recherche clinique : attentiondanger

Transcription

recherche clinique : attentiondanger
ActuFanilower
52
2/02/06
10:37
Page 12
Forum
RECHERCHE CLINIQUE :
ATTENTION DANGER
La recherche clinique française reste très décriée.
La création d’un statut ou d’un label redorerait l’image
du médecin investigateur. Sylvain Falinower, commissaire
exécutif d’Investiga®, prend la parole.
——————
« Les études
Post-AMM
ont tendance
à fuir »
Quelles sont, dans les grandes
lignes, les évolutions du métier de
médecin investigateur en France ?
> Maillon essentiel de la chaîne de la
recherche clinique, le médecin investigateur peut aussi bien réaliser des
études pré-AMM que des études
post-AMM. Si le nombre d’études
post-AMM réalisées en France ne
cesse d’augmenter, les études préAMM, elles, ont malheureusement
tendance à fuir, de plus en plus, vers
l’étranger, notamment dans les pays
émergents. Le manque de connaissance, de temps et de motivation du
praticien contribue à mettre en danger la recherche clinique française.
Des centres de recherche ont
d’ailleurs déjà été fermés. Pourtant, la
recherche clinique présente un intérêt non négligeable : elle est un très
bon vecteur de FMC. Elle contribue à
PHARMACEUTIQUES _ FÉVRIER 2006
ce que le médecin soit au courant des
dernières évolutions techniques ou
thérapeutiques. Pour que la recherche clinique continue d’exister
en France, les industriels et les prestataires développent, de plus en plus,
de nouveaux moyens techniques et
humains. Ils montrent aux médecins
qu’il est encore possible de faire de la
recherche clinique. Conscient du
problème, le Leem est aussi très investi dans cette voie : l’attractivité de
la recherche clinique en France est
l’une de ses priorités. L’Inserm de son
côté n’a cessé de développer et de
renforcer ses structures dédiées telles
les Centres d’Investigation Clinique
(CIS). L’AFCROs (Association Française des CROs) a été créée ces dernières années dans ce même esprit
de combativité pour faire reconnaître
et défendre ce secteur d’activité.
Pourquoi demander une
reconnaissance du statut de
médecin investigateur ?
> En France, la recherche clinique est
connotée de manière très péjorative.
Les patients se considérant, à tort,
comme des « cobayes », ne sont pas
incités à rentrer dans un protocole
d’essai clinique. Ce qui n’est pas le cas
de certains de nos voisins européens.
A l’exemple de l’Allemagne ou de l’Angleterre où la recherche clinique est
mieux perçue et reconnue. En France,
la création d’un statut ou d’un label
redorerait l’image du médecin investigateur. Des reconnaissances légales,
fiscales, peuvent ainsi être mises en
place. Pourquoi ne pas défiscaliser,
par exemple, les honoraires de médecins faisant de la recherche clinique ? Dans le cadre de l’EPP, on peut
aussi imaginer que les médecins
ayant participé à des études cliniques
et atteint leurs objectifs pourraient
obtenir des points supplémentaires.
Des solutions politiques doivent également voir le jour si l’on veut que cela
avance rapidement et efficacement.
Comment le médecin investigateur
est-il formé en France ?
> Tout d’abord, il faut préciser que le
cursus médical initial comme la FMC
ne proposent pas de véritable formation aux essais cliniques. Les médecins peuvent, toutefois, suivre des
formations post universitaires (DIU)
pour obtenir un diplôme et une compétence supplémentaires en re-
ActuFanilower
2/02/06
10:37
Page 13
53
cherche clinique. Mais, en général, ce
sont les prestataires et industriels qui
les forment, les aident et les incitent à
se lancer sur cette voie. Pour entretenir son niveau de formation et son activité de recherche, le médecin investigateur peut, également, faire partie
de réseaux structurés à cet effet.
« L’AFCROS VEILLE À LA COMPÉTITIVITÉ DES MÉDECINS INVESTIGATEURS »
Depuis plusieurs années, l’AFCROs
participe activement à INVESTIGA. Son
président, Antoine Cournot, fait
notamment partie du comité stratégique
de l’événement.
« L’AFCROs se positionne comme un
partenaire dans la réflexion scientifique et
dans la mise en place des débats
d’INVESTIGA », précise t-il. « C’est de la
responsabilité des CROs de participer à la
conférence plénière de cette manifestation.
Et de sensibiliser les médecins sur le rôle
qu’ils ont à jouer en matière de recherche
clinique et sur les bénéfices qu’ils peuvent
en retirer ». Pour cette 5ème édition
d’INVESTIGA, l’AFCROs a prévu plusieurs
Quels sont ses interlocuteurs ?
> En général, le médecin investigateur n’a qu’à se faire connaître en tant
que tel pour que les offres d’étude
abondent de la part des promoteurs
d’études (laboratoires, institutionnels) comme des moniteurs d’études
(CRO). Les attachés de recherche clinique (ARC) sont aussi des interlocuteurs essentiels : ils font le lien entre
l’investigateur et le moniteur ou promoteur d’étude.
Comment sont recrutés le médecin
investigateur, d’une part, et le
patient, d’autre part?
> La motivation du médecin investigateur est un facteur déterminant.
Son expérience aussi : on ne confie
pas une étude déterminante à un
médecin novice en la matière ! Pour
ce qui concerne le patient, son recru-
tement est bien plus difficile en médecine de ville qu’en médecine hospitalière. En ville, en France, le patient ne trouve pas beaucoup
d’intérêt à rentrer dans une étude clinique : ses médicaments sont bien
remboursés et sa pathologie, en général, bénigne. A l’hôpital, les pathologies sont plus graves : le plus souvent, les patients acceptent de faire
pistes de travail. L’une d’entre elles est
l’amélioration de la qualité de l’activité des
médecins investigateurs en France :
meilleure formation aux études cliniques,
augmentation du nombre de patient
recrutés… « Le Leem, l’Afssaps et les CROs
travaillent ensemble dans ce cadre. Nous
devons veiller à ce que les médecins soient
bien formés et travaillent correctement.
Pour ce qui concerne le recrutement des
patients, nous devons faire comprendre
aux médecins qu’ils ne doivent plus
s’engager à la légère. L’objectif étant que
nos médecins investigateurs deviennent
compétitifs sur le plan international »,
explique Antoine Cournot.
partie d’un essai clinique par intérêt
personnel, certes, mais aussi par
altruisme. Et on retrouve là, la noblesse de la recherche clinique, la
bataille pour le progrès de la santé.
Pour l’instant l’indemnisation d’un
patient en France n’est pas clairement autorisée. Ceci est un sujet
de discussion très fréquent dans les
milieux autorisés. ■
INVESTIGA® le 5ème Forum du médecin investigateur
La cinquième édition d’INVESTIGA® se
tiendra au sein du MEDEC les 16 et 17
mars. Au programme : des conférences
et des ateliers pratiques sensibilisant les
médecins à la recherche clinique. « Cet
événement fortement médiatisé permet
de faire le lien entre les médecins et
tous les acteurs impliqués dans la
recherche clinique. Depuis sa création,
INVESTIGA® offre une tribune aux plus
hautes instances et autorités pour s'exprimer sur l'attractivité de la recherche
clinique en France », indique son fondateur, Sylvain Falinower. Une nécessité, car
l’Hexagone manque cruellement de
médecins investigateurs. Et la concurrence internationale se fait de plus en plus
âpre.
Par ailleurs, en 2006, les Grands Prix
INVESTIGA® (prix de la logistique innovante, du plus grand intérêt scientifique,
de la communication) récompenseront
les meilleurs posters. « Un bon moyen de
médiatiser la recherche clinique, d’attirer
les médecins et de faire la promotion
des acteurs de la recherche clinique »,
explique Sylvain Falinower. « A terme,
nous souhaitons toucher les politiques.
La recherche clinique française ne redeviendra compétitive que s’il y a une réelle volonté politique de la faire », conclut
Sylvain Falinower.
Le jeudi 16 mars, lors du Medec, seront organisés forums et ateliers sur les thèmes suivants :
Forum
MÉDECIN INVESTIGATEUR : UN MÉTIER EN
VOIE D'APPARITION
■
durée totale : 2 h 15
nombre de sessions : 2
Sous le Haut Patronage de Monsieur Gilles de ROBIEN
(Ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche)
10h00 - 11h15
■ Recherche Clinique : de la théorie à la pratique
Animateurs ; Dr Yannick PLÉTAN (Pfizer France), Dr François
LIARD (Institut de Recherche en Médecine Générale).
Intervenants: un représentant de l'association des internes
en médecine de France*, Dr Jean-Michel CHABOT (HAS)*, Dr
Jacques Bons (GSK France)*, Dr Philippe BONET (Unaformec).
De la formation initiale, à la formation continue
De la pratique à l'évaluation des pratiques, pour une
reconnaissance du statut de médecin investigateur
La recherche clinique modifie-t-elle notre pratique
par son actualisation, ses outils, ses concepts, ses
approches…
11h30 - 12h30
Recherche Clinique : de la théorie à son
organisation…
■
Animateurs : Dr Alain MARIÉ (Quotidien du Médecin), Antoine
COURNOT (AFCROs). Intervenants:
Dr Serge PERSONNIC (MG Recherches), Dr Philippe UNGER
(Euraxi Pharma), un médecin d’un Cabinet de Groupe*, un
représentant du CNOM*, Dr Thierry HERGUETTA (Hôpital PitiéSalpêtrière)*
Quelle organisation : cabinet de groupe, personnels
de soutien
Quels contacts: réseaux, labos, CROs
Quels types d'études : PréAMM, Médico Marketing,
Epidémio - Médico Eco, post-enregistrements…
Quelles informations, quelle communication ; pour
qui et quand? Et le patient?
Ateliers - Topos du MEDEC
■ ÉTUDES CLINIQUES : QUE VOUS PROPOSENT
LES LABOS, LES PRESTATAIRES, LES RÉSEAUX ?
durée totale : 00 h 45
nombre de sessions : 1
14h00 - 14h45, Code
Intervenants: Dr Catherine SCAT-GRÈS (Bouchara Recordati)*,
Dr Christophe TESSIER (Janssen Cilag), un représentant d’un
CRO membre de l'AFCROs, Dr Marc CHIELDS (Mediscan)
■ ATELIER DE FORMATION ET DE PERFECTIONNEMENT A L INVESTIGATION EN SANTE (Recherche
Clinique et Epidémiologique)
durée totale : 00 h 45
nombre de sessions : 1
15h15 - 16h00
■ ASPECTS RÉGLEMENTAIRES, JURIDIQUES,
FISCAUX, CORPORATIFS…
durée totale : 00 h 45
nombre de sessions : 1
16h30 - 17h15
Intervenants: Me Olivia DAVIDSON (Avocat), un médecin du
CNOM*, Dr Denis COMET (AFCROs – Axonal)
* Intervenants pressentis
Ces forums et ces ateliers sont organisés en partenariat avec
Pharmaceutiques
FÉVRIER 2006 _ PHARMACEUTIQUES