C`est pas grave, j`ai rien senti.

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C`est pas grave, j`ai rien senti.
C'est pas grave, j'ai rien senti.
Extrait du Actualités des allergies
http://www.allergique.orwww.allergique.org/article1821.html
C'est pas grave, j'ai rien senti.
- Maladies - Asthme -
Date de mise en ligne : mardi 9 décembre 2003
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C'est pas grave, j'ai rien senti.
Pourquoi les patients asthmatiques ne sentent-ils pas venir la crise avec alors une possibilité
de correction rapide par un traitement de recours qui est encore trop souvent tardif ? Il
faudrait pouvoir connaître les variations de la perception du rétrécissement bronchique chez
les asthmatiques. C'est ce qu'on fait ces auteurs !
Perception du rétrécissement des voies aériennes lors de la réduction des corticoïdes inhalés et dans les crises
d'asthme. : C M Salome1, J D Leuppi1, R Freed2 and G B Marks1
1 Woolcock Institute of Medical Research (formerly known as Institute of Respiratory Medicine), University of
Sydney, NSW 2006, Australia
2 Department of Respiratory Medicine, Royal Prince Alfred Hospital, Camperdown 2050, Australia
dans Thorax 2003 ;58:1042-1047
La perception du rétrécissement des voies aériennes est diminuée chez les patients qui ont un asthme sévère et cela
pourrait expliquer la sévérité de l'obstruction bronchique.
Une étude a été réalisée pour déterminer si la perception de la modification du calibre des bronches lors d'une
réduction des doses de corticoïdes inhalés ou durant une crise d'asthme est modifiée.
Méthodologie :
* 42 asthmatiques avec un asthme bien contrôlé ont eu leur dose de corticoïdes diminuée de moitié tous les 2 mois
jusqu'à ce qu'ils soient complètement sevrés ou qu'ils développent une nouvelle crise.
* La perception a été mesurée à l'état de base et tous les mois pendant un test de provocation bronchique avec du
mannitol, en appréciant la pente et le point terminal de l'étude en régression du score de Borg et par le score de
Borg à la chute de 20% du VEMS (PS20VEMS).
* L'expectoration a été recueillie pour mesurer le nombre des cellules inflammatoires.
Résultats :
* Chez 33 patients qui ont diminué sans problème leur dose de corticoïdes inhalés de 20% sans crise il y a une
réduction significative de la pente (p=0.001), du point d'arrêt (p=0.01) et de la PS20VEMS (p=0.003).
* Le nombre des éosinophiles dans l'expectoration et l'hyperréactivité bronchique sont significativement augmentés
mais, chez 14 patients pour lesquels une expectoration a été obtenue, les modifications dans le compte des
éosinophiles ne sont pas corrélées à une modification de la perception.
* La modification de l'hyper réactivité bronchique est corrélée à une modification de la PS20VEMS (r=-0.40,
p=0.025).
* Chez 27 patients qui ont développé une exacerbation, la pente a diminué (p=0.02) et le point d'arrêt est augmenté
(p=0.001) par rapport à la visite avant la crise. Ces modifications sont corrélées avec une modification du VEMS
(r=-0.57), p=0.002).
Conclusions :
* La perception du rétrécissement des voies respiratoires diminue durant la diminution des corticoïdes inhalés et
diminue lors d'une crise d'asthme modérée.
* Ces modifications sont liées à une modification de l'hyper réactivité bronchique et de la fonction pulmonaire.
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* Les effets d'une modification de l'inflammation sur la perception de la dyspnée ne sont pas clairs.
Post-scriptum :
Dans ce travail, les auteurs démontrent que la perception du rétrécissement des voies aériennes est modifiée chez l'asthmatique lorsqu'il diminue
ses corticoïdes inhalés et lorsqu'il fait une crise, avec une diminution de la perception. Il y a un lien avec la modification de l'hyper réactivité
bronchique mais pas avec l'inflammation.
Donc il y a une diminution de perception du rétrécissement des voies aériennes chez l'asthmatique lorsqu'il baisse ses corticoïdes et lorsqu'il fait
une crise.
L'échelle de Borg est un indice de perception de la dyspnée qui est en fait un score établi par le patient au cours d'un effort standardisé. Ce test a
souvent été utilisé par cette équipe qui cherche à comprendre pourquoi certains asthmatiques ne sentent pas venir les crises d'asthme.
Il y a cependant des implications troublantes de ces résultats : en effet on peut penser à l'inverse que les corticoïdes inhalés augmentent la
perception dyspnéique, donc l'inconfort du patient. Cela pourrait être une explication à l'abandon de ce traitement par beaucoup de patients qui
sont accusés d'être insouciants et irresponsables !!
La modification du seuil de perception dans la crise fait penser que le malade peut difficilement la prévenir puisqu'il ne va pas bien la sentir arriver.
Il faudrait donc une surveillance permanente par le débitmètre de pointe. Mais ce n'est pas le cas actuellement, et les malades ne s'en portent pas
plus mal.
Il faut donc constater que ce travail soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
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