LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE
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LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE
!"#$#%&'$(#)' ( LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE par Taina Keinänen (printemps 2007) Introduction Le concept de la citoyenneté est un concept clé aussi bien pour la définition d’une société démocratique que pour la discussion sur la nationalité. Ce concept portant de multiples définitions et d’intérêts politiques est aujourd’hui devenu un sujet d’un débat continu surtout en raison de l’immigration et ses effets sur les sociétés occidentales. La citoyenneté française est un exemple assez particulier parmi les concepts de la citoyenneté car, à l’origine, elle était définie comme une citoyenneté « ouverte » qui était basée plutôt sur les conditions politiques que les traits ethniques, qui était le cas dans presque tous les autres État-nations du monde (Brubaker, 1992). Il est ainsi intéressant d’examiner l’évolution de la citoyenneté française de sa naissance à l’époque révolutionnaire jusqu’au moment présent. Dans cette étude, je définirai tout d’abord le concept de la citoyenneté et traiterai brièvement son histoire. Puis, je me concentrerai à la citoyenneté française et présenterai sa naissance à l’époque révolutionnaire. Je ferai aussi remarquer la liaison du concept avec la naissance de l’idée de l’État-nation. À cause de son caractère particulier, je présenterai puis la citoyenneté française « historique » par la théorie de la citoyenneté républicaine. Cette citoyenneté politique sera présentée vis-à-vis aux citoyennetés ethniques qui représentent le modèle dominant de définir ce concept. À ce propos, je présenterai le « tournant républicain » dans la discussion sur la citoyenneté et l’immigration qui marquait la situation de la société française dans les années 80. Après cette présentation historique, je continuerai en traitant la citoyenneté française d’aujourd’hui. Je donnerai sa définition actuelle et présenterai aussi bien ses conditions principales. Puis, je jetterai un coup d’œil sur la politique d’immigration et l’acquisition de la citoyenneté pour voir si la citoyenneté française reste toujours aussi ouverte que sa définition exigeait aussi bien à l’époque révolutionnaire qu’aux années 80. 1 !"#$#%&'$(#)' ( Il est donc tout d’abord nécessaire de définir le concept de la citoyenneté. Il faut bien noter que ce terme né dans les cités de la Grèce antique comprend deux côtés bien distingués. D’un côté, il s’agit des personnes qui possèdent certains droits et pouvoirs dans un certain état (Brubaker, 1992). Ce côté « politique » de la citoyenneté est inclusif et décrit les citoyens comme les sujets et les acteurs de la société. L’autre côté de la citoyenneté est sa liaison avec l’idée du nationalisme et de l’État-nation. Cette liaison a, par exemple selon Brubaker, comme résultat la nature exclusive de la citoyenneté. La citoyenneté n’est ainsi pas qu’un statut juridique mais aussi un instrument d’exclusion qui définit qui sont les membres d’une société et qui sont les exclus. (Brubaker 1992, 21-23, 30.) Dans ce sens, le terme « citoyenneté » est souvent utilisé comme un synonyme pour « la nationalité », ce qui n’est pas tout à fait correct. La Révolution Française représentait la naissance aussi bien du concept d’un citoyen que de l’État-nation. Rogers Brubaker décrit la révolution comme quatre révolutions différentes qui avaient tous comme résultat la naissance de la citoyenneté française. La révolution bourgeoise mettait au monde l’idée d’un groupe des gens avec les droits et devoirs pareils et ainsi l’égalité des gens devant la loi. La révolution démocratique de son coté, a apporté aux gens les droits politiques nécessaires pour le concept de la citoyenneté et a donné ainsi une importance politique particulière au concept. Encore la révolution nationale a fait naître aussi bien l’État-nation que le nationalisme, et a crée ainsi aussi pour la première fois le concept de « l’étranger ». Finalement, la révolution bureaucratique a crée la première définition officielle d’un citoyen avec ses rapports directs avec l’État. (Brubaker, 1992, 39-49.) À l’origine, cette citoyenneté était d’une nature ouverte et se présentait presque uniquement par les conditions politiques. C’était la participation politique d’une personne qui était la condition la plus importante quand on a défini la citoyenneté d’un individu. Cette approche, dite républicaine, sera le sujet du chapitre prochain. La Citoyenneté républicaine 2 !"#$#%&'$(#)' ( La citoyenneté républicaine a ses origines dans l’état Romain d’où vient aussi son nom. Le terme latin res publica signifie une affaire publique et représente l’idée que les affaires concernant tous les habitants d’une communauté devraient être discutées et décidées ensemble, dans l’espace public (Favell 2001, 43). Les vraies origines de la citoyenneté républicaine sont quand même un peu plus récentes car ce n’était que dans les États-cités italiens au 11ème siècle où l’idée des citoyens qui se règnent s’est née (Delanty 2000, 31). Cela veut dire que pour la première fois on commençait à penser que cela pourrait être le peuple lui-même qui crée les lois selon lesquelles il doit vivre. Malgré le pouvoir donné aux citoyens dans ces États-cités, leurs systèmes politiques n’étaient quand même pas démocratiques et il n’est pas possible de parler de la vraie citoyenneté républicaine qu’à partir de la révolution française. C’était surtout Jean-Jacques Rousseau dans son « Du Contrat Social » qui a défini la citoyenneté d’un État-cité d’une nouvelle façon. L’idée des gens qui sont au même temps gouvernés et qui gouvernent était complétée par l’idée de l’espace public actif et son importance aussi bien pour l’individu que pour la société (Brubaker 1992, 42). Gerard Delanty présente comment Rousseau trouvait l’espace public d’une communauté politique le lieu où les expressions d’individualisme peuvent être faites le mieux. Mais en outre de ces avantages pour l’individu, la citoyenneté participative et ainsi républicaine assure la meilleure délibération des affaires publiques et est ainsi aussi utile pour la société. La définition de la citoyenneté provenant de ces deux idéaux accentuait ainsi la participation aussi bien que l’engagement à la vie publique comme les conditions clés pour la citoyenneté. (Delanty 2000, 32-33.) Il faut bien noter que même si cette ignorance pour les éléments ethniques de la citoyenneté peut choquer les citoyens d’aujourd’hui, cette idée n’était pas si particulière par exemple à l’époque révolutionnaire. Le nationalisme et son conséquence à la naissance des États-nations, qui ont plus tard fait naître l’idée de la citoyenneté ethnique, n’étaient que des idées nouveau-nées. Avant, l’appartenance à une communauté était défini selon le lieu de résidence d’un individu et « la citoyenneté » signifiait la fidélité au roi (Brubaker 1992, 30). La manque de l’ethnisme n’était pas ainsi à l’origine le trait le plus choquant de cette définition de la citoyenneté. Par contre l’idée des citoyens comme les 3 !"#$#%&'$(#)' ( acteurs de la société et non seulement les sujets de pouvoir était bien révolutionnaire. Elle a alors offert une base excellente pour les idéologies de la révolution française. Selon Merja Kylmäkoski, avant la révolution française aussi bien la définition générale que l’idée de Rousseau sur la république différaient considérablement de l’idée d’aujourd’hui. Il faut bien noter que même Rousseau qui est en général considéré comme le père du républicanisme écrivait qu’une république est un État gouverné soit par le peuple, soit par une partie du peuple, et peut ainsi être aussi bien la démocratie que l’aristocratie. (Kylmäkoski 2000, 33). Comparé à ce point de départ, il est facile à remarquer la nature extraordinaire de la révolution française et le changement qui a eu lieu dans le concept de la république et le républicanisme. Le concept du citoyen de Rousseau différait quand même des définitions de ses contemporains déjà avant la révolution. Kylmäkoski décrit comment Rousseau critiquait tous ces contemporains français d’avoir mal compris ce concept et d’avoir présenté les citoyens comme seulement les sujets du pouvoir. Selon Rousseau, il ne suffit pas d’être seulement un habitant dans un Cité pour être un citoyen. Au contraire, il faut participer activement à la vie publique pour être aussi bien heureux qu’un vrai citoyen. (Kylmäkoski 2000, 37-46) En participant activement à la vie publique, les habitants d’un Cité forment « une personne publique qui forme ainsi la souveraine d’une République quand la personne publique est active, et un État quand la personne est passive. Les actives prennent collectivement le nom d’un peuple et s’appellent en particulier Citoyens comme participants à l’autorité souveraine et Sujets comme soumis aux lois de l’État. » (Kylmäkoski 2000, 49-50.) Rousseau séparait ainsi deux côtés bien distingués du concept du citoyen. D’un côté, un citoyen est une personne politiquement active qui constitue le souverain de la république, et de l’autre côté, il est le sujet du pouvoir et des lois de l’État où lui-même exerce le pouvoir. C’est qui est notable dans cette idée, c’est que pour la première fois le concept du citoyen contenait l’exigence de l’activisme et de la participation politique. Il ne suffisait plus d’être un bon sujet obéissant mais il était aussi nécessaire d’être actif dans la vie politique. C’est ainsi dans les pensées de Rousseau où se trouvent les origines du concept moderne du républicanisme français et la base pour la naissance d’un citoyen républicain moderne comme la conséquence de la révolution. 4 !"#$#%&'$(#)' ( Les quatre révolutions françaises Comme déjà présenté dans l’introduction, Brubaker voit la Révolution française comme une combinaison de quatre révolutions différentes (Brubaker 1992, 39-49). Malgré la naissance de l’idée d’un peuple égal et puissant et ainsi la naissance d’un nouveau concept de la citoyenneté, la révolution française faisait aussi naître les idées de l’Étatnation et du nationalisme. Brubaker décrit comment la Révolution avait à l’origine comme esprit une approche très universelle et ouverte, et comment les valeurs de liberté, égalité et fraternité étaient considérées comme les cadeaux de la France au monde et comment les idées des révolutionnaires exigeaient que « la France devrait prendre dans ses bras tous les peuples du monde ». Les droits de l’homme étaient considérés concordants avec les droits de citoyen et la Constitution de 1793 même accordait les droits politiques à la plupart des étrangères. (Brubaker 1992, 44-45.) Il faut ainsi bien noter qu’à l’origine et idéologiquement, la Révolution était universelle comme esprit. Brubaker fait quand même remarquer que ce cosmopolitisme n’était pas très révolutionnaire à l’époque. Au contraire, l’insignifiance générale en ce qui concerne la nationalité était l’attitude dominante dans la sphère publique. (Brubaker 1992, 45.) Cette remarque est très compréhensible si l’on considère que les concepts d’une nation et de la nationalité venaient d’être nés et ne pouvaient ainsi pas encore avoir une grande importance aux gens. Brubaker constate quand même que ce n’était pas le nouveau concept de citoyen qui était le plus révolutionnaire dans la révolution, mais le nationalisme xénophobe de sa période radicale (Brubaker 1992, 45). Est-ce que la Révolution est ainsi la naissance aussi bien de l’idée d’une citoyenneté ouverte que la citoyenneté ethnique, fermée et xénophobe ? Comme Brubaker fait remarquer, en inventant la citoyenneté nationale, la Révolution inventait en même temps l’étranger (Brubaker 1992, 46). Ce point de départ constitue une base intéressante pour l’examen des développements récents de la citoyenneté française. 5 !"#$#%&'$(#)' ( La remise en question du concept de la citoyenneté Selon Adrian Favell, l’idée de la citoyenneté était problématisée en France pour la première fois après la Révolution française au début des années 80, où une discussion animée sur les principes et les fondements de la citoyenneté française se transformait à une nouvelle définition de la citoyenneté. Favell décrit comment la discussion sur l’intégration des minorités du pays menait à une conclusion qui s’est construite sur les fondements de la vie politique française : les grands thèmes des valeurs républicaines, la citoyenneté républicaine et la nature traditionnellement universelle et cosmopolite de la nationalité française. Cette nouvelle prise en conscience de la particularité de la définition de la citoyenneté française était appelée une « nouvelle synthèse républicaine », et son contenu aussi bien que le cœur de la discussion menée dans la vie publique sont résumés dans le rapport de la Commission de la Nationalité. (Favell 2001, 40-41.) Les raisons pour cette discussion particulièrement vaste et très marquante pour la politique d’immigration et la définition de la citoyenneté se trouvent dans les problèmes des immigrés qui s’émergeaient dans les années 80. Avant cette période, l’approche vers les questions d’immigration était très pragmatique, et la politique menée n’était pas considérée d’avoir de signification philosophique ou politique. La situation était problématisée quand les travailleurs immigrés commençaient à être bien nombreux et les problèmes sociaux se multipliaient à cause de la politique pragmatique et de l’urbanisme mal conçu. Ces soucis étaient encore accentués par la crise de l’État-nation dans les années 80 et la croissance des idées régionalistes. Pour la première fois, les immigrés constituaient ainsi une vraie menace pour la cohérence du pays et ils ont provoqué par exemple la création du parti Front National. (Favell 2001, 46-52.) Il était donc évidemment nécessaire de redéfinir la citoyenneté et de décider la politique de la France vis-à-vis des questions de l’immigration. Bien que le républicanisme ait représenté un idéalisme et un des cœurs de la révolution, son application aux questions de l’immigration et le lien entre la citoyenneté républicaine et les immigrés ne se sont nés que dans les années 80 comme un résultat du débat public sur l’immigration, fit remarquer Favell (Favell 2001, 46). Ce qui est notable est quand même qu’au moment où les Français devaient trouver une définition claire pour leur 6 !"#$#%&'$(#)' ( citoyenneté et au même temps définir leur attitude vers les immigrés, ils ont choisi la définition bien différente de ces de leurs voisins plutôt nationalistes. Au contraire des idées nationalistes de Le Pen et Le Front National, les Français ont aussi choisi l’approche ouverte et « antinationaliste » républicaine et ont ainsi défini la citoyenneté française comme ouverte à tout le monde. Cette définition prenait comme fondement l’idée d’une citoyenneté républicaine, une citoyenneté politique où les conditions pour la citoyenneté se trouvent dans l’activité politique d’une personne et dans sa volonté de devenir français. La citoyenneté était ainsi un concept ouvert et donnait la possibilité à tout le monde de devenir français s’ils le souhaitait. Les conditions clés pour devenir un citoyen français se trouvaient dans la participation à la vie publique ou « les virtus publics » comment on peut les définir en suivant Rousseau, mais aussi dans la volonté d’une personne de devenir Français. La nature de la citoyenneté s’est ainsi formé comme universelle et « ouverte à toutes les races ». (Favell 2001 57-60.) Favell fait quand même aussi remarquer que ce républicanisme universel et la citoyenneté politique avait un autre coté qu’on ne remarquait probablement pas en définissant cette citoyenneté basée à la volonté et ne pas sur les traits ethniques d’une personne. Même si la citoyenneté était à la base cosmopolite et ignorait l’ethnie en tant qu’une condition pour l’acquisition de la citoyenneté, l’exigence pour les preuves de la volonté d’une personne de devenir Français menait à une situation où les immigrés d’une façon devaient être « plus Français que les Français » pour montrer leur volonté de s’intégrer à la société. (Favell 2001, 60.) Ce trait individualiste de la citoyenneté républicaine commençait à exiger beaucoup des immigrés et menait petit-à-petit à une situation où la définition de la citoyenneté était presque opposée de l’universalisme originale de citoyenneté républicaine. La citoyenneté française aujourd’hui Aujourd’hui l’acquisition de la citoyenneté française est liée à l’acquisition de la nationalité, comme dans plupart des États-nations du monde. Comme partout, en France aussi, les gens ont des difficultés de comprendre les différences entre les termes nationalité et 7 !"#$#%&'$(#)' ( citoyenneté, ce qui n’est pas très étonnant si l’on prend en considération le fait que la citoyenneté française se détermine aujourd’hui en partie par le concept de la nationalité. La Documentation Française dans sa mission d’informer les Français sur les questions politiques et publiques définit dans son site www.vie-publique.fr la citoyenneté comme la suivante : « La citoyenneté semble aujourd’hui davantage se définir par un mode de comportement civique et une participation active et quotidienne à la vie de la société que par un statut juridique lié à la nationalité. » La citoyenneté porte ainsi toujours les idéaux de la citoyenneté républicaine, mais quels sont les résultats de son liaison avec la nationalité ? La nationalité et ainsi les conditions pour la citoyenneté peuvent être acquises soit pas le droit du sang, soit par le droit du sol. Le droit du sang est la manière « normale » d’acquérir la nationalité et signifie le droit d’un enfant d’avoir la nationalité française quand un de ses parents la possède (vie-publique.fr). Cette manière d’acquérir la nationalité est en général considérée « traditionnelle » et est reconnue dans presque tous les Étatsnations du monde. Cette « nationalité héréditaire » accentue la nature ethnique de la citoyenneté car elle contient une idée de citoyenneté qui appartient seulement à une nation particulière. On peut peut-être donc constater que c’est à cause de l’acquisition de la nationalité par le droit du sang que l’on confond les concepts de citoyenneté et la nationalité aujourd’hui. Comme décrit Brubaker, ce droit du sang est quand même la seule manière d’acquérir la nationalité surtout dans les pays qui accentuent les traits ethniques et la nation dans leurs définitions de la citoyenneté (Brubaker 1992). Les autres manières pour acquérir la nationalité sont donc celles qui représentent l’esprit républicain et son idéal d’une citoyenneté ouverte et politique dans la société française d’aujourd’hui. Le droit du sol signifie la loi selon laquelle un enfant né en France aura automatiquement la nationalité française. Cette loi a quand même été modifiée pendant les années 90, et en résultat un enfant des parents étrangers n’aura pas la nationalité en plein droit qu’après l’âge de 18 ans. Une autre manière d’acquérir la nationalité est par mariage même si cette manière a aussi connu des restrictions pendant ces dernières années. (vie-publique.fr.) La pratique la plus intéressante de l’acquisition de la nationalité quand on traite la question de la citoyenneté républicaine est quand même le processus de la naturalisation. Comme 8 !"#$#%&'$(#)' ( déjà mentionné avant, la citoyenneté républicaine ouverte portait déjà au début un coté très exigeant pour les immigrés. Même si l’exigence de la volonté d’un individu de devenir français était à la base destiné à ouvrir la citoyenneté française à tout le monde et à accentuer sa nature individualiste et politique, les preuves de cette volonté commençaient très vite à avoir les accents nationaux. (Voir p.ex. Favell 2001). La naturalisation, destiné à l’origine à donner la nationalité aux immigrés résidant en France en permanence, commençait à porter les traits nationaux et à demander aux immigrés de « montrer leur esprit français ». Un exemple de ce développement est « la loi Sarkozy » de 2003 où les entretiens personnels pour les immigrés étaient introduits. Dans ces entretiens, un immigré est obligé de justifier son « assimilation à la communauté française » en faisant preuve de la maîtrise de la langue et de la culture française. (viepublique.fr.) La citoyenneté, est-elle ainsi devenue un synonyme pour le terme ‘nationalité’ ? La France, est-elle en train de redéfinir sa citoyenneté au nouveau selon les conditions ethniques ? Ces questions seront le sujet de ma délibération dans le chapitre dernier. Conclusion : Le républicanisme – un idéal perdu ? Les développements récents dans la société française comme la Loi Sarkozy et les attitudes plus strictes vers les immigrés très visibles, par exemple dans le comportement électoral des Français, reflètent les changements dans l’idée de la citoyenneté et un tournant vers une citoyenneté ethnique. La volonté en tant qu’une condition pour l’acquisition de la nationalité à été supprimé en 1993 et a été remplacée en revanché par l’entretien personnel introduit dans la Loi Sarkozy. (vie-publique.fr). Comment constate par exemple Louis Clerc, un chercheur dans le département de l’histoire politique de l’Université de Turku, la France demande beaucoup de ses étrangers mais leur donne rien. Selon Clerc, il est toujours nécessaire pour les immigrés de faire preuve de leur « esprit français » quand en même temps, la France a rien à leur offrir. La citoyenneté qui était à l’origine ouverte et universelle s’est transformée en réalité à une citoyenneté nationaliste, même raciste. (Interview de M. Clerc sur le site http://www.utu.fi/media/ajankohtaista/ argumentit/LouisClerc.html). 9 !"#$#%&'$(#)' ( Il semble alors que la France est en train d’abandonner sa tradition républicaine. Même si l’on parle toujours de l’éducation républicaine, de l’importance des devoirs politiques et ainsi l’activité aussi bien que les droits des citoyens, la citoyenneté ressemble de moins en moins à celle définie pendant la révolution et de nouveau pendant les années 80. Au lieu d’être ouverte et cosmopolite, la citoyenneté française a commencé à développer un lien avec l’idée de la nation. Comme résultat, la notion de la citoyenneté si particulière a commencé à suivre le chemin de presque tous les autres États-nations et a commencé à concorder avec la nationalité. C’était bien cela, qui à l’origine était si révolutionnaire dans la citoyenneté française, on ne devait pas être de la nationalité française pour être des citoyens, c’était la participation politique et la volonté qui comptait. Aujourd’hui la France a largement abandonné ces racines de la citoyenneté politique et a réduit la citoyenneté au synonyme du terme nationalité. La question qui s’émerge comme résultat est ainsi la suivante, est-ce qu’une citoyenneté non-ethnique et uniquement politique est impossible et est-ce que c’est le nationalisme qui est l’idéologie derrière toutes les théories sur la citoyenneté ? Est-il vraiment impossible de définir une communauté politique sans les traits ethniques ou sans la détermination de l’exclusion en même temps ? Brubaker semble d’être assez pessimiste en disant qu’en déterminant les conditions pour la citoyenneté on détermine automatiquement l’extérieur du système. En même temps, il constate quand même que la citoyenneté est une construction abstraite qui à rien à voir avec la nationalité ethnoculturelle. (Brubaker 1992, 30). Le temps qu’on aura des États-nations, il sera peut-être impossible de séparer ces deux termes de citoyenneté et nationalité mais cela ne veut pas dire qu’une citoyenneté ouverte et politique est quelque chose que la France devrait cesser de poursuivre. Sources Brubaker, R. 1992. Citizenship and Nationhood in France and Germany. Harvard University Press. Favell, A. 2001. Philosophies of Integration : Immigration and the Idea of Citizenship in France and Britain. Palgrave Macmillan. Delanty, G. 2000. Citizenship in a global age. Open University Press. 10 !"#$#%&'$(#)' ( Kylmäkoski, M. 2000. The Virtue of the Citizen. Jean-Jacques Rousseau’s Republicanism in the Eighteenth-Century French Context. Tampereen Yliopistopaino. Renan, E. 1992. Qu’est-ce qu’une nation? Presses Pocket. Vie Publique. http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/citoyennete http://www.utu.fi/media/ajankohtaista/argumentit/LouisClerc.html 11