Chroniqueurs d`un jour I
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Chroniqueurs d`un jour I
Reporters d'Europe - Samedi 18 - Europe 1 -16.00 S'improvisant journalistes, des étudiants de tous horizons tirent des portraits du Vieux Continent Le meilleur gagne... un stage Chroniqueurs d'un jour I ls s'appellent Grégory, Sophie, Pierre ou Jean-Michel. Ils ont entre 20 et 30 ans et sont étudiants en lettres. en histoire ou en anglais. Leur point commun : une envie, un désir tout neuf, devenir journaliste. Et le rêve tenace de s'affranchir des écoles spécialisées pour se frotter directement à la réalité du terrain... C'est pour aller à la rencontre de ce rêve-là qu'Europe a mis sur pied, depuis la centrée, un magazine baptisé Reporters d'Europe. Une émission qui, chaque samedi, donne l'occasion à un jeune de réaliser un reportage, puis de venir le présenter à l'antenne. Un programme en forme de concours, dont le lauréat sera récompensé par un stage rémunéré de trois mois à la rédaction de la rue François-Ier... L'idée de cette nouvelle tranche du week-end ? Elle est née dans l'esprit de Jérôme Bellay, directeur de l'antenne d'Europe 1.« il y a quelques années, Patrick Poivre d'Arvor... J'ai eu envie qu'Europe, elle aussi. donne sa chance à un jeune hors circuit. » Cet été, le patron de la rédaction est passé à l'offensive et a fait part de ses projets à Marc Menant, animateur de deux émissions estivales. Adhésion immédiate de l'intéressé : « Avec mon parcours en zigzag, mes études d' officier à l'école de la marine marchande avant de débuter à RTL, je ne pouvais qu'être emballé ! J'ai trouvé que c'était un bon moyen de lutter contre la normalisation qui gagne la profession. » MUER CHATEUMN POUR 1ELERAMA Le concours est lancé. Seuls critères de sélection : avoir moins de 30 ans, n'être ni professionnel ni inscrit dans une école de journalisme, et décrire en quelques lignes le sujet d'un reportage réalisable au sein de la Communauté européenne... Cinq jours pour se glisser dans la peau d'un parfait Rouletabille, sans aide extérieure, avec en poche un budget maximal de 5 000 francs et la certitude d'être diffusé sur une grande radio France Inter avait organisé un concours nationale... de ce type. Leur gagnant s'appelait Les dossiers affluent : 30 candidatures Reporters d'Europe, sur Europe. Le thème de l'émission ? Vous avez deviné... 158 Télérama N, 2492 - 18 octobre 1997 à ce jour. Mais, mauvaise surprise pour Marc Menant, la plupart des projets sont, au départ. loin d'être recevables : « On a pas mal d'étudiants qui essaient de recycler leur thèse, avec des sujets du type "De l'influence des décisions européennes sur la vie d'un jeune Ecossais". On a aussi beaucoup de gens qui veulent à tout prix coller à l'actualité chaude... » Autant de projets incompatibles avec cette émission qui, au-delà du concours, entend bien être un véritable magazine de reportages truffé de sons insolites, de portraits et de témoignages inédits. Progressivement, Reporters d'Europe a trouvé son rythme. Et, chaque semaine, le scénario est désormais identique. Trois candidats se succèdent à l'antenne. Le premier décrit le reportage qu'il réalisera la semaine suivante. Le deuxième est déjà sur les lieux de son enquête et fait part, par téléphone, de ses premières impressions de reporter. Le troisième, enfin_ est de retour à la rédaction et doit présenter ses enregistrements à un jury. La dernière heure de l'émission est entièrement consacrée à la diffusion de son travail et aux critiques qu'il suscite. Face aux débutants, les censeurs ont parfois la dent dure ! Mais l'on s'étonne de la qualité des reportages sélectionnés. Grégory, 21 ans, dresse un tableau de la Lozère en multipliant les portraits de « locaux » amoureux de leur région mais bien décidés à ne pas vivre coupés du monde. Jean-Michel, fou de Bretagne, recueille le témoignage d'un druide pour illustrer la vivacité de la tradition celte... en plein coeur de l'Espagne. Pierre, en licence d'anglais, démontre en quelques minutes que les volcans d'Auvergne ne sont pas aussi assoupis qu'on le croit. Délicates 'atmosphères sonores et interviews auxquelles on laisse le temps de s'installer : c'est un peu plus de vie que l'on entend chaque samedi sur Europe 1 ! Comme un courant d'air frais dans une grille bâtie sur l'info cadrée au carré. Comme une porte entrouverte sur un univers où la curiosité et l'originalité auraient enfin droit de cité • Dorothée Tromparent