Lacenaire, le diable au cœur MUSIQUE Pour la

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Lacenaire, le diable au cœur MUSIQUE Pour la
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Lacenaire, le diable au cœur
MUSIQUE Pour la première fois, les chansons écrites en cellule par le célèbre poète, assassin
et souteneur à ses heures, prennent vie. Portrait d’un homme tiraillé entre la lyre et le
poignard. 7KLHUU\+LOOpULWHDX
0LFKHO)RXFDXOWYRLWHQOXLOHIRQGDWHXUGXFULPHERXUJHRLV%DXGHODLUHOHGpSHLQWHQ©héros de la vie moderneª)ODXEHUWHQIDLWXQ©philosophe à
sa manièreªTXL©fessait la morale en public.ª/¶LQIOXHQFHGH3LHUUH)UDQoRLV/DFHQDLUHVXUOHVDUWVHVWFRQVLGpUDEOH5DVNROQLNRYGDQVCrime et
Châtiment,GH'RVWRwHYVNL"&¶HVWOXL/H9DOED\UHGXURPDQSRVWKXPHGH6WHQGKDOLamiel"(QFRUHOXL0DOGRURUGXFRPWHGH/DXWUpDPRQW"
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OXLSD\HUVRQSURSUHWULEXWjFRPPHQFHUSDU0DUFHO&DUQpHW-DFTXHV3UpYHUWTXLO¶LPPRUWDOLVHQWERXOHYDUGGX&ULPHGDQVLes Enfants du paradis
RXHQFRUH)UDQFLV*LURGTXLHQUHSUHQGjVRQFRPSWHOHVRXKDLWSUHPLHUGH3UpYHUWFHOXLGHFRQVDFUHUjFHSHUVRQQDJHHQWUHP\WKHHWUpDOLWp
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H[HUFLFHGHVW\OHTXLV¶HVWUDSLGHPHQWPXpHQWUDYDLOGHELRJUDSKH©Ces chansons sont le pendant à la fois sublime et terrible de ses actions
perverses et sanguinairesH[SOLTXHO¶LQWHUSUqWH Elles nous permettent de cerner les ambiguïtés de ce personnage, qui fascina et bouleversa son
époque parce qu’il avait la connaissance, l’éducation et n’en était pas moins un monstre de nihilisme.ª
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V\VWqPHG¶pGXFDWLRQLPSURSUHjDEVRUEHUVDUpYROWH"© Il est un peu tout cela à la foisªFRQFqGH'DQLqOH*DVLJOLD/DVWHUVHFUpWDLUHJpQpUDOHGHOD
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« Lacenaire, c’est l’anti­Hugo. La preuve que, contrairement à ce que pensait l’écrivain, l’instruction ne fait pas disparaître l’assassin. Un choc pour
la société de son temps. Mais aussi un sujet d’interrogations, explique cette spécialiste de la littérature du XIXe. Le cas Lacenaire charriait toutes
les questions philosophiques et politiques afférentes au contrat social, à la peine de mort et, déjà, au poids du désamour des parents… Prévert pensait
ainsi que sa vie avait été déterminée, dès l’enfance, par une prédiction de son père qui, lui montrant la guillotine, lui avait dit qu’il finirait sur
l’échafaud. »
Un monstre sanguinaire qui fascine autant qu’il effraie. Tel est donc notre poète assassin. Cette ambiguïté transparaît plus que jamais dans les
chansons de la fin de sa vie. Ces dernières laissent un arrière­goût amer : « La sensation d’un manipulateur qui se met en scène. Un héros balzacien
capable de vous embobiner par son discours puis de vous tuer de sang­froid », relève Arnaud Marzorati. Nul regret, en effet, dans cette Complainte
de Lacenaire. Juste, derrière la posture du poète maudit, un homme troublé par la lecture du ​
Dernier jour d’un condamné, de Victor Hugo. Et,
derrière un plaisir narcissique à correspondre, depuis sa prison, avec les journalistes pour infirmer ou confirmer ce qui avait trait à sa propre vie, en
génial orchestrateur d’un destin fantasmé, une troublante quiétude face à la mort. En témoigne cette « prière », composée à la veille de son
exécution. Aveu presque malgré lui d’un croyant qui s’ignore, s’achevant par ces quelques mots : « Dieu que j’invoque (…), Pardonne­moi si dans ta
créature Mon œil superbe a méconnu ta main. Dieu…, le néant…, notre âme…, la nature ; C’est un secret… je le saurai demain. »

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