livré à
une analyse des registres
de l’Institut Médico-Légal
de Paris (IML), par lequel
transite une grande majorité
des corps retrouvés à Paris
(registres datés du 19 au 31
octobre)20. Il a tenté de déterminer, au cas par cas, la
cause de ces décès – dus à la
police, dus au FLN, ou cause
autre.
Il faut en effet savoir
que le FLN possédait un important appareil répressif, visant ceux
des Algériens qu’il désignait comme
« traîtres » – il pouvait aussi bien s’agir
de membres de la Force de Police
Auxiliaire que de personnes ne s’étant
pas acquittées de leur cotisation au
parti, ou encore de personnes hostiles
aux idées de ce dernier. Ces « traîtres »
étaient le plus souvent exécutés par
balle.
De son étude, Jean-Paul Brunet
conclut ainsi au chiffre d’une trentaine de morts algériens directement
causés par les forces de police – aux-
Armée Secrète (OAS). Organisation
d’extrême-droite fondée en février
1961, militant pour l’Algérie française,
son slogan est : « L’Algérie est française, et le restera ». La complexité réside dans le fait qu’un certain nombre
de membres ou de sympathisants de
l’OAS sont des policiers.
élie Kagan
e mutisme de la préfecture de police au sujet de la « bataille de
Paris » – comme l’appellent certains
historiens en référence à la bataille
d’Alger – a largement contribué à la
diffusion de rumeurs. Parmi celles-ci,
le fait que la police aurait noyé des
Algériens dans la Seine, ou
le fait qu’elle aurait causé
des centaines de morts.
17 octobre.
Non loin du pont de
Neuilly.
En outre, si le nombre d’Algériens noyés par la police dans la Seine
est vraisemblablement faible, il n’en
demeure pas moins que les policiers
ont jeté à la Seine de très nombreux
Algériens – en particulier du pont de
Neuilly. Et que beaucoup en aient réchappé ne retire rien à la brutalité de
ces actes.
La question de la responsabilité
de la police dans les manifestations du
17 octobre est d’autant plus complexe
qu’une entité supplémentaire est à
prendre en compte : L’Organisation
On assiste ainsi à
la création de commandos constitués de policiers
qui, le plus souvent lors
de rondes nocturnes, enlèvent des Algériens pour
leur faire subir des sévices
ou pour les exécuter. Cette
violence s’ajoute, mais aussi
se mêle à celle des policiers
en service, dans la mesure
où certains ont quitté leur
uniforme pendant leur service pour commettre ces
exactions. En outre, des témoignages portent à croire
à l’existence d’une collaboration entre police et OAS :
certains Algériens auraient
ainsi été appréhendés par
des policiers en service,
pour être ensuite livrés à ces
commandos.
Revenons cependant un instant
sur le titre de l’ouvrage de Jean-Paul
Brunet, Police contre FLN, pour nous
poser une question : peut-on placer la
police française et le FLN sur le même
plan ? Oui si on considère qu’il s’agit
des deux protagonistes de la « bataille
de Paris », laquelle fait partie intégrante de la guerre d’Algérie. Mais en
fait de guerre, il n’existe officiellement
que la dénomination pudique d’ « événements d’Algérie », l’Algérie étant
alors un département français.
Lettre d’un directeur d’usine au préfet de police
« Depuis un mois, ils sont successivement tous arrêtés, battus et libérés au bout
de trois ou quatre jours. Certains vont voir un médecin et obtiennent des arrêts de
travail variant de dix jours à un mois.
Hier soir, on a arrêté, à dix heures du soir il est vrai, l’un d’eux, employé
chez moi depuis quatre ans, dans l’intérieur d’un bar où il buvait un café avec
sa femme. Il pensait que ses services dans l’armée le mettaient à l’abri d’une
arrestation. Le patron du bar m’a confirmé qu’il a produit ses feuilles de paie, son
livret militaire, son certificat de domicile. On l’a quand-même enlevé dans un car
de police. Je le reverrai sans doute comme tous les autres le visage tuméfié et des
marques de coups sur le corps.
Je suis Français aussi loin que remontent les souvenirs de ma famille. Depuis
cent-cinquante ans en ligne directe, nous avons fait la guerre pour notre patrie.
J’ai honte. »22
24 octobre 1961
9
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
La police est alors l’organe de
maintien de l’ordre de l’État démocratique qu’est la France. Le FLN, quant
à lui, ne prétend pas à la démocratie – du moins tel qu’il est constitué
en France en 1961. Si les attentats
commis par ce dernier sont bien entendu injustifiables, comment un État
prônant l’égalité de ses citoyens peut-
il, lui, permettre une telle violence
gratuite et haineuse de la part de ses
forces de police ?
D’autre part, cette opposition
entre police et FLN n’est peut-être pas
tout à fait exacte. L’assimilation par
la police de l’ensemble de la population française d’origine algérienne
au FLN pourrait en effet conduire à
proposer deux titres, qui représentent deux points de vue sur l’événement : Gouvernement français
contre FLN – opposition entre deux
organisations – et Policiers contre
Algériens – confrontation entre des
hommes.
» Une hiérarchie coupée de la
base, qui couvre les exactions
Boutet, policier délégué syndical
« En ce qui concerne les arrestations, [Maurice Papon] nous a donné carte
blanche […]. Il nous a recommandé la vigilance, il nous a dit que lorsqu’on se sentait
menacé, il ne fallait pas attendre et tirer les premiers ; vous serez couverts, a-til dit. »23
3 octobre 1961
Dalmas - sipa-press
Garofalo - Paris-match
18 octobre.
Palais des sports,
devenu « centre d’identification ».
Maurice Papon, préfet de police, à ses hommes
« Nos ripostes auront d’autant plus d’effet qu’elles s’appliqueront aux seuls
coupables, suspects et auxiliaires de la rébellion, et c’est pourquoi j’ai appelé
l’attention de vos cadres sur la nécessité de procéder avec discrimination aux
contrôles de police, afin de couvrir, dans notre mission de protection, les travailleurs
nord-africains – algériens, marocains ou tunisiens – qui se refusent d’être complices
des exactions du FLN. L’énergie n’exclut ni le sang-froid, ni l’équité. Soyez fermes
et vigilants. Je compte sur vous. »24
22 septembre 1961
10
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
« Pour un coup porté, nous en
rendrons dix », telle est la phrase prononcée devant ses hommes par le préfet de police Maurice Papon, le 3 octobre 1961, lendemain des obsèques
du brigadier Demoën. Ayant pour but
de rassurer les policiers excédés, qui
sont alors la cible régulière des attentats du FLN, elle vise surtout à rétablir
la cohésion entre la hiérarchie et la
base de la police, pour éviter la désolidarisation de policiers, qui iraient alimenter des commandos.
Cependant, elle est interprétée par beaucoup comme une carte
blanche donnée à la répression – ou
du moins une couverture des exactions policières.
Néanmoins, en atteste la note
précédente, Maurice Papon n’a de
cesse de rappeler à l’ordre ses hommes
et de les mettre en garde contre toute
tentative d’exaction. A l’opposé de ce
rappel à la légalité, la brutalité de la répression, elle, prouve combien le fossé
Un cadre d’entreprise
de Genevillier s
qui s’était creusé entre la hiérarchie et
la base de la police était profond.
Le préfet de police tient donc
un double discours : tout à la fois il
couvre les exactions de ses hommes,
et il les rappelle à la légalité et au
calme. S’il est clair qu’il n’a pas excité
une police qui par ailleurs n’en avait
nullement besoin, et qu’il a agi dans
le but de conserver le peu de contrôle
qu’il exerçait encore sur elle, n’a-t-il
pas néanmoins encouragé les exactions en les absolvant ?
Pier re Giraud,
conseiller municipal de
Paris
« Avez-vous décidé, Monsieur le
Préfet, de jeter ces gens-là dans les
bras du FLN ? On ne peut pas mieux
faire pour les y pousser. J’admire
leur patience. […] Je vous prie, dans
l’intérêt de l’entente nécessaire
entre
Français
et
Algériens,
empêchez ces brutalités stupides. En
assassinant lâchement vos agents, le
FLN ne cherche que ça. Et vous donnez
dans le panneau. »25
« On ne peut pas à la fois
prétendre que ces milliers de
manifestants étaient de libres
travailleurs
entraînés
par
la
terreur et la pression des meneurs
du FLN qui les encadraient, et
les traiter, après capture, comme
si
tous
étaient
de
dangereux
terroristes. »26
27 octobre 1961
20 octobre 1961
A
u-delà de
la ques- « A la fois une faute et une erreur »
tion de la Jean-Paul Brunet, historien
répression des maniCette stratégie est cependant sance de l’adversaire
festations du 17 octobre, il est permis
de s’interroger sur la pertinence stra- critiquable, dans la mesure où elle a combattre.
tégique de la politique d’arrestation incité nombre d’Algériens à adhérer
systématique décidée par la préfecture de police. L’immense majorité des
manifestants était en effet constituée
d’Algériens et de Français d’origine algérienne sans lien direct avec le FLN.
Seuls quelques petits cadres étaient
présents, les principaux responsables
ayant, eux, reçu la consigne de ne pas
manifester.
Dalmas - sipa-press
Le préfet de police n’aurait-il
pas prévu cette éventualité, en ordonnant l’arrestation systématique
des manifestants ? Il est difficile de
l’imaginer. Vraisemblablement s’agissait-il donc de prouver le bon fonctionnement de l’appareil de maintien
de l’ordre, en affirmant l’autorité des
forces de police. Sachant que chacune
des deux parties était alors consciente
que des accords d’indépendance
étaient inévitables, on peut penser
que l’un des buts de cette démonstration de force était d’affirmer la puissance du gouvernement français, afin
de jouer sur le rapport de force au moment des négociations.
aux idées du
FLN, renforçant par làmême la puisqu’elle visait à
17 octobre, 21h35.
Non loin du carrefour Richelieu-Drouot.
11
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
Le FLN n’avait-il, quant à lui,
pas prévu que, étant donné le ressentiment du corps policier envers la
population algérienne, une manifestation interdite serait violemment réprimée ? Il est également difficile de
l’imaginer, d’autant plus que l’on sait
que le FLN était extrêmement bien organisé et informé. La décision de cette
manifestation apparaît donc éminemment politique, et doit vraisemblablement être envisagée à l’aune des
accords d’indépendance à venir. Elle
était en effet une opportunité pour le
FLN de réaffirmer sa crédibilité sur la
scène nationale, dans l’espoir de sortir
gagnant des négociations.
Peut-on finalement parler de
massacre du 17 octobre ? A proprement parler, et au vu du nombre de
morts causés par la répression policière – une trentaine au moins – probablement pas. Mais cela ne retire rien
à la brutalité et à la violence gratuites
dont ont fait preuve de nombreux policiers le 17 octobre 1961 et les jours
qui ont suivi – en témoigne le lourd
bilan d’au moins 230 blessés, dont
nombre de blessés grave.
Si la hiérarchie n’a nullement
incité de manière directe les policiers à ces brutalités, elle n’en revêt
pas moins une part importante de la
responsabilité, puisqu’en couvrant
les exactions, elle les a indirectement
encouragées. N’est-il pas alors permis d’espérer, de la part de l’Etat de
droit qu’est la France, une reconnaissance de sa responsabilité dans cette
répression ?
Jean-Paul Br unet, historien
« Non seulement la police se rendit quasi collectivement coupable d’une violence
inconcevable, indigne d’une démocratie, mais elle manqua largement son but qui était
de démanteler l’appareil du FLN. Car la plupart des responsables de ce mouvement
n’avaient pas été pris dans les mailles du filet, ils étaient restés dans les cités et
les bidonvilles. La police n’avait pris que du menu fretin. En cela, son comportement
le 17 octobre fut à la fois une faute et une erreur. »27
1999
12
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui
Dalmas - Sipa-press
sous les initiales de S.A.
1.
[D] http://17octobre1961.free.fr/pages/dossiers/
CommuniquePref.htm
20.
[A] p. 324-345.
2.
[A] p. 185.
21.
[A] p. 329-330.
3.
Eugène Claudius-Petit, Journal officiel de la République
22.
Lettre d’un directeur d’usine, Le Monde, 24 octobre
Française, « Débats parlementaires - Assemblée Nationale », 30
1961.
octobre 1961.
23.
Conseil syndical Gardiens, 1961, procès verbal de la
4.
[A] p. 165-180.
réunion du 3 octobre, p. 7-22, déclaration du policier délégué
syndical Boutet.
5.
[A] p. 183.
24.
Archives de la préfecture de police, registre relié
6.
[A] p. 218.
« Cabinet du Préfet. 1960 à 1965 » (ordres du jour, notes de
7.
[A] p. 219.
service), ordre du jour du 22 septembre 1961.
8.
[A] p. 223.
25.
Archives de la préfecture de police, 4560-149, 20
9.
[A] p. 237.
octobre 1961.
10.
Denis Périer-Daville, Le Figaro, 23 octobre 1961,
26.
[A] p. 331.
11.
[A] p. 242-246,
27.
[A] p. 250-251.
Registres disponibles sur dérogation aux Archives de
l’AP-HP.
12.
Dossier 4562 des
archives de la préfecture de
police, note FA/413, « Journée
du 17 octobre 1961. Effectifs,
consignes, instructions », pièce
9.
13.
[A] p. 163.
14.
[A] p. 251.
15.
Note
intitulée
« Directives générales – n°2 »,
émanant du comité fédéral
de la Fédération de France du
FLN, réfugié en Allemagne, 7
octobre 1961.
16.
[A] p. 222.
17.
Police parisienne SGP,
Paul Rousseau,
15 octobre 1961.
18.
Le Monde,
Coupole du Palais des sports, devenu « centre
19 octobre 1961, p.6.
d’identification ». Elle resta fermée aux journalistes du
19.
[B] p. 79,
L’Humanité, témoignage publié
17 au 20 octobre.
» Pour en savoir plus
[A]
Police contre FLN, le drame d’octobre 1961
Jean-Paul Brunet
Éditions Flammarion, 1999
C’est un précieux travail d’enquête sur les manifestations du 17 octobre et sur leur contexte
auquel se livre Jean-Paul Brunet, un des trois historiens ayant eu accès aux archives de la préfecture
de police concernant la Guerre d’Algérie lors de leur ouverture en 1997. En tentant de s’abstraire des
rumeurs, il croise différentes sources pour tenter de mieux cerner les ingrédients de ce drame d’octobre
1961.
[B]
Le silence du fleuve, octobre 1961
Anne Tristan (texte), Cécile Urbain (iconographie), Agnès Denis, Mehdi Lallaoui
Éditions Au nom de la mémoire, 1991
A travers ces photos poignantes, la journaliste Anne Tristan nous livre un point de vue engagé
sur un événement trop rapidement oublié par les médias et par la mémoire collective. Selon sa propre
formule : « un ensemble de silences que nous vous donnons à écouter ».
[C]
Pour la réhabilitation de Maurice Papon
[D]
17 octobre 1961 : contre l’oubli
http://www.maurice-papon.net
Sur son site, Jacques Villette, affichant explicitement son soutien à Maurice Papon et à ses actions,
notamment dans les événements d’octobre, offre un point de vue original, au rebours de la pensée
dominante. Il porte notamment un œil critique sur l’ouvrage de Jean-Paul Brunet. [A]
http://17octobre1961.free.fr
C’est à la fois un point de vue engagé et un recueil de témoignages que présente l’association
éponyme, rappelant le visiteur à son devoir de mémoire.
13
17 octobre 1961 : la violence oubliée d’une répression sanglante Thomas Belhalfaoui