L`ACCESSION A LA PROPRIETE - Pays Pyrénées Méditerranée
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L`ACCESSION A LA PROPRIETE - Pays Pyrénées Méditerranée
N°14 - SeptembreNovembre 2010 La lettre de l’ Habitat Observatoire du plan départemental de l’Habitat des Pyrénées-Orientales Le sommaire Page 1 : Données de cadrage Pages 2 : La mobilisation des pouvoirs publics pour soutenir l’accession des plus modestes Pages 3 : Le développement d’une offre en accession intermédiaire: le rôle des collectivités locales. Page 4 Devenir propriétaire autrement L’ACCESSION A LA PROPRIETE L’accession à la propriété est une opération permettant l’acquisition d’une résidence principale, financée en tout ou partie par un crédit accordé par un Numéro Spécial : Le Plan Départemental de l’Habitat : contenu et retour sur la concertation. que les opérations d’acquisition des résidences secondaires et des logements dédiés à l’investissement locatif. 1. Données de cadrage Etre propriétaire, un rêve pour une majorité de français. Un ménage ne devient réellement propriétaire de son logement que lorsqu'il a remboursé totalement ses prêts. En attendant, il est ce que l'on appelle un « accédant à la propriété». Les formes d'accession à la propriété sont diverses : achat en copropriété, achat d’une maison individuelle ou d’un appartement sur plan, achat en viager, achat d’un logement social, achat en location accession… Il existe un profond sentiment d’attachement des Prochain numéro établissement financier. On exclura ici le cas des propriétaires ayant remboursés l’intégralité de leur prêt et celui des ménages n’ayant pas recours à un prêt, ainsi français à la propriété. Culturel, ce parti pris se voit aujourd’hui renforcé par les inquiétudes liées à un avenir économique incertain. Ainsi, deux tiers des 50-59 ans disent préparer spécifiquement leur retraite par l’achat de leur future résidence principale (Source : observatoire de la Caisse d’épargne). Avec plus de 60% des ménages propriétaires de leur résidence principale, ce statut peut-il encore progresser dans les Pyrénées-Orientales ? On compte 118 000 résidences occupées par un propriétaire dans les Pyrénées-Orientales (contre 69 000 locataires). Représenté par 61% des ménages, c’est le statut d’occupation dominant. Son poids dans le département est plus important que dans la région (58%) et qu’en France métropolitaine (57%). Entre 1999 et 2006, le statut de propriétaire a globalement progressé sur ces trois échelles territoriales. Cette évolution est plus nuancée dans les Pyrénées-Orientales (+1 point) que sur le territoire national (+2,5 points). Poids des propriétaires en 2006 (source INSEE) La forte augmentation des prix de l’immobilier a pu modérément entraver les dynamiques d’achat des ménages sans les décourager complètement puisqu’elles se révèlent plus vigoureuses qu’entre 1990 et 1999. La représentation des propriétaires s’est accentuée dans les bassins Albères/ Côte Vermeille, le Vallespir et le Haut Conflent ; inversement il est en diminution sur le nord de la Plaine du Roussillon et le Ribéral, secteurs dans lesquels l’offre locative se développe. Le contexte socio économique (forte proportion de ménages précaires, revenu moyen par habitant parmi les plus faibles de France) interroge néanmoins sur la propension des ménages locaux à s’endetter de plus en plus longtemps pour accéder à la propriété. Le gouvernement vient de réaffirmer l’ambition de voir 70% des français propriétaires. Mais l’intervention des pouvoirs publics ne date pas d’hier, ceux ci menant des politiques d’incitation et de soutien à l’accession à la propriété depuis plus de 50 ans 2. La mobilisation des pouvoirs publics pour soutenir l’accession des plus modestes. Pourquoi intervenir sur l’accession à la propriété ? Le PSLA, prêt social locatif accession, est un prêt conventionné consenti aux organismes HLM pour financer des opérations de construction ou d'acquisition de logements neufs. C’est l’outil de financement des dispositifs de location-accession. Pendant toute la durée de la location, le locataire paye une redevance comprenant le loyer proprement dit et un acompte mensuel sur le prix du logement. Au moment de la vente, il verse le reliquat. Un plafond de ressources identiques pour le PSLA et le PAS Ménages de 2 personnes: 2630€/mois Ménages de 4 personnes: 3375€/mois Page 2 La question de la légitimité des pouvoirs publics à intervenir sur l’accession à la propriété (domaine privé par excellence) donne lieu à une réponse unanime quelques soient les clivages politiques. Elle trouve sa justification à plusieurs niveaux. Dans une logique de « chaîne », l’intervention des pouvoirs publics permet tout d’abord de fluidifier les parcours résidentiels (un ménage qui accède à la propriété libère un logement locatif ou locatif social). Elle peut également permettre de mener une politique de redistribution urbaine (répartition spatiale des logements en fonction des statuts d’occupation) et de peuplement . Elle répond ensuite à la notion d’équité sociale et permet notamment d’éviter des cas d’accession difficiles pouvant avoir des répercussions sur la qualité du logement. L’encouragement des ménages peut également avoir un effet d’entrainement sur l’appareil productif (bâtiment) . La logique d’encouragement à l’accession peut néanmoins interférer avec les autres politiques d’aide au logement (locatif social/ investissement locatif privé) en exacerbant la concurrence sur le foncier. Etats et collectivités déploient un système d’incitation et de soutien ouvert mais qui concentre une grande partie des financements aux personnes très modestes. Lotissement en cours de construction, Céret (source AURCA) Une logique de guichet pour faire émerger une offre de logements abordable Les dispositifs d’accession aidée s’adressent à des ménages éligibles au logement social. Au vu des conditions financières auxquelles devra toutefois répondre le futur ménage accédant, cela ne concerne en réalité qu’une part relativement faible des demandeurs en logement social enregistrés. Le prêt Social Location Accession : un outil qui monte en puissance Les logements financés dans le cadre d’un PSLA sont intégrés à des opérations de logements locatif social, sans qu’aucune distinction architecturale (extérieur) ne soit visible, favorisant ainsi la mixité des statuts au sein d’un même quartier. On constate que le coût de sortie des programmes en PSLA avoisine celui des constructions classiques (entre 1230€ et 1730€/m² de surface utile). Toutefois ce sont souvent des constructions bâties sur des parcel- les de plus petite taille, de fait, leur coût total (construction+parcelle) se situe entre 140 et 150 000€. La collectivité supporte le coût du manque à gagner lié à l’exonération de TFPB (pendant 15 ans) et finance en général une partie de la charge foncière. Evolution des mesures d’accompagnement aux ménages: la réforme PTZ+ (applicable janvier 2011) Le PTZ+ fusionne trois mesures existantes : le PTZ, le Pass foncier et la déductibilité des intérêts d’emprunt. Pour faire jouer au PTZ+ un rôle incitatif et solvabiliser les ménages, l’Etat a relevé les plafonds actuels. En zone C (ensemble du département des PO, hors agglomération perpignanaise et littoral), une famille de 4 personnes pourra ainsi contracter un prêt à hauteur de 15% du montant du bien acheté (20% si elle achète en norme Bâtiment Basse Consommation (BBC), avec un plafond de 158 000€. Principales étapes d’un dispositif PSLA avec deux enfants qui désire acheter dans le département (zone C). Leur revenu net mensuel s’élève à 1 800€. Il souhaite se porter acquéreur d’un terrain de 300 m² qui coûte 44 000€ TTC et y faire construire une maison de 130m² dont le prix s’élève à 120 000€ TTC, soit une opération dont le montant total atteint 164 000€ TTC. On note que la perception de l’APL abaisse le montant des mensualités versées au cours des 23 premières années de remboursement à 548€/mois. Ce couple remboursera donc 470 euros par mois pendant 30 ans (montant lissé sur l’ensemble de la période). LE PTZ+ propose des montants et des durées de prêts supérieurs. Il sera universel pour les primo-accédants, sans conditions de ressources. Montage et financement d’une opération : exemple Afin d’illustrer l’efficacité des dispositifs existants, voici un plan de financement superposant les différentes mesures et prêts mobilisables. Prenons le cas d’un couple Simulation financement opération acquéreurs modestes, (construction neuve, hors Perpignan et agglomération) Prix TTC opération (TVA à 19,6%) 164 000 € Prix TTC opération avec un PAS (ouvre droit à TVA à 5,5% sur le bâti) Montant à financer Dont prêt à l’accession sociale (PAS) sur 23 ans Dont prêt à taux zéro + sur 23 ans 144 000 € Revenus mensuels 1 800€ Mensualités à rembourser (y compris assurance, TEG 4.35% sur prêt principal) 673€ (23 premières années) 220€ (les 7 suivantes) APL 125€ (23 premières années) Montant net échéance mensuelle 548€ Taux d’effort net 30% 100 000€ 76 300€ 23 700€ Le prêt à taux zéro+ (PTZ+) Il s'agit d'un prêt aidé par l'Etat, remboursable sans intérêt sur une période plus ou moins longue. Il est plafonné en fonction du nombre d'occupants du logement et de la nature du bien (neuf/ancien). Il peut être majoré pour l’acquisition d’un logement neuf BBC. Le Prêt à l'Accession Sociale (PAS) est un prêt conventionné, accordé par les établissements financiers ayant signé une convention avec l'Etat. Son fonctionnement est réglementé et son taux d'intérêt plafonné. Il a été institué pour favoriser l'accession à la propriété des ménages aux ressources moyennes ou modestes et ouvre droit à l’APL. 3. Le développement d’une offre en accession intermédiaire : le rôle des collectivités locales. L’initiative politique locale permet d’élargir l’accès à la propriété à tous les types de public. Quelques soient les moyens humains et financiers dont bénéficient les collectivités, elles disposent d’outils simples pour gérer leur foncier urbanisable. La définition de COS et CES élevés dans les zones ouvertes à l’urbanisation permet par exemple la construction de formes urbaines plus denses (petit collectifs, maisons en bande...) dont le coût de construction est maitrisé et permet l’accueil de ménages aux revenus intermédiaires. Lorsqu’elle a la maîtrise foncière, une collectivité a tout intérêt à créer un lotissement communal. La lettre de l’Habitat La revente des parcelles à prix coûtant, lui permet de proposer des terrains viabilisés à un prix abordable. La collectivité définit elle-même les critères d’attribution des parcelles. Maîtresse du foncier, elle peut impulser des démarches (AEU…) et imposer des normes et prescriptions d’aménagement qu’il lui sera plus aisé de faire appliquer. Il peut se révéler intéressant de produire des opérations mixtes afin de rechercher l’équilibre financier. A titre d’exemple, l’aménagement de la ZAC Sainte Eugénie à Le Soler a permis la création de 168 logements: 62 logements locatifs sociaux en collectif (T3,T4), 69 parcelles en lotissement communal, 27 parcelles en locatif social, 10 parcelles en loca- tion accession. Les parcelles en lotissement communal ont été commercialisées 150€/m², alors que le prix de vente en lotissement privé s’établit dans cette zone autour de 270 €/m². Le recours à la procédure du lotissement communal est sous utilisée dans le département. Entre 2004 et 2006, les lotissements communaux représentaient 13% des opérations d’aménagement (hors plaine). On note que le recours à cette procédure diminue à partir de 2006, à l’exception du bassin Plaine du Roussillon où elle continue de progresser (5% des opérations en 1999, plus de 15% à partir de 2006 ). Voir schéma en page suivante Page 3 Point d’alerte: Malgré l’accompagnement que peuvent déployer les collectivités, on recense plus de 8 000 propriétaires occupant un logement dans des conditions potentiellement indignes. Alors que certains territoires ou copropriétés ont fait l’objet d’un repérage spécifique ayant permis la mise en œuvre d’opérations ciblées (OPAH-RU et Plan de sauvegarde à Perpignan), l’action de la MOUS départementale Habitat indigne trouve de fait de nombreuses limites face aux propriétaires occupants. Il semble en outre intéressant de poser un questionnement sur le devenir de certains quartiers résidentiels constitués de lotissements construits à moindre coût (matériaux de qualité plutôt moyenne) durant les années 70. A court terme, leur vieillissement et leur entretien risque de devenir problématique. La lettre de l’Habitat Comité de rédaction: Comité Technique du PDH Comité de pilotage du Plan Départemental de l’Habitat : Etat—Direction Départementale des Territoires et de la Mer, Caisse d’Allocations Familiales, ANAH, Conseil Régional Languedoc-Roussillon, Conseil Général des Pyrénées-Orientales, Perpignan Méditerranée Communauté d’Agglomération, Agence d’Urbanisme Catalane, SCOT Plaine du Roussillon, SCOT Littoral Sud, Pays PyrénéesMéditerranée, Pays Terres Romanes en pays Catalan. Directeur de la publication: Silvain CZECHOWSKI, Directeur de l’AURCA Téléphone: 04 68 87 75 52 Télécopie: 04 68 56 49 52 Courriel: [email protected] Page 4 Nombre de lotissements crées et répartition par type (ens. Bassins d’habitat sauf Plaine) source DDTM/AURCA 2010 Plaine du Roussillon 4. Devenir propriétaire autrement Les coopératives d’habitants : solidarité de voisinage Face au phénomène de spéculation immobilière, à la disparition quasi-totale de la mixité au sein des bâtiments, à la déresponsabilisation des habitants et leur faible appropriation des espaces communs, les coopératives tentent d’apporter des solutions alternatives instaurant un nouveau rapport à la propriété. Les membres sont locataires de leurs logements dont la coopérative est propriétaire (chaque membre détient des parts sociales selon ses capacités financières). L’implication des coopérateurs, les efforts de mutualisation des moyens et des espaces et l’absence d’intermédiaires permettent d’offrir des loyers inférieurs Pour ouvrir la discussion... On résume de manière sans doute réductrice l’aboutissement d’un parcours résidentiel à l’accession à la propriété… Aujourd’hui, le rôle des collectivités est plus que jamais de garantir la prise de risque la plus minime possible aux catégories de ménages qui s’engagent dans une démarche d’acquisition. En effet, de nombreux ménages se trouvent fortement fragilisés par des conditions d’acquisition mal évaluées. Selon les ADIL, de nombreux accédants sous-estimeraient les charges indirectes liées au statut de propriétaire accé- au prix du marché (achat à prix de revient). Le locataire est impliqué en amont du projet de construction. Le concept est hérité d’expé riences du type « castors » (1948) ou « Maison radieuse » (1970). Plus d’info sur: www.habicoop.fr Exemple projet « le grand arbre » 60 logements (dont une partie en social public) à Toulouse : quel investissement pour les coopérateurs ? Logement privatif (selon ses revenus et la taille du logt) : 6-7€/m², dont 3-4€/m² sont récupérables (La part dédiée aux espaces privatifs mis en commun est non récupérable). Appart 80 m² + balcon de 23 m² + cave + garage = 700€/mois (CC), dont 300€ récupérables. Espaces privatifs mis en commun (salle de sport, chambre d’amis, salle pour les enfants…) : ils sont et resteront propriété de la coopérative mais sont financés par les habitants sur la base du volontariat. Espaces collectifs (jardin…) participation financière au prorata de la taille de son espace privatif. dant (entretien du logement, fiscalité…) et aux frais de transport. 2/3 des porteurs de projet n’auraient pas pensé aux frais annexes à la construction ou à l’acquisition, 28% auraient sous estimé ou oublié les coûts induits par le déménagement et 21% n’auraient pas pensé à la question de la revente du bien (ANIL, Accession à la propriété : les projets à l’épreuve du marché, Habitat Actualité, 2004). Par ailleurs, certains accédants méconnaîtraient les principes d’attribution des aides à la personne, ou inversement établiraient leur plan de finance- ment en considérant que le niveau d’aide initial est acquis définitivement. En cas de difficulté, les emprunteurs tardent aussi à prendre conscience de leur situation, ce qui nuit à la mise en place de stratégies préventives. En revanche, on notera que certains ménages au profil légèrement risqué mériteraient peut-être d’être mieux accompagnés : les ménages à revenus irréguliers sans être nécessairement modestes ; les ménages à revenus réguliers mais qui ne sont pas stabilisés dans l’emploi (titulaires de CDD…).