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CHRONIQUES DE NOS EXPERTS Jocelyn Pinet Système à toute épreuve Le clin d’œil de Je rétorque que j’ai reçu un appel la confirmant, cette livraison. Par Jocelyn Pinet, auteur, conférencier et expert-conseil Suis-je devenu difficile, ou est-ce que je tombe de plus en plus souvent sur des pratiques et des systèmes complètement anti-service ? Tenez, l’autre jour, je suis au restaurant avec une collègue qui souhaite manger du pain grillé. Et bien, dans ce restaurant, on n’en sert pas à 15 h 30 ! Au déjeuner seulement. C’est à cause de la caisse, semble-t-il; elle fonctionne sur un programme différent après 11 h. Comme on n’a pas prévu de touche pour les rôties, le personnel ne peut pas vous en vendre. Solution mi-blague de la serveuse ? « Commandez un sandwich grillé et enlevez le milieu ! » Cette semaine encore, j’attends la livraison de meubles de salon, inscrite à mon agenda depuis un mois. Quelques jours plus tôt, un message téléphonique enregistré me rappelle d’être à la maison entre 9 h et 18 h. Bon service. Mais à 17 h 45 du jour J, toujours pas de sofa. J’appelle le service de livraison. « Can I have your phone number? » Ah oui; on est chez Sears. Je demande si la livraison va se faire comme prévu. Clapotis de clavier puis réponse, en français quand même : « Ça dit que la marchandise n’est pas disponible pour la livraison. » « Oui, mais faut pas toujours se fier à ça ! » Ah bon ! Et quand vais-je recevoir mes meubles ? « Dans six semaines. » Je trépigne un peu. « C’est normal de me faire attendre toute la journée pour rien ? » « On vit pas dans un monde idéal, Monsieur ! » Ils sont partout ces systèmes débiles! Membre du club automobile CAA depuis très longtemps, j’oublie de renouveler ma cotisation. Comble de malchance, je tombe en panne. Réalisant mon erreur lorsque j’appelle le service de dépannage, je souhaite corriger la situation. Pas de problème : vous payez tout de suite, vous redevenez membre immédiatement, mais vous n’aurez droit aux services que dans 48 heures. Le système, vous comprenez. On ne veut pas que les gens deviennent membres uniquement quand ils ont besoin d’un dépannage. Vous êtes membre depuis 15 ans ? Tant pis ! Vous n’aviez qu’à renouveler à temps. On tombe parfois même dans l’absurde. Ce Noël, j’entre dans un magasin Le Château avec un item acheté ailleurs. L’alarme se déclenche. La vendeuse exige de voir mon coupon de caisse avant de démagnétiser l’objet. Quand je m’offusque, un peu insulté quand même, on m’explique que c’est la procédure : on ne veut pas aider les F O RU M QUALITÉ 11 h i v e r 2 0 0 8 voleurs ! Je produis la facture et on réduit le coupable au silence. « Mais qu’auriez-vous fait si je n’avais pas eu de facture ? » « Heuuuuuuu….. » Bel accueil ! Je suis parti. En vous présentant ces quelques expériences, j’ai voulu rappeler qu’il faut impérativement considérer l’effet d’un système ou d’une pratique du point de vue du client. On l’a dit mille fois : votre entreprise ne peut exister que dans la mesure où des clients utilisent vos produits ou vos services. Ce sont eux qui jugent l’efficacité de vos façons de faire! C’est pourtant simple. Vos clients veulent du pain grillé à 15 h 30? Faites en sorte que le système le permette. Il y a un délai à la date de livraison prévue? Il faut absolument qu’il soit impossible que le client ne puisse en être informé à temps. Il y a des procédures à suivre? Assurez-vous que votre personnel puisse y déroger lorsque nécessaire. Inspirez-vous de Motorola, où tout employé peut débourser jusqu’à mille dollars pour résoudre un problème avec un client. Pensez à Nordstrom’s où une seule consigne est donnée aux employés : Utilisez votre meilleur jugement en tout temps. Et si vous voulez tout remettre à plat, imitez Southwest Airlines qui, lors d’une grande fête donnée à cet effet, a immolé le livre des procédures de service aux clients que le employés avaient baptisé le «Livre des interdictions». C’est radical, mais vraiment efficace. Je vous conterai leur histoire la prochaine fois.