2a1_pogneaux_nathalie_concepts_20150613.

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2a1_pogneaux_nathalie_concepts_20150613.
POGNEAUX
Nathalie
Psy 2A1
« Après avoir défini les concepts : les pulsions partielles et le
symbolisme, quels liens faites-vous entre les deux ».
Introduction
En 1905, Freud écrit « Trois essais sur la théorie sexuelle ». Ce livre rend Freud
« presqu’universellement impopulaire (...) ». Qu’avait-il écrit pour déclencher une
pareille tempête ? Des propositions choquantes pour cette époque en tout cas : La
sexualité de l’adulte est de caractère infantile ; l’enfant est un pervers polymorphe ;
n’importe quelle activité l’excite, bouger, parler... tout lui est bon, la sexualité n’est
pas la procréation. Il introduit deux termes : objet sexuel et but sexuel. Il différencie la
pulsion partielle et la pulsion sexuelle, toutes deux associées au terme de libido. La
pulsion n’est pas dirigée vers d’autres personnes, elle est auto-érotique. Son but
sexuel est sous la domination d’une zone érogène c’est-à- dire d’une partie du corps
voire d’un organe. Par zone érogène, c’est-à- dire, source de la pulsion, il faut
entendre les endroits de la peau ou des muqueuses dans lesquels des stimulations
d’un certain type suscitent le plaisir : pulsions orale, anale, phallique, visuelle, …
Lacan reconsidérera plus largement ce modèle. Il repense le nourrisson qui a faim et
qui est comblé. Non seulement la première expérience de satisfaction soulage de la
faim, mais le nourrisson vivra un « en plus de plaisir » qui correspond à ce que la
mère apporte au-delà du sein, soit les caresses, les mots... Ceci amènera à la
demande. En cas d'absence de la mère, l'angoisse s'installe, puis peu à peu l'enfant
comprend que la mère a de l'intérêt pour un Autre. Il acquiert alors la capacité de
prendre une distance face à l'objet extérieur, il est davantage apte à faire face à
l'absence de l'objet. Il acquiert la capacité de prendre une distance face à la pulsion
et à la satisfaction de ses besoins. La satisfaction des besoins par l'objet extérieur
n'est plus nécessairement immédiate, elle peut être repoussée ; l'enfant devient
capable de retarder la satisfaction, mais aussi de l'anticiper et de la prévoir. Le
symbolisme est une opération ayant un double versant économique et significatif,
c'est-à-dire qu'il permet à l'enfant de faire face aux charges pulsionnelles et de
trouver en lui les moyens de décharger le surplus d'énergie psychique. Le
symbolisme permet aussi de donner un sens à ce qui survient, à ce qui fait irruption
dans la vie psychique, c'est-à-dire de l'organiser, de la structurer.
Ainsi, dans l'exposé ci-dessous, je vais tâcher de démontrer les liens existant entre
les pulsions partielles telles que Freud les a définies et l'apport que Lacan a apporté
à ce concept en y introduisant celui de symbolisme.
I – Les pulsions partielles
C’est en s’appuyant sur la méthode psychanalytique dans les cures d’adultes que
Freud va s'intéresser au mode de fonctionnement des pulsions infantiles.
Notons, toutefois, que traitant de la période infantile, il n’est évidemment pas
question d’une sexualité génitale dont le but serait la reproduction ! Freud parle, dès
lors, de pulsions prégénitales, de pulsions partielles. Il est, à ce stade, essentiel de
ne pas confondre le sexuel et le génital. C’est pour cette raison qu’il rapproche la
sexualité de l’enfant de la perversion. L’enfant serait selon lui : « un pervers
polymorphe ». C’est, en effet, le propre du pervers que de chercher une satisfaction
sexuelle en dehors d’une génitalité globale. « Par pulsion, dit Freud dans Trois
essais, nous désignons le représentant psychique d’une source continue d’excitation
provenant de l’intérieur de l’organisme, que nous différencions d’une excitation
extérieure et discontinue ».
Selon Freud dans Métapsychologie, la pulsion est un « concept limite entre le
psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations, issues
de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme » Pour Freud, la pulsion apparaît
comme une force constante, continue qui surgit comme une poussée. Elle prend sa
source dans l’organisme, à l’intérieur du corps et il s’agit de l’excitation d’un organe
ou d’une partie du corps. Toujours selon Freud, son but est l’apaisement, la
satisfaction. Le suçotement du bébé témoigne bien de cet aspect. L’enfant qui
suçote semble connaître une volupté qui absorbe toute son attention, cela l’apaise et
l’endort. L’objet de la pulsion est ce par quoi la pulsion peut atteindre son but. Enfin,
on ne peut saisir la portée de ce « mouvement énergétique » que par sa
représentation dans le psychisme. L’excitation du corps, sans la représentation qu’on
peut en avoir, n’existe pas.
Certaines zones du corps ont la propriété d’être hyper sensibles à une érogénisation.
Ces zones, appelées « érogènes », sont des régions de l’épiderme, de la muqueuse
dont la stimulation ou l’excitation procure une sensation particulière, un plaisir d’une
qualité particulière. Il s’agit notamment de la zone bucco-dentaire, de la zone anale,
de la zone phallique ou clitoridienne. Freud y ajoutera la vision qui conduit à la
curiosité; de la pulsion de voir à la pulsion de savoir. Chaque pulsion se définit par la
source qui la produit. Il y a donc ainsi, une pulsion orale, une pulsion sadique anale,
pulsion phallique, pulsion visuelle.
Le caractère le plus frappant de cette activité sexuelle chez l'enfant est l’autoérotisme, à savoir que l’enfant se satisfait de son propre corps. « En suçant de
manière rythmique une partie de l’épiderme ou de la muqueuse, l’enfant
se
satisfait ». Ce mouvement répétitif est un trait essentiel de la pulsion. Il prend son
origine dans le mouvement réflexe de la succion, fonction essentielle pour la vie
même du nourrisson. C’est là, pour la première fois, que ce mouvement lui a donné
du plaisir. C’est ainsi que Freud affirme que la pulsion s’étaye sur la satisfaction du
besoin. Mais très vite cette satisfaction sexuelle se sépare de l’apaisement de la
faim. L’enfant recherchera alors à s’exciter tout seul sans aucun apport extérieur. Le
mouvement rythmique des lèvres peut lui apporter une satisfaction auto érotique
sans devoir en passer par l’Autre. « La succion, dit Freud nous a fait connaître les
trois caractères essentiels de la sexualité infantile : elle ne connaît pas encore d’objet
sexuel, elle est auto-érotique et son but est déterminé par l’activité d’une zone
érogène. » Ce qui importe à la sensation de plaisir « c’est la qualité de l’excitation
bien plus que les propriétés de la région du corps excitée. » Le mouvement
rythmique autour d’une partie du corps, peut être renforcé par un objet ou un
instrument extérieur à la zone (le pouce, par exemple, le frottement de la main, la
sucette, etc.)
Freud démontre le rôle primordial que tient la mère dans l’érotisation du corps de son
enfant. Il n’est pas besoin de séduction pour cela. Les soins donnés à son enfant,
soins qui s’accompagnent de caresses, de baisers, de frottements suffisent à érotiser
certaines parties du corps et à créer ainsi des points de fixation de la pulsion. Les
premières expériences du nourrisson avec sa mère constituent pour lui sa première
relation d’objet. Il s’agit d’une relation à un objet partiel qui correspond à une partie
de la personne ou à un symbole de celle-ci, car les pulsions orales du bébé sont
dirigées uniquement vers le sein de la mère. La succion indépendante des
nécessités alimentaires devient aussi un plaisir, c'est le type de plaisir du narcissisme
primaire. C'est l'entrée de l'enfant dans le stade autoérotique (jusqu'au complexe
d'OEdipe) : se sucer le pouce, téter le sein, agripper ses pieds, etc. Si l'occasion lui
est donnée de satisfaire ce plaisir, l'enfant va s'attacher à l'objet de plaisir ; le sein, le
biberon, avec lesquels il aime tant jouer même quand il n'y a plus de lait. L'enfant
aime ce qu'on lui met à la bouche et par extension la présence de sa mère,
nécessairement liée au plaisir de la tétée et à tous les moments de sensation
voluptueuse comme le bain, la toilette, le bercement.
Au cours des premiers mois, le nourrisson ne différencie pas son propre corps de
celui de l'objet et du monde extérieur. Il pense que sa mère, le sein, le lait, tout, fait
partie de lui-même. Peu à peu l'enfant s'identifie à sa mère, c'est l'identification
primaire. Cette identification se fait à ce stade, sous un mode oral, c'est-à-dire que
l'enfant incorpore sa mère et par là-même ses qualités et sa toute puissance : le Moi.
Ce fantasme, vécu comme une réalité par l'enfant serait à l'origine de la formation du
Moi Idéal, formation narcissique et inconsciente. La distinction entre son corps et son
environnement se fera au fur et à mesure que son contrôle sur les choses lui
semblera limité.
La pulsion, aura dès lors, tendance à retrouver la satisfaction originelle que ces
parties du corps ont procuré à l’enfant. Cette recherche d’une satisfaction antérieure
crée un processus de répétition inhérente à la pulsion.
1 - Le concept de pulsions
« ...très souvent, dès l’enfance, il est fait choix d’un objet sexuel, de
manière que toutes les tendances sexuelles convergent vers une seule
personne et cherchent dans celle-ci leur satisfaction. Ainsi se réalise dans
les années d’enfance la forme de sexualité qui se rapproche le plus de la
forme définitive de la vie sexuelle. La différence entre ces organisations et
l’état définitif se réduit au fait que la synthèse des pulsions partielles n’est
pas réalisée chez l’enfant, ni leur soumission complète au primat de la
zone génitale. Seule, la dernière phase du développement sexuel amènera
l’affirmation de ce primat (...) »
Freud a été le 1er à distinguer le sexuel du génital, ce dernier concept concernant la
sexualité adulte, après la maturité des organes génitaux. La sexualité s’étale sur
toute la vie, elle vise l’obtention d’une satisfaction. Freud parle d'une pulsion sexuelle
adulte.
1) Le fonctionnement des pulsions partielles selon Freud
Pendant l’enfance, la sexualité n’a pas d’objet, elle est autoérotique, elle a comme
unique but de trouver un certain plaisir (plaisir d’organe) sur des zones corporelles
séparées les unes des autres. Elle n’est pas en rapport avec un objet global extérieur
à soi, mais elle se satisfait partiellement sur des parties isolées du corps. Elle est à
l’opposé de la sexualité de l’adulte qui implique un choix d’objet.
Parmi les pulsions partielles se trouvent la pulsion orale marquée par le suçotement,
la pulsion anale marquée, elle par le plaisir du don ou de la rétention, la pulsion
phallique, la pulsion visuelle liée à la curiosité, mais aussi au désir de savoir,
et la pulsion sadique que l'on pourrait assimiler à la période du « découpage des
fourmis »
Freud met en évidence que le développement libidinal fait passer cette organisation
initiale autonome à des formes de plus en plus organisées. La sexualité normale est
le résultat des pulsions partielles « subordonnées au primat de la génitalité ». Quand
une pulsion partielle reste fixée dans l’état où elle était dans l’enfance ou sous l’effet
d’une régression, elle fonctionne en marge de la sexualité adulte. « La grande
différence entre la sexualité infantile et la sexualité mature est dans le passage du
plaisir recherché en lui-même au plaisir obtenu dans la relation avec l’autre.
Autrement dit, c’est dans le plaisir de l’autre que l’on parvient à son propre plaisir,
mais encore faut-il que la relation soit faite de sécurité affective (confiance en l’autre)
et de durée dans le temps (relation riche de possibilités) »
Les pulsions partielles « ne s’unifient jamais complètement ». Il y a toujours un reste
de pulsions partielles non organisées qui se traduit par des traits de caractères. Par
exemple, l’avarice est un trait issu de la pulsion partielle de rétention, pulsion anale ;
l’individu tire sa jouissance du simple fait de posséder ; la générosité est son
opposée. Un enfant qui fait une « anorexie scolaire » refuse que le savoir rentre en
lui. Ces traits de psychopathologie se retrouvent aussi plus tard dans la sexualité
adulte au niveau des plaisirs préliminaires comme les symptômes névrotiques
(frigidité, nymphomanie, phobie,) ... ou de perversion (fétichiste, voyeuriste,…) ou de
formations réactionnelles (honte, dégoût, morale,…) et de sublimation (peinture,
écriture,…).
II – Le symbolisme
1) Le développement des fonctions symboliques
La capacité de symbolisation en tant que processus psychique est tout à fait centrale
dans le développement et le fonctionnement du sujet humain. D'emblée, on notera la
polysémie du concept de symbolisation avec, dans la pratique, différentes
acceptations. II peut s'agir de la capacité de fabriquer ou d'utiliser des symboles,
c'est-à-dire de mettre en rapport deux éléments, l'un devient le symbolisant et l'autre
le symbolisé. Freud parle dans ce sens de la symbolique ; il peut s'agir aussi de la
capacité d'avoir accès à un registre symbolique à travers une série d'expériences et
d'étapes fondatrices. Lacan envisage le développement humain comme « une lente
mais non toujours sûre marche vers le symbolique » ; et enfin, il peut s'agir de la
capacité de métaboliser les expériences vécues par le biais de l'élaboration
psychique (langage, fantasme et pensées).
En 1920, Freud regarde Ernst son petit fils en train de jouer au « jeu de la bobine »
ou jeu du « fort-da ». Freud observe l'enfant ramenant à lui une bobine, puis
l'éloignant. Quand l'enfant, voit de nouveau la bobine, il s'écrie « voilà », ou « da »,
en Allemand. Quand la bobine disparaît, il prononce « o-o-o-o », pouvant être traduit
par « loin, parti ». Freud interprète ce jeu comme un symbole de présence et
d'absence, c'est-à-dire que si l'enfant, dans la réalité, doit subir (donc passivement)
les départs de sa mère, il est amené à se l'approprier symboliquement. L'enfant
renverse donc la situation en se dédommageant. Ainsi, pour Freud, la situation
originelle de détresse permet donc le développement des fonctions symboliques.
La symbolisation implique donc la capacité de représenter ou de se représenter
quelque chose, à travers les pulsions sexuelles, les traces mnésiques et les objets
partiels qui se situent sur le chemin qui va de l'intérieur vers l'extérieur et sur celui qui
va de l'extérieur vers l'intérieur.
2) Les fonctions du symbolisme
L'enfant acquiert la capacité de prendre une distance face à l'objet extérieur puisqu'il
est maintenant capable de se le représenter, la distanciation vis-à-vis de l'objet
implique que le sujet est davantage apte à faire face à l'absence de l'objet. Il acquiert
la capacité de prendre une distance face à la pulsion et à la satisfaction de ses
besoins. La satisfaction des besoins par l'objet extérieur n'est plus nécessairement
immédiate, elle peut être repoussée ; l'enfant devient capable de retarder la
satisfaction, mais aussi de l'anticiper et de la prévoir. La représentation psychique de
l'objet, introduit chez l'enfant la notion de temps et de temporisation, c'est-à-dire qu'il
acquiert le sens du temps psychologique et la capacité de supporter les délais.
Le symbolisme est une opération ayant un double versant économique et significatif,
c'est-à-dire qu'il permet à l'enfant de faire face aux charges pulsionnelles et de
trouver en lui les moyens de décharger le surplus d'énergie psychique. Le
symbolisme permet aussi de donner un sens à ce qui survient, à ce qui fait irruption
dans la vie psychique, c'est-à-dire de l'organiser, de la structurer.
A l'âge du langage, l'enfant acquiert en plus la capacité de dire les choses, de
nommer les pulsions et les objets et, dès lors de se situer par rapport à ceux-ci. La
capacité de parler développe encore la capacité de penser ; la pensée évolue du
concret vers le pratique et progressivement vers l'abstrait. Le sujet devient apte à
donner une expression adéquate à la charge affective liée aux expériences
personnelles. Il ne s'agit pas seulement de la la capacité à la traduire en paroles au
lieu de la traduire en actes ou par le corps (pleurs, cris, agitation), mais plus
fondamentalement, de la capacité de ressentir, d'éprouver psychiquement les affects
de base : la joie, la tristesse, la colère, etc. La symbolisation réussie se situe
essentiellement au plan du langage et du mouvement affectif et de l'émotion.
L'enfant acquiert la capacité de se figurer quelque chose, de fantasmer. Le
fantasmatique trouve son moteur dans le désir et plus précisément, dans le désir non
satisfait par l'objet extérieur. L'objet absent ou perdu (la mère, le père, la nounou ...)
est d'une certaine façon rendu présent dans le psychisme par le biais de différentes
impressions sensorielles ; le sujet a la capacité de s'imaginer le non-présent, de s'en
faire une image vivante. Il existe une non-concordance entre la réalité, d'une part, et
le langage ou le fantasme, d'autre part. Le monde des mots et des images ne peut
créer le monde des choses, mais simplement les rendre présentes d'une certaine
façon. L'utilisation du langage et du fantasme ne relève pas du domaine de
l'imaginaire mais plutôt du domaine du symbolique.
La capacité de symboliser entraîne la distance entre le sujet et l'objet, entre le sujet
et la pulsion et elle permet dès lors l'émergence d'un véritable désir. Par ailleurs, le
sémiotique (étude des signes et de ce qu'ils signifient) et le symbolique sont deux
modalités inséparables dans la constitution du langage.
3) La symbolique et la communication
Dès 1945, J. Piaget, dans son livre « La formation du symbole chez l'enfant », nous
rapporte l'existence d'une fonction sémiotique. Cette fonction consiste à émettre et à
recevoir des significations, elle précède l'activité proprement linguistique. Pour
Piaget, les bases de la communication s'acquièrent d'abord avec l'imitation gestuelle
et se prolonge en jeux d'imitation vocale et jeux de simulacre. La symbolisation est
ensuite acquise par l'enfant quand son activité de simulacre s'accompagne d'un
commentaire verbal constitué par les premiers mots. L'étape suivante fait entrer
l'enfant dans l'univers langagier proprement dit, celui de l'enchaînement des
vocables, de la création de phrases. Peu à peu, le sujet peut rendre compte de son
expérience du monde et de son vécu interne.
La symbolisation implique la capacité de représenter ou de se représenter quelque
chose, et lorsqu'on situe la capacité de représentation dans le contexte du
fonctionnement psychique, celle-ci s'opère soit à travers l'affect, soit par les mots.
Cette double direction de la représentation à partir de l'intérieur et de l'extérieur du
sujet permet de saisir qu'il s'agit de la capacité de transposer sur la scène psychique,
ce qui relie l'objet et la pulsion.
4) Les manques et le symbolisme
Selon Lacan, il existe trois « manques de l'objet » que sont le manque réel,
symbolique et imaginaire. C'est dans ce cadre théorique que Lacan étudie le
développement de la capacité de représentation. Cette dernière a bien à voir avec le
réel : « Il faut que la chose se perde pour pouvoir être représentée ». Comme Freud
l'indiquait dans son interprétation du jeu de la bobine, c'est un dommage que subit
l'enfant qui l'amène à avoir recours à la symbolisation. Mais Lacan va plus loin : « Si
on ne peut avoir la chose (l'objet perdu), on la tue en la symbolisant par la parole ».
L'objet symbolisé est donc tué, et le symbolisme s'ancre dans le langage. Ces deux
points sont la racine essentielle de la conception des Noms-du-Père par Lacan : « La
parole est le meurtre de la chose ». Le meurtre du père, décrit par Freud comme un
acte mythique inscrit dans l'inconscient, se comprend donc chez Lacan, comme
fonction symbolique.
L'enfant se représente une raison des absences de sa mère. Il se figure une loi
symbolique : « ma mère ne désire pas que moi ». Le père fait donc son entrée dans
le psychisme de l'enfant. C'est cette « métaphore triangulaire » qui sera fondatrice de
la structure œdipienne. C'est la place que tient le père vis-à-vis de la mère et de son
désir, qui est à l'origine de ce refoulement, et c'est l'image du père qui permet à
l'enfant d'accéder à la dimension symbolique du Nom-du-Père.
5) La métaphore du Nom-du-Père
L’enfant accède à la chaîne symbolique et au langage par la mise en place de la
métaphore paternelle qui consiste à superposer le Nom-du-Père - le patronyme suffit
à marquer la triangulation - à l’objet perdu (la mère). « Le Nom-du-Père est une
désignation s’adressant à la reconnaissance d’une fonction symbolique circonscrite
au lieu d’où s’exerce la Loi. C’est cette désignation qui est le produit d’une
métaphore. » En nommant le père, l’enfant continue en réalité à nommer l’objet
fondamental de son désir mais métaphoriquement car devenu inconscient. C’est ce
qui fait dire à Lacan que nous sommes « parlés ». Le langage véhicule des
signifiants refoulés.
La fonction essentielle du nom-du-père est d’être symbolique, c’est-à-dire d’apposer
du sens sur la coupure du lien mère-enfant, opérée par le père représentant la loi de
l’interdit de l’inceste. L’enfant est mis dans l’obligation de renoncer à sa mère.
Constatant que son désir, à elle, est ailleurs, chez le père, l'enfant entre dans la
dialectique de l’avoir, avoir le phallus. De la reconnaissance du manque émerge la
demande. Selon Lacan, la symbolisation est une « opération résolutoire d’un conflit
entre un désir et un interdit, né de l’obligation de renoncer à la Chose ».
La parole du père qui véhicule la loi du désir de l’Autre - l’Autre primordiale qui
s’éloigne parce que son désir est ailleurs, signifié par la métaphore du Nom-du-Père
– inscrit l'enfant dans l’ordre symbolique. Ordre, qui constitue son avènement au
statut de sujet désirant et donnant une orientation à son désir, et le plaçant dans son
histoire individuelle. La métaphore paternelle, en rompant l’assujettissement
imaginaire à la mère et en conférant à l’enfant le statut de sujet, est un moment
radicalement structurant de la constitution psychique, par l’accès à la dimension
symbolique. Avec le refoulement originaire, le désir ne peut plus s’exprimer qu’à
partir du langage (aliénation au langage) : « Il n’y a d’être que par la parole Parlêtre » (Lacan).
III – Les liens entre les pulsions partielles et le symbolisme.
1 - Le jeu, ouverture sur le symbole
Pour aborder les liens entre les pulsions partielles et le symbolisme, je reviendrai au
jeu du « fort-da » étudié par Freud en 1920. La description qu’il nous en livre
comporte quatre observations. La première, la plus connue, est le jeu de la bobine
liée à un fil. Ernst (le petit fils de Freud), s’amuse à lancer des objets loin de lui. A un
moment donné, il trouve une bobine liée à un fil, ce qui lui donne la possibilité de
lancer la bobine et de la ramener vers lui pour la relancer. Freud s’étonne de voir
l’enfant éprouver plus de plaisir à lancer des objets hors de sa vue plutôt qu’à les voir
réapparaître. Au cours de ce jeu deux cris, deux phonèmes accompagnent les deux
mouvements de la bobine « o-o-o » et « da ». Freud, traduira ces cris par « fort » qui
signifie « parti » et « da », là. Freud livre une deuxième observation : le fort-da
devant le miroir. Pendant l’absence de sa mère Ernst joue à faire apparaître et
disparaître son image dans un miroir. Il émet les mêmes syllabes « o-o-o » et « da ».
Au retour de sa mère, il émet un long «bébé oo-o». Freud témoigne véritablement de
l'étonnement face à l’énigme de ce jeu, car à cinq ans et neuf mois, Ernst perd
définitivement sa mère et Freud remarque que cette perte ne lui cause aucun
chagrin. Ce qui interroge Freud, c’est non seulement l’amusement de son petit-fils
lors de la disparition de sa mère, mais qu’il trouve de surcroît du plaisir à répéter
cette absence à l’aide d’objets qu’il fait apparaître et disparaître. Ernst se débrouille
très bien sans sa mère, comment fait-il ?
Le jeu offre une compensation, un dédommagement, dit Freud, aux besoins
primaires que l’enfant doit abandonner quand sa mère est absente. Cette
compensation est la satisfaction d’une pulsion de maîtrise. Comme dans tout jeu, il
est possible à Ernst par identification imaginaire à un autre, de prendre d’autres
positions qui ne lui sont pas accessibles dans la réalité. Donc par identification à
l’autre, c’est-à-dire ici en l’occurrence à la mère, il peut prendre dans le jeu la
position active de la mère. Et par cette position active, il tente de maîtriser ce qu’il a
subi lui-même. Remarquons tout de suite que ces pulsions ne seront jamais
satisfaites, le sujet ne sera jamais maître, jamais vengé une fois pour toutes puisque
le jeu se répète faute d’arriver à sa fin. Pour Lacan, la bobine c’est ce qui représente
le petit autre, le semblable, elle est interchangeable avec n’importe quel objet dans
ce jeu et symbolise tout ce qui va et vient.
Freud conclut à l’hypothèse d’une compulsion de répétition au-delà du principe de
plaisir, qui lui apparaît « comme plus originaire, plus élémentaire, plus pulsionnelle
que le principe de plaisir qu’elle met à l’écart. » Lacan précise que cette compulsion
de répétition est découverte par Freud, dès ses premiers écrits, bien avant l’usage
du terme, quand il construit sa théorie de l’objet perdu qu’on ne peut tenter de
retrouver que répétitivement.
Ce qui fait de cet analyse un point pivot dans l’œuvre de Freud, c’est d’aller au-delà
dans la voie que lui offre cet automatisme de répétition. Freud met alors sa théorie
de la libido en question, pour aboutir au concept de pulsion de mort. Il y ajoute une
pulsion de vie. L’automatisme de répétition cadre tout à fait à l’intérieur de la pulsion
de mort. Il ne s’agit donc pas de phénomènes cliniques ponctuels, mais de quelque
chose de tout à fait fondamental pour l’être humain, quelque chose qui le dépasse, le
transcende et auquel il est soumis. « C’est ici, comme le dit Lacan, que nous
débouchons sur l’ordre symbolique, (...) il tend au-delà du principe de plaisir, hors
des limites de la vie et c’est pourquoi Freud l’identifie à l’instinct de mort. Et l’instinct
de mort n’est que le masque de l’ordre symbolique en tant - Freud l’écrit - qu’il est
muet (…) ».
2 – Le manque, vecteur du symbolisme
1) Le manque de l'Autre
Comme le rappelle Lacan en ce qui concerne la pulsion, l’enfant a affaire aux
pulsions partielles. Avant d’être un sujet qui parle, l’enfant est d’abord identifié à un
objet, objet de soins, d’amour et de désir, même si, pour la mère, il est déjà un sujet
en devenir. Dans cette relation d’amour son corps va « s’érogéniser » et c’est ainsi
qu’il pourra construire la pulsion. L’immaturité de l’enfant, à la naissance, en fait un
petit être dépendant de l’Autre pour sa survie même. Les soins, dont il a besoin pour
son confort, érotisent son corps et suscitent en lui une excitation sexuelle, source de
la pulsion. Mais comme l’enfant doit en passer par le défilé des signifiants pour la
satisfaction de ses besoins, la pulsion se développe dans la relation à l’Autre, en
rapport à la demande de l’Autre. C’est ainsi que l’objet oral, le sein, est demandé par
l’enfant alors que l’objet anal se fonde sur la demande de l’Autre, demande de retenir
ses selles et de les lâcher à l’endroit indiqué.
Dans la phase orale, le sujet apprend à se séparer de l’objet du besoin, alors que
dans la phase anale, on demande à l’enfant de le retenir. Il y a donc un phénomène
inverse qui se passe. La demande de l’Autre lui fait prendre conscience du pouvoir
qu’il exerce sur l’Autre maternel ; il peut ou non donner ce qui est demandé. C’est
ainsi que cet objet a la propriété d’un don, d’un cadeau à l’Autre. Mais cet objet anal
qui représente un don est aussi un déchet, une déjection. D’où l’ambivalence de cet
objet du fait qu’à la fois on s’émerveille sur la chose dans le petit pot mais qu’ensuite
on le jette. « Cet objet, dit Lacan, que le sujet ne peut s’empêcher de retenir comme
le bien qui le fait valoir, n’est aussi, de lui que le déjet, la déjection. Ce sont les deux
faces par où l’objet détermine le sujet même comme compulsionnel et comme
doute. »
Le désir, l’enfant va tout d’abord l’appréhender chez l’Autre, dans son absence sur
fond de présence, dans le manque de l’Autre. C’est aussi dans les blancs, les
intervalles du discours que ce manque apparaîtra, « c’est là, dit Lacan, que rampe,
c’est là que glisse c’est là que fuit, tel le furet, ce que nous appelons le désir. »
L’enfant s’interroge sur la parole énoncée. Il dit ça mais que veut-il ? Jusque là,
l’enfant pensait qu’il comblait totalement sa mère. En découvrant son manque, il
éprouve également son insuffisance à la combler. Cette rencontre du désir de l’Autre
le laisse sans recours. Qu’est-il donc pour elle ? A cette question se rajoute son
désespoir de ne pas trouver une définition de ce qu’il est. Il n’y a aucun signifiant qui
peut lui donner une garantie de ce qu’il est. Car, ce signifiant manque dans l’Autre.
Il détourne donc l’enfant de cette première identification au phallus. Lacan a appelé
cette phase, l’identification phallique de l’enfant. Si la mère désire le phallus, il va
s’identifier à cet objet pour suturer son manque. Lorsqu’il découvre qu’il ne lui suffit
pas, que sa mère désire ailleurs, il vit un moment de grande détresse. Que veut-elle?
Face au désir opaque et énigmatique de l’Autre, Lacan explique que le sujet va se
défendre par le fantasme.
2) Le concept de la coupure
« La coupure, dit-il, ne l’oublions pas. Elle est déjà à l’oeuvre dans le premier type de
l’objet du fantasme, l’objet prégénital. Que sont ici les objets du fantasme ? Si ce
n’est des objets réels. Tout séparés qu’ils soient du sujet, ils sont dans un rapport
étroit avec la pulsion vitale. » Lacan articule ici l’objet réel de la pulsion avec l’objet
imaginaire du fantasme. Il fait ainsi le lien entre le symbolique, l’imaginaire et le réel
de la pulsion.
L’objet de l’angoisse est un objet invisible dans l’image, irreprésentable dans le
symbolique. C’est l’objet manquant, à jamais perdu, que Lacan désignera par l’objet
a. L’angoisse surgit quand ce qui devait rester invisible, ce qui devait rester dans
l’ombre apparaît tout à coup sur la scène.
La coupure se rapporte à l’objet de la pulsion, décrit la zone érogène comme une
structure de bord. La région bucco-dentaire, le sphincter anal, les paupières ont cette
caractéristique de pouvoir s’ouvrir et se fermer et de pouvoir isoler, séparer l’objet. Le
sein, à l’origine, fait partie de l’enfant. Ce sein n’est en fait que plaqué sur la mère et,
au moment de la séparation de l’objet du besoin, au moment du sevrage, Lacan
insiste pour dire que c’est l’enfant qui cède cet objet, qui est une part de lui-même, à
l’Autre. L’objet de la pulsion est donc un objet cessible, détachable, séparable. C’est
encore plus clair avec les fèces que l’enfant accepte de lâcher, alors que cela fait
partie de lui, pour répondre à la demande de l’Autre.
Lacan va revenir sur la pulsion, qu’il considère comme étant l'un des quatre concepts
fondamentaux de la psychanalyse, à côté de l’inconscient, du transfert et de la
répétition : « La pulsion prend son rôle dans le fonctionnement de l’inconscient ».
L’inconscient par cette forme pulsative, a la même structure et la même temporalité
que la pulsion. Il établit une analogie entre le manque à être du sujet parlant et l’objet
perdu. Il tente ainsi de nouer le symbolique à la jouissance, considérée, sous la
forme de l’objet a, objets morcelés du corps. Rappelons les termes de la pulsion qui
avaient été relevés par Freud en accentuant, pour chacun des termes, l’apport de
Lacan. D’un côté, il y a la poussée, une excitation interne qui se manifeste comme
une force constante. C’est ce qui la distingue d’une fonction biologique qui a un
rythme. A l’autre bout de la chaîne, il y a la satisfaction. Les deux autres termes de la
pulsion sont la source et l’objet.
Lacan insiste sur la structure de bord des zones érogènes, dans lesquelles la pulsion
prend sa source. Cette structure renvoie à la coupure, la séparation. La pulsion se
boucle ; elle ne peut être désolidarisée de son retour sur la zone érogène. La pulsion
part d’une zone érogène du corps, sa source, fait un mouvement circulaire autour
d’un objet pour revenir dans le corps propre. Cet objet « n’est que la présence d’un
creux, d’un vide, pouvant être occupé par n’importe quel objet, et dont nous ne
connaissons l’instance que sous la forme de l’objet perdu petit a ». Les objets
localisés dans ce vide : le sein, les fèces, le phallus, le regard et la voix ne sont que
des représentants de cet objet perdu. Ils doivent, toutefois, avoir la propriété d’être
cessibles et détachables. Par rapport au principe de plaisir, qui est la recherche
d’une tension minimale, la pulsion se présente comme un accroissement de tension.
Il y a donc un facteur économique dans la structure de la pulsion. Lacan déclare
« que c’est en raison de la réalité du système homéostatique, que la sexualité n’entre
en jeu que sous la forme des pulsions partielles. La pulsion est un montage par quoi
la sexualité participe à la vie psychique ».
3) L'objet a et l'Autre
C’est, en effet, par les pulsions partielles que la sexualité se réalise chez l’être
parlant, qu’il soit enfant ou adulte. Lacan montre comment l’objet de la pulsion, le
sein par exemple, doit en passer par l’angoisse avant de devenir un objet cause du
désir. Le moment du tarissement du lait, du sein vidé est un moment d’angoisse. Or,
comme le sein fait partie de l’enfant, il doit se séparer de cette part de lui-même pour
le céder à l’Autre. Une fois situé dans l’Autre, cet objet a peut être extrait du champ
de l’Autre pour être contourné dans le mouvement pulsionnel. Cette intrusion de
l’Autre fait que la rencontre avec l’objet de la pulsion est toujours manqué.
C’est ainsi que l’objet oral peut donner lieu à toute une série de troubles alimentaires,
comme l’anorexie, la boulimie, la toxicomanie, etc…En ce qui concerne l’anorexie,
d’ailleurs, c’est l’enfant qui a été trop gavé d’amour qui creusera, par le rien manger,
un manque chez la mère. C’est un trop de présence de la mère qui coince l’enfant
dans cette position. Son circuit pulsionnel tourne autour du rien. L’angoisse ne se
situe pas chez le sujet anorexique mais chez la mère. L’objet n’est là que comme
borne, pour marquer la béance permettant à cette énergie pulsionnelle d’en faire le
tour. C’est ce que traduit, selon Lacan, la fonction pronominale de la pulsion : « se
faire » ; « se faire bouffer, se faire chier, se faire voir et se faire entendre. Le « se »
démontre cet aller-retour de la pulsion, qui part du corps pour revenir dans le corps.
Lacan a apporté des avancées au concept de pulsion élaboré par Freud. Toutefois,
tout en prônant le retour à celui-ci, il est resté, pendant plusieurs années, ancré dans
sa volonté de promouvoir la priorité du symbolique. C’est ainsi que lorsqu’il construit
son graphe du désir, dans « Les formations de l’inconscient », il ne peut concevoir la
jouissance autrement qu’articulée au symbolique. Ce graphe comporte deux étages,
le premier concerne le circuit de l’enfant dans sa rencontre avec l’Autre comme lieu
de la parole. C’est le temps de l’aliénation de l’enfant aux signifiants, au discours de
l’Autre. C’est ainsi qu’il définira l’inconscient à cette époque. Cette rencontre introduit
le « petit d’homme » dans la communication verbale. Il apprend à traduire ses
besoins en demande signifiante. Ses besoins, en effet, doivent en passer par le
défilé des signifiants pour être reconnus par l’Autre maternel. Il se constitue ainsi, luimême, sujet de sa parole.
Conclusion
Pendant l’enfance, la sexualité n’a pas d’objet, elle est autoérotique, elle a comme
unique but de trouver un certain plaisir (plaisir d’organe) sur des zones corporelles
séparées les unes des autres. Elle n’est pas en rapport avec un objet global extérieur
à soi, mais elle se satisfait partiellement sur des parties isolées du corps.
Parmi les pulsions partielles se trouvent les pulsions orale, anale, phallique, visuelle,
et sadique. Dans le psychisme de l'enfant, la représentation du monde est
essentiellement gouvernée par le principe régulateur du plaisir. L'enfant est confronté
au premier amour mais aussi au premier objet hostile et au manque de cet objet.
C'est là que, selon moi, se trame tout le processus symbolique. Confronté au
manque de l'objet, l'enfant acquiert la capacité de symbolisation. Comme l’enfant doit
en passer par le défilé des signifiants pour la satisfaction de ses besoins, la pulsion
se développe dans la relation à l’Autre, en rapport à la demande de l’Autre. On
notera la multiplicité de sens du concept de symbolisation : iI peut s'agir de la
capacité de fabriquer ou d'utiliser des symboles, c'est-à-dire de mettre en rapport
deux éléments, l'un devient le symbolisant et l'autre le symbolisé. Il peut s'agir aussi
de la capacité d'avoir accès à un registre symbolique à travers une série
d'expériences et d'étapes fondatrices. Lacan envisage le développement humain
comme « une lente mais non toujours sûre marche vers le symbolique » ; et enfin, il
peut s'agir de la capacité de métaboliser les expériences vécues par le biais de
l'élaboration psychique (langage, fantasme et pensées). Ainsi, à mon avis, c'est pour
pallier au manque, à la frustration, à l'angoisse de l'objet perdu, que l'enfant, sous la
poussée de la pulsion et des pulsions partielles, élabore la capacité de symboliser. Et
ce, pour satisfaire à lui-même, son propre plaisir.