DISCOURS BRESSO FR
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DISCOURS BRESSO FR
DIALOGUE URBAIN CONSOLIDE UN-HABITAT ET SES PARTENAIRES DE L'UNION EUROPEENNE Bruxelles, 26 janvier 2011 DISCOURS D'OUVERTURE DE MERCEDES BRESSO, PRESIDENTE DU COMITE DES REGIONS Seul le discours prononcé fait foi Madame la Présidente Madame la député Mesdames et Messieurs, Je voudrais tout d'abord remercier les organisateurs d'UNHABITAT, pour l’initiative de cette journée de dialogue. Pour les pays européens, le fait urbain est historiquement naturel, mais avec l’urbanisation continue et à présent majoritaire de la population mondiale, il s’affirme comme une réalité globale, un fait planétaire. A l’évidence, le Comité des Régions qui est le représentant au sein des institutions européennes des autorités régionales et locales, autrement dit des régions et des villes, est pleinement intéressé par la question du développement urbain. Il me semble que l'engagement de l'UE en faveur des politiques urbaines est naturel, même si les traités ne considèrent pas de manière explicite des compétences dans ce domaine. En effet, sans la contribution et la participation des villes, les efforts pour améliorer la cohésion économique, sociale et territoriale paraissent voués à l'échec. Conséquence de l’exode rural qui s'est accéléré en Europe depuis le début du XXème siècle et d’un mode de développement économique davantage associé aux productions des secteurs secondaire et tertiaire, la dimension urbaine n’a cessé de gagner en importance dans les politiques de l'UE. Au cours des dernières années, c'est surtout dans le cadre de la politique de cohésion qu'on a vu croître les préoccupations urbaines. L’expérience européenne n'est sûrement pas un modèle dans l'absolu. Mais notre expérience, nos demi-réussites autant que nos échecs peuvent être profitables à nos partenaires d’autres régions du monde, singulièrement des pays en développement. De plus, compte tenu des prospectives sur le taux d’urbanisation de la population mondiale, les problématiques urbaines vont demeurer parmi les défis les plus importants du millénaire, en Europe et ailleurs. Aujourd’hui, les villes semblent concentrer à la fois le meilleur et le pire de notre modèle de développement. D’un coté, elles présentent des avantages essentiels pour les citoyens et les entreprises, non seulement en tant que moteurs économiques et centres d'échanges et de commerce, mais aussi en tant que 2 vecteurs de la promotion des libertés individuelles et en tant que centres de créativité, de recherche et d'excellence. D'une autre côté, elles engendrent et/ou catalysent les risques de fracture sociale délinquance) et (discrimination, les problèmes exclusion, paupérisation environnementaux. et Ceux-ci réduisent la qualité de vie de nos citoyens (embouteillages, allongement des trajets, problèmes de santé – notamment respiratoires – causés par la pollution, etc.). Au delà de ce constat, il me semble important de tenter d’identifier les enjeux futurs de la politique urbaine. A cet égard je crois pouvoir proposer trois sujets de réflexion incontournables. - Le premier est l’évolution démographique: le vieillissement de la population, le nombre d'habitants, les migrations et le dépeuplement sont autant de facteurs qui influent sur la réalité et la politique de développement urbain. Aucune politique d'aménagement du territoire ne peut être efficace sans un examen attentif des tendances démographiques à moyen et long terme. - Le deuxième enjeu majeur est celui des inégalités (sociales), en particulier entre quartiers urbains. Les disparités entre quartiers sont souvent le résultat d'une ghettoïsation socio-spatiale, qui se produit parfois à cause de politiques du logement inadaptées et/ou de prestations de service limitées n’atteignant pas les plus défavorisées. Pour l’essentiel, une ville durable doit être fondée sur la solidarité urbaine et combattre activement l'exclusion et la discrimination en 3 renforçant la solidarité entre les quartiers, les catégories socioprofessionnelles et les personnes de milieux différents. La solidarité urbaine doit refléter notre ambition de construire une société inclusive et caractérisée par une plus grande cohésion. - Le troisième défi majeur est à l’évidence celui du réchauffement climatique. Aujourd’hui, 70 % des gaz à effet de serre sont produits dans les villes. C’est aussi en leur sein que les changements d'habitudes auront les retombées les plus importantes. Autrement dit, l'Union européenne, ainsi que les autres zones du monde, ne seront en mesure d'honorer leurs engagements qu'avec le concours des villes. C'est d’ailleurs avec cette conviction que le Comité des Régions a fermement soutenu le Pacte des Maires qui promeut l'engagement des villes et des régions européennes pour aller audelà des engagements de l'UE. L'effort fait pour les énergies renouvelables durables et l'efficacité énergétique peut également contribuer à protéger les citoyens les plus vulnérables – en particulier les personnes à faibles revenus – contre l'augmentation des prix de l'énergie et le risque de pauvreté énergétique. C'est aussi pour ces raisons que le Comité soutient l'idée d'une extension du Pacte des Maires aux coopérations extérieures de l'UE et singulièrement à la coopération décentralisée. A ce stade, il me paraît important de souligner que si les défis se rencontrent et se rencontreront principalement dans les villes, les 4 problèmes ne pourront être résolus en se concentrant uniquement sur elles. Au contraire, le développement urbain doit être compris comme une politique pour la ville et sa périphérie. En effet, comme la périphérie profite des offres de la ville, la ville dépend dans une large mesure de sa périphérie pour satisfaire d'autres besoins, tel que l'approvisionnement et la gestion de l’eau ou encore les transports. Dans cette logique, les villes doivent construire des partenariats avec leurs périphéries et des structures (communautés intercommunales et/ou conurbains, groupement intervilles, etc.) doivent être mises en place, afin de favoriser une meilleure coopération territoriale et régionale. C'est pourquoi, le CdR privilégie non seulement une approche de développement urbain intégré des politiques sectorielles, mais aussi une approche territoriale élargie. Pour nous, la politique régionale doit prêter attention à la fois aux déséquilibres entre régions et aux disparités socio-économiques à l'intérieur des régions et notamment au sein des zones urbaines. En ce sens, le développement durable des villes repose sur la capacité à mobiliser les différents niveaux d'autorités de façon à adopter, avec la participation des citoyens, une planification urbaine stratégique de long terme. Dans le cadre de ses actions dans le domaine de coopération au développement, le Comité des Régions promeut les mêmes orientations et objectifs politiques et soutient fortement les 5 initiatives d’appui et de coopération au développement territorial et urbain. En effet, il est certain que la lutte contre la pauvreté dans le monde et la réalisation des objectifs de millénaire pour le développement (OMD) ne pourront être effectives qu'avec une participation pleine et entière des autorités régionales et locales, à la définition et à la mise en œuvre des politiques. Le CdR est ouvert et disponible pour partager son expérience avec les partenaires des pays en développement. C'est d'ailleurs dans cette logique que le CdR et UN–Habitat ont signé une lettre d'intention (Memorandum of understanding) il y a bientôt un an (09/02/2010). C'est aussi dans cette logique que le CdR conduit des actions pour promouvoir l'intégration des autorités régionales et locales dans la politique de coopération au développement de l'UE. Ainsi, avec les collectivités territoriales des trois rives de la Méditerranée et des associations internationales et européennes d'autorité locales et régionales, nous avons établi l'ARLEM (Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne). Nous voulons ainsi associer les autorités locales et régionales plus étroitement aux projets de l'Union pour la Méditerranée. De même, le CdR a initié des relations avec la zone de l'Union Economique et Monétaire de l'Ouest Africain (UEMOA) où il existe la volonté de créer une instance régionale de représentation des villes et des régions. 6 C'est toujours dans cet esprit qu'en partenariat avec la Commission européenne, le CdR à mis sur pied les Assises de la coopération décentralisée pour le développement qui vise à soutenir un dialogue politique entre représentants des collectivités de l'UE et des pays en développement, et ceux des institutions européennes. La deuxième édition de ces Assises se tiendra les 29 et 30 mars prochains. E vous y êtes tous les bienvenus Finalement, je voudrais conclure en vous assurant que le CdR continuera ses travaux pour que les politiques européennes de développement régional et de la coopération au développement reflètent l'importance du phénomène urbain et la nécessité d'un développement équilibré au sien et de tous les territoires. Je vous remercie de votre attention. 7