Oser le marketing durable
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Oser le marketing durable
Industrie Communication Oser le marketing durable Adopter une démarche de développement durable et prouver que cela a du sens, tel est le pari déjà bien engagé pour certaines entreprises du médicament. Derrière se profile le « marketing durable ». principes de développement durable pour l’entreprise. Assumer une RSE signifie tenir compte de toutes les parties prenantes sur les questions sociales et environnementales inhérentes à l’activité de l’entreprise. « Politique RSE » et « stratégie développement durable » sont globalement synonymes. Les entreprises du médicament font bon usage de ce vocabulaire dans leurs rapports annuels. E. LEGOUHY / CB NEWS L e « développement durable » veut que l’on conçoive des produits et des services responsables, produire en tenant compte des trois dimensions de l’activité – économique, sociale et environnementale –. Il s’agit non seulement d’appliquer une démarche d’éco-conception des produits, en réduisant les impacts environnementaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit, mais aussi de donner à son entreprise un projet de société, de réunir l’ensemble des collaborateurs autour d’une cause commune, tout en maintenant le cap économique. Développement durable se dit aussi « responsabilité sociétale de l’entreprise » ou RSE1, une déclinaison des Les 10 objectifs du Leem Le défi environnemental, le plus urgent à certains égards, est aujourd’hui Les professionnels de santé attendent des engagements concrets SOURCE : BAROMÈTRE ETIK L’agence m-eden, dirigée par Denis Lefebvre, s’est intéressée à la perception des médecins généralistes et spécialistes quant à l’implication des laboratoires pharmaceutiques dans le développement durable des ressources de santé. 500 médecins (200 médecins généralistes et 300 spécialistes ont été interrogés). Résultats : les praticiens mesurent la menace qui pèse sur les ressources de santé et attendent des entreprises du médicament qu’elles relèvent les nouveaux défis du développement durable. • deux spécialistes sur trois estiment que la pression de responsabilisation qui pèse sur les acteurs de santé augmente de façon importante à très importante. • 8 praticiens sur 10 considèrent que les pratiques de communication des laboratoires pharmaceutiques ne sont pas exemplaires en matière de développement durable. • Pour deux médicaments ayant des caractéristiques voisines et un prix identique, 65 % des spécialistes disent accorder un intérêt supérieur au laboratoire qui mène une politique de développement durable et adopte une communication responsable. Ils seront 79 % à partager cette opinion demain. 118 PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2008 POUR ODILE FINCK, PRÉSIDENTE DE L’AACC SANTÉ, LA COMMUNICATION SANTÉ DOIT PROMOUVOIR LES BONNES PRATIQUES. reconnu universellement. Christian Lajoux, président du Leem, rappelle combien l’industrie pharmaceutique est concernée par cet enjeu. Elle l’est parce qu’il s’impose à tous et que l’ensemble des pays émergents revoient leurs schémas de croissance selon ces nouveaux défis. Et d’autre part parce que santé et environnement sont indissolublement liés : « L’environnement a des répercussions sur notre santé, mais il est également porteur de solutions. La biodiversité est une source très importante de médicaments », souligne Christian Lajoux. « Demain, médecine curative et préventive seront beaucoup plus liées, (…), la médecine devra s’appréhender dans un ensemble incluant l’environnement », ajoute-til. Pour atteindre cette « excellence environnementale », le Leem a identifié 10 objectifs de la politique environnementale sur lesquels le secteur peut en- Sanofi-Aventis s’engage Le Dow Jones Sustainability Index classe, parmi les 2 500 sociétés les plus importantes de l’indice Dow Jones Word, les 10% les plus performantes en termes économiques, environnementaux et sociaux. Sanofi-Aventis, qui a intégré cet index mondial en 2007, marque son engagement en publiant un « rapport développement durable » sur l’année écoulée particulièrement fourni. Le n°1 français a une direction Développement Durable Groupe, dirigée par Elisabeth Poy, dont la structure intègre un directeur de projets développement durable, Antoni Gelonch. Cette direction a pour mission de coordonner le déploiement de la politique de développement durable au cœur de tous les métiers de l’entreprise. core progresser, en réponse au Grenelle de l’environnement. Il y est question de tri, récupération, rejets des médicaments, comptabilité carbone, écoconception des emballages, préservation de la biodiversité, prise en compte des facteurs environnementaux sur les pathologies et thérapeutiques. L’information des parties prenantes sur l’impact environnemental des sites, la coopération entre les acteurs du médicament et avec les parties prenantes font également partie des objectifs à atteindre. Dans le chapitre social, où l’on peut compter notamment la politique salariale de l’entreprise, il faut aussi trouver quelle mission se donne l’entreprise « pour changer le monde ». On parle alors d’engagements citoyens, d’actions éthiques, déployés notamment à travers les fondations et autres partenariats. Sortir du lot pour sa durabilité Les parties prenantes attendent des entreprises du médicament un discours clair et réaliste sur leurs politiques et leurs actions. Or, sur le thème « médicaments et développement durable », les médecins accordent un niveau de performance médiocre aux entreprises du médicament, selon le baromètre ETIK (voir encadré). Communiquer sur leurs engagements en matière de développement durable figure pourtant parmi les préoccupations des labo- ratoires. Certains, cependant, sortent du lot, parce qu’ils ont un discours précurseur ou parce qu’ils acquièrent des galons dans le développement durable : une norme ISO 14 001 – qui certifie l’amélioration continue de la performance environnementale par la maîtrise des impacts liés à l’activité de l’entreprise – ou encore un classement au sein du Dow Jones Sustainability Index (voir encadré) Une communication responsable Les métiers de la communication participent activement à cette réflexion. L’Union des annonceurs a rendu publique, le 4 décembre 2007, la Charte d’engagements des annonceurs pour une « communication responsable ». Ils s’engagent à inciter leurs publics à des comportements responsables, à respecter les données privées de leurs clients finaux, à instaurer des process de validation de leurs communications avant leur diffusion externe, ou encore à choisir leurs supports de communication en fonction de l’impact environnemental. Pour Odile Finck, Présidente de l’AACC santé et président fondateur d’Action d’Eclat, la notion de marketing durable crée un bouleversement des pratiques de communication des entreprises du médicament : « Le marketing durable remet la discipline au centre des responsabilités des entreprises du médi- cament. La communication santé doit respecter l’éthique et promouvoir les bonnes pratiques. » Au-delà de l’éco-communication et du respect de l’environnement, l’heure est à la « communication durable sur les médicaments ». En créant m-eden, l’agence du marketing et de la communication santé durable, Denis Lefebvre est le pionnier de cette démarche. Pour ce dernier, il est temps d’en finir avec le modèle « trust me » (fais-moi confiance) de la communication santé, pour privilégier un modèle « show us » (montre-nous) : « Les professionnels de santé attendent des entreprises du médicament un engagement fort sur leurs produits. Le médicament doit poursuivre une mission, contribuer significativement à la prise en charge d’une pathologie sur son marché, apporter un plus dans la vraie vie », précise-t-il. Communiquer durablement sur un médicament veut dire en parler à toutes les étapes de son cycle de vie et de façon transparente, pour son bon usage. Denis Lefebvre et Odile Finck réfléchissent ensemble à la création d’un comité développement durable propre à l’AACC santé, complétant les réflexions déjà menées par l’AACC global. Le concept de « marketing durable » émerge donc fortement, même si la prise de conscience progresse lentement au sein des entreprises du médicament. « Les directeurs de la communication de l’industrie pharmaceutique sont très au fait de ces notions, ajoute Odile Finck, mais il faut du temps pour que l’ensemble des collaborateurs en prennent conscience. » Faire connaître sa politique RSE en interne et en externe est sans doute le premier cap à franchir avant d’en récolter les fruits. n Emilie Soulez Barselo (1) Cf. Pharmaceutiques n° 158, juin 2008, « la RSE à la croisée des chemins » On a perdu Cécile … xx SEPTEMBRE 2008 - PHARMACEUTIQUES