Evaluation de l`impact du toucher dans les soins infirmiers

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Evaluation de l`impact du toucher dans les soins infirmiers
EVALUATION DE L’IMPACT DU TOUCHER
DANS LES SOINS INFIRMIERS – PHRC régional en soins infirmiers 2013
F HENTZ, A MULLIEZ, B BELGACEM, C NOIRFALISE, H BARRIER, J GORRAND,
C PANIAGUA, B MATHE, L GERBAUD - CHU Clermont-Ferrand
De nature relaxante, le soin par le toucher permet de préparer le patient à un acte suscitant son appréhension, ses
craintes quant au caractère douloureux de celui-ci. La mise en place de telles pratiques permet de mieux
préparer le patient, de le mettre en confiance et donc de favoriser le bon déroulement de l’acte en question.
L’impact de ce soin est évalué au travers diverses situations cliniques, par un essai clinique randomisé.
Objectif : mettre en évidence l’efficacité de ce type de soin en matière de réduction de la douleur et de
diminution de l’anxiété, à l’aide d’échelles d’évaluation validées  l’échelle visuelle analogique (EVA) pour la
douleur et le test de Spielberger pour l’anxiété (questionnaire composé d’affirmations (je me sens calme, je suis
tendu…) auxquelles le patients répond en fonction de son ressenti (pas du tout, un peu, modérément, beaucoup).
Étude randomisée, multicentrique et prospective - 888 patients, 457 (51,5 %) ont reçu un soin avec une pratique
du Toucher et 431 (48,5 %) ont eu le soin sans Toucher.- 8 situations de soin.
Etude menée dans le cadre des Programmes Hospitaliers de Recherche Clinique (PHRC) pilotés, financés et
validés par le Ministère de la Santé, dans 4 établissements participants : un CHU et trois CH.
Les situations de soins : toilette, recherche d’un meilleur sommeil, avant un examen invasif, pansement,
recherche de mieux être, lever, prise de sang, pose de voie veineuse.
Il en est à retenir une amélioration certaine des pratiques professionnelles (reconnaissance du soin relationnel,
revalorisation des compétences, nouvelle dynamique soignante et développement du rôle propre) dans les
prestations soignantes ainsi qu’une réponse personnalisée novatrice au besoin de la personne soignée
(diminution de la douleur, baisse de l’anxiété, diminution du stress, bien être et confort, favoriser la
communication et faciliter la relation soignant/soigné).
INTRODUCTION
Le Toucher dans les soins est un ensemble de pratiques infirmières visant à améliorer la perception par le
patient d’actes de soins potentiellement douloureux ou anxiogènes et basé sur des techniques de contact cutané
développant et approfondissant l’utilisation du Toucher.
C’est une pratique professionnelle qui nécessite l’application de la démarche de soins et intègre le concept de
“prendre soin”:
- Se mettre en capacité d’écoute (se rendre disponible),
- Analyser la situation pour repérer les besoins de la personne soignée,
- Apporter une réponse personnalisée.
Le Toucher dans les soins est un acte de soins de nature communicative, un contrat bienveillant, un
enchaînement de gestes pratiqués durant le soin. Son but est de communiquer, soulager, rassurer, détendre,
apaiser, apporter confort et confiance et préserver les ressources individuelles de la personne soignée. Le
comportement professionnel adapté à la situation de soin par le Toucher suppose comme préalable l’acquisition
de connaissances pour une maîtrise de la pratique. Que ce soit dans les soins techniques ou dans les soins de
nursing les infirmiers et les aides-soignants ont toujours utilisé le Toucher: ces mains qui sont un outil de travail
sur le plan technique n’auront pas le même impact selon la façon dont on va les utiliser. Un même geste à la
personne soignée peut être perçu comme agressif ou rassurant.
Un Toucher calme et organisé avec réflexion sera de nature apaisante. Par exemple lors d’une prise de sang au
lieu de tapoter pour faire apparaître les veines, effectuer des gestes glissants, enveloppants à pleines mains sur le
bras donnera le même effet sur les veines mais en plus apportera confiance au patient.
ANALYSE DE L’IMPACT DU TOUCHER SUR L’ANXIÉTÉ
Pour la toilette, le sommeil, le lever et la pose de voie veineuse périphérique, pas de différence statistiquement
significative entre les patients qui ont eu un Toucher et ceux qui n’en ont pas eu. Il est remarqué tout de même
que les patients ayant eu un Toucher ont une anxiété un peu plus faible.
Pour l’examen invasif, différence importante entre les patients qui n’ont pas eu le Toucher et ceux qui en ont
bénéficié, dans le sens ou ces derniers ont exprimé moins d’anxiété. Pour les soins de pansements, de recherche
de mieux être et de prise de sang, les patients ayant eu un Toucher ont aussi exprimé une anxiété moindre.
ANALYSE DE L’IMPACT DU TOUCHER SUR LA DOULEUR
Pour les trois situations dans lesquelles la douleur avant et après le soin était mesurée, différence statistiquement
significative entre les patients ayant eu un Toucher et les autres.
Pour les situations de toilette, de lever et de pansement  baisse plus importante de la douleur pour les patients
ayant eu un Toucher.
Parmi les trois soins pour lesquels une douleur ponctuelle était mesurée, pas de différence de douleur pour les
examens invasifs et les prises de sang. Cependant, les patients ayant eu un Toucher ont à chaque fois exprimé
une douleur moindre que ceux qui n’en ont pas bénéficié.
Pour les poses de voies veineuses périphériques, différence statistiquement significative entre les patients qui
n’ont pas eu de Toucher et ceux qui en ont eu un, dans le sens où ces derniers ont ressenti moins de douleur.
DISCUSSION
Résultats démontrant :
- une amélioration significative de l’anxiété et de la douleur apportant ainsi des preuves supplémentaires
du bienfait du toucher,
- une meilleure influence du Toucher dans les situations les plus douloureuses (comme la pose de voie
veineuse périphérique), alors que qu’il n’y a pas de différence pour les prises de sang, celles-ci ayant été
le plus souvent réalisées avec du matériel limitant la douleur (épicrânienne),
- Pour la toilette, résultats mitigés (douleur à peine significative, anxiété non), ceci pouvant s’expliquer
par le caractère privilégié de ce soin où le contact physique soignant/soigné est omniprésent (même
lorsque le Toucher n’était pas réalisé).
CONCLUSION
L’intérêt de la méthode est prouvé dans sept situations sur les huit évaluées, soit pour la douleur, soit pour
l’anxiété, soit pour les deux. Seule la situation de recherche d’un meilleur sommeil n’a pas aboutit à une
amélioration de l’anxiété (douleur non évaluée dans cette situation).
Que ce soit pour l’anxiété et/ou la douleur, même en l’absence de différence statistiquement significative, un
effet positif du Toucher a été remarqué.
Cette pratique professionnelle, outil supplémentaire dans l’arsenal du soignant, mérite donc d’être plus
largement développée et reconnue dans la prise en charge du patient. Elle participe efficacement à
l’amélioration de la qualité des soins.
Finalement, l’évaluation scientifique est en faveur d’un impact positif du toucher dans les soins.
L’intégration de cette pratique professionnelle devrait se développer et offrir de nouvelles solutions aux
soignants pour la prise en charge du patient et l’amélioration de la qualité des soins dans le cadre de l’évaluation
des pratiques professionnelles.
NB : Cette étude a fait l’objet d’une communication lors du congrès de la SFETD de novembre 2012 à Lille
dans le cadre du cours supérieur sur les méthodes non médicamenteuses.
J’ai puisé les précisions dans un article RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 97 - JUIN 2009 STRATÉGIE D’ÉVALUATION DE L’IMPACT DU TOUCHER DANS LES SOINS INFIRMIERS