SS Language: Résumé Texte à résumer en 200 mots
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SS Language: Résumé Texte à résumer en 200 mots Il convient d'observer un grand changement dans le domaine des inventions: cellesci se font de plus en plus collectives. Dans le passé, à moins qu'il fût reculé, le nom d'un savant était toujours attaché à l'invention: par exemple, celui de Denis Papin à la machine à vapeur, de Stephenson à la locomotive, de Marconi à la télégraphie sans fil. Les moyens matériels nécessaires à une invention restaient, en effet, à la portée d'un particulier, fût-il moyennement fortuné. Il en fut ainsi jusque dans les premières décennies du XXe siècle; même l'astronautique moderne a été préparée par les expériences d'un Goddard, qui sont encore à la portée d'un écolier ou d'un étudiant. Mais, au fur et à mesure que la technologie progresse, l'invention exige la mise en œuvre de moyens de plus en plus considérables et coûteux. Leeuwenhoek inventa sans se ruiner le microscope optique; mais Knoll et Ruska, qui inventèrent le microscope électronique en 1932, n'y parvinrent qu'à l'aide d'un équipement de haut niveau qui ne pouvait être leur propriété. La tradition consent encore que, dans certains cas, le nom d'un individu qui fait une invention avec le matériel d'une grande firme soit associé à cette invention, celle-ci devenant automatiquement la propriété de la firme. Mais, pour un certain nombre de raisons, essentiellement juridiques et financières, c'est de moins en moins souvent le cas. L'invention tend à être présentée sous le nom de la firme au sein de laquelle elle a été réalisée. Cela s'explique parfois par le fait qu'il n'y a pas un, mais plusieurs inventeurs, qui ont travaillé en équipe, parfois aussi par le fait que, même due à un seul individu, l'invention a été l'aboutissement de recherches déterminées, financées par la firme et que celle-ci s'en considère comme la propriétaire légitime. Il devient de plus en plus difficile de rééditer des exploits tels que celui d'un Wheatstone, qui inventa la stéréoscopie, ou d'un Sainte-Claire Deville, qui inventa un procédé d'extraction de l'aluminium. On peut ainsi prévoir qu'au XXIe siècle la majorité des inventions sera la propriété de grandes firmes disposant de moyens de recherche considérables. Autrement dit, que l'invention passera presque intégralement sous le contrôle de secteurs économiques clos, multinationales ou organismes d'Etat. Notre premier ouvrage offrait au lecteur un sujet de réflexion particulier: l'ancienneté de certaines inventions tenues pour «modernes», comme le cardan ou la machine à vapeur. Le présent ouvrage devrait en offrir un autre: celui de la technicité croissante des inventions, qui leur prête un caractère quasi invisible. Ainsi, à l'exception du remplacement des moteurs à hélice par des turboréacteurs, il n'y a apparemment pas de différence essentielle entre un Potez des lignes aériennes de 1939 et un Boeing 747 ou un Airbus des mêmes lignes en 1980. Pourtant, les deux derniers appareils diffèrent considérablement du premier: les automatismes s'y sont multipliés, dont un système d'équilibrage, automatique lui aussi, qui rend l'avion beaucoup plus stable. On ne peut pas dire que les automatismes aient été «inventés» au XXe siècle; en fait, ils existent depuis le régulateur à flotteur de l'école d'Alexandrie. Mais c'est au XXe siècle qu'ils se sont répandus et imposés. Il en va de même de la miniaturisation. Elle n'a d'ailleurs été inventée par personne. On pourrait, à l'extrême rigueur, désigner les Américains Bardeen, Brattain et Shockley, inventeurs du transistor, comme trois de ses pères putatifs, mais les trois physiciens s'étaient, en fait, limités à l'invention du transistor, pièce qui succéda à l'antique triode. Toujours est-il que la miniaturisation va toucher une part immense de la production industrielle du XXe siècle, surtout dans le domaine de l'électronique. Impossible enfin de trouver un inventeur à la machine outil à commande numérique, dernier cri de la «productique», qui fonctionne sur les instructions d'un ruban perforé. Ou plutôt si: son inventeur n'est autre que ce mécanicien visionnaire du XVIIIe siècle, Jacques de Vaucanson, auquel on doit le premier métier à tisser automatique, fonctionnant sur cartes perforées. Ainsi un produit qui parait récent n'est le plus souvent que l'avatar d'une invention ancienne. Dernier trait qui caractérise la technique du XXe siècle: elle est devenue quasi incontrôlable. Elle suit son évolution autonome, comparable en cela au fonctionnement de l'A.D.N., qui semble «indifférent» au destin des cellules dont il commande la production (au point que de grands biologistes l'ont d'ailleurs qualifié d'«égoïste»). Ce dernier caractère, indéniablement troublant, tient à l'imprévisibilité de la science. S'il est bien exact que des milliers de scientifiques dans le monde entier s'efforcent de trouver des solutions à des problèmes déterminés, comme le cancer, il demeure que c'est le hasard qui, le plus souvent, fait danser les inventions au son de ses violons. Ainsi, en répertoriant les gènes humains et les rapports de plusieurs de leurs anomalies avec certaines maladies, on découvre qu'il y a des gènes qui prédisposent au cancer de l'utérus, du sein, du côlon, etc. Le remède n'est sans doute pas là où on le cherche ; il résiderait sans doute dans la correction du gène défectueux. C'est aussi par hasard que Bernard Raveau a découvert un matériau qui est supra-conducteur bien au-dessus des températures reconnues. Comme on ne peut guère inventer qu'à partir de ce que l'on sait parce qu'on l'a découvert, il s'ensuit que les inventions sont tributaires des découvertes, et, dans une large mesure, du hasard.