Lacenaire, le diable au cœur MUSIQUE Pour la
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Lacenaire, le diable au cœur MUSIQUE Pour la
&XOWXUH X Lacenaire, le diable au cœur MUSIQUE Pour la première fois, les chansons écrites en cellule par le célèbre poète, assassin et souteneur à ses heures, prennent vie. Portrait d’un homme tiraillé entre la lyre et le poignard. 7KLHUU\+LOOpULWHDX 0LFKHO)RXFDXOWYRLWHQOXLOHIRQGDWHXUGXFULPHERXUJHRLV%DXGHODLUHOHGpSHLQWHQ©héros de la vie moderneª)ODXEHUWHQIDLWXQ©philosophe à sa manièreªTXL©fessait la morale en public.ª/¶LQIOXHQFHGH3LHUUH)UDQoRLV/DFHQDLUHVXUOHVDUWVHVWFRQVLGpUDEOH5DVNROQLNRYGDQVCrime et Châtiment,GH'RVWRwHYVNL"&¶HVWOXL/H9DOED\UHGXURPDQSRVWKXPHGH6WHQGKDOLamiel"(QFRUHOXL0DOGRURUGXFRPWHGH/DXWUpDPRQW" 7RXMRXUVOXL&HVDYDWDUVGHSDSLHUFRXVLQVGDQVOHFULPHGH/DFHQDLUHVRQWOHUHIOHWGpIRUPpGHVFLFDWULFHVTXHFHWULVWHVLUHHVFURFPDODGURLWHW SLqWUHYROHXUDVVDVVLQIURLGGRXEOpG¶XQpWRQQDQWWDOHQWGHSRqWHHWG¶RUDWHXUODLVVDGDQVQRWUHLQFRQVFLHQWFROOHFWLI/HVHSWLqPHDUWQHPDQTXHSDVGH OXLSD\HUVRQSURSUHWULEXWjFRPPHQFHUSDU0DUFHO&DUQpHW-DFTXHV3UpYHUWTXLO¶LPPRUWDOLVHQWERXOHYDUGGX&ULPHGDQVLes Enfants du paradis RXHQFRUH)UDQFLV*LURGTXLHQUHSUHQGjVRQFRPSWHOHVRXKDLWSUHPLHUGH3UpYHUWFHOXLGHFRQVDFUHUjFHSHUVRQQDJHHQWUHP\WKHHWUpDOLWp XQHELRJUDSKLHjSDUWHQWLqUH 2EMHWGHIDQWDVPHVRQDOODMXVTX¶jOXLSUrWHUVHL]HKRPLFLGHVELHQTXHOHVPHXUWUHVSRXUOHVTXHOVLOIXWHQYR\pjO¶pFKDIDXGHQQ¶DLHQW FRQFHUQpTX¶XQHVHXOHDIIDLUHDYpUpHFHOOHGXGRXEOHDVVDVVLQDWGXSDVVDJHGX&KHYDO5RXJH/DFHQDLUHQ¶DMDPDLVpWpDXVVLELHQGpSHLQWTXHSDU OXLPrPH&XOWLYDQWO¶DUWGHVHPHWWUHHQVFqQHFHOXLTXLWUDQVIRUPDVRQSURFqVHQVSHFWDFOHHWODSULVRQGHOD&RQFLHUJHULHHQFDELQHWGHOHFWXUHHW G¶pFULWXUHDXUDMXVTXHVRXVODJXLOORWLQHIRUJpVDSURSUHOpJHQGH6HVMémoiresVRQWVRQWHVWDPHQWVHVSRqPHVHWFKDQVRQVGRQWQHUHVWHQWTXHOHV WH[WHVDFFRPSDJQpVGHODPHQWLRQ©VXUO¶DLUGH«ªpFULWVGDQVOHVPRLVTXLSUpFqGHQWVRQH[pFXWLRQVRQPDVTXHPRUWXDLUH&¶HVWjFHVWH[WHVTXHOH FKDQWHXU$UQDXG0DU]RUDWLVSpFLDOLVWHGXUpSHUWRLUHGHVFKDQVRQQLHUVGHV;9,,,HHW;,;HVLqFOHVDYRXOXGRQQHUYLHHQOHVUHQGDQWjODPXVLTXH8Q H[HUFLFHGHVW\OHTXLV¶HVWUDSLGHPHQWPXpHQWUDYDLOGHELRJUDSKH©Ces chansons sont le pendant à la fois sublime et terrible de ses actions perverses et sanguinairesH[SOLTXHO¶LQWHUSUqWH Elles nous permettent de cerner les ambiguïtés de ce personnage, qui fascina et bouleversa son époque parce qu’il avait la connaissance, l’éducation et n’en était pas moins un monstre de nihilisme.ª 4XLpWDLWLOGRQFFHWLQWHOOHFWXHOQDUFLVVLTXHPDQLDQWG¶XQHPDLQODO\UHGHO¶DXWUHOHSRLJQDUG"8QVRFLRSDWKHGRWpGHVHQVLELOLWpSRpWLTXH"8Q -HN\OODYDQWO¶KHXUHFDPDUDGHJDLHWHPSDWKLTXHOHVRLUDVVDVVLQIURLGHWVDQJXLQDLUHDXSHWLWPDWLQ"2XFHERQVDXYDJHURXVVHDXLVWHGHVWLQpjGH JUDQGHVFKRVHVSHUYHUWLSDUODVRFLpWpFRPPHLOVHSOXWjOHWKpRULVHUGDQVVHVMémoiresUHMHWDQWODIDXWHVXUGHVSDUHQWVTXLQHO¶DLPDLHQWSDVHWXQ V\VWqPHG¶pGXFDWLRQLPSURSUHjDEVRUEHUVDUpYROWH"© Il est un peu tout cela à la foisªFRQFqGH'DQLqOH*DVLJOLD/DVWHUVHFUpWDLUHJpQpUDOHGHOD 6RFLpWpGHVDPLVGH9LFWRU+XJR&HWWHGHUQLqUHV¶HVWSHQFKpHVXUOHFDV/DFHQDLUHHWODYLVLRQTX¶HQGRQQH3UpYHUWGDQVLes Enfants du paradis. « Lacenaire, c’est l’antiHugo. La preuve que, contrairement à ce que pensait l’écrivain, l’instruction ne fait pas disparaître l’assassin. Un choc pour la société de son temps. Mais aussi un sujet d’interrogations, explique cette spécialiste de la littérature du XIXe. Le cas Lacenaire charriait toutes les questions philosophiques et politiques afférentes au contrat social, à la peine de mort et, déjà, au poids du désamour des parents… Prévert pensait ainsi que sa vie avait été déterminée, dès l’enfance, par une prédiction de son père qui, lui montrant la guillotine, lui avait dit qu’il finirait sur l’échafaud. » Un monstre sanguinaire qui fascine autant qu’il effraie. Tel est donc notre poète assassin. Cette ambiguïté transparaît plus que jamais dans les chansons de la fin de sa vie. Ces dernières laissent un arrièregoût amer : « La sensation d’un manipulateur qui se met en scène. Un héros balzacien capable de vous embobiner par son discours puis de vous tuer de sangfroid », relève Arnaud Marzorati. Nul regret, en effet, dans cette Complainte de Lacenaire. Juste, derrière la posture du poète maudit, un homme troublé par la lecture du Dernier jour d’un condamné, de Victor Hugo. Et, derrière un plaisir narcissique à correspondre, depuis sa prison, avec les journalistes pour infirmer ou confirmer ce qui avait trait à sa propre vie, en génial orchestrateur d’un destin fantasmé, une troublante quiétude face à la mort. En témoigne cette « prière », composée à la veille de son exécution. Aveu presque malgré lui d’un croyant qui s’ignore, s’achevant par ces quelques mots : « Dieu que j’invoque (…), Pardonnemoi si dans ta créature Mon œil superbe a méconnu ta main. Dieu…, le néant…, notre âme…, la nature ; C’est un secret… je le saurai demain. »