RAPPORT TRIMESTRIEL D`ACTIVITE 2016 de Nils Muižnieks
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RAPPORT TRIMESTRIEL D`ACTIVITE 2016 de Nils Muižnieks
Strasbourg, le 25 mai 2016 CommDH(2016)22 1ER RAPPORT TRIMESTRIEL D’ACTIVITE 2016 de Nils Muižnieks Commissaire aux droits de l’homme 1er janvier au 31 mars 2016 Présenté au Comité des Ministres et à l’Assemblée parlementaire CommDH(2016)22 SOMMAIRE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. Vue d’ensemble ............................................................................................ 3 Missions et visites ......................................................................................... 4 Rapports et dialogue continu ........................................................................ 8 Thèmes ....................................................................................................... 17 Défenseurs des droits de l’homme.............................................................. 21 Autres réunions ........................................................................................... 22 Coopération avec les structures nationales des droits de l'homme ............ 22 Cour européenne des droits de l'homme .................................................... 22 Activités de communication et d’information ............................................... 24 Trimestre prochain ...................................................................................... 26 Observations et réflexions .......................................................................... 27 2 CommDH(2016)22 1. Vue d’ensemble La période de référence a été dominée par des activités consacrées à deux sujets : les migrations et les Roms. Parfois, ces deux sujets se sont recoupés, dans la mesure où certains des Roms dont la situation m’a préoccupé étaient aussi des migrants. Alors que la crise migratoire est le thème le plus « brûlant » de l’actualité européenne, les questions relatives aux Roms font rarement la une des journaux et sont souvent difficiles à mettre en avant. En effet, les Roms sont tellement marginalisés et se trouvent depuis si longtemps dans une situation défavorable qu’ils sont souvent invisibles pour le grand public. Je me suis penché sur les questions migratoires dans plusieurs pays. J’ai publié des rapports sur la Belgique et sur Chypre dont les migrations étaient l’un des thèmes principaux, mais j’ai aussi envoyé un mémorandum détaillé au Gouvernement britannique et une lettre au Gouvernement danois à ce sujet. En outre, je suis intervenu en qualité de tierce partie devant la Cour européenne des droits de l'homme dans une affaire qui concernait le renvoi litigieux de migrants de l’Autriche vers la Hongrie en application du règlement de Dublin. Dans tous les pays, la détention de migrants était un motif de préoccupation. Je me suis efforcé de faire comprendre que la privation de liberté ne devrait être appliquée qu’en dernier ressort, dans la perspective d’une expulsion, et jamais à des enfants ni à d’autres groupes vulnérables comme les victimes de la torture ou de la traite. Concernant plusieurs pays, j’ai émis des réserves sur les politiques de regroupement familial restrictives et sur d’autres mesures qui risquent d’entraver l’intégration des migrants et des bénéficiaires d’une protection internationale. J’ai également essayé de faire passer ces messages dans le cadre de nombre de mes activités de sensibilisation et de communication, notamment lors de débats plus larges sur les migrations, tenus au niveau européen. Ainsi, j’ai participé à un événement sur l’immigration et l’intégration organisé par la présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne (UE). J’y ai souligné l’importance de la politique d’intégration, et notamment la nécessité de faciliter l’apprentissage de la langue, l’accès au marché du travail et le regroupement familial, de favoriser l’éducation inclusive et de combattre la xénophobie. J’ai aussi fait plusieurs interventions au sujet de l’accord conclu entre l’UE et la Turquie sur les migrations, en exprimant mes préoccupations concernant l’incompatibilité des retours collectifs avec les normes des droits de l'homme, la discrimination à l’encontre des non-Syriens et la perspective de détentions massives de migrants en Grèce et en Turquie. Enfin, j’ai publié, dans le Carnet des droits de l'homme, un article sur les femmes et les filles migrantes, qui sont majoritaires dans les flux récents. J’y ai insisté sur les besoins de protection particuliers des victimes de la violence sexuelle et fondée sur le genre, et sur la nécessité d’adapter nos politiques migratoires à cette nouvelle réalité. J’ai traité la question des droits des Roms et des Gens du voyage dans un rapport sur la Belgique, ainsi que dans des lettres adressées aux Gouvernements de l’Albanie, de la Bulgarie, de la France, de la Hongrie, de l’Italie, de la Serbie et de la Suède. En Belgique, je me suis intéressé à plusieurs aspects de cette question : le discours de haine, la politique à l’égard du petit nombre de migrants roms en situation d’extrême pauvreté, les aires de stationnement destinées aux Gens du voyage et la nécessité d’assurer l’accès à l’enseignement ordinaire. Dans les autres pays, le motif de préoccupation principal était les expulsions forcées de Roms, souvent sans 3 CommDH(2016)22 consultations préalables ni proposition de relogement. Parfois, les expulsions étaient précédées de marches, de patrouilles ou d’autres manifestations d’antitsiganisme. Il est de toute évidence nécessaire de trouver des solutions de logement à long terme pour les Roms dans les nombreux pays où les expulsions répétées nuisent à la scolarité des enfants roms, entravent l’intégration et traumatisent des populations déjà vulnérables. J’ai consacré un article du Carnet des droits de l'homme à la situation spécifique des Gens du voyage. Cette communauté n’existe que dans quelques Etats membres du Conseil de l'Europe. Malgré les diverses formes de répression, de contrôle et d’assimilation dont ils ont fait l’objet au fil des siècles, les Gens du voyage ont réussi à préserver leur identité. Leur mode de vie, qui consiste souvent à se déplacer une partie de l’année, suscite de l’hostilité de la part de nombreuses populations locales et incite les gouvernements à restreindre leurs activités. Les pays où vivent des Gens du voyage devraient au contraire reconnaître la richesse culturelle que représente cette communauté, qui a souvent des besoins particuliers, notamment en matière d’éducation, dont il faut tenir compte. 2. Missions et visites Visite au Royaume-Uni Le Commissaire s’est rendu au Royaume-Uni du 17 au 22 janvier dans le cadre d’une visite qui a porté sur trois grands thèmes : les propositions gouvernementales visant à remplacer la loi de 1998 relative aux droits de l’homme par une charte britannique des droits et libertés ; les droits de l’homme des demandeurs d’asile et des immigrants, ainsi que la surveillance et le contrôle démocratique des services de sécurité nationaux. Pendant sa visite, le Commissaire s’est entretenu avec des représentants des autorités du Royaume-Uni à Edimbourg, Belfast et Londres. A Edimbourg, il a rencontré la Première ministre d’Ecosse, Mme Nicola Sturgeon. A Belfast, il a eu des discussions avec le vice-Premier ministre d’Irlande du Nord, M. Martin McGuinness ; la ministre déléguée Emma Pengelly et le ministre de la Justice, M. David Ford. Au cours de sa visite à Londres, il a rencontré le sous-secrétaire d’Etat parlementaire aux droits de l’homme, Dominic Raab ; le ministre d’Etat chargé de la justice civile, Lord Faulks ; la secrétaire d’Etat pour l’Irlande du Nord, Theresa Villers ; le procureur général, Jeremy Wright ; le ministre pour l’Europe, David Liddington, et le ministre d’Etat chargé de l’immigration, James Brokenshire. Dans les trois villes, le Commissaire a également rencontré des représentants des structures nationales des droits de l’homme et d’organisations non gouvernementales (ONG), des universitaires et des praticiens du droit. Il a par ailleurs prononcé un discours, lors d’une conférence au King’s College de Londres, sur le contrôle démocratique et efficace des services de sécurité nationaux. Au terme de sa visite, le Commissaire a déploré les reports successifs du lancement de la consultation sur l’abrogation de la loi de 1998 relative aux droits de l'homme, qui ont créé un climat d’anxiété et de préoccupation dans la société civile et dans certaines parties des administrations décentralisées. Il a constaté une forte opposition de la part des parties prenantes écossaises à l’abrogation de cette loi et même perçu plutôt un volonté d’aller au-delà des garanties énoncées dans la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). En Irlande du Nord, un certain nombre de représentants de 4 CommDH(2016)22 la société civile ont également fait part de leur vif désir d’aller plus loin que la loi de 1998 relative aux droits de l'homme grâce à une charte spécifique des droits et libertés pour l’Irlande du Nord. Le Commissaire a eu l’impression que le débat à Westminster sur la réforme de l’architecture des droits de l’homme ne reflétait pas véritablement les préoccupations exprimées en dehors de l’Angleterre et qu’il convenait de consulter les administrations décentralisées au sujet de la réforme des droits de l’homme. Le Commissaire a constaté que la CEDH avait une résonance particulière en Irlande du Nord, où elle fait partie de l’accord du Vendredi saint et où la loi de 1998 relative aux droits de l'homme sous-tend les principales institutions de maintien de l’ordre. Il a débattu de l’avenir de l’accord de Stormont House et a demandé instamment au Gouvernement du Royaume-Uni et aux autres parties concernées de reprendre les négociations sur les mécanismes visant à affronter le passé, y compris la création d’une unité d’enquête sur les crimes du passé. Pour ce qui est des enquêtes judiciaires historiques et de l’exécution d’un certain nombre d’arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme, il a salué la nomination du Lord Chief Justice d’Irlande du Nord à la présidence du Tribunal du Coroner. Enfin, sur la question de la surveillance, le Commissaire a rencontré des organismes qui contrôlent les services de sécurité nationaux, notamment l'observateur indépendant de la législation sur le terrorisme, David Anderson, le président du Tribunal sur les pouvoirs d'enquête, Sir Michael Burton, et le président de la Commission du renseignement et de la sécurité, Dominic Grieve. Le Commissaire a préparé un mémorandum qui porte sur quelques-uns des mécanismes de contrôle mis en place et sur le projet de réformer l’arsenal législatif par le biais du projet de loi sur les pouvoirs d’enquête déposé au parlement. Visite en Pologne Le Commissaire a effectué une visite en Pologne du 9 au 12 février. Les principaux thèmes abordés furent le cadre de protection des droits de l’homme, l’administration de la justice, l’égalité hommes-femmes et les droits des femmes. Pendant sa visite, le Commissaire s’est entretenu avec des représentants des autorités polonaises, dont M. Piotr Gliński, vice-Premier ministre et ministre de la Culture et du Patrimoine national ; M. Zbigniew Ziobro, ministre de la Justice ; M. Witold Waszczykowski, ministre des Affaires étrangères, et M. Maciej Wąsik, ministre de la chancellerie de la Première ministre. Il a également rencontré les vice-ministres des ministères suivants : Affaires étrangères (M. Aleksander Stępkowski) ; Justice (M. Łukasz Piebiak) ; Famille, Travail et Politique sociale (Mme Renata Szczęch) ; Intérieur et Administration (M. Tomasz Zdzikot) ; Culture et Patrimoine national (M. Krzysztof Czabański) ; Trésor (M. Filip Grzegorczyk), ainsi que le vice-ministre et plénipotentiaire du gouvernement pour la société civile et l’égalité de traitement, M. Wojciech Kaczmarczyk. Le Commissaire a également eu des réunions avec le président du Sejm, M. Marek Kuchciński, le président du Sénat, M. Stanisław Karczewski, et le président de la délégation polonaise auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, M. Włodzimierz Bernacki. Il a par ailleurs rencontré la première présidente de la Cour suprême, Mme Małgorzata Gersdorf, le président du Tribunal constitutionnel, M. Andrzej Rzepliński, le président du Conseil national de la magistrature, M. Dariusz Zawistowski, le commissaire polonais aux droits de l'homme, M. Adam Bodnar, et le défenseur des droits de l’enfant, M. Marek Michalak. Le Commissaire s’est en outre entretenu avec des policiers du siège de la police de Varsovie et du siège général de la police. Il a eu des réunions avec des 5 CommDH(2016)22 représentants d’organisations internationales et d’ONG et a visité un centre d’hébergement et un centre d’assistance aux femmes victimes de violence domestique gérés par une ONG à Varsovie. Faisant référence à plusieurs lois adoptées à la hâte par le Parlement polonais au cours des mois précédents et ayant des répercussions sur un certain nombre de droits (dont la liberté des médias et le droit au respect de la vie privée), le Commissaire a demandé instamment aux autorités, à la fin de sa visite, de veiller à ce qu’ait lieu le débat public qui est indispensable dans une société démocratique lorsque des changements sont envisagés dans des domaines aussi importants. En ce qui concerne le cadre institutionnel et juridique de la protection et de la promotion des droits de l’homme, le Commissaire craignait que la paralysie du Tribunal constitutionnel lors de sa visite n’ait de graves conséquences pour les droits de l'homme de tous les citoyens polonais. Il a souligné que les autorités polonaises devaient trouver une issue à cette situation en respectant pleinement les décisions du Tribunal constitutionnel et l’avis de la Commission de Venise du Conseil de l'Europe, adopté dans l’intervalle. Il a également souligné qu’il ne pouvait y avoir de véritable protection des droits de l'homme sans mécanismes qui garantissent le respect de la prééminence du droit, notamment en contribuant à l’équilibre des pouvoirs. Appelant à consolider les institutions du commissaire polonais aux droits de l’homme et du défenseur des droits de l’enfant, il a souligné la nécessité d’accroître leur budget et de garantir leur indépendance, notamment en incorporant toutes les garanties nécessaires dans un projet de loi sur la procédure de levée de leur immunité. S’agissant du contrôle démocratique des activités de surveillance en particulier, le Commissaire s’est dit préoccupé par les modifications de la législation sur la surveillance, qui sont entrées en vigueur le 8 février 2016 et qui ont étendu les pouvoirs de la police et des services spéciaux sans créer les garanties correspondantes pour la protection du droit à la vie privée, des sources des journalistes et des informations couvertes par le secret professionnel. Pour le Commissaire, il faudrait revoir les pouvoirs d’accès aux données échangées sur les réseaux de télécommunication et sur internet et le système de contrôle démocratique et juridictionnel des activités de surveillance afin de les rendre pleinement compatibles avec la CEDH. Le Commissaire s’est également déclaré préoccupé par l’adoption, en décembre 2015, d’une loi transitoire concernant les médias de service public, dans la perspective d’une réforme plus vaste de ce secteur qui doit intervenir avant l’été 2016. Cette loi a placé les médias de service public sous le contrôle direct du gouvernement en donnant à celui-ci le pouvoir de nommer et de révoquer les membres des conseils d’administration et de surveillance des organismes de radio et de télévision publics, ce qui est contraire aux normes du Conseil de l'Europe. Le Commissaire a vivement encouragé les autorités polonaises à consulter la société civile, le Conseil de l'Europe et tous les partenaires nationaux et internationaux lors de l’élaboration de la réforme annoncée, qui devrait prévoir de solides garanties pour protéger l’indépendance et le pluralisme des médias publics et leur permettre ainsi de jouer leur rôle de « chien de garde » dans une société démocratique. Concernant les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes, le Commissaire s’est réjoui de la ratification par la Pologne, en avril 2015, de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des 6 CommDH(2016)22 femmes et la violence domestique. Il a appelé les autorités polonaises à traduire les engagements internationaux en mesures concrètes pour combattre la violence domestique, y compris en mobilisant les fonds nécessaires au bon fonctionnement des centres d’hébergement destinés aux femmes victimes de violence. Les stéréotypes négatifs sur les femmes présents parmi les policiers, les procureurs et les juges entravent gravement l’égalité d’accès des femmes à la justice et compromettent les progrès en matière de droits des femmes. Pour autant, a noté le Commissaire, il est possible de remédier à cette situation en menant des actions de sensibilisation et de formation auprès de ceux et celles qui sont en contact avec les femmes victimes de violence. Le Commissaire publiera prochainement un rapport sur sa visite en Pologne. Visite en Ukraine Du 21 au 25 mars, le Commissaire a effectué une visite en Ukraine pour y évoquer de graves violations des droits de l’homme. Il est également revenu sur les questions examinées dans son rapport de 2015, en particulier l’accès des organisations humanitaires aux populations touchées par le conflit, la liberté de circulation et les prestations sociales. Dans le cadre de cette mission, il s’est rendu à Kiev, à Dnipropetrovsk et à Donetsk, ville située en dehors du territoire sous contrôle du gouvernement. A Kiev, le Commissaire a rencontré M. Petro Porochenko, président de l’Ukraine ; Mme Natalie Jaresko, ministre des Finances ; M. Anatolii Matios, procureur général adjoint et Premier procureur militaire, ainsi que des responsables du Service de sécurité de l’Ukraine, dont M. Valery Hrebeniuk, conseiller diplomatique en chef, et M. Vitaliy Mayakov, directeur adjoint du Service d'enquête. Il a par ailleurs eu un échange de vues avec des représentants d’organisations internationales – notamment le HautCommissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) – et d’ONG. A Donetsk, le Commissaire s’est entretenu avec M. Dmitriy Popov, chef du bureau du commissaire local aux droits de l'homme, et des représentants d’organisations internationales intergouvernementales ou humanitaires actives sur le terrain. Il a également visité un hôpital psychiatrique et un foyer pour personnes âgées. A Kiev comme à Donetsk, le Commissaire et sa délégation ont longuement parlé avec plusieurs personnes, pour la plupart des civils, qui avaient été détenues ou maintenues en captivité de part et d’autre de la ligne de démarcation et qui affirmaient avoir été soumises à divers types de sévices. Les discussions du Commissaire avec les responsables du Service de sécurité et du Bureau du procureur à Kiev ont essentiellement porté sur l’établissement des responsabilités dans les graves violations des droits de l’homme perpétrées dans l’est du pays. Le Commissaire a souligné que les crimes graves tels que les exécutions illégales, les disparitions forcées et les actes de torture commis par ceux qui ont participé aux hostilités armées, quel que soit leur camp, devaient rapidement donner lieu à des enquêtes effectives et impartiales et que les responsables devaient être amenés à rendre des comptes. Les autorités compétentes ont indiqué qu’un certain nombre de mesures avaient été prises pour résoudre cette question. Le Commissaire a également 7 CommDH(2016)22 insisté sur l’importance de faire en sorte que les victimes de violations des droits de l’homme et leurs proches participent aux procédures pénales qui les concernent. Par ailleurs, le Commissaire a débattu de certains aspects de l’échange de détenus prévu par les accords de Minsk et de l’accès des mécanismes internationaux compétents aux détenus. Il a exhorté ses interlocuteurs à Donetsk à accorder aux acteurs internationaux compétents un libre accès aux lieux de détention. Il a également appelé à la création d’un mécanisme indépendant pour rechercher les personnes disparues. Suite à son précédent rapport sur la situation humanitaire dans l’est de l’Ukraine, le Commissaire a une nouvelle fois souligné la nécessité de faciliter l’accès des organisations humanitaires internationales à toutes les personnes dans le besoin, y compris celles qui résident dans des territoires hors du contrôle du gouvernement, à proximité de la ligne de démarcation et dans la zone tampon. Il a abordé la question de la liberté de circulation des civils concernant le franchissement de la ligne de démarcation et a encouragé les autorités compétentes à régler de manière proactive les problèmes comme les longues files et les temps d’attente aux points de contrôle. Pendant ses réunions avec le président et la ministre des Finances, le Commissaire a évoqué les questions liées au versement des pensions et autres prestations sociales aux personnes qui résident dans des territoires hors du contrôle du gouvernement. Il a exhorté ses interlocuteurs à garantir la mise en œuvre des activités prévues dans la Stratégie et le Plan d’action nationaux pour les droits de l’homme et dans le Programme public complet en faveur du soutien, de la réadaptation sociale et de la réintégration des personnes déplacées et le plan d’action qui l’accompagne. Enfin, il a encouragé les autorités à accélérer le rythme des réformes de l’appareil judiciaire et du Bureau du procureur. Le Commissaire publiera prochainement un rapport sur sa visite. 3. Rapports et dialogue continu Observations sur la Géorgie Le 12 janvier, le Commissaire a publié ses observations sur la situation des droits de l'homme en Géorgie à la suite de sa visite du 9 au 13 novembre 2015. Ces observations, adressées au Premier ministre du pays, font le point sur les réformes judiciaires, la tolérance et la non-discrimination après le rapport publié par le Commissaire en 2014. Le Commissaire s’est félicité du dynamisme des réformes judiciaires, notant que certaines tendances positives se poursuivaient, comme la concordance moins fréquente entre les avis des juges et ceux des procureurs. De plus, la réforme de la justice des mineurs a permis de réduire le nombre de condamnations, le recours aux peines privatives de liberté et la détention provisoire des mineurs. Cela dit, un certain nombre de préoccupations persistaient au sujet de l’indépendance et du fonctionnement du système judiciaire. Plusieurs interlocuteurs du Commissaire ont 8 CommDH(2016)22 mis l’accent sur des dysfonctionnements dans la sélection, la nomination et le transfert des juges. Par exemple, les entretiens avec les candidats semblaient avoir un caractère purement formel et ne permettaient pas véritablement d’évaluer la qualité des personnes. Autre exemple, la pratique consistant à pourvoir des postes vacants de juge par transfert et non sur concours était évaluée négativement, car les transferts et les promotions ne semblaient pas soumis à des règles et critères spécifiques. Rappelant que la sélection, la nomination et le transfert des juges doivent être transparents, fondés sur le mérite et satisfaire à des critères clairs, le Commissaire a encouragé les autorités géorgiennes à effectuer les changements nécessaires en s'appuyant sur les recommandations de la Commission de Venise et de la Direction des droits de l'homme du Conseil de l'Europe. Le Commissaire a recommandé la mise en place d’une procédure d’attribution aléatoire des affaires parmi les juges afin d’améliorer le fonctionnement de la justice et de mieux protéger les juges contre les ingérences intérieures et extérieures. Il a rappelé que la période d’essai appliquée aux juges avant leur nomination à vie devrait être examinée sur la base des recommandations formulées par la Commission de Venise et la Direction des droits de l'homme. Il convient de donner les suites appropriées aux allégations d'ingérence illégale dans le travail des juges et de sanctionner les responsables comme il se doit. Parallèlement, a souligné le Commissaire, il est important que les juges restent comptables de leurs actes et que les mécanismes disciplinaires fonctionnent correctement. Faisant référence aux allégations de mesures motivées par des considérations politiques et de partialité vis-à-vis des membres de l'opposition, en particulier du Mouvement national uni (MNU), le Commissaire a observé que, même si globalement on constate une diminution du recours à la détention provisoire à titre préventif, l'utilisation et l’extension de la détention provisoire à l’égard des membres de l'opposition soulevaient certains problèmes. Il convient de faire des efforts plus résolus pour renforcer l’impartialité des procureurs et la mise en œuvre de leurs responsabilités dans la pratique, de même que leurs compétences et capacités à mener des enquêtes effectives sur les allégations de violations des droits de l’homme, conformément aux critères définis dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Cela vaut notamment pour les allégations selon lesquelles des abus, y compris des mauvais traitements, auraient été commis dans des établissements pénitentiaires et des postes de police. Un bilan détaillé et complet devrait être fourni au public sur l'ampleur des violations des droits de l'homme ayant fait l'objet de plaintes après octobre 2012 (y compris les violations qui se sont produites sous l’ancien gouvernement) ainsi que sur les mesures adoptées pour y mettre fin, pour punir leurs auteurs, pour accorder réparation et indemnisation aux victimes et pour prévenir des violences similaires. Le Commissaire a instamment demandé aux autorités géorgiennes de créer les conditions nécessaires à la mise en œuvre effective de la loi antidiscrimination, notamment en adoptant les propositions de modification de cette loi, qui permettraient de renforcer le rôle du défenseur public et de prolonger le délai de saisine des tribunaux. Les institutions policière et judiciaire devraient avoir une bonne connaissance de la loi antidiscrimination et être en mesure d'identifier, de qualifier et d'instruire correctement les crimes de haine. Tout mobile fondé sur un préjugé devrait être pris en compte en tant que circonstance aggravante et les auteurs des actes concernés devraient se voir infiger 9 CommDH(2016)22 des sanctions proportionnelles à la gravité des faits. Il est également crucial que les autorités, les personnalités publiques et les membres infuents des diférentes communautés envoient un message sans équivoque en faveur des droits de l'homme et de la tolérance, contre la violence, le discours de haine et la discrimination. Notant avec regret que des manifestations d’intolérance et de discrimination contre des membres des minorités religieuses continuaient d’être signalées, le Commissaire a souligné qu’il fallait s’attaquer d'urgence à cette question dans le cadre d’une approche fondée sur les droits de l'homme. Les observations sont disponibles sur le site web du Commissaire, ainsi que les commentaires des autorités. Rapport sur la Belgique Le 28 janvier, le Commissaire a publié un rapport faisant suite à la visite qu'il a effectuée en Belgique du 14 au 18 septembre 2015. Ce rapport était consacré aux droits de l’homme des migrants, des demandeurs d’asile, des personnes handicapées, des Roms et des Gens du voyage. S’agissant des droits de l’homme des migrants et des demandeurs d’asile, le Commissaire s’est réjoui que la Belgique ait développé ses capacités d’accueil et revu son quota de réinstallations à la hausse. Toutefois, il a fait part de ses préoccupations face à la lenteur du processus d’enregistrement des nouveaux arrivants qui demandent l’asile et a prié instamment les autorités d'accélérer ce processus afin que ces personnes puissent être hébergées en attendant leur enregistrement. Il s’est également inquiété que de nombreux demandeurs d'asile soient détenus à la frontière et que la légalité de ces détentions ne fasse pas systématiquement l’objet d’un contrôle juridictionnel. Il a appelé les autorités belges à ne pas renouer avec la pratique consistant à détenir des familles de migrants avec enfants dans des centres fermés mais au contraire à héberger plus souvent ces personnes dans des unités familiales ouvertes. Le Commissaire a également évoqué les questions liées aux droits de l'enfant dans les procédures de migration et d’asile, et plus particulièrement des mineurs migrants non accompagnés, dont le nombre a augmenté en 2015. Tout en saluant les mesures adoptées par les autorités belges pour améliorer leur protection, il a souligné qu’il importait de combler les lacunes des services assurés par les autorités à différents niveaux. En matière d’octroi de permis de séjour pour raisons médicales, le Commissaire a souligné qu’il fallait éviter de renvoyer des personnes dans des pays où elles seraient exposées à un risque réel de subir des traitements contraires à l’article 3 de la CEDH, en raison notamment de défaillances dans l’évaluation de la disponibilité et de l’accessibilité des soins dans leur pays d’origine. Enfin, au sujet des mesures à prendre pour intégrer les réfugiés, le Commissaire a exhorté les autorités belges à ne pas limiter l’accès de ces personnes à une série de droits sociaux et autres. Il a également plaidé pour l’intégration des enfants migrants dans l’enseignement ordinaire, sur un pied d’égalité avec les autres enfants. Le Commissaire s’est déclaré très préoccupé par les nombreux placements en institution de personnes handicapées en Belgique. Pour promouvoir le droit des personnes présentant des déficiences psychosociales ou intellectuelles de vivre de façon indépendante et d'être incluses dans la société, il faut appliquer une loi de 2014 sur la capacité juridique, conformément à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées ; les juges chargés de la mise en œuvre de ce texte doivent 10 CommDH(2016)22 être formés et accompagnés à cette fin. Des alternatives au placement en institution et des services de proximité devraient être proposés aux personnes handicapées afin qu’elles puissent mener une vie autonome et être incluses dans la société – un droit inscrit dans la Convention de l’ONU. Le Commissaire était également très préoccupé par le grand nombre d’enfants handicapés éduqués séparément des autres enfants dans des structures d’enseignement spécialisé en Belgique. Tout en prenant note des mesures positives prises dans certaines parties du pays pour remédier à cette situation, il a préconisé un engagement ferme de l’ensemble de la Belgique en faveur de l’inclusion des enfants handicapés dans l’enseignement ordinaire. Il a également analysé la situation des personnes présentant des déficiences psychosociales ou intellectuelles qui sont détenues dans des annexes psychiatriques surpeuplées de prisons belges, où elles n’ont pas accès à un traitement adéquat. Le Commissaire a exhorté les autorités à agir rapidement pour répondre aux violations dont ces personnes sont victimes et à accélérer l’exécution des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme dans ce domaine. En ce qui concerne les Roms et les Gens du voyage, le Commissaire a invité les autorités belges à renforcer la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’intégration des Roms et à mettre ce texte à jour, en étroite coopération avec tous les acteurs concernés. Il a aussi souligné la nécessité de réagir plus fermement aux discours de haine et aux pratiques discriminatoires visant ces communautés. Il s’est dit préoccupé par la marginalisation et l’extrême dénuement d’un petit nombre de familles migrantes roms et a appelé les autorités à trouver des solutions durables pour améliorer la situation de ces personnes, en s'appuyant sur les pratiques prometteuses de certaines villes belges. S’agissant des Roms et des Gens du voyage belges, le Commissaire a vivement recommandé d'augmenter le nombre d’aires de stationnement mises à leur disposition, de ne plus procéder à des expulsions sans proposer de solution de relogement appropriée et de veiller à ce que les caravanes soient effectivement reconnues en droit et que les Gens du voyage obtiennent leur domiciliation dans les communes où ils résident régulièrement, de manière à ce qu'ils aient accès aux droits et services de base. Enfin, le Commissaire a invité les autorités belges à améliorer la situation scolaire des enfants de Roms étrangers et des enfants de Roms et de Gens du voyage belges, qui seraient surreprésentés dans l’enseignement spécialisé, et à examiner toutes les allégations selon lesquelles des établissements scolaires auraient refusé d’inscrire ces enfants. Le rapport est disponible sur le site web du Commissaire, ainsi que les commentaires des autorités. Lettre à Mme Inger Støjberg, ministre de l’Immigration, de l’Intégration et du Logement du Danemark Le 15 janvier, le Commissaire a publié une lettre adressée à Mme Inger Støjberg, ministre de l'Immigration, de l'Intégration et du Logement du Danemark, afin de lui faire part de ses préoccupations concernant la compatibilité de récents changements restrictifs de la législation danoise sur l'asile et l'immigration avec les normes relatives aux droits de l'homme. Les modifications apportées en novembre 2015, qui ont étendu les possibilités de placer des demandeurs d'asile en détention dans des « circonstances spéciales » et affaibli le contrôle juridictionnel de la détention, risquent d’entraîner un usage disproportionné et arbitraire de la détention à l’égard des demandeurs d'asile, qui porterait atteinte à l’article 5 de la CEDH. Le Commissaire s'est également dit très 11 CommDH(2016)22 préoccupé par un autre paquet législatif (adopté en janvier 2016), qui restreint l'accès de certains bénéficiaires de la protection internationale au regroupement familial, durcit les critères de délivrance d'un permis de séjour permanent et réduit sensiblement la durée des permis de séjour, notamment pour les personnes ayant obtenu une protection internationale. Enfin, le Commissaire a été très choqué par la proposition de saisir les biens des demandeurs d'asile arrivant au Danemark, afin de financer leur séjour. A ses yeux, une telle décision pourrait constituer une atteinte à la dignité humaine de ces personnes et emporter violation du droit à la propriété énoncé à l’article 1 du Protocole n° 1 à la CEDH. Il a souligné que toutes ces mesures allaient à l’encontre de l’objectif de favoriser une intégration rapide et effective des réfugiés et des migrants au Danemark. Cette lettre et la réponse des autorités danoises sont consultables sur le site web du Commissaire. Lettre à Mme Eglantina Gjermeni, ministre du Développement urbain de l’Albanie Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à Mme Eglantina Jermeni, ministre du Développement urbain de l’Albanie, afin de lui faire part de son inquiétude face aux informations faisant état d'expulsions forcées de Roms et d'Egyptiens. Il s'est particulièrement alarmé de l'expulsion forcée en octobre 2015 d'environ 200 Roms et Egyptiens, dont des enfants et des personnes âgées, d'un campement sauvage près du lac artificiel de Tirana. Ces expulsions, comme d'autres, se sont apparemment déroulées sans qu'une solution de relogement adaptée ait été proposée aux familles concernées, sans que celles-ci aient été averties formellement de l'expulsion et sans qu’elles aient été consultées avant la conduite des opérations. Le Commissaire a exhorté les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser les expulsions de Roms et d'Egyptiens qui ne s'accompagnent pas d'une offre de relogement adaptée. Il a également souligné qu’il convenait de fournir d'urgence un logement adéquat aux personnes déjà expulsées, en donnant la priorité aux familles avec enfants et aux autres groupes vulnérables. Enfin, il a vivement recommandé d'élaborer et d’appliquer des solutions de relogement durables et une stratégie en faveur de l'intégration sociale pleine et effective de cette population en Albanie. Cette lettre et la réponse des autorités albanaises sont consultables sur le site web du Commissaire. Lettre à M. Boyko Borissov, Premier ministre de la Bulgarie Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à M. Boyko Borissov, Premier ministre de la Bulgarie, concernant des informations faisant état d'expulsions de familles roms de différentes localités de la Bulgarie, notamment Varna – où plus de 400 personnes se sont retrouvées à la rue en août 2015 après la destruction de leur logement – et Garmen. Il a rappelé que toute expulsion conduite sans respect des procédures ni proposition de relogement adaptée était contraire aux obligations internationales de la Bulgarie, surtout si elle transforme les personnes expulsées en sans-abri. Notant que les solutions proposées incluaient le placement des enfants dans des foyers sociaux, le Commissaire a rappelé que les enfants ne devraient jamais être séparés de leur famille en raison de la situation socio-économique de leurs parents et qu’il faudrait au contraire aider les familles à sortir de la pauvreté et trouver des solutions de relogement adéquates. Il a également jugé très inquiétant que ces expulsions se soient déroulées dans un contexte de vastes manifestations publiques d'hostilité à 12 CommDH(2016)22 l’égard des Roms, comme en témoignent les nombreux défilés anti-Roms organisés dans différents lieux et le discours anti-Roms utilisé par des responsables politiques pendant la campagne pour les élections municipales. Le Commissaire a exhorté les autorités à ne plus procéder à des expulsions forcées de familles roms en l’absence d’une offre de relogement adéquate et à proposer des solutions et des voies de recours effectives aux familles déjà expulsées. Il a également souligné la nécessité de trouver des solutions de relogement durables, conformes aux normes internationales des droits de l'homme, pour toutes les personnes qui risquent d'être expulsées. Enfin, il a exhorté les dirigeants politiques bulgares à s’élever et se mobiliser contre l'antitsiganisme sous toutes ses formes. Cette lettre et la réponse du ministre des Affaires étrangères sont consultables sur le site web du Commissaire. Lettre à M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur de la France Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur de la France. Il a rappelé qu'il avait déploré, dans son rapport de 2015 sur la France, la persistance des évacuations forcées de terrains occupés illégalement non assorties de solutions durables de relogement pour tous les occupants de ces terrains, malgré une circulaire interministérielle encourageante d'août 2012 visant à anticiper et accompagner les opérations d'évacuation. Il a noté que, d’après certaines informations, 111 évacuations forcées avaient eu lieu en 2015 concernant 11 128 Roms migrants, et a recommandé une nouvelle fois de mettre fin aux évacuations forcées non assorties de propositions de relogement adéquates. Il s’est aussi de nouveau inquiété du climat d'antitsiganisme qui règne de longue date dans le pays, comme en atteste une série d’actes récents et de discours hostiles visant les Roms. Il a invité les autorités françaises à l'informer des mesures adoptées pour garantir le respect effectif des droits de l'homme des Roms. Cette lettre et la réponse du ministre de l'Intérieur sont consultables sur le site web du Commissaire. Lettre à M. Zoltán Balog, ministre des Ressources humaines de la Hongrie Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à M. Zoltán Balog, ministre des Ressources humaines de la Hongrie, concernant des informations faisant état de l'expulsion prochaine de centaines de familles roms du quartier des « rues numérotées » de la ville de Miskolc, sans proposition de relogement. Il s’est aussi déclaré préoccupé par les contrôles conjoints intrusifs effectués régulièrement par un certain nombre d'autorités administratives dans des zones de ségrégation de Miskolc, qui soulèvent de graves questions pour l'ombudsman hongrois, y compris sur le plan du droit à la vie privée. Le Commissaire a rappelé que toute expulsion conduite sans respect des procédures ni proposition de relogement adaptée était contraire aux obligations internationales de la Hongrie, surtout si elle transforme les personnes expulsées en sans-abri. Il a exhorté les autorités à donner la priorité à ce problème et à prendre des mesures de toute urgence pour protéger les Roms contre les expulsions forcées. Il a par ailleurs souligné la nécessité de trouver des solutions de relogement durables, conformes aux normes internationales des droits de l'homme, pour toutes les personnes qui risquent d'être expulsées. Enfin, notant la persistance du climat négatif général de 13 CommDH(2016)22 l'opinion à l’égard des Roms, il a appelé les dirigeants politiques hongrois à lutter contre toutes les formes d'antitsiganisme. Cette lettre et la réponse des autorités hongroises sont consultables sur le site web du Commissaire. Lettre à M. Matteo Renzi, Premier ministre de l’Italie Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à M. Matteo Renzi, Premier ministre de l’Italie, concernant des informations faisant état d'expulsions de familles roms de différentes villes italiennes, notamment Rome et Milan. Il a déploré le fait que les expulsions se sont souvent déroulées en violation des normes internationales, sans notification formelle ni avertissement préalable suffisant, sans véritable consultation des intéressés ni offre de relogement adéquate, ce qui a eu pour conséquence que les personnes se sont parfois retrouvées sans abri. Rappelant que la ségrégation qui caractérise les « villages équipés » construits dans le cadre de l'« urgence nomade » a entravé l’éducation, l’emploi rémunéré, l'interaction avec les personnes non roms et l'intégration dans la société, le Commissaire a souligné que ces campements ne devraient pas être considérés comme des logements adaptés dans le contexte des expulsions forcées. Il a invité les autorités italiennes à prendre des mesures concrètes pour empêcher le sans-abrisme, à mettre fin aux expulsions forcées qui sont incompatibles avec les normes internationales, à fermer les campements et structures d'accueil réservés aux Roms et à proposer des solutions ordinaires et véritablement intégrées aux familles concernées, conformément à la Stratégie nationale pour l'inclusion des communautés roms, sintés et camminanti adoptée par l'Italie. Cette lettre et la réponse des autorités italiennes sont consultables sur le site web du Commissaire. Lettre à Mme Zorana Mihajlović, vice-Première ministre de la Serbie Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à Mme Zorana Mihajlović, vicePremière ministre de la Serbie, dans laquelle il s’est dit préoccupé par la poursuite des expulsions forcées de Roms de campements informels et par le non-respect des garanties juridiques lors de ces opérations. Il s’est tout particulièrement inquiété du fait que les autorités procèdent le plus souvent aux expulsions à très brève échéance et sans avoir consulté les familles concernées ni proposé de solution de relogement adaptée. Il a exhorté les autorités à veiller à ce que toute nouvelle loi ayant trait à l'accès des Roms à un logement adéquat et réglementant les expulsions forcées soit pleinement conforme aux normes européennes et internationales relatives aux droits de l'homme, notamment la CEDH et la Charte sociale européenne. Il a également appelé les autorités à prendre toutes les mesures nécessaires afin qu'il n’y ait pas de nouvelles expulsions de Roms sans offre de relogement adaptée et que les personnes déjà expulsées obtiennent de toute urgence un logement adéquat. Cette lettre et la réponse de la vice-Première ministre sont consultables sur le site web du Commissaire. 14 CommDH(2016)22 Lettre à Mme Alice Bah Kuhnke, ministre de la Culture et de la Démocratie de la Suède Le 16 février, le Commissaire a publié une lettre adressée à Mme Alice Bah Kuhnke, ministre de la Culture et de la Démocratie de la Suède, au sujet d’informations faisant état d'expulsions d'immigrants roms arrivés dans le pays. Il s’est inquiété tout particulièrement de l'expulsion d'environ 200 personnes, pour la plupart des Roms de Roumanie et de Bulgarie, qui aurait eu lieu dans le quartier de Sorgenfri de Malmö le 3 novembre 2015. Le Commissaire a appris que de nombreux Roms étaient sans abri depuis l'expulsion. Il a rappelé qu’il était contraire aux obligations de la Suède au titre de la Charte sociale européenne révisée de procéder à des expulsions qui jettent des personnes à la rue, et a demandé des informations sur les mesures que les autorités suédoises comptent prendre pour prévenir le sans-abrisme parmi les immigrants roms et faire en sorte que les expulsions qui sont inévitables aient lieu dans des conditions respectant pleinement les droits de l'homme. Cette lettre et la réponse de la ministre des Enfants, des Personnes âgées et de l’Egalité de genre sont consultables sur le site web du Commissaire. Mémorandum sur les droits de l'homme des demandeurs d’asile et des immigrants au Royaume-Uni Le 22 mars, le Commissaire a publié un mémorandum sur les droits de l'homme des demandeurs d’asile et des immigrants au Royaume-Uni à la suite de sa visite en janvier. Ce mémorandum adressé au ministre de l’Immigration, James Brokenshire, contient trois grandes parties : a) la protection des droits de l'homme des réfugiés par le biais d’une réinstallation au Royaume-Uni ; b) le sort des 67 réfugiés ou demandeurs d'asile qui se trouvent depuis 1998 dans les bases souveraines britanniques de Chypre et c) certaines questions découlant de la politique migratoire restrictive du Royaume-Uni : les politiques et le discours public qui criminalisent et stigmatisent les migrants ; les problèmes sur le plan des droits de l'homme de la détention des migrants au RoyaumeUni ; le droit des migrants à un logement adéquat et le dispositif « Droit de louer » ; les restrictions à l'entrée des migrants au titre du regroupement familial. Le mémorandum se conclut par les recommandations du Commissaire au gouvernement britannique. Le Commissaire s'est félicité des initiatives adoptées par le Royaume-Uni et de sa réponse généreuse aux appels internationaux à aider les réfugiés syriens et les pays voisins de la Syrie. Toutefois, il a également encouragé les autorités à revoir à la hausse le nombre de réfugiés à réinstaller au Royaume-Uni, car ce pays n’a reçu jusqu'à présent qu’un nombre relativement faible de demandes d'asile. En ce qui concerne les réfugiés et les demandeurs d'asile qui se trouvent dans les bases souveraines britanniques de Chypre depuis 1998, le Commissaire a appelé les autorités à honorer la tradition humanitaire britannique et à respecter leurs obligations juridiques. En réinstallant ces personnes au Royaume-Uni, les autorités mettraient un terme à leur souffrance psychologique prolongée. Le Commissaire Muižnieks s'est dit préoccupé par le discours politique dominant au Royaume-Uni, axé sur l’immigration, qui diffuse une image négative des migrants. Il a exhorté les responsables politiques à réfléchir aux mots qu'ils emploient pour qualifier les étrangers et à éviter le terme « (im)migrant illégal » car un individu n’est pas un être illégal et l'utilisation de ce terme fait peser des soupçons sur les migrants aux yeux de 15 CommDH(2016)22 l’opinion publique. Le Commissaire a par ailleurs noté que le discours politique national devrait être plus objectif et mettre en avant les apports concrets des migrants pour la société britannique, comme c’est le cas dans de nombreux autres Etats européens. Le Royaume-Uni a également été invité à revoir en profondeur le régime de la détention des migrants et à remédier aux dysfonctionnements déjà anciens mis en lumière ces dernières années dans des rapports dignes de foi par un certain nombre d'organismes de contrôle internationaux ou nationaux. Pour ce qui est de l'accès des migrants au logement et des modifications législatives en cours, le Royaume-Uni a été appelé à ne pas criminaliser davantage les rapports des propriétaires avec les migrants en situation irrégulière, afin de ne pas aggraver la stigmatisation et la marginalisation des migrants. Enfin, s’agissant des mesures restrictives qui portent atteinte au droit des migrants au regroupement familial, les autorités ont été invitées instamment à revoir et améliorer les règles du regroupement familial des migrants, dont la nature trop restrictive va à l'encontre de l'objectif proclamé du gouvernement de promouvoir la cohésion sociale et de respecter l'égalité. Le mémorandum est disponible sur le site web du Commissaire, ainsi que les commentaires des autorités. Rapport sur Chypre Le 31 mars, le Commissaire a publié un rapport sur la visite qu’il a effectuée à Chypre du 7 au 11 décembre 2015. Ce rapport est consacré à la protection des droits de l’homme des immigrants et des demandeurs d’asile et à l’incidence de la crise économique sur l’exercice des droits de l'homme, en particulier par les femmes, les enfants et les personnes âgées. Au sujet du premier thème, le Commissaire a souligné que, malgré quelques progrès enregistrés concernant le droit et la pratique en matière d’immigration, le système d’asile de Chypre continuait de présenter un certain nombre de lacunes qu’il était urgent de combler. Tout en saluant des évolutions positives, comme l’augmentation du taux de reconnaissance du statut de réfugié et l’abandon de la pratique qui consistait à priver de liberté des demandeurs d'asile syriens, il a recommandé de régler les problèmes persistants liés au système d’asile, comme la durée excessive de la procédure, l’accès limité à l’aide juridique et le risque d’expulsion avant la décision définitive sur la demande d’asile. Le Commissaire s'est dit préoccupé par le fait que les demandeurs d'asile déboutés et d’autres migrants passent souvent de longues périodes en détention et qu’ils peuvent être arrêtés et détenus plusieurs fois. Il a exhorté les autorités chypriotes à mettre fin à la détention des migrants, y compris des demandeurs d'asile, en l’absence de perspective raisonnable d’expulsion. Il a aussi appelé Chypre à améliorer la procédure d’identification des migrants particulièrement vulnérables (tels que les mineurs isolés), à déterminer l’âge des migrants selon une procédure multidisciplinaire, à assouplir les règles du regroupement familial et à améliorer le dispositif d’accueil des demandeurs d'asile accompagnés d’enfants ou d’autres membres de leur famille. Préoccupé par les nombreux obstacles qui entravent l’intégration des migrants, le Commissaire a invité Chypre à investir davantage dans la cohésion sociale et dans l’intégration des migrants en améliorant notamment leur accès à l’éducation, à l’emploi, aux services de santé et à la participation politique. Il a insisté sur l’importance, dans ce 16 CommDH(2016)22 contexte, de combattre efficacement et de sanctionner les discours de haine et les autres formes d’infractions motivées par la haine qui visent les migrants, et a appelé Chypre à éviter l’apatridie et à améliorer l’accès des migrants à la nationalité. Pour ce qui est de la traite des êtres humains, le Commissaire a reconnu les efforts déployés par Chypre et les progrès réalisés dans ce domaine, mais il a aussi souligné la nécessité de prendre des mesures plus énergiques et a invité Chypre à maintenir son contrôle sur les agences de recrutement du secteur privé, à améliorer l’identification des personnes faisant l’objet de traite et à veiller à ce que les victimes bénéficient d’un hébergement et d’une aide sociale plus adaptés. Enfin, au sujet des mesures d’austérité, le Commissaire a recommandé d’accorder davantage d’attention à leurs effets sur des catégories entières de la population, notamment les enfants, les femmes, les personnes âgées, les familles monoparentales et les familles de migrants. Tout en saluant le dispositif du revenu minimum garanti, il a exhorté les autorités à améliorer sa mise en œuvre et à prendre des mesures plus efficaces pour enrayer l’augmentation inquiétante de la pauvreté des enfants. Il a également souligné qu’il fallait étudier de près les répercussions des restrictions budgétaires sur les droits de l'homme, en veillant à ce que ces mesures d’économie ne compromettent pas l’accès à l’emploi et à des services essentiels comme l’éducation et les soins de santé. Le rapport est disponible sur le site web du Commissaire, ainsi que les commentaires des autorités. 4. Thèmes Droits des immigrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile Le Commissaire a participé au séminaire à haut niveau « Les valeurs fondamentales de l’Union européenne, l’immigration et l’intégration : une responsabilité partagée », organisé le 2 février à Strasbourg sous les auspices de la présidence néerlandaise de l’UE. L'objectif du séminaire était d’offrir un cadre pour débattre de questions liées aux valeurs fondamentales de l'UE dans le contexte des migrations. L’événement a réuni des représentants du Conseil de l'Europe, des institutions de l'UE, des organisations de la société civile et du monde universitaire ainsi que de hauts responsables des Etats membres de l'UE. Le Commissaire a pris part à une table ronde aux côtés du directeur de l'Agence des droits fondamentaux de l'UE, M. Michael O’Flaherty, et du maire de Rotterdam, M. Ahmed Aboutaleb. Fort de sa riche expérience dans le suivi des pays, le Commissaire a souligné que l'intégration des migrants et les politiques inclusives étaient indispensables à la cohésion sociale des sociétés démocratiques. Les politiques et les mesures prises par l'Etat dans ce domaine devraient donc commencer à être appliquées dès le début du séjour des migrants dans le pays, en particulier pour les jeunes enfants. Un aspect important du processus d'intégration est l'apprentissage de la langue. Le Commissaire a également noté l'importance de faciliter l'accès de tous les migrants, demandeurs d'asile compris, au marché du travail. Il s’est déclaré préoccupé par les conditions strictes du regroupement familial, pourtant nécessaire à la bonne intégration des migrants. Le 17 CommDH(2016)22 Commissaire a souligné le rôle central de l'éducation dans l'intégration. Tous les migrants devraient être autorisés par les Etats d'accueil à bénéficier d’une éducation de qualité. A cette fin, les Etats devraient supprimer tous les obstacles, juridiques ou pratiques, qui empêchent les migrants d’entamer ou de terminer leur scolarité. Enfin, le Commissaire Muižnieks a mis en avant la nécessité de combattre avec détermination et d'éradiquer le discours populiste xénophobe d’un certain nombre de responsables politiques en Europe, qui sape les initiatives adoptées pour améliorer l'intégration des migrants et la cohésion sociale. Le 26 février, le Commissaire a publié une déclaration dans laquelle il a fait le constat de la situation dramatique de milliers de migrants et de réfugiés en Grèce et dans les Balkans occidentaux. Il a souligné que les pays européens s'enfonçaient dans un cercle vicieux en fermant leurs frontières aux demandeurs d'asile et que l'Europe devait adopter de toute urgence un nouveau paradigme migratoire. Dans cette perspective, il a préconisé cinq mesures. En premier lieu, les Etats européens doivent peser sur les négociations pour trouver une solution politique aux conflits en Syrie, en Afghanistan et en Irak notamment. Ensuite, ils doivent accélérer la relocalisation des demandeurs d'asile venant de Grèce et d'Italie et la réinstallation de ceux qui viennent des zones de conflit et des pays voisins. Troisièmement, ils doivent développer sensiblement les filières légales d’immigration, comme le regroupement familial et les visas humanitaires, pour permettre aux migrants d’arriver en toute sécurité et de manière organisée en Europe. Quatrièmement, ils doivent adopter des politiques de retour efficaces pour rapatrier ceux qui ne nécessitent pas une protection, mais en respectant les droits de l'homme, c'est-à-dire en s'abstenant de renvoyer des personnes dans des pays où leur sécurité n'est pas garantie. Enfin, ils doivent soutenir davantage les actions menées par le HCR pour répondre aux besoins élémentaires des demandeurs d’asile et des réfugiés dans les zones de conflit et les alentours. Le 7 mars, le Commissaire a publié un article du Carnet des droits de l'homme, dans lequel il évoquait ses préoccupations croissantes face à la situation des femmes, des jeunes filles ou des fillettes réfugiées ou migrantes, qui arrivent en toujours plus grand nombre en Europe. Il a noté que la migration des femmes s’amplifiait, de même que leur vulnérabilité à la traite, à l’exploitation, à la discrimination et aux abus. Il a souligné que les Etats membres devraient accorder une attention particulière à la situation des femmes, des jeunes filles et des enfants, notamment victimes de la violence sexuelle et sexiste, pour élaborer et mettre en œuvre des politiques migratoires plus humaines. Il importe également que les Etats créent un dispositif pour coordonner, à l’échelle nationale et internationale, les mesures de protection des femmes et des jeunes filles. Les Etats et les institutions de l’UE doivent reconnaître les risques encourus et mettre en place le personnel et les procédures nécessaires pour prévenir la violence sexuelle et sexiste, la détecter et y répondre. A cet égard, il faudrait prendre dûment en compte la réticence des femmes réfugiées ou migrantes à signaler les cas de violence et à demander de l’aide. Les centres d’accueil et les structures d’hébergement doivent être sûrs, accessibles et adaptés aux besoins des femmes et des jeunes filles. Enfin et surtout, il est essentiel d’accorder la priorité aux femmes, aux enfants et aux victimes de violence sexuelle et sexiste dans le cadre des procédures de regroupement familial et des programmes de relocalisation et de réinstallation. Cela, a conclu le Commissaire, éviterait dans une certaine mesure à ces femmes et à ces jeunes filles d’emprunter des voies de migration irrégulières et dangereuses et d’être exposées à des risques de violence sexuelle et sexiste. 18 CommDH(2016)22 Le 8 mars, le Commissaire et le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, ont fait une déclaration soulignant que les femmes et les jeunes filles réfugiées, notamment celles qui voyagent seules, sont exposées à un risque élevé de subir certaines formes de violence durant leur périple et doivent par conséquent être protégées et avoir accès aux filières d’admission légales en Europe. Le 14 mars, le Commissaire a publié une tribune dans le New York Times, dans laquelle il notait que l’accord pour lequel le Conseil européen était en pourparlers avec la Turquie afin d’endiguer le flot de migrants et de réfugiés était contraire aux normes en matière de droits de l’homme. Il soulignait que les expulsions collectives de migrants, qui sont en fait prévues dans cet accord, allaient à l'encontre de la CEDH et violaient le droit fondamental de demander l’asile et d'en bénéficier. Il observait aussi que l'accord serait inefficace car il n'empêcherait pas les réfugiés syriens ou autres d'emprunter des itinéraires dangereux. En effet, quels que soient les risques, ces périples offrent plus d'espoir que la perspective de passer des années dans des camps de réfugiés ou d'être pris au piège de la violence persistante du conflit syrien. Rappelant la nécessité de trouver des solutions à long terme dans ce contexte, le Commissaire a souligné que les Etats membres devaient développer la relocalisation des demandeurs d'asile de Grèce et d'Italie. Les Etats devraient aussi faire en sorte que les « hotspots » installés dans ces pays aient la capacité d'évaluer les demandes d'asile et de renvoyer les personnes qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié, mais en respectant pleinement les normes relatives aux droits de l'homme, en particulier l'interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Commissaire a également recommandé que l'UE aide davantage la Grèce, la Turquie et « l'ex-République yougoslave de Macédoine » à gérer l'urgence humanitaire. En outre, un plus grand nombre de filières légales doivent être proposées aux réfugiés qui recherchent une protection en Europe, par exemple sous la forme de programmes d’admission pour des motifs humanitaires, de parrainage privé, de politiques de regroupement familial, de bourses d’études et de programmes de mobilité professionnelle, qui peuvent aider à éviter que les réfugiés aient recours à des passeurs. Le 21 mars, le Commissaire a publié une déclaration dans laquelle il a souligné que la plus grande vigilance s’imposait lors de la mise en œuvre de l’accord UE-Turquie, afin de dissiper les graves inquiétudes que ce texte suscite à plusieurs égards sur le plan des droits de l'homme. Il a noté qu’il était positif que l’accord contienne des garanties juridiques (telles que le respect du droit international et européen) qui devraient empêcher les expulsions collectives automatiques. Il a toutefois aussi relevé que, pour que l’accord soit effectivement compatible avec le droit relatif aux droits de l'homme, l’UE, la Grèce et la Turquie doivent veiller à ce que sa mise en œuvre obéisse aussi à d’autres principes, notamment l’application des garanties juridiques susmentionnées non seulement aux Syriens mais aussi à tous les migrants et réfugiés qui arrivent en Grèce ou dans un autre pays de l’UE. Le Commissaire a aussi souligné que l’UE et ses Etats membres devaient aider d’urgence la Grèce, dont le système d’asile défaillant a conduit à des violations des droits de l'homme des migrants et des réfugiés, notamment en ce qui concerne les conditions d’accueil et l’accès à l’asile. Il a par ailleurs noté que la Grèce comme la Turquie devaient s'abstenir de détenir des migrants et que la Turquie devrait appliquer des garanties juridiques et procédurales à tous les migrants et réfugiés – et pas 19 CommDH(2016)22 uniquement syriens – qui reviennent de Grèce, notamment le principe de nonrefoulement et l'interdiction des expulsions collectives. Droits des Roms Dans un article du Carnet des droits de l'homme intitulé « Il est temps de remédier à l’hostilité profonde à l’encontre des Gens du voyage », publié le 4 février, le Commissaire s'est intéressé à l'hostilité profonde et à la discrimination persistante dont les Gens du voyage font l’objet dans plusieurs pays, dont la Belgique, la France, l'Irlande, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse. Il a souligné que leur histoire était marquée par des persécutions, des expulsions et des violations de leurs droits visant à les sédentariser de force et à éradiquer leur culture et leur mode de vie. Il a souligné que ce mode de vie était gravement entravé et compromis par l’absence d’aires d’accueil (parfois contraire aux dispositions nationales), par des expulsions fréquentes violant souvent les normes internationales applicables et par des obstacles à l’enregistrement de ces personnes. Les relations tendues avec la police, la discrimination répandue et le manque d'accès à l'éducation des enfants de familles de Gens du voyage constituent également de graves sujets de préoccupation. Le Commissaire a exhorté les Etats membres à supprimer toutes les dispositions discriminatoires qui réglementent la vie des personnes vivant dans une caravane et à assurer aux Gens du voyage une reconnaissance pleine et entière de leurs culture, identité et mode de vie spécifiques. Il a plaidé pour un accroissement du nombre et de la qualité des sites disponibles pour les Gens du voyage et pour un développement du travail de médiation. Il a souligné que les autorités devaient condamner fermement les propos racistes qui visent les Gens du voyage et qu’il fallait sanctionner comme il convient ceux qui tiennent des discours de haine à leur égard. Il a aussi demandé un soutien accru aux initiatives visant à améliorer l’accès à l’éducation des enfants de Gens du voyage. Liberté d’expression et des médias Le 5 janvier, le Commissaire a publié une déclaration sur son site web, dans laquelle il a appelé le président de la Pologne à ne pas promulguer une loi sur la gouvernance des médias de service public. Notant que cette loi place les médias de service public sous le contrôle direct du gouvernement, en donnant à celui-ci le pouvoir de nommer et de révoquer les membres des conseils d’administration et de surveillance des organismes de radio et de télévision du service public, le Commissaire a estimé que ces dispositions étaient contraires aux normes du Conseil de l'Europe, qui exigent notamment que les médias de service public ne subissent aucune ingérence politique ou économique. Il s’est également inquiété que la loi, adoptée à la hâte par le parlement la semaine précédente, n'ait pas donné lieu au débat public qui est nécessaire dans une société démocratique lorsque des changements si importants touchant à la liberté des médias sont en jeu. Dans une déclaration publiée sur son site web le 4 mars, le Commissaire a déploré la décision d’un tribunal d’Istanbul de placer sous tutelle judiciaire le groupe de presse auquel appartiennent les journaux Zaman et Today’s Zaman. Il a estimé, vu ce qui s’est passé après la mise sous tutelle du groupe Koza Ipek, qu’il s’agissait d’une atteinte extrêmement grave à la liberté des médias, qui ne devrait pas avoir sa place dans une société démocratique. Notant que cette décision était la dernière en date de toute une série de restrictions inacceptables et injustifiées de la liberté des médias en Turquie et qu'elle venait confirmer l’existence d’une pratique régulière et extrêmement 20 CommDH(2016)22 préoccupante de harcèlement judiciaire dirigé contre les médias et les journalistes d’opposition dans le pays, le Commissaire a exhorté les autorités turques à prendre toutes les mesures nécessaires pour annuler les effets de ces ingérences et pour éviter de nouvelles ingérences. Justice transitionnelle et protection des droits de l'homme Le 17 mars, le Commissaire a publié un document thématique sur les personnes disparues et les victimes de disparition forcée en Europe, qui brosse un tableau général de la situation concernant les personnes disparues ou victimes de disparition forcée en Arménie, en Azerbaïdjan, dans les Balkans occidentaux, à Chypre, en Espagne, en Fédération de Russie, en Géorgie, en Irlande du Nord, en Turquie et en Ukraine. Le document présente ensuite les principaux mécanismes et normes internationaux et européens qui définissent les obligations des Etats en la matière. Un chapitre est consacré à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, ce qui permet de rappeler la nécessité, pour les Etats défendeurs, d’améliorer l’exécution des arrêts de la Cour. Le document thématique se conclut par une évaluation des lacunes dans la législation et la pratique des Etats européens et met en lumière de bonnes pratiques et initiatives menées en divers endroits du monde. Le Commissaire propose neuf groupes de recommandations pour aider les Etats à améliorer leur législation et leur pratique. Il recommande notamment les mesures suivantes : offrir aux victimes directes et à leurs familles des moyens de réparation adéquats, y compris un soutien juridique, social et psychologique ; accélérer les opérations d’exhumation et d’identification ; former des fonctionnaires au problème des personnes disparues et des disparitions forcées ; soutenir les dispositifs mis en place pour les personnes disparues et les initiatives de recherche de la vérité ; garantir un accès effectif aux informations et aux archives ; renforcer la législation nationale ; mener des enquêtes efficaces et éradiquer l’impunité ; promouvoir et mettre en œuvre les normes internationales et européennes pertinentes. 5. Autre réunions Echange de vues avec le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales Le 23 février, le Commissaire a eu un échange de vues avec le Comité consultatif de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Les discussions ont porté sur les domaines de travail du Commissaire qui intéressent le Comité, notamment la situation des Roms et des autres personnes appartenant à des minorités dans un certain nombre de pays. D'autres sujets ont été examinés, entre autres les mesures qui pourraient être prises pour promouvoir une plus ample ratification de la Convention-cadre, le projet de quatrième commentaire du Comité sur le champ d'application de la Convention-cadre et la coopération avec d’autres organes internationaux sur les questions relatives à la protection des minorités nationales. A la suite de ces discussions fructueuses, il a été décidé de poursuivre régulièrement les échanges entre le Commissaire et le Comité. 21 CommDH(2016)22 6. Défenseurs des droits de l’homme Les 9 et 10 mars, le Commissaire a publié des déclarations sur son site web et sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) pour condamner la violente attaque ayant visé plusieurs journalistes et des défenseurs des droits de l'homme du Groupe mobile conjoint (un collectif d’ONG) et l'intrusion d'hommes armés non identifiés dans les bureaux du Groupe, le 9 mars dans la République d’Ingouchie. Le lendemain, le Commissaire a contacté les autorités russes pour leur faire part de sa préoccupation et souligner la nécessité de protéger immédiatement les victimes de l'attaque. Il a également souligné qu’il convenait de prendre des mesures résolues pour faire toute la lumière sur ces événements et traduire les responsables en justice. Il a rappelé que l’Etat avait l’obligation de garantir un environnement sûr et favorable aux activités des défenseurs des droits de l’homme. Le 16 mars, Igor Kalyapin, célèbre défenseur des droits de l'homme et membre du Conseil pour le développement de la société civile et des droits de l'homme, placé sous l’autorité du président de la Fédération de Russie, a été agressé dans le centre de Grozny, capitale de la République tchétchène. Dans un entretien accordé ultérieurement au quotidien Kommersant, le Commissaire a condamné la récente vague d'attaques et de nouveau fait part de sa vive inquiétude au sujet de l'environnement hostile aux défenseurs des droits de l'homme dans cette République. Il a déclaré qu'il suivrait de près la situation et a appelé les autorités à mener rapidement une enquête approfondie sur ces actes. 7. Cour européenne des droits de l'homme Interventions en qualité de tierce partie devant la Cour européenne des droits de l'homme Le 13 janvier, le Commissaire a publié les observations écrites qu'il a présentées à la Cour européenne des droits de l’homme, à l’invitation de cette dernière, en vertu de l'article 36 paragraphe 2 de la CEDH, dans la procédure relative à deux requêtes contre l'Autriche (S.O. c. Autriche et A.A. c. Autriche, requêtes nos 44825/15 et 44944/15). Ces deux affaires concernent le transfert des requérants de l’Autriche vers la Hongrie en application du règlement Dublin III. Basant ses observations sur sa visite en Hongrie effectuée du 24 au 27 novembre 2015, le Commissaire a estimé que les mesures très restrictives adoptées les mois précédents par les autorités hongroises traduisaient une intention délibérée de dissuader les demandeurs d'asile d'entrer dans le pays et d’y demander l'asile. Il a noté qu’une proportion considérable des personnes renvoyées en Hongrie ces derniers mois en vertu du règlement Dublin III étaient placées dans des centres de détention pour demandeurs d'asile – où s’applique un régime de détention restrictif – sans avoir accès à des recours effectifs contre leur détention. Il a également noté que la demande d'asile de ces personnes n’était généralement pas examinée sur le fond car la législation hongroise considère la Serbie (pays par lequel sont passés la grande majorité des demandeurs d'asile avant de pénétrer sur le territoire hongrois) comme un pays tiers sûr. Cette situation prive les demandeurs d'asile du droit à ce que leur demande soit dûment examinée et les expose à un risque très élevé d’expulsion vers la Serbie et de refoulement vers d’autres pays, où ils pourraient subir un traitement contraire à la CEDH. 22 CommDH(2016)22 Les observations écrites du Commissaire sont disponibles sur son site web. Le 21 janvier, le Commissaire a publié ses observations écrites présentées à la Cour européenne des droits de l’homme dans l'affaire Khadija Ismayilova c. Azerbaïdjan (requête n° 30778/15). Cette affaire porte sur l'ouverture d'une procédure pénale contre la requérante, célèbre journaliste et défenseure des droits de l'homme, sur son placement en détention provisoire et sur le recours présumé à ces restrictions pour faire taire la requérante dans le cadre de son travail de journaliste d'investigation et de son action de militante de la société civile. Dans son intervention – la sixième dans des affaires concernant l’Azerbaïdjan et des journalistes et défenseurs des droits de l'homme – le Commissaire a fait état de défaillances structurelles touchant à la liberté d’expression en Azerbaïdjan, qui se traduisent notamment par le harcèlement judiciaire de ceux qui émettent des critiques et par des représailles fréquentes contre ceux qui coopèrent avec les organisations internationales pour dénoncer des violations des droits de l’homme commises dans le pays. Il a déclaré que le cas de Khadija Ismayilova, qu’il a rencontrée plusieurs fois à Strasbourg et à Bakou, illustrait bien les représailles auxquelles s’exposent les journalistes, les blogueurs et les défenseurs des droits de l’homme en Azerbaïdjan en raison de leurs activités. Ces personnes font souvent l’objet de poursuites pénales sélectives fondées sur des accusations peu crédibles – un problème qui porte atteinte aux droits des intéressés et fait obstacle au fonctionnement des mécanismes internationaux des droits de l’homme. Les observations écrites du Commissaire sont disponibles sur son site web. Le 16 mars, le Commissaire a publié ses observations écrites présentées à la Cour européenne des droits de l’homme dans l'affaire concernant l'enlèvement et le meurtre de Natalia Estemirova, une défenseure des droits de l'homme de premier plan de la Fédération de Russie qui travaillait dans le Caucase du Nord (requête n° 42705/11, Svetlana Khusainovna Estemirova c. Fédération de Russie). Ces observations sont liées à l’obligation spécifique qu’a le Commissaire vis-à-vis des défenseurs des droits de l'homme. Elles s’appuient sur l'évaluation de la situation des droits de l'homme dans le Caucase du Nord faite par le Commissaire et ses prédécesseurs, qui ont effectué plusieurs visites dans la région ces dix dernières années. Le Commissaire et son prédécesseur ont lancé des appels répétés en faveur d'une enquête effective, menée dans les meilleurs délais, sur le meurtre de Natalia Estemirova, qui était une partenaire clé du Bureau du Commissaire. L'intervention du Commissaire a porté sur trois grands thèmes : la sécurité des défenseurs des droits de l'homme dans le Caucase du Nord, la stigmatisation de leur travail par les autorités locales et les conséquences de l'environnement hostile pour la protection des droits de l'homme dans la région. Le Commissaire a souligné que le climat d'impunité dont jouissent les auteurs de graves violations affectait directement la sécurité des défenseurs des droits de l'homme qui travaillent dans la région et que le meurtre de Natalia Estemirova devait être replacé dans le contexte plus large des pratiques d’intimidation. Il a également souligné que les autorités locales du Caucase du Nord, et particulièrement de la République tchétchène, stigmatisent souvent les défenseurs des droits de l'homme et entravent leur travail, alors que l'Etat est tenu de garantir un environnement sûr et favorable aux défenseurs des droits de l'homme. La spirale de violence visant les défenseurs des droits de l'homme et la stigmatisation de leur travail ont un grave effet dissuasif sur les activités indépendantes en faveur des droits de l'homme et affaiblissent considérablement la capacité d’action des militants, ce 23 CommDH(2016)22 qui renforce l’impact négatif sur la protection des droits de l'homme dans la région. Le Commissaire a suggéré d'adopter une série de mesures générales, notamment un cadre juridique spécifique, une politique publique globale et un plan d’action national, afin de mettre en place un mécanisme de réponse rapide pleinement opérationnel pour protéger les défenseurs des droits de l'homme. 8. Activités de communication et d’information Les migrations, les mesures de lutte contre le terrorisme et les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) sont les thèmes qui ont donné lieu à la couverture médiatique la plus importante, avec plus de 300 articles publiés par des médias nationaux ou internationaux. Les entretiens accordés par le Commissaire, ses déclarations et sa tribune sur la situation des migrants en Europe et l’accord UE-Turquie ont été largement relayés par les médias de plusieurs pays (24, 444, 20 minutos, 24 heures, Agerpress, Altinget, ANSA, B92, Blic, Der Standard, DR, El diario, EU Observer, Focus, Fox News, FVN, Fyens, HVG, Il Fatto Quotidiano, Huffington Post UK, Independent, Information, La Vanguardia, Le Point, Lettera Donna, Online Post, ORF, Politics, Politiko, Reuters, RT, Sveriges radio, TV2, Belta, Berlingske, BTA, De Morgen, Effemeride, EPD, Europae, France Info, Heraldo, Il Mattino, Jyllands Posten, La Stampa, La Tribune de Genève, 24 heures, Magyarhirlap, New Europe, Osservatorio Balcani Caucaso, Radio vaticana, Reporter, Secolo d'Italia, Zeit Online, Affaritaliani, ANSA, AVGI, Deutche Welle, Die Presse, Ekathimerini, Eunews, EurActiv, FG News, Hurriyet Daily News, Imola Oggi, Malta Today, Open Democracy, PRI, Redattore Sociale, Regnum, RIA Fan, STA, Tagesschau.de, The Guardian, Ticino online, Vesti, Vesti online). Les médias se sont aussi largement fait l’écho des préoccupations du Commissaire en matière de lutte contre le terrorisme, en particulier l’AFP, Ager press, ANSA, Boursorama, Bulletin Quotidien, C dans l'air - France 5, EurActiv, Europe 1, Expatica, France 24, France Culture, La voix du Nord, Le Figaro, Le JSL, Le Point, Le Progrès, Open Democracy, Ouest France, Polske Radio, RFI Brazil, Sputnik, ZH Noticias, El Universal, Europe Online, Itar Tass, La Razón, La Vanguardia, Le Figaro, Le Monde, Le Point, Le Temps, L'Humanité, Libération, Mediapart, Noticias Tera, NTB, NY Times, Open Democracy, Ouest France, Politrussia, RFI, STA - RTV SLO, The Economist, WorldNews et Zaman France. La prise de position du Commissaire sur les droits des personnes LGBTI a été traitée par l’AFP, AgenParl, ANSA, Avvenire, Corriere della Sera, Eunews, EurActiv, Fanpage, Formiche, Giornale di sicilia, I Siena, Il Giornale, Il giornale d'Italia, Il messaggero, In Terris, Infolibre, Intelligonews, Isole 24 Ore, La Voce, Libération, L'Opinione, Ossigeno per l’Informazione, Politiken, Quotidiano, RAI News, Repubblica, Reuters, Sassari Notizie, Solo News, Stadio24, TGCom24, Tribuna Politaica Web, Wall Street Italia, HS et Libération. Les lettres du Commissaire sur les expulsions de Roms dans plusieurs pays européens ont été évoquées par 444, 24 heures, Agenzia DIRE, Agerpress, ANSA, Ask a News, Balkan Insight, BIRN - Gazeta, RD, Bulletin Quotidien, Corriere della Sera, Eurocomunicazione, Focus, France Bleu, France Info, HVG, Interfax, iTélé, La 24 CommDH(2016)22 Vanguardia - El Confidencial - Notícias ao Minuto, Le Monde, Libération, Le Figaro, TF1, L'Echo, L'Obs, Noticias ao Minuto, Novinite, Roma Today, SIR, Vice News et Xinhua. La visite en Pologne a donné lieu à une couverture médiatique considérable, avec des articles dans Agence Europe, Agerpress, Ask a news, BNR, Europe Online, Gazeta Wyborcza, Global Post, Golos ameriki, Handelsblatt Online, Le Soir, naTemat, Politika, Racjonalista TV, Reformatorisch Dagblad, RP, Rzeczpospolita, San Francisco Chronicle, SIR, The Associated Press, TVP, Voice of America et Xinhua. D’autres thèmes ont été couverts, comme la liberté des médias (AFP, Angence Anadolu, ANSA, Avanti, Emetro, Fakty, Genova-Europa, Il Gazzettino, New Europe, Romandie, Skai, The Guardian, The Irish Times, TV5 Monde, El Pais, Hürriyet, L'espresso, Ordine dei Giornalisti, Ossigeno per l'informazione), les observations sur la Géorgie (APSNY, Euronews, Europa Press, Newsday, NY Times, Radio Free Europe, Trend, Voice of America), la situation et la visite en Ukraine (Baltnews, Euronews, Pronedra, RIA Novosti, RU Informer, Süddeutsche Zeitung, 0623.com.ua, 06252.com.ua, Baltnews, Bigmir, Censor.net, Deutsche Welle, DN, Donetskie, E-News, FaceNews, Fap News, Gordonua, Kiev, Kiev Smi, Liga.net, MinProm, RBC), la tierce intervention dans l’affaire Natalia Estemirova (Contact, Dy, Haqqin, Kavkaz Uzel, Kommersant, VOA), l’Azerbaïdjan (Observatotio Balcani e Causaso), la visite au Royaume-Uni (The Guardian, HuffingtonPost), le pouvoir judiciaire en Russie (Kommersant, RIA Novosti), les défenseurs des droits de l’homme (Aftenposten, EFJ, Kavkaz-uzel, Kommersant, NRK, RIA Novosti, Sputnik News, Swissinfo, Vestvit, La Vanguardia, Osservatorio Balcani Caucaso), les personnes disparues (CyNews, Dialogos, El Diario, La Vanguardia, NewsCy, PhileNews, Pressenza, Sigmalive) et les droits de l’homme en Russie (Russia Today). Huit tribunes ont été publiées : 1. ‘Violence against women’ (New Europe, janvier 2016) ; 2. « Luttons contre le terrorisme dans le respect du droit » (Le Monde, 3 février 2016) ; 3. ‘Reforms to UK Human Rights Laws Must Not Weaken Protection’ (Huffington Post UK, 3 février 2016) ; 4. ‘Human rights in Europe should not buckle under mass surveillance’ (openDemocracy, 12 février 2016) ; 5. ‘As long as the judicial system of the Russian Federation does not become more independent, doubts about its effectiveness remain’ (Kommersant, 26 février 2016) ; 6. ‘Stop your backsliding, Europe’ (International New York Times, 14 mars 2016) ; 7. ‘Diese Pläne sind schlicht illegal’ (Tagesschau.de, Osservatorio Balcani Caucaso, 16 mars 2016) ; 8. ‘Safeguards needed for EU-Turkey migration openDemocracy, EurActiv.com, 22 mars 2016). 25 deal’ (Huffington Post, CommDH(2016)22 Un document thématique sur les personnes disparues a été publié, accompagné d’une campagne Thunderclap. Le Commissaire a publié 59 tweets et son compte Twitter a attiré 975 nouveaux abonnés (+28% par rapport à la moyenne mensuelle 2015). Sa page Facebook a recueilli 288 likes supplémentaires, ce qui correspond à une moyenne mensuelle dans la lignée de celle de 2015. Plus de 44 000 visiteurs uniques se sont rendus sur le site internet du Commissaire, soit quasiment le double par rapport au trimestre précédent et au premier trimestre 2015. Le nombre de pages consultées a lui aussi fortement augmenté (+20% par rapport au trimestre précédent et +66% par rapport au premier trimestre 2015). 9. Trimestre prochain Avril 05/04 Conférence de la présidence du Comité des Ministres pour le lancement de la Stratégie du Conseil de l'Europe pour les droits de l’enfant 2016-2021 (Sofia) 06-14/04 Visite en Turquie 18-22/04 Session de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe 25-29/04 Visite en Croatie Mai 09-11/05 Visite en Andorre 18/05 126e session du Comité des Ministres (Sofia) 20/05 Atelier avec des structures nationales des droits de l'homme sur leur rôle dans le contexte de la lutte contre le terrorisme (Paris) Juin 03/06 Conseil bisannuel de Transgender Europe (Bologne) 06-07/06 Evénement organisé par la Conférence des organisations internationales non gouvernementales (Strasbourg) 08-10/06 Visite en Islande 21-23/06 Forum des droits fondamentaux 2016 de l’Agence des droits fondamentaux (Vienne) 26 CommDH(2016)22 10. Observations et réflexions L'un des aspects moins connus du mandat du Commissaire aux droits de l'homme, c'est son pouvoir de faire une tierce intervention devant la Cour européenne des droits de l'homme. Je peux le faire à l’invitation de la Cour ou de ma propre initiative. Ces derniers temps, j’utilise ce pouvoir bien plus activement. Par exemple, je suis intervenu trois fois au cours du premier trimestre de 2016. Pourquoi me suis-je mis à utiliser ce pouvoir plus souvent ? Quels sont les critères que j’applique pour choisir d’intervenir ? Quel est le sens de mes interventions ? Pour que mon intervention se justifie, elle doit apporter une valeur ajoutée. Cela signifie que je dois pouvoir apporter aux délibérations des connaissances particulières sur les droits en jeu, liées au thème ou au pays considérés. Au début de mon mandat, comme mes connaissances issues de mes visites sur le terrain étaient encore limitées, j’intervenais assez rarement. Maintenant que je me suis rendu dans la grande majorité des Etats membres et que j’ai mené de nombreuses activités thématiques, je me sens plus apte à présenter des observations utiles à la Cour. Cela dit, dans la mesure où toute intervention nécessite des ressources humaines considérables, je dois faire des choix stratégiques : je ne peux pas intervenir chaque semaine. Les trois interventions que j’ai faites au cours de la période de référence montrent bien à quelles affaires j’estime pouvoir apporter une contribution utile. Deux affaires – Estemirova c. Russie et Ismayilova c. Azerbaïdjan – concernent des défenseurs des droits de l'homme, à la protection desquels je suis tenu d’accorder une attention particulière, en vertu de mon mandat. L’affaire Estemirova m’a permis de rappeler que les défenseurs sont depuis longtemps confrontés à des problèmes dans le Caucase du Nord. L’affaire Ismayilova est la sixième affaire de défenseurs en Azerbaïdjan dans laquelle je suis intervenu. Ces six personnes étaient toutes des partenaires de longue date du Conseil de l'Europe et de mon Bureau qui ont été la cible d’une justice sélective. A l’origine de la troisième affaire se trouvent deux requêtes dirigées contre l’Autriche, qui dénoncent des renvois de l’Autriche vers la Hongrie en application du règlement « Dublin III ». Dans la mesure où je suis particulièrement actif dans le domaine des droits de l'homme et des migrations, il est logique que j’intervienne sur des questions migratoires. De plus, l’affaire concerne un élément central du système migratoire européen, c'est-à-dire les renvois prévus par le règlement Dublin, en Hongrie, un pays dont j’ai examiné attentivement la politique migratoire. A certains égards, je suis les traces de mon prédécesseur, qui était aussi intervenu dans une célèbre affaire d’expulsion fondée sur le règlement Dublin : l’affaire M.S.S. c. Belgique et Grèce. Quel est le sens de mes interventions ? Etant donné que j’interviens rarement, lorsque je le fais, il semble que l’affaire en question suscite davantage d’attention. Mon intervention signale donc que je considère l’affaire comme importante, pour une raison ou une autre. Dans les six affaires contre l’Azerbaïdjan dans lesquelles je suis déjà intervenu, j’ai voulu souligner que les violations en question faisaient partie d’un phénomène plus général qui devait être traité. En outre, comme les observations que je présente sont d’une grande rigueur juridique, elles ont apparemment plus de poids dans certains milieux que de simples déclarations ou articles d’opinion. Il apparait que mon intervention dans les deux affaires sur les renvois effectués en vertu du règlement 27 CommDH(2016)22 Dublin vers la Hongrie a été utilisée par certaines juridictions nationales pour statuer sur des cas concrets portant sur de tels renvois. Ces interventions peuvent aussi compléter utilement mes autres activités relatives au pays concerné. Prenons l’exemple de l’affaire Estemirova c. Russie. La situation des défenseurs des droits de l'homme en Russie en général et dans le Caucase du Nord en particulier est depuis un certain temps très préoccupante. J’ai essayé d’établir un dialogue avec les autorités russes au sujet de la « loi sur les agents étrangers », qui a des conséquences pour le travail des défenseurs en Russie. Dans un avis, j’ai analysé la compatibilité de cette loi avec les normes européennes, puis, dans un avis ultérieur, j’ai examiné comment la loi avait été appliquée au cours des deux années écoulées. Je m’emploie à soutenir l’action des défenseurs russes en les rencontrant, en organisant des tables rondes avec eux et en intervenant auprès des autorités russes lorsqu’ils sont menacés ou agressés. L’affaire Estemirova m’a permis d’attirer l’attention sur la situation des défenseurs dans le Caucase du Nord, qui reste très difficile des années après le meurtre de la défenseure Natalia Estemirova. La même semaine où je suis intervenu dans cette affaire, j’ai aussi fait deux déclarations sur des attaques dirigées contre des défenseurs et des journalistes dans la région. Dans quelles affaires est-il logique que j’intervienne ? Parmi les principaux thèmes que je traite figurent, outre les migrations, les mesures antiterroristes et la surveillance, la liberté des médias, les droits de l’enfant, les droits des personnes handicapées, les questions d’égalité entre les femmes et les hommes, les droits des Roms et les questions relatives aux personnes LGBTI. Je continuerai aussi à soutenir l’action des défenseurs des droits de l'homme. Cependant, je n’interviendrai évidemment pas dans toutes les affaires en lien avec ces thèmes. Il faut que la requête ait de bonnes chances d’être déclarée recevable, que l’affaire me donne l’occasion de mettre en lumière une question de droits de l'homme plus large et que mon intervention apporte une véritable valeur ajoutée. 28