1 Développement de l`enseignement de la médecine d`urgence
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1 Développement de l`enseignement de la médecine d`urgence
UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE PARIS 6 FACULTÉ DE MÉDECINE PIERRE ET MARIE CURIE Mémoire de Diplôme Inter-Universitaire de Pédagogie Médicale par Nicolas SEGAL Évolution des diplômes de Médecine d’urgence Présenté et soutenu publiquement le 18 octobre 2013 La médecine d’urgence est une spécialité jeune sur le plan universitaire et qui a subi de nombreuses évolutions de ses diplômes qualifiants depuis une trentaine d’années. Le diplôme permettant d'exercer en tant qu’urgentiste a évolué en débutant par le stade de capacité, pour évoluer vers un diplôme d’études spécialisées complémentaires (DESC) actuellement délivré et d’ici 2-3 ans pour devenir un diplôme d’études spécialisées (DES). L’objectif de ce mémoire est d’analyser les raisons de telles modifications puis d’étudier leurs impacts sur les contenus de la formation aussi bien pratique (stages sur le terrain) que théorique (nombre d’heures de cours, contenus, obligation de faire un mémoire…). 1 Développement de l’enseignement de la médecine d’urgence Depuis l’individualisation de l’enseignement de la médecine d'urgence dans les facultés de médecine françaises, il convient de relever deux évolutions parallèles et complémentaires : - d'une part l'essor d'un enseignement de base de la médecine d'urgence, pour tous les futurs médecins, au cours des deux premiers cycles d’études de médecine, - d'autre part, la mise en œuvre progressive d'un enseignement spécifique pour former des médecins seniors, conduisant à l'individualisation d'une discipline autonome de médecine d'urgence pour les médecins souhaitant faire carrière dans ce secteur. Le premier type d’enseignement doit donner des bases à tous, mais doit également participer au recrutement de futurs médecins urgentistes par son caractère attractif. 1.1 Évolution de l'enseignement de la médecine d'urgence durant les études médicales Dès 1970 (arrêté du 24 juillet), il était stipulé que devait « être assuré un enseignement élémentaire de soins d'urgence et de réanimation aux étudiants de 1re année du 2ème cycle des études médicales. » Dans son premier rapport sur l'urgence médicale présentée en juin 1984 au conseil économique et social, Adolphe STEG préconisait la généralisation de la mise en place de certificat de médecine d'urgence durant le 2ème cycle.1 L'arrêté du 18 mars 1992 relatif à l'organisation du 1er cycle et de la première année du 2ème cycle des études médicales reprise dans l'arrêté du 2 mai 1995 a inclus « les techniques de premier secours » dans l'enseignement obligatoire. Puis, dans une circulaire en date du 9 mai 1995, les ministères chargés de l'enseignement supérieur et de la santé ont confirmé que la médecine d'urgence devait désormais être ajoutée à la liste des enseignements obligatoires de la deuxième partie du 2ème cycle des études médicales. Cette circulaire précisait par ailleurs l'obligation pour tout étudiant en médecine d'effectuer, au cours de ce 2ème cycle, un minimum de 36 gardes d'urgence formatrices avec prise de responsabilité croissante, notamment en chirurgie, médecine, réanimation et SAMU (Service d’Aide Médicale Urgente). Ainsi, le dispositif réglementaire pour assurer à tout futur médecin une formation minimale, théorique et pratique, à la prise en charge des urgences était désormais établi. L'arrêté du 10 octobre 2000 a confirmé cette orientation en incluant un module « synthèse clinique et thérapeutique - urgences » dans le programme de la deuxième partie du 2ème cycle, devenu également le programme de l'examen national classant d'accès au 3ème cycle. Ces textes montrent la prise en compte des besoins de formation de tous les futurs médecins à l'urgence depuis une quarantaine d’années. 2 / 11 1.2 Évolution des diplômes de médecine d’urgence. Pour répondre au besoin de médecins seniors correctement formés un groupe de responsables des SAMU a proposé dès 1981 la mise en place de diplômes d'université d'oxyologiemédecine d'urgence.2 Le premier de ces diplômes fut créé à l'université de Bobigny-Paris 13 par Michel CUPA. D'autres furent bientôt instaurés en particulier à Amiens, Grenoble, Lille, Limoges, Paris XII-Créteil, Poitiers, Saint-Étienne et Toulouse. En 1986, la création des capacités de médecine, diplômes ouverts à tous les docteurs en médecine, offrit l'opportunité de franchir une étape supplémentaire en proposant un diplôme national. Ces diplômes, autorisés par l'Ordre des Médecins, peuvent donc être affichés comme compétence spécifique contrairement aux diplômes d'université. L'arrêté fondateur de la Capacité d'Aide Médicale Urgente (CAMU) est daté du 13 mars 1986.3 Il fit l'objet de quelques aménagements par la suite.4, 5 En 1995, selon les recommandations d'un groupe de travail présidé par Geneviève BARRIER,6 lui-même inspiré par un nouveau rapport d'Adolphe STEG,7 un décret relatif à l'accueil et au traitement des urgences dans les établissements de santé a préconisé la généralisation de la « seniorisation » de la prise en charge hospitalière des urgences.8 La nécessité d'un diplôme national permettant de préparer les praticiens à l'exercice de cette responsabilité apparaissait dès lors impérative. Pour répondre à cette nécessité, une évolution de la CAMU fut décidée qui conduisit à l’arrêté du 3 juin 1998 qui créa la Capacité de Médecine d'Urgence (CMU) en remplacement de la CAMU.9 La maquette pédagogique de cette nouvelle capacité fut améliorée en 2002 sur la base des conclusions d'un groupe de travail réuni à cet effet par la direction de l'enseignement supérieur.10 Il faut noter que l'individualisation en 1995 de la discipline « médecine polyvalente d'urgence » dans le concours national de praticien hospitalier fut également une étape décisive vers la reconnaissance de la médecine d'urgence comme spécialité.11 Au cours des années suivantes, la réflexion a été poursuivie pour déterminer le mode le plus approprié pour assurer la promotion de la médecine d'urgence comme discipline universitaire à part entière. Il fut décidé de faire évoluer la CMU vers un diplôme d'études spécialisées complémentaires (DESC) de type 1 et non pas vers un diplôme d'études spécialisées (DES), au motif qu'elle permettait à la discipline de continuer à bénéficier de la richesse d'un recrutement diversifié à partir de plusieurs DES, quand bien même le DES de médecine générale continuerait à en être le vivier principal. Après un long travail de concertation, le DESC de médecine d'urgence a été officiellement créé par l'arrêté du 22 septembre 2004.12 Auparavant, s'était tenue à l'Hôtel Dieu de Paris le 3 octobre 2002, l'assemblée constituante de la Collégiale Nationale des Universitaires de Médecine d'Urgence qui deviendra par la suite le Collège National des Enseignants de Médecine d'Urgence. La maquette fut basée sur des travaux préliminaires de 2001.13 Ce DESC de type I n’est pas qualifiant pour l'Ordre des médecins (contrairement aux DESC de type II). Il offre une compétence supplémentaire ou un champ d'exercice plus large, mais ne change pas la qualification officielle de son titulaire auprès de l'Ordre des Médecins. 3 / 11 1.3 Vers un Diplôme européen de médecine d’urgence La Société européenne de médecine d'urgence (EuSEM), fondée en 1994, a présenté et publié en 1998 un «Manifeste pour la médecine d'urgence en Europe».14 Au cours de la réunion du Conseil de l’EuSEM en septembre 2001, un groupe de travail a été créé pour définir un programme d'études en médecine d'urgence, afin de remplir la déclaration du manifeste: « La mise en œuvre des normes similaires de formation en médecine d'urgence dans toute l'Europe est une priorité». Cela a mené en 2002 à la réalisation d’un document spécifiant un tronc commun européen pour harmoniser au niveau des différents pays de l’Union l’enseignement de médecine d’urgence.15 Celui-ci a été mis à jour en 2009.16 Compte tenu des obligations liées à ces documents, le Collège des Universitaires de Médecine d’Urgence a envisagé le passage d’un DESC à un DES Cette création a été soutenue par les responsables de l’ensemble des organismes professionnels et scientifiques de la discipline en France. Une liste détaillée des compétences et aptitudes comportementales attendues du médecin urgentiste français a été établie en 2004 par un groupe de travail mis en place par la Société francophone de médecine d’urgence (devenue Société française de médecine d’urgence).17 Cette liste non exhaustive est conforme à celle de l’EuSEM.15, 16 Un projet de maquette pour ce DES a été rédigé et remis en 2010 à la Commission nationale de l’internat et du post-internat (CNIPI).18 À la demande de cette dernière et à l’instar de ce qui a été établi pour toutes les spécialités, ce document a été complété par deux référentiels métier-compétences. Le premier concerne la spécialité de médecine d’urgence,19 le second porte sur la sur-spécialité de médecine d’urgence pédiatrique.20 Ce DES est la transcription à la formation française des recommandations européennes. 2 Contenue de la formation 2.1 Médecins pouvant accéder au diplôme L'admission dans une capacité était conditionnée à la réussite d'un examen d'admission probatoire portant sur un programme spécifique. La CMU était ouverte à tous les médecins titulaires du diplôme de docteur en médecine, indépendamment de leur âge ou de leur cursus initial, il s'agissait d'un dispositif de formation continue. Le DESC et le DES sont leur équivalent en formation initiale. Le DESC est ouvert aux internes d’anesthésie-réanimation, de cardiologie, de chirurgie générale, d’hépato-gastroentérologie, de médecine générale, de médecine interne, de néphrologie, de neurologie, de pédiatrie, de pneumologie et de psychiatrie en début de dernière année de leurs DES respectifs. Le DES sera accessible aux étudiants classés en rang utiles pour choisir cette spécialité à l’issue de l’examen national classant. 2.2 Durée de la formation La CMU se réalisait sur 2 ans. Le DESC est du groupe 1, sa durée de formation est donc de 2 ans, la première année étant effectuée obligatoirement au cours de l’internat. Le futur DES sera sur 5 ans. 4 / 11 2.3 Partie théorique 2.3.1 Nombre d’heures de cours Le volume total d’heure d’enseignement était de 120 heures pour la CMU, de 150 heures pour le DESC. La durée habituelle de l’enseignement des DES est d’environ 200 heures. 2.3.2 Évaluation Pour la CMU, l’évaluation se faisait en 3 temps : un probatoire d’entré, un examen à la fin de la première année et un examen final. Pour le DESC, les évaluations se font par modules d’enseignement théorique, avec validation par des examens écrits et oraux. Il est également nécessaire de présenter un mémoire de fin d’études. Pour le DES, les étudiants auront un carnet de stage d’« Évaluation et validation de la formation spécialisée en médecine d’urgence ». Les capacités d’analyse, de synthèse et de décision acquises et nécessaires à la résolution des problèmes posés en médecine d’urgence seront évaluées.13 Sur ce carnet seront relevés pour chaque stage hospitalier : le niveau des compétences acquises (décisionnelle, relationnelle, organisationnelle), le niveau de compétence globale (l’autonomie globale et le raisonnement médical), le niveau de compétence technique, le niveau de participation active à des réunions de cas cliniques et à des réunions organisationnelles des structures d’urgence, le niveau de participation à des travaux de recherche clinique et le niveau de participation à des recherches bibliographiques. Les étudiants devront également réaliser un mémoire de fin d’études sur un thème de médecine d’urgence. 2.3.3 Contenus L’enseignement théorique de la CMU est réalisé sous forme de travaux dirigés avec discussion de cas cliniques. Le détail du contenu pédagogique est spécifié dans l’annexe I de l’arrêté de 1998.9 Pour le DESC, cet enseignement est multidisciplinaire et interactif. Il s’appuie notamment sur des études de cas, des séminaires, des travaux pratiques, des conférences de synthèse. Il comprend également une formation à l’auto-apprentissage et à l’auto-évaluation. Les principaux thèmes cliniques enseignés dans les modules portent sur les urgences des différents organes. Le contenu détaillé est base sur la maquette proposée en 2001 par BARON et NEMITZ.13 Une partie des modules porte aussi sur l’organisation et les missions des structures d’urgence, les moyens humains et techniques déployés dans les services, les aspects fonctionnels et comportementaux du médecin face à l’urgence. L’enseignement théorique est un enseignement clinique intégré à partir des motifs de recours aux structures d’urgence (techniques utilisées en médecine d’urgence, organisation et missions des structures d’urgence, moyens humains et techniques des structures d’urgence, aspects fonctionnels et comportementaux de la médecine d’urgence). Pour le DES, la formation est centrée sur la prise de décision diagnostique, thérapeutique et d’orientation adaptée au niveau de soins que l’état du patient impose. Elle a pour but l’acquisition des connaissances et compétences dans les domaines : • cognitif (savoir), • technique (savoir-faire), • comportemental (savoir être, savoir travailler en équipe). 5 / 11 Pour chaque motif de recours aux structures d’urgence et chaque thématique d’enseignement, des objectifs spécifiques, cliniques et pratiques, d’orientation et d’inscription du patient dans la filière de soins adaptée ont été définis.13, 17 Pour atteindre ces objectifs, la technique pédagogique utilisée doit être l’apprentissage en spirale qui favorise l’acquisition et le renforcement des compétences. Tout au long du cursus de formation, à chaque pas de la spirale, s’ajoute une connaissance, une habileté technique ou une attitude professionnelle. Cet enseignement intégré et polyvalent doit être multidisciplinaire et interactif par confrontation du raisonnement de l’étudiant avec celui des enseignants. Les modalités d’enseignement doivent être : • l’auto apprentissage dont la méthodologie sera expliquée, • l’utilisation chaque fois que possible des techniques de simulation pour l’apprentissage des gestes techniques, • des séminaires avec apprentissage par résolution de problèmes (ARP), dont la méthodologie sera expliquée (à partir d’une situation grave ou fréquente, une stratégie de prise en charge est définie et argumentée par l’apprenant), • des séminaires transversaux notamment sur des thèmes relatifs à la pédiatrie, la gériatrie, l’imagerie, la douleur, l’éthique, la médecine légale, la précarité, les urgences collectives…, • des séminaires sur les syndromes de gravité, avec exposé de leur physiopathologie permettant d’expliciter leur spécificité clinique et thérapeutique, • des travaux en groupe pour développer le savoir-être dans le cadre d’une activité nécessairement multidisciplinaire, • des conférences de synthèse. Une formation à l’auto-évaluation sera assurée au début du cursus de la spécialité. De plus, il est préconisé qu’au sein de chaque Faculté habilitée pour le DES soit créé un laboratoire d’apprentissage des gestes techniques doté des équipements de simulation adaptés. 2.4 Partie pratique Pour la CMU, la formation pratique est basée sur des stages d'au moins 800 heures effectués dans des services agréés (Service d’aide médicale d’urgence/service mobile d’urgence et de réanimation (SAMU/SMUR), structures d'accueil et de traitement des urgences, services de réanimation médicale ou chirurgicale) comprenant la participation à un minimum de 24 gardes. Ces stages doivent notamment permettre l'acquisition de plusieurs techniques. L'apprentissage de ces techniques est réalisé en travaux pratiques et dans les services spécialisés sous le contrôle de médecins spécialistes des disciplines concernées.9 Pour valider les stages hospitaliers du DESC, les internes doivent effectuer au moins 4 semestres dans des services validant avec au minimum un semestre dans chacun des terrains de stage suivants : - SAMU/SMUR services des urgences d’adultes services ou unités des urgences pédiatriques services ou unités de réanimation ou de soins intensifs médicaux, chirurgicaux ou médico-chirurgicaux. 6 / 11 De plus, un semestre au moins doit être effectué dans un centre hospitalier universitaire (CHU). L’habileté technique nécessaire à la prise en charge des patients en urgence est acquise au cours des stages et par des ateliers spécifiques au cours des modules.13 Pour valider la maquette du DES, les étudiants devront avoir effectué au cours de leurs 10 semestres d’internat au minimum - 2 semestres dans chacun des terrains de stage suivant (SAMU/SMUR, services des urgences d’adultes) - un semestre dans chacun des terrains de stage suivants (services des urgences pédiatriques, services de réanimation ou de soins intensifs médicaux, chirurgicaux ou médico-chirurgicaux) - un semestre au choix en gériatrie, en médecine polyvalente ou en médecine interne - un semestre au choix en radiologie, en anesthésie ou en chirurgie. De plus, au moins un semestre devra être réalisé dans un hôpital non universitaire. 2.5 Coordination Pour la CMU, l’organisation se fait au niveau local pour chaque faculté. Pour le DESC, une coordination régionale a été mise en place. Pour les DES, la coordination sera assurée conformément à la réglementation commune à tous les DES par un coordinateur régional, un comité pédagogique du DES et une commission interrégionale. Médecins pouvant accéder au diplôme Nombre d’années Nombre d’heures de cours Formation pratique CMU Tous avec probatoire d’entrée 2 DESC Certains DES 2 DES Rang suffisant à l’Examen National Classant 5 120 150 200 800 heures 4 semestres Probatoire d’entré+ Théorique + Évaluation théorique mémoire Tableau 1 : tableau de synthèse comparant les 3 formations 10 semestres Théorique + mémoire 3 Discussion L’évolution des diplômes de médecine d’urgence depuis une trentaine d’années s’est accompagnée d’une reconnaissance universitaire du diplôme. Dans le même temps, cela permet une reconnaissance ordinale et européenne. Il faut noter que, plus on avance dans les diplômes, plus il y a des détails sur le contenu de l’enseignement, mais également sur les techniques pédagogiques recommandées. Cela montre que le développement de l’enseignement de la médecine d’urgence s’accompagne d’une amélioration de la qualité des enseignements recommandés. On peut également supposer qu’il y a une amélioration de la qualité des enseignants. Il faut souligner que la mise en place du DES sera grandement facilitée dans toutes les interrégions par la mise en place depuis 2004 du DESC de médecine d’urgence : le remplacement du DESC par un DES ne nécessite qu’une montée en puissance d’un dispositif déjà opérationnel et comportant déjà les principaux éléments nécessaires à sa mise en œuvre. De 7 / 11 même la Collégiale Nationale Universitaire de Médecine d’Urgence qui a porté le DESC portera le DES. La formation sera également plus homogène, avec la même maquette durant l’internat pour tous les futurs urgentistes. Un DES en 5 ans permettra le passage des internes dans plusieurs services de spécialités médicales en plus des services d’urgence (médecine interne, réanimation médicale, gériatrie, radiologie, anesthésie…) afin de maintenir une richesse et une transversalité de la formation. Le niveau élevé de la formation et une durée de 5 ans faciliteront également la reconnaissance des futurs médecins urgentistes par leurs confrères des autres spécialités qui ont encore souvent tendance à sous-estimer les médecins urgentistes. Il faut signaler les avantages du DES sur le DESC. Le premier est qu’il permet d'homogénéiser le niveau initial des urgentistes en début de carrière contrairement au DESC en raison de l’hétérogénéité des différents DES d’origine des candidats au DESC. Le DES permet également une reconnaissance au niveau européen et ordinal de la spécialité. Enfin, actuellement, il n’est pas possible d’anticiper sur le nombre d’urgentistes qui vont réellement exercer. En effet, tous les médecins inscrits au DESC de médecine d’urgence, une fois ce diplôme obtenu, ne vont pas forcément exercer comme urgentistes. Certains exercent dans leur spécialité d’origine, en particulier la médecine générale, soit dès l’obtention du diplôme, soit après quelques années d’exercice de la médecine d’urgence. Le caractère non « qualifiant » du DESC et l’absence de débouchés autres qu’hospitaliers renforcent cet inconvénient. Le passage à un DES va permettre la filiarisation des internes directement sur les urgences, la possibilité de planifier le post-internat, un plan de carrière et la capacité de formation en fonction des besoins. Cela nécessite cependant de rendre la spécialité attractive pour les étudiants venant de passer l’examen national classant. Le DES présente cependant des inconvénients. Sauf possibilité de faire un droit au remord, sa mise en place va limiter la possibilité aux internes de médecine générale (et des autres spécialités) qui souvent découvrent la spécialité d’urgentiste au cours de leur stage obligatoire aux urgences de devenir urgentiste. Il est également nécessaire de mener une réflexion sur le déroulement de la carrière professionnelle d’urgentiste à long terme puisqu’en raison des gardes celle-ci peut être difficile et la mise en place d’un DES limite les possibilités de reconversion. 4 Conclusion Depuis 30 ans, la médecine d’urgence a subi une évolution de son diplôme qui est passé par l’ensemble des niveaux de qualification, « simple » capacité, puis sur-spécialisation à type de DESC et enfin dans un futur proche à celui de spécialité à part entière sous forme d’un DES. Ces modifications, qui permettent une reconnaissance ordinale et européenne, ont été accompagnées d’une réflexion importante sur la formation et le socle minimum à avoir pour tout urgentiste. Une réflexion doit également été menée sur le déroulement de la carrière professionnelle puisque un DES limite les possibilités de reconversion. Ce mémoire a été soumis pour publication dans les Annales françaises de médecine d'urgence. 8 / 11 5 Bibliographie 1. Steg A. L'urgence médicale. Rapport présenté au nom du Conseil économique et social Journal officiel de la République française, 28 juillet 1984, 77. 2. Cupa M, Hennequin C, Lapandry C, et al (1983) Vers un diplôme d'université d'oxyologie-médecine d'urgence Poster présenté au 3e Congrès National des SAMU, Lyon, 1981. Rev SAMU, 6:83-4 3. Arrêté du 13 mars 1986 complétant l'arrêté du 25-07-1985 fixant la liste et la réglementation des capacités en medecine Journal officiel de la République française, 16 mars, 4355. 4. Arrêté du 29 avril 1988 fixant la réglementation et la liste des capacités de médecine, Journal officiel de la République française, 8 mai, 6706. 5. Arrêté du 15 juin 1989 modifiant l'arrêté du 29-04-1988 fixant la reglementation et la liste des capacites de médecine, Journal officiel de la République française, 23 juin, 7792. 6. Barrier G (1994) Rapport sur la prise en charge préhospitalière des urgences., Septembre 7. Steg A (1993) Rapport sur la médicalisation des urgences. Commission nationale de restructuration des urgences., Septembre 8. Décret n°95-648 du 9 mai 1995 relatif aux conditions techniques de fonctionnement auxquelles doivent satisfaire les établissements de santé pour être autorisés à mettre en oeuvre l'activité de soins accueil et traitement des urgences et modifiant le code de la santé publique (troisième partie: Decrets) Journal officiel de la République française, 109 (10 mai), 7688. 9. Arrêté du 3 juin 1998 modifiant l'arrêté du 29 avril 1988 modifié relatif à la réglementation et à la liste des capacités de médecine, Journal officiel de la République française, 11 juin, 8821. 10. Arrêté du 11 mars 2002 modifiant l'arrêté du 29 avril 1988 modifié relatif à la réglementation et à la liste des capacités de médecine, Journal officiel de la République française, 67 (20 mars), 4957. 11. Arrêté du 10 mai 1995 relatif à l'organisation, la nature et la pondération des épreuves nationales d'aptitude mentionnées aux articles 3 et 4 de la loi no 95-116 du 4 février 1995 portant diverses dispositions d'ordre social Journal officiel de la République française, 111 (12 mai), 7985. 12. Arrêté du 22 septembre 2004 fixant la liste et la réglementation des diplômes d'études spécialisées complémentaires de médecine Journal officiel de la République française, 233 (6 octobre), 17077. 9 / 11 13. Baron D, Nemitz B. Proposition de maquette pour un DESC de médecine d’urgence. 2001. http://www.sfmu.org/documents/kiosque/desc_medecine_urgence.pdf (accessed 29/07/2013. 14. (1998) Manifesto for emergency medicine in Europe. Council of the European Society for Emergency Medicine. Eur J Emerg Med, 5:389-90 15. Petrino R, Bodiwala G, Meulemans A, et al (2002) EuSEM core curriculum for emergency medicine. Eur J Emerg Med, 9:308-14 16. A document of the EuSEM Task Force on Curriculum approved by the Council and Federation National Societies of the European Society for Emergency Medicine abtUMJC. European curriculum for emergency medicine. 2009. http://www.eusem.org/cms/assets/1/pdf/european_curriculum_for_em-aug09-djw.pdf (accessed 29/07/2013. 17. Prevel M, Andromikof B, Coudert B, et al. Référentiel de compétences d’un médecin d’urgence. 2004. http://www.sfmu.org/documents/ressources/referentiels/competences_medecins_urgences.pdf (accessed 29/07/2013. 18. SFMU, CNUMU, SUdF, et al (2009) Projet de maquette du DES de médecine d’urgence. 19. Nemitz B, Carli P, Carpentier F, et al (2012) Référentiel métier-compétences pour la spécialité de médecine d’urgence. Annales françaises de médecine d'urgence, 2:125-38 20. Mercier JC, Martinot A, Parez N, et al (2012) Référentiel métier-compétences pour la surspécialité de médecine d’urgence pédiatrique. Annales françaises de médecine d'urgence, 2:139-46 10 / 11 6 Résumé Depuis 30 ans, la médecine d’urgence a subi une évolution de son diplôme qui est passé par l’ensemble des niveaux de qualification, « simple » capacité, puis sur-spécialisation à type de diplôme d’études spécialisées complémentaires (DESC) et enfin dans un futur proche celui de spécialité à part entière sous forme d’un diplôme d’études spécialisées (DES). Ces modifications, qui permettent une reconnaissance ordinale et européenne, ont été accompagnées d’une réflexion importante sur la formation aussi bien théorique que pratique et sur le socle minimum nécessaire à tout urgentiste. Dans le même temps que le programme de formation a été rédigé, les méthodes pédagogiques ont été définies. Une réflexion doit également été menée sur le déroulement de la carrière professionnelle puisque un DES limite les possibilités de reconversion. Le passage du DESC au DES devra pouvoir se faire sans que ce soit au détriment de la polyvalence et de la transversalité qu’offrait les DESC, mais avec une homogénéisation de la formation et une meilleure visibilité nationale et européenne de la discipline. 7 Mots clés Médecine d’urgence; Enseignement; Formation; Diplômes; Curriculum 8 Abstract For 30 years, French emergency medicine has undergone a change in its degree which has gone through all skill levels, "simple" capacity and over-specialization type of additional specialized diploma and finally, in the near future that specialty in its own right as a specialized diploma. These changes, which allow an ordinal and European recognition, have been accompanied by a significant reflection on both theoretical and practical training and the minimum needed to any emergency room physician. At the same time that the training program was written, teaching methods have been defined. Reflexions must also be conducted on the course of the career because the specialized diploma limits the conversion. The passage of an additional specialized diploma to a specialized diploma will be possible without it being at the expense of versatility and cross offered by the additional specialized diploma, but with a homogenization of training and better national and European visibility of the discipline. 9 Keywords Emergency Medicine; Education; Training; Diplomas; Curriculum 11 / 11