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JAN 15
Mensuel
Surface approx. (cm²) : 529
N° de page : 80-81
7 RUE PUITS GAILLOT BP 1214
69202 LYON CEDEX 01 - 04 72 98 05 00
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Culture
SPECTACLE VIVANT
Répétition ou
la beauté interdite
CCT-I
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»
Saluée avec enthousiasme dès sa création au théâtre de Gennevilliers, Répétition, la dernière
pièce de Pascal Rambert, est en passe de devenir l'événement théâtral de cette saison. Avant qu'il
n'arrive dans nos contrées, nous avons vu le spectacle et rencontre toute l'équipe de comédiens
qui le porte au sommet. Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Denis Podalydès et Stanislas
Nordey avaient donc tous leur mot à dire.
CRITIQUE
i l'on a pu intenter un procès de
lèse-Modiano à Fleur Pellerin, notre
'ministre de la Culture, on ne la
cueillera pas en flagrant délit de
désintérêt pour notre vie théâtrale : elle
la suit assidûment. Ainsi, après avoir
assisté à la première de Répétition, pièce
écrite et mise en scène par Pascal Rambert,
s'est-elle dépêchée de faire savoir combien
elle avait trouvé "incroyable" ce spectacle,
précédant même d'une courte tête l'enthousiasme de la critique parisienne. Elle
n'a pas tort. Cette partition découpée en
quatre monologues empoignés tour à
tour par Audrey Bonnet, Emmanuelle
Béart, Denis Podalydès et Stanislas Nordey
est d'une stupéfiante intensité, qui saisit
le spectateur aux tripes pendant deux
heures et demie. Comme dans les grandes
œuvres dramatiques, le sujet de départ
est mince. C'est un simple regard échangé
entre Emmanuelle et Denis (les personnages se prénomment comme les acteurs,
cf. entretien) surpris par Audrey qui sert
de prétexte aux quatre confessions qui
vont suivre. Chacune est taillée sur mesure.
On y trouve un mélange de fiction et de
réalité intime qui frappe par sa justesse.
Aussi bien sur la vie supposée de chacun
des protagonistes (leurs amours, leurs
amis, leurs emmerdes...) que sur toute
une génération de quadragénaires qui a
su regarder la beauté du monde sans
jamais parvenir à s'en emparer.
CM.
Répétition. Du 22 janvier au 1 " février au
Radiant-Bellevue, spectacle programme par les
Célestins - www.celestins-lyon.org
RENCONTREAVEC
UNE ÉQUIPE EN
PLEINE "RÉPÉTITION"
Lyon Capitale : Pourquoi avez-vous
décidé de participer à ce spectacle ?
Denis Podalydès : J'ai travaillé à plusieurs reprises avec Pascal Rambert.
J'avais lu notamment un de ses
textes, Avignon à vie, dans la cour
d'honneur du palais des Papes.
Emmanuelle Béart : II y a vingt ans,
nous nous sommes rencontres sur
la pièce On ne badine pas avec
l'amour, mise en scène par Jeanpierre Vincent. Nous avons ensuite
suivi nos chemins sans perdre
contact. Lorsqu'il m'a dit qu'il écrivait
une pièce pour Denis, Sian, Audrey
et moi, j'ai accepté immédiatement.
Sans en avoir lu un mot. Je savais
que l'écriture partait de nos corps,
de nos cœurs, de nos âmes...
Quel effet cela fait-il de jouer un
texte où vous êtes impliqués si
personnellement, où chacun est
appelé par son vrai prénom ?
EB : C'est formidable, parce que
tout est vraiment passé par le prisme
de Rambert pensant à ce que nous
sommes.
DP : C'est aléatoire, parce que j'ai
par moments l'impression que je
joue quelqu'un d'opposé à ce que je
suis, tandis qu'à d'autres je me retrouve complètement dans mon
personnage. Le spectacle est plein
de paroles, mais en iiiême temps
plein de chair.
Audrey Bonnet : Pour moi, c'est dans
la continuité de Clôture de l'amour
[précédentepièce de Pascal Rambert,
jouée avec Stanislas Nordey, NdlR].
Ça convoque quelque chose de très
sensible, lié à la mémoire et la vie
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BELLEVUE
2033552400507/GCC/OTO/2
Tous droits réservés à l'éditeur
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intime. On joue avec ses sensations
personnelles, forgées dans le travail
commun, qui surgissent.
Stanislas Nordey : Quand on est sur
le plateau, on n'est pas exactement
celui que l'on est dans la vie. On
endosse un autre corps. Même si
Pascal Rambert a rêve autour de
notre vie.
Comment définir l'intensité
frappante du texte ?
DP : Tout est différent dans ce texte.
C'est un objet qui n'a pas son équivalent, ne serait-ce qu'en termes de
structure. Il a une intensité rythmique, une énergie incroyable, qu'il
n'a d'ailleurs pas été facile de s'approprier.
SN : II n'y a pas de dialogue, puisque
la pièce est faite de quatre monologues, maîs les parties où l'on écoute
sont essentielles, parce qu'elles nous
servent au moment où c'est notre
tour de prendre la parole.
BB : II y a explosion. Tout se joue
dans les dissonances, les différences
de perception de chacun.
"Je savais que
l'écriture partait
de nos corps, de
nos cœurs, de nos
âmes..."
Emmanuelle Béa rt
Comment se sont passées les
répétitions de... Répétition ?
AB : L'accent était mis sur la liberté
de chacun. Il n'y avait pas de passage
obligé. Même si on essayait de
construire un vocabulaire commun.
Il fallait que ça crépite !
SN : Ce qui est particulier avec Pascal
Rambert, c'est que l'on jouait à
chaque fois la pièce intégralement.
On ajustait d'un jour a l'autre, avec
les notes qu'il nous confiait. Ça nous
a permis de comprendre le souffle
du spectacle.
Le but était-il de créer des moments
de vérité ?
SN : Om, je crois que l'idée est d'être
au plus juste dans le présent de
chaque représentation. Mais il y a
aussi une adresse à la jeunesse qui
est une plaie ouverte vers l'avenir. Il
y a un message poétique.
PROPOS RECUEILLIS PAR GAIN MARCHENOIR
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