André Leroi-Gourhan, Le Geste et la parole, Paris, Albin
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André Leroi-Gourhan, Le Geste et la parole, Paris, Albin
“Le toucher des Vertébrés, source de références spatiales […] apparaît comme extrêmement subtil. A l’inverse de la vision dont la perception est d’abord synthétique, le toucher analyse, recrée les volumes à partir du déplacement de la main et des doigts dans un couple tact-mouvement qui intègre le toucher au domaine accessible de la perception figurative.” André Leroi-Gourhan, Le Geste et la parole, Paris, Albin-Michel, 1964-1965. Des maquettes qu’on touche et qui nous touchent… Toucher – 1150 ; de l’ancien français tacher, tocher ; entrer en contact de façon légère ou violente. Comprendre – 1120 ; prendre, saisir ; embrasser dans son ensemble, du latin comprehendere prendre, saisir. e A partir du XVII siècle, appréhender par la connaissance, entendre, saisir. Dictionnaire : Le Robert de la langue française. e “Toucher”, “comprendre”, deux mots employés depuis le XII siècle ; le premier issu du bas latin toccare et de l’ancien français tocher, induit un mouvement qui permet d’entrer en contact avec quelqu’un ou quelque chose avec légèreté ou violence en éprouvant des sensations d’ordre physique. Le second “comprendre”, du latin comprehendere signifie prendre, saisir, embrasser dans son ensemble e et va plus loin que le simple contact. Ce dernier évolue au XVII siècle pour signifier appréhender par la connaissance, entendre, saisir, sens qu’il avait déjà chez Cicéron. Deux mots qui, dès l’origine, ont un sens proche ou du moins impliquent l’utilisation d’un des cinq sens traditionnels marquant ainsi un engagement physique ; l’un d’eux évolue vers une dimension plus intellectuelle. Mais si “toucher” permet d’atteindre en portant la main sur quelque chose ou quelqu’un, le mot a aussi un sens plus abstrait celui d’émouvoir, de procurer une émotion, de faire réagir en suscitant un intérêt affectif. Ainsi “toucher” permet-il d’atteindre l’autre au plus profond de lui-même, dans sa dimension affective. Et si “toucher” permettait de faire comprendre ? Et si l’émotion était essentielle à la compréhension ? Et si pour comprendre il fallait être touché ?