FONCTIONNEMENT AFFECTIF ET COGNITIF

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FONCTIONNEMENT AFFECTIF ET COGNITIF
Neurologie : Fonctionnement affectif et cognitif
Fixe : Neurologie et Neuropsychiatrie
FONCTIONNEMENT AFFECTIF ET COGNITIF
L’intelligence est le fonctionnement mental. Les maladies de l’être ont des répercutions sur
la pensée. La pensée n’est pas que dans le cerveau, tout ce que l’on appelle l’intelligence
s’enracine dans le rapport de l’être au langage et à la pulsion. La pensée au sens large
s’enracine dans le corps. Piaget montre très bien cela, puisque la première forme de la
pensée selon lui est une pensée sensori-motrice. C’est dans la rencontre entre le nourrisson
et les objets que vont se former des schèmes (schémas mentaux). L’organisme du nourrisson
est le lieu d’activités réflexes, mais à partir de la rencontre avec les objets ces schèmes vont
s’installer. A un moment va s’installer le schème de la permanence de l’objet qui est que
même lorsque l’objet n’est plus dans le champ visuel, il continue à exister ailleurs. Le fait que
Piaget ne s’intéresse qu’à une intelligence abstraite lui est beaucoup reprochée. Un autre
psychologue, Wallon, est le père de la psychomotricité. Pour lui la pensée s’enracine dans le
corps mais plus exactement dans le rapport entre le corps de l’enfant et le corps de la mère.
Pour lui, si la pensée s’enracine dans cela, c’est que pour lui l’intelligence est quelque chose
de social. La construction de l’intelligence dépend de la relation à l’autre. Au moment de la
pensée concrète, apparait un schème de la conservation qui est une pensée égocentrique.
Les élèves de Wallon vont reprendre cette expérience et mélanger des enfants aux stades de
la pensée concrète et abstraite mélangée. Lacan quand à lui, s’appuie sur une expression
populaire « bête comme ses pieds », ce qui lui fait dire que l’on pense avec ses pieds.
 6 grands principes à partir de Freud : l’intelligence obéit aux lois de fonctionnement
psychique :
o Principe 1 : La pensée, tout comme ce qu’il appelle le fonctionnement psychique,
obéissent à deux grands principes :
 Le principe de plaisir / déplaisir : l’organisme est soumis à des tensions
qui sont vécues comme extrêmement désagréables, déplaisantes. C’est ce
qu’il appelle le déplaisir. Le principe de plaisir est justement que l’individu
cherche à se débarrasser du désagréable. Le plaisir consiste à ramener la
tension à zéro. Prise dans cette logique là, la pensée obéit au même
fonctionnement. Penser est une manière d’éviter le désagréable. L’idée de
Lacan est que l’être est un traumatisé de la langue. Ce trauma, on ne
cesse de vouloir le soigner par la pensée. La pensée est donc une manière
de se croire maitre de la langue.
 Le principe de réalité : Ce que montre Freud, c’est que le principe de
réalité n’est que le prolongement du principe de plaisir. C'est-à-dire que
l’être rencontre la réalité comme un moyen pour chercher le plaisir.
Freud déduit de ces eux principes 2 notions particulières, 2 types de modalités du
fonctionnement mental :
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
L’identité de perception : c’est de vouloir voir à l’extérieur du corps une
représentation que l’on a en interne. Par exemple chez le bébé, quand il a
faim et qu’il imagine que c’est le biberon qui va le nourrir, il va avoir
l’hallucination normale. Ce principe est définitif pour Freud.
 L’identité de pensée : Il semble que l’être veuille que les autres aient les
mêmes pensées que lui-même. Quand on parle on croit que l’autre
comprend exactement ce que l’on dit. C’est une suite logique de l’identité
de perception.
Dire que la pensée obéit au principe de plaisir pose la question suivante : certains
troubles intellectuels ne seraient ils pas liés à une forme d’empêchement au plaisir ?
o Principe 2 : La pensée est prise dans la pulsion : Elle est tellement prise dans la
pulsion qu’elle ne peut s’en détacher. Il parlera de la pulsion epistemophilique.
C'est-à-dire que vouloir savoir est une manière de vouloir servir à la satisfaction
de la pulsion. Cette pulsion epistemophilique se développera dans la phase de
latence, c'est-à-dire lorsque l’enfant sort de l’Oedipe. Au lieu que la libido se
manifeste dans la demande d’amour parental, elle va se déplacer sur le savoir en
tant que tel, il y a déplacement. Ce qui est mis en latence, est un certain type
d’objet de la pulsion, par contre la pulsion elle reste intacte. Cela pose la
question : certains troubles de l’intelligence chez l’enfant ne viendraient t’ils pas
d’une difficulté à se dégager de l’Œdipe ? Cette pulsion epistemophilique découle
de deux autres formes de la pulsion :
 Penser est un prolongement du plaisir d’emprise du tout petit :
manipulation, maitrise de l’objet. On retrouve cela dans les métaphores
de « saisir une idée », apprendre et comprendre sont des dérivés du
prendre. C’est ce que Freud appelle la pulsion anale.
 Pour Lacan, la pulsion epistemophilique dépend de la jouissance scopique,
autrement dit tout ce qui passe par le regard. Il montre à partir de ses
patients que le savoir est un dérivé du voir.
o Principe 3 : Les connaissances s’enracinent dans la grande question
subjective qu’est la question des origines. Dans l’idée de Freud, il n’y a pas trop
de différences entre un scientifique qui cherche les origines de l’humain, et un
enfant qui veut savoir d’où viennent les bébés. Les deux ne sont que des mises en
forme, des dérivés de la question qui se pose à chacun : pourquoi ? c'est-à-dire la
cause de « ma propre venue au monde ». Cette cause est une cause énigmatique
à l’identique du désir de l’autre. Cette question du désir de l’autre, s’exprime
donc chez l’enfant à travers toutes les questions qu’il peut poser sur la vie, la
mort, le sexe (la reproduction). Cette question des origines fait produire à
l’enfant une pensée particulière, les théories. Freud va s’intéresser aux théories
des enfants et même leur survivance à l’âge adulte dans un livre « Trois essais sur
les théories sexuelles infantiles ». Cette question peut être insoutenable pour un
sujet.
o Principe 4 : la pensée comme le reste du fonctionnement psychique obéit aux
mécanismes de défense. Sachant que dans l’ensemble des mécanismes de
défense, 3 mécanismes sont à part, et Lacan parle même des mécanismes
structurels :
 Le refoulement : Les névrosés pensent avec, et même à partir du
refoulement. Dans les pensées névrotiques, il y a forcément selon Freud,
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une part de ces pensées qui est inconsciente. C'est-à-dire qu’il y a un point
inaccessible. On pense a partir du refoulement, c'est-à-dire dans l’idée de
Freud que la pensée sert à en rajouter au niveau du refoulement. On
pense pour essayer le point qui échappe, mais plus on pense, plus on fait
en sorte qu’il échappe.
 Le déni (démenti) : Côté perversion, la pensée sert à dire non à quelque
chose, elle sert à poser un démenti. Dans l’activité de penser il y a un « je
ne veux rien savoir ».
 La forclusion : Dans la psychose, le principe de forclusion n’échappe pas à
l’intelligence psychotique. Dans la schizophrénie, on va avoir des pensées
morcelées sans que le sujet puisse les lier entre elles. Il y a des
psychotiques très intelligents, et pour qui la pensée sert à remettre de
l’ordre dans leur monde défait.
Dire que la pensée est prise dans les mécanismes de défense est aussi une
manière de dire que la pensée est prise dans le conflit psychique. La pensée dans
l’idée de Freud est elle-même une défense, qui va servir à construire des
solutions pour résoudre le conflit propre à chacun. On pourrait dire que dans la
névrose, penser est une manière de vouloir relier deux choses contraires, et ces
deux contraires sont les exigences de la satisfaction d’un côté, et les exigences de
l’interdit de l’autre. Ce que le surmoi interdit de faire dans la réalité, on peut à la
place le penser plutôt que de le faire. En faisant le lien entre les pensées et les
mécanismes de défense, on peut déduire que la pensée à la même fonction que
le symptôme.
o Principe 5 : La pensée tout comme le reste du fonctionnement psychique est en
lien avec les affects. Cela rejoint le premier principe (plaisir déplaisir réalité). Dans
la série des affects il y en a un qui n’est pas comme les autres, Lacan dira que
c’est l’affect qui ne trompe pas, il s’agit de l’angoisse. C’est le prototype de ce qui
est désagréable pour le sujet. Il s’agit du déplaisir maximal. Cette angoisse, le
fonctionnement psychique cherche à l’éviter, et donc la pensée ne sera pas
indemne de ces évitements. Freud établi dans ses théories sur la névrose
obsessionnelle, qui est une pathologie de la pensée, que l’obsessionnel cherche à
éviter l’angoisse en évitant l’acte par une régression de l’acte à la pensée. Le
problème est que ce travail de pensée chez l’obsessionnel est une défense
insuffisante, et l’angoisse ne cesse d’infiltrer les pensées. Quand on parle des
pensées obsédantes, c’est une manière de signifier que quelque chose ne cesse
d’insister. Il s’agit de l’angoisse qui infiltre. Chez l’hystérique, où il y a une
conversion de l’angoisse dans le symptôme corporel, elle peut devenir tellement
indifférente à l’angoisse, qu’elle peut parfois apparaitre comme débile.
o Principe 6 (Lacan) : la pensée obéit à la loi du stade du miroir. C’est une manière
de reprendre autrement l’identité de perception et de pensée. Pour avoir une
image du corps, le sujet à été obligé de s’identifier à l’image de l’autre. Une fois
que le sujet à construit son image (moi), le moi est pris d’une furieuse passion.
Autrement dit il ne cesse de projeter son image dans la réalité. Le moi sers à se
sentir « un ». C’est ce qui fait dire à Lacan que penser c’est toujours se penser en
rapport avec l’univers. La pensée est une manière de vouloir faire un lien
d’identité entre soi et l’autre. C’est pour lui un symptôme. C’est une manière de
vouloir nier l’indifférence. Dans le travail soignant, ce qui guide la pratique, n’est
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surtout pas la pensée, encore moins la compréhension, puisque penser à sa
pratique et vouloir comprendre l’autre sert à éviter quelque chose du réel. En
voulant comprendre le cas on évite le réel de la surprise. L’idée de Lacan n’est pas
de penser ou de comprendre. Penser à la pratique évite l’acte. Lacan note qu’une
parole qui a du poids n’est pas une parole qui a du sens, mais plutôt un acte de
parole.
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