Mise en page 1 - Confédération Paysanne de la Drôme

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Mise en page 1 - Confédération Paysanne de la Drôme
I N F O R M AT I O N S S Y N D I C A L E S
- La Mauvaise Herbe Journal des Paysans de la Drôme
Confédération paysanne
de la Drôme
N° 120 - Novembre 2013 - 3€
N°93
o
A
Les éleveurs de la Conf poursuivent la mobilisation contre l'obligation du bouclage et la certification des reproducteurs mâles (lire page 3)
SOMMAIRE
LA VIE DU SYNDICAT
pages 2 à 11
INSTALLATION
pages 13 à 15
Agenda et Édito
Actions des éleveurs à Lyon
L’Application française de la PAC
Lettre au ministre sur la télédéclaration PAC
Actions des éleveurs à Limoges
Je suis et resterai paysanne
Succès de la fête paysanne 2013
Nouvelle mandature à la Chambre
Motions présentées par les élus Cp
A
QUESTIONS JURIDIQUES
pages 12 et 13
Reconnaissance du bail à ferme par le TPBR
Augmentation de l’indice des fermages
L’activité minimum d’assujettissement
Des brebis Préalpes aux Manechs
QUESTIONS SOCIALES
page 16 à 18
Sciences et agriculture : un malentendu ?
Un suicide tous les deux jours
chez les agriculteurs
LA VIE DES ÉLEVEURS
pages 21 à 25
La Cp Drôme a rencontré la DDPP
Prédation par les loups
La question des abattoirs
AGRICULTURE INDUSTRIELLE
pages 25 et 26
Le projet fou des 1000 vaches
L’industrie veut privatiser les semences
AGRICULTURE PAYSANNE
pages 18 à 20
INTERNATIONAL
page 26
L’utilisation des plantes médicinales
et la réglementation
La fête des Simples à La Palud sur Verdon
Création d’une ADDEAR dans la Drôme
La FAO reconnaît la “Via Campesina”
INFORMATIONS SYNDICALES
ANNONCES ET FORMATIONS
pages 27 et 28
- La Mauvaise Herbe - Novembre 2013
1
Agenda
13 décembre 2013 dès 9h30
Radio
À Bourdeaux, visite de la ferme
de Sandrine Lizaga
Les paysans et paysannes
dans la lutte des classes
Visite à partir de 9h30. À partir de 12h30, au chaud
dans la salle de l’ancienne cantine de Bourdeaux,
repas partagé puis discussion avec un vétérinaire, des
éleveurs et des producteurs de PPAM sur le thème :
"Les soins par les plantes en élevage : une pratique en
danger ; réglementation et perspectives". Pour plus
d'infos, contactez la Conf Drôme : 04 75 25 21 72.
Un jeudi sur deux de 18h à 19h sur Radio Canut
De plus en plus de personnes sont conscientes du
rôle central des productions et approvisionnements
alimentaires dans nos vies et que les questions alimentaires nous concernant tou-te-s. Malgré ça, les
réalités difficiles des fermes, et les luttes menées par
les paysan-ne-s et leurs allié-e-s pour les transformer
restent souvent peu visibles.
« Les paysan-ne-s dans la lutte des classes » veut
être un espace pour rendre visible ces réalités
agricoles, et tout ce que les paysan-ne-s et leurs
allié-e-s mettent en place pour les transformer.
Radio Canut, c’est une radio associative et autogérée, sur le 102.2 FM en région lyonnaise et sur
radiocanut.org ailleurs.
mardi 28 janvier 2014
AG de la Conf Drôme 7 avril 2014
AG du CAJ Drôme Votre avis nous intéresse !
Cet hiver, les paysans du comité départemental feront
une petite « enquête » téléphonique auprès des confédérés drômois pour mettre à jour le fichier, pour savoir
combien reçoivent les infos par mail et les lisent, si certains préfèreraient le papier, pour entendre les
propositions, les améliorations, les contestations (pas
trop quand même!). Bref, nous n'aurons pas de tapis à
vendre... alors merci de nous faire un bon accueil ! À
bientôt !
Christine Riba
Les émissions à (ré)écouter, plus d’infos :
blogs.radiocanut.org/luttespaysannes
Pour toute info :
[email protected] ou
Les paysan-ne-s dans la lutte des classes
Radio Canut – BP1101 - 69201 Lyon cedex 01
La mauvaise herbe, la chanson !
Gilles Servat, chanteur breton,
disait « la langue bretonne est la
folle avoine au milieu des épis
bien rangés ». Georges Brassens aussi chanta la Mauvaise
Herbe, comme un défi à la morale bien pensante, pour chanter
la liberté de penser et de vivre.
Et pour nous paysans, nous savons que lorsque les rumex et
autres chardons se mettent à
envahir nos champs, ce sont les
sols qui n'en peuvent plus d'asphyxie sous les roues des
tracteurs de plus en plus lourds,
c'est un avertissement.
Regardons donc avec bienveillance germer et fleurir toutes
ces mauvaises herbes, pied de
nez à ceux qui voudraient tout
codifier, tout formater, pour asservir le monde à l'ordre
techno-industriel, commercial
et financier.
2
Ell' me donne au petit bonheur
Les p'tits bouts d'sa peau, bien
Quand l'jour de gloire est arrivé cachés
Comm' tous les autr's étaient Que les autres n'ont pas touchés
crevés
Moi seul connus le déshonneur
De n'pas êtr'mort au champ Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
d'honneur
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en
Je suis d'la mauvaise herbe
gerbes
Braves gens, braves gens
Elle se vend aux autres
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en Braves gens, braves gens
Elle se donne à moi
gerbes
C'est immoral et c'est comm' ça
La mort faucha les autres
La la la la la la la la
Braves gens, braves gens
Et je m'demande
Et me fit grâce à moi
C'est immoral et c'est comm' ça Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
La la la la la la la la
Qu'on m'aime un peu
Et je m'demande
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
Qu'on m'aime un peu
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Les hommes sont faits, nous
Ça vous dérange
dit-on
Que j'vive un peu
La fille à tout l'monde a bon Pour vivre en bande, comm'
les moutons
cœur
La Mauvaise Herbe
Moi, j'vis seul, et c'est pas demain
Que je suivrai leur droit chemin
Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en
gerbes
Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
Je pousse en liberté
Dans les jardins mal fréquentés
La la la la la la la la
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
3
2013
- La Mauvaise Herbe - Novembre
INFORMATIONS SYNDICALES
J
d
d
Dô
Georges Brassens, 1954
La vie du Syndicat
ÉDITO
Réforme de la PAC :
la FNSEA peut être satisfaite, l’État n’a pas saisi l’occasion
de conforter l’agriculture paysanne
Depuis le printemps, et
allant crescendo cet été
puis cet automne, les réunions de travail au
ministère se multiplient.
Les secrétaires nationaux
de la Conf principalement
mais aussi les salariés et d'autres paysans bossent comme des fous sur la modification de la
PAC et sur la loi d'avenir agricole, pour faire des
propositions, des modifications, tenter de comprendre où aller, sous quelle forme et avec qui
pour toucher juste, pour faire bouger les lignes.
Les dernières déclarations de Hollande ont
plombé les énergies et fait serrer les poings. Tout
ça pour ça ! Les iniquités entre petits et gros ont
encore la vie belle, le syndicat le plus réellement
écouté de la droite et tout autant de la gauche, y
mettant un point d'honneur.
On marche sur la tête, ce syndicat est non
seulement parfaitement opposé au plafonnement
des aides mais plaide pour des planchers, demande que soient exclus des aides les paysans
ayant moins de 50 brebis ou moins de 25 chèvres ou moins de 50 vaches allaitantes et n'ayant
pas un minimum de petits par mère ! Certains
s'arrogent le droit de décider, pour une majorité,
qui est un vrai paysan et qui ne l'est pas !
Non seulement pas de limitation de taille, pas
d'objection à l'agriculture industrielle mais, en
avant toute pour continuer à pomper les fonds
publics en tuant l'agriculture paysanne pourtant
bien moins coûteuse. Je me pose toujours la
question, quand on est un petit paysan, comment
peut-on voter pour des représentants syndicaux
qui défendent toujours les mesures bénéficiant
aux plus gros ?...
Avec les sommes économisées par le plafonnement des aides, on aurait pu par exemple
soutenir les petites fermes ou les producteurs de
fruits et légumes qui n'auront rien ou reprendre
tant d'autres propositions de la Conf. Mais notre
gouvernement, de gauche, fait le choix politique
de ne pas plafonner les aides, continuant ainsi à
offrir des sommes considérables à ceux qui n'en
ont pas besoin tout en en privant les autres.
Bon, ce n'est pas la première fois, on ne va
pas baisser les bras ! Il reste quelques marges
de manœuvre ; au colloque de la Conf sur la PAC
dans l'Aveyron (12 et 13 novembre), le conseiller technique du ministre a noté quelques
propositions, a dit être encore preneur d'autres :
tout n'est pas bouclé. Et d'autres combats sont
encore en prévision sur la (petite) partie des
aides qui seront gérées par les régions.
En tous cas ces jours-ci, nous devons monter
au créneau pour informer les paysans, nos élus,
les citoyens, des dernières propositions inacceptables du syndicat dit majoritaire, allez voir
sur notre site internet !
Christine Riba, paysanne à Cobonne
Le 24 octobre à Lyon
“On ne peut pas toujours la boucler”
Les éleveurs de la Conf poursuivent la mobilisation contre l'obligation
du bouclage et la certification des reproducteurs mâles
Plusieurs centaines d'éleveurs
ont défilé en accompagnant un
troupeau de brebis du siège de
l'ASP à la préfecture de région,
puis jusqu'à la place Bellecour.
De nombreux lyonnais-es nous
ont rejoint en cours de route.
Une délégation a été reçue à la
préfecture par M. Pelurson, Directeur Régional de l'Agriculture,
ainsi que par des représentants
de l'ASP. Nous lui avons remis
les pétitions signées par plus de
800 personnes demandant la fin
de l'obligation de bouclage électronique et de la certification des
mâles prévue en 2015. Nous avons renouvelé notre revendication de moratoire
sur les pénalités appliquées sur les aides PAC à la suite de contrôles ayant révélé
des « anomalies ». Place Bellecour, des interventions orales ont permis d'élargir
la lutte des paysans à l'ensemble de la société (impacts de l'utilisation des cartes
à puce RFID ; procédures de management utilisant les moyens informatiques
pour contrôler les travailleurs, etc) ; intervention du groupe Pièces et Main d'Oeuvre de Grenoble.
La Confédération paysanne nationale doit rencontrer prochainement les représentants du ministre pour faire suivre notre demande ; affaire à suivre donc...
INFORMATIONS SYNDICALES
- La Mauvaise Herbe - Novembre 2013
3
La vie du Syndicat
Application française de la PAC :
bien des privilèges ont été maintenus
Le 3 octobre à Cournon, François Hollande a rendu publiques ses arbitrages sur la PAC à la française. Si l'on peut se satisfaire de quelques
avancées, notre syndicat dénonce des reculades et renoncements du
point de vue de l’équité des mesures et dans le domaine de la protection de l’environnement. On a coupé quelques ongles aux fermes
industrielles, mais le corps de la bête reste intact.
Le ministre a pris une rame pour dévier le
paquebot PAC, pendant que d'autres le tenaient arrimé au quai des privilèges.
Le tableau suivant permet de bien visualiser les dernières évolutions de la politique.
Quelques explications de texte :
l'adapter à leur sauce (la politique, pas le
poulet).
PAIEMENT REDISTRIBUTIF : le ministre
a ferraillé auprès de Bruxelles pour obtenir
une majoration des paiements découplés
(droit de paiement de base) sur les 52 premiers hectares (et donc une baisse sursrxu
les
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suivants) avec une enveloppe
de
30 %
des
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aides directes. Le plus dy
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liberté est laissée aux États membres pour
La
Situation
actuelle
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L'accord
européen
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4
INFORMATIONS SYNDICALES
FNSEA contre. La veille de la déclaration de
Cournon, Xavier Beulin a rencontré notre
François national et la majoration a été rabaissée à 20 % de l'enveloppe des aides
directes. La pression a dû être intense !
VERDISSEMENT : c'est un joli coup de
peinture verte sur les paiements découplés.
30 % des aides du premier pilier seront
conditionnées à des mesures « soi-disant »
favorables à l'environnement. Ce paiement
du premier pilier sera calculé sur les références historiques, histoire de ne pas
bousculer les rentiers de la PAC. Pour un
même effort environnemental, un paysan
avec des aides découplées (actuellement
DPU) élevées sera mieux rémunéré qu'un
paysan ayant de faibles aides. Rien ne
changera donc pour 95 % des fermes, car
les contraintes du verdissement ont été réduites à minima. Les exploitations en
monoculture auraient dû être les seules impactées par le verdissement mais les
lobbies en cours œuvrent pour que la monoculture de maïs puisse recevoir les aides
du verdissement. Les principales conditions seront :
-L'assolement, avec diversification obligatoire (3 cultures pour les fermes de plus
de 30 ha par exemple)
-Le maintien des prairies permanentes
(leur labour sera soumis à autorisation)
-Les surfaces d'intérêt écologique : haies,
pans de forêt, agroforesterie, etc. La France
peut faire entrer dans ces surfaces des cultures dérobées, d'hiver, fixatrice d'azote et
des taillis à rotation courte.
Le projet initial, sous la pression de divers lobbies a rétréci au lavage. Les
paysans pourront par exemple mettre en
place collectivement les conditions du verdissement... Certains paysans pourront
donc faire moins d'effort tandis que d'autres
compenseront
leur
faible
investissement.
Les agriculteur bios ne seront soumis à
aucune exigence concernant le verdissemen
DROITS A PAIEMENT DE BASE (DPB, qui
remplaceront les DPU) : tous les ha seront
primés... sauf la vigne ! Il n'y aura plus de
terres nues sans droits en 2015 et 2014
sera l'année de référence.
CONVERGENCE : Elle consiste à rapprocher à l'horizon 2019 les droits à paiement
de base et les primes liées au verdissement
.../...
3€
2013
- La Mauvaise Herbe - Novembre
Journal des Paysans de la Drôme
La vie du Syndicat
pour tendre vers un paiement identique sur
tous les hectares. La moyenne nationale
étant de 268 € par ha, les paiements évolueront en plus ou en moins de 14 % par
an jusqu'en 2019. La France a choisi une
convergence de 70 %, histoire de ne pas
trop mécontenter les privilégiés. Les plus
grosses exploitations ne pourront pas voir
leurs primes baisser de plus de 30 %.
Merci Xavier !
JEUNES AGRICULTEURS : une nouvelle
aide, correspondant à 1 % de l'enveloppe
des aides directes (alors que certains pays
iront jusqu'à 2 %), sera destinée aux
jeunes agriculteurs et s'ajoutera aux aides
actuelles du second pilier(notamment à la
DJA1). Cette aide sera versée pendant cinq
ans soit sous forme de majoration sur les
premiers ha soit sous forme d'un paiement
forfaitaire à l'exploitation.
AIDES COUPLÉES : elles seront augmentées, car la France a choisi le
maximum soit 15 % de l'enveloppe des
aides directes. Les petits ruminants sortent
perdant de cette augmentation, ce que
nous dénonçons vigoureusement ! Le gouvernement s'oppose à la création d'une
aide aux fruits et légumes frais fortement
portée par la Conf !
AIDE AUX PETITES FERMES : le gouvernement ne veut pas mettre en place en
France une aide au petites fermes (500 à
1000 euros par exploitation) dans le cadre
des aides directes. La Conf incite le gouvernement à mettre en place un dispositif
spécifique pour les petites fermes dans la
politique de développement rural.
SECOND PILIER (il s'agit de co-financements : l'Etat ou la région doivent
participer) :
Les priorités de la Commission Européenne sont :
1- Le soutien au transfert de connaissances et à l'innovation
2- La compétitivité de tous les types
d'agriculture et gestion durable des forêts
3- La promotion de l'organisation et de
la gestion des risques dans la chaîne alimentaire
4- La restauration, protection et renforcement
des
écosystèmes
(ICHN+MAE+forêt = 30 % de l'enveloppe
du second pilier !)
5- L'utilisation efficace des ressources,
passage à une économie à faible émission
de CO2
6- L'inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le
développement économique
dans les zones rurales (incluant leader – subvention
pour le développement rural
hors agricole)
De nombreuses application
de ces mesures restent à aménager au niveau des régions.
L'ICHN sera fusionnée avec la
PHAE et fera l'objet d'une majoration de 15 % dès 2014.
Le plafond de l'ICHN sera
maintenu à 50 ha et la majoration à 25 ha. L'aide équivalente
à la PHAE (70 euros) qui sera fusionnée à
l'ICHN sera quant à elle plafonnée à 75 ha.
Des MAE systèmes (couvrant l'ensemble
de l'exploitation) vont être mise en place
pour permettre le maintien des systèmes
vertueux et la transition agroecologique :
MAE herbagères et pastorales, MAE polyculture élevage et MAE grandes cultures.
Voilà ce que l'on peut dire pour le moment de cette réforme de la PAC ; les
aménagements au niveau régional vont
donner lieu à un nombre important de réunions avec la région. Nos responsables
nationaux ont été très sollicités sur ces
questions par le ministère et des avancées
ont été et seront obtenues, encore et toujours, par la négociation mais aussi sous
la pression de la mobilisation.
Vincent Delmas,
maraîcher à Salettes
Lettre à Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, le 29 août 2013
Télédéclaration PAC ou PAC zéro papier
Monsieur le Ministre,
La Confédération paysanne ne partage
pas l'objectif du ministère de l'Agriculture
d’atteindre 100% de télédéclarations en
2014 dans de nouveaux départements.
Nous constatons que cet objectif, visé
avec détermination par l'administration,
ignore l'intérêt des paysans qui, pour de
multiples raisons, ne souhaitent pas ou ne
peuvent pas utiliser l'informatique. La téléprocédure peut constituer un outil
intéressant pour beaucoup d'entre nous.
Cependant, son développement nous
oblige souvent à avoir recours à des organismes prestataires, source de dépenses
et de la délégation d'une part importante
de notre responsabilité. Nous refusons ces
procédures réglementaires exclusives qui
nous obligeraient à des méthodes de tra-
vail non conformes à nos souhaits et à
notre autonomie.
Avec les télédéclarations, chaque année,
des agriculteurs connaissent des déconvenues aux conséquences variables en
gravité : signature numérique non enregistrée, aides non activées par omission, etc.
Nous pensons que les contraintes de la
télédéclaration conduisent des agriculteurs
à renoncer aux aides PAC. Cela constitue
une profonde discrimination et une injustice intolérable !
La Confédération paysanne revendique
la liberté de choisir le moyen de réaliser sa
déclaration PAC : tant qu'il y aura des paysans qui souhaitent faire une déclaration
papier, l'administration a le devoir de le
leur permettre.
L'actuelle réglementation européenne ne
prévoit pas de rendre obligatoire la télédéclaration.
La Confédération paysanne soutient la
démarche de tous les paysans qui feront
une demande de dossier papier à l'administration.
La Confédération paysanne vous demande, Monsieur le Ministre, de prendre
une position dans ce sens.
En espérant que notre appel retiendra
toute votre attention, veuillez recevoir,
Monsieur le Ministre, l’expression de nos
salutations distinguées.
Laurent Pinatel, Porte-parole
de la Confédération paysanne
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INFORMATIONS SYNDICALES
3€
2013
- La Mauvaise Herbe - Novembre
Journal des Paysans de la Drôme
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La vie du Syndicat
Les 4 et 5 septembre à Limoges
Moutonniers et éleveurs de la Conf’ à l'action
pour un moratoire sur la conditionnalité des aides PAC
La venue à Bellac (au Nord de Limoges) du ministre de l'agriculture
dans le cadre du salon technique ovin créait une occasion pour les
éleveurs de la Cp d'intervenir fortement pour obtenir un moratoire sur
les mesures de conditionnalité des aides. Une quarantaine de militants
paysans ont occupé pendant un jour et demi et une nuit les locaux de
l'Agence de Service et de Paiement (ASP) dans le contexte de négociation des applications françaises de la PAC. Un temps d'expression
de la voix paysanne : situations de détresse ; irruption du refus et de
la solidarité.
Nous fumes une quarantaine à occuper pacifiquement et dans la bonne humeur mais
aussi avec détermination (refus de quitter les
lieux la nuit venue) les locaux de l'ASP. Il
s'agit de l'organisme dépendant du ministère
de l'agriculture qui réalise les contrôles de
conditionnalité des aides PAC et gère le paiement des aides (ancien CNASEA). Le
dialogue s'est rapidement instauré avec les
représentants de la DRAAF Limousin et de
l'ASP ; cela leur a permis de recueillir l'ensemble de nos revendications. La liste
élaborée est hélas longue : moutonniers et
chevriers sont en queue de peloton des revenus agricoles ; la production est sinistrée
(repli de 6 % selon FranceAgriMer). Dans
maintes régions, des éleveurs abandonnent
l'élevage et retournent leurs prairies pour
faire des céréales. En montagne, ce sont les
dégâts des loups qui achèvent de décourager les éleveurs en situation fragile. Bien sûr,
en tant que moutonniers nous voulons défendre notre revenu par des prix
rémunérateurs, contre les importations à prix
de dumping ; de même nous voulons des
aides PAC équitablement réparties : la Cp réclame une prime au maintien des troupeaux
de ruminants.
Notre action à Limoges portait sur des revendications plus rapidement accessibles
(nous avons insisté sur le fait qu'elles ne
coûteraient pas un centime au contribuable)
et qui touchent notre vie quotidienne et le travail avec le troupeau :
-arrêt de formalités administratives coûteuses et consommatrices de temps, comme
la notification des mouvements des animaux
à l'EDE ;
-suppression des ratio de productivité
concernant la prime ovine (aucune autre aide
directe n'est soumise à des obligations de
rendements) ;
-arrêt des pénalités sur les primes PAC qui
témoignent souvent d'un mépris à l'égard du
6
savoir-faire des éleveurs et des paysans ;
-liberté de choix de l'éleveur sur le mode
d'identification des bêtes (électronique ou
non) ;
-refus de la certification des mâles reproducteurs.
Mais il faut faire vite : les pénalités appliquées sur le paiement des aides PAC sont
excessives ; elles mettent en danger l'économie des exploitations (en élevage ovin viande
40 à 50 % du revenu provient des primes) et
créent des situations de détresse qui parfois
aboutissent à des dépressions, troubles
mentaux ou suicides des éleveurs (voir page
17). C'est pourquoi nous demandons un moratoire sur l'application des pénalités en
attendant une « remise à plat » des règles de
la conditionnalité. Rappelons que dans les
années 1990 la seule obligation à respecter
consistait à détenir réellement l'effectif déclaré à la prime compensatrice ovine.
Ultime épreuve que nous subissons : l'obligation du bouclage électronique qui réduit
nos animaux à l'état de machine et vise à
anéantir les liens particuliers qui nous unissent à eux.
Alors quand le PDG de l'ASP lâche, au détour des discussions l'information selon
laquelle son service a une obligation d'appliquer un certain volume de sanctions de la
part des autorités européennes, on comprend pourquoi tant de portes se ferment
comme pour justifier l'irresponsabilité de
ceux qui mettent en œuvre les politiques et
appliquent les règlements.
Loin de nous décourager, ce constat nous
excite et renforce notre détermination. On ne
se résignera pas. Nous ne voulons pas disparaître !
Jean-Louis Meurot
Eleveur d'ovins
à Vachères en Quint (Drôme)
Le 4 septembre vers 22h, Mme Boulanger, directrice DRAAF Limousin avec le PDG de l'ASP
et le secrétaire général de la préfecture de Haute
Vienne essayent de nous convaincre de quitter
les lieux en échange du maintien de la rencontre avec le ministre prévue le lendemain au salon
de Bellac. Au final, nous resterons. Ils finiront
leur soirée en visionnant en notre compagnie un
film militant montrant un contrôle PAC sous
« surveillance » de 80 personnes soutenant
l'éleveuse... et finalement il y aura un échange
avec le ministre au salon ovin.
Le 5 septembre au petit matin les éleveurs occupants prennent le café dans le hall d'entrée de
l'ASP.
Au cours de l'occupation de l'ASP, la
CGT de l'établissement a accordé son
plein soutien aux éleveurs.
« Il est temps que les pouvoirs publics prennent en compte les réalités
des éleveurs et paysans et arrêtent
d'imposer à tous des obligations qui
ne concernent que les méfaits ou les
intérêts de l'agriculture industrielle. »
(extrait du communiqué de la
CGT-ASP du 4 septembre 2013)
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Journal des Paysans de la Drôme
La vie du Syndicat
“Je suis et resterai paysanne !”
Entre les 2 500 euros annuels alloués et les sommes colossales versées
à des agriculteurs spéculateurs, qui a le plus besoin des primes ?
La future loi d’avenir agricole et forestière, qui sera votée en janvier ou
février prochain et qui vise à préparer les nécessaires mutations et
défis de l'agriculture française pour les vingt prochaines années et à
concilier les attentes des agriculteurs, des consommateurs et des citoyens, a fait l’objet d’un débat le 28 juin dernier à l’APCA1.
Sur la question de l’accès au métier qui
est un volet de la loi, Xavier Beulin, président de la FNSEA, a expliqué qu'il était
nécessaire de redéfinir ce qu'est un agriculteur : « Est-ce qu'on peut obtenir ce
statut lorsqu'on exploite 10 ha et qu'on
élève trois biquettes ? ». Raymond Vial,
président de la Chambre d’agriculture de
la Loire, a tenu des propos similaires
dans un interview du Pays Roannais du
6 juin dernier concernant les installations
en maraîchage.
Je ne suis pas agricultrice ? Comment
ça, je suis pas agricultrice ? Je cotise
comme les autres pourtant. Nous vivons,
ma fille et moi, grâce à la ferme en vendant toute notre production localement.
Non, je ne vois pas ce qui cloche. Ah si,
ça y est, je vois ! Je touche des primes et
ça, Xavier a dit que ce n'était pas normal
quand on a à peine 10 ha et guère plus
que trois biquettes ! C'est vrai quoi, 25
chèvres, c'est de la rigolade. Tout juste
un passe-temps ! Alors, pourquoi ces
gens qui, comme moi, prennent encore
du plaisir à exercer le métier de paysan et
qui en vivent devraient continuer à être
subventionnés comme les autres, qui
eux, croulent sous le travail et les annuités. Eux, ils en ont vraiment besoin. C'est
donc ça…
Pourtant entre les 2 500 euros annuels
qui me sont alloués et les sommes colossales versées à des agriculteurs
spéculateurs, je me permets de me poser
la question de qui en a le plus besoin. Ca
va, je comprends que l'on ne joue pas
dans la même cour d'école.
Pourtant, il y a encore peu de temps, je
recevais un courrier de Raymond Vial me
félicitant de contribuer au dynamisme et
au développement de l'agriculture sur
mon territoire et ce, grâce aux produits
que je propose. Ne savait-il pas alors que
mes 25 chèvres broutaient sur seulement
huit ha de prairies ? C'est à ne rien y
comprendre.
Pourquoi veulent-ils absolument éliminer la paysannerie ? C'est elle qui nous
nourrit depuis des millénaires. C'est encore elle qui nourrit la plupart des
peuples aujourd'hui et c'est grâce à elle
que nous pourrons survivre face à cette
agriculture industrielle polluante et destructrice. C'est aussi l'Agriculture
Paysanne qui contribue à nourrir sainement les consommateurs locaux, à
entretenir les paysages qui se ferment
peu à peu avec la diminution dramatique
du nombre de paysans sur notre territoire. Et c'est encore elle qui propose un
modèle d'agriculture innovant et durable
en termes de diversification agricole et
touristique.
Sans le statut d'agriculteur, ces projets
ne pourraient avoir lieu. A quoi ressembleraient nos villages, nos écoles sans la
paysannerie ? Il n'y a qu'à voir la tristesse
des plaines céréalières pour voir à qui
profite le plus l'argent public ! L'intérêt
collectif y est absent et l'isolement grandissant.
Non, c'est décidé, qu'ils le veuillent ou
non, je suis et resterai paysanne.
Stéphanie Moulin,
paysanne à Sauvain (42)
Article initialement paru dans le journal de la Confédération paysanne de la
Loire Solidarité Paysanne n°333, octobre 2013.
1 - Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture
Jean-Louis BARDET, un militant paysan
nous a quittés au printemps 2013
ploitants. Il n'a jamais cherché ni les
honneurs ni la notoriété.
Qui peut dire, aujourd’hui, qu’il n’a
pas trouvé sa porte et son cœur ouverts aux demandes exprimées ? Son
long combat contre la maladie, il l’a mené comme tous
ceux menés au cours de sa vie, sans bruit, avec courage
et détermination.
Généreux, souriant, fidèle, il a combattu l’injustice et
toujours pris la défense des plus faibles, que ce soit dans
le syndicalisme, les associations ou les engagements civiques. Parfois au détriment de ses propres intérêts.
Son combat a été la défense des paysans drômois, bien
souvent à contre-courant de la pensée majoritaire. Il a eu
le souci de la justice pour une meilleure répartition de la
terre entre agriculteurs, pour des aides qui ne soient pas
la prime aux plus forts, par sa volonté de démocratie, par
son combat pour le maintien du plus grand nombre d’ex-
Jacques Liotard
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Fête Paysanne 2013
Un succès malgré la météo mitigée !
L'édition 2013 de la fête Paysanne, le 8 septembre dernier à
Mirabel-et-Blacons, a été un succès malgré un temps menaçant
et une fin précipitée par la pluie !
Merci aux nombreux militants qui ont
aidé à la préparation la veille et le jour
même ! 200 repas (délicieux couscous)
ont été vendus, c'est autant qu'en
2012, quand le soleil brillait. Les paysans et sympathisants n'ont pas peur
de la pluie !
La Conf Drôme remercie les producteurs et les associations venus tenir un
stand et contribuer aux riches
échanges de la journée. Merci à Sylviane et Mathieu Reynard, qui ont
accueilli l'évènement sur l'aire naturelle
de camping de leur ferme. Merci enfin
aux soutiens du Conseil Général de la
Drôme, de la Chambre d'Agriculture de
la Drôme, de Groupama, du Crédit
Agricole, et à la Cave de Die Jaillance.
La fanfare Canal Chips et Les Damz'elles, pour le plaisir des oreilles !
(Lire également le compte rendu du débat en page 16)
Ça turbine en cuisine !
Confédération paysanne - 60, avenue Jean Rabot 26400 CREST
Tél: 04 75 25 21 72 - [email protected]
Directeur de publication: Jean-Louis Meurot - Imprimé au Crestois, 52 rue Sadi Carnot, 26400 Crest, sur papier “FSC Gestion durable des forêts”
Ont participé à ce numéro : Bruno Clavel, Vincent Delmas, Sylvie Fretigné, Anaïs Hammel, Margot Jobbé duval,
Jacques Liotard, Michelle Luneau, Jean-Louis Meurot, Jérôme Mougnoz, Sébastien Pelurson, Christine Riba. Merci à Solidarité
Paysanne et à la Conf 42 pour l'article de Stéphanie Moulin, et Olivier Chartrain du journal “La Terre”.
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Une nouvelle mandature à la Chambre d'agriculture,
quoi de neuf ?
En janvier dernier nous votions pour élire les représentants professionnels à la Chambre d'Agriculture. La première année de la nouvelle
mandature touche bientôt à sa fin, il est temps de faire un point sur ce
qui s'est déroulé. Retour sur les événements depuis l'installation des
nouveaux élus le 21 février 2013.
21 février 2013. Bourg-les-Valence.
C'est la première journée à la Chambre
d'agriculture pour la nouvelle mandature. À cette occasion, se déroulent les
votes pour élire, entre autres, le président, le bureau et le représentant à
l'APCA (Assemblée Permanente des
Chambres d'Agriculture = échelon national des chambres).
Pour mémoire, je rappelle ici que
j'étais ce jour-là le seul représentant élu
de la Conf' puisque Martin venait tout
juste d'être papa.
Au moment de passer à la présentation des candidats pour la présidence,
je suis intervenu pour demander si la
pluralité serait de mise au niveau de
l'exécutif lors de cette nouvelle mandature. Je me suis vu répondre que nous
n'en étions pas encore là, que la question serait débattue plus tard. La Conf'
n'a pas présenté de candidat mais a
soutenu celui de la coordination rurale
(CR). Sans surprise et comme annoncé
dans la presse départementale lors de
la campagne électorale, c'est la candidate du syndicat dit « majoritaire » qui
a été élue.
À la suite de cette élection interne, les
élus étaient sollicités pour valider une
délibération portant sur l'élargissement
du nombre des membres composant le
bureau, portant celui-ci de 9 à 11. Là
encore, j'ai posé la question de l'ouverture à la pluralité représentative.
Même réponse que précédemment, ce
n'est pas le bon moment pour demander. Cela veut-il dire que c'est non
alors ? Je crois que je commence à
comprendre ! Qu'à cela ne tienne,
puisque c'est comme ça on vote
contre. Et là, à ma grande surprise, seul
2 votes opposés à cette délibération
(moi + le MODEF) et un vote blanc. Vi-
siblement, la CR a voté pour, allez comprendre vous ?
Après ce vote, nous étions sollicités
pour approuver une délibération portant sur l'élection des membres du
bureau par scrutin de liste. La belle affaire ! Comment arriver ce jour-là avec
une liste de candidats quand on est
même pas au courant ? Bref... Je profite de cette nouvelle occasion pour
demander pour la troisième fois si l'ouverture sera de mise en ce début de
mandature et cette fois j'ai ma réponse : non merci monsieur nous
aurons pas besoin de vos services !
Cela se pressentait comme un nez au
milieu de la figure, il faut bien l'avouer.
C'est pas grave, alors on vote contre.
La CR, le MODEF et la CFDT ont fait
comme nous. J'ai souvenir que 2 autres personnes aussi mais sans
pouvoir dire de quel bord, désolé !
Après ça, nous sommes passés au
vote des membres du bureau. Même si
nous n'étions pas attendu pour y entrer, nous nous sommes toutefois
présentés, sans grande illusion il est
vrai mais on peut toujours y croire. La
CR a aussi présenté un candidat et chacun de nous a recueilli les voix de notre
camp. Je vous avoue que dans le cas
où cette élection nous aurait été favorable, je me serais fait un plaisir de
participer activement au sein du bureau
même s'il devait m'en coûter. Je pense
que l'expérience en vaudrait le détour.
Mais n'en parlons plus, c'est à présent
hors sujet.
Ensuite nous avons voté pour toute
une liste de représentativité extérieure :
APCA, les membres associés, etc... Là
non plus ce n'est pas pour nous et ce
n'est pas grave car nous n'avons pas
assez d'élus pour ça ! Toutefois et pour
information, je suis suppléant au
Conseil de centre du CFPPA de Die.
Une nouveauté toutefois nous est
présentée lors de cette session : l'ouverture des commissions de la
Chambre aux personnes non-élues
émanant des syndicats représentatifs,
en plus des élus bien sûr ! Cela peut
être une bonne manière d'entrer à la
Chambre pour essayer de faire passer
nos idées et un peu de notre vision de
l'agriculture. Mais à cet instant, nous
ne savons pas quelles commissions
seront mise en place ? Seront-elles les
mêmes que lors du précédent mandat
ou non ?
Nous voilà un mois plus tard, le 29
mars. Nous étions conviés à une demijournée de travail où il nous était
demandé de réfléchir ensemble sur les
points principaux sur lesquels il nous
semblait primordial que la Chambre
s'attarde. J'ai souvenir qu'en introduction à cette journée, la présidente nous
avait brossé un tableau assez pessimiste quant aux moyens dont la
Chambre allait disposer à présent. La
donne avait changé, cela laissait bien
des zones d'incertitudes sur les futurs
moyens d'action de la Chambre. Lancé
de la sorte, il ne semble pas évident
d'avoir les idées claires pour imaginer
l'avenir.
Le vendredi 14 juin, nous sommes invités a Chateauneuf du Rhône pour une
réunion de travail et la présentation du
projet stratégique de la mandature.
Trois jours de travail réalisé par le bureau de la CA et l'équipe de direction
pour fixer les lignes d'orientation de
cette mandature ont précédé ce rendez-vous.
En voici les grands axes :
1- Accompagnement de l'exploitant
aussi bien dans le domaine technique
qu'économique (proximité avec les exploitants, conseil, formation...)
2- Devenir acteur du développement
économique du monde rural (création
.../...
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Paysans de
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Drôme
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La vie du Syndicat
ou suivi de partenariat avec des
groupes ou des filières, devenir aussi
force de proposition...)
3- Promouvoir une agronomie à finalité économique et écologique
4- Encourager l'innovation et le transfert des connaissances (communiquer
et transférer les résultats d'expérimentation...)
5- Être un acteur majeur de l'aménagement du territoire (préserver le
foncier, prendre en compte la biodiversité…).
Mme Vial, présidente, a beaucoup insisté sur la disparition d'importantes
subventions et donc de revenus. Doiton apprendre à « vendre » nos savoirs
faire, nos études, etc ?
A terme les Chambres départementales d'Agriculture devraient disparaître
au profit des chambres régionales ;
Économie d'échelle ???
Nous avons aussi travaillé en petits
groupes pour voir quelles étaient les
différentes façons que nous avions de
percevoir le travail de la Chambre, ses
atouts et faiblesses, les actions à privilégier,
les
partenariats,
les
financements, la communication.
Ce qu’il en est ressorti, c'est le
manque de lisibilité et de visibilité du
travail de la CA, une absence de communication...
Le 24 septembre dernier, la session
réunissait les élus pour approuver le
budget modificatif. Rappelons que les
sessions de la Chambre ont lieu 3 fois
par an : une session en mars, une en
septembre et une en novembre.
Celle de septembre se déroulait dans
le « cinéma » du Crédit Agricole de Valence. Et oui, la banque qui a le bon
sens près de chez nous dispose à son
siège départemental d'une salle de
conférence (un auditorium) qui ferait
pâlir bien des propriétaires de salles de
cinéma ! On y est bien assis, c'est spacieux, très bien éclairé et l'équipement
sonore est de très bonne qualité. De
plus, l'établissement est doté de sa
propre cafétéria même si on peut
quelque part déplorer que celle-ci soit
approvisionnée par une grande entreprise qui fournit des repas aux
collectivités. Bref, nous étions comme
des coqs en pâte pour l'occasion mais
je ne crois pas que tout cela fut offert
par la banque. Du moins, je n'en ai pas
été informé.
Cette session avait son importance
pour nous car nous avions trois motions à présenter(1) et à défendre ce
jour-là. Deux sur l'élevage (bouclage
électronique et certification de la voie
mâle) et une sur les gaz et huiles de
schistes. Au sujet de la première, nous
l'avons présentée sans que cela aille
plus loin. En effet, du fait du contenu
de ce dossier, l'exécutif de la Chambre
estime qu'il est trop tard pour agir
puisque le début de la volonté de boucler électroniquement les animaux date
de 2007. Il n'est donc pas question de
le contester. Le résultat des votes sur
33 votants environ est : 4 voix pour, 4
abstentions, le reste est contre. La motion est donc rejetée.
Nous avons aussi présenté une motion sur la certification de la voie mâle.
À ma grande surprise, elle a reçu un
très bon accueil. Nous n'avons pas débattu longtemps dessus et le résultat
des votes est sans appel : il est unanime. Il est bon de rappeler toutefois
que c'est la version proposée par la
Chambre qui a été retenue. Version
moins argumentée que celle que nous
proposions mais dont l'objectif final est
le même. Nous avons demandé à ce
que soit tout de même précisé que tout
les schémas de sélection devaient être
préservés, ce qui comprend les sélections paysannes effectuées dans les
fermes.
Reste la dernière motion portant sur
les Gaz de schistes. Elle a plus fait parler que la précédente. Selon certains
élus, il est possible de mettre en doute
les informations qui circulent de ci de là
sur les risques potentiels que représentent l'exploitation de ces gaz. Un
autre argument, économique celui-là,
est mis en exergue selon lequel il serait
de bon ton de réfléchir à deux fois
avant de refuser d'exploiter ces ressources afin de ne pas se laisser trop
distancer par les pays qui ont fait le
choix de se lancer. Ne pas se donner les
moyens d'avoir accès à cette énergie
empêcherait notre pays de gagner en
autonomie donc l'oblige à devoir dépendre des autres et à devoir en
supporter les coûts.
Dans le même temps, une autre version de cette motion, proposée par la
Chambre, affiche des inquiétudes visà-vis de la qualité des eaux utilisées
pour l'agriculture et pour les productions sous signe de qualité (AOP, IGP,
AB). Cela est bien entendu contradictoire avec les arguments précédents.
Au final, après avoir débattu sur la
question, il est décidé de remettre à
plus tard le vote de cette motion. Pour
ce faire, des allers/retours entre nous
et la Chambre auront lieu pour trouver
les formulations qui puissent convenir
à chacun avec pour objectif une prise
de position qui prendra en compte la
protection des paysans, des terres et
des ressources mais aussi de l'environnement naturel et social. Car
n'oublions pas que l'exploitation des
ressources du sous-sol que sont les
gaz et huiles de schistes est néfaste en
de multiples points : risques sismiques,
pollutions des nappes souterraines et
des rivières, expropriations, détérioration des paysages, etc...
Au moment où cet article paraît, les
discussions ont encore lieu entre le bureau de la conf et celui de la chambre.
Il semble que les échanges de textes
s'orientent vers une version de la motion qui va dans le bon sens. Donc, je
vous donne rendez-vous dans le prochain numéro pour le dénouement de
cette histoire de motion très importante
pour l'avenir de nos campagnes. À suivre aussi, le résumé de la session du
22 novembre durant laquelle il sera
question, outre la question de la motion
citée ci-dessus, du budget prévisionnel
2014, d'une convention avec la MSA et
de l'organisation territoriale de la
Chambre d'agriculture.
Jérôme Mougnoz
et Michelle Luneau
(1) Voir textes en page suivante
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Motions présentées par la Conf Drôme lors de la
session Chambre d'Agriculture du 24 septembre 2013
1- Motion sur l'identification électronique
Les élus de la Chambre d'Agriculture de la Drôme demandent l'abrogation de l'article L. 653-6 du code rural.
Considérant :
-La nécessité d'une identification fiable comme base d'une
traçabilité efficace
-L'importance des petits troupeaux dans notre département
(60,2 % des élevages ont moins de 50 brebis et 52,3 % des
détenteurs de caprins ont moins de 20 chèvres1) dont la pérennité est importante pour le maintien de l'élevage sur tout
le territoire ; que la vie quotidienne de ces élevages nécessite la simplification des procédures administratives ;
-Le rapport récent du CGAAER 2 soulignant que le coût
d'installation et de lecture des puces électroniques, s'il peut
être rentabilisé dans les troupeaux à gros effectifs comme
outil de gestion, devient prohibitif dans les petits cheptels ;
-La lourdeur et la complexité de la mise en fiche électronique de l'ensemble des petits ruminants et de leurs
mouvements, qui sont en contradiction avec le besoin de
simplification administrative ;
-L'absence de preuve de l’innocuité des puces électroniques
vis-à-vis de la santé des animaux sur le long terme et l'absence de dispositifs de récupération et de traitement des
puces électroniques usagées (après la mort de l'animal) ;
-Et que ces deux derniers aspects sont contraires aux principes et à l'esprit de l'élevage biologique qui est en
développement dans notre département.
Les élus de la Chambre d'Agriculture de la Drôme demandent le libre choix pour les éleveurs sur le mode
électronique ou non d'identification de leurs animaux.
3- Motion sur les gaz de schiste
Considérant :
-La quantité d'eau nécessaire à chaque forage (10 000 à 15
000 m3 d'eau sont utilisés à chaque forage, chaque puits
pouvant être facturé jusqu'à 10 fois avant épuisement) qui
entraîne une compétition avec l'activité agricole pour le partage de la ressource en eau et fait peser une menace réelle
pour la productivité de l’agriculture des territoires concernés
(les gaz de schistes ont fortement contribué à la baisse de
30% de la production de maïs américain au cours de l’été
2012 par la spoliation des ressources en eau) ;
-La menace sur le foncier agricole, étant donné les surfaces
importantes qui seraient consommées par les puits (chaque
installation de derrick nécessitant 1 ha, avec le projet d'installer un puits tous les 300 m) et la circulation de milliers de
camions ;
-Les démarches de qualité entreprises par l'agriculture locale dans la valorisation durable des ressources naturelles et
dans la promotion des produits de terroirs (AOP, IGP, Agriculture Bio,...) ;
-La menace sur l'environnement constituée par les 500 à
600 produits chimiques injectés à chaque forage ;
-L'opposition massive des citoyens qui a conduit à l'interdiction actuelle en France de l'exploitation des gaz de schistes
au moyen de la fracturation hydraulique ;
-L'émission de gaz à effet de serre liée à l'extraction et à
l'utilisation des gaz de schistes, contribuant au réchauffement
climatique ;
-L'absence d'alternatives à l'heure actuelle à la fracturation
hydraulique (les autres méthodes proposées -utilisation de
gaz propane, arc électrique, chocs thermiques, air comprimé…- entraînant toujours des risques sismiques, une
forte pollution des nappes phréatiques, une destruction des
terres agricoles, une forte production de gaz à effet de serre) ;
Et dans un contexte d'attente de la réponse du Conseil
Constitutionnel sur la Question Prioritaire de Constitutionnalité (déposée par la Société texane SCHUEPBACH, associée
de GDF/SUEZ) et qui menace la loi de juillet 2011 interdisant
la fracturation hydraulique.
Les élus à la chambre d'agriculture demandent :
-Que la priorité soit donnée à la défense de nos ressources
(notre terre, l'eau), notre agriculture, nos vignobles et nos
paysages ;
-Que l’État maintienne l'interdiction de l’exploration et de
l’exploitation des gaz et huiles de schiste ;
-La mise en œuvre une véritable Transition Énergétique.
La Chambre d’Agriculture de la Drôme fera tout pour défendre ces positions auprès des instances compétentes,
afin d’empêcher tous les projets de forages dans notre département, et obtenir l’interdiction de l’exploration et de
l’exploitation des gaz et huiles de schiste en France.
2- Motion sur la certification de la voie mâle
Considérant :
-Que la notion de certification de la voie mâle (article L. 6536 de la Loi d'orientation Agricole de 2006) est non précisée
à ce jour ;
-L'intérêt de la préservation de la diversité génétique dont
le socle réside sur l'ensemble des reproducteurs mâles et femelles, de tous les cheptels de ruminants ;
-Que l'adhésion des éleveurs à un schéma de sélection doit
résulter d'un libre choix de l'éleveur compte-tenu de l'impact
de la sélection sur la vie du troupeau et l'économie de l'exploitation ;
-Que la diversité génétique, son maintien et son amélioration, passent par la diversité des choix et des voies de la
sélection, que cela a pour conséquence la nécessité pour
l'éleveur de pouvoir vendre, acheter ou échanger librement
des animaux reproducteurs et que cette disposition permet
de libérer les initiatives en faveur de l'amélioration génétique ;
-Que le capital génétique des espèces domestiques élevées
résulte du travail de sélection d'innombrables générations
d'éleveurs, qu'il est leur bien commun et ne saurait être accaparé et confisqué au moyen de brevets de propriété
intellectuelle par des entreprises intervenant dans le domaine
génétique.
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11
Questions
La vie du juridiques
Syndicat
Reconnaissance du bail à ferme
Succès juridique au Tribunal Paritaire des Baux Ruraux
En 2008, Fred Maier cherche à s'installer en plantes aromatiques et médicinales.
D'origine allemande, il est en lien avec un compatriote, qui a
une propriété dans la Drôme, à Bouvières. Des liens de
confiance se tissent entre eux pour aboutir à la possibilité pour
Fred d'envisager son installation à Bouvières sur une surface
de 4 ha. Les parcelles en question ne sont pas travaillées depuis très longtemps et donc largement embroussaillées avec
des débris de clôture. Un accord oral est passé avec le propriétaire : remettre en état les parcelles pour pouvoir les
travailler, avec la possibilité d'un hébergement dans leur maison.
La maison est sommaire et l'hébergement consiste en une
chambre/bureau, un espace cuisine, un séjour et des sanitaires
à l'extérieur (seule la chambre/bureau est à usage personnel,
le reste étant à vivre en cohabitation avec les propriétaires et
leurs amis et famille quand ils sont là).
Fred s'attaque de pied ferme à la remise en état des lieux,
aidé par un voisin éleveur équipé d'un broyeur et qui le trouve
courageux dans sa démarche.
Au mois d'août les accords oraux passés avec le propriétaire
sont concrétisés par des écrits. Un bail à ferme est établi sans
mentionner le montant du loyer, puisque les accords oraux
entre les 2 parties étaient que : la location des 4 premières années se traduiraient par la remise en état des parcelles et du
bâtiment d'exploitation à utiliser comme séchoir.
Fred investit pour la remise en état du bâtiment dont il refait
le plancher.
En 2010, le propriétaire établit un supplément au bail de 2008
qui indique une prolongation jusqu'en 2022.
Mais en 2011, l'ambiance entre Fred Maier et son propriétaire se détériore. La famille du propriétaire (habitant en
Allemagne) est de plus en plus présente sur place ; les parcelles sont exploitées, donc nettoyées de toutes broussailles.
Fred se sent de trop dans les lieux et ceci se concrétise par un
courrier qu'il reçoit fin 2011. Ce courrier signé du service juridique de la FDSEA, lui signifie qu'il doit quitter les lieux puisque
sa présence est considérée « comme une intrusion dans la vie
privée des propriétaires ».
Fred en parle à son voisin qui interpelle alors le CAJ.
Après une visite sur le terrain, une rencontre est organisée
sur la ferme en présence des propriétaires (accompagnés par
la juriste FDSEA) et ce pour essayer de comprendre le revirement de situation.
Entre temps Fred a décidé de ne plus habiter sur place, trouvant un logement sur Bouvières (6 km).
La rencontre n'est pas fructueuse et n'aboutit qu'à un dos à
dos entre les 2 parties. Les propriétaires ne reconnaissent pas
le bail à ferme et les engagements oraux pris en 2008, arguant
du fait qu'en Allemagne le droit n'est pas le même qu'ici.
Plusieurs rencontres vont être nécessaires entre Fred et
l'équipe du CAJ Drôme pour prendre la décision d'interpeller le
TPBR1 ; la médiation n'ayant pas abouti et les relations avec le
propriétaire devenant de plus en plus tendues.
Fred évolue de plus en plus en milieu hostile. Les locaux professionnels sont utilisés et encombrés par le propriétaire,
l'accès aux parcelles rendu difficile par la présence de véhicules, etc...
Le TPBR de Valence est donc saisi pour faire constater l'existence d'un bail à ferme, fixer le montant du fermage et libérer
le bâtiment d'exploitation.
De novembre 2012 (saisine du TPBR) à octobre 2013 (rendu
du jugement), il faudra plusieurs déplacements au tribunal pour
une tentative de conciliation, infructueuse et différents reports
d'audience (documents fournis trop tard, absences de la partie adverse).
Pendant ce temps, le CAJ invite Fred à recueillir des témoignages confortant son installation.
Cette période lui sera particulièrement difficile à vivre à cause
du harcèlement continuel du propriétaire. L'équipe du CAJ a
été présente dans ces moments pour accompagner et redonner courage à Fred.
Aujourd'hui, le jugement rendu lui a été favorable, reconnaissant son installation avec un bail en bonne et due forme. Il
va falloir maintenant réapprendre à vivre en bonne intelligence,
en confiance.
Le plus difficile pour Fred a été certainement de sortir de son
isolement pour exprimer sa situation.
L'équipe du CAJ lui a permis de ne plus se sentir seul et de
se prendre en charge dans ce conflit.
Bruno Clavel, ancien éleveur caprin à Suze-sur-Crest
1- TPBR : Tribunal Paritaire des Baux Ruraux
Agenda du CAJ
Dates des permanences à venir :
- Permanence de décembre : 9 décembre matin, puis de
14h à 17h : formation « agir le droit », ouverte à tous les
militants, pour découvrir une approche alternative du
droit issue de pratiques populaires, participatives et collectives - sur inscription au 04 75 25 10 50 ou
[email protected].
- Premier trimestre 2014 : permanences les lundis 6 janvier, 3 février, 3 mars, sur rendez-vous au 04 75 25 10 50.
- L'Assemblée Générale du CAJ Drôme aura lieu le 7 avril
après-midi (le matin, une permanence sera assurée pour
les rendez-vous juridiques).
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La vie du juridiques
Syndicat
Questions
Augmentation de l’indice des fermages 2013 :
rien à voir avec la réalité
Indice des fermages 2013 : + 2,63 %.
Un arrêté du 5 août dernier (publié au Journal Officiel du 10 août 2013)
a fixé définitivement l'indice des fermages qui sera applicable à compter du 28 septembre prochain.
Cet indice est de 106,68 soit une progression de 2,63 % sur un an. Depuis
2010, cet indice est un indice national
qui est composé à 60 % de l'indice du
RBEA(1) à l'ha et à 40 % par l'indice du
prix PIB(2). On constate que, depuis trois
ans, l'indice des fermages subit une
hausse significative et constante, à l'exception de sa première année
d'application. Force est de constater
que c'est essentiellement le RBEA qui
accentue cette augmentation puisque
dans la période 2009-2013, il a progressé de plus de 8 %. L'indice du prix
PIB augmente moitié moins. Or, sur nos
exploitations, surtout en productions
animales, le revenu n'évolue certes pas
à la même vitesse. C'est tout le problème d'un indice national qui englobe
le revenu du producteur porcin ou avicole, confronté à la crise, et celui de
céréaliers privilégiés dans le contexte
actuel. Cela nous amène à nous interroger sur les fondements de cet indice qui
n'a rien à voir avec la réalité à laquelle
se trouvent confrontés certains agriculteurs, plus particulièrement dans les
zones d'élevage.
Pour le reste, nous vous rappelons
que l'indice s'applique uniquement à la
part du montant du fermage relative aux
terres et bâtiments d’exploitation fixée
en monnaie. Pour cette partie du fermage, on prend donc le fermage (hors
taxes) payé pour l'année 2012 auquel
on ajoute 2,63 %, cela donne le fermage
payable à l'automne 2013. La part de
taxes foncières s'ajoutant éventuellement au tout. Pour la part de fermage
correspondant aux habitations, il faut
appliquer l’indice de référence du loyer
pour actualiser cette part du fermage.
Pour les fermages fixés en denrées
(cultures pérennes listées par arrêté
préfectoral), il faut appliquer à la quantité de denrées, la valeur de la denrée
fixée par le dernier arrêté préfectoral annuel.
Sylvie Frétigné,
Juriste à la Confédération paysanne
de Loire-Atlantique
1 Revenu Brut d'Entreprise Agricole
2 Produit Intérieur Brut
Installation
En projet L'activité minimum d'assujettissement (AMA)
remplacerait la SMI
Suite aux assises de l'installation, et
dans le cadre de la préparation de la Loi
d'Avenir Agricole (en discussion cet
hiver au Sénat et à l'Assemblée Nationale), une disposition remplacera la
SMI en 2015 : L’activité minimum d’assujettissement (AMA). Ainsi, le foncier
ne sera plus la référence comme critère
d'adhésion à l'AMEXA (Assurance Maladie des Exploitants Agricoles).
Objectifs :
Supprimer la notion de SMI, obsolète,
pour prendre en compte toute la variété
des activités qui font qu’une exploitation atteint une dimension économique
viable.
La remplacer par l’AMA qui prend en
compte à la fois les activités de production, liées aux surfaces, mais aussi les
activités de transformation, de commercialisation et d’agro-tourisme, en
s’appuyant pour le faire sur le temps de
travail de ces activités de prolongement.
De plus un critère de revenu est introduit.
L’AMA sera utilisé comme critère pour
l’assujettissement AMEXA, et par voie
de conséquence donnera accès aux
aides à l’installation notamment.
Source : http://agriculture.gouv.fr/installation
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La vie
Installation
du Syndicat
Des Brebis Préalpes aux Manechs tête noire,
une transmission en douceur
Entretien avec Gaëlle et Jean-Michel Couton, et Michel Chaix
Gaëlle et Jean-Michel sont arrivés en juillet sur la
ferme de Michel Chaix, à Boulc. Gaëlle est en stage
reprise et reprend un troupeau de brebis manech
tête noire, venu du Lot pour se lancer dans la fabrication de fromages.
LMH : Racontez-nous vos parcours...
Michel : Je voulais louer ma ferme à un jeune. Mon fils est parti
faire des vignes à Châtillon, je ne veux pas vieillir tout seul ici. Je
voulais du monde autour, il n'y a plus de paysans aux Avondons aujourd'hui. J'ai essayé de trouver des repreneurs, mon neveu, un
ami des voisins... Je cherchais quelqu'un en brebis laitières, car en
brebis viande, pour en vivre il faut 300 bêtes et je n'ai pas la surface, et en chèvres c'est saturé.
Gaëlle : Je me suis réveillée en 2008. J'ai réalisé un jour qu'en
fait, ce que je voulais faire, c'est être paysanne. Mes parents
m'avaient toujours dit « continue tes études », et donc je suis devenue biologiste. Comme je viens de la mer, j'ai travaillé en biologie
marine. Mais il est arrivé un moment où je n'étais plus en adéquation avec mes idées. Alors je suis rentrée un soir et j'ai dit : « je
veux élever des brebis et faire des yaourts ».
J'ai démissionné et on est partis tous les quatre, avec les deux enfants, pour que je fasse une formation au Pays Basque.
Jean-Michel : En 2009, j'avais commencé à travailler comme
auto-entrepreneur dans le bâtiment. Quand Gaëlle a décidé de faire
cette formation, j'ai préparé un gros potager et j'ai fait des chantiers
pour avoir un peu d'argent d'avance. Grâce à cela, on a pu assurer
le quotidien pendant les six mois de la formation. Je me suis occupé des enfants, j'ai fait l'école à la maison.
on a eu d'autres projets d'association, des recherches de terre,
dans les piémonts des massifs français. Pendant ces prospections
on s'est rendu compte que pour acheter une ferme, il fallait être
millionnaire ! Mais cette recherche nous a aussi permis de savoir
ce qu'on ne voulait pas. Entre autres, on a réalisé qu'on ne voulait
pas être propriétaires.
Michel : Je ne veux pas vendre. J'ai des petits-enfants, et dans
vingt ans ils auront peut-être besoin d'un bout de terre pour manger, pour faire un jardin, mettre deux cochons. Jean-Michel va
entretenir les terres pour les prochains, mais je veux que mes petits-enfants puissent aussi faire partie des prochains.
Après, si Gaëlle et Jean-Michel ont besoin d'un terrain pour
construire une maison, cela peut tout à fait s'envisager.
LMH : C'est vrai que tu as déjà permis à une famille de s'installer et de construire sa maison...
Gaëlle : En avril 2013, tu nous as appelés pour nous parler de la
ferme de Michel, et à partir de là tout est allé très vite. On est venus
trois jours à Pâques, Michel nous a montré la ferme, les terres, les
bâtiments. Cela correspondait exactement à ce qu'on voulait. Il
nous a aussi fait rencontrer les voisins du hameau. Au bout de trois
jours on était décidés ! Je suis revenue une semaine au printemps,
et nous nous sommes installés dans l'été.
LMH : Et comment en êtes-vous arrivés à vous rencontrer ?
Michel : Je t'avais parlé de mon envie de transmettre. Et je t'avais
dit que si tu connaissais des gens...
Gaëlle : Après la formation, on avait des contacts, on a eu un
premier projet d'association qui finalement n'a pas abouti. Cette
expérience nous a permis de réaliser qu'avec peu de moyens, sur
un système techniquement bien pensé, on pouvait s'en sortir. Après
LMH : Comment s'organise la transmission ?
Gaëlle : Je suis en stage reprise depuis le 15 juillet, et jusqu'au
15 janvier. Je devrais passer en CDOA en novembre, mais ce n'est
pas facile de faire entendre notre projet : un petit troupeau, une
race rustique. Je ne demande pourtant même pas de prêts,
puisqu'on achète tout d'occasion ! En fait, le gros morceau de notre
installation, c'est la fromagerie.
Michel : Cette année, j'ai été polyvalent, à la demande du client !
Pour ne pas perdre la certification bio et les DPU, j'ai fait un bail à
mon fils, et on transmettra ensuite le bail à Gaëlle. Du coup, j'ai fait
les foins au printemps pour préparer son arrivée. Pendant l'été, j'ai
réparé la maison de ma mère pour que Gaëlle, Jean-Michel et les
enfants puissent y habiter. Et puis j'ai donné des coups de main
tout l'été à l'auberge du village...
Gaëlle : Le gros morceau de la transmission, cela va être sur la
chaîne de culture, sur les foins...
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La vie
Installation
du Syndicat
Michel : Eh oui. En attendant, je leur ai semé des céréales, pour
l'année prochaine. En tout cas, il va falloir qu'ils se mettent aux
foins !
LMH : Comment penses-tu organiser ta production et ton marché, Gaëlle ?
Gaëlle : Les premières mise-bas devraient commencer vers le
15 février. Cela veut dire qu'il faudra que je commence la fromagerie mi-mars. Le souci, c'est de faire une étude de marché sans avoir
les produits ! On a une piste pour vendre dans les Hautes-Alpes,
dans un magasin de producteurs. Dans l'idéal, j'aimerais bien faire
un marché, par exemple celui de Châtillon le vendredi, et puis compléter avec deux points de vente collectifs. Le marché, c'est une
contrainte, mais c'est bien pour rencontrer les gens.
Je voudrais faire de la tomme et de la pâte persillée. Pour cela je
vais aller faire une formation à Carmejane en novembre.
Gaëlle : Ce lieu nous a plu parce qu'il y a une ambiance humaine
forte. Michel avait lancé un potager pour nous, d'autres voisins
avaient semé des patates, des oignons, pour qu'on ne manque de
rien en arrivant... Et puis, au-delà du hameau, on sent aussi qu'il y
a une entente possible avec les autres fromagers. On est allés les
rencontrer, ils nous ont offert leurs conseils, leur aide. C'est important !
LMH : Assurément, c'est une belle transmission... Bonne installation !
LMH : C'est quoi pour vous, l'engagement ? Comment vous
voulez le vivre dans votre installation ?
Jean-Michel : Pour nous, s'installer c'est aussi faire un choix de
vie pour une tranche de vie. On vit sur notre lieu de travail, on ne
veut plus prendre la voiture pour aller travailler. Et puis on n'avait
plus envie d'avoir un patron sur le dos.
Michel : Mais là, c'est l'administration que tu vas avoir sur le
dos !
Propos recueillis par
Margot Jobbé duval
Avec Albert Jacquart...
la dignité et à pouvoir vivre ici. Au
cours des dernières décennies, Albert
Jacquart avait approfondi sa pensée
au contact des luttes dans lesquelles il
s'était immergé. Confronté à l'oppression et à l'exploitation des hommes, il
s'était radicalisé de plus en plus ; alors que souvent, les
hommes politiques, les syndicalistes ou les intellectuels
s'embourgeoisent au fil des années car ils ne partagent plus
les souffrances et les combats de la base sociale et ils ne
sont plus avec nous. Merci Albert Jacquart pour ta générosité, ta pensée humaniste et les moments de fraternité
partagée.
Le témoignage de Albert Jacquart au tribunal Correctionnel lors du procès des « Dix de Valence » en janvier 2002 fut
un grand moment de l'audience : lui, le scientifique, généticien de surcroît rappelait à la cour le nécessaire respect du
principe de précaution face aux incertitudes et aux méconnaissances de la science ; attitude ô combien d'humilité pour
un savant ! Et cette humilité participait à sa grandeur d'âme,
lui permettant d'être à la fois généreux et de nourrir une pensée lumineuse. Nous avons perdu un ami et un compagnon
de lutte. Albert Jacquart a eu le courage de quitter le confort
de son laboratoire pour rejoindre sur le terrain les paysans,
les personnes expulsées de leur logement et surtout les
« sans papier » dans leur action pour recouvrer leur droit à
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La viesociales
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Questions
Sciences et agriculture : un malentendu ?
Débat de la Fête de la Conf' 2013, le 8 septembre dernier
« L’expertise scientifique », soi-disant infaillible, sert aujourd'hui de
justificatif à toutes les nouvelles réglementations qui nous sont imposées : « les OGM ce n'est pas dangereux, ce n'est pas prouvé
scientifiquement » ! Mais les connaissances produites par la recherche
scientifique sont nécessairement fragmentaires, la science n'étant pas
en mesure d'embrasser toute la complexité du vivant. Et au moment
d'élaborer des lois ou des réglementations, les pouvoirs publics ne
retiennent de la science que ce qui est intéressant pour eux, ce qui
sert leur propos. Quatre acteurs du débat entre la science et l'agriculture se sont retrouvés pour discuter de cela, et des nouveaux rapports
qui peuvent être imaginés entre ces deux mondes.
Jean-Louis Meurot a tout d'abord entrepris des études scientifiques. Puis il a
travaillé avec un berger qui gérait un élevage communal : celui-ci lui a transmis des
connaissances traditionnelles pour soigner
une mammite, sans médicaments, sans
antibiotiques. Aujourd'hui, le recours aux
vétérinaires est systématique. Jean-Louis
a assisté très concrètement à la perte d'un
savoir-faire qui n'était pas fondé sur des
connaissances scientifiques.
Jocelyne Porcher est sociologue, elle
travaille sur la question de la souffrance au
travail, en particulier en élevage. Dans son
dernier ouvrage1, elle explique comment la
zootechnie s'est constituée comme une
science qui a aussi construit l'élevage d'aujourd'hui, un élevage basé sur les
« productions animales », et qui ne regarde
l'animal que du point de vue de sa rentabilité économique.
Les rapports entre la science et l'agriculture sont liés à l'émergence du capitalisme
au XIXème siècle. On assiste alors à la
création de LA science comme institution,
avec des évaluations, des personnes qui
sont payées pour faire « faire de la
science ». Dès ce moment, les savants et
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les travailleurs se retrouvent séparés, et
n'ont que des contacts ponctuels. Ainsi, en
faisant de la science une institution, on sépare le travail intellectuel du travail manuel,
et on construit une recherche qui ne part
pas du terrain, mais des chercheurs. Les
« productions animales » sont pensées par
les chercheurs et les techniciens, et ce sont
eux aussi qui dictent les procédures, les
manières de faire.
La zootechnie, « science des productions
animales », est créée (par les agronomes
et les vétérinaires) lorsqu'on cherche à
mettre l'élevage au service du capitalisme
naissant : comment transformer l'élevage
pour que les animaux deviennent rentables,
pour que l'industrie puisse prendre en
main l'élevage ? Avec l'émergence de la
zootechnie, les paysans perdent la main
sur leurs animaux et sur leur travail.
Pour que l'animal devienne rentable et
que l'élevage se mette au service de l'industrie, les zootechniciens, qui ne
connaissaient même pas l'élevage, élaborent une théorie, un nouveau système de
pensée qui permet de justifier ce changement. L'animal devient une machine au
service de la production, la nature devient
un réservoir de ressources dans lequel il
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faut puiser (comme dans une mine), et le
paysan disparaît. Il n'est plus qu'un instrument chargé d'assurer la production.
Alors qu'avant la rationalité première du
travail était la vie, le fait de vivre avec les
animaux, de s'en nourrir, de cultiver la terre
avec eux, d'entretenir l'espace, les choses
changent radicalement dès 1850. La zootechnie, donc la science, a dorénavant pour
mission de rechercher le profit que peuvent
fournir les animaux d'élevage, et cette recherche du profit constitue la base du
rapport à la nature et aux animaux. Pour
que la production et la rentabilité de l'animal puissent vraiment passer en premier,
on spécialise les animaux, et les gens qui
travaillent avec eux. Pour que cette spécialisation devienne vraiment effective, il
faudra attendre les années 1945 et l'invention de la vitamine D synthétique et des
antibiotiques chimiques : grâce à ces produits, on peut entasser les animaux et les
maintenir en vie le temps de leur engraissement. On peut donc vraiment traiter les
animaux comme des machines. La réflexion sur le « bien-être animal », dans les
années 1970-1980, ne remet d'ailleurs pas
en cause l'élevage industriel : on continue
à traiter les animaux comme des machines,
mais on reconnaît qu'ils sont sensibles et
qu'il faut donc faire attention à eux !
Le but final de la zootechnie, c'est d'extraire de la matière animale au moindre
coût et le plus vite possible. Dans l'élevage
industriel, la viande n'est pas produite pour
nourrir les gens, mais pour générer du profit. Aujourd'hui, avec les nouvelles
technologies, on arrive à extraire de la matière animale sans les animaux : avec la
viande in vitro, on arrive donc au bout de
la logique industrielle !
Pour Jocelyne Porcher, la construction de
nouveaux rapports entre la science et
l'agriculture passe d'abord par un rappro.../...
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Questions
La vie du Syndicat
sociales
chement entre les consommateurs et les
agriculteurs : il faut avant tout que les gens,
la société, comprennent que les agriculteurs, à la différence des industriels,
produisent de la vie, et que cette vie est
entre autres liée aux animaux d'élevage.
Les animaux, ce sont un peu des « empêcheurs de penser en rond » : c'est grâce à
eux qu'on se rappelle que la mort existe, et
donc que la vie aussi existe.
Valérie Abatzian est technicienne indépendante, elle travaille depuis 20 ans sur
les semences. Les mêmes processus que
ceux décrits par Jocelyne Porcher sont à
l’œuvre dans le monde végétal : tous les efforts des industriels ont visé à
désapproprier les agriculteurs de leurs savoir-faire.
Valérie a travaillé à la création de variétés
hybrides de tomates. Au cours de cette période, elle a pu voir comment la recherche
sur la tomate glissait d'une connaissance
de la plante vers une connaissance de la
biologie moléculaire. Et puis l'INRA a lancé
un programme de recherche pour retrouver le goût de la tomate ! Alors que depuis
20 ans on avait tout fait pour rendre les tomates immangeables...
Du coup Valérie a entrepris une formation en Agriculture Biologique, et est
passée du côté des semences paysannes.
Elle a inventé son métier, un nouveau métier. Traditionnellement, le technicien fait le
lien entre le chercheur « qui sait » et l'agriculteur « qui ne sait rien ». Mais Valérie
était au contraire admirative de la connaissance qui existe chez les agriculteurs, et
elle a cherché à mettre en avant leurs compétences. Comment produit-on de la
connaissance ? Au niveau individuel tout
d'abord : chaque paysan expérimente chez
lui et produit sa propre connaissance. Cette
connaissance individuelle se nourrit ensuite de rencontres, et participe à
construire de la connaissance collective.
Les journées de formation que Valérie
anime sont en fait des journées de production de connaissance collective. Ces
connaissances doivent ensuite être transmises, diffusées, et c'est là aussi qu'elle
agit.
Valérie, administratrice du Réseau Semences Paysannes, est fortement
impliquée dans les programmes de sélection participative. Comment on améliore,
on adapte ses variétés à son environnement ? Les agriculteurs sont parfois
confrontés à des problématiques qu'ils ne
peuvent résoudre seuls. Le Réseau Semences Paysannes a mis en place des
partenariats avec divers chercheurs pour
réfléchir ensemble à ces problématiques,
et apporter des réponses concrètes, en
phase avec les problématiques rencontrées
par les agriculteurs. Chercheurs et paysans
prennent le temps de s'apprivoiser, d'apprendre à parler avec les mêmes mots. Le
chercheur va ensuite utiliser son langage
scientifique et ses arguments scientifiques
pour crédibiliser ce que le paysan sait depuis toujours, ou ce qu'il expérimente de
manière intuitive dans son champ. Trois
chercheurs sont particulièrement impliqués
dans ce travail : Véronique Chable, Isabelle
Goldringer et Laurent Hazard. Mais ces
chercheurs deviennent alors souvent marginaux dans leurs laboratoires, car ils ne
répondent plus à la logique actuelle des
instituts de recherche...
Laurent Marseille est un nouveau paysan, installé en maraîchage biologique. Son
approche, très intuitive, s'appuie sur les savoirs de ses voisins, des « anciens », qu'il
interroge, questionne. Pour lui, l'observation continue de son jardin, des plantes,
tout au long de la journée, constitue la clef
de l'agriculture paysanne...
Propos recueillis
par Margot Jobbé duval
Un suicide tous les deux jours chez les agriculteurs
485 exploitants ont mis fin à leurs jours en trois ans
décès-invalidité présentent des clauses qui
excluent les décès par suicide.
L'Institut National de Veille Sanitaire (INVS) vient de publier les premiers résultats d'une étude sur le suicide des agriculteurs. Cette étude
a porté sur les années 2007 à 2009 avec le concours de la MSA. Elle
montre que 485 agriculteurs ont mis fin à leurs jours sur cette période, soit près d'un tous les deux jours.
C'est la 3ème cause de décès des agriculteurs après les cancers et les maladies
cardiovasculaires. Il y a un excès de mortalité par suicide de l'ordre de 20 % par
comparaison avec la population générale
française. Le secteur des éleveurs de bovins laitiers est le plus touché. Alors qu'il
représente 20 % de la population agricole
étudiée, il totalise le quart des suicides.
L'étude établit clairement un lien entre les
suicides et les difficultés économiques.
C'est ainsi que l'élevage a été particulièrement touché par les difficultés
économiques en 2008 et 2009.
La préoccupation des caisses de MSA est
d'identifier les facteurs de risques pour
prévenir les passages à l'acte. Dans le
« L'amour est dans le pré, la corde est
accrochée dans la grange »
Tel était le slogan (parmi d'autres) repris
par les militants lors de l'occupation du site
national de l'ASP à Limoges (voir page 8).
cadre du plan de lutte contre le suicide en
Au-delà du charme bucolique de la cammilieu agricole (2011-2014), une trentaine
pagne qui émane de l'émission de
de caisses de MSA ont mis en place des
téléréalité, il y a la réalité des contraintes
cellules d'assistantes sociales, de médeéconomiques et notamment les consécins et de psychologues. En 2012, elles ont
quences désastreuses de l'application des
détecté 408 situations de fragilisation dont
règles de la conditionnalité des aides PAC :
144 cas jugés graves. La MSA prend en
des milliers d'euros en moins sur ces aides
charge des consultations auprès de psyet ça peut être le basculement vers la failchologues.
lite de l'exploitation. C'est le piège des
aides, mais c'est un parmi d'autres qui
La réalité des suicides chez les agriculsont générés par le système productiviste.
teurs est probablement plus grave que
Le paysan se sent coincé par les emprunts
l'étude de l'INVS ne le révèle. Une partie
bancaires, les prix bas des matières predes suicides est déclarée en accident du
mières agricoles, les contraintes
travail et n'apparaît pas dans les chiffres.
administratives, etc.
En effet, il y a souvent des emprunts imIl ressent un mal-être qui est l'aboutisseI N F O R M AT
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portants et les contrats
d'assurance
ment d'un constat d'impuissance et de
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Novembre
Décembre
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Questions sociales
paralysie face au déferlement des difficultés. Sa vie professionnelle est perçue
comme un échec et sans issue, particulièrement dans la période d'age 50-60 ans,
alors que les changements de cap apparaissent impossibles.
Mais il est un autre facteur dont on doit
tenir compte pour comprendre les taux de
suicide élevés chez les éleveurs : c'est celui
de l'altération du lien entre les éleveurs et
leurs animaux. Le recours aux méthodes
de l'élevage productiviste et industriel
change les rapports entretenus entre l'éleveur et ses bêtes. Elles tendent à devenir
des numéros, des machines à produire et
non plus des partenaires de la vie de la
ferme et du travail. Le « courant » ne passe
plus entre l'éleveur et ses bêtes. L'énergie
ne passe plus du troupeau vers l'éleveur.
C'est alors que la tristesse, la déprime, la
détresse envahissent le vécu de l'éleveur.
Le suicide peut survenir au bout de cette
évolution mentale.
La prédation par les loups aggrave la
situation déprimante ressentie par les
éleveurs.
Dans les départements alpins, les attaques de troupeaux par les loups créent
des situations de détresse des éleveurs : il
y a la détérioration de la situation économique des troupeaux, l’accroissement du
travail des éleveurs mais aussi le vécu dramatique de ces épreuves. C'est pourquoi la
MSA de la Drôme et celle de l'Ardèche ont
réalisé un petit film qui explique aux éleveurs concernés l'utilité de ne pas rester
seuls et de faire appel aux structures de
soutien psychologiques qu'elles organisent.
Pour visionner le film (9 min 30), taper
sur internet :
http://www.dailymotion.com/video/xwgn
15_eleveurs-les-morsures-invisibles_news
Sources : étude de l'INVS, journal Le
Monde, 12 octobre 2013
JLM
Solidarité Paysans
L'association Solidarité Paysans met
en œuvre des moyens pour surmonter
les difficultés économiques qui peuvent
survenir dans une exploitation, dans un
contexte de solidarité et d'écoute. Prendre du recul pour comprendre une
situation difficile, émettre des pistes de
solution, éclairer les choix à faire en tenant compte des désirs et souhaits des
paysans. Ne pas hésiter à les contacter :
Solidarité Paysans Drôme-Ardèche
Z.I. Grangeneuve – Rue Jean Rostand
26800 Portes-lès-Valence
04 75 25 88 64
[email protected]
Ré-écoutez l'émission de France Inter « Le téléphone sonne » du 28 octobre 2013 sur le suicide
des agriculteurs :
http://www.franceinter.fr/emission-le-telephonesonne-le-suicide-des-agriculteurs
Agriculture paysanne
Soins par les plantes
L'utilisation des plantes médicinales est aujourd'hui
menacée par les nouvelles réglementations
Depuis des siècles, les paysans connaissent les plantes et leurs
usages pour les soins aux animaux, notamment dans un but thérapeutique (viser la guérison d'un animal malade). Cette connaissance
était transmise oralement. Elle concernait aussi les soins aux humains.
Il s'agissait de savoirs et de savoir-faire (faire des abcès de fixation sur
des bêtes infectées, traiter des boiteries, des membres brisés, aider
des bêtes à mettre bas...) qui ont été en partie délaissés avec l'essor
de l'élevage productiviste qui s'est accompagné du recours massif
aux médicaments chimiques de synthèse prescrits par des vétérinaires.
Les éleveurs manifestent un intérêt nouveau pour l'utilisation des plantes en lien
avec le développement de l'agriculture biologique et les difficultés rencontrées dans
l'utilisation des médicaments chimiques
(temps d'attente des produits, coûts, obligation de la prescription vétérinaire).
Ce renouveau s'accompagne souvent
d'une remise en cause des méthodes productivistes : alimentation industrielle ne
répondant pas aux besoins physiologiques
18
des animaux, accélération des rythmes de
reproduction... Une attention plus grande
est portée à la satisfaction des besoins des
bêtes par le pâturage (pour les ruminants)
et la complémentation alimentaire.
Des dispositions réglementaires nouvelles, prises au niveau de l'Europe ou par
le gouvernement français, risquent d'entraver l'utilisation jusqu'ici libre des
plantes. C'est ainsi que le règlement
I N F O R M AT I O N S S Y N D I C A L E S
INFORMATIONS SYNDICALES
n°230/2013 de l'UE, relatif aux additifs en
alimentation animale, supprime la possibilité d'utilisation libre des plantes
médicinales comme compléments alimentaires ; cela concerne un très grand nombre
de remèdes populaires majeurs, comme
les teintures d'Arnica, de Calendula ou d'Alchemille.
Pour être en règle avec la loi, l'éleveur
devra s'adresser au circuit de la pharmacie, ce qui veut dire pour des produits à
base de plante ayant une AMM1 (qui sont
très rares) ou prescrits par un vétérinaire
(préparation magistrale). Or on sait que
pour beaucoup de plantes, il n'y a pas de
frontière entre apport alimentaire et action
thérapeutique. C'est ainsi qu'à l'automne
les brebis ou les chèvres, les ânes,
consomment des cynorrhodons (baies
d'églantier) qui les nourrissent et les soignent. Sans parler des innombrables
plantes présentes sur les parcours, dans
les bois et les prairies naturelles qui purgent les bêtes (buis, fougères, prêles, etc.).
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2013
- La Mauvaise Herbe - Novembre
Journal des Paysans de la Drôme
La viepaysanne
du Syndicat
Agriculture
Les bêtes n'auraient-elles pas le droit de les
consommer hors prescription vétérinaire ?
Ou bien faut-il passer au brûleur ces « indésirables » ?
Et comme pour enfoncer le clou,
l'ANSES2 a publié le 23 août 2013 une note
juridique fondée sur les avis de la Cour de
Cassation et la jurisprudence de la Cour de
Justice des Communautés Européennes.
Ce document précise notamment « qu'un
médicament est :
a) toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés
curatives ou préventives à l'égard des maladies animales ;
ou b) toute substance ou composition
pouvant être utilisée chez l'animal ou pouvant lui être administrée en vue soit de
restaurer, de corriger ou de modifier des
fonctions physiologiques en exerçant une
action pharmacologique, immunologique
ou métabolique, soit d'établir un diagnostic médical. »
L'utilisation des plantes médicinales
entre dans cette catégorie et comme médicament, elles doivent être prescrites par un
vétérinaire...
C'est cette lecture de la loi qui est faite
par les responsables des services vétérinaires (DDPP) lorsqu'ils constatent
l'utilisation thérapeutique de plantes lors de
contrôles de conditionnalité PAC chez des
éleveurs.
Comment ne pas percevoir derrière ces
nouvelles réglementations une volonté politique de défendre les intérêts des
industriels du médicament, mais aussi
ceux des pharmaciens et des vétérinaires ?
Il nous reste comme éleveurs, la volonté
de poursuivre la pratique de soins de nos
animaux par les plantes dont une bonne
partie sont aux bords de nos cours de
ferme, des champs et des bois, car nous
savons que pour nous, « soigner » les
bêtes c'est tout autant les nourrir que les
maintenir en bonne santé.
Quelle considération pouvons-nous avoir
pour une loi qui veut gommer des siècles
de connaissances sur l'usage des plantes
médicinales à des fins alimentaires et thérapeutiques ? Pourquoi vouloir ignorer ce
qui fait partie de la culture populaire ?
Jean-Louis Meurot,
éleveur à Vachères-en-Quint
1- AMM : Autorisation de Mise en Marché
2- ANSES : Agence Nationale de Sécurité Sanitaire pour l'Alimentation, l'Environnement et le Travail
Samedi 5 et dimanche 6 octobre :
La fête des Simples1 à La Palud sur Verdon (04)
Deux jours de rencontres avec les producteurs de
plantes et les cueilleurs ; deux jours de soutien à
cette production et à ceux qui en vivent
Sans doute plusieurs milliers de personnes ont participé à la fête
des simples dont plus de 500 ont bénéficié, par petits groupes des
visites-découvertes des plantes, en compagnie des herboristes et
des botanistes de terrain du syndicat des simples. Public rural et citadin qui exprime par sa diversité l'intérêt des gens pour l'utilisation
des plantes à des fins d'alimentation et de soins.
La rencontre de La Palud, c'était aussi des conférences et des
ateliers sur différents thèmes concernant la culture, la récolte et
l'utilisation des plantes. De nombreux stands permettaient aux visiteurs de découvrir les plantes sous différentes formes (séchées,
distillées, baumes et pommades, préparations alimentaires, etc.),
de pouvoir recevoir des conseils d'utilisation de la part des pro-
ducteurs et de se les procurer (30 producteurs des massifs étaient
présents).
Ce qui semble être la plus belle réussite de la fête des simples
est l'évocation et même, pourrait-on dire, la mise en scène de la
culture des producteurs-cueilleurs : savoirs immenses concernant
le monde des plantes, savoir-faire pratiques pour leur utilisation,
amour du monde végétal qu'exprimaient magnifiquement les compositions florales, tableaux et rosaces faites avec des rameaux
feuillés ou en fruits, beauté émouvante de toutes ces plantes qui
nous entourent, mise en musique le temps de la manifestation et
des rencontres.
Jean-Louis Meurot
1 - Simples : ce terme ancien désigne les plantes médicinales. C’est aussi l’appellation
du syndicat des producteurs-cueilleurs de plantes médicinales (SIMPLES : Syndicat InterMassifs pour la Production et l’Économie des Simples)
Plus d’infos : http://www.syndicat-simples.org
Plaidoyer pour l'herboristerie
Comprendre et défendre les plantes médicinales
par Thierry Thévenin (Ed. Actes Sud, août 2013, 293 pages, 22€)
Thierry Thévenin est producteur-cueilleur de plantes médicinales dans le Limousin, c'est aussi un grand érudit du monde des
plantes. C'est un grand bonheur de pouvoir découvrir le monde
des plantes médicinales à travers ce livre qui présente à la fois la
trame historique, la problématique du statut des plantes médicinales et de la « prescription » dans le contexte des
réglementations récentes. Le livre présente aussi une foule de
renseignements concrets concernant l'utilisation des plantes,
comme par exemple la recette de la fabrication de la frênette.
L'hyper-réglementation actuelle, dans le cadre européen, a
pour seule préoccupation la production industrielle des plantes ;
elle ignore à la fois le travail des producteurs-cueilleurs avec leurs spécificités, mais
aussi les attentes du public en matière de
soins et les savoirs populaires transmis oralement. C'est une vision à la fois très industrielle et occidentale.
Le livre de Thierry Thévenin nous encourage à nous mobiliser
pour faire échec à cette politique régressive et apporte des propositions pour contribuer à l'essor de l'usage des plantes
médicinales.
JLM
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SYNDICALES -- La
Septembre
Novembre
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Mauvaise Herbe
Herbe -- Septembre
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Drôme
Journal
des
Paysans
de
la
Drôme
Journal
19
Agriculture
La vie du Syndicat
paysanne
Deuxième rencontre pour la création
d'une Addear dans la Drôme
mité Départemental pourraient faire le lien entre Addear et
Conf mais les deux Conseils d'Administration resteraient distincts.
Suite aux 2 réunions de cette année (20 juin et 4 novembre),
des personnes sont prêtes à s'impliquer sur 2 volets :
• L'installation. Pour les candidats qui ne souhaitent pas
passer par la Chambre, l'Addear peut apporter une présence
sans se substituer à la Chambre. L'installation n'est pas
juste le passage en CDOA, c'est un parcours, des contacts,
un réseau... L'installation progressive est une spécialité des
Addear. Le PDE1 par exemple peut être réalisé soi-même,
l'Addear peut aider, faire se rencontrer les gens, proposer
des journées d'accompagnement collectif pour monter son
PDE à plusieurs (avec un salarié Addear). Le lien avec un
référent d'un réseau de tuteurs par exemple est rassurant
quand on s'installe, il permet d'être plus à l'aise pour soutenir les projets atypiques ; des chantiers collectifs peuvent
être organisés par le réseau, etc. Par exemple, l'Addear Ardèche a mis des outils à disposition des mairies
(formations, tracts...) pour l'installation de jeunes, avec des
retours très positifs.
• Et la biodiversité, avec un programme de travail sur le développement de la diversité dans les races animales, de
création et d'animation d'un réseau de maraîchers et d'agriculteurs pour les semences paysannes.
Les ADDEAR (Association Départementale pour le
Développement de l'Emploi Agricole et Rural) sont
des associations loi 1901 créées par des paysans
pour réagir face aux difficultés rencontrées, notamment la diminution du nombre d'exploitations
et l'augmentation de la précarisation.
Ces associations partagent une même approche : privilégier
le travail collectif et la solidarité, accueillir tous les porteurs
de projet, paysans ou non, sans discrimination, tout en proposant des actions et des accompagnements différents
suivant les départements, par exemple :
• formations à destination des paysans, information auprès
des consommateurs, réalisation des diagnostics agriculture
paysanne, fermes ouvertes...
• accompagnement à l'émergence de projets de circuits
courts portés par des paysans
• accompagnement individuel et collectif de porteurs de projets agricoles et/ou agri-ruraux, entre autre pour des
installations
• développement de tout type de lien social, d'échange (entre
producteurs et consommateurs, entre paysans, entre acteurs du monde rural).
• encouragement et soutien de la culture
• ...
Bref, on est finalement quelques uns à être convaincus
qu'une Addear peut apporter beaucoup chez nous. Bien sûr, il
va falloir une dose d'énergie au démarrage, comme pour toute
création. Et bien sûr, on n'est qu'une poignée, enfin, une petite dizaine tout de même ! Mais optimistes, nous sommes
certains que bientôt d'autres se rallieront.
Nous allons finaliser les statuts et avons décidé de partir à
la rencontre des Addear voisines pour échanger sur leur création, leur vécu, leurs expériences, leur fonctionnement. Nous
choisirons dans la foulée quel type d'action lancer en 2014 et
tout ça avant fin 2013 !
Si certains étaient tentés de nous rejoindre, la porte est bien
sûr grande ouverte, tout est à construire, tout est ouvert, il y
a de la place pour une petite, une moyenne ou une grande implication : n'hésitez pas, contactez Anaïs.
Et la prochaine réunion sera le lundi 9 décembre à 19h00 au
local à Crest avec quelque chose à boire ou casse-croûter,
bienvenue !
Aux côtés de la Conf, l'Addear défend et met au cœur de
toutes ses actions l'agriculture paysanne qui est née de la réflexion des paysans de la Conf. Elle propose des solutions afin
que des paysans nombreux vivent de leur travail et en retrouvent le sens. «Produire pour nourrir et non produire pour
produire ».
« L’agriculture paysanne doit permettre à un maximum de
paysans répartis sur tout le territoire de vivre décemment de
leur métier en produisant sur une exploitation à taille humaine
une alimentation saine et de qualité, sans remettre en cause
les ressources naturelles de demain. Elle doit participer avec
les autres citoyens à rendre le milieu rural vivant dans un
cadre de vie apprécié de tous. »
Voilà quelques années qu'on parle dans la Drôme de créer
une Addear, mais les membres actifs de la Conf étant peu
nombreux, la crainte de tous était qu'une structure supplémentaire ne divise les forces vives...
En fait, après contact avec d'autres départements, il apparaît
qu'une Addear apporte plutôt une nouvelle dynamique et elle
est ouverte à toutes les personnes physiques ou morales, paysans ou non.
Aujourd'hui, le bureau de la Conf Drôme est favorable à la
création d'une Addear Drôme, une ou deux personnes du Co20
Christine Riba, viticultrice à Cobonne
1 Plan de Développement Économique
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La vie des
du Syndicat
éleveurs
Médecines douces pour les animaux d'élevage
La Conf' a rencontré la DDPP 26
Toujours soupçonnés d'une faute, les éleveurs se voient maintenant
inquiétés pour soins aux animaux à base de plantes sans avoir les ordonnances correspondantes ! Voici un cas survenu dans la Drôme,
suivi de près par la Conf'...
Le 06 août 2013, Sandrine LIZAGA, éleveuse de brebis sur la commune de
Bourdeaux, a été « contrôlée » par 2 agents
de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP, ex DSV)
dans le cadre de la « conditionnalité des
aides PAC ». Ces derniers lui ont demandé
de leur présenter sa pharmacie pour les
animaux. Sandrine a fièrement montré ses
tubes de granulés homéopathiques, ses
flacons d’huiles essentielles et ses
quelques flacons de préparations à base de
plantes qui constituent l’intégralité de sa
pharmacie vétérinaire. Les agents de l’Etat
lui ont alors demandé les ordonnances vétérinaires liées à l’utilisation de ces
produits !!! Sandrine ne pouvant fournir
ces documents, ils ont donc relevé une
« anomalie pour non présentation d’au
moins une ordonnance » dans leur compte
rendu de visite. Cette anomalie pourrait
ainsi avoir des conséquences sur le paiement des aides PAC de Sandrine.
Ainsi, après avoir été dans l’illégalité pour
non vaccination FCO et identification des
animaux sans puce électronique, nous
voici susceptibles d’être coupable d’utiliser
des plantes pour soigner nos animaux
(avant d’être un jour coupables d’avoir
échangé notre bouc ou notre bélier avec
notre voisin) !!!
La Confédération paysanne de la Drôme
a donc décidé de prendre rendez-vous avec
la DDPP de la Drôme pour avoir des renseignements sur ce nouvel aspect
réglementaire et pour leur exprimer notre
mécontentement. Nous avons donc rencontré Mme GUERSON, Directrice et son
adjoint M. KLOTZ le 1er octobre. Alain
BOUTONNET, vétérinaire à la retraite, nous
accompagnait et on le remercie une nouvelle fois pour son aide et la pertinence de
ses analyses. M. KLOTZ a tout de suite expliqué qu’il y avait eu une erreur
d’interprétation de la réglementation
concernant l’utilisation de l’homéopathie.
Pour la DDPP de la Drôme, l’homéopathie
n’est pas considérée comme un médicament au sens de la réglementation et les
éleveurs ne sont donc pas tenus de posséder une ordonnance pour son utilisation.
Toutefois, il faut quand même préciser que
dans certains départements (comme le
Tarn), l’État poursuit les éleveurs quand ils
utilisent de l’homéopathie sans ordonnance !!! Par contre, pour la phytothérapie
(utilisation des plantes) et l’aromathéraphie
(utilisation des huiles essentielles), les éle-
veurs doivent posséder une ordonnance
vétérinaire préalable à l’utilisation des ces
produits (voir article page 18 sur les aspects législatifs).
Sandrine LIZAGA a toujours soigné ses
brebis avec des plantes et des granulés homéopathiques. Elle est aujourd’hui dans
l’illégalité au regard de la nouvelle réglementation et risque ainsi une suppression
d’une partie des ses aides PAC (dossier en
cours d’instruction). Si Sandrine avait utilisé des antibios et des anti inflammatoires
(avec prescription du véto), elle n’aurait
pas été inquiétée lors de son contrôle. On
relève une fois de plus l’incohérence des
discours de l’administration qui d’un côté,
fait de la lutte pour la réduction des antibiotiques en élevage une de ses priorité, et
de l’autre, met en place et applique une réglementation qui sanctionne les éleveurs
qui utilisent des techniques alternatives…
Résister, toujours résister…
Sébastien Pelurson, éleveur à Mornans
Venez visiter la ferme de Sandrine
Lizaga et discuter de la réglementation sur les plantes et les perspectives futures, le 13 décembre dès
9h30 à Bourdeaux !
Renseignements auprès de la
Conf' Drôme au 04 75 25 21 72.
Loups : une prédation croissante
Les éleveurs et les bergers continuent de payer un lourd tribut à la politique de protection intégrale voulue par le gouvernement avec le
soutien des associations écologistes
Au 8 novembre, selon la DDT, il y a eu depuis le début 2013, 97 attaques
indemnisables provoquant 315 victimes.
On observe de plus en plus d'attaques
hors des zones d'estive et de transhumance. Ainsi, à St Bardoux près de
Romans, 10 ovins ont été tués le 25 février.
Des attaques ont eu lieu à Barret de Lioure
en janvier, février et avril. A Bellegarde-enDiois, 19 ovins ont été tués et 6 disparus
le 22 mai. De plus en plus de bovins sont
attaqués (Lesches-en-Diois, Saint-Agnan-
en-Vercors, Bouvante, Gigors-et-Lozeron,
Romans...)
Dur mois d'octobre...
Les éleveurs et les bergers sont exaspérés. Parfois ils ont des gestes d'humeur
légitimes face à des agents de l'Etat. C'est
ainsi que le 10 octobre Didier Trigance, berger dans les Alpes Maritimes,
comparaissait au tribunal correctionnel de
Nice pour avoir bousculé 2 gardes du Parc
national du Mercantour, qui avaient eu des
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SYNDICALES
paroles provocantes à son égard. Il a été
condamné à 4 mois de prison avec sursis
et 4000 € d'amende et dommages. Avec
les autres organisations agricoles, la
Confédération paysanne appelle à soutenir
Didier Trigance1.
Alors que le préfet des Alpes Maritimes
avait pris un arrêté permettant aux chasseurs d'éliminer des loups au cours des
battues au grand gibier (efficace puisque
les chasseurs ont pu éliminer rapidement
deux prédateurs), les associations écologistes ont attaqué cette décision en
saisissant le tribunal des référés. Ils ont eu
gain de cause. Les chasseurs ne peuvent
plus éliminer les prédateurs tandis qu'à la
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Journal des
des Paysans
Paysans de
de la
la Drôme
Drôme
Journal
21
La vie des
du Syndicat
éleveurs
date de début novembre, seuls sept loups
ont été éliminés sur un quota de 24 prévu
par le plan national loup.
Ces chiffres traduisent l'hypocrisie du
gouvernement (et des hommes politiques
qui le soutiennent) qui en parole dit vouloir
comprendre le désarroi des éleveurs en accordant un quota de loup à éliminer tout en
ne prenant pas les mesures concrètes permettant d'atteindre cet objectif. Nous
sommes réellement face à une politique
d'effet d'annonce. C'est pourquoi Serge
Jossier, le représentant de la Confédération
paysanne au groupe consultatif national
loup, qui s'est tenu à Lyon le 14 octobre, a
condamné le nouveau « plan national
loup » qui a pour seul objectif réel l'accroissement de la population des loups (les
éleveurs doivent s'adapter). 250 à 300
loups aux dires des instances officielles et
des « experts » peupleraient les Alpes ; ils
débordent maintenant vers les massifs limitrophes (Massif Central, Jura, Vosges)
et font des dégâts aux troupeaux d'ovins
jusque dans le département de l'Aube, à
250 Km de Paris.
Nous reproduisons ci-après une interview de Laurent Garde, ingénieur au
CERPAM, parue dans le journal « La Terre »
(août 2013). Il dévoile le sens de la politique gouvernementale : éliminer d'abord
les petits éleveurs.
JLM
1 - Envoyez vos dons (chèques libellés à l'ordre de Didier Trigance) au local de la Conf' à Crest, qui transmettra
au berger
Olivier BEL, éleveur dans les Hautes Alpes et membre du Comité National de la Confédération
paysanne intervient sur les marches du Palais de Justice de Nice pour soutenir Didier Trigance.
Paroles de Berger (D. Trigance)
« Depuis juin, nous avons une à deux attaques de loups par semaine. Avant,
ils attaquaient la nuit mais maintenant, c'est en plein jour. Nos patous sont débordés. On en est à plus d'une quinzaine d'attaques au total. En ce moment, j'ai
25 bête disparues qui ne seront jamais indemnisées. Je continue à retrouver des
bête mortes des semaines après, qui elles non plus ne seront jamais indemnisées. Le troupeau est stressé et l'an prochain, nous aurons moins d'agnelage.
Notre revenu baisse et si ça continue, ça ne sera plus intéressant. Il faut savoir
ce qu'on veut : des bêtes sauvages partout et manger de la merde ? Moi, je suis
là pour m'occuper de mon troupeau et pour donner aux gens des agneaux de
qualité. »
Propos recueillis le 23 août par l'association « Eleveurs et montagne »
Entretien
« Le loup va faire disparaître l’élevage local »
transhumants venus du littoral méditerranéen. Les éleveurs
locaux ont un troupeau moyen de 300 à 400 bêtes, 500 à 600
au plus. Ils pratiquent l’allotement : en fonction des dates de
mise bas, des logiques commerciales, de l’éclatement du parcellaire, ils n’ont jamais 400 bêtes au même endroit en même
temps. Déjà avec un troupeau plus petit, le coût relatif des mesures de protection est plus lourd, mais il faut en plus protéger
en même temps plusieurs lots, avec pour chaque lot le même
dispositif que pour 2000 bêtes ! C’est impossible. En plus ces
bêtes-là restent à l’alpage six mois, parfois toute l’année : la
menace du loup dure plus longtemps, sur un troupeau fractionné… Le résultat c’est qu’aujourd’hui je suis persuadé que
le loup va faire disparaître l’élevage local. Et ce n’est pas une
position de principe, c’est une conviction que j’ai acquise au
fil des ans. Les éleveurs ont toujours été opposés au loup mais
Coordinateur régional du Cerpam (Centre d’études
et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée),
Laurent Garde avait accueilli le loup avec espoir. Aujourd’hui il nous confie son pessimisme.
La Terre : Vous dites que le loup menace avant tout les
petits élevages. Pourquoi ?
Laurent Garde : On a appris au fil des années à maîtriser, à
peu près, la protection des gros troupeaux regroupés en estive de haute montagne dégagée. Quand on a 2000 bêtes, un
berger, un aide-berger financé à 80 % par la mesure de protection des troupeaux, 3 à 5 chiens de protection et des parcs
de regroupement nocturne, le coût relatif n’est pas très élevé.
Mais d’une part le loup ne se contente pas de la haute montagne et d’autre part, les éleveurs ne sont pas tous de grands
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Journal des Paysans de la Drôme
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La vie des éleveurs
nous, organisme technique, nous avons joué le jeu. On ne savait rien – ou plutôt, on savait ce que nous racontaient les
défenseurs du loup. Ils nous ont menti de A à Z ! Il suffit d’enquêter en Espagne, en Italie, en Roumanie…
Selon vous le quota de 24 tirs ne sera pas atteint ?
Au 5 août on en est à un seul tir de prélèvement – et ce tir a
soulevé une véritable tempête de protestations. De toute façon
avec 24 prélèvements sur 300 adultes on est encore loin d’une
vraie régulation, le taux de croissance de la population de
Cela fait partie des choses que l’on entend : « En Italie ça
loups tournant autour de 20 % par an. Il faudrait faire comme
ne se passe pas si mal »…
en Norvège ou aux Etats-Unis : quand on a des meutes qui
Dans les Abruzzes, d’après mes infos, l’élevage ovin a réont « appris le troupeau » et attaquent sans arrêt, il faut prégressé de 80 % en 40 ans. Alors oui, c’est une réussite mais
lever la meute entière. En France, on a à peu près une trentaine
dans le sens où un espace pastoral
de meutes : prélever un loup par
« Le loup est un instrument pour éliminer l’éle- meute serait inefficace. L’urgence,
est en train de muter vers un espace
vage local, dans le projet de faire des Alpes, et sans
touristique aux portes de Rome… Et
c’est de restaurer la peur de
doute aussi des Pyrénées, un grand massif ensaune parlons pas du travail : le Cerpam vagé. »
l’homme chez le loup. Aujourd’hui
se bat depuis qu’il existe pour que
Laurent Garde on en est loin : il y a encore des éleles bergers aient une convention colveurs qui se font verbaliser parce
lective, des conditions de travail et des salaires décents, un
qu’ils ont un fusil à côté d’eux dans la voiture… C’est comstatut… Or la réalité en Italie c’est que tous les bergers vienpréhensible : on ne passe pas du jour au lendemain d’un rôle
nent des Balkans, d’Albanie, de Macédoine, et ils ont des
de protection du loup à un rôle de régulation, c’est humain.
conditions sociales bien loin de ce qu’on a en France. Le loup
nous ramène au Moyen-âge, à une époque où la main-d’œuComment voyez-vous l’avenir ?
vre ne coûtait rien et n’avait aucune protection sociale. Pour
Je suis très pessimiste. Je suis écologue de formation et je
autant les éleveurs italiens que nous rencontrons dans le Piéfais partie des gens qui ont été enthousiastes au début, pasmont vivent la même chose que nous. En Espagne, même
sionnés, en se disant qu’on arriverait à préserver le loup et
chose. Le ministre suédois de l’Ecologie – pas de l’Agricull’élevage. Aujourd’hui je ne peux que constater la détresse
ture : de l’Ecologie ! – a demandé, tout comme son collègue
d’un grand nombre d’éleveurs. Des gens qui ne sont pas des
espagnol, le déclassement du loup dans la directive Habitat
« charlots », qui sont de vrais professionnels, subissent 40, 50
qui le protège. En France on a imposé un mensonge, mais ce
attaques par an. D’autres se résignent à envoyer leurs bêtes
mensonge est en train de se fracasser sur la réalité et dans
pâturer en plaine l’hiver, parce qu’il n’y a pas de loups… On
les Alpes du Sud on arrive à des situations de détresse que je
marche sur la tête ! Alors un éleveur dans la force de l’âge ne
n’aurais jamais imaginées. On ne maîtrise plus rien. Depuis
va pas arrêter du jour au lendemain ; mais qu’en sera-t-il des
20 ans les éleveurs se protègent massivement, et pendant un
successions, des installations ? Qui voudra travailler dans des
temps on a cru qu’on pourrait contenir la prédation. Mais c’est
conditions pareilles ? Ça va être lent, insidieux, mais je pense
un animal infiniment plus malin que
que le loup est un instrument pour
« Le
loup
nous
ramène
au
moyen-âge,
à
une
ce qu’on croyait. Il a vu qu’il ne
éliminer l’élevage local, dans le prorisque rien – rappelons qu’il bénéfi- époque où la main-d’œuvre ne coûtait rien et jet de faire des Alpes – et sans doute
cie d’une protection absolue – et il n’avait aucune protection sociale. »
aussi des Pyrénées – un grand masa appris à déjouer les moyens de protection, qui ne sont finasif ensauvagé. On veut fabriquer de la nature sauvage (sic) :
lement que des obstacles. Pendant 20 ans on l’a éduqué à ne
soit l’homme subit et supporte, soit il disparaît. L’homme n’a
pas craindre les activités humaines. Aujourd’hui des loups atplus sa place. Le message du loup, c’est qu’il suffit d’un életaquent en plein jour, en présence du berger et des chiens.
vage hors-sol. Je trouve ça dramatique, y compris en tant que
Certains bergers ont même été confrontés à des attitudes mecitoyen qui souhaite acheter des produits locaux, fermiers, de
naçantes envers eux.
saison, et non de l’alimentation industrielle. Aujourd’hui, certains viennent nous dire en face qu’on n’a pas besoin de
Que pensez-vous du plan loup 2013-2017 ?
l’élevage dans ces espaces-là, on l’entend de plus en plus fréC’est un début de prise en compte de la réalité. On introduit
quemment. Aujourd’hui le discours de défense de l’élevage,
la possibilité de défendre le troupeau contre le loup en facilides activités humaines y compris comme facteur de bioditant les conditions de tir sur 24 individus. Mais il y a deux
versité, devient inaudible. Cela me rend assez pessimiste pour
problèmes. D’une part les tirs de loup sont très difficiles à réal’avenir.
liser – les attaques sont brèves, ne se font pas en terrain
découvert, les conditions de visibilité ne sont pas forcément
Olivier Chartrain,
bonnes, on n’a pas systématiquement un fusil sous la main…
Article publié dans le journal
D’autre part la France a de fortes chances de se retrouver
La Terre le 6 août 2013
poursuivie au niveau européen si elle applique l’intégralité de
ce plan. Je ne suis donc pas optimiste sur sa réussite.
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La vie des éleveurs
Réunion interrégionale du 22 octobre 2013 à Bourg-lès-Valence
Aujourd'hui, la question des abattoirs
devient cruciale pour les éleveurs
Une trentaine de personnes ont participé le 22 octobre à une rencontre à la chambre d'agriculture de la Drôme, à l'initiative conjointe d'un
groupe de chercheurs de l'INRA (Jocelyne Porcher, Nathalie Savalois
et Elisabeth Lecrivain) et de la Confédération paysanne (Rhône-Alpes
et PACA) avec l'ARDEAR. Un état de la situation préoccupante des
abattoirs fonctionnant dans l'hexagone a été dressé. La création de
l'observatoire national des abattoirs (ONA) a été évoquée ainsi que les
commissions consultatives interrégionales. Un tour de table a permis
à chacun-e de donner des informations et de préciser son point de
vue. L'accent a été mis sur l'importance de maintenir les abattoirs de
proximité existant, mais aussi d'ouvrir les possibilités d'abattage à la
ferme comme en Autriche et en Allemage, compte-tenu des petits volumes concernés.
Un colloque se tiendra les 5 et 6 décembre à Strasbourg pour documenter et approfondir la question. Une journée nationale en janvier
2014 permettra de présenter un livre-blanc qui synthétisera les positions des éleveurs et des chercheurs.
On ne compte plus les abattoirs qui ont
fermé au prétexte de raisons économiques.
Souvent, les exigences des services vétérinaires en matière d'équipement ou
d'organisation du travail (existence d'une
chaîne d'abattage) signent le coup de grâce
lorsque la situation des comptes de vient
délicate ou difficile.
Le ministère de l'agriculture a organisé
plusieurs commissions interrégionales de
consultation, tenues sous l'égide des préfets de région, pour évaluer les situations
locales et entériner les grandes décisions
(principalement les fermetures d'abattoirs).
C'est dans ce contexte difficile pour les
éleveurs (et les bouchers locaux) que Jocelyne Porcher, chercheur à l'INRA, conduit
avec deux autres collègues sociologues, un
travail sur la question des abattoirs industriels : en quoi répondent-ils ou ne
répondent-ils pas aux attentes des éleveurs ? Quelle est la place de la mort dans
notre travail d'éleveur ? Les conditions de
l'abattage industriel sont-elles compatibles
avec la conduite des élevages paysans ?
La Confédération paysanne des régions
PACA et Rhône-Alpes s'est associée à ce
travail d'enquête et d'étude compte-tenu de
sa valorisation possible en terme d'objectifs et revendications syndicaux.
Paroles d'éleveurs
Les échanges au cours de cette journée
ont été denses et riches. Nous en reproduisons une partie, les mots qui disent
l'essentiel, ce qui correspond à l'état d'esprit des éleveurs.
A. L'organisation du travail d'abattage,
son impact sur la qualité des viandes
- Personnel mal formé : « le personnel ne
sait pas pourquoi il anesthésie »
- « Les seuls atouts des petits abattoirs
de proximité sont : proximité / qualité du
travail / coût »
- « Il est difficile de faire sa place en tant
qu’éleveur dans les gros abattoirs : il faut
mettre le pied dans la porte »
- « En Allemagne, il y a des salles d’abattage à la ferme pour bovin, idem en
Autriche pour les porcs et les moutons »
- « Pour nous l’idéal serait des petites
salles d’abattage à la ferme, mutualisées à
plusieurs »
- « Les coûts d’abattage ont augmenté,
avant le “5° quartier“ payait l’abattage, ce
n’est plus le cas »
- « Maintenant nous allons au petit abattoir d’Yssingeaux : c’est plus le bazar, mais
on nous connaît, on peut entrer, voir. »
- « J’avais perdu des bêtes dans des gros
abattoirs. A Die, c’est un outil de proximité
et de qualité. Les bêtes attendent à 5 ou 6,
c’est en plein air, c’est mieux. »
« Se battre pour les vétos en milieu rural
et pour les abattoirs de proximité, c’est le
même combat. Il n’y a plus de vétos ruraux
aujourd’hui. Les abattoirs de proximité
étaient multi-espèces, ça avait des avantages : aujourd'hui, en cas de pépin avec
une bête, il faut faire des centaines de kilomètres et la faire patienter entre 2 et 4
heures, c’est une grande souffrance pour
la bête »
- « Les bêtes sont apportées entre 15 et
60’ avant l’abattage, elles attendent peu.
L’ambiance est un peu “comme à la ferme”,
c’est important pour le bien être des animaux. Ce ne sont que des éleveurs qui
tuent. L’urgence me semble surtout de faire
survivre les petits abattoirs de proximité,
qui sont aujourd’hui menacés. Les services
vétérinaires nous forcent à faire des investissements inutiles. »
- « Pour un territoire enclavé, l’abattage
mobile semble être une bonne solution. »
- « Il faut des produits de qualité dans le
respect des animaux et des éleveurs »
- « On aurait besoin de structures d’abattage à la ferme, pour la qualité de la viande
et pour diminuer le stress. »
- « Il y a beaucoup de stress et du coup
des problèmes de qualité du travail et de la
viande. »
- « Il y a 10 ans, on pensait que les ateliers de découpe, c’était impossible. Notre
levier il est là : il faut faire autoriser ce qui
n’est pas interdit. »
- « Quand nos animaux arrivent sur la
chaîne d’abattage de Bourg-en-Bresse, on
ralentit 30 personnes dans leur travail. ça
ne se produit pas sur les petites chaînes car
les ouvriers sont plus polyvalents et s’occupent différemment lorsque ça ralentit. »
B. Les problèmes de traçabilité
- « La traçabilité est peut-être plus aléatoire dans les gros outils, notamment pour
les abats »
- « Traçabilité : souvent on ne sait pas ce
qu’on récupère quand on récupère des
abats »
- « Nous avons quitté l’abattoir d’Aubenas car on ne récupérait pas nos animaux »
- « Il y a aussi des problèmes de traçabi-
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.../...
La vie des éleveurs
lité, on ne sait pas comment nos lots sont
gérés. »
C. La mise à mort questionne le rapport
des éleveurs à leurs bêtes – la place de la
mort dans l'élevage
- « Ça me retourne le ventre de laisser
mes bêtes comme ça. Une bête que j’ai eue
pendant 3 ans, la balancer comme ça, dans
ces conditions de stress, c’est écœurant. »
- « L’abattoir, ce sont les dernières minutes de la vie d’un animal. Donc le plus
important ce sont leurs conditions de vie,
c’est surtout sur l’élevage qu’il faut mettre
l’accent, surtout quand on sait que 90%
des animaux sont élevés dans un univers
concentrationnaire. Moi aussi j’ai du mal à
dire au revoir à mes bêtes, mais c’est
comme ça, ça fait complètement partie de
notre boulot. »
- « Ma réflexion sur l’abattage à la ferme
est surtout sur le bien-être de l’éleveur. »
- « L’expérience de l’abattoir est très traumatisante pour nous »
- « La mise à mort ne devrait pas être dissociée de notre travail d’élevage. La façon
dont est elle faite dans les abattoirs va à
l’encontre de ce qu’on fait dans nos élevages »
- « Les consommateurs mangent trop de
viande. Ils ignorent beaucoup de chose sur
la vie et la mort des animaux. »
- « Je ne dissocie pas la violence faite à
l’homme et à l’animal. Je suis très sensible
au bien être animal. Le fait de tuer m’importe peu car la mort fait partie de la vie,
mais c’est la façon dont on le fait qui
compte. »
- « Ca arrange la société de ne pas voir
l’abattage. Ça peut nous arranger de ne pas
faire le sale boulot. »
JLM
Quelques chiffres concernant les abattoirs
Les tendances par espèce en interrégion Rhône-Alpes, PACA et Corse :
- Bovins : 66 % des tonnages, en hausse
- Porcins : 27 % des tonnages, en baisse (de 60 % entre 2001 et 2011)
- Petits ruminants : 7 % des tonnages, en baisse (de moitié entre 2001 et 2011).
Agriculture industrielle
1000 vaches :
Alerte autour d'un projet fou dans la Somme
Le 12 septembre des paysans
de la Confédération paysanne se
sont introduits sur le chantier de
la ferme dite des 1000 vaches
dans le but de l'arrêter au moins
temporairement.
Cette action a été complétée par l'occupation du siège social de l'entreprise de
Michel Ramery à Erquinghem-Lys, ce dernier, entrepreneur du BTP, étant
propriétaire et à l'origine du projet industriel. Depuis plus d'un an de nombreux
secteurs de la population se sont mobilisés
sous l'égide de l'association NOVISSEN
(acronyme de « Nos villages se soucient de
leur environnement ») notamment le 23
juin 2012 : plus d'un millier de manifestants à Amiens.
Le projet de M. Ramery c'est 1000
vaches enfermées dans un bâtiment non
pour produire du lait mais pour faire du lisier qui viendra nourrir un méthaniseur de
1,5 MW. La production de lait sera secondaire, M. Ramery annonce qu'il le vendra
270€ la tonne alors qu'aujourd'hui les éleveurs s'en sortent à peine à 350€... Autour
du chantier il y a déjà 1000ha de terres
sous contrôle de l'industriel. Le but n'est
Action 1000 vaches 28 septembre 2013 - Photo Mathieu Eisinger
pas d'y faire gambader ses 1000 vaches
mais d'y épandre le digestat du méthaniseur qui produira une énergie
subventionnée par l'Etat. Aujourd'hui, le
permis d'exploitation ne vaut que pour 500
vaches. Il n'y a pas assez de surface
d'épandage selon le préfet. Mais il prévoit
d'autoriser 1000 vaches si M. Ramery justifie de 3000 ha disponibles.
La Confédération paysanne s'oppose à ce
projet qui, sous ses aspects économiques,
environnementaux et sanitaires est destructeur de l'agriculture paysanne.
Le projet de Michel Ramery, c'est l'arbre
qui cache la forêt d'une industrialisation de
plus en plus dévastatrice de l'agriculture.
La loi doit interdire de telles concentrations
animales. Elle doit aussi empêcher les
montages sociétaires qui permettent à un
industriel de contrôler plus de 1000 ha de
terres agricoles, là où d'autres n'en cherchent que quelques dizaines pour
s'installer et faire vivre des projets d'agriculture tournés vers l'emploi, le territoire et
l'environnement. Le gouvernement peut et
doit légiférer, encore faudrait-il qu'il le
veuille...
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Toulouse :
L'industrie semencière exclut les paysans
pour mieux privatiser les semences !
Le 17 septembre, l'industrie semencière a dicté à Toulouse les modalités d'un colloque1 sur la meilleure manière d'organiser le plus gros
hold'up de tous les temps sur les semences. Ces dernières ont été
collectées dans les champs des paysans du monde qui les ont sélectionnées, conservées et renouvelées de génération en génération
jusqu'à aujourd’hui. Les chambres froides des banques de semences
ne permettent qu'une conservation de courte durée. Les graines y dépérissent contrairement aux champs où elles continuent à vivre et à se
renouveler. Aucune conservation n'est durable sans la contribution
constante des paysans.
Pour camoufler ce forfait, le colloque a
été baptisé "Biodiversité agricole et sécurité alimentaire" et se cache derrière le
nom de Nikolaï Ivanovitch Vavilov, héros
russe qui a construit à Saint-Pétersbourg
la plus grande collection mondiale de semences, dans le but de les garder à
disposition de tous et des générations futures. Mais aujourd'hui il n'y a plus
d'argent pour entretenir les collections
publiques construites à sa suite. Par
contre, les multinationales ont de l'argent
pour constituer leurs propres banques de
gènes privées en puisant dans cet immense trésor collectif avant qu'il ne
disparaisse.
Pour être sûre de ne pas être dérangée
dans les discussions du colloque toulousain, l'industrie semencière a conditionné
son soutien financier à l'absence de toute
participation des paysans aux diverses tables rondes, hormis un des principaux
promoteurs du coton OGM en Afrique.
Les paysans participent depuis qu'elles
existent aux discussions du Traité international sur les semences. Ainsi, une
délégation française a participé à la réunion du comité directeur du TIRPAA2 à
Oman pour y rencontrer les représentants des institutions internationales (fin
septembre). Assis à la table des négociations mondiales, les paysans français
sont pourtant mis au ban du colloque
toulousain : pendant combien de temps
la France restera-t-elle isolée du monde à
cause d'une industrie semencière sectaire qui refuse tout débat avec les
paysans et la société civile sur la nécessaire gestion commune du trésor collectif
que constituent les semences ?
1 - http://www.fondation-farm.org/zoe/doc/farm_
colloque17sept2013_pgm.pdf
2 - TIRPAA : Traité International sur les Ressources Phytogéntiques Pour l'Alimentation et l'Agriculture
International
La FAO1 reconnaît la Via Campesina comme principal
mouvement international de petits producteurs
Le 4 octobre, la Via Campesina et le directeur général de la
FAO, José Graziano da Silva (photo) ont signé un accord de coopération reconnaissant le rôle essentiel que jouent les petits
producteurs dans l'éradication de la faim dans le monde. La coopération s'articulera autour de plusieurs points fondamentaux :
le développement d'une production alimentaire fondée sur
l'agroécologie et l'agriculture paysanne, la protection des droits
d'accès à l'eau et à la terre pour les petits producteurs, mais
aussi l'élargissement des droits des agriculteurs sur les semences, conformément aux lois nationales et internationales sur
ces ressources. Ce cadre de coopération mettra tout particulièrement l'accent sur le rôle capital joué par les jeunes et les
femmes dans la production agricole et sur la nécessité d'accroître leur accès à la terre et autres ressources agricoles.
Pour Elizabeth Mpofu (photo), coordinatrice générale de la Via
campesina, « il s'agit d'une avancée considérable dans nos efforts visant à convaincre les institutions de l'ONU et les
gouvernements de changer de politique pour atteindre la souveraineté alimentaire. Nous espérons que cet accord de
coopération contribuera à soutenir nos paysans et petits producteurs qui travaillent dans leurs champs pour nourrir la
majorité de la population dans le monde. »
1 - FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation
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La vie
Formations
du Syndicat
Construire ses toilettes sèches
ARDEAR
à Loriol les 5 et 6 décembre
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terminologie et savoir-faire". Sur 1 jour et demi. Plus d'infos
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pour les matières premières, coûts pédagogiques gratuits pour
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ou 06 86 58 43 89
- 12-14 déc : Convertir son parc matériel au triangle d'attelage
- Saint-Marcel les Valence et Eurre
- 14-15 janv : Transformation des fruits et légumes bio
- 22-23 janv : Diversification et débouchés en cultures légumières - Centre Drôme
- Le 9 décembre 14h-17h à Crest (26) : « Agir le Droit »
- 28 janv - 4 fév : Projets agricoles collectifs : réussir la bonne
- Le 16 décembre 9h30-16h30 à La Tour du Pin (38) : « La MSA entente entre associés - Crest
et mes droits : statuts sociaux, prestations, cotisations, re- - 6-7 fév : Dimensionner son séchoir à PPAM - Diois et Pays de
cours,… »
Dieulefit
- Le 21 janvier 9h30-16h-30 à Privas (07) : « Contrôle des struc- - Février : diversifier sa production de fruits (figuiers, amandiers,
tures, autorisations d'exploiter, SAFER : comment utiliser ces noisetiers, petits fruits, kaki, ...). La formation sera orientée en
outils d'accès au foncier »
fonction de la demande des stagiaires, donc n’hésitez pas à
nous contacter.
Renseignements et inscriptions :
- Mars : Apprendre la boulange fermière - Gigors et Lozeron et
Comité d'action juridique Rhône-Alpes
Upie
58 rue Raulin - 69007 LYON - Tél. 04 81 91 99 04
http://www.comite-action-juridique.fr
Pour tout renseignement, contactez Agribiodrôme : Rue
Courriel : [email protected]
Edouard Branly - 26400 CREST - [email protected]
Tél. 04 75 25 99 75
Agribiodrôme
Comité d'Action Juridique
Conseil de lecture
“Les raisins de la colère”
John Steinbeck (1939 pour la version originale)
Les Joad, famille de métayers de la province d'Oklahoma,
se voient contraints de quitter la ferme familiale après
qu'une tempête de sable, en anéantissant leurs cultures, les
laisse sans l'argent nécessaire pour honorer leurs dettes.
Nous sommes aux Etats-Unis en 1929, au moment de la
Grande Dépression.
Le bruit court qu'en Californie on cherche des bras pour
les récoltes. Mais l'afflux des migrants, chassés de chez
eux par la pauvreté, permet aux patrons d'exploiter sans relâche les travailleurs et de tirer les salaires déjà misérables
vers le bas. Face aux syndicats qui tentent de se constituer
pour protester contre les abus, ceux qui sont obligés de travailler pour assurer leur survie deviennent malgré eux des
briseurs de grève : la violence monte dans les camps, la vie
devient intenable.
Ce scénario tragique s'est déplacé dans le monde au gré
des « crises économiques », qui sont avant tout de juteux
prétextes pour niveler par le bas les conditions sociales des
travailleurs. Pour tous
ceux qui fuient leur pays
en guerre, une vie dégradante, c'est toujours la
même déception cruelle
quand l'Eldorado tant espéré est enfin atteint, au
prix de souffrances sans
nom. Exploitation brutale, humiliation, racisme
et violence, voilà ce qui
attendait en Californie les paysans américains en 1929,
voilà ce qui attend aujourd'hui les Africains qui tentent de
rallier les côtes européennes, les Latino-Américains dans
les serres andalouses, les Roumains dans les exploitations
maraîchères des Bouches-du-Rhône...
Margot Jobbé duval
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Décembre
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2013
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Décembre
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Journal des
des Paysans
Paysans de
de la
la Drôme
Drôme
Journal
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La
vie du
Syndicat
Petites
Annonces
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la Confédération Paysanne de la Drôme au 04 75 25 21 72 (les lundis, mardis et jeudis) ou par email : [email protected].
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