Presse : Les deux poids deux mesures du gouvernement congolais

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Presse : Les deux poids deux mesures du gouvernement congolais
Presse : Les deux poids deux mesures du gouvernement congolais sur la concentration des médias
Écrit par Reporters sans frontières
Jeudi, 22 Mai 2014 23:46 - Mis à jour Vendredi, 23 Mai 2014 05:39
Reporters sans frontières s’inquiète de l’attitude partiale des autorités congolaises envers
certains groupes de presse critiques à l’encontre du gouvernement.
Le 5 mai, le président du groupe Talassa, qui regroupe un journal économique, un
bihebdomadaire, un mensuel, un site internet et une imprimerie (outre une agence de
communication), s’est vu notifié l’annulation de son "certificat de déclaration", délivré par le
Conseil Supérieur pour la Liberté de la Communication (CSLC) le 30 novembre 2011. Cette
décision, fondée notamment sur l’article 5 de la loi de 2001 sur la liberté de l’information et de
la communication qui interdit « toute forme de concentration d’entreprise d’information et de
communication », pourrait avoir pour conséquence la fermeture du groupe.
"Reporters sans frontières s’étonne que cette incrimination ne semble cibler que les groupes
dont les publications ont tenu des propos critiques envers le gouvernement", déclare Cléa
Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. "Des groupes
semblables mais dirigés par des proches du pouvoir congolais, ne sont pas sanctionnés.
S’agirait-il de réduire au silence les voix critiques à la veille du référendum constitutionnel
visant à amender la Constitution de 2002 afin de permettre au président Sassou Nguesso, au
pouvoir depuis 1997, de briguer un nouveau mandat ?".
A titre d’exemple, le groupe Bassin du Congo-SA, sous l’autorité de Jean-Pierre Pigasse, un
proche du président, possède, l’agence d’information Adiac, financée en majorité par le
gouvernement congolais, un quotidien, un site internet et une imprimerie. Le groupe DRTV, qui
appartient à un dignitaire du pouvoir, le général Norbert Dabira, possède une radio, deux
chaînes de télévision, une société de production musicale et exerce aussi en tant que provider
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Presse : Les deux poids deux mesures du gouvernement congolais sur la concentration des médias
Écrit par Reporters sans frontières
Jeudi, 22 Mai 2014 23:46 - Mis à jour Vendredi, 23 Mai 2014 05:39
internet. Asie Dominique de Marseille, très proche du pouvoir de Brazzaville est responsable
du groupe Just Info. Il possède un hebdomadaire le Choc, un magazine mensuel Le Choc, un
site internet, le journal le Congolais révolté, un autre journal Scoop et fait de la production
musicale. Monsieur Maurice Nguesso, le frère ainé du président Sassou Nguesso est
responsable du groupe MNCOM. Il possède MNTV (une chaine de télévision à Brazzaville, une
autre à Oyo), MNRADIO (une station radio à Brazzaville, une autre à Oyo), le journal le Fanion
et une société de gestion de bouquets de télévision par satellite (Agence Mosaïque).
Le démantèlement du groupe de presse Talassa fait suite à la publication en mars 2014 de
plusieurs articles mettant en lumière des faits étranges, notamment l’augmentation en flèche
du nombre de votants dans les régions favorables au président de la République, ou l’absence
d’enquêtes judiciaires dans les circonstances de la mort d’une vingtaine de personnes à
Brazzaville lors de l’arrestation par l’armée du colonel Ntsourou en décembre 2013.
L’an dernier, le bihebdomadaire d’information Talassa a été interdit de publication à deux
reprises : en juin 2013 en même temps que trois autres journaux connus pour leurs distances
d’avec le régime pour " publication d’articles séditieux, propagation de fausses nouvelles,
manipulation de l’opinion, incitation à la violence et à la division, diffamation" et le 25 février
2014, pour une durée de quatre mois pour "récidive dans le manque de considération du
Conseil". Le 5 décembre 2013, trois journaux, La Griffe, Le Nouveau Regard et La Vérité ,
avaient également été "interdits de parution" pour une durée indéfinie, notamment au motif
d’avoir porté "atteinte à la sureté nationale" et récidivé dans la déformation et l’altération des
faits pour surprendre la bonne foi de quiconque".
La République du Congo occupe la 82e place, sur 180 pays, dans le classement mondial 2014
de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Reporters Sans Frontières
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