Mise en page 1 - Confédération Paysanne de la Drôme

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Mise en page 1 - Confédération Paysanne de la Drôme
I N F O R M AT I O N S S Y N D I C A L E S
- La Mauvaise Herbe Confédération paysanne
de la Drôme
Journal des Paysans de la Drôme
SOMMAIRE
N° 128 - Décembre 2015 - 4€
LA VIE DU SYNDICAT
pages 2 à 9
ÉDITO
Syndicalisme ou barbarie
La mise en œuvre de l'état d'urgence après les attentats
de Paris (13 novembre) entrave l'expression du mouvement social, tant celui des paysans que des salariés.
Le gouvernement a pris la décision d'interdire la grande
manifestation du 29 novembre qui devait se dérouler en
marge de la réunion des chefs d’État et de gouvernement,
dont l'objet est la prise de mesures d'endiguement du réchauffement climatique (la « COP21 »), sous l'égide de
l'ONU.
La manifestation devait être organisée par un ensemble d'organisations (environ
130, dont la Via Campesina) qui participent au mouvement social à l'échelle du
monde. C'est l'expression d'une conscience collective qui rappelle à ceux qu'on appelle « les décideurs » leurs obligations de résultat concernant les mesures qu'ils
doivent prendre pour la survie des peuples et plus largement de tout le monde vivant de la planète.
Le mouvement syndical et associatif, avec toute sa richesse et son pluralisme,
permet d'organiser cette expression collective et de formuler des objectifs clairs et
cohérents. Il est porteur de l'espoir d'un avenir vivable et peut-être meilleur pour les
peuples du monde.
Et cette force morale et politique n'est-elle pas un des moyens les plus nécessaires parce qu'efficaces pour faire échec aux entreprises terroristes tournées vers
l'anéantissement et la mort ? On ne fera pas échec aux politiques totalitaires fondées sur la peur et la terreur que par des actions policières et militaires ; il faut
pour cela l'expression collective de l'aspiration à la vie et à la liberté.
Le mouvement syndical et associatif permet aux un-e-s et aux autres de s'engager, prendre des responsabilités, pour agir en vue d'améliorer leurs conditions
de vie et pour le bien commun. C'est l'expression de notre dignité.
En interdisant la manifestation du 29 novembre, le gouvernement a saisi le prétexte du contexte sécuritaire de l'état d'urgence pour rendre inexistant le
mouvement populaire à propos du climat et avoir ainsi les mains libres pour promouvoir des mesures qui ne répondent pas à nos attentes. C’est une faute
politique.
Un an après la mort de Rémi Fraisse, militant pacifiste aux mains nues assassiné par les forces de l'ordre, tout se passe comme si le gouvernement voulait
« continuer comme avant ». C'est-à-dire avant tout servir les intérêts d'une minorité de gens, ceux des classes dominantes, gros exploitants industrialisés, grands
patrons du monde économique.
En ces temps sombres et troublés, dominés par l'action de la police, nous devons
agir avec nos syndicats pour porter haut et fort nos espoirs et nos attentes
concrètes pour une société plus humaine et plus vivable.
N°93
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Lettre ouverte au Président de la République
Limiter le réchauffement climatique
Fête de la Conf’ Drôme
Ferme ouverte à Mornans
Colloque montagne en Ariège
Cap sur la Cop : NDDL à Paris
Rencontre avec M. le Préfet
N°93QUESTIONS JURIDIQUES
page 10
Une jurisprudence pour les fermiers bio
ADEAR DRÔME
page 11
Semences paysanes
pour le maraîchage de montagne
LA VIE DES ÉLEVEURS
pages 12 à 18
“Tenez vos loups” (récit d’un berger)
Réplique des “Glandeurs” à l’ASPAS
Santé animale et dynamique de groupe
Entretien avec Aline Guilhot
Salmonelloses aviaires
PAC : “surfaces peu productives”
PORTRAIT DE PAYSANS
page 18
Michel Vignat, paysan-boulanger
AGRICULTURE PAYSANNE
pages 19 À 22
GIE “l’ail Dromois”
“Sème ta résistance” à Pau
INSTALLATION
page 23
Café paysan autour d’une lutte foncière
QUESTION SOCIALES
pages 24 et 25
Moubarak, réfugié Soudanais
MSA : victoire de la Conf’ !
Enquête MSA sur les cotisants de solidarité
Coefficients d’équivalence
pour les productions hors-sol
INTERNATIONAL
pages 26 et 27
Crise climatique et agricole au cœur
de la guerre en Syrie
FORMATIONS ET ANNONCES
pages 27 et 28
Jean-Louis Meurot
INFORMATIONS SYNDICALES
- La Mauvaise Herbe - Décembre 2015
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Agenda
8 décembre et 12 janvier
Café paysan à Menglon !
Venez nous rejoindre pour se rencontrer et échanger sur des questions
paysannes, autour d'un verre et dans
une ambiance conviviale !
Mardi 23 février
AG de la Conf’
Assemblée Générale de la Confédération Paysanne de la Drôme :
23 février, en présence de Laurent
Pinatel
"Qu'est ce qu'une mauvaise
herbe sinon une plante dont
on n'a pas encore découvert
les vertus?"
Ralph Waldo Emerson
Lettre ouverte de L.Pinatel, porte-parole de la Confédération Paysanne, au Président de la République
Contre l'élargissement de l’état d'urgence
Monsieur le Président,
La Confédération paysanne tient à vous faire part de sa stupéfaction concernant la mise en œuvre de l'état d'urgence.
Le monde vit actuellement une période particulièrement troublée
et la France, par les attentats de janvier et du 13 novembre, est elle
aussi touchée par l’horreur. La peur et le repli sur soi qu’ils provoquent sont des réflexes compréhensibles, tout comme la nécessité
pour l’Etat de réagir. Mais il est temps de laisser la place à plus de
solidarité, plus de démocratie, plus de justice sociale.
Avec l’instauration de l'état d'urgence, toute action syndicale ou
citoyenne sur la place publique devient impossible et pourtant les
raisons de manifester et de revendiquer ne manquent pas, particulièrement en cette période de COP21. Les paysans, premières
victimes des dérèglements climatiques dans le monde, ainsi que
l’ensemble de la société, doivent pouvoir faire entendre la voix des
peuples. Sans l'expression de contre-pouvoirs, condition d’exercice de la démocratie, et les prises de consciences qu’ils
permettraient dans l’opinion publique, les décisions urgentes pour
limiter le réchauffement climatique ne seront pas prises, laissant
ainsi perdurer cette source majeure de conflits d’aujourd’hui et de
demain.
Trois mois d’état d’urgence, cela va bien au-delà de la seule COP
21. Ce sont aussi des dizaines, des centaines de mobilisations qui
ne verront pas le jour ou qui seront réprimées sous prétexte de
troubles à l’ordre public. Pour la Confédération paysanne, syndi2
INFORMATIONS SYNDICALES
cat de défense de l’agriculture paysanne et de ses travailleurs, cela
signifie que nous n’aurions pas le droit d'exprimer notre colère,
nos inquiétudes et nos revendications alors que de nombreux secteurs de production agricole sont en difficulté, que la production
laitière par exemple est en train de vivre une crise très grave qui
s’amplifie avec une chute dramatique du prix payé aux éleveurs !
Pour cause d'état d'urgence consécutif à des désordres mondiaux nourris par l’avidité de quelques-uns au détriment de tous
les autres, devrions-nous rester sans réagir alors que tant de
fermes sont aujourd’hui menacées de graves difficultés économiques ? Faudrait-il abandonner à leur sort les paysans qui vivent
dans des zones agricoles difficiles et sont soumis à des contrôles
inadaptés ? Risquerons-nous la prison chaque fois que nous défendrons les plus faibles, les opprimés, les oubliés du système ?
Heure après heure, les perquisitions et assignations à résidence
d’acteurs du mouvement social se multiplient. L’état d’urgence est
devenu un prétexte pour contraindre nos libertés fondamentales. La
Confédération paysanne ne saurait admettre que celles-ci soient
sacrifiées sur l’autel de la sécurité. Nous vous demandons, Monsieur le Président, de mettre fin à cette dérive.
Nous vous adressons, Monsieur le Président, nos salutations respectueuses.
Laurent Pinatel, Porte-parole de la Confédération paysanne
27 novembre 2015
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2015
- La Mauvaise Herbe - Décembre
La vie du Syndicat
Limiter le réchauffement climatique
Les raisons d'un nécessaire engagement des paysannes et des paysans
Parce que le dérèglement climatique affecte tous les êtres vivants
de la planète.
Parce que l'agriculture et globalement le système alimentaire est
responsable de la moitié du total des émissions de gaz à effet de
serre : la déforestation, l'agriculture industrielle, les transports (cultures sur un continent, élevage sur un autre, transformation sur un
troisième et consommation sur un autre encore sont monnaie courante !), la transformation, les emballages, la réfrigération (clé de
voûte d'une grande partie de l'alimentation), les déchets.
Ce qu'on a perdu en matière organique dans nos sols en cinquante
ans, on pourrait le rattraper dans les cinquante prochaines années
si des politiques et des mesures incitatives adaptées étaient mises
en place dans le monde entier !!! et les gaz à effet de serre diminueraient de presque 30% ! Voilà qui ne paraît pas inaccessible, on
est bien là dans une problématique de choix politique.
Actuellement dans le monde, les petits paysans -avec un quart
des terres agricoles et un quart des ressources en eau- produisent
70% de l'alimentation mondiale (chiffres de la FAO). A l'heure où la
question de nourrir la population mondiale se pose, on devrait reconnaître et faire savoir qu'ils sont plus efficaces que l'agriculture
industrielle ! Tout en étant moins nocifs pour la planète.
S'il y avait une redistribution des terres dans le monde entier au
profit des petits agriculteurs, et des politiques pour les aider à rétablir la fertilité des sols et pour soutenir les marchés locaux, la
production de gaz à effet de serre diminuerait de 50% en quelques
décennies.
Voilà qui nous encourage à continuer à défendre notre agriculture
paysanne !
Et voilà qui nous interroge sur les orientations parfaitement divergentes prises par les politiques dans les différents sommets
mondiaux sur le climat... Il n'y a aucune volonté de remettre en
cause le modèle dominant de la production industrielle et de sa distribution.
Au contraire, les gouvernements et les représentants des multinationales proposent des « fausses solutions » : la « smart
agriculture », c'est à dire « l'agriculture intelligente face au climat ».
Une sorte de « Révolution verte » qui, après quelques temps d'euphorie, a apporté famine, chômage, migrations au Mexique par
exemple.
Quelques unes de ces « solutions » : les OGM, la géo-ingenierie
à grande échelle, les biocarburants entraînant entr'autre des accaparements de terres considérables dans les pays du sud, les
marchés carbone qui s'intensifient, etc.
La France fait partie des pays qui soutiennent les fausses solutions, en les finançant bien sûr et en réclamant que le fonds mondial
pour le climat les finance, aux dépends entr'autres de l'autonomie
des paysans et de la souveraineté alimentaire.
Or, la seule solution efficace serait de changer le système. Comme
le dit GRAIN (petite ONG travaillant beaucoup avec La Via Campesina) : il faudrait « passer d'un système alimentaire industriel
mondialisé soumis au pouvoir des multinationales, à des systèmes
alimentaires locaux aux mains de paysans et paysannes.»
La bataille du climat, qui semble lointaine, inaccessible à beaucoup de nos confédéré.e.s, a pourtant commencé depuis longtemps
dans notre syndicat. Installer des paysans nombreux, répartir les
terres, stopper la consommation de terres agricoles pour des projets climaticides (projet d'aéroport de Notre-Dame-Des-Landes,
usine des 1000 vaches) et dans une autre mesure, des zones comINFORMATIONS SYNDICALES
merciales gigantesques, refuser les OGM, réduire les pesticides et
autres poisons, lutter contre les accords de libre-échange, inciter à
une relocalisation de l'agriculture, etc.
Voilà pourquoi la Conf s'est positionnée avec la société civile, au
sein de la Coalition Climat 21 qui coordonne les mouvements sociaux militants. L'agriculture est aussi liée à la justice sociale, dans
le monde et en France aussi, les victimes sont toujours les plus petits, les plus pauvres. Il existe une vraie dynamique dans un grand
nombre de mouvements, proche de la résistance, de la désobéissance civile dans laquelle la Conf se retrouve.
L'état d'urgence, avec ses règles antidémocratiques mettant la
justice entre parenthèse et donnant tous pouvoirs aux forces de l'ordre a un temps fait hésiter la Conf à appeler à être présents sur
toutes les actions. Mais les 28 et 29 novembre, le refus réjouissant
de milliers de personnes de se voir supprimer le droit élémentaire
de manifester a rapidement levé les doutes sur la nécessité de notre
présence avec les autres.
D'autant plus que sur la deuxième semaine des négociations de la
COP21, quarante membres de La Via Campesina de tous les continents sont à Paris pour faire entendre la voix des paysans sur la
justice climatique, avec nous, avec toutes celles et ceux qui nous ont
rejoint. Certain.e.s de la Via seront à l'intérieur du sommet officiel
et les autres dans les multiples activités prévues : ateliers, conférences, débats, actions, manifestations.
Christine Riba,
paysanne à Cobonne
Cet article est écrit au lendemain du 29, nous reviendrons sur la suite du mouvement dans la prochaine Mauvaise Herbe. Je serai à Paris du 4 au 13 décembre.
Le programme de nos participations :
• 28-29 novembre : Grandes marches dans les grandes villes de France et
partout dans le monde.
• 4 décembre : « visite » au Grand Palais de la vitrine des fausses solutions des plus grands pollueurs de la planète
• Week-end des 5-6 décembre : Sommet citoyen pour le climat à Montreuil
(93), avec des conférences, des ateliers de la Conf’ et de Via campesina
ainsi qu’un marché paysan organisé par les Amis de la Conf’.
• 9 décembre : Journée de l’agriculture paysanne et de la souveraineté alimentaire, à la Zone Action Climat, au 104 à Paris.
• 12 décembre : Convergence des mouvements sociaux : Nous aurons le
dernier mot ! (Suite aux restrictions de l'état d'urgence, des négociations
ont lieu tous les jours et la forme n'est pas encore définie au moment de
l'impression de notre journal).
- La Mauvaise Herbe - Décembre 2015
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La vie du Syndicat
Fête de la Confédération paysanne, le 12 septembre 2015
A Bourdeaux, du changement, du beau temps,
du bon temps...
Le 12 septembre se tenait à Bourdeaux à la ferme
Tzig'âne la nouvelle édition de la fête 2015. Grande
nouveauté, puisque cette année nous ne nous
sommes pas retrouvés dans la vallée de la Drôme
comme c'était le cas depuis fort longtemps. Nous
surplombions légèrement la vallée du Roubion depuis le camping à la ferme de Pascaline et Alain
Chambart, qui nous ont accueilli avec la volonté de
créer un bel esprit festif et convivial sur ce superbe
emplacement.
Et ce fut une réussite! puisque de nombreux visiteurs et adhérents sont passés sur le site, quelques instants, ou des moments
plus prolongés...
Il faut dire que les activités ne manquaient pas. Les enfants
pouvaient profiter pleinement de cet espace, jouer, se balader à
dos d'ânes, aller écouter un conte. L'espace marché paysan et
stands associatifs était fourni et bien installé en lisière de sous
bois.
Cette année, nous avons enfin pu découvrir le très célèbre
concours de cagettes proposé par notre porte-cagettes Vincent
Delmas (oups ! porte-parole). Vincent, très sollicité en ce grand
jour, a ensuite enchaîné par l'animation du débat sur le thème de
l'exploitation forestière et du changement climatique( cf article
joint).
A défaut de démonstration de travail en traction animale, Zélie
et Denis Arno nous ont fait l'honneur d'un spectacle équestre accompagné par le trio italien Néapolis.
Nous nous sommes bien sûr régalés
de produits paysans et nous avons
prolongé la soirée aux rythmes de la
cumbia avec le groupe Guanabana
Groove.
Voilà belle cuvée que celle de 2015 !
Nous remercions tout particulièrement
Pascaline et Alain ainsi que l'ensemble
des personnes ayant contribué à ce bel
événement. J'en profite pour lancer cet
hameçon à la mer : décision fût prise
lors de l'AG 2015 de se déplacer
chaque année sur d'autres territoires
drômois, l'important étant de faire
connaissance avec les militants d'un
territoire et de créer une dynamique
autour de l'élaboration de la fête. Vous
êtes volontaires pour proposer un lieu
pour 2016, faites le nous savoir…
Sonia Tonnot, maraîchère
à Bonlieu sur Roubion
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INFORMATIONS SYNDICALES
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2015
- La Mauvaise Herbe - Décembre
La vie du Syndicat
Fête de la Conf’
Qu'est ce qui s'est dit sous le tunnel ce jour-là ?
C'est vers 16h, sous le tunnel, que s'est tenu le
débat « agriculture et changement climatique »,
animé par Vincent Delmas, Christine Riba-Vernier,
Pascale Laussel (présidente de Dryade*) et moimême.
Vincent a pris la parole en premier, nous mettant directement dans
le bain en nous rappelant que la planète se dirigeait vers une hausse
de 4°C d'ici la fin du siècle et que l'agriculture, comme elle est pratiquée aujourd'hui, contribue à hauteur de 15% du total des
émissions à effet de serre.
Après avoir développé sur les pratiques agricoles dites « industrielles »(utilisation intensives d'intrants chimiques, élevage intensif,
monoculture...) qui contribuent largement à ce dérèglement climatique ; Vincent a présenté la « seule » agriculture que défend la
Confédération paysanne et qui répond aux exigences du respect de
la nature et des paysan-n-es qui travaillent et qui peut contribuer à
« refroidir » la planète : l'Agriculture Paysanne.
Nous avons ensuite évoqué largement la problématique liée à l'exploitation forestière (coupes blanches, projets pharaoniques
gourmands en bois...) et l'importance de la mise en place, sur nos
massifs, d'une gestion responsable et durable en lien avec les propriétaires, les consommateurs de bois, les exploitants et les élus
locaux.
Après avoir évoqué les différents projets pharaoniques gourmands
en bois (la mégacentrale électrique à biomasse de Gardanne, Pierrelatte...) qui mettent la pression sur la forêt, nous avons, Pascale
et moi, présenté des alternatives concrètes à l'exploitation intensive
des forêts.
J'ai d'abord présenté l'ASLGF de l'écrin de St Médard, qui permet
le regroupement en association des propriétaires forestiers avec
pour objectif principal, dans cette association précisément, la maîtrise des coupes de bois sur le massif à l'ubac de la forêt de Saou
(interdiction aux coupes blanches, gestion douce, responsabilisation
et engagement des propriétaires...).
Pascale a ensuite présenté l'association Dryade*, qui a pour objectif de favoriser le respect dans la relation entre l'Homme et la
forêt: « tirer des ressources de la forêt sans lui nuire » et qui cherche
à impliquer les consommateurs de bois bûches avec la mise en
place d'un système d'AMAP bois.
Et enfin, ce fut au tour de Christine de nous parler de la Conférence Internationale pour le climat (COP 21) qui se tiendra du 30
novembre au 11 décembre, à Paris et surtout de l'engagement de
la Confédération Paysanne au sein de la coalition climat 21, réel
contre pouvoir à la COP 21.
Elle a rappelé quelques dates importantes à retenir dans la mobilisation citoyenne :
*28 et 29 nov. : Grandes marches pour le climat dans les
grandes villes de France et à travers le monde.
*9 déc. : Journée de l'Agriculture Paysanne.
*12 déc : Convergence des mouvements sociaux.
Elle a rappelé que la Confédération paysanne est mobilisée pour
démonter les fausses solutions et pour réaffirmer que l'Agriculture
Paysanne est un levier !
Tous ces thèmes abordés ont enclenché de nombreuses questions, nombreuses prises de paroles, nombreux témoignages,
quelques « coups de gueule »… tout ce qui fait la richesse des
échanges !
Marie-Pascale Abel-Coindoz,
éleveuse à Aubenasson
* Dryade : plus d'infos sur www.dryade26.org
Confédération paysanne - 60, avenue Jean Rabot 26400 CREST
Tél: 04 75 25 21 72 - [email protected]
Directeur de publication: Jean-Louis Meurot - Imprimé au Crestois, 52 rue Sadi Carnot, 26400 Crest, sur papier “FSC Gestion durable des forêts”
Ont participé à ce numéro : Ont participé à ce numéro : Valérie Abatzian, Marie-Pascale Abel-Coindoz,
Myriam Brochier, Sandra Burger, Clément Delage, Vincent Delmas, Delphine Gavend, Anaïs Hammel, Margot Jobbé
duval, Thomas Levadoux, Laure et Igor Marconnet, Patrice Marie, Jean-Louis Meurot, Christophe Morantin,
Guy Perret, Christine Riba, Thomas Siron, Séverine Tallon, Sonia Tonnot
INFORMATIONS SYNDICALES
- La Mauvaise Herbe - Décembre 2015
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La vie du Syndicat
17 novembre 2015 à Mornans
Ferme Ouverte « Pastoralisme et prédation »
Une quarantaine de personnes dont de nombreux éleveurs et éleveuses, bergers et bergères ont répondu présent à la ferme ouverte
organisée par la Conf' Drôme chez un éleveur à Mornans.
Sébastien Pelurson élève 230 brebis
mourérous, 30 chèvres du rove et deux
vaches, sur plus d'une centaine d'hectares assez morcelés et dispersés sur
plusieurs communes. L'été il transhume
au dessus de la forêt de Saou, « aux trois
becs » dans le cadre d'un groupement
pastoral. Mais cet été deux loups ayant
été aperçus dès le deuxième jour de l'estive, le troupeau n'a pas pu manger la nuit
et les bêtes n'ont pas bien profité, la perte
à été conséquente, surtout sur les
agneaux.
Cet éleveur pratiquant un élevage extensif sur des surfaces souvent boisées
est confronté depuis deux ans à la présence du loup sur le secteur de
Bourdeaux. Il a été mis en évidence les
difficultés de l'élevage pastoral confronté
à la présence du prédateur. Celui-ci quitte
les montagnes et les hauts plateaux pour
s'installer dans les vallées où les troupeaux, sont plus difficile à protéger que
dans les alpages.
Dans ce contexte, l'agriculture paysanne
qui valorise les ressources abondantes ,
l'herbe, et économise les ressources
rares, comme les engrais issus du pétrole, est beaucoup plus pénalisée que
l'élevage industriel, ou les bêtes ne sortent jamais, à par pour aller à l’abattoir !
Après la visite, un barbecue bien fourni
à rassemblé les participants dans une ambiance chaleureuse.
L'après-midi, deux techniciens de
l'ADEM* (Fabien Candy) et du CERPAM** (Laurent Garde), ont détaillé
l'augmentation du nombre de victimes, et
le changement des habitudes de l'espèce
Canis lupus à une assemblée attentive et
participative. Les échanges ont mis en
évidence que l'élevage pastoral est incompatible avec la présence des
prédateurs, et que les bergers et leurs
troupeaux font eux aussi partie de la biodiversité !
Le constat de la cohabitation impossible entre loups et pastoralisme n'est pas
issu d'une idéologie anti-loup. Il ne s'appuie pas sur une défense corporatiste
mais repose sur l'expérience de paysans
bienveillants envers la biodiversité. Cette
position est issue de la pratique de paysannes et paysans qui ont, pour certains,
passé plus de vingt ans à essayer en vain
de s'adapter à la présence du Loup .
Les Loups sont protégés mais la croissance de leur population n'est pas gérée.
Nous notons également que malgré une
population en croissance estimée entre
10 et 15000 individus, en Europe les
loups ont toujours le statut d'espèce protégée. La France a ratifié la
convention de Berne sans
émettre de réserves, contrairement à d'autres pays où
les loups étaient déjà présents. Puis, en 1992, elle a
transposé la directive Européenne « Habitat Faune Flore
» relative à la conservation
des habitats naturels, de la
flore et de la faune sauvages.
Vincent Delmas
Paysan à Salettes
*ADEM : Association Départementale
d'Economie Montagnarde
(https://adem26.wordpress.com/)
**CERPAM : Centre d'Etudes et de
Réalisations Pastorales Alpes Méditerrannée (http://www.cerpam.fr/)
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INFORMATIONS SYNDICALES
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La vie du Syndicat
Ax-les-Thermes (Ariège) les 5-6 novembre 2015
Le Colloque « montagne » de la Confédération paysanne
Cette année, la loi Montagne a 30 ans. Promulguée en 1985, elle a
constitué le cadre législatif spécifique destiné aux territoires de montagne, dans le but de prendre en compte les spécificités liées à ce type
d'espace géographique. Depuis cette année, un travail est effectué
pour faire évoluer cette loi et prendre en compte les nouveaux enjeux
auxquels sont confrontés les territoires de montagne.
C'est dans ce cadre là que la Confédération Paysanne d'Ariège, en lien
avec la Conf nationale, a organisé les journées de l'agriculture paysanne de Montagne, les 5 et 6 novembre derniers à Ax-les-Thermes.
Nous étions plus de 300 personnes à faire
le déplacement, avec des représentants de
chaque massif français mais aussi des paysannes et des paysans d'Autriche, d'Espagne
et du Portugal. Des étudiants, des politiques,
des chercheurs et surtout des paysans (dont
de nombreux jeunes) ont participé à cette
rencontre.
Un des objectifs du colloque était de faire
émerger des propositions concrètes à inscrire dans la nouvelle loi Montagne qui
prennent en compte l'agriculture paysanne.
Plus encore qu'ailleurs, l'agriculture occupe
en effet une place particulièrement importante dans les zones de montagne. C'est
souvent la principale activité économique,
avec un impact déterminant sur les autres activités (notamment le tourisme) et sur les
liens sociaux. C'est aussi en montagne que la
tendance à l'industrialisation de l'agriculture
est la moins forte et que l'agriculture paysanne y est toujours bien vivante, malgré les
difficultés évidentes liées aux contraintes climatiques et de relief.
Pour mettre ces éléments en évidence, en
débattre et les traduire en orientations politiques, les deux journées se sont articulées
autour de visites de fermes, de témoignages,
d'ateliers, de débats et d'une table ronde politique.
ont ramené à des réalités bien moins idylliques, avec des paysans qui ne s'en sortent
pas et d'autres qui doivent s'exiler pour diverses raisons.
Des bergers, des paysannes et des paysans
nous ont aussi fait le récit de leurs expériences douloureuses liées à la prédation des
troupeaux (par le loup et l'ours), une problématique jusqu'à maintenant propre aux zones
de montagnes. On a pu sentir à quel point la
prédation plongeait des femmes et des
hommes dans des situations extrêmement
difficiles à vivre et risquait de ce fait d'amener
à la disparition du pastoralisme, faute de personnes en mesure de faire face à de telles
conditions de travail.
Des ateliers en petits groupes ont permis
de creuser certains thèmes : la place de l'agriculture vis-à-vis des autres activités
économiques, la reconnaissance des activités agricoles autres que l'élevage, la
valorisation des produits issus de la montagne, l'avenir du pastoralisme dans un
contexte de prédation et d'une nouvelle PAC
pleine d'incertitudes, l'installation et la transmission. Ces ateliers, ainsi que l'ensemble du
colloque seront bientôt retranscrits dans des
actes.
Ces deux journées se sont achevées par
une table ronde politique, avec notamment la
participation de Stéphane Le Foll, ministre de
l'Agriculture. Il a essentiellement été interpellé
sur la question des proratas, la Conf' demandant que les contrôles de cette première
année de mise en place soient pédagogiques,
c'est-à-dire sans sanctions. Sa réponse a été
très claire : les contrôles auront bien lieu et
seront accompagnés de sanctions dans le cas
de surfaces pâturables surestimées. Notre
message devra passer par d'autres voies
pour être entendu.
Finalement, l'intérêt majeur de cette table
ronde réside peut-être dans la longue introduction qu'en a faite Laurent Pinatel en
transmettant au ministre un véritable projet
politique d'agriculture paysanne de montagne, reflet des réflexions sorties de ce
colloque. S'il est important de faire connaître
ce projet au gouvernement, il est tout aussi
nécessaire de continuer à faire reconnaître les
réalités des paysannes et des paysans de
montagne au sein même de la Confédération
Paysanne, tant les systèmes agricoles peuvent être différents d'une région à l'autre.
C'est sans doute un des points forts de ce
colloque.
Les événements comme celui-ci sont des
moments forts dans la construction collective d'un projet politique mais c'est aussi une
occasion privilégiée de rencontrer des collègues qu'on voit peu ou qu'on ne connaissait
pas. La vie du syndicat se joue aussi au travers des discussions dans les couloirs ou
derrière un bar après une séance de travail.
La qualité de l'organisation et de l'accueil des
Ariégeois a largement contribué a rendre ce
moment convivial.
Christophe Morantin, éleveur à Glandage
Les visites de fermes et les témoignages de
paysannes et de paysans de différents massifs français et européens nous ont permis
d'apprécier une grande variété de contextes,
de systèmes de productions et de manières
de travailler. Autant de choix qui traduisent
une des caractéristiques de l'agriculture paysanne, à savoir sa diversité et sa capacité
d'adaptation au territoire. Tout l'inverse de
l'agriculture industrielle ! Si on a surtout vu
des expériences « réussies », certains témoignages (notamment d'une paysanne du
Portugal et d'un paysan Syrien exilé) nous
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INFORMATIONS
INFORMATIONS SYNDICALES
SYNDICALES
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La vie du Syndicat
Déclaration à l'arrivée des convois cap sur la cop
devant le château de Versailles
Salut à tous et toute et merci d'être venus nous accueillir et partager un repas.
Nous sommes partis de Notre Dame des Landes samedi dernier avec cinq tracteurs, un triton, une
cabane, une cantine mobile et 200 cyclistes de 1 à
70 ans. Nous roulons aujourd'hui depuis sept jours.
Nous sommes toujours ensemble et plus nombreux
qu'au départ. Notre tracto-vélo a été une entité à la
fois soudée et riche de sa diversité à l'image du
mouvement anti-aéroport.
Le convoi s'est construit avec les associations et organisations citoyennes, politiques et syndicales qui
depuis de nombreuses années informent et agissent
sur le plan juridique, militant ou celui de la contreexpertise. Autant d'associations et organisation qui
ont assuré pas à pas l'ancrage du mouvement.
Le convoi s'est construit avec les paysans impactés
de la Zone d'Aménagement Différé qui ont toujours continué à cultiver
la zone menacée, malgré les menaces et pressions. Ils s'est construit
avec tous les paysans de la région qui ont rejoint la lutte et participent
pleinement à sa défense et aux projets agricoles.
Le convoi s'est construit avec les occupantes et occupants qui sont
venus s'installer sur place à l'appel d'habitants historiques, qui ont participé pleinement sur le terrain à empêcher tous démarrages des travaux.
Des occupants qui ont construit sur place des formes de vie, d'habitats,
d'agricultures et d'organisation collective et partageuse, émancipées du
diktat économique et des schémas dominants.
Le convoi s'est construit avec les comités et soutiens de toute la région
et de plus loin encore toujours prêt à se mobiliser pour maintenir la
pression contre le projet d'aéroport et à chaque fois que la zad a été menacée. Autant de comités et soutiens qui constituent le terreau populaire
du mouvement.
Nous avons imaginé ce convoi dans un contexte lourd des menaces répétées du premier ministre et des pro-aéroport. Nous sommes venus à
Paris pour y dénoncer une hypocrisie flagrante. D’une part, la volonté affichée en décembre, par le gouvernement, de lutter contre le
réchauffement climatique. D’autre part, la menace de revenir quelques
semaines plus tard pour expulser les habitants et paysans de la zad, détruire plus de 1600 ha de terres agricoles et de zones humides, ainsi
que des dizaines de logis pour y construire… un nouvel aéroport.
Comme de nombreux habitant-e-s, paysan-ne-s, migrant-e-s d’autres
parties du monde qui subissent déjà en première ligne les conséquences
du réchauffement climatique, nous savons que notre salut ne viendra
pas des échanges de marchés carbones entre lobbies industriels et gouvernements, encore moins du capitalisme vert. Nous voulons participer
à une reprise en main, par les populations et mouvements de lutte, de
l’avenir de la planète. Nous apportons depuis Notre Dame des Landes
un double message d'espoir, celui qu'il soit possible d'arrêter ici et maintenant leurs projets nuisibles et imposés, celui qu'il soit possible ici et
maintenant de tracer d'autres chemins.
Nous savions avant de partir que le gouvernement avait déjà prohibé
toute les manifestations publiques prévues dans les rues de la capitale
pendant la cop 21. Le lendemain de notre départ, un bataillon de gendarmes mobile a bloqué notre convoi pendant quelques heures pour lui
signifier qu'il lui serait interdit de pénétrer en île de France. Le périmètre qui nous était prohibé a encore augmenté avec l'interdiction d'aller
en Eure et loir en début de semaine. Nous avons pourtant continué à
rouler et à avancer. Face à notre détermination sans faille les barrières
se sont successivement levées.
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INFORMATIONS SYNDICALES
Si les autorités ne voulaient visiblement pas de nous,
ce n'était pas le cas des habitants des régions traversés, bien au contraire. Les comités et soutien
d'Ancenis, Angers, Le Mans, Préaux sur Perche, la
Flêche, Coulombs, Emancé entre autres, nous ont accueilli chaque soir à bras ouverts. Ils nous ont ouvert
leurs maisons, leurs champs et leurs salles des fêtes.
Toutes ces personnes qui refusent de se laisser abattre par la peur et la résignation, nous montrent à quel
point le mouvement de solidarité avec la lutte de Notre
dame des landes est plus vivant que jamais. Ces personnes ne nous ont pas accueilli dans un simple
geste de soutien mais parce qu'elles se battent ellemêmes localement contre la privatisation d'une forêt
publique, pour que des migrants aient un toit sur la
tête, contre l'emprise de l'agro-industrie et pour l'accès paysan à la terre ou encore pour maintenir, face
à un nouvelle zone commerciale, un jardin collectif à
périphérie d'une ville. Grâce à elles et eux, ce convoi a été un moment
absolument magique. Nous les remercions infiniment et les assurons
d'être prêt à revenir les soutenir à notre tour à chaque fois que ce sera
nécessaire. Nous regrettons fortement de n'avoir pu nous rendre hier à
Saclay du fait du blocus policier.
Nous sommes cependant parvenus aujourd'hui à Versailles, aux
portes de Paris.
C'est le 16 novembre 2015, depuis Versailles, que le sénat et le parlement réunis ont décidé de prolonger de trois mois l'état d'urgence sous
lequel nous vivons aujourd'hui. C'est au titre de l'état d'urgence qu'il a
multiplié les interdictions de manifestation, les perquisitions ou les assignations à résidence de personnes qui préparaient notre accueil à
Paris. Mais ces mesures liberticides ne pourront étouffer les voix de
tout ceux qui considèrent que les logiques économiques et politiques actuelles nous mènent droit dans le mur.
En 1871, les Versaillais avaient écrasé la Commune de Paris. Les zads
sont aujourd'hui comme autant de nouvelles communes libres. Et nous
affirmons ici que ces communes ne se laisseront plus expulser. Nous
avons contenu les troupes policières à l'automne 2012, et avons mis en
défaite les politiciens pro-aéroport. Nous les mettrons en défaite une
nouvelle fois s'ils s'entêtaient à revenir dans le bocage de Notre-DameDes-Landes. Il n'y aura pas d'aéroport, la zad continuera à fleurir.
C'est à l'été 1973 pendant le premier grand rassemblement de la lutte
du Larzac que Bernard Lambert, figure des paysans-travailleurs a déclaré "les paysans ne seront plus jamais des versaillais". Avec les
paysans venus de la zad nous sommes fiers aujourd'hui de faire résonner de nouveau ce message ici-même.
Ce banquet n'est que le point final des convois. Il se veux un appel à
continuer les luttes de terrain, à Paris comme ailleurs, dans les semaines, mois et années à venir.
Les organisations suivantes avaient appelé à rejoindre ce convoi :
Acipa, Attac44, Attac France, CeDpa, Cela, Confédération Paysanne, Copain 44,
collectif de St Herblain/Indre contre le projet d’aéroport NDDL, comité Sud Vilaine anti aeroport, comité NDDL la Roche sur Yon, comité de Chateau Briant,
comité de Bigouden, comité Cap Atlantique/Guérande contre le Projet d’Aéroport, comité Saint Jean/Le Pellerin, comité de soutien du pays de Ploërmel,
collectif du Pays de Vannes contre le projet d’aéroport à NDDL, collectif Alsace
NDDL, collectif de St Nazaire contre l’aéroport, Naturalistes en lutte, SOS Loire
Vivante-ERN France, EELV Pays de Loire, EELV 44, Ensemble ! 44, NPA 44, NPA,
Parti de Gauche, Relocalisons, Rezé à Gauche Toute !, Solidarités Écologie, Union
Syndicale Solidaires 44, Union Syndicale Solidaires.
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2015
- La Mauvaise Herbe - Décembre
La vie du Syndicat
Le 1er décembre, la CP26 a rencontré M. le Préfet
Aides aux surfaces peu productives :
l'administration aussi perplexe que les paysans
Mardi 1er décembre 2015, la Confédération paysanne de la Drôme
a été reçue par M. le Préfet de la Drôme ainsi que la Responsable de l'Agriculture à la DDT pour aborder la question des
proratas sur les surfaces pâturées.
La Confédération paysanne de la Drôme a exprimé les inquiétudes des éleveurs vis-à-vis des contrôles à venir. Ces proratas
étant difficiles à évaluer, nous estimons que ce n'est pas aux éleveurs d'assumer les conséquences d'un système compliqué mis
en place dans l'urgence et que l'Etat a lui-même du mal à gérer.
Le préfet a reconnu la complexité de cette procédure et l'impossibilité pratique de réaliser les contrôles prévus (subjectivité de
l'évaluation visuelle) dans les délais impartis (environ mille
fermes sont sensées être contrôlées entre mi décembre 2015 et
février 2016).
Le préfet n'est pas favorable à ce que les contrôles impliquent
des sanctions et s'est engagé à en informer le gouvernement.
La Confédération paysanne attend une confirmation écrite qu'il y
aurait un rééquilibrage de manière à compenser, sur une ferme,
les sous-déclarations et les sur-déclarations.
C'est une revendication qu'avait portée la Confédération paysanne.
Nos interlocuteurs nous ont assuré qu'ils examineraient les dossiers avec intelligence et bienveillance, dans le cadre permis par
la loi. Nous serons attentifs et vigilants au respect de ces engagements.
Communiqué de presse du 1er décembre
Conseil de lecture
Les nouveaux esclaves du capitalisme
Patrick Herman (Au Diable Vauvert, 2008)
Pendant la COP21, « nos dirigeants » vont disserter sur
toutes les bonnes intentions imaginables pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre, sans jamais remettre en
question le modèle agricole industriel. De notre côté, nous ne
cessons de pointer du doigt les désastres écologiques occasionnés par ce système. N'oublions pas d'en dénoncer aussi
les conséquences sociales, tout aussi désastreuses.
L'enquête de Patrick Herman nous conduit ainsi des
Bouches du Rhône au Rif marocain, en passant par les mers
de plastique d'Andalousie (El Ejido, Almeria). Elle fait la lumière sur les conditions de la mise en place de ces zones
exclusivement dédiées à l'agriculture industrielle, et ce qui en
découle pour les conditions de travail et de vie des ouvriers
agricoles. Dans la version « propre », les systèmes industriels sont censés économiser de la main-d’œuvre, donc
épargner du travail fastidieux aux ouvriers. Patrick Herman
nous apprend que c'est tout le contraire, en tout cas en agriculture. Les tâches sont standardisées, répétitives, mais ce
sont toujours des humains qui les effectuent. Et comme le
modèle industriel s'inscrit forcément dans une stratégie capitaliste de maximisation des profits, il se doit donc, pour
rester compétitif, de « tirer » le plus possible sur toutes les
variables d'ajustement. En particulier la main-d’œuvre. Flexibilité maximale, cadences infernales, salaires rognés de tous
côtés, recours massif à des travailleurs étrangers (population
précaire s'il en est), conditions d'hébergement à la limite de
l'inhumain... Tout y est pour faire de l'agriculture industrielle
INFORMATIONS SYNDICALES
une des réalisations les plus abouties
(avec peut-être l'industrie textile) de
l'érosion sociale.
C'est ce constat que reprend le dernier supplément à Campagnes
Solidaires, « L'agriculture, laboratoire d'exploitation des travailleurs migrants saisonniers »,
qui compile les synthèses des volontaires envoyés dans différents pays d'Europe par le programme « Echanges et
Partenariats » en 2014-2015. Que ce soit en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, au Portugal, en
Grèce ou en Belgique, aucun pays ne fait exception à la règle
de l'exploitation scandaleuse des travailleurs migrants. Ces
deux travaux soulignent un autre élément important du modèle industriel. Il s'agit du lien direct entre la mise en place de
ce modèle, en Europe et ailleurs, et la destruction massive
des agricultures paysannes. Les paysans, dont les terres ont
été accaparées par des multinationales, paupérisés par des
systèmes de concurrence internationale déloyale, quittent les
campagnes et se convertissent en une source presque inépuisable de main-d’œuvre bon marché et corvéable à merci
pour les agri-managers. La boucle est bouclée, et le modèle
industriel semble ainsi faire de lui-même la preuve de son excellence ! Jusqu'à ce que les réseaux de solidarité
patiemment tissés ne viennent mettre du sable dans les
rouages bien huilés de la mécanique capitaliste...
MJD
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2015
- La Mauvaise Herbe - Décembre
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Questions
La vie du juridiques
Syndicat
Treize années de procédures judiciaires avec l'appui de l'AFD puis du CAJ
Un jugement de la cour de cassation créé une jurisprudence
importante pour les fermiers en production biologique
Le témoignage de Guy Perret, militant de l’Association des Fermiers
Drômois (AFD) puis du Comité d’action juridique (CAJ), qui a assisté
les fermiers dans un combat judiciaire éprouvant mais aux retombées
positives et collectives.
Début 1993, Christian et son épouse
s'installent en fermage sur une exploitation
fruitière : maison d'habitation, bâtiments
d’exploitation et près de six hectares de
terres en grande partie plantées (pêchers,
poiriers, pommiers, abricotiers). L'exploitation est certifiée « Agriculture
Biologique » et les fermiers la maintiendront.
Vers la fin de son premier bail, Christian
réalise que son fermage ne correspond pas
aux barèmes en vigueur dans la Drôme : il
est au moins deux fois trop élevé. Il
contacte alors l'Association des Fermiers
Drômois (AFD). Après une tentative infructueuse de négociation avec son bailleur, il
décide de saisir le Tribunal Paritaire des
Baux Ruraux (TPBR) dans le mois qui suit
le renouvellement du bail (janvier 2002) sur
la base de l'article L.411-50 du code rural
pour fixer les conditions du bail renouvelé
et notamment le montant du loyer.
Alors que l'article L.411-50 ne prévoit pas
de délai pour agir en fixation des conditions
du nouveau bail, le TPBR puis la Cour d'Appel jugent irrecevable l'action du fermier. La
Cour d'Appel impose cependant au bailleur
des travaux d'amélioration de la maison
d'habitation, jugée insalubre selon un rapport de la DDASS réalisé à la demande du
fermier (réfection de l'installation électrique, travaux de toiture, changement
d'huisseries, etc.).
En 2004, le fermier revient devant le
TPBR pour faire réviser le prix, cette fois
sur le fondement de l’article L.411-13 du
code rural, qui permet d’agir au cours de la
troisième année du bail initial ou renouvelé.
En 2005, le TPBR rejette la demande en estimant que le fermier n'apportait pas de
preuves suffisantes montrant que le prix du
fermage était supérieur de plus de 10% par
rapport à la valeur locative de la catégorie
du bien concerné. Nous avions présenté
une évaluation du fermage réalisée par des
bénévoles de l'AFD mais elle n'a pas été retenue.
10
Christian et son épouse font appel de ce
jugement et produisent cette fois une expertise réalisée par un expert foncier
agricole. En 2006, la Cour d'Appel de Grenoble confirme la recevabilité de la
demande et désigne un expert judiciaire
pour évaluer le montant du fermage.
Après plusieurs changements d'experts
(3 ou 4 désistements), le rapport d'expertise est rendu début 2009. En mars 2010,
soit presque cinq ans après le jugement de
première instance, la Cour d'appel refuse la
révision du prix du fermage. Selon elle, l'exploitation louée doit être considérée comme
une exploitation spécialisée en raison de sa
certification AB lors de la conclusion du
bail. Elle conclut que les arrêtés préfectoraux ne lui étaient donc pas applicables. Ces
arguments-là avaient été largement développés par la partie adverse et par une
expertise que nous considérons comme
partiale.
Les fermiers forment un pourvoi en cassation contre cet arrêt. En effet, il ne parait
pas légitime que les fermiers paient un fermage plus élevé en raison de la certification
AB puisque celle-ci est le résultat de leur
travail !
Par un arrêt du 13 juillet 2011, la Cour de
Cassation casse la décision de Grenoble au
motif que, dès lors que les arrêtés préfectoraux prévoient des minimas et maximas
pour les productions concernées, ils doivent être appliqués, même aux exploitations
en agriculture biologique. Elle renvoie donc
les parties devant la Cour d'appel de Grenoble autrement constituée pour fixer le
montant du fermage.
C’est ainsi que les fermiers obtiennent en
2014, une révision à la baisse de plus de
50% de leur loyer et le remboursement par
le bailleur, dans le délai d’un an, d’un indu
de plus de 40 000 euros. Les bailleurs ont
été condamnés aussi aux entiers dépens
(expertise et autres frais) et à verser aux
fermiers une indemnité de procédure de
2 000 euros.
Quelles conclusions tirer aujourd'hui,
maintenant que les différentes actions entreprises sont arrivées à leur terme ?
On ne peut qu'être frappé par le temps judiciaire : treize ans se sont écoulés entre la
première saisine du TPBR et le versement
de l'indu. Mais c’est tout de même un cas
exceptionnel dû à de nombreux recours
(deux premières instances, deux appels,
une cassation, un renvoi après cassation).
La persévérance des fermiers a payé, car
en de nombreuses occasions ils auraient pu
baisser les bras. En effet, de telles procédures nécessitent un réel investissement
sans être sûr du résultat : temps passé,
coût des expertises, de l'avocat spécialisé
devant la Cour de cassation.
Mais l’arrêt de la Cour de cassation
constitue une jurisprudence nationale qui a
des retombées collectives. Il fait avancer
des droits : auparavant, on pouvait avoir
des doutes sur le montant des fermages en
cas de production biologique. On a maintenant un arrêt auquel on peut se référer.
Pour moi, qui ai assisté ces fermiers tout
au long de ces longues procédures, ce fut
une expérience personnelle enrichissante.
J'ai pu appréhender les dédales et les lenteurs de la justice, la difficulté pour faire
prendre en compte les réalités, mais aussi
le côté subjectif de certaines décisions de
justice. Il n'en reste pas moins qu'il y a la
satisfaction d'une issue positive et collective. Je dois dire aussi que mon
engagement a été facilité par la confiance
que les fermiers m'ont accordée en même
temps qu’ils faisaient confiance à l'AFD,
puis ensuite au CAJ.
Guy Perret,
Comité d’action juridique de la Drôme
Les prochaines permanences du Comité d'Action Juridique de
la Drôme auront lieu les 4 janvier, 1er février, 7 mars. À partir de
février, elles auront lieu dans les nouveaux locaux à Crest : Usine
Vivante, 24 rue Adrien Fayolle, 26400 CREST.
Pour prendre rendez-vous, appelez le 04 75 25 10 50
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- La Mauvaise Herbe - Décembre
INFORMATIONS SYNDICALES
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ADEAR Drôme
Semences paysannes : à la recherche
d'une sélection adaptée au maraîchage de montagne
Lundi 9 novembre, nous étions quelques-uns à nous retrouver, avec
Valérie Abatzian1, chez Séverine Tallon, à Saint-Martin-en-Vercors,
pour faire le point sur notre année de maraîchage et plus particulièrement sur notre travail d'auto-production de semences et de sélection
de variétés adaptées à nos systèmes de culture et au climat de montagne. C'est toujours l'occasion d'échanger des expériences, de
partager des semences de variétés qui nous ont séduites, et d'avancer dans nos pratiques...
Les parcelles de Séverine et Christophe
sont à 780 m d'altitude, en fond de vallon,
bien ensoleillées mais sensibles au froid
(entre la proximité de l'eau, le couloir de
vent et la masse montagneuse du Vercors,
les coups de gel ne sont pas à négliger).
Des serres permettent d'étaler la saison de
production, et de proposer en été une belle
gamme de tomates. Partout, des bandes
fleuries, qui rythment l'organisation de l'espace, apportent une touche décorative et
offrent un refuge aux insectes pollinisateurs
et aux auxiliaires. La vente en direct sur les
marchés du Vercors, auprès d'une clientèle
essentiellement locale et fidèle, s'accommode bien d'une recherche sur des variétés
originales, adaptées au lieu.
Au sein de notre petit réseau, nous testons chaque année des « nouvelles »
variétés, en réalité de vieilles variétés potagères, bien souvent récoltées par Valérie au
cours de ses rencontres avec d'autres paysans de montagne (Bugey, Savoie, mais
aussi Piémont italien, Autriche, Suisse...).
Ou alors c'est l'un ou l'autre d'entre nous
qui partage des semences d'une variété qui
lui a particulièrement plu. On retrouve ainsi
chez Séverine la variété de haricot mangetout ramant rapportée d'un jardinconservatoire de l'Ain, et qui fait l'unanimité, le Bardet. C'est aussi la deuxième
année que Séverine met en culture un
chou-fleur originaire du piémont italien, le
Moncalieri, au goût vraiment délicieux (il a
en plus pour lui l'aspect gracieux d'un romanesco blanc). Un peu tardif, on doit
encore tâtonner pour trouver la bonne date
de semis...
La production de semences en climat
montagneux présente deux difficultés, notamment pour les bisannuelles : l'hivernage
des porte-graines qui ne peuvent rester en
pleine terre et la sélection sur la précocité
des légumes de production.
Le chou-fleur Moncalieri a la particularité
d'avoir une pommaison étalée. Nous avons
donc sélectionné la dizaine de plantes qui
avaient déjà ébauché leur pomme ce jour-là
(sélection sur la précocité). Ensuite, Séverine sortira ces plants de terre avec leurs
racines, elle enlèvera les feuilles pour ne
garder que la pomme. Elle conservera ces
futurs porte-graines en cave pour les replanter en février mars et récolter les
semences en été 2016.
Séverine cultive également une variété de
fenouil qui a les particularités de pouvoir
être semé sur plusieurs mois, de ne pas dépendre de la durée du jour ou des
températures pour bulber, et de produire de
nouveaux bulbes après qu'on ait récolté le
bulbe principal. Idem, nous avons sélectionné une dizaine de plantes selon les
critères suivants : vigueur pour avoir refait
plusieurs bulbes après une première récolte
mais sans avoir encore émis les fleurs le
jour de la sélection. Nous les avons sortis
de terre pour les hiverner en cave. C'est une
première expérimentation, nous ne savons
pas du tout ce que cela pourra donner. En
parallèle Séverine fera la même chose avec
des bulbes simples issus de son dernier
semis. On pourra alors comparer les résultats de ces deux lots.
Pendant la journée, on parcourt les allées,
on regarde les légumes, on apprend à repérer ceux qui auraient fait les meilleurs
porte-graines, on s'interroge sur les manières de s'organiser pour faciliter la
production de semences, pour améliorer
notre coup d’œil en sélection. Dans les rencontres techniques sur le maraîchage, on a
vite le sentiment de ne parler que d'outils,
de technologies, de mécanique... Ici, et
c'est ce qui est précieux, on partage des savoir-faire qui sont avant tout liés à
l'observation, à la compréhension du cycle
complet de la plante et à une attention à
toutes les étapes de celui-ci. La richesse de
ce petit groupe réside dans la volonté
d'avoir des idées pour expérimenter, voire
d'inventer de nouvelles techniques pour
produire des semences malgré les
contraintes climatiques. Ces expériences
permettent de produire de la connaissance
collective pour faire avancer tout le groupe.
Sandra Burger, Séverine Tallon,
Valérie Abatzian, Margot Jobbé duval
1 - Valérie, membre du conseil d'administration du Réseau Semences Paysannes et formatrice en semences
biologiques (Grain'Avenir, www.grainavenir.fr), accompagne depuis 2011 un petit groupe de maraîchers
sur la sélection paysanne et l'auto-production de semences potagères.
Le prochain rendez-vous aura lieu le
lundi 14 décembre chez Sandra Burger, à
Die. On y parlera beaucoup de tomates,
mais aussi de potimarrons.
Actualité en bref
Vivéa : Concernant la prise en charge des paysans qui ne sont
n’ont pas encore leur attestation
pas à jour de leurs cotisation Vivéa pour les formations dans les fi- • Paysans ayant un échéancier négocié : pas de problème
lières en difficulté, notre représentant au comité départemental Vivéa • Paysans installés non à jour : ils peuvent se mettre à jour en ne
payant que la cotis Vivéa à la MSA et en le spécifiant. Si la MSA pose
nous informe qu'il y a trois cas :
• Nouveaux installés : ils peuvent être pris en charge même s’ils problème, contacter Vivéa
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Décembre
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INFORMATIONS
INFORMATIONS SYNDICALES
SYNDICALES
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La vie des
du Syndicat
éleveurs
Tenez vos loups en laisse, moi je garde mes brebis1 !
Récit d’un été sur l’alpage du JOCOU - versant Lalley (38) et Lus la Croix Haute (26)
empêcher ces oiseaux de jouer leur rôle de fossoyeur avant les
constats officiels. Bilan fin Août : total brebis disparues quinze, tuées
huit, blessées neuf. Je constate de plus en plus souvent des avortements. J’apprends alors que 41 attaques ont été répertoriées sur
les alpages voisins et que certains éleveurs ont enlevé les troupeaux.
Cela ne présage rien de réjouissant en septembre pour ceux qui restent !
Je parcours cette montagne depuis cinq ans. Je la
connais. Cette année encore, j’ai souhaité assumer
seul la gestion d’un troupeau de 1200 brebis avec
des moyens techniques appropriés à se préserver
des attaques de loup (parc bergerie et 4 chiens de
protection).
SEPTEMBRE
Le 4, le 9, le 19 et le 23 : quatre nouvelles attaques de loup en
journée me permettent de comprendre la stratégie de ces fauves.
Malgré la présence humaine et la vigilance de quatre Patous aguerris en alerte permanente, ils font des attaques éclaires. Durant une
poignée de secondes, ils écartent deux ou trois brebis en bordure
du troupeau qui, poursuivies par un des loups, disparaissent dans
les pentes. Passée la surprise de la première attaque, je pressens les
trois autres au comportement des Patous furetant aux environs du
troupeau. Un ou deux loups entraînent à leur poursuite les chiens
pendant que d’autres loups surgissent dans mon dos et isolent les
bêtes. Le 23, quelques minutes après l’attaque où une seule brebis
a été écartée, je réalise que celle-ci a été attrapée par deux loups
dans la pente 300 mètres plus bas. Iris, chien berger d’Anatolie de
70 kg est sur leur dos. Une bagarre entre les trois bêtes est engagée. D’abord terrifié, je me lance à son secours. A mon approche
dans les derniers mètres, les deux loups menaçant finissent par lâcher prise. Je porte secours à mon chien qui ne doit sa survie qu’à
son collier clouté. Malgré de graves blessures, il reprendra sa place
quelques jours après. Lors du constat le lendemain matin nous observons que le cadavre de la brebis a été entièrement consommé
soit environ 30 Kg de viande. L’expertise fait apparaître qu’une telle
quantité de viande consommée dans la nuit correspond à la présence d’au moins cinq à six loups. Bilan fin Septembre : 18 brebis
disparues, 12 tuées et 12 blessées
JUIN
Le 15 juin, je suis informé des attaques sanglantes sur la commune de LUS. Je constate quotidiennement une excitation des
chiens de protection. Je suis donc contraint de rester avec le troupeau du matin au soir. La partie pâturable est boisée. J’entends
souvent les Patous partir excités dans les bois. Par manque de visibilité, je ne peux pas identifier ce qu’ils poursuivent. Fin juin, un
comptage de l’effectif du troupeau fait apparaître qu’il en manque
déjà sept. Disparues à cause du loup ou pas ? Pas de preuve donc
pas d’indemnité aux éleveurs !
JUILLET
Le 5, je crois apercevoir furtivement une louve et ses deux louveteaux. Le 15, je l’observe un long moment en contrebas d’une pente.
Il s’agit bien d’une louve. La forte chaleur de juillet nous cantonne
dans les parties boisées et ombragées. Jour et nuit les chiens sont
excités. Ils ne se reposent plus. Les loups rôdent, c’est sûr ! Par
précaution, je dors au milieu du troupeau une nuit sur deux. Les Patous s’épuisent et certain ne viennent plus au troupeau dans la
journée. Le 29, vers 4h du matin, réveillé par les aboiements des
chiens particulièrement violents, je comprends qu’il s’agit d’une attaque de loup. Je me précipite dehors. Le troupeau a forcé le parc
de nuit. C’est le début de la galère ! Durant une dizaine d’heures, je
cavale dans la montagne effectuant des allers-retours d’un versant
à l’autre pour regrouper les bêtes dispersées. Dans mon périple, je
découvre des brebis mortes ou agonisantes. J’ai prévenu les gardes
assermentés de ONCFS qui doivent établir les constats de cette attaque. Je dois encore remonter les pentes de ce matin pour couvrir
les cadavres des brebis tuées (avant l’arrivée des vautours). Le 30,
je cavale encore une partie de la journée pour accompagner les
gardes de l’ONCFS, constater les dégâts et retrouver des bêtes blessées. J’en redescendrai une sur mes épaules. Fin juillet, un nouveau
comptage du troupeau : 13 brebis disparues, quatre égorgées et six
blessées. « Au cours de ces dernières 48 heures, j’ai eu peu de
temps pour manger, dormir. Je suis allé au bout de mes limites physiques (crampes et hypoglycémie…). Cet aspect du métier remet en
question auprès des randonneurs l’image d’Épinal du berger serein
au milieu de ses brebis à mille lieues de la galère générée par le
loup »
OCTOBRE
Le 8 octobre, les éleveurs ont redescendu leurs brebis. Le 15 octobre, l’un deux, habitant LALLEY village à proximité de la montagne
du JOCOU, a subi dans son village une nouvelle attaque de loup. Le
bilan est lourd : treize brebis tuées et quinze blessées, ce qui correspond pour lui en additionnant ses brebis tuées sur l’alpage du
JOCOU à plus de 15 % de perte sur l’ensemble de son troupeau
Les éleveurs sont les premières victimes des prédations du loup
et nous les soutenons. Nous avons ensemble bergers et éleveurs
mis tout en œuvre pour protéger les troupeaux. L’hypothèse que le
loup fuit les humains est une contre vérité, les témoignages et vidéos sur les attaques en plein jour le prouveront. L’apparente
hybridation de certains loups vus à vingt mètres de mon troupeau
me fait douter sur le fait qu’ils seraient venus seuls d’Italie. Mais, qui
se soucie du berger qui, en quatre mois, effectue le même nombre
d’heures de travail qu’un salarié sur l’année ? Nous avons pourtant
des conventions collectives et des contrats de travail clairement établis au maximum d’heures pour effectuer ce travail. Qui va nous
payer les centaines d’heures passées de jour comme de nuit à lutter pour éloigner ces loups de nos troupeaux ? Qui ment depuis des
.../...
AOÛT
Les attaques de nuit se reproduisent à deux reprises avec en plus
des attaques furtives par temps de brouillard. Elles laissent derrière
elles une puis deux puis trois brebis prostrées avec de multiples
blessures, quatre cadavres que le tournoiement des vautours m’a indiqués, m’obligeant à chaque fois à faire un marathon pour
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INFORMATIONS
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La vie des
du Syndicat
éleveurs
années sur la réelle progression des loups en minimisant leur nombre et qui nous plonge désormais dans une réalité de gestion de
meutes présentes autour de nos troupeaux toute la saison ? Pour
parer aux problèmes, il faudrait :
-quatre postes de bergers par alpage : financés par qui ? Comment financer les logements de ces nouveaux venus… ?
-un poste de gardien de chiens de protection (les défenseurs du
loup préconisent un chien de protection par centaine de brebis soit
en moyenne douze à vingt chiens par alpages !)
-inventer et financer des centres d’accueil de ces chiens sur la période hivernale parce que dans les villages ces chiens «ils foutent le
bordel».
Le coût des dépenses globales de la protection des loups s’élève
déjà à plus de 50 000 € par loup, alors que l’argent public se tarit
dans d’autres domaines tels la santé, le social, les services publics… !!!
Le loup une dépense luxueuse dans un monde en crise économique !!!
Patrice Marie, berger
(1) Ce titre sera probablement le titre d’un livre que nous, bergers salariés, nous nous devons d’écrire afin d’informer le public sur la réalité des conditions de travail et de stress
que génèrent la pression et la présence des loups dans nos alpages.
Réplique des « Glandeurs » à l'ASPAS1
Début novembre, des membres de l'ASPAS ont pénétré dans le parc électrifié (à coté de la maison) où
pâturaient nos brebis dans le but de faire « la
preuve » de l'inefficacité des mesures mises en
œuvre par les éleveurs pour protéger leur troupeau
des attaques de loups. Ils ont filmé cette intrusion
et l'ont insérée dans une petite vidéo diffusée sur
internet et relayée par le Dauphiné Libéré du 13 novembre.
Dans cette vidéo, nous apprenons que « des éleveurs qui ne font
pas leur boulot, ça n'a rien d'exceptionnel. Ici, du côté de Glandage,
ils méritent bien leur nom ». La violence de ces propos diffamatoires pourrait facilement nous entraîner sur le terrain des querelles
stériles entre « pro-loups » et « anti-loups », entre les « écolos » et
les éleveurs, qui par opposition seraient anti-écolos. Il nous semblait
néanmoins important de réagir à cette provocation qui, comme l'ensemble de la communication de l'ASPAS, repose sur une approche
simpliste et puérile de la question sans jamais apporter d'éléments
de fond. Visiblement, pour l'ASPAS, rendre quelques espèces animales emblématiques intouchables et sanctuariser des poches de
biodiversité constituerait une réponse pertinente aux problèmes environnementaux. Mais ces choix de gestion ne sont pas sans
conséquences. Celles-ci sont systématiquement occultées par le
côté émotionnel, voire sensationnel, des campagnes de l'ASPAS :
qui peut se montrer insensible à l'image d'un louveteau au regard
tendre ou de Bambi qui voit sa maman tuée par un chasseur ?. Ces
conséquences, nous voulons les éclairer en témoignant de nos réalités de paysans.
animale nous permet de mettre en pratique nos préoccupations environnementales.
Nous sortons nos brebis la journée, gardées dans des parcs électrifiés (la gestion en parcs nous permet de travailler sur les autres
productions et de garder du temps pour la vie de famille,...), et les
rentrons la nuit en bergerie. Le loup attaquant encore majoritairement la nuit dans le secteur, nous avons jusqu'à maintenant été
épargnés. Mais nous vivons cette situation comme un sursis ; que
le loup vienne à attaquer le jour et c'en est fini de notre élevage. Ce
.../...
L’EXPANSION RAPIDE DES LOUPS
DANS LE SUD ET L’EST DE L’HEXAGONE
Nous sommes paysans sur une petite ferme de montagne, en polyculture-élevage. Nous produisons des légumes en traction
animale, à partir de semences paysannes et biologiques, reproduites
en partie à la ferme. Nous avons des ruches, des poules, des cochons et un troupeau de brebis mérinos qui parcourt les landes
avoisinantes, fournit la fumure pour les cultures, produit de la
viande, un peu de lait pour la famille, et surtout de la laine que nous
transformons localement. Toutes nos productions sont vendues en
circuit court. Nous avons construit notre ferme sur l'association de
l'agriculture et de l'élevage dans un souci de cohérence globale et
d'autonomie. Le choix de l'agriculture biologique et de la traction
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La vie des éleveurs
que montre cette vidéo, et c'est regrettable, c'est avant tout à quel
point ses auteurs ignorent tout de nos pratiques. A terme, de telles
agissements ne peuvent qu'entraîner une rupture entre la société
civile et ses paysans et faire la part belle à l'agriculture industrielle
que nous combattons. Si l'on suit le raisonnement de l'ASPAS, le
seul moyen de continuer à faire de l'élevage en présence du loup
consisterait à enfermer les bêtes, c'est-à-dire à faire du hors sol et
de l'élevage industriel. En cela, l'usine des 1000 vaches de Mr Ramery serait un exemple possible de cohabitation réussi entre le loup
et l'élevage. Mais nous arriverions là aux antipodes de ce qu'est
l'élevage pastoral : des éleveurs et des bergers qui font pâturer leurs
animaux dans des milieux naturels où ils prélèvent leur alimentation. Bref, au travers d'interactions complexes entre l'homme, des
animaux d'élevage et un milieu naturel, il s'agit de tirer profit d'une
biodiversité existante et d'en assurer le renouvellement.
Compte tenu de l'absence de moyens de protection réellement efficaces contre le loup, l'élevage pastoral n'a aucune chance de
survivre face à ce prédateur. On aura alors perdu la biodiversité et
la richesse culturelle liées au pastoralisme, au bénéfice d'une seul
espèce, aussi emblématique soit-elle. Le bilan global n'est-il pas légèrement négatif ?
Pour nous, le discours de l'ASPAS est basé sur une vision de la
nature anthropocentrée (c'est l'homme qui établit l'échelle de valeur des éléments de la nature) et symptomatique des pays riches,
urbanisés et coupés de leurs racines paysannes. L'ASPAS ne se
présente pas a priori comme hostile à l'élevage et s'en tient à sa position de refuser tout tir de loup. Par ce discours simpliste, l'ASPAS
prend le rôle du gentil protecteur de la nature et laisse apparaître
les éleveurs comme des sanguinaires anti-écolo. Position hypocrite
et irresponsable qui consiste à faire croire que la société et la nature
ne tireront que des bienfaits d'une protection totale du loup, quitte
à sacrifier l'élevage pastoral, son patrimoine humain et culturel et la
biodiversité qui lui est lié. A ce train là, le loup ne risque-t-il pas d'incarner plutôt une forme de nature totalitaire ?
Margot Jobbé duval
et Christophe Morantin
1 - ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages
Dans la Drôme
Une année de prédation par les loups
En 2015 : 289 victimes indemnisées dont 283 ovins, 3 bovins,
3 caprins. Il faut y ajouter 194 animaux disparus (seuls 22 ovins
indemnisés au titre des dommages exceptionnels)
À noter le lourd tribut "payé" aux loups par les éleveurs et bergers
de Lus la Croix Haute : 133 victimes (ovins) et 49 disparus en 16
attaques du 1er juin au 20 octobre.
À Chalancon le 18 janvier 20 ovins tués et 11 disparus
À la montagne de Couspeau le 7 août 8 ovins tués et 10 disparus
À Treschenu Creyers, c'est 16 ovins tués le 4 octobre.
En tout 72 attaques indemnisables, c'est-à-dire reconnues
comme dues aux loups par la DDT.
Source : DDT de la Drôme
La rencontre de Clermond Ferrand, 5-6 novembre 2015
à l'initative de l'ITAB1 et de groupes conventionnés éleveurs-vétérinaires
Santé animale et dynamique de groupe : une vraie synergie
Depuis plusieurs dizaines d'années, des groupes
d'éleveurs associés à des vétérinaires ont été créés
en vue de maîtriser la santé animale avec l'objectif
de faire évoluer les pratiques de la médecine vétérinaire.
coup par coup. L'éleveur devient actif et c'est dans cette nouvelle relation avec le vétérinaire que s'élaborent les solutions pour la
maîtrise de la santé.
La formation des éleveurs est importante pour plus d'efficacité ;
autour des jours de formation se nouent des dynamiques
d'échanges entre éleveurs. C'est donc vécu comme des situations
socialement très enrichissantes.
C'est pourquoi la rencontre de Clermont Ferrand associait, en plus
des groupes conventionnés, deux groupes d'éleveurs non conventionnés avec des vétérinaires pour leurs pratiques de formation et
d'échanges en vue de la maîtrise de la santé animale :
-le groupe homéopathie du Haut Diois
-l'ADAGE, un groupe d'Ille et Vilaine membre du réseau des
CIVAM
Le groupe diois s'est constitué en 2012 autour de propositions
de formations sur la bio animées par Christel Nayet de la Chambre
d'Agriculture. Il a bénéficié des échanges entre éleveurs pratiquant
l'homéopathie avec Alain Boutonnet qui ont débouché sur la publication du livre « Homéopathie à la ferme » (Ed. Repas). Dans
l'entretien qui suit, Aline Guilhot montre l'apport de l'homéopathie
dans les soins et l'intérêt du groupe de formation et d'échanges.
Plusieurs groupes conventionnés existent en Rhône-Alpes (Loire,
Isère) et en Aveyron (Association vétérinaires-éleveurs du Millavois
– AVEM). Dans la Drôme, l'association des éleveurs de la Raye
(AVER) s'est constituée en 2006 pour trouver une solution à la disparition des vétérinaires praticiens ruraux au pied du Vercors.
Pour les groupes conventionnés, les relations entre éleveurs et
vétérinaires sont définies dans un cadre contractuel. Les éleveurs
adhèrent à une association qui définit le type d'intervention du ou
des vétérinaires. L'éleveur paye une cotisation annuelle sur la base
de son effectif d'animaux. Le vétérinaire n'est plus rémunéré à l'acte.
Dans ce fonctionnement, l'accent est mis sur la prévention des maladies. En effet, le développement de maladies exprime souvent des
erreurs ou des situations défavorables aux conditions de vie des
bêtes : bâtiment d'élevage, alimentation, rations inadaptées… La
pratique des groupements conventionnés consiste souvent à remédier à ces carences ou erreurs et à les prévenir. C'est l'approche
globale de la santé du troupeau et non pas les soins individuels au
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1 - ITAB : Institut technique de l’Agriculture Biologique
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La vie des éleveurs
Entretien avec Aline Guilhot
éleveuse de brebis à Miscon, membre du groupe Homéopathie du Haut Diois
La ferme d'Aline Guilhot est située à Miscon, dans
le Haut-Diois, vers 800 mètres d'altitude. Elle, son
mari et son fils élèvent 300 brebis merinos croisées
préalpes, trois truies naisseuses et quelques chèvres.
LMH : Aline, comment es-tu venue à soigner tes bêtes par homéopathie ? Qu'est-ce qui t'a attiré dans l'utilisation de cette méthode ?
Aline Guilhot : Au départ, on utilisait déjà l'homéopathie pour se soigner, pour la famille. Puis c'est venu naturellement à l'utiliser pour les
soins aux bêtes. La pratique de l'homéopathie nous conduit à plus les observer, à porter sur elles un regard attentif de « mères », pour donner du
bien. C'est dans ce regard particulier à la bête qu'on capte ce qui ne va
pas, son mal être.
LMH : Peux-tu décrire ton cheminement dans l'acquisition des
connaissances ?
AG : Au début j'ai étudié les remèdes à partir de livres écrits pour soigner les humains. Il y a eu dix ans de tâtonnements puis une dizaine
d'années de perfectionnement par des formations organisées par la chambre d'agriculture. On a recherché le remède de fond du troupeau avec
l'aide du répertoire*. Alain Boutonnet, vétérinaire, a confirmé le choix.
Aujourd'hui, après l'avoir donné, nous n'avons plus de maladie chronique
du troupeau.
Il reste quelques problèmes sporadiques comme des mammites que
nous traitons au cas par cas avec un remède homéopathique indiqué. Il
est vrai aussi que nous avons réformé notre façon d'alimenter le troupeau sur les conseils des vétérinaires du GIE Zone Verte. La qualité des
rations, leur volume et la façon de les distribuer au quotidien a un impact
important sur la santé des bêtes.
Nous utilisons aussi des produits naturels comme compléments alimentaires comme l'argile, le kefir, le vinaigre de cidre ou ce que l'on trouve
dans l'environnement de l'exploitation.
LMH : L'été, tes bêtes partent en montagne ; tu les confies avec
celles de tes collègues à un berger transhumant qui a ses propres
bêtes. Comment se passent les soins ?
AG : Nous avons la chance que notre berger, Anthony, est très intéressé
par l'homéopathie et tourné vers les médecines alternatives, même si cela
L’EXPLOITATION :
Les terres : 80 hectares (faire-valoir direct et indirect) dont 20 hectares de
terres cultivables assurent l'autonomie. 3 hectares de noyers et une
vingtaine de tilleuls.
Les agneaux : 60 % sont vendus directement aux consommateurs
(abattoir de Die et salle de découpe
agréée à la ferme), 40 % sont vendus
au groupement de Sisteron.
Les productions végétales (noyer, tilleul), sont vendues au négoce.
Toutes les productions sont certifiées
en agriculture biologique depuis 2000.
Les ressources pastorales sont importantes pour l'alimentation du troupeau.
L'hivernage en bergerie a lieu de décembre à mi-avril. Au printemps, les
meilleurs prairies sont préservées
pour la fauche. Le troupeau pâture parcours et bois. Pour augmenter les
ressources pastorales et les temps de
pâturage, les surfaces boisées sont
éclaircies et déboisées (cette action est
identique aux trois éleveurs de Miscon). Les résidus sont utilisés dans
des chaudières à copeaux.
Après la montagne, à l'automne, le
troupeau pâture sur l'ensemble des
terres.
La transhumance : au col de Menée.
Six éleveurs regroupent leurs bêtes.
2000 brebis sont gardées par un berger aidé depuis 8 ans par un aide
berger au titre des mesures de protection contre les loups (présence de
deux chiens patou).
INFORMATIONS SYNDICALES
complique parfois un peu son travail. Depuis plusieurs années nous avons
eu des avortements début septembre en estive. Nous avons décidé, entre
éleveurs, de faire un traitement de toutes les bêtes par Isothérapie**. Le
protocole a été défini par un vétérinaire. Il fallait administrer la solution du
remède à toutes les bêtes et cela pendant un mois. Le berger imprégnait
les tas de sel distribué aux bêtes avec la solution. Après discussions, tous
les éleveurs du groupement étaient d'accord et ont joué le jeu pour cette
thérapie qui s'est révélée efficace avec un gros avantage pécunier : ça n'a
coûté qu'un peu plus de travail, et pas d'antibiotiques à acheter. De plus
en plus d'éleveurs vont vers la bio et n'ont pas plus de soucis. Ces idées
font leur chemin et rentrent dans les esprits.
LMH : Un groupe « homéopathie à la ferme » se réunit dans le Diois
avec Alain Boutonnet, vétérinaire homéopathe et Christel Nayet, de la
Chambre d'agriculture. Peux-tu nous expliquer comment il fonctionne
et à quelles attentes il répond ?
AG : Ce groupe réunit une quinzaine de personnes, que des femmes (2
hommes y participaient les années précédentes). Les femmes sont plus
patientes et ont plus un regard de mère sur les bêtes. Le groupe c'est collectif et ça permet l'entraide. Entre collègues, nous sommes tous sur la
même longueur d'onde. Ensemble nous étudions les cas. On observe on
recherche le remède correspondant, puis on en reparle la séance suivante,
on suit le cas. On prend le temps. Le groupe permet de faire bien, de ne
pas passer à côté de signes pertinents pour trouver le remède et on
échange entre nous ; nous partageons les bonnes et les mauvaises expériences, on se soutient l'un l'autre.
LMH : Pourquoi ce groupe dans le Diois ?
AG : Il y a dans le Diois beaucoup de gens différents, de différentes ethnies. Cela produit un esprit d'ouverture notamment à d'autres techniques
ou médecines. Il y a un partage de valeurs comme ne pas se laisser gagner par les lobbies industriels et faire un pied de nez à l'allopathie.
LMH : Comment essaimer dans le monde de l'élevage ?
AG : Il faut organiser des stages de formation, étoffer les réseaux pour
faire connaître l'homéopathie, en parler autour de nous. Certains ont tout
essayé et rien ne marche. Le recours à l'homéo conduit à changer sa façon
de penser. Elle permet de se défendre face aux grandes entreprises pharmaceutiques. Côté vétérinaire : il faut inciter les jeunes entrant dans la
profession à se former aux soins alternatifs, être compétents et savoir
transmettre ses connaissances, laisser des traces.
Propos recueillis par Jean-Louis Meurot
* Répertoire : répertoire de Kent, du nom du médecin homéopathe James T. Kent qui en a
été à l'origine. Il en existe plusieurs éditions. Ce livre recense les différents signes éventuels
présentés par les malades ; ils sont classés par région du corps ou par fonction sous forme
de rubriques. Chaque rubrique énonce le ou les remèdes correspondant au signe.
** Isothérapie : méthode de soin basée sur l'utilisation de tissus infectés ou secrétions du
malade qui subissent la même préparation que les médicaments homéopathiques : dilutions
infinitésimales et dynamisation ; mais il ne s'agit pas réellement de médicaments homéopathiques car la prescription n'est pas fondée sur le recueil des signes particuliers du malade.
Cet article est co-financé par :
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La vie des
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éleveurs
Salmonelloses aviaires
Faire évoluer l’application des mesures sanitaires… afin de garder les éleveurs
Le 10 novembre 2015, deux représentants de la Confédération paysanne de la Drôme ont rencontré Monsieur Toulouse, directeur de la
DDPP. Il s’agissait pour nous de lui transmettre nos préoccupations
concernant l’avenir des éleveurs touchés par des mesures d’abattage
sanitaire de leurs cheptels, et de recueillir le point de vue de l’administration.
Il y a les impératifs de santé publique à respecter avec la plus grande attention ; mais il
y a aussi la vie des éleveurs. Monsieur Toulouse, répondant à notre question,
reconnaissait que l’objectif de la réglementation concernant la salmonellose n’est pas
l’éradication de la maladie. Il y a donc des
marges pour appliquer avec discernement la
réglementation. Pour nous, il s’agit de maîtriser les risques de la maladie, mais tout en
assurant la vie et le revenu des éleveurs ;
sinon il n’y en aura plus ou seuls subsisteront quelques entités industrielles, véritables
laboratoires confinés dont les volailles ne sortent jamais pour picorer les vermisseaux et
les graines sauvages.
Les éleveurs drômois seraient-ils les victimes
du zèle des inspecteurs de la Direction Générale de l’Alimentation du Ministère de
l’Agriculture ?
La Drôme est le département de France présentant la plus forte prévalence de la maladie.
Le 26 juin, deux inspecteurs sont venus enquêter dans la Drôme. Ils ont rencontré les
professionnels à Valence. Le 14 octobre, ils
sont revenus rendre compte de leur mission
et édicter des mesures de plus grande sévé-
rité…
Les éleveurs concernés réagissent
Au printemps 2015, JM. Buisson, éleveurs de
poules pondeuses en AB, près de Bourdeaux,
recevait de la part de la DDPP un avis pour
abattage sanitaire de l’ensemble de ses
poules à la suite d’un contrôle positif révélant
la présence de salmonelles sur les litières et
l’environnement de son poulailler.
Plus récemment, M. Greve, également éleveur de poules pondeuses en AB a dû faire
procéder à l’abattage de l’ensemble de son
cheptel, à la suite d’un contrôle positif. L’administration l’a obligé à faire abattre un lot de
poulettes de 24 semaines présentes dans un
bâtiment distinct et où le contrôle s’était révélé négatif. D’autres éleveurs drômois ont
subi les mêmes obligations pour causes sanitaires.
Au 15 novembre il y avait vingt élevages en
Drôme contrôlés positif depuis le début de
l’année 2015 (environ la moitié poules de
pontes et la moitié de volailles de chair). Il y
en avait trente-six en 2014 en déclaration
d’infection*
C’est une perte économique importante pour
les éleveurs qui n’est pas entièrement com-
Les Salmonelles :
Ce sont de germes ubiquistes (présents dans une grande variété de milieux) avec une diversité
d’espèces.
S’agissant des volailles et du danger pour l’homme seules deux espèces sont actuellement ciblées
par la réglementation : Salmonella enteretidis et Salmonella typhimurium (il est d’actualité d’en
ajouter 2 autres). Ces germes sont responsables de toxi-infections alimentaire transmis par les
œufs. Ils sont détruits par la cuisson ; mais peuvent être transmis par des préparations froides ou
peu chauffées (mayonnaise, pâtisseries…). La mortalité en France serait de quelques dizaines à
deux cent cas par an.
A la suite des mesures de gestion sanitaire, les toxi-infections alimentaires dues aux salmonelles
ont beaucoup régressé.
Les mesures de gestion sanitaire :
Dans les exploitations, la recherche des salmonelles se fait non pas sur les œufs mais dans l’environnement des volailles. Les éleveurs possédant plus de 250 volailles sont chargés d’effectuer des
autocontrôles toutes les quinze semaines pour analyse au laboratoire. Les prélèvements se font au
moyen de chiffonettes frottées sur les litières et les murs des poulaillers. La transmission des
germes se fait notamment par des vecteurs : rongeurs, oiseaux… En cas de présence de salmonelle, il y a décision administrative d’abattage de l’ensemble des volailles.
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pensée par les indemnisations pour abattage
sur ordre de l’administration. Ajoutons que
pour être bénéficiaire de ces indemnités il faut
être signataire d’une charte sanitaire et satisfaire à ses obligations.
Les éleveurs contestent les mesures sanitaires de gestion de la maladie
JM. Buisson a réagi par un courrier dans lequel il demande que le contrôle de la maladie
ne se fasse plus dans l’environnement mais
sur les œufs livrés aux consommateurs, un
peu à la manière dont s’effectuent les
contrôles de salubrité des fromages : sur les
produits mis en marché et non pas sur l’environnement des bêtes dont on récolte le lait.
Pour Monsieur Toulouse cette proposition ne
peut pas être retenue car une poule infectée
n’excrète pas en continu des salmonelles qui
pourraient contaminer les œufs. Seuls un ou
deux œufs pondus sur l’ensemble de plus de
200 sur une année peuvent être porteurs de
germes et par conséquent il serait très aléatoire, lors d’un contrôle sur les produits, de
tomber sur des œufs contaminés : on risquerait de passer à côté, le suivi de la maladie ne
serait pas efficace.
Agir avec discernement
dans les décisions d’abattage :
Les éleveurs demandent que lorsqu’il y a plusieurs poulaillers dans une exploitation, en
cas de contrôle positif, seules soient abattues
les volailles de l’entité où on a détecté les
germes recherchés. Il est en effet fréquent,
lorsqu’il y a plusieurs bâtiments et unité de
parcours que les salmonelles ne soient détectées que dans un bâtiment. Cette demande
des éleveurs a le soutien de vétérinaires assurant le suivi sanitaire d’élevages avicoles.
L’administration estime que cette demande
semble recevable, mais à condition que les
différentes entités soient nettement séparées
dans l’espace et dans l’accomplissement du
travail quotidien, c'est-à-dire qu’il n’y ait pas
de lien épidémiologique entre elles. Mais
dans l’analyse de risque de diffusion de la
maladie, ne faudrait-il pas tenir compte des
effectifs de volailles des poulaillers, et également de la qualité de vie des animaux
(alimentation, parcours de plein air) ?
JLM
*chiffres fournis par Monsieur Toulouse, directeur
de la DDPP.
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éleveurs
PAC : Pâturage des ”surfaces peu productives”
déclarées aurait été la moindre des choses. Des technicien-ne-s mobilisés pour ces visites auraient pu passer en amont des déclarations
Pac pour fournir une aide à la décision. Les paysan-ne-s en étaient
grands demandeurs.
Les territoires discriminés cumulent les handicaps : fortes pentes,
embroussaillement et conditions climatiques difficiles. Cette politique
va faire disparaître les derniers paysans de ces espaces et ainsi créer
toujours plus de disparités et de déserts ruraux.
Le ministère se plaisait à annoncer publiquement un rééquilibrage
des aides PAC plus juste, en faveur de l’élevage, des territoires difficiles
et d’une agriculture plus verte. En clair, les paysan-ne-s de ces territoires difficiles, importants en Drôme, devaient en être les grands
gagnants. Concrètement aujourd’hui ils sont devenus des variables
d’ajustement économique en subissant la double peine d’exercer dans
ces milieux difficiles et d’être sanctionnés pour s’y accrocher. Inutile
d’expliquer combien il est plus facile d’estimer la productivité d’une
prairie en plaine, conduite à renfort d’engrais, que d’une lande, un parcours en zone non mécanisable où seul le pastoralisme peut maintenir
ces zones naturelles ouvertes.
Et pourtant seuls ces paysan-ne-s seront réellement sanctionné-e-s !
La Confédération paysanne dénonce cette politique de sanction.
Il est temps pour nous d’agir fortement auprès du ministère car cette
façon de fonctionner vise uniquement à sanctionner les éleveurs et à
faire baisser les surfaces admissibles en se retranchant derrière une
norme à caractère administratif et ne présentant aucune pertinence ni
réalité techniques.
.../...
Alors que le département de la Drôme a déjà perdu
pratiquement un tiers de ses paysan-ne-s depuis
2000, la déclinaison 2015 de la PAC va avoir des
conséquences catastrophiques pour les zones difficiles de nos territoires malgré les promesses
ministérielles annonçant un rééquilibrage à leur
profit.
A partir de cette année, la surface admissible aux aides de la nouvelle
Pac (2015-2020) pour les prairies et pâturages permanents (incluant
les landes, parcours, bois pâturés, alpages, etc.) est calculée selon la
méthode dite du prorata. Cette méthode consiste à estimer la surface
admissible d'une parcelle en déduisant la part d'éléments non admissibles (rocher, végétation non comestible, etc.) et selon des critères
de pourcent d’herbe et de circulabilité. Et pour tout simplifier le taux de
chargement (pour l'ICHN) est calculé sur des surfaces réelles !
Les paysan-ne-s doivent estimer eux-mêmes les surfaces ainsi éligibles aux aides, à partir de photos aériennes, datant de 2011, fournies
par l'administration. Le traitement des données aurait été soutraité au
Pakistan et en Afrique du nord !
En Lozère, ce sont des dizaines de milliers d’hectares qui ont disparu des déclarations PAC entre 2014 et 2015 (d’après les chiffres
communiqués par la DDT 48) par crainte d’erreurs de déclaration.
En Drôme, ce constat est le même et cela va également se traduire
par plusieurs milliers voire dizaines de milliers d’hectares non déclarés en 2015 à la PAC donc sortis de l’enveloppe drômoise (pas de
communication chiffrée de la DDT 26 pour l’instant).
A compter du 15 décembre, les surfaces dites « peu productives »
seront contrôlées par l'Agence de Service et de Paiement (ASP), l'établissement public français payeur de la quasi-totalité des aides Pac.
Les fermes visitées en priorité seront celles pour lesquelles l'administration trouve que les surfaces déclarées éligibles ne correspondent
pas aux photos aériennes. Si l'écart de surface constaté par le contrôleur dépasse 3%, une pénalité sera appliquée jusqu'à un retrait complet
des aides Pac.
En Drôme, combien de contrôles, dans combien de fermes, seront
nécessaires suite à des «anomalies» repérées par le traitement des
cartes IGN ?
Si la réforme de la PAC favorise grandement les éleveurs qui ont des
grosses surfaces, en revanche, les petites fermes en zone de handicap
naturel seront les premières touchées. Comme si la crise de l'élevage,
la sécheresse et la complexité des déclarations Pac ne suffisaient pas,
de nombreux paysan-ne-s de bonne foi vont être pénalisé-e-s. Ces
sanctions seraient vécues comme une double peine après la perte de
surface liée à la mise en place du prorata.
Entre les informations tardives et les règles du jeu changeant sans
cesse, la déclaration Pac 2015 a été particulièrement complexe pour les
paysan-ne-s. Ils et elles ont passé beaucoup de temps, avec peu de
soutien, à estimer leur prorata sur leur surface à l'aide du guide fourni
très tardivement par l'administration. Cette dernière leur a conseillé
d'estimer eux-mêmes leur prorata, sans connaître celui qui sera estimé par ses services, leur assurant qu'ils pourraient modifier les
surfaces éligibles par la suite. Les règles ont finalement changé. Les
paysan-ne-s ne pourront pas modifier leur déclaration sur base de l'estimation de l'administration et ils se verront « visités » dès le 15
décembre 2015.
L'évaluation du prorata étant sujette à discussion, un échange entre
déclarant et agents de l'Etat, pour se mettre d'accord sur les surfaces
Attitude à avoir lors des visites rapides
qui vont avoir lieu à partir du 15 décembre 2015
Dès la réception de la lettre de la DDT
informant de la visite, contactez un
paysan voisin (ou le bureau de la Conf
Drôme) qui pourrait vous assister pour
ne pas être seul au moment de la visite. Il est conseillé d'être présent
(avec tous les documents nécessaires : photos, déclaration Pac,
prorata, etc) et accompagné lors de la
visite.
Le visiteur donne les prorata aux paysans à la fin de la visite.
• Le paysan ne doit rien signer à la fin,
quel que soit le papier transmis !
• Le paysan doit faire en sorte qu’il ne
figure sur aucun document qu’il était
présent au cours de la visite. Ce, pour
lui faciliter une éventuelle contestation du prorata.
ATTENTION : dans la lettre envoyée
par la DDT pour notifier la visite, il faut
qu’il ne figure nulle part que c’est un
contrôle sur place. Sinon, les recours
seront plus compliqués.
Si la visite rapide fait baisser la surface du paysan :
• Soit le paysan n’est pas d’accord
avec l’estimation de l’ASP, il demande
une contre visite avec mesurage précis. Il transmet à la DDT toutes les
preuves prouvant le pâturage (pour les
parcelles qui auraient été écartées –
montrer le faisceau d’indice prouvant
pâturage) et le prorata : photos, cahier
de pâturage, etc.
• Soit le paysan est d’accord avec la visite et constate un gros écart de
surface : le paysan envoie à la DDT le
formulaire « modification de parcelle »
(ou un simple courrier – un courrier
type sera proposé par la Conf) pour
baisser son prorata en fonction de la
visite (retrait partiel d’aide). Ce formulaire doit être envoyé par lettre
recommandée avec accusé de réception à la DDT, au plus vite après la
visite rapide, avant la réception de la
lettre de fin d’instruction.
Les lettres de fin d’instruction arriveront tardivement, fin du printemps au
plus tôt. Le prorata fixé par l’administration est affecté au paysan après les
10 jours suivant la lettre. Si une pénalité est affectée au paysan, la décision
peut être contestée au Tribunal Administratif : la Conf' accompagnera les
paysans dans cette situation ; nos juristes ont déjà décelé les failles
(incohérences du calendrier entre fin
des déclarations PAC et sortie des décrets sur les plages de prorata) et
arguments à porter (visites subjectives), mais nous restons preneurs de
vos propositions.
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INFORMATIONS SYNDICALES
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La vie des éleveurs
de faire machine arrière.
Sans prise en compte du désarroi des éleveurs et éleveuses, des actions syndicales sont à prévoir.
Vincent Delmas
Le ministère ne sait plus comment faire. Pour preuve, il est déjà prêt
à faire une exception pour le département des Alpes de Hautes Provence du fait de la pression locale !
Et réagit une fois de plus de façon différenciée comme il l’avait déjà
fait lorsqu’il a pris la décision au printemps de ne plus considérer les
glands et les châtaignes comme ressources pastorales tout en faisant
deux exceptions pour la zone « Pélardon » et pour la Corse.
Cette gestion des politiques publiques, et donc des fonds européens
en ce qui concerne la PAC, traitant différemment les territoires et basée
sur une subjectivité totale des déclarations et des contrôles est insupportable et fondamentalement injuste, induisant une distorsion terrible
pour nos zones difficiles.
Comme nous l'avons demandé à maintes reprises, le ministre de
l'agriculture doit décider que ces visites rapides ne donneront pas lieu
à pénalités et seront à but pédagogique !
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, avait d’ailleurs annoncé
des contrôles « pédagogiques » à la suite des déclarations PAC, le 30
avril au Congrès de la Fédération nationale ovine (FNO) en Alsace, avant
Par un courrier du 3 novembre 2015, la Conf Drôme a interpellé les 4 députés de la Drôme sur cette situation, le même
jour elle a demandé à la Chambre d'Agriculture de former et
accompagner les paysans qui pourraient encore modifier leurs
déclarations. Le 1er décembre, une délégation de paysans de
la Conf' Drôme rencontrait le préfet pour demander que ces
contrôles ne fassent l’objet d’aucune pénalité financière pour
la campagne PAC 2015 ainsi que pour 2016, tant que les règles et informations ne sont pas écrites et communiquées aux
agriculteurs avant l’ouverture des dossiers PAC. (voir communiqué page 9)
Portrait de paysan
Michel Vignat, paysan boulanger, à UPIE
LMH : Quel a été ton parcours ?
Michel Vignat : Après avoir grandi dans un
village à proximité de Grenoble, eu un DUT
de mécanique, j’ai été en Angleterre et obtenu
un Bachelor engineering. J’ai travaillé dans
l’industrie pendant quelques années, ce qui
m’a amené à voyager, notamment au Danemark où j’ai passé 4 ans. C’est d’ailleurs
là-bas que j’ai eu un déclic. J’ai quitté mon
travail d’atelier pour goûter aux joies de l’agriculture en faisant un stage de 10 mois sur
une ferme danoise très diversifiée (animaux,
céréales, légumes….). A mon retour en
France, j’ai dû retourner un an dans le monde
du salariat avant de suivre une formation agricole (BPREA) dans le Tarn en 2000-2001.
LMH : Qu’est-ce qui t’a amené dans la
Drôme ?
MV : C’est un parcours de vie qui m’a
amené dans la vallée de la Drôme, j’ai d’abord
habité à Cobonne, ensuite à Gigors et à Piegros-la-Clastre.
Mon projet agricole était initialement de
faire du maraîchage mais au gré des rencontres, je me suis initié au monde du pain, à
Gigors notamment.
En 2005, j’ai eu l’opportunité de louer une
fois par semaine le fournil d’un autre paysan
boulanger ce qui m’a permis de créer mes
premiers réseaux de commercialisation avec
l’AMAP de Crest, le marché de Dieulefit, le
tout sous le statut de cotisant de solidarité.
J’ai pu m’essayer à la culture d’Engrain
(Petit épeautre) sur une parcelle le long de la
Sye pour une année.
J’ai ensuite eu la chance qu’on me prête un
four à bois de grande taille pour lancer l’activité, je l’ai fait venir de Bordeaux par
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transporteur.
Au fur et à mesure de mes rencontres, j’ai
pu acquérir quelques parcelles de bonnes
terres près d’Upie pour lancer mes cultures
de céréales. D’autres opportunités se sont
présentées toujours dans le même secteur et
c’est finalement une ancienne ferme avec 11
hectares que j’ai pu acquérir. Grâce à la Foncière Terres de liens qui a acheté des terres à
proximité pour me les louer, je cultive aujourd’hui 26 hectares de terres.
Les premières années de mon installation
ont été rudes, il a fallu rénover l’habitat et
mettre en place les ateliers de la ferme.
LMH : Comment fonctionnes-tu aujourd’hui ?
MV : Je fais mon pain tous les lundis et jeudis que je commercialise en circuits courts
(AMAP de Crest et de Montoison, école de
Eurre, clients en direct à la ferme ou à Upie)
et au travers de trois magasins : L’Epicerie
Nouvelle et la Viennoiserie Bio à Crest ainsi
qu’à la boutique des Compagnons de la Terre
à Eurre.
Au-delà du pain, j’ai d’autres activités sur la
ferme avec notamment une quinzaine de Brebis allaitantes, un poulailler et une petite
production de légumes. Je cultive des blés
anciens (« Florence Aurore », « Rouge de
Bordeaux »), de l’engrain, de la luzerne, du
sainfoin et du lin.
J’utilise un moulin pour moudre mes céréales et ainsi élaborer ma propre farine. Par
ailleurs, j’essaie de valoriser aussi tous les
sous-produits des céréales, comme le son
(pour les animaux), la balle (pour les oreillers).
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INFORMATIONS SYNDICALES
SYNDICALES
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LMH : Qu’est-ce qui est important pour toi
dans ta vie de paysan ?
MV : Déjà, il y a le respect de l’environnement et de sa diversité, je respecte le cahier
des charges de l’agriculture biologique et suis
également sous le label Nature et progrès, qui
est riche pour moi d’un point de vue social
avec les échanges entre paysans.
Au niveau de mes pratiques, la vie du sol
me semble très importante, j’essaie donc de
mener des pratiques culturales respectueuses de la structure du sol, par exemple, je
ne fais pas de labour systématique, j’essaie
aussi de bien réfléchir à mes rotations.
C’est important pour moi de travailler en réseau localement pour s’échanger des
services, des produits, c’est cela aussi la richesse des paysans.
En ce moment, tout ce qui se passe autour
des semences est inquiétant. Vouloir s’approprier le vivant pour des questions
financières est inconcevable. La nature est
riche de sa diversité et doit rester universelle.
Les plantes nous offrent leur graines après
un processus lent, intense et complexe. L’environnement, le terroir, le climat sont inscrits
dans ces graines et c’est une belle richesse
pour moi d’essayer, qu’entre paysans il y ait
une répartition de la récolte de semences afin
d’avoir des variétés locales bien adaptées à
notre territoire.
Propos recueillis par Thomas Levadoux
Cet article est co-financé par :
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Agriculture
La vie du Syndicat
paysanne
Semences d'ail drômoises :
Quand les producteurs s'emparent de la filière
Dans le contexte de crise agricole révélée par des prix trop bas et l’impossibilité pour les agriculteurs de participer à leur régulation, nous
avons voulu savoir si certains producteurs avaient réussi à garder la
main sur la commercialisation, en-dehors des circuits courts traditionnels. Du côté de Crest, Jean-Pierre et Marie-Thé Sartre, Philippe
Besset et Pascal Didier se sont organisés dans un GIE pour produire
et commercialiser leur ail semence. Les Sartre, aujourd’hui à la retraite, ont participé aux débuts du mouvement. Les deux suivants sont
producteurs. Cet article, écrit grâce à leurs témoignages, décrit la dynamique d’organisation qui permet à des producteurs de travailler
ensemble pour la commercialisation malgré un contexte difficile, les
atouts permettant leur regroupement et les avantages générés.
Un regroupement
”par la force des choses”
La Drôme a une tradition de production
d’ail favorisée par le sol, le climat et par le
fait que les producteurs du Sud achetaient
toujours leurs plants au nord de leur région
de plantation. On disait que « l’ail ne remonte jamais ». Si certains producteurs
passaient par des négociants ou par la coopérative, d’autres avaient coutume de
vendre directement à leurs clients producteurs d’ail de consommation, d’abord dans
le sud puis dans le sud-ouest de la France.
Une vente déjà directe d’un produit prêt à
utiliser. Mais une vente soumise à la
concurrence des producteurs entre eux,
quels que soient leur taille et leurs moyens.
L’envie de faire certifier les semences d’ail
pour leur donner de la valeur (qualité sanitaire) s’est trouvée conditionnée par le
GNIS (Groupement National Interprofes-
sionnel des Semences) à un regroupement
en plusieurs GIE de 4 à 5 exploitations. Ils
avaient ainsi accès aux semences mères
certifiées F1 de l’INRA ou du CTIFL pour
produire de la semence certifiée. Les GIE
permettaient aussi la mutualisation des factures et des variétés et l'harmonisation des
prix de vente.
Au sein du GIE de Jean-Pierre et MarieThé Sartre, il y avait une éthique de départ
visant à installer des collègues plutôt qu’à
s’agrandir, en fonction de ce qui peut se
vendre (au lieu de jeter les surplus) et à
faire attention à ne pas « voler » les clients
des autres.
Dans les années 90, les 5 GIE de base se
sont réunis au sein d’UNISEM DROM, GIE
donnant une marque aux semences d’ail
drômois. Cela a réduit aussi les phénomènes de concurrence entre GIE. UNISEM
DROM s’est à son tour relié au groupement
de producteurs d’ail de consommation pour
former le GIE « L’ail Drômois ». UNISEM
DROM a été créée pour répondre à un besoin : pallier la diminution des clients
français en développant collectivement le
commerce des semences à l’export.
Ce regroupement a donc été permis parce
que les producteurs sont proches les uns
des autres, qu’ils se connaissaient par
groupes de 4 ou 5 et qu’ils ont eu une nécessité commune de se rassembler. Par
ailleurs, leur filière est relativement courte
et ils la travaillaient déjà entièrement, depuis la production des générations de
semences F1 à F6 jusqu’au séchage, à
l’égoussage parfois demandé avant semis
et au conditionnement.
Les producteurs à la tête de la filière
Les 25 producteurs d’UNISEM DROM
font aujourd’hui 75% de la semence française d’ail sur 350 hectares. La coopérative
TOP Semences en fait 10-15%. 4 petits
groupes locaux spécifiques font le reste.
Depuis environ 5 ans, deux filières se sont
ajouté : bio plant et bio conso.
UNISEM DROM commercialise 15-20%
de ses plants à l’export : Italie, Espagne,
Pays-Bas, Pays de l’Est et pays Scandinaves, ces derniers étant de plus en plus
demandeurs, et une partie en France, notamment pour l'ail bio. Individuellement,
chaque producteur a encore ses clients
français auxquels il vend directement.
S’organiser en GIE
Le GIE UNISEM DROM emploie six salariés. Il n’y a pas de directeur. La prise de
décision est réservée au bureau du GIE et à
son CA de 15 personnes, toutes productrices.
Avant chaque CA, des réunions sont tenues au sein des GIE de base afin que tous
les producteurs participent à la préparation
du CA. Chaque GIE de base ayant trois
membres au CA d’UNISEM DROM, l’information remonte. Les votes se font à main
levée. C’est ainsi que des accords sont
conclus pour donner un prix de vente
unique à tous les semenciers du GIE. La
centralisation de la facturation est garante
de ce prix de vente. Le CA vote aussi des
cotisations de fonctionnement. Le bureau
se concerte tous les vendredis matin.
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Agriculture paysanne
« les agriculteurs sont contents de voir
venir à eux un autre agriculteur. »
Pour Philippe Besset, président du GIE
semencier, c’est beaucoup de temps passé
en réunion et en recherche et consolidation
de marchés. Deux mois par an, il voyage à
la rencontre des clients et se régale des
échanges : « les agriculteurs sont contents
de voir venir à eux un autre agriculteur. »
Pour les autres, c’est seulement quelques
réunions. « On s’en sort bien », note Pascal
Didier.
Le GIE sert aussi à mutualiser la production des plants, des générations F1 à F5.
Maintenir le prix sans perdre
le marché : une vigilance constante des
producteurs
Le prix est toujours déterminé de manière
à couvrir les coûts. Il est assez élevé et évolue peu d’une année sur l’autre car la
production a des charges élevées incompressibles et que le volume commercialisable est limité par la demande. Le GIE n’a
donc pas vocation à s’agrandir. Sa politique,
c’est de tenir le prix sur l’année une fois
qu’il est fixé. Même si les ventes diminuent.
L’ail de consommation chinois représente
80-90% de la production mondiale. C’est
son prix qui influence le prix espagnol, le
pays étant leader européen de l'ail conso
avec 90% de la production européenne. Les
Espagnols plantent de l’ail de consommation chinois et des semences certifiées
françaises (plus vigoureuses, performantes
et vertes), seulement les bonnes années.
L’ail français de consommation est donc
soumis aux fluctuations des prix espagnols,
sachant que ce pays est capable de stocker
et de vendre de l’ail toute l’année. Si l’ail
conso est trop bas, les Français demandent
des semences moins chères ou replantent
leur propre récolte. Les drômois peuvent
vendre leurs plants au maximum 40 cts audessus du prix de l’ail de conso français.
négocier et fait pression au niveau de l’Etat.
Mais « l’Etat a une pression commerciale
qui l’empêche de trop négocier les importations. »
Selon Pascal Didier, il faudrait que tout le
monde ait les mêmes normes en UE et le
même SMIC pour éviter la concurrence. Il
faudrait aussi stabiliser les prix de l’ail de
consommation. Il y a deux ans, l’Espagne
vendait à perte pour sauver les meubles, ce
qui a été catastrophique pour l’ail français.
C’est pour cela que le GIE développe ses
ventes à l’export, grâce à sa certification
unique en UE, même si cela ne fait pas que
des heureux.
• Rester petit et investir peu :
Veiller sur ses voisins
« Les producteurs d’ail de conso drômois
ne sont pas très contents quand on vend
des plants à l’Espagne, parce que c’est un
ail qui reviendra leur faire concurrence.
Mais ils acceptent parce que ça ne représentera au pire qu’1% des semences
espagnoles». En effet l’Espagne produit
60000ha d’ail de conso, et la France
5000ha.
"On se bagarre en France pour que les
grandes surfaces achètent français entre
août et octobre. C’est très dur "
• Entreprendre à grande échelle :
Par ailleurs, la France vend de l’ail d’août
à décembre. En novembre-décembre, l’Espagne prend le relai. De janvier à mars c’est
l’Argentine. Le reste de l’année, à nouveau
l’Espagne. « On se bagarre en France pour
que les grandes surfaces achètent français
entre août et octobre. C’est très dur » avoue
Philippe Besset. Le GIE est présent au CA
de l’ANI Ail, Association Nationale Interprofessionnelle de l’ail. Cette dernière a fait
entrer l’Italie et l’Espagne en son sein pour
Philippe Besset s’est installé à la suite de
son père sur le GAEC BBL, du nom des trois
associés d’origine. Ils sont toujours trois
associés, mais avec deux salariés permanents et 6 ETP : équivalents temps plein
saisonniers. Sur les 140 hectares, ils cultivent 25 hectares d’ail semence, de 6 ou 7
variétés. Pour la commercialisation des semences, les trois associés ont créé la SARL
Eurobulbe, qui leur permet d’acheter des
plants d’échalote et d’oignon et de les re-
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vendre avec l’ail. « Les trois s’achètent ensemble ». Dans cette entreprise sont
embauchés une salariée permanente et 2
ETP. Un tour des bâtiments permet de découvrir un important matériel pour trier l’ail,
l’égousser, le sécher et le conditionner (calibrage, ensachage, mise en palox, ajout de
fongicide selon les clients). La Sarl fait
même des conditionnements en petits filets
pour la graineterie.
Tous ces équipements demandent des investissements colossaux. Même en
produisant beaucoup, l’entreprise ne peut
donc pas se permettre de vendre à bas prix.
Plusieurs façons de produire :
Pascal Didier a commencé lui aussi à la
suite de son père qui avait rejoint le GIE de
base pour faire de l’échalote semence. Aujourd’hui, il ne fait plus que de l’ail sur 5ha,
sur les 60 hectares de la ferme. Il est associé avec sa femme. Ils embauchent
quelques saisonniers pour le calibrage d’été
et l’épuration au printemps.
La difficulté en petite surface, c’est qu’il y
a tout de même besoin d’investir dans des
machines spécifiques. Pascal économise
sur la taille de la machine, achète d’occasion et fait durer le plus longtemps
possible. A partir de 7-8ha il faut acheter un
matériel plus gros. Par ailleurs, chaque
tonne supplémentaire demande autant de
palox de plus pour le séchage, donc autant
d’investissement et autant de main d’œuvre
supplémentaire.
Pour lui, l’inconvénient d’aller jusqu’au
bout du produit est qu’il faut tout avoir. La
mutualisation du matériel est difficile car
tout le monde en a besoin en même temps.
Les producteurs bio ont pu le faire pour la
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Agriculture
La vie du Syndicat
paysanne
calibreuse et la planteuse parce qu’ils font
de petites quantités.
Pascal conditionne en sacs de 10-20kg et
vend 2.80€/kg en moyenne. Il livre directement à ses clients. « On est encore des
paysans avec des paysans. Quand on va livrer on est confronté à l’agriculteur. » Cela
oblige à assumer la qualité jusqu’au bout :
« c’est notre ail.»
Le GIE, un cadre
pour la commercialisation
La production possible étant limitée par
la demande, le GIE n’encourage pas à produire plus si la demande n’augmente pas.
Si elle diminue, il fait attention à ce que le
pourcentage de diminution affecte tous les
producteurs (petits et gros) de la même
façon et ne se répercute pas sur un seul.
Par ailleurs, le prix décidé communément
garantit la rentabilité de tous et réduit la
concurrence locale. Ce cadre facilite la coexistence des producteurs, qu’ils aient 5 ou
30 ha.
Autre avantage : le GIE capte un fonds
opérationnel de France Agrimer pour l'achat
de matériel (filets, palox...)
Un modèle reproductible ?
Pour Jean-Pierre Sartre et Pascal Didier,
on pourrait se regrouper en petites structures dans d'autres productions. Par
exemple pour les abricots dont les prix sont
facilement cassés, mais aussi pour le lait.
L’ail semence de la Drôme est une production très particulière dont certaines
caractéristiques facilitent la compétitivité :
- investissements lourds mais tels que
cela décourage les concurrents opportunistes
- semence certifiée par le GNIS, avantage
concurrentiel. Seuls les espagnols font des
semences certifiées en Europe, mais aux
normes UE, qui sont moins strictes.
- vente « de paysan à paysan » : clientèle
réduite, identifiée et « collègue »
- proximité géographique des producteurs pratique pour la collaboration
- as de transformation autre que tri, séchage, égoussage et conditionnement
-certification bio qui ajoute de l’attractivité…
Ces caractéristiques étant particulières, le
modèle n’est pas reproductible tel quel.
Mais certains atouts peuvent se retrouver
ou se créer dans les autres filières. A chacune de rassembler ses producteurs pour
gagner en force.
Myriam Brochier, animatrice Conf'Isère
Cet article a été initialement publié dans ”La lettre du
paysan d'Isère” du deuxième semestre 2015.
Lescar-Pau, les 25 et 26 septembre 2015
Rencontres internationales des paysans autour de la
défense des semences paysannes et de la biodiversité
organisées par le Réseau Semences Paysannes, BEDE*, la Confédération paysanne et la communauté Emmaüs
Témoignage d'un paysan de Bolivie, département de La Paz
Pendant deux jours, plusieurs centaines de paysans
se sont rencontrés dans le cadre convivial du village Emmaüs de Lescar-Pau (64).
Il élève la même race de vache que celle qu’élevait son arrièregrand-père : la race Criolla, parfaitement adaptée au territoire. Mais,
actuellement, en Bolivie, c'est la mode de l’insémination artificielle,
qui est en train de se développer fortement. Avec l'insémination artificielle, est introduite la race Prim’Holstein : on obtient des vaches
qui donnent beaucoup de lait pour une quantité de fromages moindre.
L'alimentation est à base de foin et de luzerne. Dans le désert, à
4000 m d'altitude tout gèle, il n’y a rien. Aussi, la plante aquatique
Totora qui pousse dans le lac Titicaca est traditionnellement utilisée
pour nourrir les brebis et les vaches. En raison de la pression touristique (multiplication des bateaux sur le lac, des poches plastiques
laissées à l’abandon), la plante disparaît et celle qui reste est contaminée.
Face à ce problème préoccupant, les paysans tentent de s’organiser par le biais de manifestations, d’actions politiques ; mais, face
aux autorités, les entreprises de tourisme ont un poids plus important. Or, ce sont bien les paysans qui font le tourisme, pas le
gouvernement !
Daniel Coutarel, paysan sous mention Nature & Progrès,
installé dans le Tarn, élève des brebis Rouge du Roussillon
Là, comme dans les autres communautés d'Emmaüs, les compagnons trient et recyclent quantité d'objets mis au rebut par les
consommateurs : métaux, appareils électroménager et électroniques, meubles, etc. Mais à Lescar, les compagnons ont aussi créé
et développé une ferme où ils élèvent une grande diversité d'animaux et cultivent les légumes nécessaires à leur alimentation.
La rencontre au village de Lescar manifestait la convergence d'intérêt et de perception de la réalité entre les paysans, victimes des
entreprises de l'agro-industrie qui s'approprient les semences et
parfois les terres, et les compagnons d'Emmaüs, qui de fait, refusent la société capitaliste destructrice des ressources et des
équilibres humains.
C'est ce message de solidarité que nous a adressé le responsable
de la communauté de Lescar dans son allocution de bienvenue.
Les échanges entre paysans étaient organisés sous la forme d'ateliers thématiques. En absence de documents de synthèse il n'est
pas possible de rendre compte de la richesse de l'ensemble des
échanges.
Un atelier spécifique sur la biodiversité animale a réuni une trentaine de participants. Nous reproduisons les paroles de trois
éleveurs de différents continents, qui témoignent de leur vécu et de
leurs difficultés à maintenir la diversité dans leurs troupeaux. La déclaration finale synthétise nos objectifs et nos attentes : une feuille
de route à mettre en pratique.
JLM
Lorsqu'il s’est lancé dans l’aventure, en 2000, il ne restait plus
que 2000 brebis, aujourd’hui, il y en a plus de 6000 : cette race à faible effectif n’est donc plus considérée comme menacée.
Initialement, lorsque le programme de sauvegarde a été lancé, plusieurs races étaient concernées : la Rouge du Roussillon, la Raïole,
et la Caussenarde des Garrigues. A présent, le programme est
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Agriculture
La vie du Syndicat
paysanne
consacré à la seule Rouge du Roussillon, dans la mesure où cette
dernière a rencontré le plus de succès, en raison de la couleur de sa
robe notamment.
Daniel a pu nous expliquer que, pour sauvegarder la race, 2 stratégies ont été mises en place par l'association :
- une collaboration avec l’UPRA Lacaune a permis de prélever les
semences de tous les béliers et de les conserver en frigo ;
- surtout, lors de l’adhésion à l’association, chaque éleveur s’engage à renouveler la moitié des béliers chaque année. Cette
dynamique d’échange entre les éleveurs est synonyme de rotation,
de circulation des béliers, et offre ainsi un mélange rapide de génétique permettant de gérer la consanguinité avec peu d’effectifs. Un
travail sur la rusticité des animaux et leur adaptabilité au milieu est
également mené.
Pour Daniel, sous prétexte de risques de consanguinité, cette initiative paysanne se fait rattraper par les UPRA et l’EDE
(Etablissement départemental de l’élevage) qui exigent désormais la
tenue de fiches destinée à gérer la consanguinité, problématique
pourtant prise en charge de longue date par les paysans euxmêmes.
Zachary Traoré, venu du Mali, a pu partager avec nous ses
préoccupations relatives à l’élevage de volailles en Afrique de
l’Ouest, où traditionnellement chaque famille a une basse-cour.
Désormais, les autorités du pays encouragent l’élevage de races
hybrides à croissance rapide et précipitent ainsi la disparition des
nombreuses races locales encore existantes. En effet, depuis 3 ans,
une nouvelle race est apparue à l’initiative du gouvernement, qui
offre des coqs aux familles pour qu’elles introduisent cette race dans
leur basse-cour. Les poules issues de ces coqs sont plus grandes
et prêtes à pondre en 5 mois ; ce qui peut être vu comme un progrès. Seulement cela entraîne la disparition des traitements
traditionnels (à base de plantes notamment), car ces poules sont
moins rustiques et nécessitent un recours plus fréquents aux antibiotiques ou aux vaccins. De même, la longévité est fortement
diminuée, les poules ne tenant que 2 couvées ou 8 mois, contre 3
ans habituellement pour les races locales. Les éleveurs sont également obligés de renouveler leur géniteur tous les ans.
Et avec la disparition des poules locales, il faut aussi être conscient
que ce sont tous les petits savoirs associés qui disparaissent.
En réaction, l’organisme de développement dont fait partie Zachary établit un recueil des races locales en relevant, auprès des
anciens, les noms de ces races en dialecte bambara et leurs principales caractéristiques (telle race de poule est bonne couveuse, telle
autre bonne pondeuse). Ce travail a permis de mobiliser du monde
autour de cette problématique en donnant envie aux gens de valoriser leurs pratiques et leurs savoir-faire.
L’objectif, aujourd’hui, est de travailler à la mise en place d’un réseau de travail et d’échanges, afin de se faire épauler dans cette
tâche qu’il considère être fondamentale.
Déclaration finale
Nous, éleveur-se-s,
Réuni-e-s à Lescar-Pau les 25 et 26 septembre 2015 dans le cadre
des rencontres internationales « Sème ta résistance », affirmons
notre solidarité avec l'ensemble des paysan-ne-s dans la défense
de leurs droits à produire et échanger leurs semences.
Cette résistance à l'industrialisation et à la standardisation de la
production agricole concerne aussi l'élevage. Le maintien de la diversité de nos races adaptées à nos territoires est un enjeu de
société majeur.
Nous sommes confronté-e-s, pour la plupart des espèces animales, à des schémas de sélection pyramidaux, fondés sur la
constitution d'une élite de reproducteurs mâles et diffusés par les
centres de sélection ; cause de l'appauvrissement génétique des
cheptels et de leur inadaptation au milieu.
Dans nos fermes, nous comptons aussi fonder notre sélection sur
le cheptel de souche femelle, base de la diversité du fait du foisonnement des caractères portés par l'ensemble des femelles.
Le choix de nos reproducteurs, mâles et femelles, repose sur les
liens que nous entretenons avec le troupeau dans la vie quotidienne,
les conditions du territoire, et l'épreuve du temps. Cette connaissance sensible nous permet de tenir compte de l'adaptation au
terroir des animaux.
Nous entendons défendre la liberté de pratiquer une sélection paysanne, quelles que soient les prescriptions du futur règlement
zootechnique européen ou ses déclinaisons dans le cadre national.
Cette liberté de choix est fondamentale pour construire l'autonomie de nos fermes et résister aux mécanismes d’appropriation et de
brevetage du vivant qui menacent directement la pérennité de nos
élevages.
Aussi, nous APPELONS les éleveur-se-s à se rassembler en vue de
construire un réseau d’échanges sur la sélection paysanne :
pour préserver et enrichir la biodiversité élevée,
pour entretenir le lien étroit entre l’Homme et l’Animal,
pour offrir une nourriture riche et variée à nos concitoyens,
pour une sélection DANS les fermes et PAR LES PAYSAN-NE-S !
*BEDE : Biodiversité Echanges et Diffusion d'Expériences
Trucs et astuces du maraîcher
Travaux d’hiver
Après avoir écrit sa lettre au père noël qu'on affranchit et
qu'on poste, tournons-nous vers le jardin hivernal et occupons nous du compost.
D'après Claude et Lydia Bourguignon, qui connaissent les
bébêtes du sol comme les rennes leur traîneau, il est préférable d’épandre celui-ci non pas sur un sol nu mais sur un
engrais vert que vous aurez pris soin de semer à l'automne.
(Par contre, il est inutile d'épandre la lettre au père Noël sur
le sol et bourrer une boite au lettre de compost !)
Seule exception,si vous avez un terre argileuse, il est préfé22
rable de la bêcher ou la labourer avant l'hiver afin d'avoir
une structure fine au dégel, si agréable pour les petits semis
de printemps. Dans ce cas, mettez le compost ou le fumier
bien décomposé avant le travail du sol.
Et si l'hiver n'est pas trop humide (car il est des hivers où
le sol de la Drôme adhère !) vous pouvez semer dès février
pois, fèves, carottes, radis et salades pour des récoltes en
avril, même si vous ne croyez pas au père Noël !
Vincent Delmas, jardinier à ses heures perdues.
INFORMATIONS
INFORMATIONS SYNDICALES
SYNDICALES -- La
La Mauvaise
Mauvaise Herbe
Herbe --
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Installation
Un café paysan autour d'une lutte foncière dans le Diois
Dans les cafés paysans, on parle beaucoup de la problématique du
foncier. Après avoir fait le constat de la difficulté d'accéder à la terre,
pour s'installer ou consolider une installation, les discussions ont évolué vers la nécessité de s'emparer de cas concrets. Oui, mais comment
agir ? Notre histoire nous apporte souvent des outils intéressants pour
le présent. Nous nous sommes alors rappelé que, tout près de chez
nous à Beaumont en Diois, des paysans avaient occupé une ferme et
des terres, mobilisé autour d'eux un réseau militant, acquis des savoirfaire juridiques et activé ces outils. Nous avions sous la main un
exemple concret de lutte foncière, riche d'enseignements, dont les
protagonistes étaient prêts à venir témoigner. Avant même d'en
connaître le récit, cet épisode de l'histoire foncière dioise devait intéresser du monde, car nous n'avons jamais connu une telle affluence
aux cafés paysans !
Arrivés dans le Diois dans les années
1980, Gérard Perdrix et Marianne Girard
ont atterri un peu par hasard à Beaumont
en Diois, un diplôme agricole et quelques
stages pratiques en poche. La ferme des
Sagnes était à l'abandon depuis près de
vingt ans, après plusieurs transactions elle
s'était retrouvée entre les mains d'une fratrie de négociants en vins et liqueurs d'Aix
en Provence, des propriétaires parfaitement
absentéistes et sans attachement au lieu, et
qui plus est alors en liquidation judiciaire.
Cela avait dû être une belle ferme : 80 hectares d'un seul tenant, dont 60 hectares de
bois et 10 de terres cultivables. Le maire de
Beaumont, pas plus que les habitants de la
commune et les paysans des alentours, ne
se satisfaisaient de voir ces terres s'enfricher et ces bâtiments tomber en ruines. Et
c'est ainsi que Gérard et Marianne ont été
invités à occuper la ferme, avec l'assurance
d'un appui local, tout en activant en parallèle la loi sur la récupération des terres
incultes (qui correspondait à l'article 39 du
Code Rural).
Et voilà Gérard et Marianne embarqués
dans une procédure qui va les occuper près
de 17 ans, d'audiences de conciliation au
Tribunal Paritaire des Baux Ruraux, à la
Cour d'appel et au Tribunal des référés, en
passant par des ventes aux enchères... D'un
point de vue purement juridique, on pourrait dire que l'histoire des Sagnes s'est
soldée par un échec. La loi sur les terres incultes n'a pas été appliquée (comme c'est
souvent le cas) et n'a donc pas donné raison à l'occupation de la ferme. Et Marianne
a finalement dû racheter l'ensemble du bien
au terme de cette longue histoire, afin de
sécuriser son installation. Si on regarde
cette histoire de manière plus globale, on
constate tout de même qu'une ferme a été
défrichée, habitée, remise en état, et même
transmise. Pendant toutes ces années, en
parallèle de la procédure juridique, Gérard
et Marianne ont gagné leur légitimité à rester aux Sagnes parce qu'ils y ont réellement
construit une ferme. C'est cette présence
très concrète qui a également rallié un soutien très large, de différents syndicats
agricoles, des voisins, des élus locaux, et
même de l'huissier de justice qui suivait le
dossier ! La ferme des Sagnes a aussi vécu
toutes ces années comme un lieu d'accueil,
de passage. Ce sont aussi toutes ces personnes ayant habité un temps sur le lieu (et
qui bien souvent se sont ensuite installées
dans le Diois) qui ont alimenté l'énergie des
deux principaux protagonistes. Enfin,
même si le dernier jugement n'a pas été
rendu en faveur des occupants du lieu, ce
long processus aura été l'occasion de cheminer collectivement dans l'appropriation
du droit, grâce aux apports de Jean Designe
et à travers l'Association des Fermiers Drômois (qui a ensuite donné naissance au
CAJ).
Le fil directeur donné à ce dernier café
paysan permet de sortir des réflexions qui
risqueraient de tourner en rond (« ah, c'est
quand même dur de trouver du foncier ! »).
L'appropriation des outils juridiques qui
existent, le travail de mobilisation collective,
la question cruciale de la légitimité de l'action, la constitution d'un réseau large de
soutiens, sont autant de thèmes structurant
l'histoire des Sagnes et qui nous ouvrent de
vraies pistes. Peut-être pourrions-nous,
lors des prochains cafés paysans, continuer
à inviter les protagonistes d'actions locales
sur le foncier, et dérouler quelques points
plus précis en lien avec cette thématique,
des outils à connaître et activer, comme le
travail sur les « offices fonciers », les associations de loi 1901 ? A discuter lors des
prochains rendez-vous, les mardis 8 décembre et 12 janvier, toujours au Café
associatif Le Bocal, à Menglon.
Margot Jobbé duval
Paysanne à Glandage
Actualités en bref
Le régime de micro-bénéfices
Taxe sur la production de farine à la ferme
Le 1er décembre 2015, l'Assemblée nationale a voté le remplacement du forfait agricole (un système qui datait de 1949) par un
régime de micro-bénéfices (micro-BA). A compter de l'imposition
des revenus 2016, le revenu imposable sera calculé sur le chiffre
d'affaires, moins un abattement forfaitaire de 87% pour les charges
(et le seuil de 76 300€ passera à 82200€ de recettes moyennes sur
deux années consécutives). Un des objectifs est d'alléger le contrôle
fiscal.
La Confédération paysanne mène actuellement, en concertation
avec le réseau semences paysannes et la FNAB, une action au sujet
de la production de farine à la ferme.
L'idée est de faire reconnaître cette activité comme une prolongation de l'activité agricole et non comme une activité d'artisanat
soumise aux mêmes réglementations que l'industrie de la meunerie. Une action collective de contestation de payement de la taxe sur
la production de farine va être organisée en janvier 2016. Toutes les
personnes concernées qui le souhaitent peuvent me contacter au
09 65 10 55 30 pour plus de précisions.
Jean-Marie Verdet
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Questions
La vie du Syndicat
sociales
De Calais à St Martin…
Moubarak, réfugié soudanais accueilli au Vercors
l'administration, mais oui mais non, c'est sans compter sur
les congés de... ou bien les rt... et aussi le fait que tout le
monde est débor... enfin bref, Go on ma poule et vogue la galère. Au fait tu demanderas à Omar El-Béchir (le président
actuel du Soudan) de nous envoyer tes déclarations de ressources de 2013 et 2014, c'est pour la CAF.
Et puis, il faut apprendre le Français, alors là tout le monde
participe, que ce soit la famille, l'institutrice du village, l'orthophoniste, les voisins, le centre social de Saint Jean en
Royans, tout le monde propose un coup de main, de même
pour les habits et les transports et...
Et enfin, commencer à travailler un peu, chez quelqu'un de
confiance bien sûr, et filer des coups de mains sur la ferme et
à la maison, afin d'avoir une petite place dans notre quotidien.
C'est important pour un Homme de se sentir utile.
- Lever, déjeuner, bergerie.
Bergerie, lumière, traire, radio, traire, radio, misère, misère
de misère Stop. Et voilà, la nausée matinale, et vas-y que je
me noie et que l'on me mitraille et que je crève de faim..... Et
finalement, que faire avec ma chère nausée matinale ? Bah !!
quelqu'un, quelque part doit bien faire quelque chose, aller,
traire, faire passer le lait et prom prom tracteur, c'est la vie !
- Lever, déjeuner, bergerie.
Bergerie, lumière, traire, radio, traire, radio, misère, misère
de misère Stop. Et voilà, encore cette nausée matinale. Bon, il
faudrait prendre une décision : radio, marteau, casser radio et
au boulôt ? C'est une solution ça ???
Téléphone, France Terre d'Asile et autres, que faire, que peuton faire, modeste paysan au fond du Vercors ? Nombreuses
sont les personnes estimant que l'accueil de réfugiés ne peut
s'envisager au fin fond de la campagne, qu'il ne peut s'envisager qu'en communauté afin d'éviter un quelconque
déracinement trop profond. Mais bon sang, où vis-je, si ce
n'est au fond du Vercors, et je n'y suis pas seul qui plus est, il
y a donc une vie à la campagne, donc une probable organisation sociale qui pourrait convenir à une personne réfugiée.
C'est en étant fermement convaincu que la campagne et sa
faune ont une réelle capacité à offrir un asile douillet et bienveillant que nous franchissons le pas et sollicitons les services
adéquats afin d'offrir le gîte et le couvert au premier réfugié
volontaire pour affronter la campagne montagnarde.
Et dans deux mois de plus...
Et bien il fait toujours froid, mais c'est pas grave. La COP21
est passée, tout va mieux pour le climat, Bachar Al-Assad fait
son entrée à l'ONU grâce à l'intervention Franco Américano
Russe, mais une question reste en suspend, que faire de notre
stock d'armes à l'export ?
Bref tout va bien et pour Moubarak, c'est pas mal, peut-être
du travail, un appartement et une copine, pourquoi pas ?
Et pour nous, bergerie, lumière, traire, radio, traire,...
Laure et Igor Marconnet,
éleveurs à St Martin en Vercors
- Lever, déjeuner, bergerie.
Bergerie, lumière, traire, radio, traire, radio, misère, misère
de misère Stop. Et où elle est la nausée, est partie la nausée ?
Bein voilà, Moubarak arrive samedi à la maison, le monde n'en
sera pas sauvé, mais c'est toujours pareil, c'est déjà un petit
peu...
Si vous souhaitez, vous aussi, traire le cœur plus léger, vous pouvez vous inscrire auprès de l'association SINGA (taper SINGA sur votre moteur de recherche),
vous pouvez aussi nous contacter pour toutes informations ou conseils : Igor et
Laure Marconnet - 04 75 45 54 81 - [email protected]
Dans la vallée de la Drôme, au moins une famille de migrants
a été accueillie en 2015 et plusieurs groupes réfléchissent et
oeuvrent, avec divers état d'avancement, sur l'accueil de familles de réfugiés. Cet accueil impliquant comme le disent
Laure et Igor, logement, apprentissage du français, démarches
administratives, accompagnement dans la vie de tous les
jours, etc ; avec dans l'idée que ces personnes puissent petit
à petit retrouver dignement leur autonomie et décider de leur
avenir.
(un site en cours de construction : valdedromerefugies.wordpress.)
Deux mois plus tard...
Et voilà la neige, c'est pratique lorsqu'on a la fâcheuse tendance à être noir et vivre sous 40°C de soleil sans encombre.
Mais voilà, ici, tu dors sur tes deux oreilles et tu n'as pas besoin d'être champion du monde du cent mètres pour donner
un peu de répit à ton espérance de vie. Alors c'est vrai, manger et dormir, c'est déjà un bel objectif pour débuter.
Mais tout n'est pas si simple, bien sûr. Tout d'abord, la barrière de la langue, et oui, le Français, l'Anglais, c'est pas
forcément courant pour tout le monde, il y a aussi l'Arabe et
tant d'autres. Mais cette difficulté n 'est pas la plus grande, il
y a la CAF, la CPAM, PollomPolo pardon Pôle Emploi, au final
la préfecture c'est de la rigolade et au fait vous connaissez
l'Ofii, l'Ofpra....
Alors y paraît que les services sociaux locaux peuvent prendre en charge ce côté obscur de la prise en charge,
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Questions
La vie du Syndicat
sociales
Victoire de la Conf !
Cotiser selon ses moyens, bénéficier selon ses besoins
Pour favoriser l’installation, permettre à des cotisants de solidarité de franchir le pas pour devenir chefs d’exploitation, créer
de l’emploi en agriculture, il est indispensable d’adapter les cotisations sociales aux revenus !
C’est pourquoi la réforme engagée doit se poursuivre sur l’ensemble du système (et pas uniquement sur les cotisations
AMEXA). Après que cette revendication de longue date a été satisfaite, la Confédération paysanne demande que les plafonds de
certains prélèvements soient à leur tour supprimés afin que les
56 000 chefs d’exploitation (à plus de 3000€/mois de revenus)
qui sous-cotisent participent eux aussi à hauteur de leurs revenus.
Communiqué de la Conf nationale du 14/10/2015
La Confédération paysanne salue la décision du
gouvernement de réduire puis de supprimer l’assiette minimale maladie des paysans. Jusqu’à
présent, un tiers des paysans (aux revenus inférieurs à 640€/mois) payaient la même cotisation
alors qu’au-delà elle est progressive. Mettre fin à
ces sur-cotisations est une véritable mesure de justice sociale car elle met en corrélation un
prélèvement social avec le revenu agricole et rétablit l’adage « cotiser selon ses moyens ».
Enquête de la MSA sur les Cotisants de Solidarité
Suite à la loi d'avenir et à la parution des décrets sur les nouvelles conditions d'assujettissement, la MSA a procédé à
l'information, sous la forme d'une enquête qu'elle envoie aux
70 000 ou 80 000 cotisants solidaires actifs (contenus dans le
fichier des MSA).
Le moyen d'avoir un statut agricole plein (chef d'exploitation)
est plus ouvert, en particulier grâce au système déclaratif (donc
volontaire) des heures de travail qui permet d'accéder au statut
"sans surface ou moyen de production reconnue dans le département" ou avec une surface inférieure à la demie-SMI.
Si les conséquences sont d'obtenir tous les droits afférents au
statut d'agriculteur-trice (accès au foncier, droit de l'urbanisme,
droit de vote....), il y a aussi une conséquence en matière de prélèvements sociaux qui peut s'avérer très lourde pour l'accédant
au statut de chef d'exploitation : passer d'une cotisation de solidarité à 600-800 € par an à une cotisation de chef
d'exploitation a presque 4 000 € (tout compris) !
La Conf a donc mis en garde ses adhérents et suggéré de ne
pas répondre à l'enquête, en cas de doute, puisqu'il s'agissait de
fournir à la MSA le détail des heures travaillées (pour la production, la transformation, la commercialisation, l'agrotourisme), les
revenus, les surfaces, la production.
Les conséquences de ce questionnaire déclaratif ne se sont pas
faites attendre : des paysans sont devenus chefs d'exploitation
dans la Loire (donc la même MSA Ardèche-Drôme-Loire). Ils ont
la possibilité de faire un recours amiable et/ou de revenir sur leur
déclaration (réviser le nombre d'heures, en justifiant par une
mauvaise évaluation initiale), mais ils vont probablement devoir
payer les nouvelles cotisations correspondant à ce statut pour
2015. Il leur restera la possibilité de déclarer moins (heures de
travail…) l'année suivante s'ils ne souhaitent pas ou ne peuvent
pas financièrement prendre le statut de chef d'exploitation immédiatement.
Protection sociale : publication des coefficients
d’équivalence pour les productions hors sol
La loi pour l’avenir de l’agriculture a prévu le remplacement de
la Surface Minimum d’Installation (SMI) par un critère de Surface
Minimale d’Assujettissement (SMA). Ce critère sert, entre autres,
à déterminer l’affiliation à la protection sociale en tant que chef
d’exploitation.
Les SMA doivent être fixées, avant le 14 octobre 2016, par un
arrêté préfectoral sur proposition de la caisse de mutualité sociale agricole. Jusqu’à la publication de l’arrêté fixant la SMA,
celle-ci est égale à la moitié de la SMI. La valeur de la SMA pourra
varier selon les régions naturelles ou les territoires infra-départementaux et selon les types de production (à l’exception des
productions hors sol).
En ce qui concerne les productions hors sol, l’article L 722-5-1
du code rural dispose qu’un arrêté ministériel doit fixer les coefficients d’équivalence applicables uniformément à l’ensemble du
territoire.
Cet arrêté a été pris le 18 septembre 2015 : vous pouvez l'obtenir sur demande à la Conf Drôme. Par exemple : 21 truies
naisseur-engraisseur, 750 m² de poulailler en poules pondeuses,
1500m² de poulailler en poulet de chair, 200 ruches...
Delphine GAVEND,
Juriste et formatrice indépendante
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International
La crise climatique et l’effondrement agricole
au cœur de la guerre en Syrie
La Syrie est déchirée depuis 2011 par une guerre civile qui a fait au
moins 250 000 morts et des millions de déplacés. La révolte généralisée contre le gouvernement de Bashar al-Hassad trouve l’une de ses
principales causes dans la sécheresse sans précédent qui provoqua
une profonde crise agricole et un exode rural massif. Incapable de répondre aux demandes sociales, le régime baasiste les réprima et
plongea le pays dans le chaos. L’enchaînement fatidique entre crise
climatique et agricole, déplacement de populations, répression étatique, crise politique et effondrement d’une société dans un abyme de
violence répond à des conditions bien spécifiques. Mais à l’heure
d’une COP21 cadenassée qui ne promet pas de déboucher sur des
mesures effectives pour ralentir le réchauffement planétaire, le drame
syrien, qui nous concerne maintenant tous, a de quoi nous alerter profondément.
« L’effondrement
du système agricole syrien »
« Entre 2006 et 2011, la Syrie a connu la
plus longue sécheresse et la plus importante perte de de récoltes jamais
enregistrée depuis les premières civilisations du Croissant fertile. »1 De 2002 à
2008, les ressources hydriques du pays ont
chuté de moitié ; 60% des terres sont affectées par la désertification. Dans les
régions les plus touchées, comme le NordEst, cœur agricole du pays, à la frontière et
l’Irak et de la Turquie, les pertes sont
de l’ordre de 75% des cultures et de 85%
du bétail. Le changement du régime des
pluies, lié à l’augmentation du niveau
moyen de la mer en Méditerranée orientale,
dépasse de loin les variations prévisibles
des cycles naturels. Des facteurs anthropiques (impact des activités humaines)
auraient rendu la sécheresse 2 à 3 fois plus
intense que si ses causes avaient été « naturelles »2.
La Syrie était aussi particulièrement vulnérable pour y faire face. Une croissance
démographique très importante3 avait accrû
la pression sur des ressources (terres, pâturages, eau) par ailleurs gaspillées du fait
des politiques agricoles de type « révolution verte » du régime baasiste de Hafez
al-Hassad (1971-2000), comme les cultures intensives de blé et de coton
subventionnées, gourmandes en eau et en
intrants. Succédant à son père, Bashar alHassad dérégula le secteur agricole afin de
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permettre à de gros entrepreneurs proches
de son régime d’acheter autant de terre et
d’utiliser autant d’eau que possible, évinçant les paysans de leurs parcelles et les
poussant à l’exode vers les villes4.
Dans ce contexte, la sécheresse provoqua
selon Agnès Sinaï « l’effondrement du système agricole syrien »5. Déclarée
autosuffisante en blé depuis les années
1990, la Syrie dut importer de grandes
quantités de grain sur des marchés internationaux où les prix étaient en train de
flamber, du fait notamment des importations massives de blé par la Chine,
confrontée elle aussi à une sécheresse dans
l’Est du pays. En Syrie, les prix des aliments
de base doublèrent, faisant planer l’ombre
de la disette sur des millions de personnes.
Premier importateur mondial de blé,
l’Egypte connut une situation similaire à la
même époque. Les ménages modestes y
consacrant plus du tiers de leur loyer à la
nourriture, la crise alimentaire y eut des répercutions politiques directes : le prix du
pain tripla et Moubarak tomba. (En 1789,
les Parisiennes étaient venues réclamer du
pain aux portes de Versailles.)
Un exode rural massif,
une croissance urbaine explosive
La sécheresse expulsa de leurs villages
un million et demi de personnes. Paysans
et éleveurs sans terres cultivables, sans pâtures et sans troupeaux, ils se réfugièrent à
Damas, Alep, Homs, et dans des villes plus
petites, dans l’espoir d’y trouver un emploi.
Cet exode toucha par exemple la moitié de
la population rurale résidant entre le Tigre et
l’Euphrate, ces fleuves dont les vallées dessinent le « croissant fertile » où nacquit le
blé vers le 8ème millénaire avant J.-C. Les
déplacés climatiques syriens rejoignaient
dans la misère les 1,2 à 1,5 millions de migrants irakiens ayant fui la guerre
déclenchée en 2003 dans leur pays et incessante depuis. En 2010, 20% de la
population urbaine de Syrie était composée
de réfugiés internes et d’Irakiens. De 2002
à 2008, la population urbaine totale avait
crû de 50%, passant de 8,9 à 13,8 millions
de personnes. De petites villes de 2000 habitants ont pu atteindre les 400 000
habitants en une décennie.
Une croissance urbaine informelle si
brusque ne pouvait qu’aggraver les problèmes de fond liés au chômage, aux
inégalités sociales, à la corruption, aux déficiences de l’accès aux ressources de base,
surtout à l’eau. Le gouvernement ne maîtrisait plus la situation ni en ville ni en
campagne. L’économiste syrien Samir Aita
y voit un paradoxe historique : « L’Etat et le
gouvernement ont été inventés dans cette
partie du monde, dans l’ancienne Mésopotamie, précisément pour maîtriser
l’irrigation et l’agriculture, et Assad a
échoué dans cette tâche basique »6.
Contrairement aux autres mouvements
du « printemps arabe », la « révolution »
syrienne s’est caractérisée par l’implication
précoce de populations rurales désespérées
par la crise climatique et par l’absence de
réponses du gouvernement. L’insurrection
éclata en mars 2011 dans la petite ville rurale de Dara’a, située au Sud de Damas,
fortement éprouvée par 5 années de sécheresse et délaissée par l’Etat7. Les gens
descendirent dans la rue pour protester
contre les tortures infligées à des jeunes
pour avoir inscrit des graffitis anti-gouvernementaux sur les murs. Ils s’affrontèrent
aux militaires et furent très durement réprimés. Loin de mater le mouvement, la
violence gouvernementale le propagea,
d’abord en campagne, puis en ville.
Révolution, guerre civile,
« guerre sainte »
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.../...
La International
vie du Syndicat
« Au premier cri de « Allahu akbar », nous
nous sommes tous joints à la révolution.
Tout de suite. (…) Bien sûr la sécheresse
et le chômage ont été importants pour
pousser les gens vers la révolution », témoigne une jeune paysanne du Nord-Est
syrien devenue une réfugiée climatique puis
politisée et « radicalisée » par les circonstances en tant que Sunnite opposée à des
Chiites et à des Alaouites8. Un cultivateur de
coton devenu contrebandier à cause de la
sécheresse puis commandant de l’Armée
Syrienne Libre à cause de la révolution présente les membres de son unité : « Mon
neveu, mon cousin, mon frère, mon cousin, mon neveu, mon fils, mon cousin… ».
Autant ou plus que la souffrance, c’est le
sentiment d’injustice qui appelle à la révolte. « Nous pouvions accepter la
sécheresse parce qu’elle vient d’Allah mais
nous ne pouvions pas accepter que le gouvernement ne fasse rien », s’explique ce
paysan devenu milicien. Lui est un « patriote » combattant dans l’Armée Syrienne
Libre mais d’autres combattent pour les
mêmes raisons mais au nom d’autres
causes, comme celle de la guerre sainte, au
sein de groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l’Organisation de l’Etat Islamique.
1 - F. Femia, C. Werell, « Syria : Climate change, drought
and social unrest », The Center for Climate and Security, Washington DC, février 2012.
Les pénuries et les crises agricoles provoquées par le réchauffement climatique
dans les pays les plus vulnérables provoquent déjà des conflits violents et des
exodes massifs. Il y aurait aujourd’hui vingt
deux millions de réfugiés climatiques.
Selon l’ONU, il seront deux cent cinquante
millions en 20509. Les chaos syrien, irakien,
somalien, lybien, nigérian, malien, etc., doivent nous interpeller car nous sommes
dans le même bateau climatique, nous partageons la même galère.
4 - T. Friedman, « Without Water, Revolution », New York
Times, 18 mai 2013.
Thomas Siron
2 - C. Kelley, S. Mohtadi, M. Cane, R. Seager, Y. Kushnir,
« Climate change in the Fertile Crescent and implications of the recent Syrian drought », PNAS, Mars 2015,
Vol.12, N°11.
3 - La population syrienne est passée de 4 millions de personnes dans les années 1950 à 22 millions de
personnes au début des années 2010.
5 - A. Sinaï, « Aux origines climatiques des conflits », Le
Monde diplomatique, août 2015.
6 - T. Friedman, op.cit.
7 - F. Femia, C. Werell, « Syria : Climate change, drought
and social unrest », The Center for Climate and Security », Washington DC, février 2012.
8 - T. Friedman, op.cit. Chaque faction politico-religieuse
est soutenue par un acteur étranger ou transnational
influent qui instrumentalise le conflit syrien en fonction de ses propres intérêts – l’Iran via le Hezbollah du
côté de la faction gouvernementale Alaouite-Chiite,
l’Arabie Saoudite du côté des groupes djihadistes cherchant à dominer le camp Sunnite.
9 - C. Bonneuil, « Tous responsables ? », Le Monde diplomatique, Novembre 2015.
Formations
ADEAR DRôME
Renseignements / inscriptions auprès de Clément Delage par tel au 04 28 51 00 02 ou
[email protected]
• Cycle de formation "Autoproduire ses semences maraîchères", lundi 14 décembre à
Die, début février à Glandage.
• 15 déc à Crest (reportée) : Formation « La
vigne : liens entre maladies, sélection, multiplication, quelques pratiques paysannes »
avec Guy Kastler (réseau semences paysannes).
• 8 février (la Fontaine Minérale, Pont de Barret) : Café-installation sur le thème de
l'installation des femmes en agriculture. Venez
discuter de votre installation, des difficultés et
des questions que posent le fait de s'installer
en tant que femme. 14h00-14h30 Accueil,
15h00-17h00 : Atelier théatre-forum, 18h19h30 : Discussions, débats. Puis repas
partagé, suivi de la projection du film "Je, tu,
elles... femmes en agriculture" réalisé par les
CIVAM de la Drôme.
• Mardi 16 février : Optimiser la gestion de ses
ressources pastorales, avec SCOPELA, à
Beaumont-en-Diois.
THEATRE FORUM
• Femmes en agriculture, on en est où ?
Stage les 27, 28, 29 janvier et 3, 4, 5 février
2016. Au creux de l’hiver, prendre un peu de
recul ensemble, se parler, s’écouter, se questionner et avancer. Pour qui ? Des agricultrices
ou des femmes ayant des activités agricoles ou
liées au milieu rural. Stage gratuit, aucune expérience en théâtre n'est nécessaire ! Le théâtre
forum c'est partager des problématiques que
l'on rencontre, créer une petite saynète et la
jouer devant un public concerné afin de l'interpeller et lui proposer de tester d'autres façons
de réagir. Lieu à définir avec les participantes).
Ce stage est animé par l'association L'Ebullition
Infos et inscription : [email protected]
Camille : 06 84 43 41 76
FORM’ACTION
• "Récolter son bois avec conscience". Les samedi-dimanche 23-24 janvier, et le samedi 20
février 2016. À Crest, et/ou dans le Val de
Drôme. Deux jours de pratique, 1 jour de théorie. 150 euros les 3 jours. Inscription jusqu'au
21 décembre : [email protected] ou
par téléphone au 06 38 02 82 00
AGRIBIODRôME
• Formation PPAM : Élaborer des cosmétiques
artisanaux : connaître la réglementation et
adapter son laboratoire - niveau 1 , lundi 18
et mardi 19 janvier 2016 à Crest. Contactez
Julia Wright, 04 75 25 99 77,
[email protected].
• Formation PPAM : Concevoir un Dossier Information Produit (DIP), à partir de vos
formules artisanales - niveau 2, mercredi 20
janvier 2016 à Crest. Contactez Julia Wright,
04 75 25 99 77, [email protected].
• Formation PPAM : Faire des plantes sèches de
qualité et des mélanges innovants, Jeudi 4 février 2016 à Crest. Contactez Julia Wright, 04
75 25 99 77, [email protected].
• Formation "Pratiquer des techniques de taille
de vignes peu mutilantes" , vendredis 8 janvier
et 12 février 2016 dans le Diois et/ou nord
Drôme. Contactez Julia Wright, 04 75 25 99
77, [email protected]
• Formation "Gérer la fertilité des sols en arboriculture - viticulture", Jeudi 21 et vendredi 22
janvier 2016. Contactez Julia Wright, 04 75 25
99 77, [email protected].
• Formation "Mener un élevage de porc bio :
technique et suivi vétérinaire", Mercredi 27 et
jeudi 28 janvier 2016. Contactez Brice le Maire,
04 75 25 99 79, [email protected].
• Formation "Médecine manuelle pour les petits ruminants", Mardi 16 et mercredi 17
février 2016 dans le Sud Drôme. Contactez
Brice le Maire, 04 75 25 99 79,
[email protected]
• Bilans de campagne maraichère 2015 : 6 janvier de 9h à 12h en plaine de Montélimar, de
13h30 à 16h30 en vallée de la Drôme (Crest)
et 7 janvier de 9h à 12h en Nord Drôme (Romans). Contactez Samuel L'Orphelin, 04 75 25
99 79, [email protected]
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2011
- La Mauvaise Herbe - Décembre
Décembre
2015
2011
INFORMATIONS
INFORMATIONS SYNDICALES
SYNDICALES
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La
vie
Syndicat
Petites
Annonces
La
vie du
du
Syndicat
Vous cherchez à vous installer ou vous avez des terres, une ferme ou des bâtiments à proposer ? Vous êtes intéressé par une annonce ? Contactez
la Confédération Paysanne de la Drôme au 04 75 25 21 72 (les lundis, mardis et jeudis) ou par email : [email protected].
Location bureaux :
La Conf Drôme déménagera prochainement et cherche des repreneurs pour ses bureaux en location proche du centre de Crest. Première pièce (avec vitrine sur la
rue) env. 17m², couloir, WC, coin cuisine, puis 2ème pièce env. 20m². 3 places de
parking (+proximité parking champ de mars), accès handicapé. Loyer actuel 450€
+ 50€ eau et électricité. Contact : Anaïs 04 75 25 21 72
de nichoirs à rapaces (lutte contre les campagnols), qui serait organisée à Montmeyran entre décembre et février (date à définir ensemble), à l'atelier bois associatif
"La grande Graine", avec intervention de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Coût très faible à prévoir, mais apporter son bois. Contacter Elisabeth
Moy-salanié [email protected]
Commande de foin :
La sècheresse a frappé très durement le département du Rhône. La Conf du Rhône
organise une commande collective de foin (si possible de bonne qualité). Idéalement une centaine de tonnes, mais même 25 T iraient. Contact : Samuel Richard
(animateur CP69) : [email protected] 04 78 38 33 97 / Jérôme Barange : 06 78 89 57 99
Terrains agricoles :
La commune de Saint Péray (07) propose des terrains agricoles pour des producteurs surtout en maraîchage et dans une démarche d'AB.
Contact : Thomas BISEL 0610298022
Recherche ferme :
Recherche ferme pour installation en maraîchage, élevage, petits animaux, accueil.
Location dans un premier temps puis achat (en bio ou en conversion). Ouvert à
toutes propositions.
Bruno Veckman, 06 61 25 69 85.
Recherche paysan boulanger :
Le centre agroécologique des Amanins cherchent un paysan boulanger, salarié
coopérateur. CDI 26h/sem. Candidatures jusqu'au 31 décembre, prise de poste 1er
février. Candidature à adresser par voie postale ou par courriel à l’attention de Laurie LAMANT à l’adresse suivante : Les Amanins, Les Rouins, 26400 La Roche sur
Grâne. ou [email protected]
Recherche ferme :
Bonjour, je cherche du travail pour finir la saison 2015, je suis actuellement à la récolte des olives jusqu'au 15 novembre. Je dispose d'un camping car et suis donc
mobile et autonome, je nécessite d'un emplacement, de l'eau et pourquoi pas
d’électricité moyennant un payement de l'énergie utilisé. Je recherche un emploi
dans la fourchette du 15 novembre au 15 décembre. Contact : Benoît LE POL
06.52.96.33.49 [email protected] – 29 ans
Recherche terrain cultivable :
Je recherche un terrain cultivable de 1000 à 3000 m² avec accès à l'eau dans le
Crestois et environs pour un projet de jardin éducatif. Educateur spécialisé de formation, je suis accompagné pour ce projet par les Compagnons de la Terre après
une formation en maraîchage bio au CFPPA de Die. Contact : Christophe
0663148529 / [email protected]
Recherche terre :
Couple 30 et 37 ans, origine Drôme, recherche 1,5 ha de terre cultivable (jardin
potager familiale et culture ) 1 ha de prés pour un âne et 1 ha de bois pour se chauffer. Nombreuses expériences agricoles. Contact : Mr ROEHRICH
[email protected]
Vends C15 diesel :
Année 1998, 275 000 km. Contrôle technique novembre 2015 OK. Crochet d’attelage. Prix 950 euros. Tél. 06 38 11 60 73
Recherche partenaires :
Nous sommes 2 porteuses de projet à la recherche de 2 à 3 associé.e.s pour nous
lancer dans la recherche d'un lieu afin de monter une ferme collective et artistique.
Bergères depuis quelques saisons déjà, nous aimerions nous installer en brebis
viande et laine. Ferventes défenseuses de l'agriculture paysanne, notre ferme sera
conduite en bio, avec des soins vétérinaires prioritairement en homéo et phytothérapie. Nous souhaitons vendre en vente directe. Il est important que notre ferme
soit diversifiée. Nous croyons profondément en la richesse du travail collectif et aimerions partager notre activité avec d'autres personnes qui porteraient d'autres
ateliers que l’élevage. Parallèlement aux activités agricoles, il est essentiel pour
nous d’ouvrir notre lieu à des pratiques artistiques et culturelles (danse, clown,
musique, etc.). Contact : Mélanie 0651127729 [email protected]
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Apprentie cherche place :
Je suis contraint de me séparer de mon apprentie pour raison économique. C'est
bien à regret car elle me donne toute satisfaction dans son travail : très bonne adaptation, rapidité, implication, autonomie (elle a déjà plusieurs expériences de saisons
en arbo, horticulture et maraîchage). La rupture est prévue pour fin novembre et
si elle ne trouve pas de nouveau maître d'apprentissage, cela mettra fin aussi à son
BTS qui normalement devait se terminer en juin 2016 (elle est en 2ème année).
Elle a une préférence pour le maraîchage bio, mais est curieuse de tout et se verrait tout aussi bien découvrir la production fromagère. Contacter Anaïs Betton à :
[email protected] ou m'appeler au 06 89 18 23 98.
Recherche exploitation caprine :
Couple 38 ans titulaire du BPREA, avec trois enfants recherche exploitation caprine
avec transformation fromagère. Exploitation à créer ou à reprendre de préférence
en location, reste ouvert à toute proposition. Contact : 06 71 78 35 32 ou [email protected].
Fabrication de nichoirs à rapaces :
Recherche argiculteurs/trices intéressés par une journée collective de fabrication
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Recherche emploi saisonnier :
Couple de bergers avec expérience élevage ovin, caprin et bovin, en France et en
Espagne (Asturies et Galice) recherchons emploi saisonnier à partir de fin novembre. Nous sommes véhiculés. Contact Julia 0034.684.39.25.02, mail:
[email protected]
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